« Téléphone portable à la main, il gère son élevage grâce aux
Transcription
« Téléphone portable à la main, il gère son élevage grâce aux
« Téléphone portable à la main, il gère son élevage grâce aux nouvelles technologies » Jean-Jacques Deniel est éleveur à Plabennec dans le Finistère. Producteur de lait avec un troupeau d’une cinquantaine de vaches laitières (capacité d’environ 500 000 litres de lait) et une SAU de 70 ha, cet agriculteur est connecté sur smartphone, tablette et PC. Pour lui, la technologie permet d’améliorer ses conditions de travail et de gagner en autonomie. « Nous n’avons pas besoin d’analyser toutes les données qui sont à notre disposition, il faut choisir ceux qui nous sont utiles, à nous éleveurs. Les données que nous collectons, que nous enregistrons sur nos exploitations doivent d’abord servir aux éleveurs pour se comparer entre eux dans des groupes, pour être meilleurs demain dans un monde de plus en plus concurrentiel et compliqué ». Cette stratégie d’entreprise a permis à JeanJacques Deniel de dégager de la capacité pour investir dans le poste élevage et acheter un robot de traite en 2007. « A l’époque, le coût d’un robot de traite finalement, c’était à peu près l’équivalent d’un tracteur et 2 ou 3 machines à mettre derrière. Malgré l’installation du robot, j’ai décidé de ne pas produire plus de lait, car je ne voulais pas bouleverser mon système : je souhaitais concilier robot de traite et pâturage ». « Je me suis installé en 1994 avec mes parents qui sont partis en retraite en 1999. Comme je me retrouvais seul, j’ai fait le choix de déléguer tous ses travaux de cultures à une entreprise de travaux agricoles et j’ai vendu le matériel de cultures que nous avions sur l’exploitation. J’ai d’ailleurs vendu tout le matériel de cultures pour être sûr de ne pas être tenté de l’utiliser ! ». Améliorer les conditions de travail A cette époque, l’objectif au départ de JeanJacques Deniel, seul sur l’exploitation, était d’améliorer ses conditions de travail (temps, pénibilité). « Je suis satisfait de ce changement. Economiquement, cela ne me coûte pas plus cher que si je le faisais moi-même. De plus, l’entreprise dispose des matériels au top de la technologie ; il n’y a pas de perte, toutes les quantités d’intrants sont optimisées. Jamais je n’aurais pu investir dans de tels outils, car le matériel de cultures en élevage n’est pas vraiment amortissable. Et en, plus j’ai moins de tracas et je suis plus serein ». Dégager de la capacité pour investir dans un robot de traite « Le robot ne reste qu’une machine » La technologie a aidé Jean-Jacques Deniel d’améliorer ses conditions de travail et son bienêtre au quotidien. « J’ai du temps libre pour d’autres activités, ma famille. Le robot m’a apporté aussi de la souplesse dans les horaires de travail. Avant il fallait que je trouve des jeunes pour me remplacer pour la traite le week-end. Mais attention, le robot de traite reste une machine qui peut tomber en panne, présenter des bugs. C’est pourquoi, je ne pars jamais sans mon téléphone et ma tablette. Via l’application gratuite TeamViewer, je peux prendre le contrôle du robot à distance. Cela me permet de trier les messages reçus et les alertes. Ainsi, si je ne peux pas résoudre le problème via les commandes du robot, je contacte la bonne personne face du problème supposé pour qu’elle passe sur l’élevage. Le fait d’être connecté en permanence ne me gêne pas : je suis le patron de mon entreprise, pour moi c’est donc normal ». Vivement la 4G ! L’arrivée de la 3G sur les réseaux mobiles a révolutionné la prise de contrôle à distance. « En 2007, quand j’ai acheté le robot, cela n’existait pas. Il existe encore beaucoup de marges de progrès possibles. Avec la 4G, on pourra sûrement recevoir des images de contrôle vidéo de qualité et à distance. On aura peut-être aussi prochainement des applications smartphones dédiées plus ergonomiques ». S’approprier les données fournies par les nouvelles technologies Pour Jean-Jacques Deniel, il est important que l’éleveur s’approprie les données fournies par les nouvelles technologies et les manipulent pour pouvoir être autonome dans ses décisions. « Le robot de traite enregistre de nombreuses informations. Donc, autant s’en servir comme d’un outil d’aide à la décision ! C’est comme si j’avais le contrôle laitier sur l’exploitation. Mais il est difficile d’exploiter toutes les données, c’est pourquoi j’essaie d’avoir 2 ou 3 tableaux de bord assez simples via une extraction Excel® à partir du logiciel du robot (exemples: quantité de lait/vache, quantité concentrés/vache...) ». Il peut maintenant suivre les indicateurs utiles pour son exploitation, comparer les périodes de son choix entre elles pour analyser ensuite les facteurs de variation. Ce travail d’analyse par l’éleveur prend du temps. « Mais c’est une réelle valeur ajoutée, et je peux décider le faire ou pas et quand et comment je veux le faire. Je pense que c’est important car l’éleveur est dedans toute la journée, alors que le technicien a du mal à s’approprier les données. J’ai gagné en autonomie grâce au robot, et c’est une réelle valeur ajoutée d’être capable de dire : c’est moi qui est décidé et non un technicien ». Gagner en efficacité aussi sur les cultures Et Jean-Jacques Deniel ne s’arrête pas à l’élevage, il réalise lui-même sur Excel® son plan de fumure, son prévisionnel de fertilisation, son carnet sanitaire. « Je n’ai pas besoin de logiciels payants et complexes. Et pour gagner en efficacité, j’utilise également une dropbox, ce qui me permet de modifier en ligne mes fichiers que je sois sur le PC d’exploitation, de la maison ou sur ma tablette ». Créer ses propres outils et applications en groupe et en formation Adepte des nouvelles technologies, Jean-Jacques Deniel n’en oublie pas l’intérêt des échanges et du travail en groupe. « Nous ferions beaucoup de progrès en travaillant plus en groupe entre nous. Il serait intéressant de comparer nos tableaux de bord issus des données collectées par les robots. Créer ses propres outils Excel®, des tableaux de bord, des fichiers google drive demande de la formation. Mon rêve serait qu’on mette en place des formations de groupe et que chacun rentre avec son outil sur clé USB. J’ai plein d’idées d’outils qui pourraient me rendre service au quotidien. Il faudrait donc que les éleveurs puissent créer des applications qui leur servent et répondent à leurs attendes spécifiques. Par ailleurs, dans nos réseaux des groupes de développement, dans les Chambres d'agricultures…, il ne manque pas de matière : il faudrait qu’on soit capable de diffuser au plus grand nombre d’éleveurs ce qu’on fait. Des techniciens créent par exemple pour eux des petits outils informatiques simples qui pourraient être diffusés aux agriculteurs ».