Dossier pédagogique MOIS ART CONTEMPORAIN 2015
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Dossier pédagogique MOIS ART CONTEMPORAIN 2015
Memento Nature morte et vanités à La Réunion DOSSIER PEDAGOGIQUE 1 Pour sa 9ème édition, le Mois de l'Art Contemporain (MAC) au Tampon présente l'exposition MEMENTO, consacrée à la nature morte et aux vanités, sur 3 lieux : la salle Beaudemoulin, la Médiathèque du Tampon et la Cité du Volcan. L'exposition, conçue en collaboration avec l’artiste Jimmy Cadet, a été réalisée en partenariat avec des œuvres de collections publiques - le FRAC Réunion, l’Artothèque du Département et la Ville de St Pierre - ainsi qu’avec d’autres artistes invités : Salle Beaudemoulin ‘FRUIT DEFENDUS’ : Samantha Afxendio / Annaf / Alice Aucuit / Atin Basak / Catherine Boyer / Jimmy Cadet / Emilie Colo / Erro / Jean Luc Gigan / Esther Hoareau / Fabrice Hyber / Pierrot Men / Queland De St Pern / Lionel Sabbate / Qiu Zhijie. Médiathèque ‘VANILLAS VANITATUM’ : Joël Andrianomearisoa / Jimmy Cadet / David Damoison / Xavier Daniel / Cristof Denmont / Hervé Douris / Gérard Garouste / Joël Hubaut / Alain Noël / Richard Riani. Cité du Volcan ‘PETITS ARRANGEMENTS’ : Malala Andrialavidrazana / Alice Aucuit / Jean-Paul Barbier/ Atin Basak / Jimmy Cadet / Thierry Fontaine / Ceka Lafaille / Roberto Stephenson / Marie Vic. Ce dossier a pour objectif de présenter le thème de l'exposition 'MEMENTO', ses artistes et leurs œuvres, ainsi que de proposer des pistes pédagogiques à l'attention des enseignants du primaire, collège et lycée. 2 SOMMAIRE 1- Nature morte et vanité : définitions et histoire 1.1- ‘MEMENTO, nature morte et vanités’ : définition, représentations/symboles 4 1.2- Lexique artistique 7 1.3- Un peu d'histoire de l'art 9 1.4- L'art contemporain 14 1.5- Liens 15 2- L'exposition et son parcours 2.1- Focus sur quelques œuvres - Jimmy Cadet - A la Salle Beaudemoulin - A la Médiathèque - A la Cité du Volcan 16 17 20 22 2.2- Pistes pédagogiques pour le primaire, collège et lycée 2.2.1- Avant la visite 2.2.2 - Pendant la visite 2.2.3 - Après la visite Pistes pédagogiques pour le 1er degré Pistes pédagogiques pour le 2e degré 25 26 27 28 28 29 3- Infos pratiques 31 3 1- Nature morte et vanités : définition et histoire 1.1- MEMENTO, nature morte et vanités Mémento Du latin memento (orthographe traditionnelle) ‘souviens toi’ : note, agenda, carnet où l’on inscrit des renseignements utiles afin de s’en souvenir. Ouvrage où est résumé toutes les parties essentielles d’une matière ou question. Dans la liturgie catholique, prière du canon de la messe, le mémento des vivants et le mémento des morts. Synonymes : agenda, aide-mémoire, guide, précis. (Sources : wiktionary.org et Larousse). Pour cette exposition, il faut comprendre Memento comme une référence au ‘memento mori’ : locution latine ou ‘souviens toi que tu mourras’ (ou vanités dans l’art), afin de se rappeler que nous ne sommes que de passage et que devant la mort, riche ou pauvre, nous sommes tous égaux. Elle désigne un genre artistique de créations de toutes sortes dont le but est de rappeler aux hommes qu'ils sont mortels, et que leurs activités ou intérêts/plaisirs terrestres sont vains. Cette tradition de représentation de la mort en Europe, s’appuyant sur la religion chrétienne, invitait le chrétien à réfléchir sur la vanité de son existence et de ses plaisirs fugaces et donc lui demandait de se concentrer sur la vie de l’au-delà (L’Ecclésiaste 7, 36 : ‘Dans tout ce que tu fais souviens-toi de ta fin et tu ne pécheras jamais’). « memento mori » peut avoir plusieurs aspects : ‘Squelettes’ (rappelant la vie précédente tout en représentant la mort), ‘Gisant’ (personnage connu représenté couché et endormi dans une belle attitude ; souvent sculpté sur une dalle funéraire et genre qui se développe en France au XIIIème siècle ; ex. : ‘Anonyme, Richard Coeur de Lion et Isabelle d’Angoulême, v.1199’ ; Le ‘Transi’ s’oppose directement au ‘gisant’ dans l'art funéraire de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, qui à l’inverse montre le mort de façon réaliste, nu, squelettique parfois en état de putréfaction (‘Vanité – Ligier Richier, Transi René de Chalon, XVIème siècle’). ‘Crâne’ : représente l’abandon de la vie terrestre ou de l’enveloppe terrestre. Bougies se consumant, montres, fleurs se fanant, fruits en partie épluchés ou pourrissants… Etant donné l’insignifiance des plaisirs terrestres considérés comme futiles et dérisoires et les éléments matériels qui n’ont plus d’intérêt une fois la mort venue, on voit apparaitre des éléments se référant aux arts (musique, littérature, sculpture, peinture), à la beauté (miroirs), aux sciences (compas, globes, lunettes) ou encore au luxe et au pouvoir (pièces de monnaie, médailles, bijoux). La mort ans l’art est un sujet récurrent chez bon nombre d’artistes depuis toujours et a donné la naissance au genre spécifique ‘la vanité’ sous forme de crânes, d’allégories et de symboles. Nature morte Fleurs et fruits, objets du quotidien, tables servies…un genre qui a marqué l’art occidental malgré sa dernière place dans la hiérarchie des genres en peinture car montrant des objets indignes d’être peints tant ils étaient banals (la peinture devait éduquer et enseigner). 4 L’expression “nature morte” suscite des confusions : une peinture avec des pommes tombées d’un pommier n’est pas comme ‘genre’ une ‘nature morte’ mais un ‘paysage’. Il est utile de savoir qu’au XVIe siècle, on parlait de ‘Vie coye’, c’est-à-dire de ‘vie silencieuse’ ou de ‘nature immobile’ (traduction du mot anglais ‘still life’). La plupart des langues étrangères ont gardé cette idée d’immobilité : ‘Stilleben’ en allemand ou bien encore ‘Oggetti inanimati’ en italien. Vanité Du latin vanitas, qui vient du mot latin « vanus » désignant une action vaine : vide, futilité, fausseté ; inutilité, fierté excessive. Au sens littéral ‘souffle léger, vapeur éphémère’. Elle trouve son origine dans la célèbre sentence de l’Ecclésiaste (fils de David, roi de Jérusalem) chapitre 1 verset 2 : ‘’Vanités des vanités, tout est vanité’’. Dans ce texte il s’interroge sur le sens de la vie qui ne mène qu’à la mort et à l’oubli malgré tous ses efforts au cours de sa vie, donc une vie vaine ! (d’où ‘vanité’) ; L’Ecclésiaste (traduction de l’hébreu « Qohéleth », qui signifie « l’homme de l’assemblée », « le prédicateur ») fait partie des « Livres de sagesse » de l’Ancien Testament (Bible). Il a été écrit vers 250 av. J.-C. et la Palestine était gouvernée par les successeurs d’Alexandre le Grand, les lagides d’Egypte (celle-ci fait alors partie du monde hellénistique). Le texte, d’intonation pessimiste, est une réponse indirecte à la question que les juifs se posaient alors face à l’influence de la culture hellénique : la joie de vivre proposée par les Grecs est-elle réalité ou illusion ? - Désir de se faire valoir (‘Il y a une différence entre l’orgueil et la vanité. L’orgueil est le désir d’être au-dessus des autres, c'est l’amour solitaire de soi-même. La vanité au contraire, c’est le désir d’être approuvé par les autres. Au fond de la vanité, il y a de l’humilité; une incertitude sur soi que les éloges guérissent’ Henri Bergson). Vanité (art) : type de peintures illustrant, de façon symbolique, le thème philosophique de l'inéluctabilité de la mort, de la fragilité des biens terrestres et de la futilité des plaisirs à travers la représentation de natures mortes (avec des objets symboliques, crâne, bougie…ou qui font référence aux cinq sens), d'allégories ou de grands saints. En bijouterie : bijou ou bague ornés d’une tête de mort. Ingvar Bergström (historien de l’art) divise le répertoire des vanités en trois groupes les tableaux qui « expriment » la vanité du monde et l’espoir de la résurrection : • • • le premier groupe « évoque la vanité des biens terrestres » : o livres, instruments scientifiques, art, pour la vanité du savoir. o argent, bijoux, pièces de collection, armes, couronnes et sceptres pour la vanité des richesses et du pouvoir. o pipes, vin, instrument de musique et jeux pour la vanité des plaisirs. Le second groupe « évoque le caractère transitoire de la vie humaine » : crâne, squelettes, mesure du temps, montres et sabliers, bougies et lampes à huile éteintes, fleurs se fanant. le troisième groupe « contient les éléments qui sont les symboles de la résurrection et de la vie éternelle » : épis de blé, couronnes de lauriers. La Vanité ne doit pas être confondue avec une allégorie : s'il y a des allégories de la vanité, comme il y a des allégories de la justice, de la fortune, ou de l'amour, elles ne relèvent pas des Vanités en tant que sous-genre ou thème pictural. Ainsi la femme au miroir d'un triptyque de Hans Memling (‘La Vanité’ - Musée des Beaux-Arts, Strasbourg) ne constitue pas à proprement parler une Vanité mais plutôt une allégorie de la vanité. La Vanité personnifiée est souvent une "jolie femme dénudée accompagnée d'un paon, qui se contemple dans un miroir." 