un phénomène inscrit dans la mentalité du peuple gabonais
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un phénomène inscrit dans la mentalité du peuple gabonais
LA SORCELLERIE : UN PHENOMENE INSCRIT DANS LA MENTALITE DU PEUPLE GABONAIS (1839 A 1960) ? Dieudonné MEYO-ME-NKOGHE Ecole Normale Supérieure Libreville (GABON) Résumé La sorcellerie apparaît comme un phénomène se produisant davantage dans les sociétés communautaires. Elle existe depuis l’Antiquité et est présente dans les territoires qui deviennent français à l’époque coloniale. Au Gabon, le sorcier fait partie de l’univers social de la victime avec laquelle il a des liens de sang ou des relations de proximité. Autrement dit, le sorcier ne vient pas de loin. Ce phénomène est présent dans les relations sociales des populations du territoire depuis l’époque précoloniale et coloniale et semble être, une constante des rapports entre les membres d’une famille, d’une maisonnée ou d’un village. Cet article qui voudrait montrer l’omniprésence de la sorcellerie dans les relations sociales des populations du territoire comporte deux parties. La première voit les fondements du phénomène et sa conception gabonaise (I). La seconde s’intéresse aux faits de sorcellerie depuis les premiers explorateurs jusqu’à l’indépendance (II). Mots clés Gabon, Histoire des mentalités, Sorcellerie, Sociétés secrètes, Hommes panthères, Crédulité publique, Période précoloniale, Période coloniale. Abstract Sorcery appears to be a phenomenon holding more in communautary societies. It has existed since the Antiquity and has been evident in the territories which became the French territories at the colonial time. In Gabon, the sorcery is a part of his victim social universe with colon he has some blood links or some close relationship. This has led people to assert that the sorcerer never comes from afar. This article would like to show that sorcery is always present in the populations social relationships of the territory. It is divided into two parts: The first one shows the foundations and the Gabonese conception of the phenomenon (I), and the second part is concerned with the sorcery’s facts from the first up to the independence eve (II). Key words Gabon, History of mentalities, Sorcery, secret societies, Panthers men, Public credulity, precolonial period, colonial period. Introduction Le mot sorcellerie a un caractère polysémique. Il s’agit d’y distinguer d’après Thomas, le sorcier dont la réalité est orientée vers le mal, la nuit, la destruction, l’anti-social et le magicien, au contraire, qui appartient au bien, à la lumière, au jour, à la construction et au social (1992 : 76). Cette dualité renvoie à trois registres c’est-à-dire qu’elle est d’abord un système reflétant les relations dans le groupe social dans lequel elle se produit. Elle est aussi une pratique ou une technique impliquant l’intervention maléfique et enfin, elle apparaît comme une théorie interprétative et normative de la réalité sorcière. Cette théorie sorcière est ici considérée dans sa réalité gabonaise. Ce territoire, vaste d’un peu plus de 267 000 km 2 compte en 1960 444 264 habitants qui en 1930, étaient estimés à 407 000 habitants (Moulengui, 1985 : 85). Cette population, majoritairement rurale, milieu propice à la sorcellerie, se compose de nombreuses ethnies dont la réalité spirituelle renvoie à la cosmogonie bantoue fondée sur les composantes de la personne humaine dans ses relations avec ses semblables et avec l’environnement. Un article sur la sorcellerie, de nos jours, s’explique pour plusieurs raisons. Le phénomène entre dans les préoccupations liées à l’histoire des mentalités. En outre, on en fait état de plus en plus au Gabon, suite aux meurtres rituels qui se produisent quotidiennement. Enfin, il s’agit de tenter de montrer l’ancienneté du phénomène enraciné dans la mentalité et l’histoire du Gabon. Pour l’appréhender, il importe de remonter à l’année 1839 qui marque les premiers accords de cession des parties du territoire à la France, prélude à son exploration. C’est au cours de ces mouvements que sont relatés les premiers faits de sorcellerie auxquels sont confrontés les explorateurs. L’année 1960 quant à elle, marque l’indépendance du Gabon, c’est-à-dire la fin d’une conception française du phénomène sorcier qui est en contradiction avec celle des Gabonais. Les sources permettant de traiter le sujet sont les archives regroupés au sein des cartons 5 D 64 et 5 D 233 localisés au Centre d’Archives d’Outre-Mer (CAOM). Ils contiennent des informations sur les hommes panthères, les sociétés secrètes, initiatiques et les affaires concernant les talismans qui entrent dans la conception coloniale de la sorcellerie. Des ouvrages existent sur le sujet. Celui de Mandrou, Magistrats et sorcières en France au XVIIe siècle (1980) montre le changement de mentalité des magistrats de Paris vis-à-vis des sorcières à partir du XVIIe siècle. L’œuvre de Zahan quant à elle, Religion, Spiritualité et pensées africaines (1970) aborde de façon anthropologique le phénomène de la sorcellerie tandis que celui de Raponda, Rites et croyances des peuples du Gabon (1995) fournit des informations sur la conception gabonaise du phénomène. Mais parmi les sources imprimées, les ouvrages de Muchembled fournissent des informations importantes sur le phénomène en Occident du Moyen Age à nos jours. Cette documentation a permis de réaliser les deux parties de cet article dont la première présente l’évolution du phénomène et sa conception gabonaise. La deuxième montre les faits de sorcellerie pendant les périodes précoloniale et coloniale dans le territoire. I. La sorcellerie : une histoire de la longue durée ! C’est depuis l’Antiquité que plusieurs auteurs consacrent des études à la sorcellerie. Elle est considérée comme un phénomène permettant de maîtriser les forces de la nature et devient répréhensible à la fin du Moyen Age en Europe. Les Gabonais en ont une conception particulière basée sur la croyance bantoue de l’existence de plusieurs entités dans la personne. I.1 Evolution de la sorcellerie L’étude de la sorcellerie du point de vue historique s’inscrit dans une approche basée sur l’histoire des mentalités. C’est vers les années soixante que cette histoire s’impose comme concept dans l’historiographie française. Elle désigne alors et selon Chartier «les… psychologies essentielles, celles à l’œuvre dans la construction du temps et de l’espace, dans la production de l’imaginaire, dans la perception collective des activités humaines, qui sont mises en œuvre au centre de l’observation et saisies dans ce qu’elles ont de différents selon les époques historiques» (1998 : 39). Les origines de cette histoire sont lointaines. Elles se fondent sur l’Intellectual history, apparue aux Etats-Unis au début du XXe siècle. A sa suite, Lovejoy avance l’idée d’une history of ideas considérée comme ayant un objet, un programme et des procédures propres. En Europe, c’est essentiellement en Allemagne qu’on parle de Gestesgeschichte alors qu’en Italie, c’est la Storia intellectuale. Il faut attendre les penseurs des Annales notamment Febvre et Bloch pour que l’histoire intellectuelle soit considérée comme celle qui s’écrit en son temps. Pour étayer cette affirmation, Febvre formule alors deux questions qui ouvrent définitivement le chantier de l’histoire des mentalités : Peut-on réduire aux catégories historiques traditionnelles les pensées contradictoires d’un homme et son milieu ? Et, en qualifiant de réforme l’effort de rénovation religieuse, ne faussons-nous pas la réalité psychologique d’alors ? En établissant ce double écart entre les manières de penser et les notions et entre ces pensées anciennes et le terrain social où elles s’inscrivent, Febvre indiquait ainsi définitivement la voie à suivre pour l’histoire des mentalités. C’est alors et selon Le Goff qu’elle s’impose comme «ce qui échappe aux sujets individuels de l’histoire parce que révélateur du contenu impersonnel de leur pensée…» (1961 : 937-966) rejoignant ainsi la préoccupation liée à la longue durée qui est en définitive la problématique posée par Braudel dans la Méditerranée1 et que Chaunu qualifie d’histoire du troisième niveau. Le terme magie est appliqué pour la première fois aux phénomènes mystérieux au XIIIe siècle. Le glissement du mot magie à sorcellerie étant, en Europe, une affaire de classe sociale. En effet, les gens instruits c’est-à-dire l’élite utilise, en terme d’érudition le mot magie tandis que les gens ordinaires, le Tiers-Etats préfère celui de sorcellerie. Concernant celle-ci, c’est Mandrou, qui le premier l’oriente définitivement vers l’histoire des mentalités. En effet, c’est dans sa thèse2 publiée en 1980 qu’il réussit à montrer le changement d’attitude des magistrats de Paris face à ce phénomène au XVIIe siècle. Pour lui, à partir de ce siècle et grâce au tribunal de Paris, l’approche manichéenne basée sur la religion et opposant Satan et Jésus, le bien et le mal, est abandonnée au profit d’une nouvelle posture affirmant que les sorciers ne seraient finalement que de simples d’esprits. L’inquisition et les bûchers contre les sorcières sont alors abandonnés traduisant une évolution, une mutation lente des mentalités sur le vieux continent. Dans de nombreuses œuvres qu’il a consacré à la sorcellerie, Muchembled étudie de nos jours et en Occident, le phénomène du point de vue historique3. Dans Une histoire du diable. XIIe-XXe siècle, Il avance l’idée que le diable serait peut être en train d’abandonner l’Occident au deuxième millénaire de l’ère chrétienne dans la mesure où l’on constate une éclipse voire une métamorphose de l’enfer (2000 : 9) ; les Européens préférant un christianisme modernisé et ouvert sur le monde même si en «1999 l’Eglise catholique a défini un nouveau rituel des exorcismes, multiplié le nombre des prêtres chargés de la fonction…et réaffirmé vigoureusement par la voix du Pape, la réalité de l’existence du malin » (Muchembled, 2000 : 9). En fait, nous dit l’auteur, chasser