Mmh. Bonne question, ça. Pourquoi tous les gens que tu
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Mmh. Bonne question, ça. Pourquoi tous les gens que tu
Mmh. Bonne question, ça. Pourquoi tous les gens que tu croises depuis que tu es né sont des connards. Je sais pas tout, tu vois, mais j’ai une idée de la réponse. Je veux dire, à part ta gueule de rakk, qui est déjà une bonne excuse. Par contre, pour ça, va falloir écouter Tonton Marcus, que je te raconte l’histoire. Oh, ça va, fais pas la gueule. Hearth, le foyer. Un chouette nom, pour la planète la plus pourrie de la galaxie. Tu sais pas, toi, tu es né là, mais moi je te le dis, il n’y a pas pire comme endroit. Le type qui a découvert cette planète, il était à la tête d’une néocorp de tourisme. Et il a eu comme idée lumineuse d’en faire un parc à safaris. Donc il a sélectionné avec amour les bestioles les pires de Hearth, il les a améliorées pour qu’elles représentent un challenge, et il les a adaptées à l’atmosphère terrestre. Ensuite, il a commencé la terraformation. Et là, BAM, la crise. Hearth, à moitié terraformée, à moitié invivable, a été revendue au plus offrant. Que faire d’un demi-enfer ? L’acheteur était un consortium minier, Rockhart. Ils se foutaient de l’aspect de Hearth, ils voulaient juste la piller. Rockhart, ils ont mis en place la plupart des réacteurs thermiques. C’est aussi à eux qu’on doit le système Ech¤, qui leur servait de transport et de communication. C'est comme ça que les gens disparaissent et apparaissent ailleurs. Parce que finalement, on peut générer presque n’importe quoi comme objet, en le digistructant. Mais il existe certaines matières, tout ce qui est radioactif, déjà, que même avec le schéma digital, c’est pas possible d’en créer, en arrangeant les molécules. Du coup, certains minerais ont encore de la valeur, et il fallait les envoyer dans l’espace par vaisseau, même avec le système Ech¤. Le vieil astroport lunaire, s’il existe toujours, c’est Rockhart. Ils ont commencé à forer, mais avec toutes ces affreuses saloperies qui bouffaient leurs mineurs, ou qui faisaient fondre leurs drones, ils ont fait appel à une autre neocorp : Dahl, spécialisée dans la protection des mines. Dahl, tu peux voir leur logo sur beaucoup d’Autoloc, ils avaient aussi besoin de camions. De tanks glisseurs. Ou des poubelles automatiques. Bref, un jour, il n’y a plus rien eu à miner. Hearth ne valait vraiment plus rien, c’était devenu un demi-enfer troué de partout. Rockhart s’en est débarrassé, ils ont vendu Hearth à Dahl, qui l’a refourguée à son consortium : le cartel des armes. Tediore, Torgue, Maliwan, Vladof, Jakobs, tu les connais tous. Ils font des armes, et ils le font bien. Et avec ça, deux ou trois autres néocorps, du genre Anshin, ou Pangolin, pour la protection et les soins. Un endroit invivable, c’est parfait pour des gens invivables. Hearth est devenue une colonie pénitentiaire. On y jetait les criminels pour qu’ils s’y entretuent. Mais le génie du cartel, ça a été de les faire payer pour ça. Qui mieux qu’un criminel saurait user de leurs produits ? Donne un keburger à un gars, il aura à manger. Donne-lui un gun, et là, il butera le vendeur de keburger et aura beaucoup plus à manger. Donc pour vendre leurs armes, le cartel a parachuté tout un tas de distributeurs. Des distriguns, pour la plupart, mais aussi des distrimedocs, ou des distriballes. Tu mets des crédits, une arme est générée à partir de molécules de base : c’est magique. Du coup, ces repris de justice ont aussi testé les prototypes du cartel. Les armes les plus colossales donnaient naissance à des clans prestigieux. Les boucliers énergétiques les meilleurs baptisaient les champions. Des connards, hein, mais classieux, tu vois. En plus, à l’époque, le système Ech¤Death marchait correctement : les plus riches pouvaient s’offrir des résurrections infinies. Il y avait des stations Ech¤ partout. Tu remarqueras que je n’ai pas parlé de distribouffe : depuis le départ de Rockhart, on en a plus vu la queue d’un. Faudrait pas que des criminels aient la vie facile. Qu’ils crèvent avec classe, en payant cher, mais le ventre vide. Et là, tu me dis que tu comprends. C’est pour ça que ça craint partout. Oui, mais non. Tu manques d’ambition, petit. Ça peut toujours être pire. Quelque part ailleurs, sur une autre planète, des types ont découvert une cachette alien. Et simultanément, sur plein d’autres mondes, est apparue une