Contre la peine de mort : Folon, affiche

Transcription

Contre la peine de mort : Folon, affiche
Histoire des arts
Contre la peine de mort :
Folon, affiche
Présentation de l'œuvre
1. Qu'est-ce que c'est ?
2. Par qui cette œuvre at-elle été réalisée ?
4. Dans quel contexte
s'inscrit-elle ?
3. De quand date-t-elle ?
1. C'est une affiche de
99 sur 73 cm. Elle est
donc destinée à être
reproduite pour être
montrée au plus grand
nombre.
1. C'est une affiche de
99 sur 73 cm. Elle est
donc destinée à être
reproduite pour être
montrée au plus grand
nombre.
2. Jean Michel
Folon : artiste belge
mort à 71 ans en
2005 qui a travaillé
sur divers matériaux
et créé sous diverses
formes : aquarelle,
gravure, sculpture,
tapisserie, peinture,
timbres-poste,
décors de théâtre.
1. C'est une affiche de
99 sur 73 cm. Elle est
donc destinée à être
reproduite pour être
montrée au plus grand
nombre.
2. Jean Michel
Folon : artiste belge
mort à 71 ans en
2005 qui a travaillé
sur divers matériaux
et créé sous diverses
formes : aquarelle,
gravure, sculpture,
tapisserie, peinture,
timbres-poste,
décors de théâtre.
3. Elle date de 1978
soit 3 ans avant
l'abolition de la
peine de mort par
François Mitterrand.
1. C'est une affiche de
99 sur 73 cm. Elle est
donc destinée à être
reproduite pour être
montrée au plus grand
nombre.
2. Jean Michel
Folon : artiste belge
mort à 71 ans en
2005 qui a travaillé
sur divers matériaux
et créé sous diverses
formes : aquarelle,
gravure, sculpture,
tapisserie, peinture,
timbres-poste,
décors de théâtre.
3. Elle date de 1978
soit 3 ans avant
l'abolition de la
peine de mort par
François Mitterrand.
4. La dernière
exécution en
France a eu lieu en
1977 à Marseille.
La loi pour
l'abolition de la
peine de mort sera
promulguée le 9
octobre 1981. La
France est connue
pour être l'un des
derniers pays
d’Europe
occidentale et de la
Communauté
européenne à avoir
aboli la peine de
mort et à avoir
procédé à une
exécution.
L'auteur
Jean-Michel Folon
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Artiste belge, né le 1er mars 1934 à Uccle
et mort le 20 octobre 2005 (à 71 ans) à
Monaco des suites d'une leucémie.
D’une formation initiale d’architecte, il se
distingue bientôt dans le domaine de
l'illustration par un style caractérisé par de
larges dégradés à l'aquarelle et l'utilisation
récurrente de personnages au contour
volontairement schématique. Leur
expression égarée, leur errance en
apesanteur dans de vastes paysages
dénudés ou au contraire dans des espaces
urbains oppressants et énigmatiques,
parfaitement en phase avec les
interrogations de la société occidentale de
l'après mai 68 constituent sans doute le
meilleur aspect de son œuvre.
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Il dessine le générique de l'émission
Italiques diffusée de 1971 à 1974.
http://www.youtube.com/watch?v=dBSd8vVN7C4
Il crée, en collaboration avec le compositeur
Michel Colombier, le générique d'ouverture
et fermeture d'antenne d’Antenne 2, diffusé
entre 1975 et 1983, où ses bonshommes
bleus s'envolent sur une très mélancolique
cantilène pour hautbois et orchestre. C'est
probablement son œuvre pour la télévision
la plus connue.
http://www.youtube.com/watch?v=gkevyc0zh9w
On trouve une statue de Folon au parc
Borély depuis 1995 : La fontaine aux
oiseaux.
Jean-Michel Folon est aussi un ardent
défenseur des droits de l'homme, il a
notamment illustré diverses campagnes
pour Amnesty International.
Analyse
Le style figuratif
(on reconnaît
l’image d’un
magistrat) est
volontairement
schématique,
simplifié. L’école
picturale retenue
par l’auteur est
l’école
expressionniste.
L’Expressionnisme
est une forme d’art
qui
privilégie
l’émotion sur la
figuration réaliste.
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L'art figuratif est un style artistique, en particulier dans la
peinture, qui utilise comme modèles des objets du réel, les
déforme ou les change pour transmettre un message.
L'expressionnisme est un mouvement artistique apparu au
début du XXe siècle, en Europe du Nord, particulièrement en
Allemagne. L'expressionnisme a touché de multiples domaines
artistiques : la peinture, l'architecture, la littérature, le théâtre, le
cinéma, la musique, la danse, etc. L'expressionnisme fut
condamné par le régime nazi qui le considérait comme un « art
dégénéré ».
L'expressionnisme tend à déformer la réalité pour inspirer au
spectateur une réaction émotionnelle. Les représentations sont
souvent fondées sur des visions angoissantes, déformant et
stylisant la réalité pour atteindre la plus grande intensité
expressive. Celles-ci sont le reflet de la vision pessimiste que
les expressionnistes ont de leur époque, hantée par la menace
de la Première Guerre mondiale.
