Antennes relais de téléphonie mobile

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Antennes relais de téléphonie mobile
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Approfondissement sur les données environnementales dans les études de
Points Noirs Environnementaux (PNE)
Thématique : Sources
Fiche n° 4-7
Antennes Relais
Pour permettre les communications de téléphonie mobile, un réseau d’antennes-relais est installé sur
l’ensemble du territoire. Les antennes-relais émettent continuellement des radiofréquences qui sont des
ondes électromagnétiques résultant d’un champ électromagnétique variable dans le temps et assimilables à
un transport d’énergie sans support matériel. Ce type d’ondes se caractérise par des fréquences comprises
entre 9 kHz et 300 GHz, mais les fréquences des antennes relais varient généralement entre 900 et 2200
MHz. Les intensités du champ électrique et du champ magnétique s’expriment respectivement en volts par
mètre (V/m) et en ampères par mètre (A/m). Mais l’exposition est caractérisée par la puissance par unité de
surface (W/m2) qui est, à partir d’une certaine distance de la source, proportionnelle au carré de l’intensité
du champ électrique.
Les puissances émises par les antennes-relais varient en fonction du nombre de communications en cours et
des conditions dans lesquelles elles sont transmises. La puissance d’une antenne-relais dépend aussi du
territoire couvert : elle est plus élevée en zone rurale qu’en zone urbaine pour couvrir des zones plus
étendues (de 10 à 30 km selon le nombre d’utilisateurs potentiels, contre 500 m en zones urbaines). Les
antennes-relais sont généralement situées en hauteur et émettent un faisceau directionnel de radiofréquences,
légèrement incliné vers le sol. Pour cette raison, l’exposition aux radiofréquences au niveau du sol a
tendance à augmenter avec la distance dans une zone proche de l’antenne, et ce jusqu’à atteindre un pic à
l’endroit où le faisceau principal atteint le sol. Une étude a ainsi mis en évidence deux pics d’exposition aux
antennes-relais GSM et DCS (à environ 280 m de l’antenne-relais en zones urbaines et à environ 1000 m en
zones périurbaines).
Les champs électromagnétiques mesurés en 2007 par l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR) à
l’extérieur des bâtiments sont faibles de 0,01 à 0,65 V/m.
Il faut noter que, pour la population adulte, la contribution des téléphones mobiles à l’exposition aux
radiofréquences est beaucoup plus importante que celle des antennes-relais. Si la puissance des téléphones
est beaucoup moins forte (2W contre 30 W environ), la proximité avec l’organisme est beaucoup plus
grande et donc la puissance reçue l’est aussi, sauf si un kit main libre est utilisé.
A. Seuils réglementaires
Pour les antennes-relais, les valeurs limites d’exposition sont fixées par le Décret n°2002-775 du 3 mai 2002 et
varient selon les fréquences (valeurs données pour f = 900 kHz et f > 2 GHz:
- pour l’intensité du champ électrique : de 41 à 61 V/m
- pour l’intensité du champ magnétique : de 0,11 à 0,16 A/m
- pour l’amplitude du champ magnétique : de 0,14 à 0,20 µT
- pour la densité de puissance équivalente en onde plane : 4,5 à 10 W/m2.
L’exploitant doit s’assurer qu’en toute zone accessible au public, ces valeurs limites ne sont pas dépassées.
Un périmètre de sécurité de l’ordre de quelques mètres doit notamment être matérialisé autour de l’antenne8.
Par ailleurs, lorsqu’une antenne est située à moins de 100 m d’un établissement scolaire, d’une crèche ou
d’un établissement de soins, l’exploitant doit indiquer les actions prises pour assurer une exposition aussi
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faible que possible tout en préservant la qualité du service rendu. L’accord pour l’implantation des antennesrelais est délivré par l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR) selon une procédure veillant notamment au
respect de ces valeurs limites. Ce respect peut également être vérifié sur site par des organismes qualifiés
appliquant le protocole de mesure de l’ANFR.
