Rapport OSS à la troisième session du CRIC

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Rapport OSS à la troisième session du CRIC
n° 593
Rapport de l’OSS à la troisième
session du Comité pour la Révision de la
mise en œuvre de la CCD(CRIC) :
Mesures prises pour soutenir les pays
Novembre 2004
Boulevard de l’Environnement- BP 31 - 1080 Tunis Cedex – Tél. : (216) 71 806 522 – Fax : (216) 71 807 310
E-mail : [email protected] – URL : www.unesco.org/oss
RAPPORT A LA 3e SESSION DU CRIC
SOMMAIRE
SIGLES ET ACRONYMES ......................................................................................................3
INTRODUCTION......................................................................................................................4
I- RÉFLEXIONS ET DEVELOPPEMENT CONCEPTUEL SUR LE SUIVI-ÉVALUATION.....4
I.1- LE SUIVI-EVALUATION : CONCEPT ET PLACE DANS LE CYCLE DE MISE EN ŒUVRE DE LA CCD ..4
I.2- DU CONCEPT A LA MISE EN ŒUVRE OPERATIONNELLE DU TABLEAU DE BORD .........................5
I.3- CONTRIBUTION A LA SYNERGIE ENTRE LES CONVENTIONS DE RIO..........................................6
I.4- REFLEXION SUR LA PRISE EN COMPTE DE LA SECHERESSE DANS LA MISE EN ŒUVRE DU PAN.6
II- L’APPUI AUX PAYS POUR LA MISE EN ŒUVRE DU S&E .............................................7
II.1- APPUI A L’INTEGRATION DU SUIVI-EVALUATION DANS LES PAN..............................................8
II.2-
MISE EN COHERENCE ET INTEGRATION DE PROJETS ET PROGRAMMES AUTOUR DU SUIVIEVALUATION ...............................................................................................................................8
II.3- LE RENFORCEMENT DES CAPACITES PAR LA FORMATION ......................................................9
III- LE RENFORCEMENT DES DISPOSITIFS NATIONAUX DE SUIVI-EVALUATION .......10
III.1- LE DISPOSITIF ROSELT/OSS ..........................................................................................10
III.2- DISPOSITIFS NATIONAUX DE SUIVI DE LA DESERTIFICATION PAR TELEDETECTION ................11
III.3- LE PROJET DIS-MED ......................................................................................................11
III.4- APPUI AU LANCEMENT DU RESEAU TPN4 DU PROGRAMME D’ ACTION REGIONAL AFRIQUE 11
IV- LA GESTION DES AQUIFÈRES DES GRANDS BASSINS ...........................................12
V- CONCLUSION...................................................................................................................13
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RAPPORT A LA 3e SESSION DU CRIC
SIGLES ET ACRONYMES
CoP :
Conférence des Parties
CCD :
Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification
OSS :
Observatoire du Sahara et du Sahel
PAN :
Programme d’Action National
SASS :
Système Aquifère du Sahara Septentrional
SID/SISEI :
Système d’Information sur la Désertification/ Système d’Information et de
Suivi de l’Environnement sur Internet
UMA :
Union du Maghreb Arabe
CILSS :
Comité permanent Inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel
ACMAD :
Centre Africain pour les applications de la Météorologie au Développement
SMAP :
Small and Medium Action Programme
LIFE :
LIFE
ONC :
Organe National de Coordination de la CCD
CE :
Commission Européenne
ROSELT :
Réseau d’Observatoires de Surveillance Ecologique à Long Terme
CNEDD :
Conseil National de l’Environnement pour un développement durable
IEEF :
Institut de l’Energie, de l’Environnement et de la francophonie
GEF :
Global Environment Facility
DISMED :
Desertification Information System to Support National Action Programmes in
the Mediterranean
OACT :
Organisation Africaine de Cartographie et de Télédétection
TPN4 :
Thematic Programme n° 4
IGAD :
Intergovernmental Authority on Dévelopment
UNESCO :
United Nation Educational, Scientific and Cultural Organisation
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RAPPORT A LA 3e SESSION DU CRIC
INTRODUCTION
En application des différentes décisions de la CoP/CCD, relatives aux Procédures et
mécanismes institutionnels pour faciliter l’examen de la mise en œuvre de la Convention,
l’OSS a établi le présent rapport en vue de faire l’état des mesures qu’il a prises pour
soutenir la mise en œuvre des programmes d’action nationaux et sous-régionaux en Afrique.
