Zibeline n°40 en PDF

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Zibeline n°40 en PDF
40
Du 13/04/11 au 18/05/11 | un gratuit qui se lit
Sortez !
Politique culturelle
Menaces sur la culture
Carte Flux, GMEM, Bernardines, BNM
Rendez-vous du kiosque, Printemps de l’art, galerie Dukan
Nuit des musées, MuCEM
5
6, 7
8
9
Théâtre
Gymnase, Toursky
Criée, Merlan, Minoterie
Gyptis, Bernardines
Jeu de Paume, Vitez, Bernardines, Badaboum
Arles, Berre, Avignon, Ouest Provence
Martigues, Cavaillon, ATP d’Aix
Cavaillon, Avignon
Au programme
10
12
14
15
16
17
18, 19
20 à 23
Danse
Ballet d’Europe, Châteauvallon, Pavillon Noir
Au programme
24, 25
26, 27
Musique
Chambre
Lyrique, symphonique
Contemporaine, jazz
Au programme
Actuelle, jazz
28, 29
30, 31
32
34 à 37
38 à 41
Jeunesse
Rencontres du 9e art, Artesens
Rencontres de l’illustration, Citron jaune
Éducation, La Valette
Fos, GTP, Arles
Lieux publics, Aix, Avignon, Le Revest
Au programme
Livres
42
43
44, 45
46
47
48 à 49
50, 51
Arts visuels
Detaille, La Traverse, Artothèque, Le Garage, Phocal
Vieille Charité, St-Maximin
Aix-en-Provence
Arles
Au programme
52
53
54
55
56, 57
Cinéma
Ouest Provence, Rendez-vous d’Annie
Alhambra, Reflets, Rousset
ASPAS, Aubagne
Ouest Provence, Latcho Divano, Institut de l’image
Films, Films de Force Majeure
58
59
60
61
62
Livres
Littérature
Arts, histoire
Colibris, cipM, Maupetit
Escale, Rencontre, Dialogues en librairies
Salon de Paris, Printemps de Cassis
64 à 66
67
68
70
71
Rencontres
Au programme, Horizontes del sur
72, 73
Patrimoine
Archives départementales d’Aix, journées des métiers d’art
Echange et diffusion des savoirs
74
75
Sciences et philosophie
L’énergie, au programme
Adhérents
76, 77
78
Qu’avons-nous
fabriqué ?
Flux, nouvelles, infos, fulgurances, voilà que notre monde se
liquéfie, se délite, devient insaisissable, fluctuant, baroque.
La presse se proclame support, média, organe, oubliant
d’être un lieu d’analyse. Et des mots étranges s’imposent
aux artistes, projet, réseau, relais, rhizomes pour qu’ils
ne pensent pas leurs œuvres, mais la dynamique qui les
habille.
Notre âge postmoderne s’est mis à mépriser le produit, pour
vénérer les flux. Pas même ceux des capitaux, représentations symboliques du réel comme les mots le sont, mais
ceux de la spéculation, c’est-à-dire de l’anticipation virtuelle de l’avenir. Nous ne tenons jamais au temps présent,
avertissait Pascal, avant la révolution industrielle et l’avènement aliénant de l’objet de masse. Il semble que la
révolution numérique nous ait fait franchir le seuil à
rebours, et dématérialisé nos existences, transformant le
geste d’écrire en clic, celui de converser en tchat, de rire
en lol. Mais aussi le besoin de possession physique en
plaisir d’assister à l’abri des écrans…
Révolution culturelle s’il en est, qui nous divise intimement.
Qui change nos corps, nos psychés, valorise la fulgurance
et non la dialectique, l’accomplissement. Qui prescrit aux
bibliothèques de numériser le patrimoine et d’élaguer les
collections, et aux libraires de penser à flux tendu, abandonnant les livres après deux mois de vie dans leurs rayons
mouvants. Qui raccourcit la pensée en slogans, l’œuvre en
pitch, impose l’instinct et la vitesse contre la réflexion,
favorise les forts en gueule et la séduction.
Si imprudents, continuait Pascal, que nous errons dans les
temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons point au seul
qui nous appartient.
Ce qui nous appartient n’est pas dans le projet, le trajet, le
support, le portable. Les bombes sur les têtes, les balles dans
les corps, explosent aujourd’hui en nos noms ; le fascisme
gagne dans nos cités, et la misère, l’inculture ; la pornographie, premier usage d’Internet, bouleverse nos relations
amoureuses…
C’est au présent qu’il faut tenir. Sans doute en sortant des
flux d’infos et de projections qui empêchent de créer, et de
vivre.
AGNÈS FRESCHEL
RetrouveZ nos éditions précédentes
sur www.journalzibeline.fr
MENACES SUR LA CULTURE
POLITIQUE CULTURELLE
05
!! Alerte !!
Il plane sur Marseille Provence 2013, et sur la vie culturelle régionale, des menaces tout à fait concrètes…
Voilà que les festivals printaniers débutent, que les
saisons prochaines se dessinent, que les réjouissances
d’été s’annoncent… comme si de rien n’était. Comme si
tous n’avaient pas à subir d’énormes baisses de subventions, des pressions, des menaces, une méfiance
généralisée, et le reproche insensé d’être élitiste ou
médiocre, ringard ou abscons, de ne pas rassembler
assez, diffuser assez, ou d’être trop populaire. Car le
temps est venu où les subventionneurs n’ont plus d’argent et opèrent des coupes sanglantes… avec parfois
une mauvaise foi sidérante, tentant de justifier leurs
retraits en accusant les projets artistiques qu’ils ont
soutenus de ne plus être opérants.
Se rassembler
Mais l’essentiel n’est pas économique : ceux qui ne
veulent pas s’enfermer dans une société qui méprise et
détruit ses artistes doivent le faire entendre… Et les
acteurs culturels doivent arrêter de se prêter au petit
jeu, induit par ceux qui veulent annihiler la force subversive de l’art et de la pensée, de débiner leurs
concurrents, de laisser planer le doute sur la qualité et
la pertinence esthétique de ceux qui travaillent dans le
champ voisin… même si ils n’aiment pas tout ce qu’ils
font !
Sans renoncer à leur sens critique, les artistes doivent
se serrer les coudes face à la menace commune. Acteurs
culturels, intellectuels, enseignants et publics, politiques
aussi qui le souhaitent, doivent bâtir un programme
alternatif aux tentations marchandes des industries culturelles. Pour réinventer un service public de la culture,
généreux, décentralisé, productif sans productivisme,
exigeant, passionné. Car sans cela, que vaut la vie ?
Que ceux qui disposent de l’argent public (le nôtre donc,
pas le leur) aient un droit de regard (un devoir, même)
sur la destination de celui-ci est une évidence. Encore
faut-il, pour ne pas désespérer les créateurs, être honnête sur les motivations des baisses de subvention, qui
s’exercent aujourd’hui pour des raisons budgétaires et
non artistiques. Et encore faut-il que le mode d’exercice
de ce regard ne soit pas hasardeux : l’attribution des
subventions reste opaque, et certains chargés de mission brillent avec constance par leur absence dans les
expos ou aux spectacles, et tandis que les comités
d’experts, qui jugent des pairs exerçant sur le même
territoire, manquent parfois aux principes de base de
l’impartialité.
