La Bohème, de Puccini
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La Bohème, de Puccini
La Bohème, de Puccini La Bohème de Puccini ne doit pas être confondue avec La Bohème de Leoncavallo, qui fut créée l’année suivante mais qui est rarement représentée, contrairement à celle de Puccini qui fait partie des opéras italiens dont la popularité n’a pas fléchi depuis plus d’un siècle. Composé entre 1892 et 1895, La Bohème de Puccini fut représentée pour la première fois le 1er février 1896 au Teatro Regio de Turin, sous la direction d’Arturo Toscanini. C’est grâce à cet opéra que l’auteur connu une gloire internationale, bien que lors de la première représentation, le succès ne fut que mitigé. Opéra en 4 actes où l’action se déroule à Paris entre 1830 et 1831, cette œuvre marque un tournant dans la production de Puccini qui parvint ici pour la première fois à une parfaite adéquation entre le sujet de l’opéra et son traitement musical, en effet La bohème porte le sceau de cette sensibilité exacerbée typique « fin de siècle » elle exige donc beaucoup des interprètes et en premier lieu du chef d’orchestre. Claude Debussy (célèbre compositeur classique du XIX) souligna avec la remarque suivante : « Je ne vois personne qui ait décrit le Paris de cette époque aussi bien que Puccini dans La Bohème » La Bohème est composée de quatre « quadros » (=tableaux en italien), rattachés les uns aux autres par un lien : l’histoire d’amour entre Mimi et Rodolfo, à laquelle la relation Musetta-Marcelo sert de contrepoint dramaturgique. Comme dans chaque opéra, c’est une histoire dramatique mais ici, la dimension tragique est entièrement concentrée à la fin : dans la mort de Mimi. Cette dernière, créature innocente, délicate et pieuse, dont la beauté fragile –en particulier les mains blanches- fascine Rodolfo et donne des ailes à sa poésie, est idéalisée par Puccini, ce qui donne à sa mort un côté encore plus dramatique. Résumé de l’histoire : C’est l’histoire de Rodolfo, Marcello, Schaunard et Colline qui vivent en colocation dans une mansarde insalubre située dans le Quartier latin de Paris en 1830. 1er tableau : C’est la nuit de Noël, Rodolfo le poète et Marcello le peintre sont au travail. (Ce dernier entretient une liaison adultère avec la belle et riche Musetta). L’endroit est glacial car ils n’ont plus rien pour alimenter le poêle, ils n'ont plus un sou. Leur ami Colline, philosophe en son état, entre en scène suivi de Schaunard, le musicien. Celui-ci rapporte l’argent qu’il a gagné afin de pouvoir payer le loyer. Puis tous décident de sortir, sauf Rodolfo qui préfère rester pour terminer un article. Peu de temps après, sa jeune et jolie voisine surnommée Mimi frappe à sa porte car elle à besoin de rallumer sa chandelle, elle se retrouve alors en tête à tête avec Rodolfo. Ils font connaissance, notamment avec les airs : Che gelida manina et Sì. Mi chiamano Mimì et finissent par se déclarer leur amour dans le clair de lune, avant de rejoindre les autres au café Momus fêter Noël. 2ème tableau : Rodolfo présente Mimi à ses amis, qui l’accueillent avec leur humour habituel. Mais la bonne humeur du groupe est troublée par l’arrivé de Musetta au bras de son protecteur, le vieux est riche Alcindor. Il faut se rappeler qu’elle a une liaison avec Marcel, ce qui plonge Alcindor dans un profond embarra. De plus, quand arrive l’addition, les compagnons de bohème n’ont plus d’argent pour la payer. Ils vont alors profiter d’une parade pour s’éclipser, laissant à Alcindor le soin de tout payer. 