nouvelle ressource : l’éridium. L’éridium, c’est un cristal quantique. Qu’est-ce que ça veut dire quantique ? Et bien je sais pas trop, mais c’est exactement ça : on ne sait pas. Imagine que tu sois assez con pour bouffer des abrimures sur lesquelles un skag a pissé. Quantiquement, tu pourrais être en train de digérer un truc un peu gerbant mais nutritif. Ou tu pourrais aussi être une bombe à merde à retardement. L’éridium, c’est pareil, c’est instable. Evidemment, on ne peut pas en digistructurer, on ne peut même pas prévoir son schéma digital. Donc, c’est très recherché, comme minerai. Ça n’a pas loupé, on a eu notre lot d’archéologues timbrés et de géologues cupides, et ils en ont trouvé, plein. Le problème de l’éridium rouge, c’est que si tu tapes dedans, ça peut changer ta chair en bouillie, ou te filer le cancer, ou te faire pousser un bras en plus. Le problème de l’éridium bleu, si tu le heurtes trop violemment, c’est que ça chamboule ton cerveau, ça te donne des hallucinations. C’est pas pratique à exploiter, donc ils ont envoyé des robots pour le faire : pas de chair, pas de ciboulot. Et pour ne vraiment pas avoir de main d’œuvre humaine, ils ont obtenu le droit de fabriquer des méchroïdes, qui contrôlent les robots. Comme les Cl4ptr4p, par exemple. Ils auraient mieux fait de s’abstenir. Le problème de l’éridium jaune, c’est que ça fait exploser la matière. Au mieux. Des fois, ça la change en autre chose. Mais ça ne fait rien aux structures organiques. Du coup, ils ont envoyé des fabriques de clones. Ce qui explique pourquoi il y a tellement peu de femmes, chez les Deathpunks. Bref, pendant quelques années, tout a roulé pour le mieux. Les machines de terraformation ont été relancées, on a vu des richesses se créer et grimper jusqu'en orbite aussi vite qu'elles ruinaient les autres, des mégapoles instantanées ont vu le jour, des queues de colons se sont succédées aux stations Ech¤... Mais la richesse, ça provoque l’envie, et la cupidité, ça dissout les alliances les mieux cimentées. Entre les membres du cartel, il y a eu du gaz dans le potage. Des guerres larvées ont débuté, entre les armées de mercenaires subventionnées par leurs maîtres fortunés. Hyperion contre Atlas, par exemple. Et avec tout ça, tu peux rajouter tous les chercheurs d’éridium illégaux que tu veux, aussi avides et cupides que possible. Ah, là, ça commence à ressembler à ce que tu connais. Mais ce n’est pas fini ! On ne sait pas ce qui s’est passé, exactement. Selon moi, un connard a collé tout un tas d’explosifs dans une veine d’éridium bleu, et celle-ci était tellement vaste, que ça a résonné à travers toute la planète. Pour la plupart des gens, il n’y a pas besoin d’explication : l’éridium, c’est instable. Bref. Selon les régions, on appelle ça la Catastrophe, le grand Cataclysme, le Maelstrom psychique, ou la Fin. En tous cas, ça a provoqué un beau bordel : tout le monde est devenu dingue. Déjà que la moyenne n’était pas très lucide, on s’est tous mis à dérailler sérieusement de la cafetière. Ouais, même moi : je me suis pris pour un dieu. Un dieu des gunz. Fini l’âge d’or ! Comme si quelqu’un avait ouvert la boîte des pires vices humains, des communautés entières se sont mises à terroriser, à haïr, à jouir, à violenter, ou même à manger leurs voisins. Enfin, pour ceux qui ne le faisaient pas déjà. Des tyrans mégalomanes et psychotiques ont fondé leur règne sur la cruauté et la terreur, réduisant en esclavage des serfs lascifs incapables de faire autre chose que de forniquer ou de bouffer. Le système Ech¤ est tombé en rade. Plus de méchroïde, plus de distributeur, plus rien d’électrique ne fonctionnait, sauf ce qui marchait à l’éridium. Même les balises Ech¤ comme celle qui te maintient en vie ont commencé à tomber en rade, et des gens sont morts, pleins, spontanément. Les machines de terraformation ont tourné de l'œil, le climat a commencé à gîter dans le décor. Plus rien à manger. Le plus drôle, c'est que comme l'ambiance a commencé à ressembler à celle de Hearth avant qu'on mette le pied dessus, la faune s'est sentie toute guillerette et s'est multipliée. Pourquoi on n'a pas eu de secours de la part du reste de la galaxie ? Ah, tu ne sais pas ce qu'est une galaxie... Bah, dis-toi qu'on est livré à nous même, c'est tout. Le système ech¤ remarche, mais pas moyen de contacter qui que ce soit au-delà de Hearth. En tous cas, tous ceux qui ont réussi à décoller de la planète ne sont