MOUSSE AU CHOCOLAT DE MEUMAN
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MOUSSE AU CHOCOLAT DE MEUMAN
La « vraie », la « seule », bien sûr , puisque c’est celle de Meuman ! Faites fondre en douceur le meilleur chocolat que vous puissiez trouver. Ajoutez des jaunes d’œufs de poules heureuses et une pincée de sucanat à la saveur miellée. Terminez par les blancs d’œufs en neige : vous venez de réaliser une mousse aérienne. Laissez prendre trois heures au frais. Résumé en images page suivante. On utilise ici la vapeur douce pour faire fondre le chocolat. Pour des goûts d’adultes, on peut imaginer faire fondre le chocolat dans un peu de café et parfumer le tout à l’eau de fleur d’oranger. Servez avec des Langues de chat maison. Quand je fais des cures en paléonutrition, je déguste la mousse à la cuiller, sans biscuits. C’est un dessert hyperprotéiné, qui convient dans ces périodes d’hyperressourcement... 24 www.cuisinenature.com/desserts photo www.shutterstock.com Mousse au Chocolat de Meuman •125 g de chocolat •2 jaunes d’œufs •4 blancs d’œufs •1 cuill. s. rase de sucanat/ demerara • 1 cuill. s. de café fort •sel marin (3 pincées) doses pour 6 petits ramequins individuels facultatif: certains amateurs n’aiment la mousse qu’adoucie de crème; ajoutez 3 cuill. s. de crème fraîche au point 2 au lieu du café 2 à 5 minutes pour faire fondre le chocolat + 5 minutes de réalisation 3 heures au frais conserve un jour maximum 1. Concasser. Pulvérisez le chocolat en petits morceaux pour faciliter la fonte. Demandez à votre petit dernier de le marteler, enfermé dans un linge ou un sac en papier fort (le chocolat ! pas le gamin...). Quelle joie de manipuler le marteau pour l’art de la gastronomie. On peut aussi couper la tablette de chocolat patiemment au couteau de cuisine, mais c’est bien moins drôle. 2. Faire fondre le chocolat 2a. Vapeur. Placez dans un large bol en céramique le fond de café avec le chocolat concassé. Dès que l’eau bout dans le compartiment du bas, déposez ce bol dans le panier supérieur du cuit-vapeur. Couvrez. Le chocolat fondra, sans que vous y touchiez, en 5 à 8 minutes. Tournez pour obtenir une pâte consistante sans grumeaux. On peut remplacer le café par de la crème. La mousse est alors plus douce au palais de certains. 2b. Autre solution qui demande plus d’attention : versez le café et le chocolat concassé dans un poêlon. Portez à feu moyen en tournant continûment et en surveillant. Dès que le mélange a fondu, ôtez le poêlon du feu. Si le chocolat surcuit un chouïa de trop, le goût en pâtit... 3. Ruban. Séparez les jaunes des blancs d’œufs (en image page suivante). Fouettez le sucre, le sel et les jaunes jusqu’à ce que le mélange blanchisse : le sucre disparaît dans ce lait de poule. Vous obtenez un ruban. Tout en continuant à battre, versez en filet le chocolat fondu. Extraits de la prochaine édition de « De crèmes et de fruits" (Desserts ressourçants en famille) 25 photo www.shutterstock.com Procédez au fouet électrique ou au robot mixeur. Au fouet à la main, prévoyez une terrine bien large. 4. Blancs d’œufs en neige. Faites ensuite monter les blancs en neige ferme selon la technique de réussite page suivante. 5. Finition. Incorporez les blancs délicatement au mélange chocolat/ruban, à l’aide d’une spatule langue-de-chat. Pour plus de légèreté encore, incorporez deux blancs en neige supplémentaires. 6. Prise. Faites prendre au réfrigérateur un minimum de trois heures. En urgence ? au congélo une demi-heure.... Consommez sans tarder, car les œufs étant crus, la mousse ne conserve pas plus d’un jour, même au réfrigérateur. Lors de la prise (point 6), laissez tel quel dans la terrine, vous servirez ensuite à la cuiller. Ou versez déjà dans des ramequins individuels. 26 www.cuisinenature.com/desserts 1. Faire fondre le chocolat concassé en douceur, dans le fond de café ... ou de crème fraîche. 