l’enfer, il revient au galop. Dans Le roi et la sorcière. L’Europe des bûchers (XVe-XVIIIe siècles)4, cet auteur fait une historiographie du phénomène, montre sa mise en doute au XVIIIe siècle par les rationalistes pour ensuite affirmer que les persécutions du XVIIe siècle sont dues à l’affirmation des Etats dans une période où les monarchies reculaient mettant à nus les rapports entre les classes populaires d’où proviennent les sorcières ; et les juges et inquisiteurs, issus des deux autres classes. La naissance du diable remonte à la dualité existante entre le bien et le mal, Dieu et le diable, la nuit et le jour…Ce manichéisme fait de la vie sur terre un combat constant entre Dieu et les malins. Satan peut ainsi faire le mal autant que Dieu le lui a permis en profitant des faiblesses humaines d’autant plus que le prince des enfers, promet richesses et splendeurs terrestres à quiconque l’écoute (Mandrou, 1980 : 76). Pline l’Ancien et Saint Augustin parlent des pouvoirs cachés de la nature dans l’Antiquité. Mais c’est surtout au Moyen Age, avec l’omnipotence de l’Eglise, qu’Isidore considère la magie comme 1 Fernand BRAUDEL, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1966. Robert MANDROU, Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle. Une analyse de psychologie historique, Paris, Seuil, 1980. 3 Robert MUCHEMBLED, Une histoire du diable. XIIe-XXe siècle, Paris, Seuil, 2000. 4 Robert MUCHEMBLED, Le roi et la sorcière. L’Europe des bûchers (XVe-XVIIIe siècle), Paris, Desclée, 1993. 2 un artifice donné à certaines personnes par des anges maléfiques (Kieckhefer, 1994 : 18) mettant ainsi à nu la dichotomie entre les deux conceptions de la magie c’est-à-dire une, démoniaque impliquant l’invocation des démons et l’autre qui permet de connaître et de maîtriser les forces cachées de la nature. Au milieu du XVe siècle, Hartlieb dans son Livre de tous les arts interdits montre que la magie ne fonctionne que grâce aux démons qui l’inspirent et l’apprennent aux humains en mettant en œuvre les actions demandées. Le Malleus maleficarum5 ou Marteau des sorcières publié à Strasbourg entre 14861487 fut le véritable point de départ des persécutions religieuses du Moyen Age européen dans la mesure où ses auteurs en faisaient un ouvrage de propagande destiné à convaincre ceux qui hésitaient contre l’inquisition. Au temps des Lumières, deux conceptions s’imposent. La première soutenue par des auteurs comme Saint André, médecin à Coutances, qui sans nier l’action de Satan, affirme dans l’un de ses ouvrages paru en 1725, que le diable existe bel et bien mais son action est limitée. La seconde conception retient avec le Sieur Boissier en 1731 que l’existence du démon est étayée par des preuves irréfutables. Ce n’est que vers le XIXe siècle et plus encore au XXe siècle que les auteurs se détachent définitivement de cette approche de la sorcellerie comme appartenant à des temps révolus. C’est en ce sens qu’en 1843, en Allemagne, Soldan avance l’idée d’un progrès continu par étapes de l’esprit humain visant à libérer l’homme des superstitions.6 De nos jours et en Afrique, plusieurs auteurs s’interrogent sur les rapports de la sorcellerie avec les pouvoirs établis. Dans La terre africaine et ses religions, Thomas et Luneaux après avoir décrit la personnalité africaine dans ses composantes, en arrivent à montrer le caractère ambivalent de la sorcellerie par la dualité ordre/désordre et comme expression de régulation sociale. Ainsi, la sorcellerie se transpose dans les villes, les bureaux et toutes les relations dans cet univers en sont empreintes. Et de fait, beaucoup d’administratifs ou politiques sont attachés à un sorcier qui régule l’aspect invisible de leur promotion sociale. Des mutilations fréquentes sont mises sur le dos de ces cadres, nouveaux sorciers et chaque famille à son sorcier responsables aux yeux de ses parents des décès et des échecs des autres membres de la famille. Des écoles de pensées, la Rose Croix où la Franc Maçonnerie, sont désignées comme suppôts de Satan, comme le suggère Politique Africaine7. La sorcellerie, dans les sociétés modernes du continent, ne disparaît pas mais prend de nouvelles. Elle demeure ancrée dans la mentalité des populations vivant dans l’espace territoriale qui deviendra le Gabon. I.2 La conception gabonaise de la sorcellerie (1850 à 1900) Les peuples du Gabon selon Raponda Walker divisent les hommes ayant des pouvoirs en deux groupes. Les devins guérisseurs ou féticheurs et les jeteurs de sorts ou sorciers. Les premiers sont «dispensateurs de charmes et de filtres d’amour, ces mages, qui sont l’oracle du pays, détiennent maints secrets bénéfiques, ou maléfiques, au nombre desquels il faut signaler une connaissance étendue des diverses propriétés de certaines plantes- qu’ils utilisent pour assurer la fidélité mutuelle entre époux, pour calmer un ennemi ou s’attirer de la bienveillance…» (Raponda Walker, 1995 : 31-32). Quant aux seconds que l’on peut qualifier de sorciers, ils n’extériorisent leur évur (vampire) qu’occasionnellement et surtout la nuit pour procéder à des sortilèges (Raponda Walker, 1995 : 33). Pour Atome Ribenga, le sorcier serait une «personne qui est en relation avec le diable, c’est-à-dire avec les forces du mal, à des fins maléfiques. C’est un sorcier, un petit connaisseur…limité dans ses connaissances et ensuite parce que le peu de connaissances des lois naturelles et spirituelles qu’il possède sert à faire du mal aux autres» (2004 : 14). 