5 Expressions/citations : ‘Sans vanité’ expression pour dire de soi quelque chose d’avantageux sans passer pour vaniteux : ‘sans vanité, j’en sais plus que lui dans ce domaine’. “La fausse modestie est le dernier raffinement de la vanité.” Jean de La Bruyère / Caractères. “La vanité est la passion dominante de l'homme.” Henry de Montherlant / Les jeunes filles. “Je suis ambitieuse pour l’humanité ; moi je voudrais que tout le monde fût artiste, assez poète pour que la vanité humaine disparût.” Louise Michel. “Quelle vanité que la peinture qui attire l'admiration par la ressemblance des choses, dont on n'admire point les originaux !” De Blaise Pascal / Pensées sur la religion. “Même la plus grande sagesse peut être occultée par l'éclat de la vanité.” Paulo Coelho / La Cinquième Montagne. “Il y a toujours une chose qu'un Français respecte plus que sa maîtresse, c'est sa vanité.” De Stendhal / De l'amour. -REPRESENTATIONS ET SYMBOLES Allégorie des cinq sens > plaisirs sensuels > valeurs fausses/éphémères > la connaissance. Aliment et ustensiles de cuisine > évoquent le menu du gras (en dehors du carême). Bijoux > Luxe et l’apparat. Blé, lauriers > symbolisent la quête d’immortalité. Bougie > Flamme > Spiritualité et lumière. Bougie ou sablier > temps qui passe. Bretzel > Protection contre le diable. Cerises > Passion du Christ (couleur rouge/sang du Christ), fruit du paradis (antidote à la pomme), comme fruit printanier elle représente l’Annonciation. Comme la fraise et le raisin, nourriture des amants, symbole de la sensualité, corruptrice de la vertu. Citron > Salut / Fidélité amoureuse / Attribut de Marie / Foi, L’Eglise et Jésus-Christ. Citron épluché > Passage du temps et brièveté de la vie. Coquillage, Coquille > Fécondité (mythologie) / Résurrection > Attribut de la Vierge / Baptême du Christ > Attribut de Saint Jacques et des pèlerins / Nautile > Merveille > Cabinet de curiosités > coquillage : pièce de luxe exotique, gaspillage d’argent. Container métallique > Embarcation ou cage > Tourisme oisif ou illusion de la prospérité occidentale. Chien > fidélité>parfois la luxure (peinture hollandaise). Crâne > Mort et brièveté de la vie>passage de la mort à la résurrection>salut éternel. Crustacés >emblème de la résurrection (langouste, crabe car perdent leur carapace au printemps pour une nouvelle) et de l’inconstance, déviance morale ou religieuse (crabe, homard car marchent à reculons). Fruits secs (noix, noisettes, amandes) > l’Eglise, la Trinité, la Passion du Christ, la providence divine. Fruits, légumes, gibiers entassés sans ordre>abus inconsidéré des plaisirs des sens ; Globe > Perfection de la sphère ; notion de cycle / Totalité géographique de l’univers / Pouvoir, domination absolue. Jacinthe et pivoine > fleurs de la mort > pivoine : symbole de la volupté passagère. Légumes verts > nature, saisons, providence divine et santé>nature éphémère des plaisirs Livres et instruments > méditation et connaissance. Mandarine > Richesse > Ce fruit était cultivé dans le Sud de l’Europe et était donc très cher dans les pays du Nord > Remplace la pomme comme symbole du péché. Miroir > péché d’orgueil. Montre, sablier > le temps qui passe. Mouche>corruption. Moules et mollusques > symbole de la vérité cachée>féminité, chasteté, érotisme. Musique > passions inutiles. Objet posé en porte-à –faux > la position n’est pas immuable. Orange, Mandarine > Péché originel (car Pomme en latin = ’tout fruit à pépins/graines’). Pain> providence divine (ancien testament> charité et eucharistie (nouveau testament). Pain et vin > Eucharistie > Christ (résurrection). Panier de fruits > la corbeille représente les Saintes Ecritures et les fruits symbolisent les enseignements de l’Ancien et du Nouveau Testament. Paon > vanité, caractère éphémère des plaisirs matériels et de la beauté physique. Papillon > brièveté de la vie. Poire > Vierge Marie et l’enfant Jésus> à l’amour et à la mère. 6 Poisson > symbole de Jésus Christ. Pomme > symboles de féminité, beauté, prospérité>jeunesse éternelle>symbole négatif pour Adam et Eve>dualité le bien et le mal. Raisin > sang du Christ. Réunion d’objets de luxe >la Vanité. Rose > beauté et amour. Sel > Richesse > Cette denrée a longtemps été une importante monnaie d’échange. Volaille et gibier > la victime sacrificielle, l’abondance et la richesse. 1.2- Lexique artistique, général et spécifique : - Abstrait (opposé à 'figuratif' ou ‘Figuration’): ‘toute référence au monde extérieur est délibérément supprimée (même imaginaire)’. ‘Qui ne représente pas quelque chose qu’on peut voir ou toucher comme une chose ou une personne’. Mais aussi : ce qui est obtenu par abstraction. - Art conceptuel : l’art conceptuel est théorisé par Sol Lewitt aux Etats-Unis dans les années 60. Les diverses démarches contemporaines qui s’inscrivent dans cette filiation, depuis Marcel Duchamp, restent la primauté de l’idée ou du concept sur la production plastique, qui n’est plus, parfois, qu’une formalité déléguée à un tiers (assistant, artisan, public…). - Cabinet de curiosités : à la Renaissance en Europe, salle où se trouvaient des objets collectionnés, antiquités, objets de la nature (animaux empaillés, fossiles, squelettes…), œuvres d’art, chimères, monstres... L’ancêtre des musées et muséums. - Cartel : étiquette placée près d’une oeuvre, précisant le nom de l’artiste, le titre de l’oeuvre, la date d’exécution, les matériaux utilisés, la provenance… - Cimaise : profils (en métal) où sont suspendus des tiges ou câbles, tous équipés de crochets pour recevoir les tableaux et cadres. Par métonymie avec la cimaise à tableaux, on appelle cimaise le mur/panneau où est accroché un tableau d'une galerie, d'un musée. « Avoir les honneurs de la cimaise » (exposer) ou « Quoi de neuf sur les cimaises ? » (quelle exposition voir en ce moment ?). - Collection : réunion d'objets choisis pour leur intérêt esthétique, leur valeur documentaire, leur contenu intellectuel, leur prix. - Composition : technique d’arrangements des différents éléments dans un tableau. Il faut les observer (objets pour une nature morte) dans leurs formes, couleurs, matières, dimensions ainsi que les lignes directrices : Horizontale (impression de ‘calme’), verticale (‘énergie, force’), diagonales montante/descendante, obliques (idée de ‘mouvement’). - Eat art : Daniel Spoerri (années soixante), membre des “Nouveaux Réalistes”, est l’artiste qui, dans ses ”tableaux-piège”, introduit directement la nourriture comme matériau de l’oeuvre. La table devient le tableau sur lequel les restes d’un repas (réel) seront fixés. En créant un restaurant-galerie où des artistes proposent des performances culinaires, il englobe la cuisine et le repas dans un même processus artistique et participe au rapprochement de l’art et de la vie, amorcé par les artistes dada. “Repas Cannibale” : Claude et François-xavier Lalanne donnent à manger des parties du corps de l’artiste; Dieter Roth y réalise son autoportrait en chocolat et Armany prépare des accumulations de jambes de poupées en massepain. Le corps en question : Michel Journiac dans ‘messe pour un corps’ 1969, transpose le rituel chrétien de l’eucharistie en invitant les spectateurs-convives à partager du boudin fabriqué avec son propre sang. Wim Delvoye met au point, avec des chercheurs et des médecins, “Cloaca” en 2000, machine qui reproduit le système digestif humain et 7 recevant des aliments, elle produit ses propres excréments. Dans ‘Vanitas, robe de chair pour albinos anorexique’1987, Jana Sterbak habille de carpaccio de viande un mannequin de couturière. La chair, habituellement cachée par la peau et les vêtements se trouve mise à jour, comme sur les peintures d’écorchés du XVIIème siècle. - Ephémère : qui n’a qu’une courte durée. - Figuration libre (Robert Combas, Hervé Di Rosa, années 1980) : les artistes puisent leurs inspirations dans le graffiti-BD-Pub-music rock/punk. Peinture faite de libertés sous toutes formes d’art, sans frontière, sans hiérarchie de valeurs… - In situ : expression latine qui désigne une forme d’art qui prend en compte l’espace dans lequel elle se donne à voir (cf. Daniel Buren). - Installation : le terme inventé afin de désigner des productions artistiques ne relevant plus de la sculpture, tout en étant en trois dimensions (peintures, sculptures, photographies et médias plus contemporains comme les vidéos, sons, éclairage). A partir des années 1960. - Memento mori : voir page 4. - Mouvement : tout rapprochement d’artistes autour d’une même démarche dont on peut repérer les caractéristiques visuelles : Réalisme, Impressionnisme, Futurisme, Pop art… - Nature morte : voir page 4. - Objet : depuis les premiers objets cubistes créés par Picasso et Braque, les objets du quotidien ont investi l’espace pictural, la sculpture jusqu’à l’espace réel : objets futuristes, objets dada, objets surréalistes, objets Pop art, objets des Nouveaux Réalistes... - Performance : le terme emprunté à l’anglais désigne toutes les créations artistiques qui se passent devant un public et qui peuvent être une œuvre en soi (années 60). Elle instaure une dimension collective d’échange et un nouveau rapport espace-temps. L’histoire de la performance est celle de la présence centrale et éphémère du corps - de l’artiste ou d’un intervenant - en temps réel devant un public. Pour en garder le souvenir, les performances sont souvent filmées ou photographiées. - Pop-art : Les artistes du pop art américain célèbrent et critiquent à la fois la société de consommation. La nourriture un sujet qui relie leurs oeuvres avec la tradition picturale. Les bouteilles de coca cola et les boîtes de soupe à la tomate sérigraphiées par Andy Warhol deviennent les emblèmes d’une industrialisation qui bouleverse les habitudes. Le hamburger et le steak frites mous et surdimensionné du sculpteur américain Oldenburg affirment symboliquement par leurs dimensions, l’hégémonie du temps (compressé) et de l’argent sur les produits industriels agro-alimentaires. - Ready-made : inventé par Marcel Duchamp qui désigne un objet manufacturé - voire un assemblage d’objets - qui acquiert le statut d’œuvre d’art du simple fait d’être exposé dans un musée et signé par un artiste. L’objet perd sa fonction et sa valeur d’usage. Il privilégie l’idée et l’analyse du regard, et relègue le savoir-faire artistique à l’arrière-plan. -Série : ensemble d’œuvres sur le même thème, avec des variantes picturales ou techniques. - Symbole : Signe figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept, qui en est l'image, l'attribut, l'emblème (Le drapeau, symbole de la patrie/le cœur, symbole de l’amour). - Vanités : voir pages 5 et 6. 