Comprendre le fonctionnement des mini-entreprises

Transcription

Comprendre le fonctionnement des mini-entreprises
PAYS : France
PAGE(S) : 6-8
SURFACE : 263 %
PERIODICITE : Trimestriel
1 septembre 2015 - N°3
V)
pour
Entreprendre
apprendre
Les junior-entreprises
investissent
école
'
L association Entreprendrepour apprendre permet
à desélèvesde créerdes mini-entreprisesdans leur collège
ou leur lycée pour mieux sefamiliariser avec les notions
économiques et prendreconfiance en eux.
'
et gérer une
durant une
minientreprise
scolaire pour mieux se
année
familiariser avec les notions
et le monde professionnel :
économiques
cette idée, portée par le mouvement
Junior Achievement , est née aux
Etats-Unis en 1919. «Mais il afallu
attendre1990 pour que
le projet voie le jour en
France », avec la
d Entreprendre
création
pour apprendre ,
commente
Benoît Bouyx ,
coprésident de cette
association en 11e-deFrance. « Notre structure
est surtout active depuis
2005 », précise-t-il.
Benoît Bouyx , ancien
directeur adjoint de
l Onisep , est
investi
dans ce projet car il
trouve que notre
système
scolaire « valorise
davantage l intelligence
abstraite et cartésienne ,
alors
il y a d autres
formes d intelligence
et que beaucoup ap
Créer
prennent enfaisant» . L association
promeut cette méthode active
des jeunes . Ainsi , les élèves
auprès
volontaires au sein de leur collège
ou de leur lycée créent des
entreprises
qui ont pas d existence
réelle, mais qui sont abritées
juridique
par Entreprendre pour apprendre
'
Ile-de-France . Les
ont néanmoins
minientreprises
une « véritableactivité
», rappelle Clara Martel ,
commerciale
coordinatrice
départementale
du projet en
Seine-SaintDenis
. Elle précise par ailleurs
que 30 %% des projets setrouvent dans
un quartier « politique de la ville
Le lycée Auguste-Blanqui à SaintOuen fait partie de ces établisse-
'
n'
Valentin ,Amine , Jérémy ,
Anla et Cléo ,
du lycée Auguste-Blanqui , à Saint-Ouen (93) ,
ont conçu de A à Z la Beauty box.
'
'
s'
'
'
qu'
'
Tous droits de reproduction réservés
PAYS : France
PAGE(S) : 6-8
SURFACE : 263 %
PERIODICITE : Trimestriel
1 septembre 2015 - N°3
ments et la mini-entreprise créée
« était aussi très pratique pour
« ai découvert de vrais talents
les
et
ai pu leur apporter mon
,
une
nous
de
ne
des
par
lycéens qui propose
proposerque
produits
boîte de cosmétiques bio , y porte
naturels à la vente, car il y a
expertise»
, précise Anthony Lopez , en
le nom de Natural Young Beauty.
de
normes
sanitaires
à
dans le domaine de la
respecter
particulier
beaucoup
L initiative a été proposée par deux
pour commercialiser desproduits de logistique et des transports , où les
beauté », ajoute-t-elle.
élèves de première ES :Ania ,
jeunes ont rencontré desdifficultés.
directrice
Le travail en équipe a d abord
« Nous avons fait l erreur , explique
générale de la mini-entreprise ,
de
sa
démarré
des
séances
où
chaAnia , de confier à une seulepersonne
également chargée
par
communication
et
Amine
a
la tâche de contacter l ensemble
,
, qui
le
service
financier
.
desfournisseurs , ce qui a causé
codirigé
notions
comme
le
coût
Des
du retard . » « est en patinant
avoir
vu
une
Après
émission
télé , ils en ont parlé
on apprend », commente
de revient ou le seuil de
à Eddie Laval , enseignant
Eddie Laval . «Les élèvesont bien
rentabilité ne sont plus
de sciences économiques
compris le rôle crucial du service
abstraites , mais désormais
et sociales (SES), qui y a
achats dans une entreprise »,
associé sa collègue
bien concrètes pour nous"
ajoute Anthony Lopez.