Jugés par des concurrents qui ont intérêt à les expulser
de terrains de plus en plus étroits, ou par des techniciens et des élus chargés d’appliquer des restrictions
budgétaires conséquentes, les artistes de la région
dépriment très sensiblement. Mais continuent de produire sans moyens et sans enthousiasme (comment en
auraient-ils ?) des œuvres souvent inabouties quand ce
ne sont pas des «work in progress». Ou pire, des spectacles gras propres à remplir les salles et à faire rentrer
les indispensables recettes. Procédés insatisfaisants,
bouts de ficelle provisoires qui perdurent ou s’étiolent,
qu’on reproche en retour aux artistes… et qui les éloignent d’un public que les années plus fastes leur avait
permis de véritablement conquérir.
L’accélérateur 2013
Nous l’écrivions dès 2007, alors que personne n’y croyait
encore : la candidature de Marseille Provence avait
toutes les chances d’aboutir… et d’assécher la richesse
culturelle d’un territoire inextricablement complexe.
Bernard Latarjet a construit un projet enthousiasmant,
qu’il a imposé envers et contre à peu près tous. Aujourd’hui, même si son retrait n’est pas assimilable à
une démission, son renoncement à diriger le projet est
forcément un signe de lassitude. Lassitude de l’imbroglio
politique qui laisse la culture à Marseille sans direction,
dégoût du désengagement de tous quant au financement de la vie culturelle régionale, amertume quant
au peu d’enthousiasme des entreprises qui attendent
de rafler la manne touristique sans investir un euro dans
la vie artistique… Autant de chausse-trapes que nous
signalions il y a trois ans, et dans lesquels nombre de
projets artistiques gisent aujourd’hui transpercés.
D’autant que d’autres pièges, que nous ne soupçonnions
pas, se sont ouverts en cours de route. Le parisianisme
qui est reproché à MP2013 est un faux procès : recru-
Bernard Latarjet © Agnès Mellon
Conflits d’intérêts
AGNÈS FRESCHEL
tant y compris dans la région, l’équipe de 2013 examine
les projets des acteurs culturels du territoire… tandis
que l’État coupe les subsides des collectivités, place à
la tête de la Criée une candidate dont la région ne voulait pas, construit de grands équipements qui vont tous
être dirigés par des personnes étrangères à la vie
culturelle régionale. Quant aux entreprises, qui se
désengagent du mécénat culturel (moins 62% en trois
ans !), elles laissent péricliter la vie artistique et intellectuelle de Marseille Provence, qui avait pourtant
permis de remporter la candidature.
Agir
Il y a urgence : les artistes sont abandonnés par l’État
sous prétexte d’une excellence illusoire venue d’en
haut ; les lieux sont laissés sans direction par la Ville de
Marseille qui, empêtrée dans ses conflits internes,
dispense son aide à l’aveugle ; les compagnies sont rendues schizophrènes par le conseil régional, et le conseil
général 13, qui confondent développement du territoire, action sociale et éducative, et politique culturelle.
Si nous ne voulons pas voir voler en éclats la spécificité
opérante de cette culture d’ici, celle-là même qui a
séduit les instances européennes, il est plus que temps
de définir une politique culturelle alternative. Une vision globale qui pèse, et pose franchement la question
des moyens : tous les économistes savent que rogner
sur la culture n’est pas rentable, puisque cela baisse peu
les dépenses, et a des conséquences immédiates, durables, couteuses, et bien plus grandes, sur les secteurs
voisins (tourisme, artisanat, communication, commerces). Si l’on veut éviter la récession il faut donc exiger,
au minimum, un rétablissement des moyens de 2008
quant au fonctionnement des associations culturelles.
Les collectivités et l’État s’y étaient engagés auprès de
Bernard Latarjet, les politiques en charge de la culture
doivent avoir le courage de le revendiquer bien au-delà
de la région, et de 2013.
06
POLITIQUE CULTURELLE
CARTE FLUX | GMEM | BERNARDINES
Association de bienfaiteurs
Pour la deuxième année les festivals qui fleurissent autour de mai à Marseille
s’allient pour proposer un Flux commun. Non pas une programmation élaborée
ensemble, mais un dispositif qui permettra aux encartés –la carte est rouge,
le poing levé !- de picorer un spectacle dans chaque programmation de ce
nouveau front contemporain. Car comme la com le laisse entendre le geste
est militant : il s’agit d’offrir à tous ceux que les arts vivants attirent l’envie
d’aller voir juste à côté de leurs habitudes, et de se concocter un cocktail
mixant danse, performance, musiques et cinéma documentaire. Les alliés de cet
axe du bien ? Le GMEM ouvre le Flux musical qui sera clos par le Mimi au
Frioul, le Ballet national transporte ses formes néoclassiques ou
contemporaines à l’Opéra et à la Criée, avant que Marseille Objectif Danse
pique notre curiosité, le Festival de Marseille nous invite vers un été
passionnant que le Festival International du Documentaire agrémentera
pour les encartés de ses projections gratuites. Mais attention : c’est illico que
les Informelles prennent leur quartier de printemps à la Gare Franche… Ce
sont donc pas moins de 7 spectacles, concerts et projections que vous pourrez
voir pour 45€ (carte non nominative), une aubaine en ces temps de vent aride
sur la création : nos 7 associés subissent tous des restrictions plus ou moins
graves de subvention. Un regret ? Comme souvent peu de théâtre, et pas de
littérature. Les gestes, les corps, les sons et les images, et leurs croisements,
doivent-ils vraiment aujourd’hui se passer des mots ?
AGNÈS FRESCHEL
Retrouvez les programmations du Mimi, du Festival de Marseille,
de MOD et du FID dans nos prochains numéros
www.fluxdemarseille.com
Tourbillon d’ensembles
Pour sa 24e édition de ses Musiques,
le GMEM a concocté un programme très
serein : durant 11 jours les concerts se
succèderont dans la ville, faisant
entendre créations et répertoire
contemporain, sans coup d’éclats,
dans un équilibre qui fleure bon la
maturité (voir programmation p 36).
L’ivresse, c’est par la pléthore de propositions que Raphaël de Vivo veut la
faire éprouver : «J’aime les moments
forts que l’on peut enchaîner, le tourbillon, la mise en perspective des œuvres
que l’on opère dans les festivals.» Peu
de voix et de musique électronique
cette année, ou de formes théâtrales.
