Les secrets d`un poêle en grès
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Les secrets d`un poêle en grès
Molasse de Berne de Carlo Bernasconi AG Les secrets d’un poêle en grès Pour nous introduire dans les secrets d’un poêle en grès, nous avons pu accompagner le Maître poêlier-fumiste Marc Nyffenegger dans une ancienne ferme rénovée construite en 1769. TEXTE & PHOTOS: BERNHARD TRÖSCH Le poêle ancien est reconstruit avec la technique à absorbeur. Alors qu’en son temps un poêle en faïence rayonnait sa chaleur scintillante uniquement dans son propre entourage, un poêle en grès apporte aujourd’hui une chaleur dosée et agréable dans toutes les pièces. Mais comme en son temps, il se laisse bien sûr également chauffer par une cuisinière. En principe, deux possibilités se présentent lors d’une telle transformation: un chauffage pour la maison entière à circulation d’eau ou alors le poêle à accumulation éprouvé. Et même pour ce dernier on a le choix. Individuel et automatique Tous ceux qui aiment le confort choisissent une chaudière combinée aux bûches et aux pellets. Certains fabricants proposent de tels inserts en acier ou en fonte qui sont équipés de tout le nécessaire: la chambre de combustion, un mécanisme de convoyage des pellets ainsi que la commande y relative. Une telle combinaison est non seulement individuelle mais aussi entièrement automatique. Si le feu est sur le point de s’éteindre avec les bûches, l‘alimentation se fait automatiquement en pellets. L’on trouve des poêles en grès très souvent dans les grandes fermes bernoises. Un poêle à bûches Ce n’est pas le cas pour un poêle purement à bûches. Là Marc Nyffenegger construit luimême le foyer, avec un grand savoir artisanal et beaucoup de cœur. Sa devise: «Je dois faire passer l’étincelle de ma conviction intime également au client, sinon je préfère m’en abstenir!» Car qu’il s‘agisse d’une nouvelle construction ou d’une rénovation, il y a toujours des changements en cours de construction qui se répercutent aussi bien sur le poêle que sur les nerfs des parties impliquées. C’est donc bien de se connaître et d’être passionné par la même chose. L’ancien est relié à sous-construction restaurée. Terminé: poêle en faïence avec banc et pieds en grès Transposer des images et non des plans Après une visite des lieux, Marc Nyffenegger dresse tout d’abord une esquisse de la situation. Il dit être plutôt un artisan qui transpose des images et non des plans. Dans cette phase, sa devise „relation client“ lui vient en aide: «Lorsque je sens que cela devient concret pour le client, je lui fais un dessin en perspective – donc 3D – d’un poêle en grès avec le salon « qui vit ». A la main, ça va de soi! Ces dessins sont très appréciés et montrent à quoi ça pourrait ressembler. Lorsque le client s’est décidé, alors est engagée la procédure normale d’une confirmation de commande avec coûts et délais. Le Maître porte une attention particulière à la conception de l’intérieure, donc à la géométrie du foyer. Celui-ci doit non seulement atteindre un rendement d‘environ 80 pour cent, mais aussi garantir une combustion propre. C’est impératif. Car avant de construire, les plans vont chez Martin Bürgler. Cet expert suisse en matière de poêles à bois examine l’intérieur du poêle par rapport à l’ordonnance sur la protection de l’air OPair. Ce n’est qu’après avoir reçu son feu vert que l’on peut construire. Des formes de «Carlo» Environ trois semaines avant le début de la construction, les plans vont chez le fournisseur et membre VHP Carlo Bernasconi à Berne. Là, le spécialiste Hans-Rudolf von Dach choisit le bon grès, le fait découper aux dimensions imposées et, si on le désire, en formes spéciales. Sur ce point Marc Nyffenegger constate un changement distinct. Dans son environnement commercial, la demande pour l’ardoise du Brésil ou la pierre ollaire de la Finlande, qui doivent être amenées par bateau, n’est depuis longtemps plus là. La Molasse de Berne vit une véritable renaissance. Il constate également une réorientation „sur les lieux“. De la région, pour la région. Et ce qui le réjouit particulièrement c’est que ceux qui pensent comme ça sont de plus en plus jeunes. Ses « clients du grès » sont dans la mi- trentaine! Centre convivial du salon : le banc chaud du poêle Le grès avec des avantages Sur le plan technique, le grès offre également certains avantages. Vu qu’il est tendre, il absorbe bien les contraintes thermiques. Avec d’autres mots: il réagit beaucoup moins fort au cycle «chaud-froid». Des fissures par contrainte ne sont pratiquement pas un sujet. Le grès est par ailleurs un bon accumulateur de chaleur et diffuse une chaleur agréable par rayonnement. Par le passé, un poêle était construit en adhérence directe : grès – chamotte – foyer. Aujourd’hui s’y ajoute, en sorte un type de construction