2. Rubannez les jaunes avec le sucre au fouet ou... ...au mixeur. On a préparé le chocolat fondu, le ruban et les blancs en neige. La mousse est presque dite. 3. Fouettez les blancs en neige (ici : au robot type Kenwood). Séparer les blancs des jaunes (alias « clarifier ») 1. Casser l’œuf frais sur un rebord dur et acéré 2. Séparer les deux parties de la coquille à l’aide des pouces 3. Déverser le blanc dans un bol. Faire glisser le jaune restant d’une demi-coquille à l’autre pour le nettoyer du reste de blanc. Extraits de la prochaine édition de « De crèmes et de fruits" (Desserts ressourçants en famille) 27 Pour réussir les blancs d’œufs en neige Les blancs doivent être battus dans un bol d’une propreté virginale, sans trace de jaune. La moindre trace de graisse gâcherait la montée. Gardez-les quelques minutes au réfrigérateur avant de battre au fouet à main ou électrique. Pour assurer la prise, ajoutez aux blancs trois gouttes de jus de citron (ou tout acide). Ne salez pas comme indiqué dans bien des recettes (dont les miennes jusqu’ici), car selon le chercheur en gastronomie moléculaire Harold McGee, cela inhibe la stabilité de la mousse et accroît le temps de fouettage Les blancs en neige doivent toujours être incorporés en dernier lieu aux préparations solides (pâtes ou mousses). Celles-ci ne doivent pas être trop chaudes. On y consacrera toute sa délicatesse. Mélangez très souplement à la spatule, sans écraser les bulles des blancs montés en neige. Par de grands mouvements amples, allez chercher la préparation en dessous et ramenez-la doucement au-dessus des blancs jusqu’à incorporation complète. Patience, cette opération peut prendre plusieurs minutes attentives. Généralement, on incorpore d’abord les deux tiers des blancs de manière un peu cavalière, le temps d’assouplir la préparation. Le dernier tiers demande la plus grande finesse. Les blancs n’aiment pas attendre dès lors qu’ils sont en état neigeux. Si vous avez dû attendre, il faut fouetter à nouveau une dernière fois. fouet électrique outil fouet d’un gros robot type Kenwood 28 www.cuisinenature.com/desserts fouet manuel en haut: fouet suédois Envol culinaire Dès lors que vous maîtrisez la recette de la Mousse au chocolat, vous voilà en route pour de bien belles aventures... * Cuite au four avec du beurre, de la farine de châtaigne et une purée de marron bio, cette mousse devient un Gâteau Cévenol Chocolaté. Pour faire la purée de marrons maison, moulinez des marrons cuits et pelés, au robot ou à l’extracteur multifonctions. * Ajoutez du beurre et des œufs entiers puis roulez dans du cacao ou dans de la noix de coco râpée. Vous créerez de jolies Truffes, qu’on peut aussi présenter en bûchettes de chocolat. * Une mouss e p eut s e transmuter en « Moelleux au chocolat ». Mêmes ingrédients de base : 150 g de chocolat noir, un fond de café fort, pincée de sel marin, 3 cuill. s. de sucre complet bio, 3 œufs (jaunes et blancs séparés) ; auxquels on ajoute 10 g de fécule de maïs et 80 g de beurre en suivant les procédés habituels pour gâteaux que l’on découvrira dans les pages ad hoc. On cuit au four à 150°C pendant 20 minutes. Le cœur doit rester fondant. Il est assez difficile à réussir pour un débutant. Je propose pour un début le Gâteau de la Reine de Saba, recette que j’ai gardée dans le tome ad hoc pour sa facilité de réussite. * Ajoutez de la crème fraîche, ce sera la base d’une « Fondue au chocolat » dans laquelle vous tremperez toutes sortes de fruits frais coupés en dés, sur le mode de la fondue au fromage. Extraits de la prochaine édition de « De crèmes et de fruits" (Desserts ressourçants en famille) 29 * Mes essais de mousse au chocolat que l’on présente comme diététique réalisée avec du fromage frais, de la caroube ou de la crème de soja n’ont pas eu le succès escompté. On peut même parler de flops monumentaux. Ne ricanons pas : j’ai trouvé ces recettes chez les plus grands chefs, quand ils se targuent de diététique. Je reviens irrémédiablement à ma conclusion