De la danse (Emmanuelle Huynh, puis
Daniel Linehan et Barbara Sarreau),
des conversations, et surtout des
concerts d’ensembles. Avec une attention particulière portée aux timbres
surprenants, du trombone à la cornemuse en passant par un orchestre
de violoncelles, la masse de 10 formations (chœurs, orchestre, ensembles)
réunies en Bacchanales (création
d’Alexandros Markeas), l’éternel quatuor… puis des haïkus, une installation
en forme de cocon, des minimalistes
américains (ou d’ailleurs), des spectraux (Murail, Grisey), une triade de
Grecs (Xenakis, Aperghis, Markeas),
l’impressionnant Escalier du diable de
Ligeti, des créations ou des pièces
toutes récentes de Philippe Hurel,
Yan Maresz, Martin Matalon, François
Rossé, Bernard Cavanna, Jonathan
Harvey… et Anne Lebaron (ah oui,
les femmes aussi composent ?).
Un festival qui parvient donc à conserver ses ambitions, offrant pour un
prix symbolique («6€, un prix qui reste
un geste volontaire mais ne constitue
pour personne un obstacle» explique
le directeur) une vingtaine de spectacles et concerts, et ce malgré les
difficultés actuelles de production :
«nous ne pouvons plus pratiquer aussi
facilement l’achat de concerts, nous
nous inscrivons donc dans une
politique de coproductions, et nos
commandes sont plus petites, avec des
Machinations © Ircam, Agnes Fin
effectifs réduits… une réalité économique qui influence forcément la
création musicale actuelle : la réduction des formes ne relève pas d’un
choix esthétique.»). Des difficultés qui
ne modèrent pas l’enthousiasme :
avec les 330 000 € que le GMEM
consacre à son festival, malgré une
baisse de subventions de 70 000 €
depuis 2009, les Musiques parviennent à regrouper 4500 spectateurs
(billetterie payante) autour de la
musique contemporaine…
Festival Les Musiques
Du 4 au 14 mai
La Friche, divers lieux marseillais
04 96 20 60 10
www.gmem.org
A.F.
Franche et bonne
franquette
Les Informelles commencent à la Gare Franche, chez Znorko, dans ses jardins,
ses espaces citoyens qui sont aussi lieux de représentation et de travail… Quoi
de plus naturel donc que cette escale, pour un festival pas comme les autres
qui multiplie les petites formes expérimentales et inattendues, prenant le
risque de ratages superbes, et de révélations ? Au programme de la première
semaine, une création de Marie Lelardoux sur un texte de Suzanne Joubert :
La Maison touche à cette sensation déstabilisante que l’on éprouve lorsque
l’on perd le lieu familier qui habituellement nous abrite, le foyer, la demeure…
Puis il y aura Mazzuchini qui tchache, Rebotier qui lui même vient mettre en
garde contre la terreur de la nature, un film d’Hélène Milano, le collectif Terrain
vague qui dit Zut, s’invite au repas, anime les fins de course… Tout cela en
vrac, d’affilée. Informel, on vous disait !
La semaine suivante rapatrie les Informelles à la maison mère : les Bernardines
abriteront une autre aventure, et poursuivront la réflexion entamée l’an dernier
autour du gaspillage…
A.F.
Les Informelles
Du 16 au 28 mai
La gare franche, Marseille 15e
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
BNM
POLITIQUE CULTURELLE
07
Le printemps paradoxal
du Ballet National
Alors que le Ballet National s’apprête à offrir d’abondantes fleurs aux spectateurs d’Aix et Marseille, le conseil régional
baisse sa subvention de près de 140 000 €. Frédéric Flamand, avec sa pondération habituelle, exprime sa surprise…
Zibeline : Comment réagissez-vous à cette baisse
brutale ?
Frédéric Flamand : Nous sommes un Ballet National,
donc nous avons vocation à être essentiellement subsidiés (expression délicieusement wallonne pour notre
affreux «subventionné», ndlr) par l’État et la Ville. Le
conseil régional est maître de ses subsides. Mais cette
baisse est conséquente, 139 642 € tout de même !
Nous espérons simplement que cet argent qu’on nous
enlève restera à la culture, et ira à des gens qui en ont
besoin. Ce qui nous chagrine davantage ce sont les
propos qui ont paru dans la presse nationale, sans démenti, et qui ne disent pas la vérité...
C’est-à-dire ?
Monsieur Mennucci affirme, ou du moins Le Monde le
rapporte, que le Ballet National «danse trente fois par an».
Or nous avons cette année, en 2011, 68 représentations : 20 à Marseille, 21 dans le reste de PACA, 5 en
France, et 22 à l’international (Belgique, Portugal,
Allemagne, Autriche, Maroc, États-Unis). Nous sommes,
en termes de public à l’étranger, le premier ambassadeur
de la Ville de Marseille : quand nous dansons à Houston,
Bruxelles ou Luxembourg, c’est dans de très grandes
salles… Mais nous ne négligeons pas non plus d’aller
dans les petites salles de Six-Fours ou Rognac avec des
programmes adaptés, ou jusqu’à Gap avec nos grandes
formes, parce que nous sommes attachés au développement du territoire régional et des publics. D’ailleurs
ici, à Marseille, avec nos dispositifs pédagogiques et la
collaboration avec LOGIREM, nous contribuons à élargir
considérablement le public de la danse…
Monsieur Mennucci vous compare au Ballet Preljocaj,
constatant qu’il diffuse beaucoup plus que vous.
Je ne veux pas entrer dans ce jeu. Le succès d’Angelin
Preljocaj est exceptionnel, et il le mérite. En ce moment
on essaie de nous dresser les uns contre les autres, c’est
très dangereux. Je travaille avec Angelin, chez Angelin,
nous serons au Pavillon Noir dans quelques jours, nous
avons partagé l’expérience de Dance, nous nous connaissons et apprécions depuis des années… Monter les
artistes les uns contre les autres est une tentation à
laquelle il faut résister. Pour répondre sur la diffusion après avoir établi la vérité des 68 dates que nous avons,
et non des 30, qui sont celles que nous avons dans notre
programme de mars à juillet- nous n’avons pas les
mêmes missions ni le même passé que le Ballet
Preljocaj. Quand je suis arrivé il y a 6 ans à la tête du
BNM j’ai dû faire avec une situation très difficile, un
ballet malmené, sans répertoire, coupé en deux, avec
des missions peu claires. Nous l’avons remonté, sans
saignée, et nous respectons à la lettre notre cahier des
charges en termes de créations, d’entrées au répertoire,
de commandes, de diffusion. Nous tournons 5 programmes en même temps. Le Ballet Preljocaj n’a pas ces
impératifs, Angelin travaille avec des danseurs qu’il a
choisis, et ne tourne que ses œuvres…
Puisqu’il est question de programmes, parlez nous de
ceux que nous allons voir !