sandwich, une fente d’air – grès – air – chamotte – foyer (ou intérieur avec chaudière). Ceci permet au poêle de se dilater. Le grès n’est pas „écrasé“, ce qui, une nouvelle fois, évite la formation de crevasses et de fissures. Un autre argument en faveur du grès ce sont les possibilités de conception. Toutes les formes sont pratiquement possibles. Ce que le Maître Nyffenegger ne peut pas fabriquer luimême est fait par les tailleurs de pierres de Carlo Bernasconi: des figures, des pieds «tournés» ou même une décoration semblable au stuc. Et ceci à un prix qui est bien inférieur aux travaux d’usage des tailleurs de pierres, précisément vu que le grès est nettement plus tendre que les autres types de pierres. Un investissement dans le futur Une poêle en grès pour chauffer une maison entière coûte environ 30’000 francs. Si le poêle est à circulation d‘eau (avec la technique et la commande), s’y ajoutent encore 10’000 à 15’000 francs. C’est beaucoup d’argent. Mais un tel chauffage rend ses service pour plusieurs générations, nécessite peu de maintenance, est exploité avec des matières premières indigènes (le bois) et reste donc neutre en CO2. Très souvent, une combinaison avec des capteurs solaires est également judicieuse. En hiver, le soleil soutient, outre la production d’eau chaude, également le chauffage et en été, lorsque le poêle n’est pas en service, il produit l’eau chaude sanitaire. On chauffe donc un bâtiment uniquement au bois et au soleil. Le poêle en grès ancien à la ferme «Feld» de la famille Hess contient un intérieur ultra-moderne .... .... avec une cuisinière ancienne. Où mène le chemin? Celui qui investit sur plusieurs années, est prêt à dépenser l’argent nécessaire. C’est ce que l’on appelle de nos jours « durable ». Ceci vaut aussi bien pour les pompes à chaleur avec géothermique que pour une installation solaire ainsi que pour un poêle en grès. Les coûts sont également comparables. Par ailleurs il est possible, avec une solution high-tech, c’est-àdire l’eau chaude pour le chauffage au sol ou mural ou des radiateurs dans des pièces éloignées comme le bain ou la chambre des enfants, de réaliser un chauffage alternatif pour la maison entière. Le chef senior Peter Nyffenegger s’attend donc à un avenir prospère: «Lorsque j’ai débuté au milieu des années septante, les clients avaient plus de 50 ans. Aujourd’hui ce sont souvent des trentagénaires. Et le grès est de nouveau « de retour ». De dix poêles que nous exécutons, huit sont en grès. Un revirement qui repose non seulement sur les énergies renouvelables mais aussi sur le grès en tant que matière première indigène. Et il rajoute: «Pour cela la Molasse de Berne est un bon choix.» Poêle en grès moderne La poêlerie-fumisterie comme passion: Nyffenegger poêlerie-fumisterie, Dürrenroth Le membre VHP Paul Nyffenegger a fondé en 1957 son entreprise de poêlerie-fumisterie et de carrelage qui a été reprise en 1987 par son fils Peter. En 2006 Marc et Michael ont créé, en troisième génération, une deuxième activité, la M. Nyffenegger Ofenbau GmbH. Un conflit entre les générations? Pas du tout! La répartition de l’entreprise a un caractère modèle: Le chef senior Peter s’occupe de ses clients de longue date, le jeune Maître Marc a sa clientèle pour la plupart jeune. Et le frère Michael? Il travail tout simplement là où on a besoin de lui. Que ce soit avec le père ou le frère, que ce soit dans la poêlerie-fumisterie ou le carrelage. www. nyffenegger-ofenbau.ch Carlo Bernasconi AG Avec deux carrières à Ostermundigen et le Krauchtal, «Carlo» est le véritable spécialiste de la Molasse de Berne. Ce matériau de construction indigène a de courtes voies de transport, est faiblement soumis aux contraintes, et se prête à être appliqué dans la maison (poêles, revêtements) et à l’extérieur (murs de jardin, dalles). Carlo Bernasconi AG, Riedbachstrasse 41, 3000 Bern Tel. 031 990 98 00, www.carloag.ch, Mail: [email protected] Poêle en grès dans l‘Emmental Le véritable poêle en grès a une longue tradition dans l‘Emmental et en Haute-Argovie. La principale raison ce sont les coûts: un revêtement en grès est avantageux. Très souvent, l’année et le nom du propriétaire sont gravés dans l’arc en-dessus du banc chauffant. S’il faut le rénover, cette pièce est liée à de nombreux souvenirs pour le maître d’ouvrage et l’on essaie de la conserver. Pour les nouveaux poêles, le grès jouit à nouveau d’une forte popularité, très souvent en combinaison avec des surfaces crépies. La Molasse de Berne est un matériau tendre qui se laisse très bien façonner. Son comportement structurel à la chaleur évite la formation de fissures et le rayonnement thermique est très agréable. Vu qu’il s’agit d’une pierre poreuse sensible aux taches, elle est aujourd’hui très souvent imprégnée. Poêle en grès énorme, fier, avec un intérieur moderne