3ème tableau : On apprend ensuite que Mimi est très malade et qu’elle ne sait plus quoi faire par rapport à Rodolfo qui, par peur de la perdre, est rongé par une jalousie maladive, ce qui entraine de nombreuses disputes. Mimi décide donc d’aller demander conseil à Marcelo, qui vit maintenant avec Musetta. Marcello lui conseille de quitter Rodolfo, ce qu’elle compte faire. Mais très peu de temps après, Rodolfo arrive et chante son désespoir à Marcello, sans savoir que Mimi l'écoute. Celle ci est alors saisie d’une violente quinte de toux et Rodolfo, l’apercevant, se précipite à son secours. Finalement, ils décident de ne se séparer qu’à la fin de l’hiver. Au même moment, Marcello et Musetta mettent fin à leur liaison en se querellant à grand renfort d’injures. 4ème tableau : Dans leur mansarde, Marcello et Rodolfo, désormais séparés de Musetta et Mimi, essayent vraiment de travailler mais leurs esprits sont accaparés par leurs anciennes compagnes dont ils sont toujours amoureux. Colline et Schaunard les rejoignent. Soudain Musetta apparaît sur le seuil, elle annonce l’arrivée de Mimi, qui est tellement faible qu’elle a du mal à monter les escaliers. Rodolfo se précipite pour l’aider mais il voit bien que son aimée est au plus mal et que ses minutes sont comptées. Malheureusement les compagnons de bohème n’ont rien à offrir à boire, ni café ni vin. Musetta donne alors ses boucles d’oreilles pour pouvoir acheter un cordial et faire venir un médecin. Colline décide de participer aux frais en mettant son manteau au Mont-de-Piété. Puis ils sortent tous, laissant les amants seuls. Dans un tête-à-tête émouvant, Mimi et Rodolfo se souviennent de leur première rencontre et de leurs amours. Marcello et Musetta finissent par revenir. Mimi s’assoupie et Musetta prie. Puis Colline revient et demande des nouvelles de Mimi ; Rodolfo, qui la trouve « très calme » finit par comprendre, en voyant les visages consternés de autres, ce qu’ils ont déjà compris : la jeune femme s’est éteinte. Paroles originales (italien) Traduction Rodolfo Rodolfo Che gelida manina, se la lasci riscaldar. Cercar che giova? Al buio non si trova. Ma per fortuna é una notte di luna, e qui la luna l’abbiamo vicina. Quelle petite main gelée ! Laissez-moi donc la réchauffer. A quoi bon chercher ? Dans l'obscurité, on ne la trouvera pas. Mais, par chance, C'est une nuit de lune, Et ici la lune Nous l'avons en voisine. Aspetti, signorina, le dirò con due parole chi son, e che faccio, come vivo. Vuole? Attendez, mademoiselle, Qu'en deux mots je vous dise Qui je suis, et ce que je fais, Comment je vis. Voulez-vous ? Chi son? Sono un poeta. Che cosa faccio? Scrivo. E come vivo? Vivo. In povertà mia lieta scialo da gran signore rime ed inni d’amore. Per sogni e per chimere e per castelli in aria, l’anima ho milionaria. Qui je suis ? Je suis un poète. Ce que je fais ? J'écris. Et comment je vis ? Je vis. Dans ma joyeuse pauvreté, Je disperse en grand seigneur Rimes et hymnes d'amour. A travers mes rêves et mes chimères, A travers mes châteaux en Espagne, J' ai l'âme d'un millionnaire. Talor dal mio forziere Parfois, de mon coffre-fort, ruban tutti i gioelli Me sont dérobés tous mes bijoux due ladri, gli occhi belli. Par deux voleurs, des jolis yeux. V’entrar con voi pur ora, Ceux-ci viennent d'entrer tout juste, avec vous, ed i miei sogni usati Et mes rêves si ordinaires, e i bei sogni miei, Et mes rêves si charmants, tosto si dileguar! Se sont volatilisés aussitôt. Ma il furto non m’accora, Mais ce larcin ne me touche pas poiché, poiché v’ha preso stanza Parce que, parce qu'à leur place la speranza! Se tient l'espérance. Or che mi conoscete, Maintenant