Moving Target © Agnes Mellon
Oui, c’est plus agréable ! On commence d’ailleurs au
Pavillon Noir d’Angelin avec notre programme Forsythe,
Ochoa et Childs, les 19 et 20 avril, tandis que l’autre
partie du ballet danse Métamorphoses à Houston… Puis
on sera à l’Opéra de Marseille avec une création de
Michèle Noiret, qui est actuellement chorégraphe associée au Théâtre National de Belgique et explore des
territoires intimes. Elle a écrit pour nous une très belle
pièce intitulée Hôtel Folia. C’est la fille de Joseph Noiret
du groupe COBRA, elle a un sens très aigu de la poésie
et de la musique, et a réalisé avec nos danseurs un véritable petit film dans les studios du ballet transformés
en décor de cinéma. C’est une pièce pour 10 danseurs,
autour de miroirs qui bougent, et qu’il faut traverser…
Vous reprenez aussi Le trouble de Narcisse
Oui, qui tourne un peu autour des mêmes thèmes de
l’image, de l’identité, du dédoublement, des apparences.
On a retravaillé la pièce, et ajouté dix minutes, un beau
solo, une traversée du réel sur un blue screen où sont
projetées de petites séquences de quotidien agressif,
dans lesquelles Narcisse se débat…
Quelques jours après vous retrouvez la Criée
Oui, pour quatre représentations dans la grande salle !
Avec Moving Target, une pièce que j’ai créée il y a 15 ans
mais dont l’actualité m’a sauté aux yeux lors de la
reprise au Grand Théâtre de Provence. Car les corps sont
de plus en plus normés, subissent la niaiserie du
formatage obligé, et une mondialisation des critères
physiques.
Mais vos danseurs, eux-mêmes, ont des corps
formatés…
C’est là toute l’ambiguïté : que des corps performants
remettent en cause leur propre formatage, et le
dépassent… Nous sommes plongés dans une telle folie
de la normalité. La schizophrénie de Nijinski, autour de
laquelle Moving Target travaille, me semble de plus en
plus entrée dans notre vie…
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL
Inverses, Pas de deux, Tempo vicino
Du 19 au 22 avril
Pavillon Noir, Aix
0811 020 111
www.preljocaj.org
Hôtel Folia. Le Trouble de Narcisse
Le 6 et 7 mai
Opéra de Marseille
04 91 327 327
www.ballet-de-marseille.com
Moving Target
Du 11 au 14 mai
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Cartes blanches aux danseurs
Festival des arts éphémères
Le 19 mai
Parc Maison Blanche
www.marseille9-10.fr
08
POLITIQUE CULTURELLE
RDV DU KIOSQUE | PRINTEMPS DE L’ART | DUKAN
Rester visible
Depuis sa première en 2008, le Printemps de l’Art
contemporain à Marseille s’étoffe à chaque édition.
Désormais marseille expos bénéficie d’un bureau rue
Jean de Bernardy (juste en face d’Où), d’un poste de
chargé de développement, d’un budget de 18 000
€ pour ce Printemps attendu réjouissant et festif
(plusieurs évènements programmés à l’initiative de
chaque lieu). Cette année plusieurs structures non
affiliées au réseau sont partie prenante dans une
programmation associée : Tchikebe atelier de sérigraphie d’art accueille Didier Blondeau, Les Pas
Perdus propose des formes artistiques inhabituelles
de l’art contemporain, Vacances Bleues entreprise
et mécène privé ouvre au public exceptionnellement
une partie de sa collection photographique… Dans
cette perspective d’échange et de mutualisation,
Botox[s], équivalent niçois du réseau marseillais, est
invité pour une proposition spécifique, avec un retour
marseillais à Nice fin mai. La programmation complète mise à jour est à découvrir en ligne dès aujourd’hui.
Découvrez les programmations du
Festival d’Avignon, du Festival de
Marseille, des Chorégies d’Orange,
du Festival d’Aix et du Festival de
jazz des Cinq continents dans notre
prochain numéro, ou en ligne sur
leurs sites.
Festival d’Avignon
04 90 27 66 50
www.festival-avignon.com
Festival de Marseille
04 91 99 02 50
www.festivaldemarseille.com
Chorégies d’Orange
04 90 34 24 24
www.choregies.asso.fr
Et demain ?
Les tentatives ne manquent donc pas pour garder
la tête hors de l’eau du vieux port, mais la même question ressurgit régulièrement : quel projet cohérent
et ambitieux pour Marseille pour l’art contemporain ? Smp, Buyself, Rlbq et maintenant Dukan et
Hourdequin ont disparu, marseille expos fédère toujours une vingtaine de lieux, et des galeries privées
restent sur le côté. Alors que le [mac] végète, le
Frac bénéficiera d’un bâtiment flambant neuf à
l’autre bout de la ville. Puisque les grands hôtels
historiques de la Canebière et l’Hôtel Dieu sont dévolus à d’autres utilités, quel avenir pour l’immense et
central hôtel de la poste Colbert ?
Comment l’art contemporain peut-il, saura-t-il prendre sa pleine part dans la dynamique de la cité ?
Quel accueil accordé aux créateurs ? Pour quel
public ? Quelle implication des collectivités publiques et d’État ? Comment le secteur de l’entreprise
saura-t-il s’investir ? Un colloque initié par la CCIMP
fera écho à cette question jeudi 13 mai : «Les
systèmes économiques du monde de l’art, art/entreprise». Une partie de la question seulement. Car
il ne s’agit pas que de lisibilité.
CLAUDE LORIN
Festival d’Aix
0 820 922 923
www.festival-aix.com
Chez Astérides, Davide Cascio, Public improvisations, 2008,
collage sur papier, 33 x 24 cm © Davide Cascio
Jazz des cinq continents
Espaceculture : 04 96 11 04 61
www.festival-jazz-cinqcontinents.com
Printemps de l’art
contemporain à Marseille
12, 13, 14 mai
www.marseilleexpos.com
Centenaire et printanier
Il était depuis des années abandonné aux pigeons
et à l’urine des noctambules… Le kiosque de la
Canebière veut pour ses cent ans retrouver l’enthousiasme de sa jeunesse ! Les Rendez-vous du
kiosque, organisés par la mairie du 1/7, veulent
permettre aux habitants et aux passants d’y retrouver des manifestations culturelles et festives :
après l’ouverture de Latcho Divano le 8 avril (voir
couverture), on y verra du clown (Tendance clown
les 20 et 21 mai), on y dansera (Milonga le 3 juin),
et toutes sortes de musique et de sons (Radio
Après 12 ans à Marseille et 2 galeries,
Sam Dukan et Marc Hourdequin
jettent l’éponge : direction Paris.