La charte signée entre la Ville de Paris et les opérateurs de téléphonie mobile prévoit, en complément des
valeurs limites d’exposition du public définies par le décret du 3 mai 2002, un certain nombre de
dispositions particulières, dont la limitation du champ électrique à 2 V/m, exprimé en champ moyen «
équivalent 900 MHz » sur 24 heures, dans les lieux de vie fermés (une pièce d’habitation, fenêtre fermée,
par exemple) et les établissements scolaires, crèches et établissement de soins à l'exception des lieux de
simple passage des établissements de soins, et cela pour les gammes de fréquences de la téléphonie mobile.
Cette valeur de 2 V/m exprimé en champ moyen « équivalent 900 MHz » sur 24 heures équivaut aux valeurs
maximales de 4,6 V/m pour la fréquence 900 MHz, 6,5 V/m pour la fréquence 1800 MHz et 6,9 V/m pour la
fréquence 2100 MHz et au-delà.
Il semble que la législation évoluera bientôt vers une diminution des valeurs limites, la valeur de 0,6 V/m,
proposée par la ville de Salzbourg en Autriche, revient le plus souvent bien qu’elle soit basée sur une étude
dans les résultats ont été contestés.
B. Effets sur la santé
Les études ayant tenté d’associer l’exposition aux antennes-relais (ou stations de base de téléphonie mobile)
des populations et l’apparition de cancers n’ont pas donné de résultats (si ce n’est des résultats douteux
ayant abouti au retrait des publications). Les seules six études scientifiquement valides ont concerné
l’apparition de symptômes neuropsychologiques subjectifs et objectifs et ont été basés sur des questionnaires
ou des tests. Les expositions ont été estimées, soit par les distances lieu de vie – antenne-relais, soit par des
mesures directes soit par le contrôle du fonctionnement/non fonctionnement des antennes relais. Aucune
étude n’a montré une association significative entre l’exposition aux antennes-relais et l’apparition de
symptômes (objectifs ou même subjectifs), par contre deux études ont montré que certains symptômes
ressentis (troubles du sommeil, maux de tête, affections psychosomatiques, stress, etc.) sont
significativement liés à la perception du risque ou à l'attribution des symptômes ressentis aux antennesrelais.
C. Apports des enquêtes d’opinion et travaux de psychosociologie
D’après l’étude INPES de 2009, 41% des Français déclarent se sentir « plutôt bien informés » à propos des
éventuels effets sur la santé liés aux antennes-relais mais seulement 33,1% des personnes interrogées
déclarent être satisfaites de l’action publique concernant les antennes relais (dont 4,7% « très » et 28,4% «
plutôt »). Cette même étude révèle qu’entre 2007 et 2009, la proportion de personnes pensant que les
antennes-relais présentent un risque « très » ou « plutôt » élevé pour la santé est passée de 51% à 61%.
D’autre part, seules un peu plus de 6 personnes sur 10 ont confiance en l’expertise sur les antennes relais
(12,5% « très » confiance, 48,8% « plutôt » confiance), score qui s’est cependant amélioré par rapport aux
années précédentes.
En conclusion, on assiste à une augmentation des craintes sur les effets de santé des antennes-relais et les
études épidémiologiques (cf. chapitre précédent) montre que cette même crainte peut induire des effets
neuropsychologique ressentis.
D. Indicateur
L’exposition aux champs électromagnétiques créés par des antennes-relais peut être estimée :
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par des mesure directes en sélectionnant les bandes de fréquences correspondantes (exposimètre
sophistiqué et couteux) et des mesures des fréquences « descendantes » (de l’antenne vers les
téléphones mobiles). Il faut noter que l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR) procède
périodiquement à un inventaire des antennes-relais (plus de 100 000 antennes en 2012) qui sont
portées sur la base de données cartographique « Cartoradio » consultable en ligne et réalisent plus de
2000 mesures par an de champs électromagnétiques mais sans distinction des sources, également
consultables sur Cartoradio.
par modélisation à partir des caractéristiques des antennes-relais
par le biais d’indicateurs indirects tel que la distance entre le site d’exposition et l’antenne relais. Les
distances de 200 m et 500 m sont les plus souvent utilisées pour la séparation des populations
exposées et non exposées.