jamais revenu, et ils n'ont pas envoyé de carte postale. En même temps, si j'étais eux, j'en aurais pas envie non plus. Pendant plusieurs années, on ne sait pas exactement combien, le délire général a réduit l’humanité de Hearth à un cauchemar. Toutes les itérations génétiques héritées des diverses races extraterrestres que l'humanité a absorbées, sans système ech¤ pour les garder muettes, elles sont ressorties : bonjour les mutants ! Le salut est venu d’une nouvelle secte, les Mystiques. Ces espèces de païens proches de la nature ont prétendu être envoyées par 7 Vierges totems, pour sauver l’humanité. Chaque vierge représente une caste de leur société : la guerrière, la femme des bois, la croque mort, la putain, et la juge. Ils vivent comme des sauvages, mais comme ils n’aiment pas trop la technologie, ils y vont molo sur les massacres : ils refusent d'utiliser le système Ech¤, donc ils meurent vraiment, mais ils acceptent ce qui fonctionne à l’éridium. Forcément, ils n’apprécient pas trop les Scientistes, pour des raisons religieuses. Pourtant, ils ont calmé le climat et les gens. Personne ne sait vraiment comment ils ont fait, on raconte qu’ils ont vraiment des pouvoirs, et qu'ils usent de magie, ou qu'ils relèvent les morts, mais le principal c'est qu'ils ont réussi, et petit à petit, le calme est revenu. Logiquement, certaines communautés nouvelles ont vu le jour, avec comme but de reconstruire. Un peu d’ordre dans un océan de connerie. On les appelle les Scientistes. Et ils y sont parvenus, dans plusieurs endroits, des villes avec tout qui marche, un peu comme avant. Ils ont remis en place une partie du système Ech¤, au moins pour communiquer et pour la monnaie. L’économie est beaucoup basée sur le troc, mais les crédits ont cours là où il y a des relais Ech¤. De temps en temps, on répare un relais ech¤, et on peut extraire de sa mémoire les gens qui y étaient sauvegardés. Les seuls qui paient pour eux, c'est l'Eglise du Nouveau Nom, un groupe de scientologistes, et les Deathpunks : ça fait des esclaves pas chers ! Certains racontent que les Scientistes n’auraient pas pu y arriver tous seuls, et qu’ils ont eu de l’aide, soit du cartel des armes, qui serait parvenus à envoyer des vaisseaux à travers le Maelstrom psychique, ou à débloquer complètement une antenne Ech¤, soit des méchroïdes super-intelligents qui se seraient préservés, et qui n’auraient pas fondu les plombs. Mais bon, pour aussi rationnels qu’ils essaient d’être, les scientistes restent quand même pas mal atteints. Il y en a qui imposent la loi martiale et militarisent leur ville, pour éradiquer les Deathpunks, en tant que race. Comme si c'était marqué sur la gueule ! Et on a vu un général de l’armée néorépublicaine charger une forteresse confédérée à lui tout seul, en choisissant justement d’escalader la falaise la plus élevée qui y mène. Un joyeux débile, si tu veux mon avis. Mais ça ne vaut pas le maire confédéré : il avait fait de sa forteresse un bunker méchroïde volant complètement fou. Ça donne de bonnes histoires à raconter, en tous cas. Soyons réalistes : les Mystiques ont fait ce qu’ils ont pu, mais il y a de gros restes. On voit ça tous les jours, tout le monde conserve un sacré grain. Ce n’est rien comparé à celui qu’entretiennent les Deathpunks, par contre. Leur grain, il a bien poussé, il a fait des feuilles et leur sort par les ouïes. Le Deathpunk de base ne cherche pas à faire quoi que ce soit de constructif, sauf à améliorer sa faculté de destruction. Les Deathpunks ne survivent qu’en pillant les ressources de leurs voisins. Le travail, pour eux, c’est un gros mot. Au mieux, ils réduisent la population en esclavage, et les laissent produire leur bouffe. Sinon, ils rasent tout, et se déplacent un peu plus loin. Leurs chefs sont des Khans, s'ils ont des armures de clan, et des Digits riders, s'ils ont des véhicules volants. Leurs hordes regroupent tout et n'importe quoi : des clones amnésiques, des familles de mutants cannibales, des cyborgs fous, des révolutionnaires drogués... Il y en a même qui auraient des pouvoirs mentaux ! Un Deathpunk, c’est une plaie : ne t’en approche pas. Leur seul dénominateur commun, c'est d'être psychopathes. Ils ne craignent pas les Scientistes, qui sont leurs proies favorites. Par contre, ils ont une sainte horreur des Mystiques, parce qu’ils restent superstitieux, et qu’ils craignent leurs pouvoirs. Voilà. Tu sais tout. Bienvenue sur Hearth.