Au regard de son mandat et de sa collaboration avec les organisations sous-régionales dans
un esprit de subsidiarité, l’OSS a orienté ses efforts dans le développement de
méthodologies et d’outils destinés au suivi-évaluation du PAN et de la gestion des
ressources en eau partagées. En partenariat avec la communauté internationale et les pays
africains, l’OSS a développé une approche de gestion de l’information environnementale
pour faciliter les prises de décision dans les pays parties à la CCD.
Le concept de suivi-évaluation comprenant trois composantes (suivi du processus PAN, de
la désertification et de l’impact du PAN) a contribué à capitaliser les systèmes d’information
existants et à renforcer les dispositifs de circulation de l’information sur la désertification.
Le suivi-évaluation est devenu une partie intégrante du PAN et du cycle des projets
nationaux de lutte contre la désertification ; l’expérience des pays dans la mise en place de
leur dispositif de suivi-évaluation fait déjà apparaître que ce dernier est un outil efficace de
planification et d’intégration du PAN dans le plan de développement économique et social
comme le témoigne par exemple le mécanisme de prise en compte du PAN dans le dixième
plan tunisien. Les efforts de l’OSS dans le domaine du suivi-évaluation portent sur trois
principaux volets :
•
le développement de documents conceptuels autour du suivi-évaluation ;
•
la mise en œuvre dans certains pays et régions du suivi-évaluation du PAN ;
•
le renforcement des dispositifs nationaux de suivi de la désertification.
En matière de gestion des ressources en eau partagées, l’expérience développée par l’OSS
au Maghreb à travers le projet SASS ouvre la voie à une valorisation de cette démarche sur
d’autres aquifères et bassins partagés. Cette expérience a permis à l’OSS de jouer le rôle de
facilitateur en amenant les partenaires nationaux de trois pays à gérer de façon concertée
les ressources en eau d’un même bassin sur la base d’outils scientifiques et techniques.
I- RÉFLEXIONS ET DEVELOPPEMENT CONCEPTUEL SUR LE
ÉVALUATION
SUIVI-
I.1- Le Suivi-évaluation : concept et place dans le cycle de mise en œuvre de la CCD
Le suivi-évaluation du PAN comporte trois composantes :
• le suivi du processus de mise en œuvre des Programmes d’Action, et de sa qualité ;
• la surveillance de la désertification ;
• le suivi de l’impact du PAN.
Il englobe plusieurs fonctions dont les plus importantes sont :
• la concertation entre les producteurs et les utilisateurs d’informations ;
• la définition des procédures de régulation des échanges d’informations ;
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RAPPORT A LA 3e SESSION DU CRIC
• l’intégration des systèmes d’information nationaux de référence ;
• la planification des actions du PAN et leur intégration dans le plan de développement
économique et social.
I.2- Du concept à la mise en œuvre opérationnelle du tableau de bord
La réalisation par l’OSS d’un document conceptuel sur la « méthodologie d’élaboration des
tableaux de bord » et sa vulgarisation a suscité auprès des pays touchés le besoin de
disposer, au niveau national, de tableaux de bord opérationnels. Sur la base de l’expérience
acquise par les pays dans la définition et le calcul des indicateurs, des formats de tableaux
de bord ont été mis au point dans quelques pays, notamment au Niger et en Tunisie.
Pour disposer d’un véritable outil d’aide à la décision, l’approche d’opérationnalisation du
tableau de bord a suivi l‘itinéraire suivant :
• la formalisation des problématiques de la désertification selon des secteurs clés du
développement et leur organisation en un tableau de problématisation ;
• l’élaboration, le test et la validation des indicateurs nationaux ;
• l’établissement d’un premier tableau de bord national.