5 INSTITORIS Henry, SPRENGER Jacques, Le marteau des sorcières, Paris, Plon, édition de 1993, traduite par Armand Danet. WILHEM G. Soldan, GESTHICHTE der Hexenprozozesse aus den Quellen dargestellt, Stuttgart, 1843 ; 2eme édition par H. Heppe, Stuttgart, 1880 ; 3eme édition par Max Bauer, Munich, 1912. 7 Pouvoirs sorciers, In Politique africaine n° 79, Paris, Kathala, octobre 2000. 6 Dans tous les cas les deux personnages, manipulent le monde des esprits que l’auteur présente en trois groupes principaux. Les mannes des ancêtres, âmes désincarnées, revenants, fantômes ; ensuite les génies, fées, nymphes, sirènes hamadryades ; enfin le groupe des gnomes, lutins, korrigans, farfadets ou esprits follets… (Raponda Walker, 1995 : 21-28). La connaissance de Raponda du monde des esprits semble limitée. En effet, dans le monde des esprits, plusieurs catégories existent. Il y a Dieu, les dieux célestes et les dieux terrestres. Le premier est considéré comme l’essence sublime créatrices des mondes, des êtres et des choses et de qui émanent les dieux à qui il charge de diriger le monde. Il y aurait ensuite les dieux célestes. Ce sont ces grands êtres, les puissants esprits, ces intelligences, chargées par le Dieud suprême de diriger et de continuer même à créer les mondes. Il y aurait enfin les dieux terrestres qui sont les autorités et les chefs de la terre…(Atome Ribenga, 2004 : 59/60). L’approche de Atome Ribenga semble prendre en compte la dimension spirituelle de la spiritualité universelle au détriment de celle de Raponda qui cite cependant l’univers des esprits du panthéon gabonais. Le monde spirituel gabonais est constellé d’esprits divers que seul un nombre réduit de personnes peut manipuler. Pour les Gabonais, seul un esprit ou une intelligence supérieure serait la seule capable de mouvoir les choses de l’univers d’où le fait que la sorcellerie est omniprésente mais imperceptible, tandis que ses actions sont manifestes par les dégâts qu’elle occasionne autour d’elle. De nos jours, ceux qui affichent leur réussite au Gabon sont considérés comme des sorciers. Ellis présente la sorcellerie comme étant par nature «un processus mystique dont ceux qui croient en elle pensent qu’elle agit en partie à travers des forces invisibles, inconnues de la science naturelle occidentale ; …la sorcellerie est par essence mauvaise dans la mesure où elle est délibérément destinée à faire du mal.» (2000 : 70). Le monde du sorcier serait celui de la nuit car les ténèbres constituent le cadre propice à ses activités et au secret d’où le proverbe reprit par Zahan «Quel que soit le vol du sorcier, il attendra la nuit pour le faire» (1970 : 147). En fait, les rapports sorcellerie et nuit reposent sur la similitude entre cette période privée de lumière et une certaine forme d’activité de l’esprit dont le processus dépasse les principes de la logique et de la connaissance ordinaires. Il existe ainsi une grande différence entre le sorcier, être qui s’adonne à la mort, à la manducation de ses victimes et le guérisseur qui se voue à la chasse et à la neutralisation du premier. Comment se produit la sorcellerie ? Au Gabon, la personne naîtrait avec un organe appelé évus ayant la forme d’un crabe. Normalement, chaque individu en possède ; cependant pour le mettre en action, il faut le travailler pour que celui-ci agisse dans le sens orienté vers la sorcellerie c’est-à-dire la réalisation des voyages astraux, appartenir à la confrérie des sorciers et être capables de manger l’esprit d’un autre. Pour le Gabonais, il existerait une association de personnes agissant la nuit au dessus des contingences temporelles et matérielles. Ils auraient le pouvoir de se projeter, d’anticiper les événements et pouvoir disposer des autres comme ils le souhaitent. La règle de ces associations seraient que chaque membre doit, à tour de rôle, donner une personne issue de sa famille. Le lien de sang s’avérant nécessaire. Les hommes panthères du Gabon par exemple se retrouvaient au sein d’une marmite dont les membres étaient tenus par le secret et qui tuaient comme tue la panthère (CAOM, 5 D 64). De fait le sorcier en Afrique laisse une image d’un personnage se présentant de façon étrange et affublé bizarrement. Originellement, la femme serait la créature la plus liée à la sorcellerie, à l’obscurité et à la nuit. Ce lien proviendrait de sa constitution physique identique à la terre c’est-à-dire à la matière inerte qui renferme en son sein la vie et qui supporte tout ce qui est nécessaire à l’existence de