Artcurial | Communiqué : Jean-Luc Godard ”Le Mépris” | 28.05.2013
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Artcurial | Communiqué : Jean-Luc Godard ”Le Mépris” | 28.05.2013
Communiqué Le Mépris de Jean-Luc GODARD, Le manuscrit inédit d’un film mythique de l’histoire du cinéma français aux enchères le 28 mai Artcurial Briest-Poulain-F.Tajan vendra le manuscrit autographe du film culte de Jean-Luc Godard Le Mépris, sous le marteau d’Hervé Poulain, le 28 mai 2013. Inédit, ce manuscrit est le tout premier jet du scénario du Mépris, film mythique des années 60 qui réunit à l’écran Brigitte Bardot et Michel Piccoli sous la direction de Jean-Luc Godard. Il est adapté du roman d’Alberto Moravia, Le Mépris, publié en 1954. Le manuscrit, qui date de 1963, est estimé 60 000-80 000 €. Les autres synopsis et scénarios actuellement connus du Mépris sont des tapuscrits. Il s’agit donc d’un manuscrit unique. Ce document à l'écriture appliquée et régulière de Jean Luc Godard est une opportunité inespérée d’accéder à l'essence de la pensée de Godard, à la gestation d'une œuvre. Ce manuscrit autographe comprend 59 pages écrites de la main de Jean-Luc Godard. Il est suivi de manuscrits d’Alberto Moravia, Fritz Lang, Michel Piccoli, Jack Palance et Brigitte Bardot. Encore en main privée, ce manuscrit est celui du photographe de Brigitte Bardot, Ghislain [Jicky] Dussart, qui réalisait un reportage sur le film pendant le tournage. Le Mépris est le film le plus important des années 60 du cinéma français. Il marque la fin du cinéma classique et l'émergence de nouvelles formes révolutionnaires de récit. C'est assurément une œuvre moderne. Le scénariste parisien Paul Javal ( Michel Piccoli) et son épouse Camille (Brigitte Bardot) rejoignent le réalisateur Fritz Lang en tournage pour le compte du producteur de cinéma américain Jeremy Prokosch, sur le plateau du film Ulysse (une adaptation de l’Odyssée) en chantier à la villa Malaparte à Capri en Italie. Il est proposé à Paul Javal de reprendre et de terminer le scénario du film. Camille n'est pas très heureuse de ce long voyage de travail impromptu, loin de chez elle, parmi des inconnus. Durant le séjour, Paul Javal laisse le riche et séduisant producteur seul avec Camille, alors qu'elle, intimidée, insiste pour demeurer auprès de Paul. À tort, Camille s'imagine que son mari la pousse dans le lit du producteur pour obtenir le travail de réécriture du scénario. De là naissent des malentendus, le mépris, et leur couple vole en éclats. Le manuscrit comporte 13 séquences. Le film tel qu'il est sorti après le montage en comportera 16. Notre séquence 5 la plus longue du film est devenue la 8 finalement, avec de nombreuses modifications. Le Mépris est l’un des films les plus riches et les plus passionnants de Jean-Luc Godard, à la fois un magnifique et singulier hommage au cinéma, et une analyse puissante et profonde de l’hypothèse de l’évaporation du sentiment amoureux. Godard signe également une belle révérence envers Fritz Lang, à qui non seulement il offre de jouer son propre personnage, mais devant lequel il s’agenouille respectueusement en endossant lui-même le rôle de son assistant. Le Mépris est un film à propos du désir mais également à propos du cinéma. Godard regarde l’art pour lequel il œuvre droit dans les yeux. Il cherche, expérimente et utilise tous les moyens à sa disposition pour le faire vivre… Pour au final nous décrire de la plus belle des manières la difficulté de réaliser un film en conformité avec ses aspirations… Alberto Moravia en 1963 dans le texte original qui est joint au manuscrit, fait un hommage magnifique, intemporel à Brigitte Bardot, à la beauté éternelle, à la rencontre de deux monstres sacrés du cinéma universel : Bardot par Godard. Jean-Louis Bory en 1971 l'écrira aussi avec tout son talent de critique en ayant le recul, les références, le temps et les comparaisons et il