Dossier pédagogique MOIS ART CONTEMPORAIN 2015

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Dossier pédagogique MOIS ART CONTEMPORAIN 2015
Memento
Nature morte et vanités à La Réunion
DOSSIER PEDAGOGIQUE
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Pour sa 9ème édition, le Mois de l'Art Contemporain (MAC) au Tampon
présente l'exposition MEMENTO, consacrée à la nature morte et aux vanités,
sur 3 lieux : la salle Beaudemoulin, la Médiathèque du Tampon et la Cité du
Volcan.
L'exposition, conçue en collaboration avec l’artiste Jimmy Cadet, a été
réalisée en partenariat avec des œuvres de collections publiques
- le FRAC Réunion, l’Artothèque du Département et la Ville de St Pierre - ainsi
qu’avec d’autres artistes invités :
Salle Beaudemoulin ‘FRUIT DEFENDUS’ : Samantha Afxendio / Annaf / Alice
Aucuit / Atin Basak / Catherine Boyer / Jimmy Cadet / Emilie Colo / Erro /
Jean Luc Gigan / Esther Hoareau / Fabrice Hyber / Pierrot Men / Queland De
St Pern / Lionel Sabbate / Qiu Zhijie.
Médiathèque ‘VANILLAS VANITATUM’ : Joël Andrianomearisoa / Jimmy
Cadet / David Damoison / Xavier Daniel / Cristof Denmont / Hervé Douris /
Gérard Garouste / Joël Hubaut / Alain Noël / Richard Riani.
Cité du Volcan ‘PETITS ARRANGEMENTS’ : Malala Andrialavidrazana / Alice
Aucuit / Jean-Paul Barbier/ Atin Basak / Jimmy Cadet / Thierry Fontaine /
Ceka Lafaille / Roberto Stephenson / Marie Vic.
Ce dossier a pour objectif de présenter le thème de l'exposition 'MEMENTO',
ses artistes et leurs œuvres, ainsi que de proposer des pistes pédagogiques à
l'attention des enseignants du primaire, collège et lycée.
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SOMMAIRE
1- Nature morte et vanité : définitions et histoire
1.1- ‘MEMENTO, nature morte et vanités’ : définition, représentations/symboles
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1.2- Lexique artistique
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1.3- Un peu d'histoire de l'art
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1.4- L'art contemporain
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1.5- Liens
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2- L'exposition et son parcours
2.1- Focus sur quelques œuvres
- Jimmy Cadet
- A la Salle Beaudemoulin
- A la Médiathèque
- A la Cité du Volcan
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2.2- Pistes pédagogiques pour le primaire, collège et lycée
2.2.1- Avant la visite
2.2.2 - Pendant la visite
2.2.3 - Après la visite
Pistes pédagogiques pour le 1er degré
Pistes pédagogiques pour le 2e degré
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3- Infos pratiques
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1- Nature morte et vanités : définition et histoire
1.1-
MEMENTO, nature morte et vanités
Mémento
Du latin memento (orthographe traditionnelle) ‘souviens toi’ :
note, agenda, carnet où l’on inscrit des renseignements utiles afin de s’en souvenir.
Ouvrage où est résumé toutes les parties essentielles d’une matière ou question.
Dans la liturgie catholique, prière du canon de la messe, le mémento des vivants et le
mémento des morts.
Synonymes : agenda, aide-mémoire, guide, précis. (Sources : wiktionary.org et Larousse).
Pour cette exposition, il faut comprendre Memento comme une référence au ‘memento
mori’ : locution latine ou ‘souviens toi que tu mourras’ (ou vanités dans l’art), afin de se
rappeler que nous ne sommes que de passage et que devant la mort, riche ou pauvre,
nous sommes tous égaux. Elle désigne un genre artistique de créations de toutes sortes
dont le but est de rappeler aux hommes qu'ils sont mortels, et que leurs activités ou
intérêts/plaisirs terrestres sont vains. Cette tradition de représentation de la mort en Europe,
s’appuyant sur la religion chrétienne, invitait le chrétien à réfléchir sur la vanité de son
existence et de ses plaisirs fugaces et donc lui demandait de se concentrer sur la vie de
l’au-delà (L’Ecclésiaste 7, 36 : ‘Dans tout ce que tu fais souviens-toi de ta fin et tu ne
pécheras jamais’).
« memento mori » peut avoir plusieurs aspects :
‘Squelettes’ (rappelant la vie précédente tout en représentant la mort),
‘Gisant’ (personnage connu représenté couché et endormi dans une belle attitude ;
souvent sculpté sur une dalle funéraire et genre qui se développe en France au XIIIème
siècle ; ex. : ‘Anonyme, Richard Coeur de Lion et Isabelle d’Angoulême, v.1199’ ;
Le ‘Transi’ s’oppose directement au ‘gisant’ dans l'art funéraire de la fin du Moyen Âge et
de la Renaissance, qui à l’inverse montre le mort de façon réaliste, nu, squelettique parfois
en état de putréfaction (‘Vanité – Ligier Richier, Transi René de Chalon, XVIème siècle’).
‘Crâne’ : représente l’abandon de la vie terrestre ou de l’enveloppe terrestre.
Bougies se consumant, montres, fleurs se fanant, fruits en partie épluchés ou pourrissants…
Etant donné l’insignifiance des plaisirs terrestres considérés comme futiles et dérisoires et les
éléments matériels qui n’ont plus d’intérêt une fois la mort venue, on voit apparaitre des
éléments se référant aux arts (musique, littérature, sculpture, peinture), à la beauté (miroirs),
aux sciences (compas, globes, lunettes) ou encore au luxe et au pouvoir (pièces de
monnaie, médailles, bijoux).
La mort ans l’art est un sujet récurrent chez bon nombre d’artistes depuis toujours et a
donné la naissance au genre spécifique ‘la vanité’ sous forme de crânes, d’allégories et
de symboles.
Nature morte
Fleurs et fruits, objets du quotidien, tables servies…un genre qui a marqué l’art occidental
malgré sa dernière place dans la hiérarchie des genres en peinture car montrant des
objets indignes d’être peints tant ils étaient banals (la peinture devait éduquer et
enseigner).
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L’expression “nature morte” suscite des confusions : une peinture avec des pommes
tombées d’un pommier n’est pas comme ‘genre’ une ‘nature morte’ mais un ‘paysage’. Il
est utile de savoir qu’au XVIe siècle, on parlait de ‘Vie coye’, c’est-à-dire de ‘vie
silencieuse’ ou de ‘nature immobile’ (traduction du mot anglais ‘still life’). La plupart des
langues étrangères ont gardé cette idée d’immobilité : ‘Stilleben’ en allemand ou bien
encore ‘Oggetti inanimati’ en italien.
Vanité
Du latin vanitas, qui vient du mot latin « vanus » désignant une action vaine : vide, futilité,
fausseté ; inutilité, fierté excessive. Au sens littéral ‘souffle léger, vapeur éphémère’.
Elle trouve son origine dans la célèbre sentence de l’Ecclésiaste (fils de David, roi de
Jérusalem) chapitre 1 verset 2 : ‘’Vanités des vanités, tout est vanité’’.
Dans ce texte il s’interroge sur le sens de la vie qui ne mène qu’à la mort et à l’oubli
malgré tous ses efforts au cours de sa vie, donc une vie vaine ! (d’où ‘vanité’) ;
L’Ecclésiaste (traduction de l’hébreu « Qohéleth », qui signifie « l’homme de
l’assemblée », « le prédicateur ») fait partie des « Livres de sagesse » de l’Ancien
Testament (Bible). Il a été écrit vers 250 av. J.-C. et la Palestine était gouvernée par
les successeurs d’Alexandre le Grand, les lagides d’Egypte (celle-ci fait alors partie du
monde hellénistique). Le texte, d’intonation pessimiste, est une réponse indirecte à la
question que les juifs se posaient alors face à l’influence de la culture hellénique : la joie de
vivre proposée par les Grecs est-elle réalité ou illusion ?
- Désir de se faire valoir (‘Il y a une différence entre l’orgueil et la vanité. L’orgueil est le désir
d’être au-dessus des autres, c'est l’amour solitaire de soi-même. La vanité au contraire,
c’est le désir d’être approuvé par les autres. Au fond de la vanité, il y a de l’humilité; une
incertitude sur soi que les éloges guérissent’ Henri Bergson).
Vanité (art) : type de peintures illustrant, de façon symbolique, le thème philosophique de
l'inéluctabilité de la mort, de la fragilité des biens terrestres et de la futilité des plaisirs à
travers la représentation de natures mortes (avec des objets symboliques, crâne,
bougie…ou qui font référence aux cinq sens), d'allégories ou de grands saints.
En bijouterie : bijou ou bague ornés d’une tête de mort.
Ingvar Bergström (historien de l’art) divise le répertoire des vanités en trois groupes les
tableaux qui « expriment » la vanité du monde et l’espoir de la résurrection :
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le premier groupe « évoque la vanité des biens terrestres » :
o livres, instruments scientifiques, art, pour la vanité du savoir.
o argent, bijoux, pièces de collection, armes, couronnes et sceptres pour la
vanité des richesses et du pouvoir.
o pipes, vin, instrument de musique et jeux pour la vanité des plaisirs.
Le second groupe « évoque le caractère transitoire de la vie humaine » :
crâne, squelettes, mesure du temps, montres et sabliers, bougies et lampes à huile
éteintes, fleurs se fanant.
le troisième groupe « contient les éléments qui sont les symboles de la résurrection et
de la vie éternelle » : épis de blé, couronnes de lauriers.
La Vanité ne doit pas être confondue avec une allégorie : s'il y a des allégories de la
vanité, comme il y a des allégories de la justice, de la fortune, ou de l'amour, elles ne
relèvent pas des Vanités en tant que sous-genre ou thème pictural. Ainsi la femme au
miroir d'un triptyque de Hans Memling (‘La Vanité’ - Musée des Beaux-Arts, Strasbourg) ne
constitue pas à proprement parler une Vanité mais plutôt une allégorie de la vanité.
La Vanité personnifiée est souvent une "jolie femme dénudée accompagnée d'un paon,
qui se contemple dans un miroir."
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Expressions/citations :
‘Sans vanité’ expression pour dire de soi quelque chose d’avantageux sans passer pour
vaniteux : ‘sans vanité, j’en sais plus que lui dans ce domaine’.
“La fausse modestie est le dernier raffinement de la vanité.” Jean de La Bruyère /
Caractères. “La vanité est la passion dominante de l'homme.” Henry de Montherlant / Les
jeunes filles. “Je suis ambitieuse pour l’humanité ; moi je voudrais que tout le monde fût
artiste, assez poète pour que la vanité humaine disparût.” Louise Michel.
“Quelle vanité que la peinture qui attire l'admiration par la ressemblance des choses, dont
on n'admire point les originaux !” De Blaise Pascal / Pensées sur la religion.