Ania , lycéenne
enseignanted éco-gestion ,
directrice générale de Natural Young Beauty
Sandra Chinelli . Tous
Ecouter les autres
deux ont suivi une
Valentin , élève de première L ,
journée
de formation à la gestion de
cun des élèves a proposé sesidées, a participé au service ressources
au
sein
de
l
association.
notées sur des post-it
est ainsi
humaines de la mini-entreprise . Il a
projet
est née la Beauty Box . Puis , ils
ainsi « appris à travailler en équipe »
Des recettes de grand-mère
ont été mis en situation , en
et à se comporter « avec maturité ,
Au cours de l année , treize
car sije nefais pas ce il faut , est
réalisant
une étude de marché « avec un
élèves du lycée Auguste-Blanqui
les autres qui en pâtissent» . Sofia
questionnaireauprèsd inconnus dans
descentres commerciaux» , précise
y ont participé , en donnant de
ajoute : « On a appris à passer des
leur temps chaque mardi entre
Eddie Laval . Anthony Lopez ,
commandes sur Internet , à se lever
12 heures et 14 heures . « Nous
d UPS, une société de
à 6 heures du matin pour faire des
dirigeant
avons quepeu travaillé , expliquent
ventes sur le marché , mais aussi et
, parrain du projet , a demandé
transport
les enseignants . Ce sont les élèves
à une partie de son équipe des
surtout à écouterles uns les autres. »
humaines d examiner les
«
le projet de devenir comptable,
ressources
qui ont tout fait ! » « La Beauty Box ,
CV et les lettres de motivation des explique Amine , et cette expérience
précise Clara Martel , estpourtant
un produit complexe », plus que
a confirmé mon choix. » Jérémy , qui
élèves pour organiser les différents
ceux d autres établissements . Dans
services de la mini-entreprise.
a codirigé avec lui le service
financier
une boîte en paille , on trouve en
, venait de la filière STMG . Il
Ange , élève de première ES, et
effet du miel , de l huile d argan et
Sofia, de première sciences et
connaissait donc bien les formules
de l argile , qui permettent d
du management et de la
technologies
comptables , qui ne sont pas
obtenir
différentes sortes de masques
étudiées
en ES ; il a pu partager ses
gestion (STMG) , ont ainsi
de beauté quand ils sont
travaillé
au service technique , afin de
connaissances avec Amine . Mais
selon les « recettes de
« trouver lesrecettes». Elles ont
mélangés
Jérémy , qui souhaiterait devenir
grandmère
» fournies dans un petit livret
aussi
« manipulé les produits au labo ». illustrateur , a également dessiné le
Cléo, en première ES, est occupée
prototype de la Beauty Box.
joliment imprimé dans la boîte.
Les élèves l ont fabriquée de A à Z,
du design de la boîte et a aussi aidé
Eddie Laval raconte que des
à trouver de l huile d argan .Amila , élèves qui aimaient pas prendre
conçu et imprimé le mode d
la parole en public ont appris à le
de son côté , a « galéré» pour faire
emploi
, décoré la boîte , etc . « est
un produit do it yourself ,
acheminer un sac d argile de 13
faire . D autres qui « nefaisaient rien
entièrement
Ania.
kilos
livré
erreur
à
Gennevilliers.
l année dernière et voyaient le prof
,
biologique », explique
par
J'
C'
'
'
'
'
C'
qu'
'
'
C'
qu'
'
qu'
c'
'
'
n'
s'
'
'
'
'
'
'
s'
'
'
'
'
n'
C'
'
'
'
LES DOSSIERS d Alternatives Economlques
3 - septembre 2015
'
Tous droits de reproduction réservés
PAYS : France
PAGE(S) : 6-8
SURFACE : 263 %
PERIODICITE : Trimestriel
1 septembre 2015 - N°3
Entreprendre
pour
apprendre
d Oracle , Dominique van
comme un ennemi à abattre »
se
mobilisés.