E. Indices existants
Il n’existe pas d’indice prenant en compte l’exposition aux antennes-relais, ni même plus généralement aux
radiofréquences, ni en France ni en Europe.
F. Sensibilité à une modification de l’état de l’environnement
Si l’on applique, dans le cadre de mesures spécifiques aux PNE, des contraintes supplémentaires sur
l’implantation des antennes relais, l’exposition aux champs électromagnétiques produits par ces installations
en sera directement modifiée.
G. Leçons tirées des travaux sur les points noirs environnementaux et recommandations
Les études identifiées portant sur la problématique PNE ne prennent pas en compte les antennes-relais. Des
indicateurs basés sur la distance ont cependant été utilisés dans certaines études épidémiologiques avec des
distances de 200 ou 500 m pour identifier les populations censées être exposées aux champs
électromagnétiques de l’installation. Cependant, cette approche n’est pas cohérente avec les connaissances
physiques étant donnés la position en hauteur et le caractère unidirectionnel de la diffusion des ondes par les
antennes (voir introduction). Une approche par densité pourrait s’avérer plus cohérente malgré les
différences de puissance entre les antennes. Une modélisation des champs à partir des nombres,
implantations et caractéristiques des antennes pourrait en principe être possible mais serait fastidieuse. De
plus, l’exposition aux champs électromagnétiques générés par les téléphones mobiles eux-mêmes étant
généralement bien supérieure à celle des antennes relais, l’intérêt sanitaire d’une telle cartographie se
limiterait aux jeunes enfants.
Bibliographie
Agence nationale des fréquences (ANFR). 2007. Mesures de champs électromagnétiques en France - synthèse 2007. 8
p. En ligne : http://www.anfr.fr/fileadmin/mediatheque/documents/expace/synthese07.pdf
ANFR. Base de données cartographique Cartoradio : http://www.cartoradio.fr/cartoradio/web/
AFSSET. 2009 Les radiofréquences - mise à jour de l’expertise relative aux radiofréquences. 469 p. En ligne :
http://www.radiofrequences.gouv.fr/IMG/pdf/Afsset_rapport_RF_octobre_2009.pdf
AFSSET. 2009. Avis de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail Concernant la mise à
jour
de
l’expertise
relative
aux
radiofréquences.
22
p.
En
ligne :
http://www.radiofrequences.gouv.fr/IMG/pdf/Afsset_avis_RF_octobre_2009.pdf
IRSN (2012). Baromètre IRSN – La perception des risques et de la sécurité par les Français. En ligne :
http://www.irsn.fr/FR/IRSN/Publications/barometre/Documents/IRSN_barometre_2012.pdf
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Nguyen-Thanh V. & Richard J-B.2009. Les connaissances, perceptions et comportements des Français vis-à-vis des
risques
liés
à
la
téléphonie
mobile.
INPES.77
p.
En
ligne :
http://www.radiofrequences.gouv.fr/IMG/pdf/INPES_perception-risques-telephonie-mobile_2010.pdf
ORS
Ile-de-France.
2009.
Radiofréquences,
santé
et
société.
14
p.
En
ligne :
http://www.radiofrequences.gouv.fr/IMG/pdf/ORS_IDF_Radiofrequences_sante_et_societe_decembre_2009.pdf
Décret n°2002-775 du 3 mai 2002 relatif aux valeurs limites d’exposition du public aux champs électromagnétiques
émis par les équipements utilisés dans les réseaux de télécommunication ou par les installations radioélectriques.
Arrêté du 8 octobre 2003 relatif à l’information des consommateurs sur les équipements terminaux radioélectriques.