nous conforte plus encore dans la certitude que nous sommes dans l'œuvre d'art, le mythe. Un film devait être fait pour Brigitte Bardot, Godard l'a fait. « Le véritable Et Dieu… créa la femme, c'est Godard qui l'a tourné, et cela s'appelle Le Mépris Le Mépris que nous voyons, c'est du pur Godard, et, je m'empresse de le dire, de l'excellent Godard. Le prétexte, l'objet du film, plus que le roman italien, c'est Brigitte Bardot. Ce que Vadim a imaginé dans son premier film, mais n'a plus été capable de réaliser, ce que Louis Malle a raté dans Vie privée, Godard l'a réussi. Le Mépris est le film de Bardot, parce qu'il est le film de la femme telle que Godard la conçoit et telle que Bardot l'incarne. Si le phénomène Bardot doit représenter plus tard quelque chose dans l'histoire du cinéma, au même titre que Greta Garbo ou Marlène Dietrich, c'est dans Le Mépris qu'on le trouvera. Je ne sais dans quelles conditions le tournage a eu lieu ni si Bardot et Godard se sont bien entendus. Le résultat est là : il y a rarement eu entente aussi profonde entre une actrice et son metteur en scène. » JeanLouis Bory, in "Des yeux pour voir" Ramsay cinéma, 1971. Ont été reliés à la suite du manuscrit : - Alberto MORAVIA : L.T.S., en italien 1 p. In-4 avec corrections manuscrites et deux lignes manuscrites monogrammées. Admirable hommage à Brigitte Bardot l'actrice et plus encore à la femme telle qu'elle est, magnifiée par Godard : "J’ai été surpris en voyant que, dans la vie, Brigitte Bardot était très différente de la Brigitte Bardot à l’écran, c’est-à-dire beaucoup plus intéressante, plus étrange, plus insolite. Brigitte Bardot est extrêmement photogénique, ce qui est certainement un avantage pour faire du cinéma, mais, d’une certaine manière, c’est aussi un désavantage pour s’exprimer complètement. A l’écran, grâce à sa fantastique photogénie, Brigitte Bardot ne nous montre qu’une partie d’ellemême. Après avoir vu le visage étrange, surprenant, bizarre, imprévu de Brigitte Bardot en réalité, j’ai pensé que le film sur elle, le film qui nous la restituerait vraiment, n’avait pas encore été fait. Est-ce que ce sera Le Mépris ? Le personnage qui la révèlera sera-t-il Camille dans Le Mépris ? Je l’espère, aussi parce que j’ai pensé que Jean-Luc Godard était le seul réalisateur capable de le faire." - Fritz LANG : L.A.S., en français 1 p. In-4 à en-tête de l'Hôtel Forum à Rome. Signé Fritz Lang. "En accord avec Jean-Luc Godard qui est mon metteur en scène dans Le Mépris, je ne jouerai pas un rôle mais j'essaierai de donner un portrait de Fritz Lang au moins comme je me vois moi-même. Fritz Lang." - Michel PICCOLI : L.A.S. 1 p. In-4 à en-tête de l'Hôtel Forum à Rome. Signé Michel Piccoli. "J'espère non pas jouer un rôle mais incarner un personnage que j'ai la chance de fabriquer à tout instant avec Godard, fidèle à Moravia. Michel Piccoli." - Jack PALANCE : L.A.S., en anglais 1 p. In-folio sortie d'un carnet à spirale. Signée Jack Palance. En haut de la feuille il a signé Jérémie Prokosch, est-ce une forme d'appropriation ? Est-ce Jack Palance qui écrit cette lettre ou Prokosch ? Ce personnage de producteur positivement horrible, négatif, presque mafieux, véreux… visiblement idiot, intellectuellement bas ! Un rôle qu'il n'avait jamais joué et qui pour lui est un opportunisme explosif. - Brigitte BARDOT : 4 lignes autographes signées sur la dernière page du communiqué de presse montée in-fine, elle a logiquement le mot de la fin et quel mot ! : "Que pourrais-je ajouter ? L'accent me semble mis sur tout ce qui importe. Brigitte Bardot." ARTCURIAL BRIEST-POULAIN-F.TAJAN Hôtel Marcel Dassault 7 rond-point des Champs Elysées Paris 8e www.artcurial.com Vente le 28 mai 2013 à 14h Exposition du vendredi 24 au lundi 27 mai de 11h à 19h Commissaire-priseur : Hervé Poulain Spécialiste : Olivier Devers Contact presse : Armelle Maquin – tel : 06 11 70 44 74 [email protected]