L’analyse de la désertification pour obtenir le tableau de problématisation a été faite de façon
sectorielle pour de nombreuses raisons :
• une raison pédagogique qui vise l’initiation aux systèmes d’information des institutions
nationales gestionnaires des ressources naturelles et de la lutte contre la désertification et
l’appropriation par les acteurs de ces institutions du dispositif national de suivi-évaluation
mis en place ;
• des raisons économiques et institutionnelles qui incitent à optimiser l’utilisation des
capacités existantes ;
• une raison d’opportunité pour faciliter l’intégration du suivi-évaluation à la planification du
développement économique et social.
Le tableau de problématisation facilite la hiérarchisation des indicateurs et leur prise en
charge par les différentes institutions qui doivent les renseigner.
Chaque indicateur permet de suivre et d’évaluer l’état de l’environnement, cependant il est
important d’agencer plusieurs indicateurs pour déboucher sur un tableau de bord
représentant un outil simple à lire et facilitant les prises de décision.
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RAPPORT A LA 3e SESSION DU CRIC
La structuration du tableau de bord est motivée par le souci d’ancrage du suivi-évaluation
dans le montage institutionnel des services nationaux chargés de la gestion de
l’environnement.
Le tableau de bord est un document synthétique d’évaluation des tendances d’évolution des
indicateurs. Il peut comporter en outre des éléments d’argumentation de l’évaluation et des
éléments d’orientation pour faciliter les décisions.
I.3- Contribution à la synergie entre les Conventions de Rio
Un des résultats qualitatifs les plus importants de l’OSS réside dans la diffusion et le partage
d’un document conceptuel sur la synergie entre les trois Conventions Post-Rio. Ce document
propose une approche d’ouverture des programmes de l’OSS à cette synergie.
Au moment où les programmes d’action des trois conventions abordent la phase de mise en
œuvre, les points focaux nationaux prennent conscience de la nécessité de se concerter et
d’envisager un programme minimum commun.
La mise en œuvre du suivi-évaluation permet de se concerter ; en effet, et comme évoqué
précédemment, les dispositifs de suivi-évaluation sont d’importants moyens d’intégration des
institutions productrices et utilisatrices d’informations et pourvoyeuses en données des trois
Conventions.
Les systèmes de circulation de l’information (SID/SISEI) et les modules de formation en
suivi-évaluation développés par l’OSS dans le cadre de la CCD peuvent être
progressivement mis à la disposition des acteurs des deux autres Conventions de Rio.
I.4- Réflexion sur la prise en compte de la sécheresse dans la mise en œuvre du PAN
L’OSS a apporté son appui à l’Union du Maghreb Arabe (UMA) dans le cadre de la mise en
place d’un système d’alerte précoce sur la sécheresse et la désertification ; il a commandité,
dans ce cadre, des études de cas nationales et élaboré un document de synthèse qui fait le
point sur la situation de la sécheresse dans les pays du Maghreb et dont il ressort que les
conséquences socio-économiques sont importantes. En effet, la facture de ce phénomène
est particulièrement lourde pour les États et les populations et les plans d’urgence mis en
œuvre de manière conjoncturelle ne sont pas des mesures suffisantes.
Ces études ont également mis en exergue plusieurs préoccupations qui méritent d’être
suivies dans le cadre de la mise en œuvre des Conventions environnementales :
• les cloisonnements institutionnels et les limites de la circulation de l’information ;
• les besoins d’une approche globale de la sécheresse basée sur la mise en synergie des
Conventions.
Certains pays comme le Maroc et des organisations comme le CILSS et l’ACMAD se sont
outillés et se sont dotés de compétences. La dispersion des efforts et le cloisonnement
institutionnel ne permettent toujours pas de répondre aux besoins d’une stratégie globale de
veille et d’anticipation sur les phénomènes.
L’accent doit être mis sur une meilleure organisation des structures nationales concernées et
la mise en commun des acquis ; l’OSS, dans ses fonctions d’interface et de facilitateur,
interviendra pour développer la coopération entre les différentes sous-régions de l’Afrique
afin de faciliter le partage des expériences et des compétences en matière d’alerte précoce.
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Au niveau national, plusieurs pays sont passés d’une approche de gestion de la crise des
sécheresses à une approche de gestion des risques, ce qui représente un pas important.