L’arrière-plan d’abord. Un dégradé du sombre vers le rouge, allant
de haut en bas, figure clairement la lumière d’un coucher de soleil,
la fin de vie, la mort. Le recours à la peine capitale est donc
symbolisé par un arrière-fond crépusculaire, extrêmement négatif :
la peine de mort est une régression. Pour aller de l'avant, vers la
lumière, la société doit donc s'en affranchir, la supprimer.
On reconnaît l’image d’un magistrat, notamment à son couvre-chef (qu’on appelle un «
mortier »).
Le magistrat est celui qui rend la justice et veille au respect des textes législatifs et
réglementaires.applique la loi et rend un jugement conforme au droit, après avoir étudié
le dossier et entendu objectivement les accusés et les accusateurs ainsi que leurs
avocats exposer leurs arguments dans un débat contradictoire.
Il peut fixer des sanctions et des peines, ordonner des dommages et intérêts. Ses
fonctions varient selon sa spécialisation : juge d'instance, juge des enfants, juge de
l'application des peines, juge des affaires familiales...
Les yeux du « magistrat », exorbités, sont figurés par des
cocardes (= insigne portant les couleurs nationales). C'est donc la
justice française qui est dénoncée. Les yeux dénotent que le
besoin de tuer est, chez le personnage, une sorte d’idée fixe. Il est,
en effet, comme hypnotisé. Le nez, à peine figuré par deux tirets
évoque un crâne, ainsi que l’écartement exagéré des yeux, luimême monstrueux et peu réaliste.
Le magistrat évoque donc une tête de mort, hypnotisée par une
idée fixe : avaler des têtes. La justice est une justice de mort, une
justice d'élimination, comme le dira Badinter dans son discours à
l'Assemblée nationale, trois ans plus tard. Cette image veut
dénoncer la justice française en l'assimilant à la mort et à la folie.
L’image rappelle, en effet, de très près (forme du visage,
couleurs crépusculaires) un tableau d’Edouard Munch de
1893, « Le cri ». La peine de mort est ainsi rapportée à
une image de la folie, sujet du tableau de Munch.
Enfin, la bouche, verticale, qui représente une guillotine, (au lieu d’être horizontale
comme dans le monde physique réel) au schématisme rectangulaire, c’est-à-dire
contraire à la nature ordinairement marquée par la ligne courbe, montre la totale
insensibilité du personnage, dénoncé comme le type même de l’inhumanité, jusqu’à
la folie. La couleur choisie pour l’intérieur de la bouche, le blanc, dénonce le vide de
la parole judiciaire, impossible à remplir, sinon par un silence qui signe la désolation.
Le procédé retenu pour la reproduction industrielle du document (procédé «
offset ») montre la volonté de produire et reproduire facilement une oeuvre
ayant valeur de message, et de mise en garde, destiné au plus grand
nombre, à une époque encore très éloignée de 1981 (1978, soit trois ans
avant).
Conclusion
Cette affiche critique ouvertement le pouvoir en place en
assimilant les symboles de la justice française (mortier du
magistrat, cocardes au couleur de la France) à ceux de la mort
(guillotine, tête de mort, crépuscule). Celui qui la regarde est
comme hypnotisé par les yeux en forme de cocarde et avalé
par la bouche béante en forme de guillotine. Le message
semble donc dire : réveillez-vous, ne vous laissez pas abuser
par « ceux qui veulent une justice qui tue, ceux-là sont animés
par une double conviction : qu’il existe des hommes totalement
coupables, c’est-à-dire des hommes totalement responsables
de leurs actes, et qu’il peut y avoir une justice sûre de son
infaillibilité au point de dire que celui-là peut vivre et que celui-là
doit mourir. » Robert Badinter discours devant l'Assemblée
avant le vote de la loi contre la peine de mort.
Prolongement :
Affiche Amnesty International
Amnesty International est une ONG (organisation non gouvernementale) qui
défend les droits de l'homme et le respect de la Déclaration universelle des droits
de l'homme. Cette organisation milite notamment pour la libération des prisonniers
d'opinion, l'abolition de la peine de mort et de la torture et l'arrêt des crimes
politiques, mais aussi pour le respect de l'ensemble des droits civils, politiques,
économiques, sociaux et culturels.
Cette affiche date de 2011. Elle représente une chaise électrique : inventée et
utilisée aux Etats Unis comme instrument d'application de la peine de mort. L'ONG
s'adresse donc directement aux Etats-Unis, une des dernières démocraties à
appliquer encore la peine de mort. C'est donc un symbole.
Cette chaise électrique est en cire : elle est en train de fondre, ce qui est appuyé
par le commentaire : « La peine de mort est condamnée à disparaître. » Le terme
« condamné » est un terme de justice utilisé pour renforcer le message et lui
conférer une sorte de caution juridique. Ce terme est important puisqu'il reprend
celui utilisé pour rendre la justice « assassine » et qu'ainsi il la désavoue, la
« condamnant » elle-même.
La bougie utilisée pour matérialiser la chaise électrique représente l'espoir :
- les petites flammes disséminées sur le sol mettent l'objet en lumière pour le faire
disparaître. La bougie est donc une lueur d'espoir sur l'obscurantisme (attitude
hostile envers le progrès) que représente la peine de mort, une lueur d'espoir
dans le noir de la mort.