“Même la plus grande sagesse peut être occultée par l'éclat de la vanité.” Paulo Coelho /
La Cinquième Montagne. “Il y a toujours une chose qu'un Français respecte plus que sa
maîtresse, c'est sa vanité.” De Stendhal / De l'amour.
-REPRESENTATIONS ET SYMBOLES
Allégorie des cinq sens > plaisirs sensuels > valeurs fausses/éphémères > la connaissance.
Aliment et ustensiles de cuisine > évoquent le menu du gras (en dehors du carême).
Bijoux > Luxe et l’apparat.
Blé, lauriers > symbolisent la quête d’immortalité.
Bougie > Flamme > Spiritualité et lumière.
Bougie ou sablier > temps qui passe.
Bretzel > Protection contre le diable.
Cerises > Passion du Christ (couleur rouge/sang du Christ), fruit du paradis (antidote à la
pomme), comme fruit printanier elle représente l’Annonciation. Comme la fraise et
le raisin, nourriture des amants, symbole de la sensualité, corruptrice de la vertu.
Citron > Salut / Fidélité amoureuse / Attribut de Marie / Foi, L’Eglise et Jésus-Christ.
Citron épluché > Passage du temps et brièveté de la vie.
Coquillage, Coquille > Fécondité (mythologie) / Résurrection > Attribut de la Vierge /
Baptême du Christ > Attribut de Saint Jacques et des pèlerins / Nautile > Merveille >
Cabinet de curiosités > coquillage : pièce de luxe exotique, gaspillage d’argent.
Container métallique > Embarcation ou cage > Tourisme oisif ou illusion de la prospérité
occidentale. Chien > fidélité>parfois la luxure (peinture hollandaise).
Crâne > Mort et brièveté de la vie>passage de la mort à la résurrection>salut éternel.
Crustacés >emblème de la résurrection (langouste, crabe car perdent leur carapace au
printemps pour une nouvelle) et de l’inconstance, déviance morale ou religieuse (crabe,
homard car marchent à reculons). Fruits secs (noix, noisettes, amandes) > l’Eglise, la Trinité,
la Passion du Christ, la providence divine.
Fruits, légumes, gibiers entassés sans ordre>abus inconsidéré des plaisirs des sens ;
Globe > Perfection de la sphère ; notion de cycle / Totalité géographique de l’univers /
Pouvoir, domination absolue.
Jacinthe et pivoine > fleurs de la mort > pivoine : symbole de la volupté passagère.
Légumes verts > nature, saisons, providence divine et santé>nature éphémère des plaisirs
Livres et instruments > méditation et connaissance.
Mandarine > Richesse > Ce fruit était cultivé dans le Sud de l’Europe et était donc très cher
dans les pays du Nord > Remplace la pomme comme symbole du péché.
Miroir > péché d’orgueil.
Montre, sablier > le temps qui passe.
Mouche>corruption.
Moules et mollusques > symbole de la vérité cachée>féminité, chasteté, érotisme.
Musique > passions inutiles.
Objet posé en porte-à –faux > la position n’est pas immuable.
Orange, Mandarine > Péché originel (car Pomme en latin = ’tout fruit à pépins/graines’).
Pain> providence divine (ancien testament> charité et eucharistie (nouveau testament).
Pain et vin > Eucharistie > Christ (résurrection).
Panier de fruits > la corbeille représente les Saintes Ecritures et les fruits symbolisent les
enseignements de l’Ancien et du Nouveau Testament.
Paon > vanité, caractère éphémère des plaisirs matériels et de la beauté physique.
Papillon > brièveté de la vie. Poire > Vierge Marie et l’enfant Jésus> à l’amour et à la mère.
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Poisson > symbole de Jésus Christ.
Pomme > symboles de féminité, beauté, prospérité>jeunesse éternelle>symbole négatif
pour Adam et Eve>dualité le bien et le mal.
Raisin > sang du Christ.
Réunion d’objets de luxe >la Vanité.
Rose > beauté et amour.
Sel > Richesse > Cette denrée a longtemps été une importante monnaie d’échange.
Volaille et gibier > la victime sacrificielle, l’abondance et la richesse.
1.2- Lexique artistique, général et spécifique :
- Abstrait (opposé à 'figuratif' ou ‘Figuration’): ‘toute référence au monde extérieur est
délibérément supprimée (même imaginaire)’. ‘Qui ne représente pas quelque chose qu’on
peut voir ou toucher comme une chose ou une personne’. Mais aussi : ce qui est
obtenu par abstraction.
- Art conceptuel : l’art conceptuel est théorisé par Sol Lewitt aux Etats-Unis dans les années
60. Les diverses démarches contemporaines qui s’inscrivent dans cette filiation, depuis
Marcel Duchamp, restent la primauté de l’idée ou du concept sur la production plastique,
qui n’est plus, parfois, qu’une formalité déléguée à un tiers (assistant, artisan, public…).
- Cabinet de curiosités : à la Renaissance en Europe, salle où se trouvaient des objets
collectionnés, antiquités, objets de la nature (animaux empaillés, fossiles, squelettes…),
œuvres d’art, chimères, monstres... L’ancêtre des musées et muséums.
- Cartel : étiquette placée près d’une oeuvre, précisant le nom de l’artiste, le titre de
l’oeuvre, la date d’exécution, les matériaux utilisés, la provenance…
- Cimaise : profils (en métal) où sont suspendus des tiges ou câbles, tous équipés de
crochets pour recevoir les tableaux et cadres. Par métonymie avec la cimaise à tableaux,
on appelle cimaise le mur/panneau où est accroché un tableau d'une galerie, d'un
musée. « Avoir les honneurs de la cimaise » (exposer) ou « Quoi de neuf sur les cimaises ? »
(quelle exposition voir en ce moment ?).
- Collection : réunion d'objets choisis pour leur intérêt esthétique, leur valeur documentaire,
leur contenu intellectuel, leur prix.
- Composition : technique d’arrangements des différents éléments dans un tableau. Il faut
les observer (objets pour une nature morte) dans leurs formes, couleurs, matières,
dimensions ainsi que les lignes directrices : Horizontale (impression de ‘calme’), verticale
(‘énergie, force’), diagonales montante/descendante, obliques (idée de ‘mouvement’).
- Eat art : Daniel Spoerri (années soixante), membre des “Nouveaux Réalistes”, est l’artiste
qui, dans ses ”tableaux-piège”, introduit directement la nourriture comme matériau de
l’oeuvre. La table devient le tableau sur lequel les restes d’un repas (réel) seront fixés. En
créant un restaurant-galerie où des artistes proposent des performances culinaires, il
englobe la cuisine et le repas dans un même processus artistique et participe au
rapprochement de l’art et de la vie, amorcé par les artistes dada. “Repas Cannibale” :
Claude et François-xavier Lalanne donnent à manger des parties du corps de l’artiste;
Dieter Roth y réalise son autoportrait en chocolat et Armany prépare des accumulations
de jambes de poupées en massepain.
Le corps en question : Michel Journiac dans ‘messe pour un corps’ 1969, transpose le rituel
chrétien de l’eucharistie en invitant les spectateurs-convives à partager du boudin
fabriqué avec son propre sang. Wim Delvoye met au point, avec des chercheurs et des
médecins, “Cloaca” en 2000, machine qui reproduit le système digestif humain et
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recevant des aliments, elle produit ses propres excréments. Dans ‘Vanitas, robe de chair
pour albinos anorexique’1987, Jana Sterbak habille de carpaccio de viande un
mannequin de couturière. La chair, habituellement cachée par la peau et les vêtements
se trouve mise à jour, comme sur les peintures d’écorchés du XVIIème siècle.
- Ephémère : qui n’a qu’une courte durée.
- Figuration libre (Robert Combas, Hervé Di Rosa, années 1980) : les artistes puisent leurs
inspirations dans le graffiti-BD-Pub-music rock/punk. Peinture faite de libertés sous toutes
formes d’art, sans frontière, sans hiérarchie de valeurs…
- In situ : expression latine qui désigne une forme d’art qui prend en compte l’espace dans
lequel elle se donne à voir (cf. Daniel Buren).
- Installation : le terme inventé afin de désigner des productions artistiques ne relevant plus
de la sculpture, tout en étant en trois dimensions (peintures, sculptures, photographies et
médias plus contemporains comme les vidéos, sons, éclairage). A partir des années 1960.
- Memento mori : voir page 4.
- Mouvement : tout rapprochement d’artistes autour d’une même démarche dont on peut
repérer les caractéristiques visuelles : Réalisme, Impressionnisme, Futurisme, Pop art…
- Nature morte : voir page 4.
- Objet : depuis les premiers objets cubistes créés par Picasso et Braque, les objets du
quotidien ont investi l’espace pictural, la sculpture jusqu’à l’espace réel : objets futuristes,
objets dada, objets surréalistes, objets Pop art, objets des Nouveaux Réalistes...
- Performance : le terme emprunté à l’anglais désigne toutes les créations artistiques qui se
passent devant un public et qui peuvent être une œuvre en soi (années 60). Elle instaure
une dimension collective d’échange et un nouveau rapport espace-temps. L’histoire de la
performance est celle de la présence centrale et éphémère du corps - de l’artiste ou d’un
intervenant - en temps réel devant un public. Pour en garder le souvenir, les performances
sont souvent filmées ou photographiées.
- Pop-art : Les artistes du pop art américain célèbrent et critiquent à la fois la société de
consommation. La nourriture un sujet qui relie leurs oeuvres avec la tradition picturale. Les
bouteilles de coca cola et les boîtes de soupe à la tomate sérigraphiées par Andy Warhol
deviennent les emblèmes d’une industrialisation qui bouleverse les habitudes. Le
hamburger et le steak frites mous et surdimensionné du sculpteur américain Oldenburg
affirment symboliquement par leurs dimensions, l’hégémonie du temps (compressé) et de
l’argent sur les produits industriels agro-alimentaires.
- Ready-made : inventé par Marcel Duchamp qui désigne un objet manufacturé - voire un
assemblage d’objets - qui acquiert le statut d’œuvre d’art du simple fait d’être exposé
dans un musée et signé par un artiste. L’objet perd sa fonction et sa valeur d’usage. Il
privilégie l’idée et l’analyse du regard, et relègue le savoir-faire artistique à l’arrière-plan.
-Série : ensemble d’œuvres sur le même thème, avec des variantes picturales ou
techniques.
- Symbole : Signe figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept, qui en est
l'image, l'attribut, l'emblème (Le drapeau, symbole de la patrie/le cœur, symbole de
l’amour).
- Vanités : voir pages 5 et 6.
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1.3- Un peu d'Histoire de l'art
Le réalisme est l'art de la ressemblance (‘mimesis’ : imitation) et la nature morte fut souvent
le sujet des peintres antiques.