Deth . De même, la
sont
iNITIATIVES
nationale a deux
Et pourtant , cet enseignant
Fédération
de SES est « contre l ingérence
coprésidents , Jérôme
de l entreprise dans l école. Il
Gervais, ancien directeur
d
un
de la Fondation Groupe
,
,
agit ajoute-t-il
système
d exploitation , et je ne vois pas
Adecco , et Jean-Claude
Rouanet , inspecteur
pourquoi apprendrais à mes
élèves à y conformer Nous ne
d académie.
sommes pas là pour leur
un métier ; mais pour
2 millions d euros
apprendre
leur transmettre desvaleurs, leur
Le financement d
à
à
apprendre réfléchir prendre
Entreprendre pour
du recul .. »Mais comme la
apprendre
provient pour
demande
émanait des élèves , il Salon des mini-entreprises à Rouen . Dans les départements
moitié des entreprises
et les régions , les initiatives se développent et remportent un franc succès
(par la taxe d
y a consacré du temps ,
des
.
Sandra
bénévolementComme
, un soutien de la
appren
Chinelli . Celle-ci trouve de
CGPME
ou le mécénat
tissage
Cléo se souviennent d être « montés d entreprises comme Oracle) ,pour
son côté que était une « richesse
sur scènepour parler devant tout le
un tiers des pouvoirs publics (
que les élèves viennent defilières
majoritairement
des collectivités locales
monde, d avoir dû présenter le projet
diverses , car chacun a découvert
des manières différentes de
et de la politique de la ville) et pour
en anglais» . «Les élèvesen dfficulté
le reste de la contribution des
penser»
on
se révèlent par cette méthode , qui
. « On a appliqué ce
en cours , ajoute Ania . Des prend mieux en compte leur capacité établissements
, qui se monte à 300 euros
apprend
notions comme le coût de revient ou
d initiative , témoigne Benoît Bouyx.
par collège . En 2014, ce budget était
le seuil de rentabilité
est pourquoi
de 2 millions d euros en France et de
ne sont plus abstraites ,
450 000 euros en Ile-de-France.
Entreprendre
pour apprendre
« Les dépenses , précise Benoît
mais désormais bien
esttrèspriséepar les
concrètespour nous. »
établissements
des
Bouyx , sont essentiellement des
Amine avait prévu
de la politique de frais depersonnel » 20 associations
quartiers
la ville . » Pour autant , en France emploient 60 salariés
un investissement de
est le nombrede
500 euros dans le
on trouve aussi des
(dont sept en Ile-de-France) ,
mini-entreprisescréées
. 350 euros ont été
dans
essentiellementdes coordinateurs
projet
mini-entreprises
durantl annéescolaire
des établissements
territoriaux , qui font notamment le
récoltés
auprès des
2014-2015en France.
et des familles ,
parisiens
chics , comme
lien entre les enseignants , les
enseignants
établissements
et les entreprises
l école privée Jeanninequi ont suffi à créer
arrondissement.
partenaires
.
50 boîtes , commercialisées ensuite
Manuel, dans le 15e
Aujourd hui , Entreprendre
à 12,90 .Grâce aux ventes réalisées
Durant l année scolaire 2014-2015, pour apprendre compte sur la
1200 mini-entreprises ont été créées réformedu collège pour prendre
depuis début mai ( 46 boîtes) , un
en France, dont 165en Ile-de-France.
de l ampleur . « Les enseignements
bénéfice de plus de 100 euros a été
les
souhaitent
se
l
association
Pour
,
développer
,
dégagé que
lycéens
pratiques interdisciplinaires
verser à une association caritative
exactement à ce que l on
a besoin de créer un climat de
correspondent
confiance avec le monde enseignant, fait », conclut Benoît Bouyx.
comme Action contre la faim.
«qui nous voit trop souventcommedes
Nahapétian
Entreprendre pour apprendre
organise des salons
agents du Medef» , plaisante Benoît
départementaux
et régionaux qui ont beaucoup
Bouyx , qui copréside l association
EN SAVOIR PLUS
.
Valentin
Ania
francilienne avec un cadre supérieur
www.entreprendre-pour-apprendre . fr
,
et
marqué les élèves
'
'
'
'
'
s'
'
j'
'
s'
'
'
'
'
'
c'
'
qu'
'
'
C'
C'
'
'
'
'
Euro
'
'
'
'
8
LES DOSSIERS
3 - septembre
d Alternatives
Economiques
2015
Tous droits de reproduction réservés