de bon sens : des desserts au beurre et au sucre, à l’ancienne, mais en modération. Si seulement j’arrivais moimême à l’appliquer... * Faites prendre en crème du lait chaud chocolaté avec les œufs sur le mode d’une « Crème anglaise » et cuisez le tout en Soufflé, sur la base de ma recette de « Pataploufs au citron ». * Le « Bavarois de chocolat » détaillé plus loin, avec crème liquide fouettée en chantilly et feuilles de gélatine ou agar-agar, est un dessert léger et mousseux fort apprécié. * Parce que vous insistez vraiment pour en faire la compagne de cette Mousse au chocolat, je décris la technique de « Crème fouettée en Chantilly » pour débutants plus loin. Comment conserver les œufs? Détail utile pour les guérilleros urbains, un peu décalés du réel par une vie trépidante et par l’aide de Monsieur Sachet : les œufs doivent être FRAIS pour être digestes et utiles. Ce n’est pas parce que l’étiquette indique qu’on peut les garder trois semaines hors réfrigérateur qu’ils sont encore une nourriture essentielle après ce délai. Une semaine est un maximum. Les fines fourchettes observeront 30 www.cuisinenature.com/desserts d’ailleurs qu’on ne cuisine pas pareil avec un œuf frais ou âgé de trois semaines, ou avec un œuf bio et un œuf de batterie. Les personnes dont le foie est fragile savent d’ailleurs qu’à déguster un œuf du jour, les inconvénients de digestion disparaissent. Tours de main en photos et videos sur internet http://netpatiss.chez. com/autrecours/livres/ livretechnique/page2.html. *1 Blancs d’œufs crus? Les gestes pâtissiers méritent une petite visualisation, que, dans ce cas-ci, je vous propose de trouver sur la page de notre ami du jour, le Chef Simon http://chefsimon.com/ videos/mousse-chocolat-1.html et suivantes. Une animation en plusieurs parties vous est proposée. Sur le site Netpatiss *1 : une série de cours de cuisine avec photos, vidéos, etc. La rubrique « technologie appliquée » de chaque recette permet de comprendre le pourquoi du comment des pratiques pâtissières, telles que Pourquoi ôter soigneusement les jaunes pour s’assurer de bien monter les blancs en neige? Etc.... Certains naturos reprocheraient à ce dessert l’utilisation de blancs d’œufs crus, dont il paraît que l’avidine inhibe la synthèse de la vitamine B8. Or, à ma connaissance, cette expérience a été effectuée sur base de poudre de blancs d’œufs. Le même test, reproduit avec des blancs d’œufs naturels et crus, n’a pas eu les mêmes résultats. Certains témoins en absorbaient pourtant jusqu’à trente-six par jour. Quand je vous disais que c’est l’industrialisation à outrance qui fait péché... Le blanc cru serait au contraire un remède en soi, dans la mesure où, à l’instar du fromage de lait cru, il semble être un des plus puissants Extraits de la prochaine édition de « De crèmes et de fruits" (Desserts ressourçants en famille) 31 précurseurs de glutathion, cet élément si capital à notre respiration cellulaire. Comme les blancs sont apportés en même temps que les merveilles du jaune d’œuf cru, je me demande bien pourquoi on se passerait d’un tel dessert ! Pourquoi du chocolat noir? Pour la puissance de l’arôme, mais aussi pour s’assurer un apport moindre de sucre, puisque le chocolat noir en est une source légère comparé aux autres formes de chocolat. Jouons au petit jeu des étiquettes. Que dit le chocolat au lait d’une marque ex-belge ? « Ingrédients : sucre, poudre de lait entier, pâte de cacao, beurre de cacao*, lactosérum en poudre, émulsifiant: lécithine de soja, arômes. » Sachant que les ingrédients sont présentés par ordre de poids, il y a plus de sucre et de lait que de chocolat, ma parole ! Allons-y pour un chocolat noir de dégustation de la même marque. « Pâte de cacao, sucre, beurre de cacao, beurre, émulsifiant : lécithine de soja, arôme. 