Période Grecque
Aucune peinture (sur bois) n’a été retrouvée mais Pline l’Ancien dans ‘Histoire Naturelle’
cite le plus célèbre des natures-mortistes Piraïkos (4e-3e s. av. J.C.) qui reproduisait les
étalages des échoppes. Zeuxis (5e s. av. J.C.), était célèbre pour avoir peint des raisins si
réalistes que des oiseaux s'y trompaient en essayant de les picorer. ‘Sol non balayé’ :
mosaïques (=‘restes de repas’) en ‘trompe l’œil’ populaires chez les Grecs et Romains.
Période romaine
Le memento mori mettait alors surtout en avant le thème du carpe diem, « cueille le jour »
(Odes d'Horace, I,11), qui comportait le conseil de ‘manger, boire, et être joyeux, car nous
mourrons demain et il n'y aura ni boisson ni danse dans la vie éternelle après la mort’.
Mais la plupart des memento mori sont des produits de l’art chrétien qui acquiert un but
moralisateur complètement opposé au carpe diem d’Horace : la perspective de la mort
sert à souligner la vanité et la fugacité des plaisirs, du luxe, et des réalisations terrestres.
Les murs des belles villas de riches romains étaient décorés par
des fresques représentant la nature elle-même ou du
quotidien, évoquant la richesse ou le xenion antique, présent
de vivres que le maître de maison offrait à ses invités.
(‘Fresque nature morte’ Maison de Julia Felix, Pompéi, notre
photo).
Moyen Âge
Les différents genres en peinture (Nature morte, nu et portrait profanes…) disparaissent
avec le christianisme pour ne laisser que les sujets religieux. Les seuls objets représentés sont
les attributs des personnages religieux. Vers 1300, les artistes florentins et siennois, tels Giotto
(‘Le Père de la peinture moderne’) et Duccio, réintroduisent des détails dans leurs œuvres
(un linge qui sèche, un chandelier…) ainsi que le ‘réalisme’ avec le fond en paysage (et
non un simple aplat de couleur bleu ou dorée).
Avant les vanités, les danses macabres du Moyen Âge :
Le thème de la mort connaît un grand développement avec les danses macabres, du
XIVe s. au XVIe s. sur les murs des églises et cimetières, et aussi avec l'iconographie d'un
Jérôme Bosch ou d'un Bruegel l'Ancien et la gravure populaire au XVIe s. . La population
en Europe allait être réduite de moitié entre 1360 et 1450 (peste noire 1346 et guerre de
Cent Ans). On voit sur les fresques une sorte
d'appropriation par l’Eglise
des
farandoles
carnavalesques et dionysiaques : la mort emmène
également le riche comme le pauvre, le prélat
comme la brebis égarée. L'appel à une vie pieuse
vaut pour tous même pour ceux qui ne peuvent lire
l'Ars moriendi (‘L'Art de mourir’ 1415 et 1540).
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‘Danse macabre (‘morts’ et ‘vivants’ de toutes les couches sociales)’ 1485, fresque de
Clusone en Italie (notre photo).
Au XVe siècle
L’art flamand est prédominant et Les artistes du Nord dévots et
moralisateurs utilisent la peinture pour dénoncer les vices de
l’humanité ou rappeler que tout a une fin dans ce bas monde par
le biais d’images de mort. Une place toujours plus importante aux
objets (scènes d’intérieur de Jan Van Eyck et de Rogier Van der
Weyden). La mort va se loger au revers de portraits, diptyques et
triptyques : crânes, bougies… (ex : Rogier van der WEYDEN - Triptyque de la famille Braque
(détail) 1450, Musée du Louvre, Paris, notre photo).
Au XVIe siècle
La première nature morte autonome de l’époque moderne (à
priori) est l’œuvre d’un Italien : ‘Perdrix avec une flèche et des
gants (porte d’armoire peinte)’ 1504 par Jacopo de Barbari.
Giovanni Nanni ou Giovanni da Udine : peintre et architecte
italien, considéré comme le premier peintre moderne des
natures mortes (de source profane, avec le style décoratif hérité
des
grotesques de l’Antiquité). ‘Fresque palais pontifical’ 1516
Vatican, notre photo.
« Vanité des vanités, tout est vanité », les vanités au-delà des genres (Natures mortes,
scènes de genre, portraits de saints) :
Dans les pays latins de tradition catholique, les vanités s’appuient sur la
représentation des saints ou les allégories antiques (St Jérôme, Marie-Madeleine, les
ermites, parfois les philosophes). Au nord de l’Europe, sous l’influence de la Réforme
protestante (thèses calvinistes), la figure humaine est écartée de la peinture morale et
religieuse, y compris ceux des Pays-Bas du sud (pourtant sous domination espagnole
et catholique), et les peintres recourent plutôt aux tableaux d’objets (Natures mortes) pour
inviter à renoncer aux plaisirs des sens et à se tourner vers Dieu.
Les Tables/repas Servies renvoient aux noces de cana, à la Crucifixion et à l’Eucharistie
(‘La Cène’). Les tableaux de Fleurs dérivent des scènes de l’Annonciation (bouquet de
pureté aux pieds de la Vierge). Les Vanités s’inspirent d’un Saint,
souvent St Jérôme méditant dans sa cellule.
‘Les Ambassadeurs’ 1533 Hans Holbein (photo) avec un crâne
en anamorphose et de nombreuses natures mortes (une vanité
peut donc aussi s’appliquer avec un tableau composé de
personnages vivants). Giuseppe Arcimboldo ‘Le Printemps’1563 :
un portrait ‘maniériste’ façon nature morte !
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Au XVIIe siècle
Sous le pinceau du Caravage, le crâne, jusque-là petit objet, se fait ‘prédominant’,
comme dans son chef-d'œuvre ‘St Jérôme écrivant’1606,
galerie Borghèse de Rome (photo). Caravage dit ‘’qu’il est
aussi difficile de peindre une nature morte que des
personnages’’, la traditionnelle hiérarchie des genres est
abolie ! et les amateurs d’art
(les bourgeois) sont plus
nombreux pour les acquérir (‘Corbeille aux fruits’ 1596).
-La tradition néerlandaise de la nature morte :
Débuts de l’apogée de l’âge d’or hollandais (v.1585-1670) et de la nature morte avec la
République des Provinces-Unies des Pays-Bas, alors
première puissance commerciale au monde.
Dynastie de peintres de natures mortes : les de
Heem, les Bosschaert et les Heda, et Pieter Claesz
est le père de Nicolaes Berchem.
Le marché de l'art néerlandais, ‘précurseur’ dans
plusieurs domaines :
Un grand nombre de peintures sont vendues, sans
commande spécifique, dans de grandes foires organisées spécialement (estimation de la
production de peintures entre 1640 et 1660 : 1 300 000). Son marché de l’art très
dynamique, est très compartimenté, et les peintres de natures mortes se spécialisent
comme dans certaines villes :
Haarlem : ‘tables d’apparats’ (Willem Claesz Heda ; Peter Claesz élabore le genre dit de la
‘table servie’ : ‘nature morte’ 1627, notre photo page suivante). Un certain type de nature
morte, qui peut être réparti en trois catégories :
‘Petits" déjeuners’, ‘Petits banquets’,
‘Petits tabacs’.
Leyde : ‘les vanités’ avec les livres, pots, pipes, crâne (Harmen Steenwyck ‘allégorie des
Vanités de la vie’ 1645 ; David Bailly) et aussi La Haye avec ses ‘spécialités de fruits de mer’
peintes.
La volaille et le gibier en train de faisander, les poissons morts
constituent un autre sous-genre de la nature morte (Jan Weenix,
Abraham van Beijeren). De même pour les compositions florales
(compositions irréalistes car fleurs de différentes saisons, dans des
vases et non dans les tulipières de Delft), comprenant ses propres
spécialistes, dont quelques femmes (Rachel Ruysch, Maria van
Oosterwijk ‘Nature morte au vase de tulipes, roses et autres fleurs
avec insectes’ 1669, notre photo).
La Vanité comme genre autonome débute vers 1620 à Leyde, pour
se diffuser en Europe, particulièrement en Flandres et en France. Ces
peintures avaient le rôle d’un memento mori pour les commanditaires qui étaient des
particuliers (et non l’Eglise). On recherche le sens de la perfection dans le rendu du velouté
des fruits ou l’exécution de gouttes de rosée.
Rembrandt ‘Le bœuf écorché’ 1655. Pieter Boel (flamand) ‘Allégorie des vanités du
monde’ 1663, 207x265cm.
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En Espagne, les natures mortes, se présentent essentiellement
sous la forme de vanités à la morale catholique. Francesco
de Zurbaran et Sanchez Cotan les peignent d’un extrême
dépouillement. Zurbaran : ‘Saint François d’Assise dans sa
tombe (avec crâne dans sa main)’ 1635, 204x113 cm, notre
photo.
En France, l’historiographe André Félibien place, en 1667, la
nature morte à la dernière place de la hiérarchie des genres derrière
la peinture d’histoire, le portrait et le paysage. Pourtant de
nombreux
peintres
la
pratiquent
(N. Baudesson, Meiffren Conte, P.
Dupuis,
J.
Linard,
J.-M. Picart, Lubin Baugin ‘Nature morte à l’échiquier ou les
cinq sens’ 1630) et la peinture de la vanité se développe,
notamment sous l’influence des Janséniste et des peintres
d’origine flamande qui importent ce genre en France
comme Philippe de Champaigne (‘la Vanité, ou allégorie
de la vie humaine (avec crâne)’1646 musée de Tessé,
Mans, notre photo).
Au XVIIIe siècle
La Nature morte va perdre peu à peu de sa force symbolique pour se diriger vers un côté
décoratif et de plus en plus coloré. A la mode à l'époque baroque, les vanités vont
quasiment disparaître au XVIIIe siècle.
La France est le grand pays de la nature morte au
XVIIIe siècle. On multiplie les trompe-l’œil pour
l’architecture et les riches décors de fleurs et de fruits.
Jean Baptiste Oudry se consacre à la représentation
d’animaux morts et vivants. Et surtout, Jean Siméon
Chardin aura hissé la nature morte au plus haut rang
des genres (grand succès de ‘la raie ouverte’ 1728,
114,5x146 cm, notre photo) et le terme « Nature
morte » ne sera retenu qu'à partir de 1756 en France
au lieu de ‘nature reposée’ (depuis 1650 les hollandais
parlent de ‘still leven’ ou ‘vie silencieuse’). À partir des
années 1770, les peintres néoclassiques renoncent à la nature morte au profit des grands
tableaux d’histoire. A-F Desportes, Anne Vallayer-Coster…
Au XIXe siècle
Avec la Révolution française, s'opère une sécularisation. La
représentation de la mort va se désacraliser. Les objets perdent la
valeur symbolique. Le crâne devient un attribut de la nature morte,
un accessoire dans l'atelier du peintre jusqu'à devenir une simple
forme pour Cézanne.