Cette nouvelle approche a encouragé l’OSS à proposer dans un premier temps un avantprojet maghrébin d’alerte précoce basé sur le renforcement des dispositifs nationaux
multisectoriels et la mise en réseau de ces dispositifs pour constituer un dispositif sousrégional.
L’OSS, dans le cadre de sa stratégie 2010 envisage d’élargir le concept d’alerte précoce
au-delà de la sécheresse et proposera des systèmes d’alerte sur plusieurs composantes de
l’environnement. Ainsi, le suivi de plusieurs indicateurs environnementaux permettrait
d’envisager des systèmes d’alerte dans des domaines comme les feux de brousse, les
ressources en eau ou l’érosion des sols.
II- L’APPUI AUX PAYS POUR LA MISE EN ŒUVRE DU S&E
Suite au projet régional de suivi-évaluation impulsé par l’OSS en 2000 pour renforcer la
coopération entre pays maghrébins et sahéliens et dont un des résultats est la détermination
d’indicateurs de base communs à six pays (Burkina Faso, Maroc, Mali, Niger, Sénégal et
Tunisie), l’effort de mise en œuvre opérationnelle s’est poursuivi à l’échelle de quelques pays
à travers la réalisation de projets nationaux.
En effet, l’OSS a renforcé les relations de coopération entre quelques pays africains et
plusieurs agences bilatérales et multilatérales autour du suivi-évaluation ; les projets cidessous sont nés du partenariat multi-acteur et leur mise en œuvre constitue une étape
qualitative dans le développement de la solidarité internationale dans la lutte contre la
désertification :
Le projet tuniso-italien (PTI) « Appui à la mise en œuvre du suivi-évaluation du PAN/LCD »
financé par la coopération italienne et mis en œuvre par le secrétariat de l’ONC tunisien avec
l’appui de l’OSS a obtenu les résultats suivants :
• un schéma du dispositif national du suivi-évaluation ;
• une charte informationnelle ;
• une grille d’indicateurs nationaux ;
• un système d’information sur la désertification.
Le projet « Mise en place du système de suivi-évaluation des Programmes d’Action de lutte
contre la désertification dans les pays du Maghreb », initié par le Maroc, la Tunisie et l’UMA,
a bénéficié du soutien financier de la Commission européenne (instrument financier SMAP)
pour réaliser :
• un dispositif de suivi-évaluation aux niveaux sub-national et local ;
• une base de données sur les efforts et impacts de la lutte contre la désertification ;
• un catalogue d’indicateurs d’impact des actions aux niveaux sub-national et local.
Le projet « Mise en place de systèmes pilote de suivi de la désertification dans les pays de la
rive sud de la Méditerranée : Maroc et Tunisie, étude de l’extension à l’Algérie » financé par
la Commission européenne (instrument financier LIFE-Pays tiers) a permis :
• l’élaboration d’un zonage macrogéographique au Maroc et en Tunisie, basé sur
l’utilisation de données d’observation de la terre basse résolution ;
• l’élaboration d’indicateurs méso- et macro-géographiques ;
• l’intégration des indicateurs dans le tableau de bord des PAN.
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Le projet de Renforcement Institutionnel du PAN nigérien (PRIPAN), né de la coopération
italienne, a contribué de concert avec l’OSS au renforcement des capacités en suiviévaluation au Niger par la formation et a développé des indicateurs au niveau sub-national et
un tableau de bord pour le PAN.
II.1- Appui à l’intégration du suivi-évaluation dans les PAN
Suite à l’adoption formelle du concept de suivi-évaluation par la communauté internationale
en 2001, l’OSS a orienté ses efforts sur l’appui à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une
composante Suivi-évaluation des PAN de ses pays membres. Malgré les approches
différenciées des pays et la disparité des résultats, l’on peut noter que quelques ONC
(Organes Nationaux de Coordination) se sont appropriés le concept de suivi-évaluation. Des
efforts restent à faire pour décloisonner les institutions et les services techniques nationaux
afin d’assurer leur participation effective.