8 1.3- Un peu d'Histoire de l'art Le réalisme est l'art de la ressemblance (‘mimesis’ : imitation) et la nature morte fut souvent le sujet des peintres antiques. Période Grecque Aucune peinture (sur bois) n’a été retrouvée mais Pline l’Ancien dans ‘Histoire Naturelle’ cite le plus célèbre des natures-mortistes Piraïkos (4e-3e s. av. J.C.) qui reproduisait les étalages des échoppes. Zeuxis (5e s. av. J.C.), était célèbre pour avoir peint des raisins si réalistes que des oiseaux s'y trompaient en essayant de les picorer. ‘Sol non balayé’ : mosaïques (=‘restes de repas’) en ‘trompe l’œil’ populaires chez les Grecs et Romains. Période romaine Le memento mori mettait alors surtout en avant le thème du carpe diem, « cueille le jour » (Odes d'Horace, I,11), qui comportait le conseil de ‘manger, boire, et être joyeux, car nous mourrons demain et il n'y aura ni boisson ni danse dans la vie éternelle après la mort’. Mais la plupart des memento mori sont des produits de l’art chrétien qui acquiert un but moralisateur complètement opposé au carpe diem d’Horace : la perspective de la mort sert à souligner la vanité et la fugacité des plaisirs, du luxe, et des réalisations terrestres. Les murs des belles villas de riches romains étaient décorés par des fresques représentant la nature elle-même ou du quotidien, évoquant la richesse ou le xenion antique, présent de vivres que le maître de maison offrait à ses invités. (‘Fresque nature morte’ Maison de Julia Felix, Pompéi, notre photo). Moyen Âge Les différents genres en peinture (Nature morte, nu et portrait profanes…) disparaissent avec le christianisme pour ne laisser que les sujets religieux. Les seuls objets représentés sont les attributs des personnages religieux. Vers 1300, les artistes florentins et siennois, tels Giotto (‘Le Père de la peinture moderne’) et Duccio, réintroduisent des détails dans leurs œuvres (un linge qui sèche, un chandelier…) ainsi que le ‘réalisme’ avec le fond en paysage (et non un simple aplat de couleur bleu ou dorée). Avant les vanités, les danses macabres du Moyen Âge : Le thème de la mort connaît un grand développement avec les danses macabres, du XIVe s. au XVIe s. sur les murs des églises et cimetières, et aussi avec l'iconographie d'un Jérôme Bosch ou d'un Bruegel l'Ancien et la gravure populaire au XVIe s. . La population en Europe allait être réduite de moitié entre 1360 et 1450 (peste noire 1346 et guerre de Cent Ans). On voit sur les fresques une sorte d'appropriation par l’Eglise des farandoles carnavalesques et dionysiaques : la mort emmène également le riche comme le pauvre, le prélat comme la brebis égarée. L'appel à une vie pieuse vaut pour tous même pour ceux qui ne peuvent lire l'Ars moriendi (‘L'Art de mourir’ 1415 et 1540). 9 ‘Danse macabre (‘morts’ et ‘vivants’ de toutes les couches sociales)’ 1485, fresque de Clusone en Italie (notre photo). Au XVe siècle L’art flamand est prédominant et Les artistes du Nord dévots et moralisateurs utilisent la peinture pour dénoncer les vices de l’humanité ou rappeler que tout a une fin dans ce bas monde par le biais d’images de mort. Une place toujours plus importante aux objets (scènes d’intérieur de Jan Van Eyck et de Rogier Van der Weyden). La mort va se loger au revers de portraits, diptyques et triptyques : crânes, bougies… (ex : Rogier van der WEYDEN - Triptyque de la famille Braque (détail) 1450, Musée du Louvre, Paris, notre photo). Au XVIe siècle La première nature morte autonome de l’époque moderne (à priori) est l’œuvre d’un Italien : ‘Perdrix avec une flèche et des gants (porte d’armoire peinte)’ 1504 par Jacopo de Barbari. Giovanni Nanni ou Giovanni da Udine : peintre et architecte italien, considéré comme le premier peintre moderne des natures mortes (de source profane, avec le style décoratif hérité des grotesques de l’Antiquité). ‘Fresque palais pontifical’ 1516 Vatican, notre photo. « Vanité des vanités, tout est vanité », les vanités au-delà des genres (Natures mortes, scènes de genre, portraits de saints) : Dans les pays latins de tradition catholique, les vanités s’appuient sur la représentation des saints ou les allégories antiques (St Jérôme, Marie-Madeleine, les ermites, parfois les philosophes). Au nord de l’Europe, sous l’influence de la Réforme protestante (thèses calvinistes), la figure humaine est écartée de la peinture morale et religieuse, y compris ceux des Pays-Bas du sud (pourtant sous domination espagnole et catholique), et les peintres recourent plutôt aux tableaux d’objets (Natures mortes) pour inviter à renoncer aux plaisirs des sens et à se tourner vers Dieu. Les Tables/repas Servies renvoient aux noces de cana, à la Crucifixion et à l’Eucharistie (‘La Cène’). Les tableaux de Fleurs dérivent des scènes de l’Annonciation (bouquet de pureté aux pieds de la Vierge). Les Vanités s’inspirent d’un Saint, souvent St Jérôme méditant dans sa cellule. ‘Les Ambassadeurs’ 1533 Hans Holbein (photo) avec un crâne en anamorphose et de nombreuses natures mortes (une vanité peut donc aussi s’appliquer avec un tableau composé de personnages vivants). Giuseppe Arcimboldo ‘Le Printemps’1563 : un portrait ‘maniériste’ façon nature morte ! 10 Au XVIIe siècle Sous le pinceau du Caravage, le crâne, jusque-là petit objet, se fait ‘prédominant’, comme dans son chef-d'œuvre ‘St Jérôme écrivant’1606, galerie Borghèse de Rome (photo). Caravage dit ‘’qu’il est aussi difficile de peindre une nature morte que des personnages’’, la traditionnelle hiérarchie des genres est abolie ! et les amateurs d’art (les bourgeois) sont plus nombreux pour les acquérir (‘Corbeille aux fruits’ 1596). -La tradition néerlandaise de la nature morte : Débuts de l’apogée de l’âge d’or hollandais (v.1585-1670) et de la nature morte avec la République des Provinces-Unies des Pays-Bas, alors première puissance commerciale au monde. Dynastie de peintres de natures mortes : les de Heem, les Bosschaert et les Heda, et Pieter Claesz est le père de Nicolaes Berchem. Le marché de l'art néerlandais, ‘précurseur’ dans plusieurs domaines : Un grand nombre de peintures sont vendues, sans commande spécifique, dans de grandes foires organisées spécialement (estimation de la production de peintures entre 1640 et 1660 : 1 300 000). Son marché de l’art très dynamique, est très compartimenté, et les peintres de natures mortes se spécialisent comme dans certaines villes : Haarlem : ‘tables d’apparats’ (Willem Claesz Heda ; Peter Claesz élabore le genre dit de la ‘table servie’ : ‘nature morte’ 1627, notre photo page suivante). Un certain type de nature morte, qui peut être réparti en trois catégories : ‘Petits" déjeuners’, ‘Petits banquets’, ‘Petits tabacs’. Leyde : ‘les vanités’ avec les livres, pots, pipes, crâne (Harmen Steenwyck ‘allégorie des Vanités de la vie’ 1645 ; David Bailly) et aussi La Haye avec ses ‘spécialités de fruits de mer’ peintes. La volaille et le gibier en train de faisander, les poissons morts constituent un autre sous-genre de la nature morte (Jan Weenix, Abraham van Beijeren). De même pour les compositions florales (compositions irréalistes car fleurs de différentes saisons, dans des vases et non dans les tulipières de Delft), comprenant ses propres spécialistes, dont quelques femmes (Rachel Ruysch, Maria van Oosterwijk ‘Nature morte au vase de tulipes, roses et autres fleurs avec insectes’ 1669, notre photo). La Vanité comme genre autonome débute vers 1620 à Leyde, pour se diffuser en Europe, particulièrement en Flandres et en France. Ces peintures avaient le rôle d’un memento mori pour les commanditaires qui étaient des particuliers (et non l’Eglise). On recherche le sens de la perfection dans le rendu du velouté des fruits ou l’exécution de gouttes de rosée. Rembrandt ‘Le bœuf écorché’ 1655. Pieter Boel (flamand) ‘Allégorie des vanités du monde’ 1663, 207x265cm. 11 En Espagne, les natures mortes, se présentent essentiellement sous la forme de vanités à la morale catholique. Francesco de Zurbaran et Sanchez Cotan les peignent d’un extrême dépouillement. Zurbaran : ‘Saint François d’Assise dans sa tombe (avec crâne dans sa main)’ 1635, 204x113 cm, notre photo. En France, l’historiographe André Félibien place, en 1667, la nature morte à la dernière place de la hiérarchie des genres derrière la peinture d’histoire, le portrait et le paysage. Pourtant de nombreux peintres la pratiquent (N. Baudesson, Meiffren Conte, P. Dupuis, J. Linard, J.-M. Picart, Lubin Baugin ‘Nature morte à l’échiquier ou les cinq sens’ 1630) et la peinture de la vanité se développe, notamment sous l’influence des Janséniste et des peintres d’origine flamande qui importent ce genre en France comme Philippe de Champaigne (‘la Vanité, ou allégorie de la vie humaine (avec crâne)’1646 musée de Tessé, Mans, notre photo). Au XVIIIe siècle La Nature morte va perdre peu à peu de sa force symbolique pour se diriger vers un côté décoratif et de plus en plus coloré. A la mode à l'époque baroque, les vanités vont quasiment disparaître au XVIIIe siècle. La France est le grand pays de la nature morte au XVIIIe siècle. On multiplie les trompe-l’œil pour l’architecture et les riches décors de fleurs et de fruits. Jean Baptiste Oudry se consacre à la représentation d’animaux morts et vivants. Et surtout, Jean Siméon Chardin aura hissé la nature morte au plus haut rang des genres (grand succès de ‘la raie ouverte’ 1728, 114,5x146 cm, notre photo) et le terme « Nature morte » ne sera retenu qu'à partir de 1756 en France au lieu de ‘nature reposée’ (depuis 1650 les hollandais parlent de ‘still leven’ ou ‘vie silencieuse’). À partir des années 1770, les peintres néoclassiques renoncent à la nature morte au profit des grands tableaux d’histoire. A-F Desportes, Anne Vallayer-Coster… Au XIXe siècle Avec la Révolution française, s'opère une sécularisation. La représentation de la mort va se désacraliser. Les objets perdent la valeur symbolique. Le crâne devient un attribut de la nature morte, un accessoire dans l'atelier du peintre jusqu'à devenir une simple forme pour Cézanne. Les peintres romantiques et réalistes ont ponctuellement pratiqué la nature morte en lui appliquant leur propre vocabulaire formel. Mais ce sont surtout Édouard Manet (‘Vase de pivoines sur piédouche’ 1864), Paul Cézanne et Vincent Van Gogh (‘Crâne de squelette 12 fumant une cigarette’ 1886, notre photo ; ‘Tournesols’1889) qui ont fait évoluer le genre. Leur conception est purement picturale (nouveau travail de la touche, composition savante), avec même des thèmes triviaux (asperges, godillots). Cézanne, avec ses fameuses natures mortes (aux oranges, crânes) et sa manière de peindre avec des formes géométriques, est le peintre ‘moderne’ qui influencera Picasso et Braque pour le cubisme : ‘Nature morte aux pommes et aux oranges’ (1895-1900), 73 x 92 cm, Orsay, notre photo ; ‘Naturemorte aux trois crânes’ 1900 ; ‘Nature morte au crâne’ 18951900 ; ‘Jeune homme à la tête de mort’1895 -96. Au XXe siècle « Grâce au rêve, la mort n'a plus un sens obscur », a tranché André Breton ! (la psychanalyse étant passée par là). Les pères de l’art moderne font de la table le support de la rénovation esthétique de la peinture. Les compositions de fruits et nappes de Cézanne (fin 19e), les tables dressées de Bonnard, les tables de bistrot de Braque et Picasso, les compositions silencieuses et rigoureuses (bouteilles, pichet) de Morandi participent ainsi à la remise en question de la représentation illusionniste de la profondeur (perspective) au profit de la planéité de la peinture. La surface plane du tableau devient à la fois le sujet et le support de l’œuvre. Les avant-gardes donnent une grande importance à la Nature morte et c’est aussi au début du 20e s. que l’objet lui-même (non pas peint) s’invite dans les oeuvres. C’est aussi un support idéal au travail de la couleur et de la forme : le fauve Henri Matisse et surtout les cubistes Braque, Gris et Picasso en font leur sujet de prédilection. Ils commencent à inclure des fragments d’objets réels dans les toiles par la technique du collage (Picasso ‘Nature morte à la chaise cannée’ 1912 ; ‘Nature morte au crâne, poireaux et cruche’ 1945, ici les poireaux avec leurs bouts pulpeux ont remplacés les os en croix !). Dès 1914, Marcel Duchamp bouleverse le rôle de l’objet dans l’art avec ses ‘ready-made’ (‘Roue de bicyclette’ 1913 - notre photo) et sa démarche influencera les artistes contemporains. Avec les Dadaïstes, Kurt Schwitters fait des tableaux avec des objets trouvés par terre (‘Tableau Merz 25 A’ 1920). Dans les années 1920-30, les artistes surréalistes s’amusent à créer des associations d’objets incongrus ou terrifiants, une nouvelle manière de faire des sculptures ou objets insolites ! (Meret Oppenheim ‘le déjeuner sur l’herbe’ 1936. Victor Brauner ‘Loup-table’ 1939-47, bois et éléments de renard naturalisé. Mais aussi Magritte : ‘La trahison des images (ceci n’est pas une pipe)’ 1929, ‘Le balcon de Manet’ 1950). Après la Seconde Guerre mondiale, la peinture de chevalet figurative décline au profit de nouvelles formes artistiques. Les artistes du Pop Art américain (Warhol ‘Skulls’ 1976, Rauschenberg, Tom Wesselmann ‘Still Life n°30’ 1963, peinture et objets, notre photo.…) et les Nouveaux réalistes français (Arman ‘Home sweet home’ 1960 accumulation de masques à gaz, César…) renouvellent l’utilisation des objets dans l’art (sacralisation des produits de consommation, séries, accumulation d’objets, récupération de détritus…). Jannis Kounellis, artiste majeur de l’arte poverta, comme Pierre Manzoni qui propose 13 ‘Artist’s shit’ 1961, 90 boites de conserve de ses excréments, vendues au prix de l’or. Joseph Kosuth, chef de file de l’art conceptuel, rejette toute réalisation artistique pour privilégier l’idée et langage ; ‘one and three chairs’ 1965. XXIe siècle Dans l'art actuel, on ne se limite pas au crâne mais on se tourne plutôt vers tout ce qui est éphémère et le spectateur est interpellé de façons diverses. Le crâne conserve une présence forte mais on montrera aussi le processus de vieillissement, de la mort en cours. Ce qui diffère c'est l'intention : au 17ème siècle, la vanité était moralisante alors que maintenant, elle peut prendre une position critique par rapport à note style de vie (pollution…) ou aux conditions économiques du moment. L'éventail des références est élargi. La Vanité peut devenir une figure de dérision de la société de consommation : elle confronte l'homme actuel à ses leurres. Les vanités contemporaines diffèrent des vanités classiques par la variété des traitements utilisés et par les matériaux très hétérogènes. Le spectateur n'est pas mis à contribution de la même manière, avec différents types de scénographies. Il y a des installations qui font du temps et de la mort le moteur de cycles qui se renouvellent: dans ce cas, la mort a une autre fonction : elle est le passage obligé avant la régénération. Ce qui rejoint l'intention religieuse des vanités de la Contre-Réforme. La pourriture des aliments comestibles de Michel Blazy ouvre sur une métamorphose. Damien Hirst ‘For the Love of God’ 2004. Nicolas Rubinstein Série ‘Mickey is also a rat’ 2004-08 (Mickey Mouse est aussi mortel !). Dimitri Tsykalov ‘Skull IV’ 2005. James Hopkins ‘Wasted Youth’ 2006. Abdessemed Adel ‘Habibi (Mon chéri)’ 2004 Berlin squelette 17 m - notre photo. Joana Vasconcelos ‘Lilicopthère’ ou ‘Marilyn’ au Château de Versailles en 2012. 1.4 - L'art contemporain, notions pour le définir et le comprendre Pour essayer de définir simplement l'art contemporain, c'est l'art d'aujourd'hui créé avec les techniques et idées d'aujourd'hui. - Dans une approche chronologique, nous pouvons adopter cette convention, qui est évidemment 'un grand raccourci !’ : Art classique : tout l’art antérieur à 1850 (environ). Art moderne : pour simplifier, on peut prendre qu’une seule période pour l’Art Moderne, de 1850 à 1945-60, sinon : (Belle Epoque : 1880-1914, le Musée d’Orsay conserve entre 1848 et 1914. Art moderne : 1914-1945, où démarre le Musée du Centre Pompidou. De nombreuses dates pour définir l’art moderne ! : 1850 révolution industrielle à 1960 avènement de la société de consommation, ou dans Wikipédia, à partir de 1907 avec les demoiselles d’Avignon de Picasso (cubisme). La modernité en peinture, c’est à partir des Salons des refusés en 1863 ou 1874 avec les impressionnistes, mais la vraie modernité, c’est au moment du procès Brancusi en 1927 où ‘comment on définit l’art moderne’...) 14 Art contemporain : couvre tout ce qui est ultérieur ET est perceptible en tant que genre, l’art des artistes d’aujourd’hui est qualifié d’art actuel ... voire d’avant-garde pour les artistes actuels se situant en pointe de l’expérimentation. Mais le mot « contemporain » ne peut être pris au pied de la lettre, et toute chronologie est relative : l'art contemporain chez Christie´s démarre en 1970 et pour Sotheby´s en 1980... C’est donc l’art actuel avec une approche typologique : loin de l’œuvre d’art classique (peinture, sculpture avant 20e s.), installation (assemblages de médiums les plus inattendus, photos+texte+mise en scène etc...œuvres conçues pour un lieu donné avec participation du public), in situ, performance…et souvent composée d'objets usuels car elle parle simplement le langage de tout le monde avec qui l'artiste ne veut pas se couper. En comparaison à l'art moderne (cubisme, surréalisme...) qui repose sur la transgression des règles de la figuration classique, l'art contemporain, lui, transgresse la notion même d'œuvre d'art telle qu'elle est communément admise. Par exemple, l'œuvre ne sera plus faite de la main de l'artiste mais usinée par des tiers. L'acte artistique ne réside plus dans la fabrication de l'objet mais dans sa conception, dans les discours qui l'accompagnent, les réactions qu'il suscite... L'oeuvre peut être éphémère, évolutive, biodégradable, blasphématoire, indécente, et s’attache à l’époque, ne reposant pas sur la finalité de l’art ; le savoir-faire de l’artiste, c’est le choix : tous les médiums !. Qu’est-ce qui fait art ?... et non ‘est-ce beau’ (Platon) ? Est art en général, et contemporain en particulier, ce qui est reconnu comme tel par des institutions. L’usage contredit l’étymologie car tout peintre vivant est censé être contemporain. 1.5- Liens avec des ouvrages, citations… 'Comment parler d’Art aux enfants' Françoise Barb-Gall (Adam-Biro) : un livre très bien fait pour comprendre l'histoire de l'art, à destination du tout public. Madlyn Millner Kahr, la peinture hollandaise du siècle d’or, 1978-1993. La nature morte (Gallimard). C’est la vie ! Vanités de Pompéi à Damien Hirst (Skira Flammarion). «Une œuvre (un tableau) : quelque chose qui pense et qui pense sans mots» Daniel Arasse (critique d’art). «Je peins les choses comme je les pense, pas comme je les vois» ! Picasso. « On peut crier en se servant d’immondices. Et c’est ce que je fis ! » Kurt SCHWITTERS. Charles Baudelaire dans Les Fleurs du mal, dans le dernier poème de la section « Spleen et Idéal », intitulé L'horloge, où l'horloge finit par dire à l'homme : « Meurs, vieux lâche ! Il est trop tard ! ». Film ‘Tous les matins du monde’ d’Alain Corneau. Une sélection d’ouvrages sur la nature morte est proposée à la Médiathèque du Tampon à l’occasion du Mois de l’art contemporain. 