Les peintres romantiques et réalistes ont ponctuellement pratiqué la
nature morte en lui appliquant leur propre vocabulaire formel. Mais
ce sont surtout Édouard Manet (‘Vase de pivoines sur piédouche’
1864), Paul Cézanne et Vincent Van Gogh (‘Crâne de squelette
12
fumant une cigarette’ 1886, notre photo ; ‘Tournesols’1889) qui ont fait évoluer le genre.
Leur conception est purement picturale (nouveau travail de la touche, composition
savante), avec même des thèmes triviaux (asperges, godillots).
Cézanne, avec ses fameuses natures mortes (aux oranges,
crânes) et sa manière de peindre avec des formes
géométriques, est le peintre ‘moderne’ qui influencera Picasso
et Braque pour le cubisme : ‘Nature morte aux pommes et aux
oranges’ (1895-1900), 73 x 92 cm, Orsay, notre photo ; ‘Naturemorte aux trois crânes’ 1900 ; ‘Nature morte au crâne’ 18951900 ; ‘Jeune homme à la tête de mort’1895 -96.
Au XXe siècle
« Grâce au rêve, la mort n'a plus un sens obscur », a tranché André Breton ! (la
psychanalyse étant passée par là).
Les pères de l’art moderne font de la table le support de la rénovation esthétique de la
peinture. Les compositions de fruits et nappes de Cézanne (fin 19e), les tables dressées de
Bonnard, les tables de bistrot de Braque et Picasso, les compositions silencieuses et
rigoureuses (bouteilles, pichet) de Morandi participent ainsi à la remise en question de la
représentation illusionniste de la profondeur (perspective) au profit de la planéité de la
peinture. La surface plane du tableau devient à la fois le sujet et le
support de l’œuvre.
Les avant-gardes donnent une grande importance à la Nature morte
et c’est aussi au début du 20e s. que l’objet lui-même (non pas peint)
s’invite dans les oeuvres. C’est aussi un support idéal au travail de la
couleur et de la forme : le fauve Henri Matisse et surtout les cubistes
Braque, Gris et Picasso en font leur sujet de prédilection. Ils commencent
à inclure des fragments d’objets réels dans les toiles par la technique du
collage (Picasso ‘Nature morte à la chaise cannée’ 1912 ; ‘Nature morte
au crâne, poireaux et cruche’ 1945, ici les poireaux avec leurs bouts
pulpeux ont remplacés les os en croix !).
Dès 1914, Marcel Duchamp bouleverse le rôle de l’objet dans l’art avec
ses ‘ready-made’ (‘Roue de bicyclette’ 1913 - notre photo) et sa
démarche influencera les artistes contemporains.
Avec les Dadaïstes, Kurt Schwitters fait des tableaux avec des objets trouvés par terre
(‘Tableau Merz 25 A’ 1920). Dans les années 1920-30, les artistes surréalistes s’amusent à
créer des associations d’objets incongrus ou terrifiants, une nouvelle manière de faire des
sculptures ou objets insolites ! (Meret Oppenheim ‘le déjeuner sur l’herbe’ 1936. Victor
Brauner ‘Loup-table’ 1939-47, bois et éléments de renard naturalisé. Mais aussi Magritte :
‘La trahison des images (ceci n’est pas une pipe)’ 1929, ‘Le balcon de Manet’ 1950).
Après la Seconde Guerre mondiale, la peinture de chevalet figurative décline au profit de
nouvelles formes artistiques. Les artistes du Pop Art
américain (Warhol ‘Skulls’ 1976, Rauschenberg, Tom
Wesselmann ‘Still Life n°30’ 1963, peinture et objets, notre
photo.…) et les Nouveaux réalistes français (Arman ‘Home
sweet home’ 1960 accumulation de masques à gaz,
César…) renouvellent l’utilisation des objets dans l’art
(sacralisation des produits de consommation, séries,
accumulation d’objets, récupération de détritus…).
Jannis Kounellis, artiste majeur de l’arte poverta, comme Pierre Manzoni qui propose
13
‘Artist’s shit’ 1961, 90 boites de conserve de ses excréments, vendues au prix de l’or.
Joseph Kosuth, chef de file de l’art conceptuel, rejette toute réalisation artistique pour
privilégier l’idée et langage ; ‘one and three chairs’ 1965.
XXIe siècle
Dans l'art actuel, on ne se limite pas au crâne mais on se tourne plutôt vers tout ce qui est
éphémère et le spectateur est interpellé de façons diverses. Le crâne conserve une
présence forte mais on montrera aussi le processus de vieillissement, de la mort en cours.
Ce qui diffère c'est l'intention : au 17ème siècle, la vanité était moralisante alors que
maintenant, elle peut prendre une position critique par rapport à note style de vie
(pollution…) ou aux conditions économiques du moment. L'éventail des références est
élargi. La Vanité peut devenir une figure de dérision de la société de consommation : elle
confronte l'homme actuel à ses leurres.
Les vanités contemporaines diffèrent des vanités classiques par la variété des traitements
utilisés et par les matériaux très hétérogènes.
Le spectateur n'est pas mis à contribution de la même manière, avec différents types de
scénographies. Il y a des installations qui font du temps et de la mort le moteur de cycles
qui se renouvellent: dans ce cas, la mort a une autre fonction : elle est le passage obligé
avant la régénération. Ce qui rejoint l'intention religieuse des vanités de la Contre-Réforme.
La pourriture des aliments comestibles de Michel Blazy ouvre sur une métamorphose.
Damien
Hirst
‘For
the
Love
of
God’
2004.
Nicolas Rubinstein Série ‘Mickey is also a rat’ 2004-08 (Mickey Mouse est aussi mortel !).
Dimitri
Tsykalov
‘Skull
IV’
2005.
James
Hopkins
‘Wasted
Youth’
2006.
Abdessemed Adel ‘Habibi (Mon chéri)’ 2004 Berlin
squelette 17 m - notre photo.
Joana Vasconcelos ‘Lilicopthère’ ou ‘Marilyn’ au
Château de Versailles en 2012.
1.4 - L'art contemporain, notions pour le définir et
le comprendre
Pour essayer de définir simplement l'art contemporain, c'est l'art d'aujourd'hui créé avec les
techniques et idées d'aujourd'hui.
- Dans une approche chronologique, nous pouvons adopter cette convention, qui est
évidemment 'un grand raccourci !’ :
Art classique : tout l’art antérieur à 1850 (environ).
Art moderne : pour simplifier, on peut prendre qu’une seule période pour l’Art Moderne, de
1850 à 1945-60, sinon :
(Belle Epoque : 1880-1914, le Musée d’Orsay conserve entre 1848 et 1914.
Art moderne : 1914-1945, où démarre le Musée du Centre Pompidou.
De nombreuses dates pour définir l’art moderne ! : 1850 révolution industrielle à 1960
avènement de la société de consommation, ou dans Wikipédia, à partir de 1907 avec les
demoiselles d’Avignon de Picasso (cubisme). La modernité en peinture, c’est à partir des
Salons des refusés en 1863 ou 1874 avec les impressionnistes, mais la vraie modernité, c’est
au moment du procès Brancusi en 1927 où ‘comment on définit l’art moderne’...)
14
Art contemporain : couvre tout ce qui est ultérieur ET est perceptible en tant que genre,
l’art des artistes d’aujourd’hui est qualifié d’art actuel ... voire d’avant-garde pour les artistes
actuels se situant en pointe de l’expérimentation.
Mais le mot « contemporain » ne peut être pris au pied de la lettre, et toute chronologie est
relative : l'art contemporain chez Christie´s démarre en 1970 et pour Sotheby´s en 1980...
C’est donc l’art actuel avec une approche typologique : loin de l’œuvre d’art classique
(peinture, sculpture avant 20e s.), installation (assemblages de médiums les plus inattendus,
photos+texte+mise en scène etc...œuvres conçues pour un lieu donné avec participation
du public), in situ, performance…et souvent composée d'objets usuels car elle parle
simplement le langage de tout le monde avec qui l'artiste ne veut pas se couper.
En comparaison à l'art moderne (cubisme, surréalisme...) qui repose sur la transgression des
règles de la figuration classique, l'art contemporain, lui, transgresse la notion même
d'œuvre d'art telle qu'elle est communément admise. Par exemple, l'œuvre ne sera plus
faite de la main de l'artiste mais usinée par des tiers. L'acte artistique ne réside plus dans la
fabrication de l'objet mais dans sa conception, dans les discours qui l'accompagnent, les
réactions qu'il suscite... L'oeuvre peut être éphémère, évolutive, biodégradable,
blasphématoire, indécente, et s’attache à l’époque, ne reposant pas sur la finalité de
l’art ; le savoir-faire de l’artiste, c’est le choix : tous les médiums !.
Qu’est-ce qui fait art ?... et non ‘est-ce beau’ (Platon) ? Est art en général, et contemporain
en particulier, ce qui est reconnu comme tel par des institutions. L’usage contredit
l’étymologie car tout peintre vivant est censé être contemporain.
1.5- Liens avec des ouvrages, citations…
'Comment parler d’Art aux enfants' Françoise Barb-Gall (Adam-Biro) : un livre très bien fait
pour comprendre l'histoire de l'art, à destination du tout public.
Madlyn Millner Kahr, la peinture hollandaise du siècle d’or, 1978-1993. La nature morte
(Gallimard). C’est la vie ! Vanités de Pompéi à Damien Hirst (Skira Flammarion).
«Une œuvre (un tableau) : quelque chose qui pense et qui pense sans mots» Daniel Arasse
(critique d’art). «Je peins les choses comme je les pense, pas comme je les vois» ! Picasso.
« On peut crier en se servant d’immondices. Et c’est ce que je fis ! » Kurt SCHWITTERS.
Charles Baudelaire dans Les Fleurs du mal, dans le dernier poème de la section « Spleen et
Idéal », intitulé L'horloge, où l'horloge finit par dire à l'homme : « Meurs, vieux lâche ! Il est
trop tard ! ». Film ‘Tous les matins du monde’ d’Alain Corneau.
Une sélection d’ouvrages sur la nature morte est proposée à la Médiathèque du Tampon à
l’occasion du Mois de l’art contemporain.
15
2. L'EXPOSITION MEMENTO ET SON PARCOURS
Memento, qui tire son nom de la locution latine « Memento mori »1, a été conçue à
partir de, et en écho au travail de l’artiste Jimmy Cadet, faisant dialoguer entre elles ses
œuvres, celles d’artistes invités ou présentes dans les collections publiques de l’île.
L’exposition se déroule sur trois lieux et trois contenus. Un focus sur quelques œuvres et
artistes est proposé ici.
2.1- Focus sur quelques œuvres
Jimmy Cadet
Fortement inspiré à ses débuts par la peinture américaine de la
deuxième moitié du XXème siècle – en particulier l’œuvre de
Jean-Michel Basquiat (1960 – 88) - et par l’expressionnisme
allemand2, Jimmy Cadet3 se consacre depuis deux ans, de façon
très prolifique, à la réalisation de Natures mortes de grandes
dimensions.