l’homme. Elle serait aussi l’eau, élément de prolifération et d’abondance. Son sexe représente les creux et les grottes qui déchirent la surface de la terre et permettent l’accès aux profondeurs de ses entrailles. Or «ces grottes et cavernes ont fourni à l’homme son premier habitat et symbolisent aussi sa dernière demeure, après la mort» (Zahan, 1970 : 148). La sorcellerie proviendrait du conflit créé par l’antagonisme entre parents et voisins. En fait, le sorcier serait à la recherche incessante de son esprit. Et c’est pour combler ce vide, qu’il poursuit l’esprit des autres humains d’où l’anthropophagie qui le caractérise. En fait, le sorcier ne s’empare que de l’esprit de ses victimes et c’est à la suite de cette opération, que la victime meurt d’où l’expression populaire «avoir été mangé» en vampire. La manducation du double d’un individu se comprend par rapport à la composition gabonaise de la personne humaine. Contrairement à l’Européen, l’Africain a une partie matérielle dont relève le corps. Une autre partie immatérielle à laquelle appartiennent l’âme et l’esprit. Si le corps dépérit, l’esprit et l’âme demeurent impérissables et survivent à la personne. C’est ce qui explique qu’un homme peut être à la fois dans son lit en train de dormir tandis que son esprit serait en train de voyager dans les airs en prenant part aux activités sorcières. Il semblerait que les sociétés communautaires africaines soient les plus attirées par le singulier et l’insolite d’où la sorcellerie. Elle ne sévirait alors qu’à l’intérieur des unités communautaires les plus significatives. Ainsi, un sorcier serait capable de réaliser la métempsycose c’est-à-dire se transformer en un animal (hibou…) pour nuire à quelqu’un. Cette même capacité implique les voyages astraux et la possibilité de maîtriser et influencer les relations humaines. De là naît le double lien sorcellerie/modernité et sorcellerie/chrétienté. Cette corrélation apparaît dans Politique Africaine8. C’est ainsi qu’à Libreville, le désir de consommation conduit les Librevillois à « se démembrer mutuellement en échangeant clitoris contre argent, villas et de rutilantes voitures 4X4 » (Bernault, Tonda, 2000 : 12). Dans cet attrait pour la modernité, la religion chrétienne postcoloniale en luttant contre le charlatanisme, le reproduit plutôt d’autant plus que le christianisme conforte l’individualisme dans la relation de l’homme avec Dieu, caractère que l’on observe dans la sorcellerie moderne des villes. II. La sorcellerie : un phénomène récurrent au Gabon ? Les explorateurs qui pénètrent l’hinterland de l’espace devenu Gabon découvrent la sorcellerie. L’époque coloniale qui suit ces premières rencontres fait apparaître une conception nouvelle du phénomène tendant à diaboliser les cultures locales non liées au christianisme. II.1. Les faits de sorcellerie à l’époque précoloniale (1850-1900) Les explorateurs qui ont parcouru l’hinterland du territoire du Gabon furent confrontés aux faits de sorcellerie. Plusieurs d’entre eux étaient surpris de découvrir des notions qui, à vrai dire, sans être étrangère à la société occidentale dans laquelle les sorcières furent conduites au bûcher, se produisaient à une période différente dans un autre contexte. Ainsi, Fleuriot de Langle rapporte la scène qu’il a vécu au royaume de Dénis qui ne plaisantait pas avec les sorciers. Alors qu’il se promenait dans les savanes situées à l’arrière du village du roi, il fut attiré par la présence d’un noir, debout au milieu de cette solitude et exposé aux rayons du soleil : « Je reconnus bien vite que cet individu ne recevait pas pour son plaisir cette douche solaire que les noirs évitent plus que nous : il était solidement fixé à un pieu ; il me fit comprendre qu’il était un esclave ; il avait été arraché à sa famille qui habitait un pays lointain ; sa tribu était habile à manier les poisons ; il avait puisé la science fatale qui lui permettait de tirer vengeance de ses nouveaux maîtres. Cet esclave pouvait avoir 17 ou 18 ans ; un long jeune avait émacié son corps qui était couvert de plaies hideuses ; il était condamné à être mangé par les fourmis…Je fis à Denis des reproches sur sa cruauté inutile, en lui disant qu’il fallait bien exécuter cet homme s’il était coupable, mais qu’il était horrible de le laisser tout vivant en pâture aux fourmis ; il me répondit que cet esclave était sorcier et empoisonneur. Le lendemain je ne le retrouvais plus » (Merlet, 1990 : 50/51). 