• Avec l’appui de l’OSS, une avancée significative a été faite en Tunisie avec l’intégration
du suivi-évaluation dans le PAN. Le projet tuniso-italien spécifiquement dédié à la mise en
place du système de suivi-évaluation a développé le montage institutionnel devant
favoriser la participation des groupes d’acteurs nationaux et locaux ; il a organisé le
système national de circulation de l’information en développant des intranet pour chaque
direction nationale impliquée.
• Au niveau d’autres pays africains, la participation de l’OSS aux activités des ONC à
travers des actions catalytiques a permis l’intégration formelle d’une composante suiviévaluation dans leur PAN ; on peut citer l’exemple de pays comme l’Algérie, le Kenya, le
Niger, la Mauritanie et le Sénégal.
II.2- Mise en cohérence et intégration de projets et programmes autour du suiviévaluation
Le suivi-évaluation a servi de cadre de convergence pour plusieurs projets et programmes
nationaux et pour les programmes de l’OSS.
Au sein de l’OSS, chacun des projets est associé à un maillon du processus d’élaboration
des produits d’aide à la décision (collecte et traitement des données, circulation de
l’information et calcul d’indicateurs). Le fil conducteur des différents programmes de l’OSS
est leur contribution au suivi de la désertification et à l’élaboration de l’état de
l’environnement afin d’induire des investissements en faveur de l’environnement.
Au niveau des pays, des efforts de mise en cohérence peuvent être illustrés :
• au Maroc et en Tunisie, le projet « Mise en place du système de suivi-évaluation des
Programmes d’Action de lutte contre la désertification dans les pays du Maghreb », le
projet « Mise en place de systèmes pilotes de suivi de la désertification dans les pays de
la rive sud de la Méditerranée : Maroc et Tunisie, étude de l’extension à l’Algérie » et le
Réseau d’Observatoires de Surveillance Écologique à Long Terme (ROSELT/OSS)
développent une synergie en recherchant la complémentarité entre leurs actions ;
• ROSELT/OSS est intégré aux systèmes nationaux de suivi-évaluation en tant que
dispositif de surveillance écologique devant contribuer fortement à la collecte de
l’information ;
• les outils développés dans le cadre du « projet pilote Maroc/Tunisie de télédétection »
constituent un apport important au système de suivi-évaluation du Maroc et de la Tunisie ;
• le « projet Maroc/Tunisie de suivi-évaluation » applique le concept de circulation de
l’information sur la lutte contre la désertification développé dans le cadre du SID/SISEI de
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l’OSS ; ainsi ce projet a mis en place les systèmes de circulation de l’information au
niveau national au Maroc et en Tunisie ;
• au Niger, le lancement du réseau national ROSELT a été une occasion de faire le lien
entre les activités de ROSELT et le suivi-évaluation du PAN ; le résultat positif qui en
découle est la création d’un comité scientifique commun pour l’élaboration et le suivi des
indicateurs du PAN.
Le Niger, avec l’appui de la coopération italienne et de l’OSS, a défini son système de suiviévaluation du PAN sur la base des expériences existantes au sein des projets de gestion
des ressources naturelles. De manière plus spécifique, ce processus a permis de :
• capitaliser les approches et méthodes de suivi-évaluation de l’impact utilisées par les
projets ;
• identifier les indicateurs d’impact utilisés par les projets de Gestion des Ressources
Naturelles et de développement local ;
• identifier les contributions des projets au système national de suivi-évaluation du PAN ;
• renforcer les échanges entre projets, le CNEDD et les partenaires de suivi-évaluation
dans les ministères techniques.
Ainsi, le Niger a mis en place un dispositif national de suivi-évaluation et dispose d’un set
minimum d’indicateurs locaux représentatifs des grands écosystèmes du pays.
II.3- Le renforcement des capacités par la formation
L’OSS a été fortement sollicité par ses pays membres et d’autres régions pour son
programme formation en suivi-évaluation du PAN.
Cette formation a contribué à la prise de conscience du rôle et de la place du suivi-évaluation
dans le processus de mise en œuvre de la CCD en mettant en exergue son caractère global
(processus, désertification et impact), son caractère participatif et l’importance de la
coordination et de la concertation.