A contre-courant des pratiques contemporaines, il réalise une
relecture de la Nature Morte en peinture, avec un souci du détail
et
de
la
composition, un travail en clair-obscur4, qui ne
Elévation,
acrylique sur toile,
sont
pas
sans
rappeler la peinture occidentale du XVIIème
190x170cm, 2014
siècle. Les œuvres
de Jimmy Cadet, souvent de grand format,
présentent
de
face, parfois en vue plongeante, un ensemble
d’objets
du
quotidien : contenants divers5, fleurs péi, boîtes
de médicaments, bougies, néons ou guirlandes lumineuses, tuyaux, tubes, machineries,
animaux morts ou vifs. Sur les premières toiles, des fleurs, des fruits sont disposés sur de
grandes structures, autels votifs mécaniques, posés à terre ou en lévitation6. Les œuvres
suivantes s’attachent moins au support qu’aux objets représentés. Triviaux, les éléments
posés sur une table ou une tablette témoignent d’un mode de vie, d’une époque
(quelques étiquettes de bouteilles, effacées souvent), d’un territoire (les fleurs en particulier,
un coquillage).
Rangés plus que posés, les objets deviennent un sujet de peinture au dessein
complexe. Derrière l’ordre apparent des compositions, quelque chose est en marche ou
se termine : la nappe en dentelle se consume, se dissout dans l’acide7, les fleurs sont mises
sous plastique8 ou perfusées, les boîtes de médicaments traduisant des états nuancés
1
« Souviens-toi que tu vas mourir »
Mouvement artistique apparu au XXème siècle en réaction à l’impressionnisme français, qui a touché de nombreuses formes dont la peinture.
L’expressionnisme entend donner forme à l’intériorité de l’artiste et provoquer une réaction vive chez le spectateur en adoptant des couleurs
tranchées et des lignes acérées. Ses représentants sont notamment Ernst Kirchner, Emil Nolde, Otto Müller.
3
Jimmy Cadet est un artiste peintre autodidacte né en 1972, il travaille au Tampon, dans l’Atelier 84 (12ème Km).
4
Equilibre entre ombre et lumière qui permet de créer volume et modelé dans l’œuvre.
5
Bouteille, bidon, gobelet, fut, vase, boîte, bombe aérosol, extincteur… contenants en plastique, en métal ou en verre.
6
Les œuvres « Amours » et « Apologie » par exemple
7
Les œuvres « Nature morte au rivotril » et « Nouvelles du matin » notamment
8
Dans l’œuvre « Elévation » par exemple
2
16
deviennent quasi systématiques. Influx anormaux dans l’espace de la toile9, les projections
et coulures, plus fréquentes sur les oeuvres récentes, viennent encore perturber l’oeil10.
Jimmy Cadet propose une autre version de la Nature morte, ancrée dans un
territoire plus habitué à la peinture de paysage, visions tout à tour caustiques et tendres
d’une époque.
Ses œuvres sont présentées dans l’ensemble des lieux d’exposition composant
Memento.
A la Salle Beaudemoulin ‘FRUITS DEFENDUS’
La tradition de la Nature morte a placé la Fleur, le Fruit, l’Animal au centre de ses
compositions, traductions symboliques de la vie, éphémère et belle. Le volet ‘Fruits
défendus’ rassemble des œuvres qui tour à tour s’inscrivent dans une continuité avec la
tradition ou sont en rupture avec elle, détournant ces éléments pour renouveler le genre.
Annaf
Vit et travaille à La Réunion. Analyste programmeur de formation.
L’artiste propose des œuvres autour du dessin, du jeu et de la sculpture.
Son travail est pensé comme de la programmation d’art, en répétant
des formes, des dessins dans l’espace, avec un rapport entre eux.
Elle propose au public de fabriquer des origamis, de jouer au tangram
avec des sculptures-puzzle…Ainsi le spectateur (passif) devient un
‘consommateur d’art (actif)’.
Elle s’inspire de la sculpture
‘courbée-pliée’ de Josef Albers.
‘Nécrobox’, nombre : 3, dessin et insecte, 40x50 cm ; ‘Nécro’ du grec ancien nekros ‘mortcadavre’. ‘Box’ : ‘boite, coffret’ en anglais. Les insectes naturalisés sont placés dans des
vitrines (une par insecte épinglé sur le bord) et au-dessus d’eux se déploie, comme une
toile d’araignée, tout un réseau de lignes de pliages, traces des origamis de ces mêmes
insectes (araignée, libellule, papillon...) que l’artiste fabrique puis déplie. Les Nécrobox font
parties de 3 séries qui déroulent le temps : les origamis dépliés des ‘Nécrobox’ montrent
des sculptures passées (l’insecte mort : la finitude humaine), les ‘Archigram’ déploient leurs
structures dans l’espace au présent (jeu du Tangram), et la ‘Colonne de papier’ propose
au spectateur des cocottes à réaliser dans un avenir…
Source : Artothèque du Département
Alice Aucuit
Trentenaire, l’artiste a obtenu un ‘ES Design Céramique’ (Master)
ESAA/Vevey, une ‘Formation Design porcelaine’ (bac+3) ESBA/la
Réunion et un DMA Céramique (Diplôme des Métiers d’Art,
bac+2) ENSAA DUPERE à Paris III. 1er Prix Célimène 2007. Ses
travaux traitent de sujets liés au questionnement du quotidien
et de l’Histoire, à la condition humaine, au rapport entre
l’Homme, sa culture et l’objet.
Entre la Suisse, l’Ile de la Réunion, la Chine et Paris, son médium
de
prédilection
est
l’argile.
Installation,
artisanat,
performance…où on trouve : accumulation, jeu de mots et
9
En référence à l’épilepsie, et à la boîte de Rivotril que l’on retrouve assez souvent
dans les œuvres de Jimmy Cadet.
Il cite en ce domaine le travail de Francis Bacon et son utilisation de la tâche.
10
17
d’images, références iconographique et littéraire et des notions qui souvent s’opposent
sacré/populaire,
universel/individuel,
commun/extraordinaire,
ironie/gravité,
présent/passé, artificiel/naturel, nature/culture. Pour elle l’activité artistique commence
dans l’observation attentive du quotidien: une situation banale ou un objet usuel lui
permettent d’explorer les limites entre le normal et l’étrange.
Source : www.aliceaucuit.com.
‘Sans titre’ Installation : l’os, synonyme de mort, de putréfaction et de dégoût, Alice Aucuit
renverse sa symbolique avec poésie en le transformant en objet décoratif…
Atin Basak
Né en 1966 à Calcutta, vit et travaille en Inde. Etudes en
arts plastiques. La gravure et la peinture de l’artiste
reflètent sa vie intérieure, jadis enfant timide et rêveur.
Dans la série d’estampes présentées, il présente les objets
comme des portraits humains et qui semblent être à la
fois calme et fier de ce qu’ils sont : comme les portraits
de nobles élégamment vêtus en Italie du 17ee s. et
présentés de profil afin de valoriser leur personne. De plus,
les objets ici sont en entier (et non ‘en buste’), avec une
riche texture.
‘Morning news’ (série de 3), Gravure, 56x 69 cm.
Source : Artothèque du Département
Jimmy Cadet : voir p. 16
Erro (pseudonyme)
Né Guomundur Guomundsson, en 1932 à Olafsvik en Islande. Il étudie
l’art en Islande, en Norvège, en Italie (Florence puis à Ravenne où il
entre à l’Ecole de mosaïque. Il s’installe à Paris en 1958 où il rencontre
de nombreux artistes liés au mouvement surréaliste : Breton,
Duchamp, Man Ray, Masson, Max Ernst…
De l’expressionnisme au surréalisme en passant par le Pop art, Erro est
un artiste inclassable.
Pilier de la figuration narrative, connu en particulier pour avoir créé le
collage peint, le musée d’art contemporain de Lyon lui a consacré en
2015 une rétrospective. Lors de ses voyages, l’artiste collecte des
images qu’il assemblera pour former des tableaux où il dénonce :
l’américanisation de l’existence, la consommation dirigée,
l’érotisme mercantile…Dans certaines compositions, il insère des
personnages d’œuvres de Delacroix, Ingres, Léger ou Picasso
avec des stars du cinéma ou héros de bandes dessinées…
‘Nouria’ Peinture sur toile (acrylique), 98x49 cm, collection du FRAC Réunion : Nouria est un
prénom d'origine arabe qui signifie "de nature lumineuse". Nouria est aussi, pour les
chrétiens, une vierge espagnole. Au premier plan une nature morte façon 18e s. avec des
noix, symbole de virginité, des pommes, symbole du péché, puis au milieu de la toile,
faisant écho aux pommes, une jeune femme exotique dénudée. On pense aux odalisques
peintes par Ingres (19e s.), et enfin en haut et décalé vers la droite (idée de mouvement),
18
un personnage de bande dessinée (20e s.), menaçant cette ‘innocente déjà triste’, avec
ses griffes, ses crocs et ses cornes.
Fabrice Hyber
Né en 1961 à Luçon (Vendée), vit et travaille à Paris. Diplômé Ecole
des Beaux-Arts de Nantes. De renommée internationale, il est
l’inventeur des POF (Prototypes d’Objets en Fonctionnement), en
constante réinvention d’eux-mêmes. A l’origine de ses œuvres, il y a
des dessins, qui génèrent des tableaux et des objets, qui à leur tour
donnent lieu à des vidéos. Il a à cœur les questions de la nature et
sa complexité, l’organique et l’écologie.
‘La fausse fleur’ Installation, 50x66 cm : aucun objet réel n’est
finalement présent (2 représentations avec un texte ‘Quelle est la
vraie ?’, ‘Fausse fleur (titre)’ et un objet factice). On pense à l’inscription célèbre ‘Ceci
n’est pas une pipe’ de Magritte et à Joseph Kosuth (ex. : ‘One and three chairs’ 1965), mais
ici, aucun n’objet réel, et l’ensemble prend donc de la distance avec l’idée même de la
nature…désolation du paysage artificiel qui nous entoure, nous étouffe, au risque de
perdre le sens du ‘vrai’. (Source/extraits : Isabelle Poussier, janvier 2011, Artothèque du
Département).
Lionel Sabbaté
Né à Toulouse en 1975. Vit et travaille à Paris ; 2003 DNSAP, Ecole Supérieure des beaux-Arts
de Paris. Expositions en Allemagne, Chine, France, Maurice…
‘Série de 4 sculptures, ‘Réparation métissé’ 2014, Technique mixte,
26 x 19,5 x 7 cm ; Collection du FRAC Réunion
L’artiste donne une seconde vie à des papillons dont le corps est
constitué de d’ongles, matière organique que l’on dédaigne
habituellement en les jetant dans la poubelle de la salle de bain.
Ici, cette matière morte se métamorphose en charmant
papillon dont le corps central ressemble à un être humain. Le
papillon est le symbole de la brièveté de la vie terrestre, mais avec
ses ailes déployées comme pour s’envoler, il nous conforte aussi
dans l’espérance d’une résurrection...