que vous me connaissez, parlate voi, deh! Parlate. Chi siete? Parlez, vous, parlez. Qui êtes-vous ? Vi piaccia dir! Dites, je vous en prie. Paroles originales (italien) Traduction Mimì Mimì Sì. Mi chiamano Mimì, ma il mio nome è Lucia. La storia mia è breve. A tela o a seta ricamo in casa e fuori... Son tranquilla e lieta ed è mio svago far gigli e rose. Mi piaccion quelle cose che han sì dolce malìa, che parlano d'amor, di primavere, di sogni e di chimere, quelle cose che han nome poesia... Lei m'intende? Oui. On m'appelle Mimì, Mais mon vrai nom est Lucia. Mon histoire est brève. Sur de la toile, sur de la soie, Je brode chez moi ou dehors. Je suis tranquille et heureuse. Mon passe-temps, c'est faire des lys et des roses. Elles me plaisent, ces choses qui ont ce charme si doux, qui parlent d'amour, de printemps, de songes et de chimères : ces choses que l'on nomme poésie. Me comprenez-vous? Mi chiamano Mimì, il perché non so. Sola, mi fo il pranzo da me stessa. Non vado sempre a messa, ma prego assai il Signore. On m'appelle Mimì, Et j'en ignore le pourquoi. Seule, je me prépare pour moi-même mon déjeuner. Je ne vais pas toujours à la messe, Mais je prie beaucoup le Seigneur. Vivo sola, soletta Je vis seule, toute seule. là in una bianca cameretta: Depuis une petite chambre blanche, guardo sui tetti e in cielo; Je regarde les toits et le ciel. ma quando vien lo sgelo Mais lorsqu'arrive le dégel il primo sole è mio Le premier soleil est à moi, il primo bacio dell'aprile è mio! Le premier baiser d'avril est à moi. Germoglia in un vaso una rosa... Quand bourgeonne une rose dans un vase, Foglia a foglia la spio! Feuille après feuille, je la guette. Cosi gentile il profumo d'un fiore! Comme il est léger, le parfum d'une fleur ! Ma i fior ch'io faccio, Mais les fleurs que je fais, Ahimè! non hanno odore. Hélas ! n'ont pas d'odeur. Altro di me non le saprei narrare. Je ne saurais vous en dire davantage sur moi. Sono la sua vicina che la vien fuori Je suis votre voisine d'ora a importunare. Qui, à une heure indue, vient vous importuner. Puccini Son nom complet est Giacomo Antonio Domenico Michele Secondo Maria Puccini. C’est un grand compositeur italien, d’ailleurs considéré comme l'un des plus grands de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Giacomo, deuxième du nom, est né le 22 décembre 1858 à Lucques dans une famille aisée, mais non fortunée. Il était le premier garçon d’une famille de sept enfants, cinq sœurs aînées et un frère, de cinq ans son cadet. Il poursuivit à une ou deux exceptions près les mêmes études musicales que ses illustres aïeux. Il est donc issu d'une famille de longue tradition musicale, dans laquelle cinq générations de musiciens se sont succédé. On compte trente-deux œuvres à leur actif. L'inspiration pour l'opéra lui vient seulement lors d'une représentation de l'Aïda, de Verdi. C’est un de ses professeurs au conservatoire qui le lui fit découvrir lors de la représentation à Pise le 11 mars 1876. En 1882, Puccini participe à un concours d'écriture lancé par la maison Sonzogno, pour un opéra en un acte. Bien qu'il ne remporte pas le prix avec Le Villi, ce premier opéra sera représenté en 1884 au Teatro Dal Verme de Milan, grâce à l'aide de Ponchielli et Ferdinando Fontana, et contribuera à attirer l'attention de l'éditeur Ricordi qui lui commandera un nouvel opéra, Edgar. Après celui-là, Puccini enchaîne les opéras à succès, notamment La Bohème. Pour finir, Puccini meurt à Bruxelles en 1924, des suites cardiaques dues à son cancer de la gorge.
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