Un choix difficile mais nécessaire
Vue de l'exposition Carolein Smit, galerie Dukan & Hourdequin © X-D.R
Fin de partie
grenouille le 29 avril, Kabbalah le 13 mai, Nine
spirit le 17 juin, Ysae le 1er juillet) vont tenter de
redonner vie à l’artère la plus célèbre de Marseille,
qui a longtemps dépéri. Car si le kiosque, trop
surélevé, n’est pas vraiment pratique pour des
représentations ou des concerts assis, il est idéalement situé, et fort joli…
Les Rendez-vous du Kiosque
06 26 83 58 74
www.rendezvousdukiosque
Il avoue s’être trompé de stratégie à l’ouverture de sa première galerie rue
Sylvabelle, mais Sam Dukan n’est pas homme à baisser les bras ! Après avoir
joué la carte des grands noms en espérant appâter les jeunes artistes qui le
traitèrent de «ringard», après un détour par l’Usine Corot, il ouvre avec Marc
Hourdequin en 2006 rue d’Aubagne une petite surface dédiée à la scène
émergente. Au rythme de 5 expositions annuelles accompagnées d’une édition,
leur galerie s’inscrit dans l’agenda marseillais dans «l’indifférence totale des
institutions à notre travail et le manque de reconnaissance régionale.» De rares
visites, pas de commission d’achat du FRAC, une seule œuvre vendue à
Marseille : le duo n’a d’autre choix que d’écumer les salons internationaux…
Mais cela a un coût et «nous ne sommes pas riches. Nous sommes d’abord des
collectionneurs avant d’être galeristes. Si nous ne vendons pas d’œuvres nous ne
pouvons par recouvrir nos dettes.» Les 400 000 € de C.A. ne suffisent pas à
compenser le manque de collectionneurs en région, alors qu’ils les
«collectionnent» à Paris et à l’étranger ! Avant de fermer boutique, ils offrent
à Marseille leur dernier tour de piste avec Carolein Smit, qui écrit dans la
céramique des contes pour adultes.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Réouverture au 24 rue Pastourelle 75003 Paris
NUIT DES MUSÉES | MUCEM
POLITIQUE CULTURELLE
09
La Nuit de mai
Le 14 mai les portes de 3200 musées d’Europe s’ouvrent à des plaisirs nocturnes… et gratuits !
En France, l’an dernier, plus de deux
millions de visiteurs ont déambulé
dans les 1300 établissements ouverts
jusqu’à 1h du matin, qui proposaient
visites, concerts, spectacles, animations
et activités ludiques exceptionnelles… Un bilan très positif, puisque
cette 5e édition de la Nuit des musées
rassemblait 200 000 personnes de plus
qu’en 2009, et 500 000 qu’en 2008.
Une hausse constante depuis le lancement de la manifestation, qui vise
à modifier le mode de visite du musée.
Visiter son patrimoine
En effet la fréquentation des Musées
de France se concentre sur les saisons
touristiques, et ce phénomène est
particulièrement sensible en PACA. Il
faut dire que les trois Musées Nationaux sont sur la Côte d’Azur, que la
seule exposition labellisée «d’intérêt
national» en 2011 se tiendra au Cannet de juin à septembre (exposition
Bonnard). Cette fréquentation touristique permet aux musées de la région
d’être parmi les plus fréquentés de
France (2e région après l’Île de France
avec 110 labels Musée de France, 4
millions de visiteurs, une très bonne
moyenne annuelle de 32 500 visiteurs
par établissement, et une hausse nette
de la fréquentation depuis 5 ans).
Mais comme partout les habitants de
PACA fréquentent peu les musées de
leur propre territoire !, et les collections pourtant très riches d’art ou de
civilisation peinent à attirer des visiteurs hors des vacances.
Pour remédier à cela des médiateurs
conçoivent des programmes pédagogiques et ludiques, les collectivités
territoriales proposent de redécouvrir
les richesses patrimoniales à travers
des parcours à thèmes, et l’État met en
place les Journées du patrimoine en
septembre, et la Nuit des musées en
mai : un dispositif festif, gratuit, pour
lequel chaque Musée de France
propose librement sa formule, sans
thématique.
Inégal
Cette Nuit des musées à entrée libre
permet en effet de compenser certaines disparités du territoire : si le
Musée Granet (Aix), les musées de
Nice (Chagall, Matisse et Arts Modernes) ou le musée de l’Arles Antique
constituent des pôles d’attraction
remarquables, les musées de Marseille
en particulier sont peu fréquentés
malgré la qualité de leurs fonds. Une
disparité territoriale qui est le reflet
d’une diversité sociale, puisqu’à
Marseille près de 70% des entrées
bénéficient des dispositifs de gratuité1, quand la moyenne dans les Musées
Nationaux est de 48% (32% à Aix).
C’est en attirant au musée des visiteurs différents, séduits par la
proximité, les concerts et les événe-
Les musées muent
Polichinelle. Marionnette à gaine du Théâtre Anatole. Deuxième moité du
19e siècle © MuCEM-Daniel Adam
Du 24 au 26 mars le MuCEM organisait des rencontres
professionnelles destinées à «débattre avec la communauté scientifique concernée du rôle et des missions
d’un musée de civilisations consacré à la Méditerranée».
Trois jours de tables rondes passionnantes, où les
missions et l’objet du futur MuCEM ont pu être évoquées –nous y reviendrons plus précisément dans le
prochain numéro- mais qui ont également dessiné les
ments exceptionnels proposés en
échos aux collections, que cette Nuit
se propose de renouveler le public.
Un mouvement qui s’inscrit dans
l’évolution actuelle des politiques
muséales : si en 5 ans la fréquentation nationale2 a nettement augmenté,
les entrées payantes n’ont que peu
évolué (+7%), alors que les entrées
gratuites ont explosé (+60%)…
AGNÈS FRESCHEL
1
Dispositifs mis en place
pour les enseignants, les moins
de 26 ans, les chômeurs/rmistes,
les 1er dimanches du mois, durant
les Journées du patrimoine
et la Nuit des musées, pour
certaines collections permanentes…
2
Source : Rapport muséostat 2009,
ministère de la Culture, direction
du Patrimoine
nouveaux contours des «musées de civilisation(s)». proposer des expositions transversales, inhabituelles,
Zéev Gourarier, le nouveau directeur scientifique du et être à la fois un lieu de recherches et de vie ? En
MuCEM, résumait le dernier jour les trois âges de ces effet ces musées doivent prendre en compte les
établissements nés au tournant du XXe siècle, issus transformations du monde, se garder d’être des
d’une part de l’ethnologie exotique, les «musées de musées de communautés, sans s’approprier le sens des
l’autre» conçus à l’époque coloniale, d’autre part des objets, et en diffusant le savoir auprès du plus grand
musées des traditions populaires, les «musées de soi». nombre…
Remis en cause après 1968, dépoussiérés, ils ont évo- Pour conclure Bruno Suzarelli, directeur du MuCEM,
lué dans une volonté structuraliste d’expliquer l’ensemble promit que l’établissement «rendra hommage à cette
d’une société, adoptant des scénographies d’immersion. histoire des musées», et Marie-Christine LabourDepuis 2005 ces grands musées vivent semble-t-il une dette, Directrice générale des Patrimoines, suggéra
«ère relativiste» : pluridisciplinaires, relevant à la fois que dans le cadre du nouvel Établissement Public du
de l’histoire, de l’histoire des arts et de l’anthro- MuCEM, qui verra le jour courant 2011, un nouveau
pologie, ils n’ont plus l’ambition d’expliquer le monde, conseil scientifique international de la Méditerranée
mais d’ouvrir des portes, de comprendre ce que les et de l’Europe soit institué. Pour que se poursuive la
réflexion prolifique de ces 150 chercheurs de
objets ont à dire, et d’en être émerveillés.
civilisation(s)...