Source : www.lionelsabbate.com
Qiu Zhijie
Né en 1969 à Fujian en Chine où il y vit et travaille. Artiste
en art contemporain, avec de nombreuses expositions
internationales (Hong-Kong, Sydney, Barcelone,
Vancouver, Prague, Berlin, New York, San Francisco, Pékin
Cité interdite, Macao…).
‘Rainbow 3’ Photo, 52x60 cm : influencé par le Body Art où
les artistes recouraient à la photographie pour immortaliser
leurs actions éphémères, Qui Zhijie utilise à la fois le corps
et les signes dans une même image, afin de pouvoir
exprimer des choses avec encore plus de force, difficile
19
voire impossible à émettre dans certaines sociétés. Dans sa série Rainbow, les
seringues ou les pilules colorées (=’fruits défendus’) semblent apporter au corps une
satisfaction artificielle…procurée aussi par notre société de consommation.
Source : Artothèque du Département
A la Médiathèque
‘VANILLAS VANITATUM’
Le titre fait référence au ‘Vanitas Vanitatum’ présent dans le livre d’Ecclésiaste ‘tout est
vanité’ : ensemble de Vanités contemporaines qui mettent au centre la figure du crâne
sous plusieurs formes - peinture, installation, photo, dessin, vidéo – ou de façon suggérée,
donnant corps à une certaine vision de la fugacité de la vie.
Jimmy Cadet : voir page 16
David Damoison
Né en 1963, cours de photographie de l’Ecole Boule puis devient assistant dans les ateliers
de l’American Center de Paris. Ses photos ont été publiées dans de nombreuses revues
(‘Revue Noire’, ‘Le Nouvel Observateur’, ‘Libération’…). Expositions individuelles en Europe.
‘Sans titre’ photo noir et blanc, 50x50cm, série ‘Dockers
Pointe-Noire Congo’ – Collection FRAC Réunion
(Pointe-Noire : ville au sud du Congo, poumon
économique avec son port en eau profonde et ses
activités pétrolières ; 1,1 m habitants ; guerres civiles fin
1990).
Cette photo fait partie d’une série, témoignage sur le vécu
de la société Congolaise, et héritage pour les générations
à venir. Quotidien difficile pour de nombreux travailleurs à
Pointe-Noire, comme ces ‘dockers’, immobiles et visages
cachés par des cagoules, devenus comme des objets,
Xavier Daniel
Né en 1968 à Rouen, artiste plasticien vivant à la Réunion depuis 1996. DNAP (diplôme
National d’Arts Plastiques) à l’Ecole Nationale Supérieure des
Beaux-Arts de la Réunion. Expositions à la Réunion, dans
l’Océan Indien et à la métropole. Ateliers avec le jeune
public. Création du collectif ‘Art marron’, avec des œuvres
éphémères conçues dans des lieux hors circuit traditionnel.
Pour l’artiste, l’art sert à faire réagir le spectateur et à
l’amener à se changer en prenant conscience du monde qui
l’entoure.
‘Vanité honnie’ Installation, nids de bélier et peinture
(bélier ou bellier : oiseau de la Réunion, tisserin gendarme qui
a été importé à la Réunion sur des navires vers 1880 où la
première colonie se serait installé près de chez Mr Bellier d’où
son nom local. C'est le mâle qui construit le nid, tissé avec des
20
fibres végétales et une ouverture vers le bas). Une ‘mise en abyme’ : des crânes qui
composent un immense crâne.
Cristof Denmont
Né à la Réunion en 1977 et où il vit et travaille. DNSEP en 2001 à l’Ecole de Marseille-Luminy.
Peintre-plasticien, il expose depuis à la Réunion et dans l’Océan Indien. Plusieurs
techniques : Photographie, dessin, collage, peinture, jouant sur la répétition, la surface,
les formes, les signes et les couleurs.
‘Vanitas aux ananas’ Acrylique sur toile, 150x170cm :
‘Je veux combiner les vocabulaires de l’imagerie
contemporaine : publicité, histoire de l’art, clichés liés à
l’exotisme, et autres petits évènements de la vie
quotidienne…Je veux une peinture festive, aigre-douce,
expérimentale !’ explique Crsitof Dènmont.
Hervé Douris
A La Réunion depuis 1986, photographe qui se consacre à la nature. Spécialités :
architecture et décoration, photo : aérienne, scientifique, d’art et de tourisme.
Série ‘Le sens du regard’, nombre : 2, Photo, 80x120 cm : Ces
photographies sont extraites d’une série qui a fait l’objet d’une
exposition du FRAC en 1994 puis pour l’exposition ‘Territoires’, à la
Médiathèque du Tampon en 2010. Les objets photographiés
pourraient être qualifiés d’épouvantails, morceau de tissu accroché
à un pic surmonté d’une tête de poupée. Cela peut aussi faire
penser aux totems et masques dans les sociétés dites primitives, qui
pouvaient être effrayants.
Doublement effrayant ici avec la
référence au monde de l’enfance. Notion aussi de territoire comme
on délimite une espace (endroit de vie ou de mort ?) avec des
signalisations (objets/signes)… questionnement sur la perception du
réel, propre à chacun.
Gérard Garouste
Né en 1946 à Paris, vit et travaille à Marcilly-sur –Eure. Ecole des Beaux-Arts de Paris 1965-72
et séjourne à la Villa Médicis (Rome). Peintre, sculpteur, décorateur et illustrateur, l’artiste
est reconnu internationalement et fait partie du paysage pictural français contemporain.
Son œuvre s’inspire de la mythologie et de la Bible, peut être une réponse à une enfance
traumatisée et ses délires maladifs.
‘Qohelet IX’ Lithographie, 40x31 cm : avec un dessin en 2 parties,
au premier plan se trouve une sorte de table à piquants (engin
de torture ?), et l’arrière-plan est noir, la nuit sans doute avec à
droite l’évocation d’une tombe. Un texte nous guide : ‘IX, 5, Car
les vivants savent qu’ils mourront Et les morts ne savent rien Et il
n’est plus pour eux de bruit Car on a oublié leur bruit Les cinq
rouleaux Qoehelet’ : extrait du Livre de l’Ecclésiaste (traduction
21
grecque de l’hébreu Qohelet ‘celui qui s’adresse à la foule’) contenant 5 rouleaux. Ce
texte (avec le dessin) et l’Ecclésiaste, sur la vanité et la finitude de l’homme, nous renvoie
aux malaises physiques et psychiques de l’artiste. Source : Artothèque du Département
Alain Noël
Né en 1967 à la Réunion. DNSEP à L’Ecole Pilote Internationale d’Art et de Recherche
(EPIAR) – Villa Arson à Nice en 1992. Il enseigne la peinture à l’Ecole des Beaux-Arts du Port.
Sa démarche plastique tourne autour de la couleur autonome, en quête de forme pure
(ex. : Colorfield et Expressionnisme abstrait). Il utilise en peinture du gel acrylique et des
matériaux qui mettent en valeur la couleur : mica, or, argent, cuivre…
‘Pommes, poires, crânes…’, nombre : 6, fusain, 34x26 cm.
Richard Riani
Né en 1968 dans le quartier de Tanambo à Saint-Pierre où il a son atelier. Il se consacre dès
l’âge de 17 ans à une carrière d’artiste. Depuis, il a enchainé de nombreuses expositions à
La Réunion et à l’étranger (Berlin, Montréal, New-York, Paris, Pékin….). Aujourd’hui, il
consacre de plus en plus de temps pour le développement de la culture à la Réunion et à
la transmission de son savoir aux jeunes.
‘Vanité’ Acrylique sur toile, 130x162cm : l’artiste trouve son inspiration dans les mythologies.
Son style est reconnaissable, avec des figures géométriques où foisonnent des
circonvolutions, avec une préférence pour le bleu, le blanc, le noir et désormais aussi le
rouge.
Voir aussi ‘Vanité (dessin préparatoire)’ Fusain sur papier, 80x70cm.
A la Cité du Volcan ‘PETITS ARRANGEMENTS’
Des ‘petits arrangements’ : focus sur les objets à travers plusieurs techniques et formes :
photographie, vidéo, peinture, installation…
Malala Andrialavidrazana
‘Série Any aminay TN1520’ Photo,
50x75
‘Série Any aminay TN1221’ Photo ,
50x75
(‘Série Any aminay TN2218’ Photo, 50x75
‘Série Any aminay TN2050’ Photo, 50x75 cm)
cm
cm
cm,
L’artiste nous montre des éléments, des indices qui
peuvent être des souvenirs d’un quotidien dans un
intérieur, mais d’un passé qui n’est pas passé mais
bien présent. Eléments vieillots, désuets d’où
s’échappent une certaine mélancolie, le temps a
marqué les objets et semble aussi s’être s’arrêté grâce à la photographie, témoignage de
notre jeunesse avec cette marionnette ou cette poupée et une machine à coudre
rose…les objets ont une âme et la lumière d’une fenêtre nous les mets au premier plan de
notre monde.
Source : www.fracreunion.org
22
Alice Aucuit
Voir sa biographie en page 17 (‘installation’ à la salle Beaudemoulin).
‘Nature morte crue ou le baptême des morts’ (installation en
terre crue, os qui vont disparaître progressivement sous l’effet de
la perfusion). Nous sommes souvent ‘fiers’ d’être ‘debout’, et
aussi grâce à notre squelette osseux qui peut nous maintenir
dans cette position. Vanité !, voilà qu’ici ‘l’os’ se désagrège sous
l’effet d’une simple perfusion…’Et l’Homme redeviendra
poussière….’
Atin Basak
Voir page 18, exposé aussi à la salle Beaudemoulin).
‘Morning news’ série (ici, 2 présentés sur trois), Gravure, 56x
69 cm.
Jimmy Cadet
Voir page 16 (expose aussi à la salle Beaudemoulin et à la Médiathèque).
23
Thierry Fontaine
Né en 1969 à La Réunion, il vit et travaille à Paris.
Expositions dans le monde entier. Pensionnaire (un an)
de la Villa Médicis à Rome. Il photographie (ou filme)
ses mises en scènes, avec des personnages et
situations improbables. Il interroge l’identité ethnique et
sociale, l’isolement, le rapport entre l’homme et la
terre…
‘Noix de coco’ Photo, 120x160 cm : Thierry Fontaine
montre un peintre transfigurer des noix de cocos en
ballon (rugby pour la forme, football pour les motifs
géométriques noirs et blancs). Fruits d’îles tropicales
devenus objets de loisirs et symboles de la société occidentale !. L’artiste parle de ‘principe
d’hybridation’, qui trouve son origine dans le déplacement et les rencontres des modèles
sociaux.
‘Trésor’ photo, 120x160 cm
Roberto Stephenson
Haïtien italien, né à Rome en 1964 où il a vécu jusqu’à 1998. Après des études en design
graphique, il se spécialise dans la photographie d’architecture. Ses photos ont été publiées
dans plusieurs magazines et livres d’architecture. Après la Jordanie, la Syrie, Londres, New
York et en Inde, il vit depuis 2000 en Haïti. Expositions dans de nombreux pays.