8 Politique Africaine n° 79, Octobre 2000, Paris, Karthala. Ce que le roi qualifie de sorcellerie ici n’est autre chose que ce que l’on nomme malveillance et la méchanceté. Le jeune homme destiné à un triste voulait manifestement se débarrasser de son maître en la personne du roi. Il semblerait que le jeune homme voulait se venger des mauvais traitements subis d’où la tentative d’empoissonnement. Ce qui semble cruel à l’explorateur Du Chaillu c’est de faire subir, durant des jours un traitement cruel avant de trouver la mort d’où la suggestion de l’explorateur afin que les souffrances su jeune homme soient abrégées. Même si l’explorateur ne retrouva pas le jeune homme le lendemain, cela signifie-t-il forcément sa mort après l’intercession de Du Chaillu ? Alors que les missionnaires créent des écoles et forment de jeunes sensés apporter un changement à la société autochtone. Il se trouve que l’instruction et le zèle de ces jeunes gens, les mettaient parfois en danger de mort. C’est ainsi qu’entre les années 1880 et 1914 lorsque les missions pahouines furent lancées, plusieurs de ces jeunes moururent de cause inconnue comme le rappelle Merlet : « Ils devenaient subitement malades, dépérissaient sans cause apparente et sans espoir de guérir. On allait les voir…On les trouvait résignés : je suis empoissonné…Me nga nong biang abi, biang awu » (1990 : 311). La raison de ces morts proviendrait de notables jaloux, de polygames évincés ou du conseil des anciens qui n’apprécient pas le nouveau statut de ces jeunes dans la société. En effet, ils deviennent les interlocuteurs des Européens d’abord, puis des autochtones qui aspirent à la modernité ensuite. Ils s’expriment en français, évangélisent parfois à la, place des missionnaires d’où leur influence grandissante dans la communauté. Or, cette influence nouvelle, porteuse de changements dérangent d’où probablement leur élimination par des procédés loin d’être sorcier d’où le fait que c’est «par dizaine que ces grands garçons, prémices de nos œuvres, moururent ainsi sous nos yeux» (Merlet, 1990 : 311/312) de sorcellerie. Puisque la mort n’est jamais naturelle chez les Noirs d’après les colonisateurs lorsque celle-ci survient, celui qui l’aurait provoqué en mangeant l’âme du défunt est recherché. C’est ainsi que lors de la mort du frère d’un chef dans le village fang d’Adamoga vers les années 1880, le conseil désigna, sous l’instigation du sorcier du village, une vieille dame comme coupable. Merlet affirme que cette dernière «paraissait complètement abrutie de l’accusation qui pesait sur elle et essayait maladroitement de se défendre, mais déjà on l’avait liée au cou et aux pieds d’une chaîne de pirogue qui la mettait hors d’état d’esquiver les suites de son sort » (1990 : 312). Ces accusations de sorcellerie reposent sur l’Evus. Les autochtones considèrent que chaque homme en possède et Raponda a une approche analogue qui fut remise en question par les colons lorsqu’ils parvinrent à démontrer, après une autopsie pratiquée par le Nganga sur un prétendu sorcier, que l’organe dont on parlait avec tant de passion, n’était autre chose qu’une viscère humaine normale. En tout cas pour les autochtones, l’Evus serait un petit animal qui vivrait dans le corps d’un individu. Il serait «une bête pourvue de pattes, avec des yeux, une bouche et une langue, mais sa spécialité est de voyager à travers les organes où, disent-ils, elle cause de nombreux troubles» (Merlet, 1990 : 314) d’où le fait que les Noirs reconnaissent souvent avoir les vers dans le corps. II.2 Les représentations coloniales de la sorcellerie (1900-1960) La période dite coloniale débuterait avec les sociétés concessionnaires en 1898. Elle marque aussi le contrôle du territoire par des sociétés qui ont pour mission d’exploiter les zones mises à leur disposition par l’administration coloniale. Parmi ces sociétés, la Société du Haut Ogooué (SHO) est l’une des plus importantes. Elle possède un territoire vaste d’une centaine de milliers de kilomètres carrés et étend ses succursales sur les bords des grands fleuves et les villes jusque dans les zones les plus reculées. Ainsi, durant cette période apparaissent trois approches du phénomène qui montrent la permanence de son existence dans le territoire qui deviendra Gabon. Par rapport à la sorcellerie à l’époque coloniale, trois éléments sont mis en évidence. Ils sont liés aux sociétés des hommes panthères, aux sociétés d’initiation et aux vendeurs d’amulettes et de talismans qui agissent par catalogue interposée. Concernant les hommes panthères, le Gouverneur du Gabon marque sa préoccupation par rapport à elles. Pour lui, les hommes panthères seraient «une association secrète présidée par un chef comprenant de 4 à 9 membres…dont l’activité consiste à tuer comme tue la panthère» (CAOM, AEF, 5 D 64). La conception coloniale de la sorcellerie serait ainsi en contradiction avec celle des autochtones. Si pour les peuples du Gabon, elle est d’abord un fait de l’esprit, le colonialiste imbu du cartésianisme et recherchant la preuve en toute chose, ne peut que classer la sorcellerie comme phénomène visible. Pour les autochtones, ce qui relève de la sorcellerie est le fait de l’invisible, de l’esprit et de l’âme. Les parties invisibles du corps sont les plus concernées par le phénomène. Ce qui n’est pas le cas des colonialistes qui dénoncent les associations pratiquant l’anthropophagie à des fins mystiques Le sacrifice humain et la manducation des victimes sont ainsi des phénomènes anciens plongeant leurs racines dans les périodes