Car s’il fut question durant ces trois jours de muséoVoir à ce sujet p 53.
logie, de scénographie, d’appareil critique,
de la nécessité de mettre les
A.F.
objets en perspective, ce
sont les collections
Ces journées ont eu lieu
qui furent au cœur
à l’Alcazar, BMVR de Marseille,
des interrogations.
du 24 au 26 mars
Décident-elles du territoire d’un musée, ou
sont-elles constituées,
complétées a posteriori
pour servir les questionnements ? Et comment définir
le territoire d’un musée, le
faire vivre, évoluer, rendre
Coffret, Suède, 1823
compte de la culture contem© MuCEM-Anne Maigret
poraine, s’ouvrir à l’art vivant,
10
THÉÂTRE
GYMNASE | TOURSKY
Feydeau de toutes parts
Passer de la 3e à la 5e sans débrayer
peut conduire à des dérapages républicains incontrôlés. J’ai la femme dans
le sang, composition théâtrale d’après
Les Farces Conjugales de Georges Feydeau, questionne quant au renouveau
promotionnel du regard réactionnaire
sur les femmes. Est-ce là, vraiment,
une dénonciation détournée qu’opèreait notre cinquième république qui se
rétro dégrade en troisième, pour en revenir à la déliquescence folle des années
de misères guerrières ? Voyeurisme,
scatologie, inceste sont interrogés. La
troisième république qui s’accolera au
fascisme en l’intronazisant y est comparée à la nôtre, où une cover-girl
préside à nos destinées en première
dame de France. Mais que dénonce
Richard Brunel dans cette re-publication complaisante de la déliquescence
d’une bourgeoisie revancharde, belli-
queuse, machiste et méchante ?
Quelles révélations politiques ou même
seulement humoristiques dans ces
plaisanteries de pot de chambre et de
fesses en l’air ? La complaisance critique
est-elle subversive ou encourage-t-elle
l’équivoque ? La scénographie n’éclaire pas le spectateur sur les attendus et
sous-entendus de ce procès, qui n’en
est pas un, du bourgeois imbécile. Car
là aussi est la question : si ce nigaudlà représente bien le bling bling
d’aujourd’hui, doit-on l’exécrer ou
admirer sa belle montre et ses lunettes
de soleil ?
YVES BERCHADSKY
© Jean-Louis Fernandez
Donnez-nous
des acteurs russes !
Le festival russe du Toursky constitue l’un des moments de l’année culturelle
depuis 16 ans. Toutes les formes artistiques ou presque sont présentes, et le
succès des œuvres programmées ne se dément pas. Ces soirées s’achèvent avec
des cabarets d’un enthousiasme convivial… et renouvellent le plaisir du théâtre,
que ce soit avec la troupe du Théâtre Central Académique de l’Armée Russe
ou celle du Théâtre de la Jeunesse de Saint Pétersbourg. La première livrait
une adaptation magistrale du Manteau de Gogol. La mise en scène dynamique
de Boris Morozov s’appuie sur une esthétique photographique, avec des arrêts
sur image, une chorégraphie réglée comme une horloge, et des acteurs qui savent
tout faire avec rigueur et talent. L’espace scénique joue sur un décor simple,
stylisé, qui renvoie aux différents lieux de l’action : la ville et ses réverbères, les
bureaux, le siège des fonctionnaires importants, la chambre du malheureux Akaki
Akakievitch Bachmatchkine… le passage d’un univers à l’autre s’effectue avec
aisance. Fedor Tchekhankov, artiste populaire de Russie et rôle-titre, se glisse
dans le personnage avec une intensité troublante… tout le savoir-faire du théâtre
russe ! À l’inventivité de cette représentation répondait dans une facture plus
classique l’interprétation de Mignonne de Tolstoï. Une représentation de 3h30 qui
nous entraîne dans une histoire où marivaudage et ironie se conjuguent avec
passion… temps suspendu, jeu souverain, mise en scène alerte, lyrisme slave et
commedia dell’arte… les sur-titrages sont remarquables. Du bonheur rythmé par
la musicalité extrême de la langue russe. Spassiba !
MARYVONNE COLOMBANI
Festival russe du 15 mars au 3 avril au Toursky
Le Manteau du 25 au 27 mars et Mignonne du 1er au 3 avril
Le manteau © X-D.R
J’ai la femme dans le sang a été joué
au Gymnase du 29 mars au 2 avril
Retour à Marseille
En 1969, Antoine Bourseiller créait Le Balcon
de Jean Genet au théâtre du Gymnase. Plus de
40 ans après, le voici de
retour dans ce même
théâtre, dans une ville où
il a aimé travailler, comme il l’a rappelé avant la
représentation dans une
émouvante allocution
longuement applaudie. Il
a également redit son
lointain désir de traduire
pour la scène Notre-Damedes- Fleurs.
Le vénérable homme de
théâtre n’a rien perdu de
sa ferveur pour un auteur
dont il souhaite «magnifier le texte magnifique»,
© Fraicher et Matthey
dans cette première
adaptation théâtrale du premier roman de Genet. Il articule le plateau sur deux
plans : à l’avant-scène un Genet-narrateur (Baptiste Amann, très convaincant)
commente et organise les scènes jouées au second plan. Bourseiller met ainsi,
pertinemment, l’accent sur la genèse d’une œuvre rédigée pour sa majeure partie
en prison, expression fiévreuse d’une libération fantasmatique. Écrire pour «éclater
la prison en gerbes de myosotis», s’écrie le jeune taulard. Toute la pièce, qui retrace
à l’envers le parcours de Lou devenu Divine dans le Pigalle des années 40, est une
gerbe de vie. Une vie parallèle que s’invente le prisonnier, dans laquelle sont déjà
présents tous les thèmes à venir : trahison, abjection, goût pour le cérémonial et
les travestissements, le mysticisme. La langue aussi est déjà là, heurtée et
flamboyante, d’une splendide crudité ! La troupe des jeunes gens qui incarnent
tous les rôles insuffle une belle dynamique à ce spectacle énergique et brut, dont
Genet aurait sans doute apprécié l’apparent désordre et la fougue.