‘Dans la série de tentes’ 2010, photo couleur, 70x87
cm : série de photos de tentes suite au tremblement
de terre en Haïti en 2010.
24
2.2- Pistes pédagogiques pour le primaire, collège et lycée
INTRODUCTION
La directive de l'Education Nationale ''Organisation de l’enseignement de l’histoire des arts''
du B.O. n°32-28 août 2008
(http://www.education.gouv.fr/cid22078/mene0817383a.html puis cliquer sur 'annexe')
est le texte de référence, et reste cependant valable malgré la refonte du cycle
d'enseignement (BO du 5/09/13) et la mise en place progressive du parcours d'éducation
artistique et culturelle depuis 2013 (loi du 8/07/13).
L'éducation artistique et culturelle à l'école vise la formation de l'esprit, la découverte et la
créativité et s’appuie sur les 3 piliers : ‘connaissances’, ‘pratiques’, et ‘rencontres’ avec les
œuvres, artistes et lieux d’expositions (musées etc.).
Les pistes pédagogiques sont des propositions déduites (et ouvertes) du thème de
l'exposition, et s’appuient sur les composants plastiques, techniques et points de vue utilisés
par les artistes.
'Premier Degré'
pour le Cycle 3, une véritable partie des programmes est consacrée à l’histoire des arts et
les compétences visées sont les mêmes que le cycle 2 mais en plus approfondies avec des
repères géographiques et chronologiques, des liens avec les autres disciplines, le bon
vocabulaire…
'Second Degré'
Voir les liens avec les programmes scolaires (et périodes historiques se rapportant à la
classe), sur le thème de l'exposition ‘’Memento, Nature morte et vanités'':
Collège : les thématiques (6) sont au choix des enseignants et selon le projet éducatif de
l'établissement scolaire mais les 2 thématiques ci-dessous semblent à privilégier :
« Arts, mythes et religions » : l’œuvre d’art et le sacré (les sources religieuses de l’inspiration
artistique : personnages, thèmes et motifs, formes conventionnelles, objets rituels)…
« Arts, ruptures, continuités » : L’œuvre d’art et la tradition (ruptures/’avant-gardes’,
continuités, renaissances. La réécriture de thèmes et de motifs (clichés, stéréotypes, etc.) ;
hommages (citations, etc.), reprises (remake, adaptation, plagiat, etc.), parodies…
Lycée : les thématiques à privilégier parmi quatre champs :
1. ‘Champ anthropologique’ :
« Arts et sacré » : interrogation sur les œuvres d'art dans leur relation au sacré, croyances et
à la spiritualité, expression du sentiment religieux, art sacré/art profane, images,
sacralisation, sécularisation...
2. ‘Champ historique et social’ :
« Arts et économie » : l'art contemporain et le marché, son discours, l'artiste contemporain
25
« Arts, mémoires, témoignages, engagements » : Art et la commémoration, hommages...
Les genres commémoratifs (monument aux morts, tombeau, etc.) et les lieux de
conservation (mémorial, musée, etc.)…
3. ‘Champ scientifique et technique’ :
« Arts, informations, communications » : l’art et ses fonctions (messages), émouvoir,
exprimer, plaire, enseigner, témoigner, convaincre, informer, tromper, choquer…
4.
‘Champ esthétique’ :
« Arts, goût, esthétiques » : interroger l'oeuvre d'art contemporaine dans sa diversité et la
notion de 'bon goût'/'mauvais goût'…Classifications: catégories (mouvements, genres,
types) ; découpages (baroque/ classique, ancien / moderne…); théories esthétiques…
Les objectifs
~ Monter un projet artistique grâce à la découverte d'oeuvres originales et des activités de
pratiques artistiques (rencontre sensible avec les œuvres, travail de production en arts
plastiques
en
lien
avec
la
thématique
de
l’exposition…).
~ Faire des passerelles, en fonction du niveau de la classe, entre les arts visuels, Histoire des
arts et les autres domaines (Histoire, Géographie, Sciences de la Vie et de la Terre ...).
~ Finaliser le projet avec une exposition des œuvres réalisées par les élèves.
2.2.1- AVANT LA VISITE
- Questionner les élèves (sens de la visite) : qu’est-ce qu’un musée, une médiathèque ?
- Introduire auprès des élèves la notion de genre pictural en leur montrant des tableaux de
portraits, de paysages…pour finir vers la nature morte et vanité.
1- Aborder le vocabulaire d'une exposition : cartel, cimaise, collection, centre d'art
contemporain, galerie d'art...
2- Inventorier les différents types d’oeuvres d’arts : peinture, dessin, sculpture,
photographie, installation, vidéo…
3- Identifier les critères particuliers de chaque type d’oeuvre
- tableau : support – bois, toile, carton… / type de peinture – huile, acrylique, gouache… /
la signature / le cadre...
- sculpture : matériau utilisé (terre, pierre, résine…)
- photographie : noir et blanc /couleur...
- installation : mobilier / objets quotidiens / ambiance sonore / lumineuse…
4- Se préparer à la visite
S’interroger sur ce que l’on va voir ; émettre des hypothèses à partir du thème ''Memento,
Nature morte, vanités''
Définir, rechercher toutes les significations du mot 'Memento', nature morte et vanités
(dictionnaire, et aussi sur internet des documents, images, oeuvres d'art, artistes...) et
dresser une liste de mots en relation avec la thématique.
Recherche particulière sur la symbolique des éléments qui constituent une peinture sur les
vanités.
Vocabulaire pour le Primaire : objets quotidiens, enfance, environnement
Collège : nature morte, humour…
Lycée : scénographie, écologie, vanité…
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Quelques objets ?: crânes - verres - miroirs - bougies - fleurs - fruits - citrons - raisin insectes - papillons - bijoux - sabliers - bulles de savon - livres - perles - crustacés - volailles armes - instruments de musique… objets anciens mais aussi contemporains ?
(Evolution des matériaux et des éléments de la Nature morte en fonction des époques).
Contacter la médiatrice/responsable du lieu de la visite, afin de définir les objectifs de la
visite.
Préciser les règles à respecter dans un lieu d'exposition d'oeuvres d'art et préparer
éventuellement le matériel (carnet de croquis, crayons, gomme, appareils photos...).
2.2.2 - PENDANT LA VISITE
Rappeler aux élèves les règles à respecter dans un lieu d’exposition : rester calme (écouter
et regarder, ne pas courir/parler fort…), ne pas toucher aux œuvres (les regarder à 1,50 m
minimum de distance, aussi pour mieux les étudier), sacs à dos posés à l’entrée…
Faire
asseoir
si
possible
les
élèves
afin
de
fixer
leur
attention.
Vérifier que les élèves voient bien l’œuvre et attention aux reflets sur les tableaux.
Et ne pas vouloir tout voir/étudier même pour le cycle 3 : certains préconisent même de
présenter 6 œuvres maximums par heure mais on peut passer rapidement devant chaque
œuvre (sauf exception) en ne parlant que d’une ou deux particularités/mots clés…
1. Les trois dimensions à prendre en considération pour toute confrontation à une oeuvre
d’art sont :
La dimension iconique (qu’est-ce que je vois ?) : quels sont les objets représentés, la
composition (lignes directrices ?).
La dimension plastique (quel est le support? comment l’artiste a-t-il procédé ?) :
catégorie ? (peinture, installation, photographie etc.), et aussi matière et support utilisés ?.
La dimension sensitive (qu’est-ce que je ressens ? comment j’interprète ?) : lister les objets
et rechercher leurs sens, leurs symboliques. Pourquoi peindre une vanité ou une nature
morte ? A qui s’adresse-t-elle ? Comment reconnaître une vanité ?.
2. Lors de la visite : le sens à suivre peut être non défini SINON par exemple prendre dans
le sens des aiguilles d’une montre à la salle Beaudemoulin.
Devant l’oeuvre, on laissera aux élèves le temps d’observer, de changer de points de vue
(pendant les 5 premières minutes, les laisser libre d’aller dans la salle !); on repérera des
solutions plastiques ; on pourra faire des relevés des éléments significatifs de l’exposition
(croquis, remplir une fiche d’identité par œuvre choisie, photos en gros plan de certains
éléments pour jouer en classe à la photo mystère) ; repérer des points communs entre
différentes oeuvres ; se choisir une oeuvre préférée à l’issue de la visite (par élève ou pour
la classe).
3. On s’exprimera sur les effets obtenus, sans pour autant s’enfermer dans un décodage
formel des images/oeuvres (laisser une certaine liberté d'appropriation par le spectateur).
• Pour chaque oeuvre, on proposera des points de vue, des filiations artistiques, héritages
et réappropriations, des pistes de travail en pratiques artistiques, des sites à consulter.
• Selon le cycle, le projet de classe mis en place, et les expériences artistiques déjà
réalisées, on ira à la cueillette d’indices, de références, propres à alimenter le vécu de la
classe, et à participer à une construction commune de savoirs et de pratiques artistiques.
- Faire retrouver aux élèves la signification des œuvres.
- Pour chaque objet symbolique, demander aux élèves quels objets on emploierait
avant le XXe s. pour représenter la même idée (le caviar est un symbole de richesse, au
27
XVII s. c’était la mandarine ; les guitares électriques seraient représentés par des violons
etc.).
4. Visite en deux temps (être attentif à la gestion du temps):
a) 'Memento, Nature morte et vanités' : visite de l'exposition, avec l'enseignant et le
médiateur culturel.
b) 'Atelier' : si possibilité sur place, les élèves dessinent, colorient, peignent (gouache) en
s'inspirant de leur œuvre préférée ou sur le thème (voir les sujets de réflexions plus bas).
2.2.3 - APRES LA VISITE
Compte rendu oral/écrit de la visite : ''Ce que l’on a vu, senti, aimé ou non, compris ou
non, ce que l’on a appris... '' Travail sur le lexique spécifique qui aura été entendu lors de la
visite.
Elaboration d’une « carte d’identité » pour certaines œuvres ou éléments à mettre dans le
‘cahier personnel d’histoire des arts’ :
Un visuel (croquis réalisé lors de la visite ou photo), le titre, le nom de l’artiste, la date de
création, le contexte historique, la nature de l’œuvre, les matériaux employés, le lieu et
date d’exposition, le titre de l’exposition... Chaque élève pourra choisir son œuvre
préférée et exprimer par écrit ses sentiments et émotions à son sujet.
+définition de la nature morte et de la vanité.
-DES OBJETS SYMBOLIQUES : on introduira ici la valeur symbolique des natures mortes.
Certains symboles ne sont pas accessibles aux élèves (références sociales, religieuses,
philosophiques...) mais l’enseignant pourra évoquer des sujets qui s’y rapportent : les cinq
sens, la vanité, l’argent…
- Demander aux élèves d’apporter un objet “qui leur ressemble le plus” (symbole de
leur tempérament, de leur loisir préféré…).