15 2. L'EXPOSITION MEMENTO ET SON PARCOURS Memento, qui tire son nom de la locution latine « Memento mori »1, a été conçue à partir de, et en écho au travail de l’artiste Jimmy Cadet, faisant dialoguer entre elles ses œuvres, celles d’artistes invités ou présentes dans les collections publiques de l’île. L’exposition se déroule sur trois lieux et trois contenus. Un focus sur quelques œuvres et artistes est proposé ici. 2.1- Focus sur quelques œuvres Jimmy Cadet Fortement inspiré à ses débuts par la peinture américaine de la deuxième moitié du XXème siècle – en particulier l’œuvre de Jean-Michel Basquiat (1960 – 88) - et par l’expressionnisme allemand2, Jimmy Cadet3 se consacre depuis deux ans, de façon très prolifique, à la réalisation de Natures mortes de grandes dimensions. A contre-courant des pratiques contemporaines, il réalise une relecture de la Nature Morte en peinture, avec un souci du détail et de la composition, un travail en clair-obscur4, qui ne Elévation, acrylique sur toile, sont pas sans rappeler la peinture occidentale du XVIIème 190x170cm, 2014 siècle. Les œuvres de Jimmy Cadet, souvent de grand format, présentent de face, parfois en vue plongeante, un ensemble d’objets du quotidien : contenants divers5, fleurs péi, boîtes de médicaments, bougies, néons ou guirlandes lumineuses, tuyaux, tubes, machineries, animaux morts ou vifs. Sur les premières toiles, des fleurs, des fruits sont disposés sur de grandes structures, autels votifs mécaniques, posés à terre ou en lévitation6. Les œuvres suivantes s’attachent moins au support qu’aux objets représentés. Triviaux, les éléments posés sur une table ou une tablette témoignent d’un mode de vie, d’une époque (quelques étiquettes de bouteilles, effacées souvent), d’un territoire (les fleurs en particulier, un coquillage). Rangés plus que posés, les objets deviennent un sujet de peinture au dessein complexe. Derrière l’ordre apparent des compositions, quelque chose est en marche ou se termine : la nappe en dentelle se consume, se dissout dans l’acide7, les fleurs sont mises sous plastique8 ou perfusées, les boîtes de médicaments traduisant des états nuancés 1 « Souviens-toi que tu vas mourir » Mouvement artistique apparu au XXème siècle en réaction à l’impressionnisme français, qui a touché de nombreuses formes dont la peinture. L’expressionnisme entend donner forme à l’intériorité de l’artiste et provoquer une réaction vive chez le spectateur en adoptant des couleurs tranchées et des lignes acérées. Ses représentants sont notamment Ernst Kirchner, Emil Nolde, Otto Müller. 3 Jimmy Cadet est un artiste peintre autodidacte né en 1972, il travaille au Tampon, dans l’Atelier 84 (12ème Km). 4 Equilibre entre ombre et lumière qui permet de créer volume et modelé dans l’œuvre. 5 Bouteille, bidon, gobelet, fut, vase, boîte, bombe aérosol, extincteur… contenants en plastique, en métal ou en verre. 6 Les œuvres « Amours » et « Apologie » par exemple 7 Les œuvres « Nature morte au rivotril » et « Nouvelles du matin » notamment 8 Dans l’œuvre « Elévation » par exemple 2 16 deviennent quasi systématiques. Influx anormaux dans l’espace de la toile9, les projections et coulures, plus fréquentes sur les oeuvres récentes, viennent encore perturber l’oeil10. Jimmy Cadet propose une autre version de la Nature morte, ancrée dans un territoire plus habitué à la peinture de paysage, visions tout à tour caustiques et tendres d’une époque. Ses œuvres sont présentées dans l’ensemble des lieux d’exposition composant Memento. A la Salle Beaudemoulin ‘FRUITS DEFENDUS’ La tradition de la Nature morte a placé la Fleur, le Fruit, l’Animal au centre de ses compositions, traductions symboliques de la vie, éphémère et belle. Le volet ‘Fruits défendus’ rassemble des œuvres qui tour à tour s’inscrivent dans une continuité avec la tradition ou sont en rupture avec elle, détournant ces éléments pour renouveler le genre. Annaf Vit et travaille à La Réunion. Analyste programmeur de formation. L’artiste propose des œuvres autour du dessin, du jeu et de la sculpture. Son travail est pensé comme de la programmation d’art, en répétant des formes, des dessins dans l’espace, avec un rapport entre eux. Elle propose au public de fabriquer des origamis, de jouer au tangram avec des sculptures-puzzle…Ainsi le spectateur (passif) devient un ‘consommateur d’art (actif)’. Elle s’inspire de la sculpture ‘courbée-pliée’ de Josef Albers. ‘Nécrobox’, nombre : 3, dessin et insecte, 40x50 cm ; ‘Nécro’ du grec ancien nekros ‘mortcadavre’. ‘Box’ : ‘boite, coffret’ en anglais. Les insectes naturalisés sont placés dans des vitrines (une par insecte épinglé sur le bord) et au-dessus d’eux se déploie, comme une toile d’araignée, tout un réseau de lignes de pliages, traces des origamis de ces mêmes insectes (araignée, libellule, papillon...) que l’artiste fabrique puis déplie. Les Nécrobox font parties de 3 séries qui déroulent le temps : les origamis dépliés des ‘Nécrobox’ montrent des sculptures passées (l’insecte mort : la finitude humaine), les ‘Archigram’ déploient leurs structures dans l’espace au présent (jeu du Tangram), et la ‘Colonne de papier’ propose au spectateur des cocottes à réaliser dans un avenir… Source : Artothèque du Département Alice Aucuit Trentenaire, l’artiste a obtenu un ‘ES Design Céramique’ (Master) ESAA/Vevey, une ‘Formation Design porcelaine’ (bac+3) ESBA/la Réunion et un DMA Céramique (Diplôme des Métiers d’Art, bac+2) ENSAA DUPERE à Paris III. 1er Prix Célimène 2007. Ses travaux traitent de sujets liés au questionnement du quotidien et de l’Histoire, à la condition humaine, au rapport entre l’Homme, sa culture et l’objet. Entre la Suisse, l’Ile de la Réunion, la Chine et Paris, son médium de prédilection est l’argile. Installation, artisanat, performance…où on trouve : accumulation, jeu de mots et 9 En référence à l’épilepsie, et à la boîte de Rivotril que l’on retrouve assez souvent dans les œuvres de Jimmy Cadet. Il cite en ce domaine le travail de Francis Bacon et son utilisation de la tâche. 10 17 d’images, références iconographique et littéraire et des notions qui souvent s’opposent sacré/populaire, universel/individuel, commun/extraordinaire, ironie/gravité, présent/passé, artificiel/naturel, nature/culture. Pour elle l’activité artistique commence dans l’observation attentive du quotidien: une situation banale ou un objet usuel lui permettent d’explorer les limites entre le normal et l’étrange. Source : www.aliceaucuit.com. ‘Sans titre’ Installation : l’os, synonyme de mort, de putréfaction et de dégoût, Alice Aucuit renverse sa symbolique avec poésie en le transformant en objet décoratif… Atin Basak Né en 1966 à Calcutta, vit et travaille en Inde. Etudes en arts plastiques. La gravure et la peinture de l’artiste reflètent sa vie intérieure, jadis enfant timide et rêveur. Dans la série d’estampes présentées, il présente les objets comme des portraits humains et qui semblent être à la fois calme et fier de ce qu’ils sont : comme les portraits de nobles élégamment vêtus en Italie du 17ee s. et présentés de profil afin de valoriser leur personne. De plus, les objets ici sont en entier (et non ‘en buste’), avec une riche texture. ‘Morning news’ (série de 3), Gravure, 56x 69 cm. Source : Artothèque du Département Jimmy Cadet : voir p. 16 Erro (pseudonyme) Né Guomundur Guomundsson, en 1932 à Olafsvik en Islande. Il étudie l’art en Islande, en Norvège, en Italie (Florence puis à Ravenne où il entre à l’Ecole de mosaïque. Il s’installe à Paris en 1958 où il rencontre de nombreux artistes liés au mouvement surréaliste : Breton, Duchamp, Man Ray, Masson, Max Ernst… De l’expressionnisme au surréalisme en passant par le Pop art, Erro est un artiste inclassable. Pilier de la figuration narrative, connu en particulier pour avoir créé le collage peint, le musée d’art contemporain de Lyon lui a consacré en 2015 une rétrospective. Lors de ses voyages, l’artiste collecte des images qu’il assemblera pour former des tableaux où il dénonce : l’américanisation de l’existence, la consommation dirigée, l’érotisme mercantile…Dans certaines compositions, il insère des personnages d’œuvres de Delacroix, Ingres, Léger ou Picasso avec des stars du cinéma ou héros de bandes dessinées… ‘Nouria’ Peinture sur toile (acrylique), 98x49 cm, collection du FRAC Réunion : Nouria est un prénom d'origine arabe qui signifie "de nature lumineuse". Nouria est aussi, pour les chrétiens, une vierge espagnole. Au premier plan une nature morte façon 18e s. avec des noix, symbole de virginité, des pommes, symbole du péché, puis au milieu de la toile, faisant écho aux pommes, une jeune femme exotique dénudée. On pense aux odalisques peintes par Ingres (19e s.), et enfin en haut et décalé vers la droite (idée de mouvement), 18 un personnage de bande dessinée (20e s.), menaçant cette ‘innocente déjà triste’, avec ses griffes, ses crocs et ses cornes. Fabrice Hyber Né en 1961 à Luçon (Vendée), vit et travaille à Paris. Diplômé Ecole des Beaux-Arts de Nantes. De renommée internationale, il est l’inventeur des POF (Prototypes d’Objets en Fonctionnement), en constante réinvention d’eux-mêmes. A l’origine de ses œuvres, il y a des dessins, qui génèrent des tableaux et des objets, qui à leur tour donnent lieu à des vidéos. Il a à cœur les questions de la nature et sa complexité, l’organique et l’écologie. ‘La fausse fleur’ Installation, 50x66 cm : aucun objet réel n’est finalement présent (2 représentations avec un texte ‘Quelle est la vraie ?’, ‘Fausse fleur (titre)’ et un objet factice). On pense à l’inscription célèbre ‘Ceci n’est pas une pipe’ de Magritte et à Joseph Kosuth (ex. : ‘One and three chairs’ 1965), mais ici, aucun n’objet réel, et l’ensemble prend donc de la distance avec l’idée même de la nature…désolation du paysage artificiel qui nous entoure, nous étouffe, au risque de perdre le sens du ‘vrai’. (Source/extraits : Isabelle Poussier, janvier 2011, Artothèque du Département). Lionel Sabbaté Né à Toulouse en 1975. Vit et travaille à Paris ; 2003 DNSAP, Ecole Supérieure des beaux-Arts de Paris. Expositions en Allemagne, Chine, France, Maurice… ‘Série de 4 sculptures, ‘Réparation métissé’ 2014, Technique mixte, 26 x 19,5 x 7 cm ; Collection du FRAC Réunion L’artiste donne une seconde vie à des papillons dont le corps est constitué de d’ongles, matière organique que l’on dédaigne habituellement en les jetant dans la poubelle de la salle de bain. Ici, cette matière morte se métamorphose en charmant papillon dont le corps central ressemble à un être humain. Le papillon est le symbole de la brièveté de la vie terrestre, mais avec ses ailes déployées comme pour s’envoler, il nous conforte aussi dans l’espérance d’une résurrection... Source : www.lionelsabbate.com Qiu Zhijie Né en 1969 à Fujian en Chine où il y vit et travaille. Artiste en art contemporain, avec de nombreuses expositions internationales (Hong-Kong, Sydney, Barcelone, Vancouver, Prague, Berlin, New