FRED ROBERT
Notre-Dame-des-Fleurs, de Jean Genet a été créé
au théâtre du Gymnase du 7 au 9 avril par Antoine Bourseiller
12
THÉÂTRE
CRIÉE | MERLAN | MINOTERIE
Épopée magnifique
Dans une scénographie efficace sans
effets superflus et qui évite la
reconstitution, Jean-François Sivadier
rejoue l’histoire de Salomé et l’apôtre
Jean-Baptiste. D’un épisode biblique, il
fait une affaire politique aux accents
© Brigitte Enguerand
contemporains,
renvoyant
aux
confrontations actuelles de la puissance
des grands avec des forces de
résistances. Jean-Baptiste, qui répond au
nom civil de Iokanaan, est un agitateur,
et lutte contre le pouvoir de Rome,
même si l’on s’en moque en disant qu’il
«passe son temps à plonger les gens dans
l’eau» ! Ponce Pilate représentant de
Tibère (Nicolas Bouchaud, impérial)
visite la Judée et rencontre Hérode
(Stephen Butel) et sa «grande
autruche», à la fois sa femme et sa bellesœur. Mais voilà qu’arrive le même jour
Salomé (Marie Cariès), nièce et bellefille d’Hérode, partie depuis 10 ans, le
jour de l’assassinat de son père. Devinez
qui l’a tué... Jour de fête, donc, et une
troupe de comédiens amateurs joue un
miracle de résurrection du Christ. Ce qui
permet de mêler le cocasse au tragique
dans des réparties irrévérencieuses et
décapantes. Vient la danse, sans volupté
ni voiles, de Salomé, puis la demande de
la tête de Iokanaan. Repoussée par le
prophète elle s’en venge et parie que la
révolte du peuple après l’immolation de
son héros entraînera celle d’Hérode. Le
drame se déroule sous le regard critique
d’un
ange
(superbe
Nadia
Vonderheyden) qui finira par enlever
ses ailes pour être enfin «vue» et éviter le
court-circuit qu’elle pressent.
CHRIS BOURGUE
Noli me tangere, de Jean François
Sivadier, a été joué du 6 au 9 avril à la
Criée
Virgule, points de suspension...
En voilà deux que le silence des espaces infinis n’effraie
pas ! Du culot et de la fantaisie, oui, c’est la mise de
départ (comme Dieu aux origines, le verbe, le verbe
moteur de la création !)... à l’arrivée pas grand chose de
plus hélas. Le capital sympathie un peu écorné et la
plus-value artistique (bon sang on en a besoin !) à
chercher à la loupe. La rencontre d‘un monstre sacré
poids lourd (Viviane de Muynck, actrice-phare de la
Need Company de Jan Lauwers) et d’une sauterelle
gouailleuse (Christine Corday , danseuse hyperdouée)
porte en soi la force comique du duo dépareillé «de
genre» ; encore faut-il une articulation, un axe, une
grande horlogerie qui tienne le projet et l’anime. Matin
du monde, émerveillement, arrivée de l’homme et de la
femme ; jolie lumière, diffraction des gestes et mots
drôles ; le plateau nu sied à la Genèse ; tous les espoirs
sont permis et puis les temps se ramollissent, le rythme
se perd dans les méandres des histoires d’hommes,
d’animaux, morceaux dansés (fort bien mais pourquoi
faire ?), joués, dialomonologués ; on se réjouit des
miracles de Cybernadette Soubirous et des
recensements poétiques de Jean-Pierre Verheggen ; on
a du plaisir à entendre Haendel ou Arvo Pärt mais on se
lasse de la succession de «numéros» mal cousus dans
tous les sens qui ne font ni fresque ni épopée. Les mots
s’envolent mais personne n’endosse les blanches ailes
qui restent suspendues à gauche de la scène, éternel
objet du désir. On aurait finalement préféré et la mouche
et l’archange avec conjonction de coordination.
MARIE-JO DHÔ
La Mouche, l’Archange... de Viviane de Muynck
et Christine Corday a été donné au Merlan dans
le cadre de Courage...Rions du 22 au 24 mars
Courage rions se conclut, en collaboration avec
le festival Tendance clown, par l’irrésistible Art du rire de
Jos Houben. Une véritable démonstration en actes de
ce qu’est le rire, de comment il surgit, de sa mécanique,
par un comédien pédagogue… auquel aucun muscle
zygomatique ne résiste !
Le 30 avril
Le Merlan
04 91 33 45 14
www.merlan.org
© Huma Rosentalski
À venir
Dedans/dehors
lequel on court on ne sait où, évocations d’enfance. Ce
fragment n°3 du travail de Katia Pomareva est plus
que jamais délié des mots et d’une histoire qui donnerait
sens aux évocations. Il y a des longueurs, et des
langueurs parfois démonstratives, et l’appropriation du
sujet, dans ce qu’elle touche d’intime et d’universel,
n’est pas toujours facile. Mais la formule, qui mêle dans
une diversité scénographique polymorphe et cohérente
à la fois, les pièces sonores, les montages vidéos, la
danse et le jeu, vaut vraiment la peine d’être essayée.
© Virginie Besancon
«C’est une histoire de portes….» nous prévient-on. La
scène en effet est remplie de portes-fenêtres, avec
lesquels les comédiens-danseurs évoluent au fil du
spectacles : qu’elles évoquent les corvées ménagères
des fenêtres à nettoyer qui résument une vie, les
façades peut-être ouvertes sur la mer de vieilles
maisons de campagnes, ou les parois translucides et
claustrales d’un aquarium, elles répètent un passage,
du dedans au dehors, qui fait le fil conducteur du
spectacle et la déclinaison chorégraphique et ritualisée
du thème central, celui de la naissance. Ainsi la
succession des tableaux vivants tresse-t-elle ensemble
deux motifs, celui de la mer et celui de la naissance, à
la fois liés physiquement et symboliquement par
l’élément aquatique : origine primordiale, horizon vers
AUDE FANLO
On ira voir la mer, de Katia Pomareva,
cie l’Ensemble à nouveau, a été joué
du 30 mars au 2 avril à la Minoterie
14
THÉÂTRE
BERNARDINES | GYPTIS
Drôles d’accidents
Les collectifs wallon et
flamand Transquinquenal
et Tristero ont réussi une
alliance que leurs Provinces ne réussissent pas, et
proposé un spectacle
drôle, tout en décalage,
sur l’accident, et l’impossible prévention sécuritaire.
Un avion qui tombe, un
parachute mal plié, une
chute qui rêve d’envol, un
mur qui branle… Les comédiens ne jouent rien
mais exposent leurs corps
au risque, racontent, démontrent, détaillent les
statistiques des acteurs
tués en scène, l’anecdote d’un spectateur mort
littéralement de rire, tandis que des surtitres mutins
commentent leurs gestes, les décalent, et que les
éléments de décors affichent tranquillement une
fragilité évidente qu’on n’osait percevoir… Alors on
lève le nez, on tend l’oreille : cette faille sur le mur du
lointain des Bernardines est-elle réelle ? ces bruits
inquiétants viennent-ils des coulisses ou de la rue ?
© Herman Sorgeloos
Dire
ou ne pas
dire
notre impression de sécurité est-elle si mensongère ?
On souffle : la sirène qui retentit pour nous faire sortir
de la salle n’est que du théâtre… mais on a senti le
danger !