La prise de conscience des participants aux sessions de formation de la nécessité d’avoir
une vision globale du suivi-évaluation pourra avoir des incidences directes sur le montage
des systèmes de suivi-évaluation au Maroc et en Tunisie, en accordant une attention
particulière aux mécanismes de coordination ou aux indicateurs de processus par exemple.
Les leçons tirées des ateliers de formation ont montré des besoins nouveaux de
renforcement des capacités dans des domaines techniques plus pointus et surtout à un
niveau plus proche du terrain.
Les capacités de formation de l’OSS s’avèrent insuffisantes désormais pour répondre aux
sollicitations sans cesse croissantes de formation de ses pays membres et d’autres régions
de l’Afrique ; une attention particulière doit être accordée à la formation de formateurs en
suivi-évaluation et à son ancrage dans des institutions sous-régionales ou nationales
capables de prendre le relais pour les besoins nationaux et sub-nationaux.
Deux autres besoins méritent d’être abordés à l’avenir ; il s’agit de la traduction des modules
dans des langues nationales et leur adaptation au niveau local.
Pour capitaliser l’ensemble de ces expériences de formation et la mettre à la disposition d’un
plus grand nombre d’acteurs, l’OSS a développé avec l’appui de la GTZ une plate-forme
virtuelle de formation sur internet qui permettra notamment d’établir un réseau de
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RAPPORT A LA 3e SESSION DU CRIC
formateurs, améliorer leurs capacités, maintenir la qualité de la formation et assurer son
enrichissement permanent en nouveaux modules en réponse aux besoins identifiés.
Par ailleurs, les modules de formation développés par l’OSS ont suscité des intérêts de
coopération avec des institutions et des organisations internationales ; l’Institut de l’Énergie
et de l’Environnement de la Francophonie (IEPF) et le GEF ont sollicité l’OSS pour
contribuer aux sessions de formation en formulation de projet et garantir l’intégration d’une
composante suivi-évaluation dans les projets et les programmes de lutte contre la
désertification.
III-
LE RENFORCEMENT
EVALUATION
DES
DISPOSITIFS
NATIONAUX
DE
SUIVI-
Plusieurs projets initiés et/ou mis en œuvre avec la collaboration de l’OSS concourent au
renforcement du suivi-évaluation du PAN.
III.1- Le dispositif ROSELT/OSS
Les objectifs fondamentaux de ROSELT/OSS en matière de surveillance environnementale
s’articulent autour de trois points :
• l’amélioration des connaissances sur les mécanismes, les causes et les conséquences de
la désertification ;
• la surveillance de l’état et de l’évolution à long terme des systèmes écologiques et des
ressources qu’ils contiennent ;
• la compréhension du fonctionnement de ces écosystèmes et les effets interactifs entre les
populations et leur environnement au niveau local notamment pour la détermination de la
part respective et/ou synergique des causes climatiques et anthropiques de la
dégradation des terres.
Outre la fourniture de données, ROSELT/OSS contribue au suivi-évaluation en appuyant
l’élaboration des indicateurs et l’établissement des états de référence des observatoires
représentés par les produits suivants :
• les cartes d’occupation des terres qui donnent les caractéristiques et la localisation des
formations végétales (unités physionomiques définies par les végétaux dominants, leur
strates, leur recouvrement et leur densité) et les formes de végétaux qui traduisent leurs
usages ;
• les cartes relatives aux caractéristiques physiques du terroir concerné qui renseignent sur
les grands ensembles topographiques, pédologiques et géomorphologiques.
La valorisation de l’ensemble des données historiques existantes permet à des équipes
nationales en charge de la collecte et du traitement des données de contribuer à
l’identification des indicateurs pertinents.
Quelques pays de l’OSS comme le Mali et le Niger ont lancé leur ROSELT national et étoffé
ainsi leur réseau de sites d’observation et de surveillance écologique ; cet élargissement
permet à ROSELT/OSS de contribuer au suivi-évaluation du PAN aux différents niveaux
local, sub-national et national.