reculées. En Amérique précolombienne par exemple, il constitue une offrande d’énergie vitale afin d’assurer la perpétuation du monde d’où la nécessité d’alimenter la terre et le soleil, figures affamées et assoiffées, de l’énergie vitale du transfert de l’énergie vitale afin de transmuer la mort en source de vie (Duverger, 2004 : 38/47). C’est ainsi que dans la subdivision de Mayumba, le Lieutenant Gouverneur du Gabon adresse un rapport au Gouverneur Général de l’AEF en date du 29 juillet 1925 par lequel il lui annonce qu’il s’est produit l’assassinat de six autochtones par des hommes panthères (CAOM, 5D64, AEF) appelés ici à tors des hommes tigres étant donné que le tigre n’existe pas en Afrique. Il faut dire que les hommes panthères sont fort audacieux. Dans la soirée du 29 juin 1925, ils poussent «l’audace jusqu’à assassiner 2 indigènes dans une plantation à très courte distance de l’endroit où se trouvaient les gardes régionaux» (CAOM, AEF, 5D64). Ici les hommes panthères narguent l’autorité coloniale et montrent aussi les limites de ce qui ne peut être lié à la sorcellerie. Car s’il en était question, le meurtre se serait produit de nuit car, il faut le dire, la nuit est le moment propice par lequel les sorciers agissent. Que cela ne tienne ce que l’on peut déceler de sorcier serait simplement l’acte de manducation par lequel on capte l’esprit de l’autre en mangeant ses parties les plus nobles d’où l’assertion du Lieutenant Gouverneur pour qui ces meurtres seraient «causés par une sorte de folie mystique ayant son origine dans une croyance religieuse barbare. Leurs auteurs seraient persuadés qu’en tuant leurs semblables, ils servent l’esprit du bien» (CAOM, AEF, 5 D64). Les populations du territoire qui deviendra le Gabon sont persuadées du pouvoir sorcier d’où le fait qu’ils se laissent dépouiller de leurs biens par la crainte que leur inspirent ces hommes comme cela se passe en 1946 dans la subdivision de Mitzic. Dans cette localité du nord Gabon «la population des villages est exploitée par ces féticheurs. Ils demandent argent, volailles, cabris aux indigènes qui vivent dans la crainte et n’osent pas refuser. Ils font également le commerce des médicaments qui sont des poisons fabriqués avec des déchets humains, de cadavre en particulier…» (CAOM, AEF, 5D 233). Ce qui se produit dans le territoire voisin du Gabon, le Moyen-Congo est édifiant et montre la similitude voire la continuité des actes de prélèvements d’organes que l’on peut encore vérifier de nos jours. En effet, les membres d’une secte, appelée Edio et ayant pour totem le caïman, avaient pour habitude de s’en prendre aux personnes seules. Les membres de la secte, après avoir immobilisé leur victime, lui font subir les opérations suivantes : «Le front est percé en son milieu et la matière cérébrale est extraite ; la langue et les parties sexuelles sont sectionnées…La matière cérébrale, la langue et les parties sexuelles sont hachées, cuites et enterrées dans la forêt avec le récipient qui a servi à la cuisson» (CAOM, AEF, 5 D 64). Il semblerait que ces sacrifices sont effectués dans le but de prendre du gibier, car d’après le même rapport «c’est à ces endroits que le chasseur vient faire des invocations pour tuer beaucoup de gibier» (CAOM, AEF, 5 D 64). En fait ici on sacrifie aux esprits de la chasse , en faveur de la communauté, afin de prendre du gibier. Ce n’est plus le cas de nos jours où les sacrifices sont réalisés à des fins de pouvoir personnels. Un rapport politique daté du 3 mai 1952 relate un fait important survenu dans le district de Cocobeach. Celui-ci concerne la secte Bwiti que les colonisateurs, dans leur classification, qualifie de sorcière. Dans l’optique des autochtones elle relèverait plutôt de la religion comme le suggèrent les travaux en cours d’Atome Ribenga, présentant le Bwiti comme une manière négro africaine de communier avec le divin9. Les membres de cette religion, en 1952, s’intéressaient au cours de cette là à la personne du jeune Obame N’Dong, orphelin de 20 ans habitant Bissobinam. Ce dernier reprochait à son oncle, grand Bwitiste de l’avoir vendu pour une somme de 40 000 f aux partisans de la secte de son canton afin d’en être sacrifié aux rites. Il semblerait que ce soit l’un des supers chefs de cette secte, habitant Libreville qui aurait exigé un sacrifice humain à quiconque voudrait prendre la succession du chef Assoume Ekomie décédé en juin 1950. Ce super chef, aurait fait savoir que pour accéder à ce poste «il fallait lui offrir un homme en sacrifice» (CAOM, AEF, 5 D64). Moins dramatiques sont les faits de sorcellerie, d’après les colons, relevant de la crédulité dont font preuve les autochtones. Les colons pensent que les autochtones sont en effet naïfs et trop crédules par rapport aux agissements des charlatans. Cette croyance repose sur le fait que les habitants du territoires tombaient sous le coup de la publicité des prospectus de personnes se faisant passer pour des professeurs et des mages de la magie indienne. C’est