York, San Francisco, Pékin Cité interdite, Macao…). ‘Rainbow 3’ Photo, 52x60 cm : influencé par le Body Art où les artistes recouraient à la photographie pour immortaliser leurs actions éphémères, Qui Zhijie utilise à la fois le corps et les signes dans une même image, afin de pouvoir exprimer des choses avec encore plus de force, difficile 19 voire impossible à émettre dans certaines sociétés. Dans sa série Rainbow, les seringues ou les pilules colorées (=’fruits défendus’) semblent apporter au corps une satisfaction artificielle…procurée aussi par notre société de consommation. Source : Artothèque du Département A la Médiathèque ‘VANILLAS VANITATUM’ Le titre fait référence au ‘Vanitas Vanitatum’ présent dans le livre d’Ecclésiaste ‘tout est vanité’ : ensemble de Vanités contemporaines qui mettent au centre la figure du crâne sous plusieurs formes - peinture, installation, photo, dessin, vidéo – ou de façon suggérée, donnant corps à une certaine vision de la fugacité de la vie. Jimmy Cadet : voir page 16 David Damoison Né en 1963, cours de photographie de l’Ecole Boule puis devient assistant dans les ateliers de l’American Center de Paris. Ses photos ont été publiées dans de nombreuses revues (‘Revue Noire’, ‘Le Nouvel Observateur’, ‘Libération’…). Expositions individuelles en Europe. ‘Sans titre’ photo noir et blanc, 50x50cm, série ‘Dockers Pointe-Noire Congo’ – Collection FRAC Réunion (Pointe-Noire : ville au sud du Congo, poumon économique avec son port en eau profonde et ses activités pétrolières ; 1,1 m habitants ; guerres civiles fin 1990). Cette photo fait partie d’une série, témoignage sur le vécu de la société Congolaise, et héritage pour les générations à venir. Quotidien difficile pour de nombreux travailleurs à Pointe-Noire, comme ces ‘dockers’, immobiles et visages cachés par des cagoules, devenus comme des objets, Xavier Daniel Né en 1968 à Rouen, artiste plasticien vivant à la Réunion depuis 1996. DNAP (diplôme National d’Arts Plastiques) à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de la Réunion. Expositions à la Réunion, dans l’Océan Indien et à la métropole. Ateliers avec le jeune public. Création du collectif ‘Art marron’, avec des œuvres éphémères conçues dans des lieux hors circuit traditionnel. Pour l’artiste, l’art sert à faire réagir le spectateur et à l’amener à se changer en prenant conscience du monde qui l’entoure. ‘Vanité honnie’ Installation, nids de bélier et peinture (bélier ou bellier : oiseau de la Réunion, tisserin gendarme qui a été importé à la Réunion sur des navires vers 1880 où la première colonie se serait installé près de chez Mr Bellier d’où son nom local. C'est le mâle qui construit le nid, tissé avec des 20 fibres végétales et une ouverture vers le bas). Une ‘mise en abyme’ : des crânes qui composent un immense crâne. Cristof Denmont Né à la Réunion en 1977 et où il vit et travaille. DNSEP en 2001 à l’Ecole de Marseille-Luminy. Peintre-plasticien, il expose depuis à la Réunion et dans l’Océan Indien. Plusieurs techniques : Photographie, dessin, collage, peinture, jouant sur la répétition, la surface, les formes, les signes et les couleurs. ‘Vanitas aux ananas’ Acrylique sur toile, 150x170cm : ‘Je veux combiner les vocabulaires de l’imagerie contemporaine : publicité, histoire de l’art, clichés liés à l’exotisme, et autres petits évènements de la vie quotidienne…Je veux une peinture festive, aigre-douce, expérimentale !’ explique Crsitof Dènmont. Hervé Douris A La Réunion depuis 1986, photographe qui se consacre à la nature. Spécialités : architecture et décoration, photo : aérienne, scientifique, d’art et de tourisme. Série ‘Le sens du regard’, nombre : 2, Photo, 80x120 cm : Ces photographies sont extraites d’une série qui a fait l’objet d’une exposition du FRAC en 1994 puis pour l’exposition ‘Territoires’, à la Médiathèque du Tampon en 2010. Les objets photographiés pourraient être qualifiés d’épouvantails, morceau de tissu accroché à un pic surmonté d’une tête de poupée. Cela peut aussi faire penser aux totems et masques dans les sociétés dites primitives, qui pouvaient être effrayants. Doublement effrayant ici avec la référence au monde de l’enfance. Notion aussi de territoire comme on délimite une espace (endroit de vie ou de mort ?) avec des signalisations (objets/signes)… questionnement sur la perception du réel, propre à chacun. Gérard Garouste Né en 1946 à Paris, vit et travaille à Marcilly-sur –Eure. Ecole des Beaux-Arts de Paris 1965-72 et séjourne à la Villa Médicis (Rome). Peintre, sculpteur, décorateur et illustrateur, l’artiste est reconnu internationalement et fait partie du paysage pictural français contemporain. Son œuvre s’inspire de la mythologie et de la Bible, peut être une réponse à une enfance traumatisée et ses délires maladifs. ‘Qohelet IX’ Lithographie, 40x31 cm : avec un dessin en 2 parties, au premier plan se trouve une sorte de table à piquants (engin de torture ?), et l’arrière-plan est noir, la nuit sans doute avec à droite l’évocation d’une tombe. Un texte nous guide : ‘IX, 5, Car les vivants savent qu’ils mourront Et les morts ne savent rien Et il n’est plus pour eux de bruit Car on a oublié leur bruit Les cinq rouleaux Qoehelet’ : extrait du Livre de l’Ecclésiaste (traduction 21 grecque de l’hébreu Qohelet ‘celui qui s’adresse à la foule’) contenant 5 rouleaux. Ce texte (avec le dessin) et l’Ecclésiaste, sur la vanité et la finitude de l’homme, nous renvoie aux malaises physiques et psychiques de l’artiste. Source : Artothèque du Département Alain Noël Né en 1967 à la Réunion. DNSEP à L’Ecole Pilote Internationale d’Art et de Recherche (EPIAR) – Villa Arson à Nice en 1992. Il enseigne la peinture à l’Ecole des Beaux-Arts du Port. Sa démarche plastique tourne autour de la couleur autonome, en quête de forme pure (ex. : Colorfield et Expressionnisme abstrait). Il utilise en peinture du gel acrylique et des matériaux qui mettent en valeur la couleur : mica, or, argent, cuivre… ‘Pommes, poires, crânes…’, nombre : 6, fusain, 34x26 cm. Richard Riani Né en 1968 dans le quartier de Tanambo à Saint-Pierre où il a son atelier. Il se consacre dès l’âge de 17 ans à une carrière d’artiste. Depuis, il a enchainé de nombreuses expositions à La Réunion et à l’étranger (Berlin, Montréal, New-York, Paris, Pékin….). Aujourd’hui, il consacre de plus en plus de temps pour le développement de la culture à la Réunion et à la transmission de son savoir aux jeunes. ‘Vanité’ Acrylique sur toile, 130x162cm : l’artiste trouve son inspiration dans les mythologies. Son style est reconnaissable, avec des figures géométriques où foisonnent des circonvolutions, avec une préférence pour le bleu, le blanc, le noir et désormais aussi le rouge. Voir aussi ‘Vanité (dessin préparatoire)’ Fusain sur papier, 80x70cm. A la Cité du Volcan ‘PETITS ARRANGEMENTS’ Des ‘petits arrangements’ : focus sur les objets à travers plusieurs techniques et formes : photographie, vidéo, peinture, installation… Malala Andrialavidrazana ‘Série Any aminay TN1520’ Photo, 50x75 ‘Série Any aminay TN1221’ Photo , 50x75 (‘Série Any aminay TN2218’ Photo, 50x75 ‘Série Any aminay TN2050’ Photo, 50x75 cm) cm cm cm, L’artiste nous montre des éléments, des indices qui peuvent être des souvenirs d’un quotidien dans un intérieur, mais d’un passé qui n’est pas passé mais bien présent. Eléments vieillots, désuets d’où s’échappent une certaine mélancolie, le temps a marqué les objets et semble aussi s’être s’arrêté grâce à la photographie, témoignage de notre jeunesse avec cette marionnette ou cette poupée et une machine à coudre rose…les objets ont une âme et la lumière d’une fenêtre nous les mets au premier plan de notre monde. Source : www.fracreunion.org 22 Alice Aucuit Voir sa biographie en page 17 (‘installation’ à la salle Beaudemoulin). ‘Nature morte crue ou le baptême des morts’ (installation en terre crue, os qui vont disparaître progressivement sous l’effet de la perfusion). Nous sommes souvent ‘fiers’ d’être ‘debout’, et aussi grâce à notre squelette osseux qui peut nous maintenir dans cette position. Vanité !, voilà qu’ici ‘l’os’ se désagrège sous l’effet d’une simple perfusion…’Et l’Homme redeviendra poussière….’ Atin Basak Voir page 18, exposé aussi à la salle Beaudemoulin). ‘Morning news’ série (ici, 2 présentés sur trois), Gravure, 56x 69 cm. Jimmy Cadet Voir page 16 (expose aussi à la salle Beaudemoulin et à la Médiathèque). 23 Thierry Fontaine Né en 1969 à La Réunion, il vit et travaille à Paris. Expositions dans le monde entier. Pensionnaire (un an) de la Villa Médicis à Rome. Il photographie (ou filme) ses mises en scènes, avec des personnages et situations improbables. Il interroge l’identité ethnique et sociale, l’isolement, le rapport entre l’homme et la terre… ‘Noix de coco’ Photo, 120x160 cm : Thierry Fontaine montre un peintre transfigurer des noix de cocos en ballon (rugby pour la forme, football pour les motifs géométriques noirs et blancs). Fruits d’îles tropicales devenus objets de loisirs et symboles de la société occidentale !. L’artiste parle de ‘principe d’hybridation’, qui trouve son origine dans le déplacement et les rencontres des modèles sociaux. ‘Trésor’ photo, 120x160 cm Roberto Stephenson Haïtien italien, né à Rome en 1964 où il a vécu jusqu’à 1998. Après des études en design graphique, il se spécialise dans la photographie d’architecture. Ses photos ont été publiées dans plusieurs magazines et livres d’architecture. Après la Jordanie, la Syrie, Londres, New York et en Inde, il vit depuis 2000 en Haïti. Expositions dans de nombreux pays. ‘Dans la série de tentes’ 2010, photo couleur, 70x87 cm : série de photos de tentes suite au tremblement de terre en Haïti en 2010. 