Afin de renforcer les systèmes nationaux de suivi-évaluation, ROSELT/OSS met à la
disposition des pays un ensemble d’outils et de bases méthodologiques :
• un guide méthodologique de collecte et de traitement de données ;
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RAPPORT A LA 3e SESSION DU CRIC
• des documents techniques et conceptuels ;
• un système d’information sur l’environnement local1 ;
• une base de métadonnées permettant le partage des connaissances, des acquis et des
données produites au sein du réseau ;
• une charte relative à la gestion et à la diffusion des données et des produits ; la Tunisie et
le Maroc ont été choisis pour tester et valider cette charte avant de la soumettre pour
adoption par l’ensemble du réseau actuellement opérationnel dans onze pays.
III.2- Dispositifs nationaux de suivi de la désertification par télédétection
Parallèlement à la mise en place d’une surveillance écologique à long terme au niveau des
observatoires ROSELT/OSS, l’OSS a entamé la mise en place d’un dispositif pilote de suivi
de la désertification intégrant les images satellitales et les données de terrain.
Ce dispositif est conçu de manière à permettre le suivi à l’échelle macro-géographique
(environ 1/1Mo) à partir d’indicateurs à large spectre dans le but de détecter les anomalies
dans l’état de la végétation pouvant conduire à une désertification, puis à analyser plus
finement à une échelle méso-géographique (entre 1/200 000 et 1/100 000), la réalité du
risque, ses causes et son emprise.
La mise en place de ce dispositif à titre pilote est engagée en Tunisie et au Maroc avec
l’appui d’un financement de la Commission européenne (instrument financier LIFE-Pays
Tiers). L’Algérie est impliquée dans le comité de pilotage du projet et à travers sa
participation à tous les ateliers organisés dans le cadre du projet.
III.3- Le Projet DIS-MED
Dans le cadre du projet DIS-MED destiné à l’établissement d’une coopération active entre
les pays des deux rives de la Méditerranée autour de la mise en place de système de
circulation de l’information des PAN, l’OSS a apporté une importante contribution à la
définition d’une méthodologie concertée pour l’élaboration d’une cartographie de sensibilité à
la désertification.
Les travaux d’élaboration de la carte de sensibilité des pays d’Afrique du Nord ont démarré
en mai 2003 par l’exploitation et la valorisation des données disponibles. La première version
de cette carte qui couvre les cinq pays de l’Union du Maghreb Arabe, a été présentée lors de
la 2e Assemblée Générale de l’OSS en avril 2004.
III.4- Appui au lancement du réseau TPN4 du Programme d’ Action Régional Afrique
Après avoir contribué à l’organisation à Tunis, en octobre 2002, de l’atelier de lancement du
réseau TPN4, l’OSS a poursuivi l’appui apporté à l’Organisation Africaine de Cartographie et
de Télédétection dans la mise en place du réseau. Dans ce cadre, l’OSS, avec l’appui de la
GTZ, a assuré l’installation du serveur cartographique et de la bibliothèque virtuelle sur le
serveur local de l’OACT et leur alimentation est en cours par l’OACT. L’OSS a également
contribué à l’élaboration d’un document sur « la pérennisation du TPN4 à travers la mise en
place d’un partenariat mutuellement profitable» qui a été soumis par l’OACT à l’appréciation
du Secrétariat de l’UNCCD, puis largement diffusé au niveau africain. Des institutions
africaines spécialisées ont d’ores et déjà marqué leur adhésion à ce réseau mais leur
1
Le prototype du SIEL a été développé sur l’observatoire nigérien de Banizoumbou, il est en cours d’adaptation
sur les observatoires d’Afrique du Nord (El Omayed, en Égypte et Menzel Habib en Tunisie).
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RAPPORT A LA 3e SESSION DU CRIC
nombre reste limité et il conviendrait de dynamiser davantage les fonctions essentielles du
réseau.
IV- LA GESTION DES AQUIFÈRES DES GRANDS BASSINS
La gestion concertée des ressources en eau non renouvelable a été abordée par l’OSS dans
le cadre d’une approche intégrée de lutte contre la désertification et dans une optique de
développement durable des zones sahariennes.
A travers le programme Aquifère des grands bassins, l’action de l’OSS a visé la promotion
du concept « conscience de bassin » et la facilitation de la mise en place par les pays
africains de stratégies communes et d’outils appropriés au service d’une gestion concertée
et durable des aquifères partagées.