ainsi que durant les années cinquante, il était proposé aux populations de l’Afrique Equatoriale Française des bijoux miraculeux sensés apportés «des pouvoirs surnaturels qui leur permettent par exemple de réussir à un examen, d’obtenir un emploi ou un avancement ou encore de trouver une fiancée» (CAOM, AEF, 5D 233) comme le révèle le Bulletin d’Information numéro 115 du 29 novembre 1957. Et de fait, nombreux sont les personnes se réclamant d’être des professeurs, mages, devins…qui proposent des bijoux comme la maison Nice-Bijoux dont le catalogue, Bijoux symboliques de France propose près de cent cinquante bijoux aux titres révélateurs. Il y a la roue de la fortune (bijoux n° 113) qui apporterait de la richesse à ceux qui en sont avides notamment les commerçants et les hommes d’affaires. De sorte qu’avec de telles considérations, il semble difficile de discerner le vrai et le faux dans la considération coloniale de la sorcellerie, même si le phénomène semble perdurer et changer de forme. Conclusion La sorcellerie se produit dans les sociétés depuis l’Antiquité. Au Gabon, les populations côtoient, dans le cadre des sociétés traditionnelles, les sorciers. L’approche coloniale du phénomène contraste avec la conception gabonaise dans la mesure où les sociétés secrètes des hommes panthères, du Bwiti ont d’abord un rôle social et éducatif. En fait ici, les colons condamnent ce qui ne relève pas de la religion chrétienne. Les hommes panthères, sont une société initiatique qui a des règles particulières. Leur consommation de chair humaine relèverait du rite manducatoire par lequel on prend la force vitale de l’ennemi pour renforcer le pouvoir des vivants. Cependant, après l’indépendance et le développement des villes, la sorcellerie connaît une mutation. Les nouveaux sorciers étant ceux qui affichent leur réussite c’est-à-dire les cadres politiques et 9 Ribenga ATOME, La tradition bwitiste, voie directe de communication avec le divin, Libreville, La maison Gabonaise du livre, 2004. administratifs. Les meurtres qui se produisent à Libreville bien qu’ayant une origine trouble, semblent commis à des fins de pouvoir. Ils ne respectent plus les règles d’antan c’est-à-dire avoir un lien de sang avec la victime, et être cédé par son parent direct. Avec le modernisme, la sorcellerie évolue vers la règle de la loi du plus fort et du plus riche. En fait, il semblerait que l’envie de promotion sociale rapide et la possession des biens matériels importants soient la cause de ces excès. En fait, la sorcellerie loin de régresser semble appartenir à l’univers mental des Gabonais. Elle se mue, d’où le fait qu’elle s’inscrit dans la vie quotidienne et relève de la mentalité gabonaise pour justifier ce qui dépasse l’entendement, les forces et la logique humaine. Sources Archives CAOM, AEF, Affaires Politiques (1925-1953), 5 D 64, Fétichisme, sociétés secrètes en AEF, correspondances, rapports et affaires diverses ; étude du fétichisme en AEF, Documentation. CAOM, AEF, Affaires politiques (1946-1957), 5 D 233, Charlatanisme, Sorcellerie , Magie, Affaires diverses , lutte contre le charlatanisme. Bibliographie ATOME Ribenga, La tradition bwitiste, voie directe de communication avec le divin, Libreville, Maison Gabonaise du Livre, 2004. BOURDE Guy, MARTIN Hervé, Les écoles historiques, Paris, Seuil, 1983. LE GOFF Jacques, Les mentalités. Une histoire ambiguë, In Faire de l’histoire, Paris, Gallimard, t. 3, pp. 76-94. CHARTIER Roger, Au bord de la falaise. L’histoire entre certitudes et inquiétude, Paris, Albin Michel, 1998. DESCHAMPS Hubert, Les religions de l’Afrique noire, Paris, PUF, 1954, Que Sais-je ? n° 632. JOSET Paul-Ernest, Les sociétés secrètes des hommes-léopards en Afrique noire, Paris, Payot, 1955. RAPONDA WALKER, SILLANS Roger, Rites et croyances des peuples du Gabon, Paris, Présence Africaine, 1995. THOMAS Louis-Vincent, Cinq essais sur la mort africaine, Université de Dakar, 1968. ZAHAN Dominique, Religion, spiritualité et pensées africaines, Paris, Payot, 1970 LALLEMAND Suzanne, La mangeuse d’âmes. Sorcellerie et famille en Afrique noire, Paris, L’Harmattan, 1988. MANDROU Robert, Magistrats et sorcières en France au XVIIe siècle. Une analyse de psychologie historique, Paris, Seuil, 1980. MUCHEMBLED Robert, Le roi et la sorcière. L’Europe des bûchers, Paris, Desclée, 1993. MUCHEMBLED Robert, La sorcière au village (XVe-XVIIIe siècles), Paris, Gallimard/Julliard, 1979. MUCHEMBLED Robert, Une histoire du diable du XIIe au XXe siècle, Paris, Seuil, 2000. MUCHEMBLED Robert (Sous la direction), Magie et sorcellerie en Europe du Moyen Age à nos jours, Paris, Armand Colin, 1994. SALLMAN Jean Michel, Les sorcières fiancées de Satan, Paris, Gallimard, 1989. THOMAS Louis-Vincent, La terre africaine et ses religions. Traditions et changements, Paris, L’Harmattan, 1992. Revues Pouvoirs sorciers, In Politique Africaine n° 79, Octobre 2000, Paris, Karthala. Duverger Christian, Les sacrifices humains In L’Histoire, n° 290, septembre 2004, pp. 37-57.