24 2.2- Pistes pédagogiques pour le primaire, collège et lycée INTRODUCTION La directive de l'Education Nationale ''Organisation de l’enseignement de l’histoire des arts'' du B.O. n°32-28 août 2008 (http://www.education.gouv.fr/cid22078/mene0817383a.html puis cliquer sur 'annexe') est le texte de référence, et reste cependant valable malgré la refonte du cycle d'enseignement (BO du 5/09/13) et la mise en place progressive du parcours d'éducation artistique et culturelle depuis 2013 (loi du 8/07/13). L'éducation artistique et culturelle à l'école vise la formation de l'esprit, la découverte et la créativité et s’appuie sur les 3 piliers : ‘connaissances’, ‘pratiques’, et ‘rencontres’ avec les œuvres, artistes et lieux d’expositions (musées etc.). Les pistes pédagogiques sont des propositions déduites (et ouvertes) du thème de l'exposition, et s’appuient sur les composants plastiques, techniques et points de vue utilisés par les artistes. 'Premier Degré' pour le Cycle 3, une véritable partie des programmes est consacrée à l’histoire des arts et les compétences visées sont les mêmes que le cycle 2 mais en plus approfondies avec des repères géographiques et chronologiques, des liens avec les autres disciplines, le bon vocabulaire… 'Second Degré' Voir les liens avec les programmes scolaires (et périodes historiques se rapportant à la classe), sur le thème de l'exposition ‘’Memento, Nature morte et vanités'': Collège : les thématiques (6) sont au choix des enseignants et selon le projet éducatif de l'établissement scolaire mais les 2 thématiques ci-dessous semblent à privilégier : « Arts, mythes et religions » : l’œuvre d’art et le sacré (les sources religieuses de l’inspiration artistique : personnages, thèmes et motifs, formes conventionnelles, objets rituels)… « Arts, ruptures, continuités » : L’œuvre d’art et la tradition (ruptures/’avant-gardes’, continuités, renaissances. La réécriture de thèmes et de motifs (clichés, stéréotypes, etc.) ; hommages (citations, etc.), reprises (remake, adaptation, plagiat, etc.), parodies… Lycée : les thématiques à privilégier parmi quatre champs : 1. ‘Champ anthropologique’ : « Arts et sacré » : interrogation sur les œuvres d'art dans leur relation au sacré, croyances et à la spiritualité, expression du sentiment religieux, art sacré/art profane, images, sacralisation, sécularisation... 2. ‘Champ historique et social’ : « Arts et économie » : l'art contemporain et le marché, son discours, l'artiste contemporain 25 « Arts, mémoires, témoignages, engagements » : Art et la commémoration, hommages... Les genres commémoratifs (monument aux morts, tombeau, etc.) et les lieux de conservation (mémorial, musée, etc.)… 3. ‘Champ scientifique et technique’ : « Arts, informations, communications » : l’art et ses fonctions (messages), émouvoir, exprimer, plaire, enseigner, témoigner, convaincre, informer, tromper, choquer… 4. ‘Champ esthétique’ : « Arts, goût, esthétiques » : interroger l'oeuvre d'art contemporaine dans sa diversité et la notion de 'bon goût'/'mauvais goût'…Classifications: catégories (mouvements, genres, types) ; découpages (baroque/ classique, ancien / moderne…); théories esthétiques… Les objectifs ~ Monter un projet artistique grâce à la découverte d'oeuvres originales et des activités de pratiques artistiques (rencontre sensible avec les œuvres, travail de production en arts plastiques en lien avec la thématique de l’exposition…). ~ Faire des passerelles, en fonction du niveau de la classe, entre les arts visuels, Histoire des arts et les autres domaines (Histoire, Géographie, Sciences de la Vie et de la Terre ...). ~ Finaliser le projet avec une exposition des œuvres réalisées par les élèves. 2.2.1- AVANT LA VISITE - Questionner les élèves (sens de la visite) : qu’est-ce qu’un musée, une médiathèque ? - Introduire auprès des élèves la notion de genre pictural en leur montrant des tableaux de portraits, de paysages…pour finir vers la nature morte et vanité. 1- Aborder le vocabulaire d'une exposition : cartel, cimaise, collection, centre d'art contemporain, galerie d'art... 2- Inventorier les différents types d’oeuvres d’arts : peinture, dessin, sculpture, photographie, installation, vidéo… 3- Identifier les critères particuliers de chaque type d’oeuvre - tableau : support – bois, toile, carton… / type de peinture – huile, acrylique, gouache… / la signature / le cadre... - sculpture : matériau utilisé (terre, pierre, résine…) - photographie : noir et blanc /couleur... - installation : mobilier / objets quotidiens / ambiance sonore / lumineuse… 4- Se préparer à la visite S’interroger sur ce que l’on va voir ; émettre des hypothèses à partir du thème ''Memento, Nature morte, vanités'' Définir, rechercher toutes les significations du mot 'Memento', nature morte et vanités (dictionnaire, et aussi sur internet des documents, images, oeuvres d'art, artistes...) et dresser une liste de mots en relation avec la thématique. Recherche particulière sur la symbolique des éléments qui constituent une peinture sur les vanités. Vocabulaire pour le Primaire : objets quotidiens, enfance, environnement Collège : nature morte, humour… Lycée : scénographie, écologie, vanité… 26 Quelques objets ?: crânes - verres - miroirs - bougies - fleurs - fruits - citrons - raisin insectes - papillons - bijoux - sabliers - bulles de savon - livres - perles - crustacés - volailles armes - instruments de musique… objets anciens mais aussi contemporains ? (Evolution des matériaux et des éléments de la Nature morte en fonction des époques). Contacter la médiatrice/responsable du lieu de la visite, afin de définir les objectifs de la visite. Préciser les règles à respecter dans un lieu d'exposition d'oeuvres d'art et préparer éventuellement le matériel (carnet de croquis, crayons, gomme, appareils photos...). 2.2.2 - PENDANT LA VISITE Rappeler aux élèves les règles à respecter dans un lieu d’exposition : rester calme (écouter et regarder, ne pas courir/parler fort…), ne pas toucher aux œuvres (les regarder à 1,50 m minimum de distance, aussi pour mieux les étudier), sacs à dos posés à l’entrée… Faire asseoir si possible les élèves afin de fixer leur attention. Vérifier que les élèves voient bien l’œuvre et attention aux reflets sur les tableaux. Et ne pas vouloir tout voir/étudier même pour le cycle 3 : certains préconisent même de présenter 6 œuvres maximums par heure mais on peut passer rapidement devant chaque œuvre (sauf exception) en ne parlant que d’une ou deux particularités/mots clés… 1. Les trois dimensions à prendre en considération pour toute confrontation à une oeuvre d’art sont : La dimension iconique (qu’est-ce que je vois ?) : quels sont les objets représentés, la composition (lignes directrices ?). La dimension plastique (quel est le support? comment l’artiste a-t-il procédé ?) : catégorie ? (peinture, installation, photographie etc.), et aussi matière et support utilisés ?. La dimension sensitive (qu’est-ce que je ressens ? comment j’interprète ?) : lister les objets et rechercher leurs sens, leurs symboliques. Pourquoi peindre une vanité ou une nature morte ? A qui s’adresse-t-elle ? Comment reconnaître une vanité ?. 2. Lors de la visite : le sens à suivre peut être non défini SINON par exemple prendre dans le sens des aiguilles d’une montre à la salle Beaudemoulin. Devant l’oeuvre, on laissera aux élèves le temps d’observer, de changer de points de vue (pendant les 5 premières minutes, les laisser libre d’aller dans la salle !); on repérera des solutions plastiques ; on pourra faire des relevés des éléments significatifs de l’exposition (croquis, remplir une fiche d’identité par œuvre choisie, photos en gros plan de certains éléments pour jouer en classe à la photo mystère) ; repérer des points communs entre différentes oeuvres ; se choisir une oeuvre préférée à l’issue de la visite (par élève ou pour la classe). 3. On s’exprimera sur les effets obtenus, sans pour autant s’enfermer dans un décodage formel des images/oeuvres (laisser une certaine liberté d'appropriation par le spectateur). • Pour chaque oeuvre, on proposera des points de vue, des filiations artistiques, héritages et réappropriations, des pistes de travail en pratiques artistiques, des sites à consulter. • Selon le cycle, le projet de classe mis en place, et les expériences artistiques déjà réalisées, on ira à la cueillette d’indices, de références, propres à alimenter le vécu de la classe, et à participer à une construction commune de savoirs et de pratiques artistiques. - Faire retrouver aux élèves la signification des œuvres. - Pour chaque objet symbolique, demander aux élèves quels objets on emploierait avant le XXe s. pour représenter la même idée (le caviar est un symbole de richesse, au 27 XVII s. c’était la mandarine ; les guitares électriques seraient représentés par des violons etc.). 4. Visite en deux temps (être attentif à la gestion du temps): a) 'Memento, Nature morte et vanités' : visite de l'exposition, avec l'enseignant et le médiateur culturel. b) 'Atelier' : si possibilité sur place, les élèves dessinent, colorient, peignent (gouache) en s'inspirant de leur œuvre préférée ou sur le thème (voir les sujets de réflexions plus bas). 