La stratégie de l’OSS est basée sur l’amélioration et le partage des connaissances sur les
ressources en eau et les moyens d’en assurer un usage optimal et durable en vue de lutter
contre la désertification et d’atténuer les effets de la sécheresse.
Parmi les résultats les plus important de l’OSS dans ce domaine, l’on peut citer :
• la publication de la monographie du système aquifère nubien partagé par la Libye,
l’Egypte, le Soudan et le Tchad ;
• la capitalisation des connaissances sur les aquifères partagés de la zone sahélienne
d’Afrique de l’Ouest ; une synthèse actualisée des connaissances sur les ressources en
eau de cette zone a été publiée en 2002.
Neuf bassins sédimentaires ont été identifiés dont celui du Sahara septentrional qui a fait
l’objet d’études approfondies.
Le projet SASS a réussi à mettre ensemble trois pays partageant les ressources en eau d’un
même bassin dans le cadre d’un partenariat et a entrepris avec eux la mise en place d’ outils
scientifiques, techniques et institutionnels au service des pays ; il s’agit d’une base de
données commune, d’un modèle mathématique et d’un mécanisme de concertation.
Les résultats du SASS ont également permis d’ouvrir la voie à la valorisation de cette
approche au profit d’autres aquifères et bassins partagés en Afrique.
L’OSS a été sollicité pour des projets similaires en Afrique de l’Est et de l’Ouest par l’IGAD et
le CILSS ; dans ce cadre, une coopération s’est développée entre l’UNESCO et l’OSS sur le
bassin des Illumenden partagé par le Niger, le Nigeria et le Mali.
A la demande de l’IGAD, l’OSS apporte sa contribution au développement d’un vaste
programme en Afrique de l’Est ; un document d’avant-projet a été élaboré, des études
nationales sont entreprises et la concertation se poursuit avec l’IGAD et les partenaires de
coopération en vue de lancer ce programme.
Les résultats encourageant du SASS apportent une perspective optimiste concernant
l’exploitation des aquifères partagés en Afrique. La démarche et les outils développés par le
projet peuvent être considérés comme un puissant outil à mettre aussi à la disposition des
eaux de surface moyennant une adaptation et une amélioration.
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RAPPORT A LA 3e SESSION DU CRIC
V- CONCLUSION
Les différents programmes de l’OSS ont accompagné les États et les Organisations
membres dans leurs efforts visant à mettre en place et à rendre opérationnel les
mécanismes de suivi-évaluation des Programmes d’Action Nationaux et Sous-régionaux.
Le suivi-évaluation s’est progressivement imposé comme une nécessité face à la prise de
conscience des acteurs de disposer d’une véritable comptabilité des ressources naturelles et
des conséquences socio-économiques de leur dégradation ; les acteurs ont également
besoin d’outils de mesure des efforts qu’ils déploient pour la conservation de
l’environnement.
Malgré les résultats enregistrés, de nombreux obstacles restent à surmonter dans la mise en
œuvre opérationnelle du suivi-évaluation des PAN des pays africains ; parmi les défis à
relever, l’on peut citer :
• l’inexistence d’une culture du suivi-évaluation qui demande un changement de mentalité ;
le suivi-évaluation est toujours considéré comme un instrument de contrôle et de
sanction ;
• l’insuffisance d’un ancrage institutionnel et organisationnel durable du suivi-évaluation ; le
montage d’un système national de suivi-évaluation est intimement lié à l’existence d’un
ONC fonctionnel, ayant les capacités d’entraîner les institutions nationales ;
• l’insuffisance de formateurs en suivi-évaluation pour répondre au besoin de renforcement
des capacités au niveau des pays.
Ces défis identifiés parmi d’autres ne remettent pas en cause les progrès enregistrés mais
doivent encourager à poursuivre les efforts en vue d’impliquer tous les acteurs dans la mise
en œuvre du suivi-évaluation. C’est dans cet esprit que l’OSS poursuivra son action de
renforcement des capacités nationales par la formation et l’appui méthodologique.
OSS n° 593
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