- Associer des objets à des professions, pour introduire l’idée d’attribut lié à un personnage,
comme le stéthoscope du médecin.
- réaliser des autoportraits par juxtaposition d’objets ou par collage comme Raoul
Hausmann (artiste dada des années 1920).
- créer des natures mortes symboliques sur le thème de l’amitié, de l’enfance ou de
l’école. Les élèves choisissent des objets qui représentent les activités et les
sentiments liés à ces thèmes pour composer des natures mortes accompagnées d’un
texte explicatif (pour l’école : la récréation sera représentée par une petite cloche, les
feuilles des arbres de la cour par des cartes à jouer ; le travail sera une page écrite…).
PISTES PEDAGOGIQUES POUR LE 1ER DEGRE (s’adapter suivant les cycles) :
- Apprendre à construire un univers extraordinaire (une Nature morte ‘extravagante’) et
faire de l'art à partir d'éléments tout à fait ordinaires :
Utiliser différents modes d’expression pour documenter cet univers (objets, dessins, textes,
photos, vidéos, sons, collages, photocopies, etc.) ;
Aborder la question de la série et de la collection ;
Etudier l’idée de la récupération et du recyclage... :
- La ‘série’ dans l’Art : c’est quoi ?!. Chaque élève prendra dans la nature des végétaux
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afin de faire une composition (nature morte) puis de la dessiner et enfin constituer une série
avec tous les dessins réalisés par la classe.
- L’art de composer une nature morte: faire une nature morte ‘pays’ (fruits, fleurs, légumes…
de la Réunion) ou imposer un thème et trouver les objets adéquats : nature morte
agréable avec des objets doux/moelleux, nature morte agressive avec des objets
pointus, rouges et noirs…
- Travailler les notions de situation, grâce à un jeu de cartes conçu sur le thème de la
nature morte. Les élèves tirent une carte objet (par exemple : pomme), une carte
position (par exemple : devant) et une seconde carte objet (par exemple : carafe) : ils
doivent placer la pomme devant la carafe.
Reprendre le jeu précédent en activité physique : les élèves deviennent les objets de la
nature morte (ils miment les fruits ou les objets en se mettant en boule, allongé, debout,
bras écartés…). On prend une photographie pour immortaliser la composition créée.
- Travailler les ‘contrastes’ entre une nappe (ou un drapé) et les objets posés
dessus : utiliser des tissus avec différentes couleurs…On pourra ainsi aborder la notion de
couleurs complémentaires (par exemple, la vive opposition entre orange et bleu).
- Analyse comparative d’œuvres : confronter deux œuvres, par exemple : Philippe De
Champaigne ‘la Vanité, ou allégorie de la vie humaine’ v.1646 musée de Tessé, Mans et
Gerhard Richter ‘Shadel’ 1983 - Huile sur toile 55x50 cm.
- Démarches artistiques contemporaines :
-Mener une activité mêlant Nouveau Réalisme et écologie : les élèves apportent toutes
les bouteilles de lait vides qu’ils ont chez eux. On en fait une gigantesque accumulation à
la façon de l’artiste français Arman. Puis on envoie toutes ces briques de lait au
recyclage
(idem
avec
les
bouchons plastique, les bouteilles d’eau…).
-Lister des objets contemporains pour illustrer des vanités (cycle 3), représenter ces objets
afin de composer une vanité.
-Une accumulation : l’élève doit ramener en classe un objet de la maison qui lui tient à
cœur (jouet, livre, doudou….cahier d’exercices de mathématiques/on peut rêver) puis
réaliser différentes accumulations à partir de tous ces objets (concurrence entre groupe
d’élèves): choisir la composition la plus réussie (choix des objets, organisation spatiale,
effets visuels) et l'installer dans différents lieux de l’école, photographier et comparer les
effets
produits.
- Créer un musée du passé (“Quand j'étais petit…”) à la façon de l’artiste Christian
Boltanski : les élèves rassemblent des objets qui rappellent leur petite enfance et les
exposent dans des vitrines. On peut également faire un musée du futur (“Quand je serais
grand…”) où les élèves exposent des objets représentant ce qu’ils souhaitent devenir.
- Créer des ‘repas de couleur’ (comme l’artiste Sophie Calle) : exercer le goût en
composant une table servie dont tous les aliments sont rouge, bleu ou jaune…
PISTES PEDAGOGIQUES POUR LE SECOND DEGRE
Un site intéressant (d’où sont extraites quelques idées):
http://artsplastiques.discipline.ac-lille.fr/news/nature-morte-personnelle-amelie-pohan:
séquence pédagogique présentée par Amélie Pohan - Collège Georges BRASSENS - 62 350
SAINT-VENANT… et cliquer sur les éléments téléchargeables (documents à compléter par
l’élève etc.) en particulier sur ‘nature morte contemporaine’ (avec documents),
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‘document de travail de l’élève’, ‘document d’aide au travail’.
Questionnaire à soumettre aux élèves :
1- Qu’est-ce qu’une nature morte ? (donner une définition, déjà connu avec des œuvres
présentées dans une séquence précédente)
2- A partir de quel siècle devient-elle un genre à part entière ?
3- Quel est le siècle d’or de la nature morte en Europe ?
4- Comment dit-on « nature morte » en anglais ?
5- Une « nature morte » en peinture est par exemple (5 bonnes réponses) :
□ Un bouquet de fleurs
□ Un personnage assis
□ Une forêt brûlée
□ Une pendule sur une table □ Une barque cassée sur une plage
□ Un canard mort sur une table de cuisine □ Un vase
□ Un instrument de musique □ Une voiture arrêtée sur une route de campagne
6- Quels sont les éléments (6 minimums) souvent représentés dans les natures mortes ?
7- Qu’est-ce qu’une vanité ? (donner la définition)
8/9- Trouver une nature morte du XVIIème siècle et une autre réalisée entre 1960 et
aujourd’hui :
 Nom de l’artiste, titre de l’œuvre et date de réalisation
 Image de l’œuvre
 Description de l’œuvre en quelques lignes
10- Quels sont les changements et les similitudes entre les deux œuvres que vous avez
choisies ?
-Réaliser une nature morte personnelle : les élèves doivent mettre en scène 8 objets les
symbolisant (issus de leur fiche de réflexion où les élèves doivent se définir en donnant:
Deux de leurs goûts, de leurs loisirs, de leurs qualités, de leurs défauts. Ensuite, ils doivent
trouver les objets pouvant symboliser leurs réponses) et les photographier en classe.
Contrainte : Chaque élève devra accorder de l’importance à l’organisation des objets, au
fond, au cadrage, à l’angle de vue. La mise en scène des objets ainsi que la couleur
(préférée ou symbolisant un trait de leur personnalité) choisie pour le fond, devront
également refléter leur personnalité.
-Les comptines enfantines condensent souvent les valeurs traditionnelles de la culture à
laquelle elles appartiennent. Transcrivez une comptine en relation avec l’alimentation, la
cuisine ou ses ingrédients sous la forme d’une installation. Le choix des objets, leur situation
dans l’espace, leur organisation... seront déterminants pour rendre l’installation signifiante.
‘’As-tu balayé - Marie, as-tu balayé ta chambre ? - Oui maman- Qu’as-tu trouvé ?- Une
orange- Et qu’en as-tu fait ?- Je l’ai mangée- Oh ! petite gourmande va-t-en’’.
-La valeur symbolique de l’objet :
Un théâtre d’objets : un objet nous parle mais il peut avoir un sens suivant une mise en
scène choisie, faire jouer plusieurs rôles pour un même objet suivant les situations (en arts
visuels, théâtre).
-Casser la pub ! : la publicité ne propose pas à un homme d’acheter une voiture
simplement pour se déplacer mais de la virilité ou du prestige (une belle femme y est
présente pour l’attester !) etc… A l’inverse, peut-on construire une affiche contre-pub avec
des objets où le symbole n’est plus du tout idyllique ?
-Composer une nature morte ou une vanité en art contemporain : avec une thématique
comme La Nature morte espace du 'conte et de la magie' - La Nature morte
'Symbolique’ - La Nature morte des '5 sens' – La Nature morte ‘Intime’ – La Nature morte
‘Réunion’ (ananas, ‘Dodo’…) – La Nature morte ‘Imaginaire, avec la nature comme
source
de
matériaux’…
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INFORMATIONS PRATIQUES
1 EXPOSITION « MEMENTO », MODALITES D’ACCUEIL :
(ENTREE LIBRE ET GRATUITE)
MEDIATHEQUE (19 rue Victor Le Vigoureux) :
Médiation scolaire/Accueil de groupes, sur inscription – VISITE GUIDEE OU LIBRE :
[email protected] / ligne directe : 02 62 55 18 69.
Mardi, jeudi, vendredi et samedi de 13h à 18h ; Mercredi de 8h30 à 12h et 13h à
18h ; Dimanche 15h à 18h. Tél. 0262 55 02 19
SALLE BEAUDEMOULIN (rue Fréjaville) :
Médiation scolaire/Accueil de groupes : sur inscription – VISITE GUIDEE OU LIBRE.
Mardi, jeudi et vendredi de 9h à 13h et 14h à 17h ; Mercredi de 14h à 18h et
samedi de 10h à 18h. Tél. 0262 57 62 66.
CITE DU VOLCAN (Bourg-Murat) :
Lundi de 13h30 à 17h ; Mardi au dimanche de 9h30 à 17h.
Tél. 0262 59 00 26 - www.museesreunion.re
ET AUSSI
2 Hors les murs !, ‘Chemin de sculptures’ avec L’association CARAMBOLE :
Parcours de santé de La Pointe et Parc des Palmiers :
du 28 août au 27 septembre (présentation à La Pointe le 5 septembre à 11h).
3ème édition de ce partenariat avec l’association Carambole qui propose un
ensemble de «tableaux vivants» sur le parcours de santé de La Pointe, sur une
idée originale de l’artiste jardinier Michel Davo.
3 Education artistique
Bibliothèque universitaire Campus du Tampon :
Esther Hoareau ‘’Aurorescent’’, Exposition du 31 août au 26 septembre. Rencontre
enseignants le jeudi 10 septembre à 16h et Vernissage à 17h30.
L’artiste sera la première à intervenir dans les établissements scolaires, à compter de la
rentrée 2015, dans le cadre de l’appel à projets « Les nouveaux jardins » initié à l’occasion
du Contrat local d’éducation artistique (CLEA) du Tampon. Elle présentera ici un aperçu
de son travail récent : dessin, photo, volume.
Ouvert du lundi au vendredi de 7h30 à 18h30, le samedi de 8h à 12h.
Retrouvez tout le programme du Mois de l’art contemporain
qui regroupe
de nombreux lieux d’exposition au Tampon sur :
www.letampon.fr et facebook : le.tampon.ville.culturelle
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