2.2.3 - APRES LA VISITE Compte rendu oral/écrit de la visite : ''Ce que l’on a vu, senti, aimé ou non, compris ou non, ce que l’on a appris... '' Travail sur le lexique spécifique qui aura été entendu lors de la visite. Elaboration d’une « carte d’identité » pour certaines œuvres ou éléments à mettre dans le ‘cahier personnel d’histoire des arts’ : Un visuel (croquis réalisé lors de la visite ou photo), le titre, le nom de l’artiste, la date de création, le contexte historique, la nature de l’œuvre, les matériaux employés, le lieu et date d’exposition, le titre de l’exposition... Chaque élève pourra choisir son œuvre préférée et exprimer par écrit ses sentiments et émotions à son sujet. +définition de la nature morte et de la vanité. -DES OBJETS SYMBOLIQUES : on introduira ici la valeur symbolique des natures mortes. Certains symboles ne sont pas accessibles aux élèves (références sociales, religieuses, philosophiques...) mais l’enseignant pourra évoquer des sujets qui s’y rapportent : les cinq sens, la vanité, l’argent… - Demander aux élèves d’apporter un objet “qui leur ressemble le plus” (symbole de leur tempérament, de leur loisir préféré…). - Associer des objets à des professions, pour introduire l’idée d’attribut lié à un personnage, comme le stéthoscope du médecin. - réaliser des autoportraits par juxtaposition d’objets ou par collage comme Raoul Hausmann (artiste dada des années 1920). - créer des natures mortes symboliques sur le thème de l’amitié, de l’enfance ou de l’école. Les élèves choisissent des objets qui représentent les activités et les sentiments liés à ces thèmes pour composer des natures mortes accompagnées d’un texte explicatif (pour l’école : la récréation sera représentée par une petite cloche, les feuilles des arbres de la cour par des cartes à jouer ; le travail sera une page écrite…). PISTES PEDAGOGIQUES POUR LE 1ER DEGRE (s’adapter suivant les cycles) : - Apprendre à construire un univers extraordinaire (une Nature morte ‘extravagante’) et faire de l'art à partir d'éléments tout à fait ordinaires : Utiliser différents modes d’expression pour documenter cet univers (objets, dessins, textes, photos, vidéos, sons, collages, photocopies, etc.) ; Aborder la question de la série et de la collection ; Etudier l’idée de la récupération et du recyclage... : - La ‘série’ dans l’Art : c’est quoi ?!. Chaque élève prendra dans la nature des végétaux 28 afin de faire une composition (nature morte) puis de la dessiner et enfin constituer une série avec tous les dessins réalisés par la classe. - L’art de composer une nature morte: faire une nature morte ‘pays’ (fruits, fleurs, légumes… de la Réunion) ou imposer un thème et trouver les objets adéquats : nature morte agréable avec des objets doux/moelleux, nature morte agressive avec des objets pointus, rouges et noirs… - Travailler les notions de situation, grâce à un jeu de cartes conçu sur le thème de la nature morte. Les élèves tirent une carte objet (par exemple : pomme), une carte position (par exemple : devant) et une seconde carte objet (par exemple : carafe) : ils doivent placer la pomme devant la carafe. Reprendre le jeu précédent en activité physique : les élèves deviennent les objets de la nature morte (ils miment les fruits ou les objets en se mettant en boule, allongé, debout, bras écartés…). On prend une photographie pour immortaliser la composition créée. - Travailler les ‘contrastes’ entre une nappe (ou un drapé) et les objets posés dessus : utiliser des tissus avec différentes couleurs…On pourra ainsi aborder la notion de couleurs complémentaires (par exemple, la vive opposition entre orange et bleu). - Analyse comparative d’œuvres : confronter deux œuvres, par exemple : Philippe De Champaigne ‘la Vanité, ou allégorie de la vie humaine’ v.1646 musée de Tessé, Mans et Gerhard Richter ‘Shadel’ 1983 - Huile sur toile 55x50 cm. - Démarches artistiques contemporaines : -Mener une activité mêlant Nouveau Réalisme et écologie : les élèves apportent toutes les bouteilles de lait vides qu’ils ont chez eux. On en fait une gigantesque accumulation à la façon de l’artiste français Arman. Puis on envoie toutes ces briques de lait au recyclage (idem avec les bouchons plastique, les bouteilles d’eau…). -Lister des objets contemporains pour illustrer des vanités (cycle 3), représenter ces objets afin de composer une vanité. -Une accumulation : l’élève doit ramener en classe un objet de la maison qui lui tient à cœur (jouet, livre, doudou….cahier d’exercices de mathématiques/on peut rêver) puis réaliser différentes accumulations à partir de tous ces objets (concurrence entre groupe d’élèves): choisir la composition la plus réussie (choix des objets, organisation spatiale, effets visuels) et l'installer dans différents lieux de l’école, photographier et comparer les effets produits. - Créer un musée du passé (“Quand j'étais petit…”) à la façon de l’artiste Christian Boltanski : les élèves rassemblent des objets qui rappellent leur petite enfance et les exposent dans des vitrines. On peut également faire un musée du futur (“Quand je serais grand…”) où les élèves exposent des objets représentant ce qu’ils souhaitent devenir. - Créer des ‘repas de couleur’ (comme l’artiste Sophie Calle) : exercer le goût en composant une table servie dont tous les aliments sont rouge, bleu ou jaune… PISTES PEDAGOGIQUES POUR LE SECOND DEGRE Un site intéressant (d’où sont extraites quelques idées): http://artsplastiques.discipline.ac-lille.fr/news/nature-morte-personnelle-amelie-pohan: séquence pédagogique présentée par Amélie Pohan - Collège Georges BRASSENS - 62 350 SAINT-VENANT… et cliquer sur les éléments téléchargeables (documents à compléter par l’élève etc.) en particulier sur ‘nature morte contemporaine’ (avec documents), 29 ‘document de travail de l’élève’, ‘document d’aide au travail’. Questionnaire à soumettre aux élèves : 1- Qu’est-ce qu’une nature morte ? (donner une définition, déjà connu avec des œuvres présentées dans une séquence précédente) 2- A partir de quel siècle devient-elle un genre à part entière ? 3- Quel est le siècle d’or de la nature morte en Europe ? 4- Comment dit-on « nature morte » en anglais ? 5- Une « nature morte » en peinture est par exemple (5 bonnes réponses) : □ Un bouquet de fleurs □ Un personnage assis □ Une forêt brûlée □ Une pendule sur une table □ Une barque cassée sur une plage □ Un canard mort sur une table de cuisine □ Un vase □ Un instrument de musique □ Une voiture arrêtée sur une route de campagne 6- Quels sont les éléments (6 minimums) souvent représentés dans les natures mortes ? 7- Qu’est-ce qu’une vanité ? (donner la définition) 8/9- Trouver une nature morte du XVIIème siècle et une autre réalisée entre 1960 et aujourd’hui : Nom de l’artiste, titre de l’œuvre et date de réalisation Image de l’œuvre Description de l’œuvre en quelques lignes 10- Quels sont les changements et les similitudes entre les deux œuvres que vous avez choisies ? -Réaliser une nature morte personnelle : les élèves doivent mettre en scène 8 objets les symbolisant (issus de leur fiche de réflexion où les élèves doivent se définir en donnant: Deux de leurs goûts, de leurs loisirs, de leurs qualités, de leurs défauts. Ensuite, ils doivent trouver les objets pouvant symboliser leurs réponses) et les photographier en classe. Contrainte : Chaque élève devra accorder de l’importance à l’organisation des objets, au fond, au cadrage, à l’angle de vue. La mise en scène des objets ainsi que la couleur (préférée ou symbolisant un trait de leur personnalité) choisie pour le fond, devront également refléter leur personnalité. -Les comptines enfantines condensent souvent les valeurs traditionnelles de la culture à laquelle elles appartiennent. Transcrivez une comptine en relation avec l’alimentation, la cuisine ou ses ingrédients sous la forme d’une installation. Le choix des objets, leur situation dans l’espace, leur organisation... seront déterminants pour rendre l’installation signifiante. ‘’As-tu balayé - Marie, as-tu balayé ta chambre ? - Oui maman- Qu’as-tu trouvé ?- Une orange- Et qu’en as-tu fait ?- Je l’ai mangée- Oh ! petite gourmande va-t-en’’. -La valeur symbolique de l’objet : Un théâtre d’objets : un objet nous parle mais il peut avoir un sens suivant une mise en scène choisie, faire jouer plusieurs rôles pour un même objet suivant les situations (en arts visuels, théâtre). -Casser la pub ! : la publicité ne propose pas à un homme d’acheter une voiture simplement pour se déplacer mais de la virilité ou du prestige (une belle femme y est présente pour l’attester !) etc… A l’inverse, peut-on construire une affiche contre-pub avec des objets où le symbole n’est plus du tout idyllique ? -Composer une nature morte ou une vanité en art contemporain : avec une thématique comme La Nature morte espace du 'conte et de la magie' - La Nature morte 'Symbolique’ - La Nature morte des '5 sens' – La Nature morte ‘Intime’ – La Nature morte ‘Réunion’ (ananas, ‘Dodo’…) – La Nature morte ‘Imaginaire, avec la nature comme source de matériaux’… 30 INFORMATIONS PRATIQUES 1 EXPOSITION « MEMENTO », MODALITES D’ACCUEIL : (ENTREE LIBRE ET GRATUITE) MEDIATHEQUE (19 rue Victor Le Vigoureux) : Médiation scolaire/Accueil de groupes, sur inscription – VISITE GUIDEE OU LIBRE : [email protected] / ligne directe : 02 62 55 18 69. Mardi, jeudi, vendredi et samedi de 13h à 18h ; Mercredi de 8h30 à 12h et 13h à 18h ; Dimanche 15h à 18h. Tél. 0262 55 02 19 SALLE BEAUDEMOULIN (rue Fréjaville) : Médiation scolaire/Accueil de groupes : sur inscription – VISITE GUIDEE OU LIBRE. Mardi, jeudi et vendredi de 9h à 13h et 14h à 17h ; Mercredi de 14h à 18h et samedi de 10h à 18h. Tél. 0262 57 62 66. CITE DU VOLCAN (Bourg-Murat) : Lundi de 13h30 à 17h ; Mardi au dimanche de 9h30 à 17h. Tél. 0262 59 00 26 - www.museesreunion.re ET AUSSI 2 Hors les murs !, ‘Chemin de sculptures’ avec L’association CARAMBOLE : Parcours de santé de La Pointe et Parc des Palmiers : du 28 août au 27 septembre (présentation à La Pointe le 5 septembre à 11h). 3ème édition de ce partenariat avec l’association Carambole qui propose un ensemble de «tableaux vivants» sur le parcours de santé de La Pointe, sur une idée originale de l’artiste jardinier Michel Davo. 3 Education artistique Bibliothèque universitaire Campus du Tampon : Esther Hoareau ‘’Aurorescent’’, Exposition du 31 août au 26 septembre. Rencontre enseignants le jeudi 10 septembre à 16h et Vernissage à 17h30. L’artiste sera la première à intervenir dans les établissements scolaires, à compter de la rentrée 2015, dans le cadre de l’appel à projets « Les nouveaux jardins » initié à l’occasion du Contrat local d’éducation artistique (CLEA) du Tampon. Elle présentera ici un aperçu de son travail récent : dessin, photo, volume. Ouvert du lundi au vendredi de 7h30 à 18h30, le samedi de 8h à 12h. Retrouvez tout le programme du Mois de l’art contemporain qui regroupe de nombreux lieux d’exposition au Tampon sur : www.letampon.fr et facebook : le.tampon.ville.culturelle 31