70% de cacao ». Bleurks, ces arômes sont partout... Ils sont loin d’être anodins pour les mangeurs les plus fragiles. Pourquoi ajouter de la lécithine de soja ? Jusqu’en fin des années 1980, le chocolat était très bon sans ajout de cet additif (E 322). Pourquoi dois-je, pauvre consommateur, faire les frais de la volonté des industriels de se débarrasser des déchets de la surproduction de soja ? Pourquoi ne peut-on pas revenir en arrière, comme quand on se rend compte avoir fait 32 www.cuisinenature.com/desserts une bêtise? Le mot « soja » est trop lié aux Zogémeries qui nous angoissent les tripes. Je vous ai entretemps appris que cet « aliment », même dans sa version bio, n’a été consommé en l’état et dans de telles doses par aucun humain avant nous. Cobayes de tous pays, unissons-nous. C’est une des raisons pour lesquelles je privilégie le chocolat sous sa forme bio : « Pâte de cacao, sucre de canne, beurre de cacao, vanille naturelle. 72% de cacao ». Tu vois bien qu’on peut se passer d’émulsifiant, Gaetan ! Quels chocolats? En pâtisserie chocolatière, on choisira plutôt de travailler le chocolat vendu en pépites, car il est plus facile à faire fondre. On s’épargne l’étape de concassage décrite dans la recette de Mousse aucChoco. Pas très facile de trouver des pépites en bio. Certains cuisiniers du dimanche comme moi les remplacent par des granulés bio peu sucrés, plus aisés à trouver en bio. On emploie aussi du cacao naturel en poudre pour chocolater des pâtes à biscuits, à tartes etc. Non sucré, le cacao en poudre se passe généralement d’additifs. Lorsqu’il est fourni sucré (la version la plus courante), il est souvent additionné d’émulsifiants pour garantir un lait cacaoté du matin sans soucis. En effet, le cacao ordinaire ne se dilue bien que dans le lait froid, qu’on chauffe par après (voir dans Petits matins ressourçants). Dans une cuisine sans additifs, on se fournit en poudre de cacao naturelle. Cherchez bien, elle se cache dans les rayons mais il y en a : c’est quasi toujours dans le rayon bio. Extraits de la prochaine édition de « De crèmes et de fruits" (Desserts ressourçants en famille) 33 Marquise au chocolat sous son loup de carnaval Le fils de ma voisine annonce après avoir lu ma recette de « Gâteau au chocolat » : « J’ai une meilleure recette que toi, hé ! ». Ah, bon, chouette. Quand les gaminous s’y mettent, je suis toujours enthousiaste. Curieuse, je l’invite à venir me la montrer. Le voilà qui débarque avec trois œufs et... un sachet de « Préparation pour Marquise ». Deux minutes pour fouetter les œufs et y verser la poudre. Zouip au four... Je comprends qu’il préfère ce lancer de missile à ma «longue » recette. Il m’est inutile de vous transcrire en détail ce qu’indique la composition du sachet, car les dénominations «sucre» ou « farine de blé » ou « matière grasse végétale en poudre » que j’y lis ne sont plus que des termes génériques bien rassurants. Ce sucre et cette farine n’ont plus rien à voir avec les produits qui trônent dans vos placards ménagers. Si un doute avait subsisté, j’ai eu l’occasion de parfaire mes connaissances des coulisses en étudiant pour le magazine Valériane la transformation des céréales*1. Par un phénomène de dérive accélérée bien humain, les modifications de nature qu’impliquent les traitements industriels sont devenues si poussées que je pus conclure en fin de cet article : «(...) les céréales transformées à des fins industrielles alimentaires {en amidons purifiés ou hydrolysés} ne sont plus des céréales, mais bien des aliments modifiés dont le devenir et l‘impact dans le corps humain n’ont pas été étudiés avec sérieux ». Ce raisonnement s’applique à quasi tous les aliments «de dépannage» que l’on peut trouver sur les rayons épiciers et qui sont surtraités, pour des raisons de réussite en technologie alimentaire. Ce fut d’abord un article dans le magazine, élargi en un cahier de Nature et Progrès intitulé « Que reste-t-il de nos Céréales? ». L’essentiel de cette recherche est aussi repris dans mon topo Gloutons de Gluten. *1 34 www.cuisinenature.com/desserts