A.F.
Coalitions a été joué aux Bernardines
du 24 au 26 mars
Amours dans un pays en guerre
© Denise Oliver Fierro
Monter une pièce longue, datée comme on dit
pudiquement, et magnifiquement bavarde, de
Pirandello ? Marie José Malis affirme crânement
que c’est possible et que ça ne sert pas à rien ! Et
par une mise en scène responsable et coupable aussi
parfois d’une pointe de didactisme, elle ravit le
spectateur qui veut bien la suivre. La trahison
(Ginevra a couché avec Roméo; l’un et l’autre sont
mariés, à d’autres) même «on ne sait comment»,
même en rêve, démonte le monde et pulvérise la
notion même de vérité; le traitre dans son tourment
n’a de cesse d’amplifier la scène du crime, de la
déplacer, entrainant Ginevra, son mari et sa propre
épouse dans une spirale dévastatrice jusqu’au coup
de pistolet final ; un pan! qui dit bien que la comédie
est finie.
Tous sont complices sur ce plateau où le rideau rouge
est un accessoire essentiel, et dans la salle en pleine
lumière, qui rend regard pour regard à des acteurs
singuliers et fragiles, avec leurs bras ballants et la
nudité de leur jeu. Du théâtre «vrai», qui réclame un
ajustement de l’œil et de l’oreille et parle autant à
l’inconscient qu’à la conscience !
MARIE-JO DHÔ
On ne sait comment de Luigi Pirandello
dans une mise en scène de Marie José Malis
a été donné aux Bernardines du 5 au 9 avril
Monter Roméo et Juliette, dans la traduction poétique
de Bonnefoy, presque en intégralité, avec 12 comédiens, musique et danse, décors, costumes originaux,
et le jouer pendant trois semaines dans une salle
comble, est un bel exploit. Surtout en ces temps difficiles pour la production artistique. Françoise Chatôt
offre ainsi à deux générations d’acteurs marseillais
une occasion, devenue fort rare, de jouer longtemps… et à un public jeune, souvent populaire, des
scolaires remarquablement préparés, des fidèles
nombreux aussi, du lieu et de l’équipe, l’occasion
d’une vraie rencontre avec le grand répertoire dramatique. Mais ce n’est pas la seule vertu de ce
Roméo et Juliette !
On peut regretter quelques décalages kitsch, les
corps qui s’écroulent sous les bombes, des ralentissements dus à un décor trop lourd, une musique trop
présente, et des comédiens qui à certains moments
clefs semblent peu dirigés dans leurs intentions…
Mais la tension dramatique est là, l’œuvre est rendue,
servie même, par de jeunes gens à la fraîcheur
éblouissante (Victoire Belezy en Juliette), à la technique affirmée (Guillaume Clausse en Roméo) ou à
l’inventivité surprenante (Charles-Eric Petit en Mercutio). La génération des parents les sert comme il se
doit, faire-valoir ou bourreaux de leur passion. Le texte
baroque est monté sans contresens, en respectant
ses contradictions -pourquoi diable ne vont-ils pas
demander la protection du Prince ?- et toute l’incohérence de ses métaphores déchirées. Plus quelques
gestes tendres ou violents qui surprennent comme
des trouées poétiques. Un beau travail, vraiment
inspiré par instants, dont on espère qu’il sera repris...
AGNÈS FRESCHEL
Roméo et Juliette a été joué
au Gyptis du 15 mars au 2 avril
© Mathieu Bonfils
JEU DE PAUME | VITEZ | BERNARDINES | BADABOUM
THÉÂTRE 15
Violoncelle à la broche
à Bob Dylan, de Bach aux Spice Girls avec une verve
et un comique irrésistible. La chorégraphie loufoque
est réglée au cordeau, et les instruments entrent
dans la danse. Les artistes jubilent, les spectateurs
aussi. Un (simple ?) divertissement qui a tout à voir
avec l’art : celui de faire rire !
MARYVONNE COLOMBANI
Le Quatuor donnait son nouveau spectacle
Danseurs de cordes au Jeu de Paume,
Aix du 22 mars au 2 avril
© D. Pallages
La réputation du Quatuor n’est plus à évoquer, mais
à chaque spectacle ils inventent encore, et
renouvellent leur veine comique. Démonstration
brillante, Danseurs de cordes, leur nouvelle
production mise en scène par Alain Sachs, nous
transporte dans un univers aux frontières du cirque.
La représentation s’orchestre autour de saynètes
vives et cocasses, comme une veillée de scouts au
coin d’un feu où le violoncelle tourne à la broche !
Les numéros se succèdent sur un rythme sans failles,
emportés par une folle fantaisie. On passe de Mozart
Question d’intentions
© X-D.R
Courir sur scène en hurlant, se tuer plusieurs fois,
pousser la mécanique de l’absurde jusque dans ses
derniers retranchements pourrait être intéressant,
voire comique, mais ces Quatre jumelles ne sont
guère convaincantes. Le soufre et la dénonciation ne
sont pas rendus évidents par la pièce de Copi ellemême qui répète à satiété Salope !, joue de
surenchères et de décrochages tapageurs avec la
vraisemblance. Le programme donne des éléments
d’information que ne livre pas le texte, qui ne
construit rien, et les actrices de la compagnie
Lesgensdenface,
faute
d’une
nécessaire
accélération, d’un emballement, sont condamnées à
une surenchère qui tourne à vide. L’avilissement, qui
ne puise ses sources dans aucun contexte, reste vide
de signification. Le passage où la scène est
entièrement plongée dans une obscurité d’où
surgissent des fragments de dialogue est sans doute
le plus fort de la pièce. Christophe Chave, le metteur
en scène, relie la cruauté potache de Copi à des
citations, distribuées sur papier cartonné avant le
spectacle, qui affirment l’intérêt pour le tyran de
garder son peuple pauvre : la relation avec ce que
l’on perçoit sur scène demande de curieuses
acrobaties…
M.C.
Troubles hugoliens
Mise en scène dépouillée et symbolique pour cette
adaptation théâtrale de la première partie du roman
Les Misérables : au lointain, une table autour de
laquelle les personnages se restaurent, à l’avantscène, un grand bassin rempli d’eau. Il s’agit d’un
banquet, espace consacré à la rhétorique, et d’un
bassin de lait, «espace de la fable»… Ces énigmes
résolues, on retrouve les étapes de la triste destinée
de Fantine, la longue
déchéance, le monde hugolien
en noir et blanc… Les acteurs
de la compagnie Demesten
Titip jouent avec passion ces
textes qui ont nourri nos
imaginaires. La découpe en est
claire, de par la familiarité de
l’œuvre. Les déambulations
des personnages ne manquent
pas de justesse, et les acteurs
se glissent dans la peau des
différents protagonistes avec
une belle aisance. Cette pièce
est la première d’un triptyque
qui mettra en scène Cosette,
destiné au jeune public, puis
Javert qui sera travaillé d’après
les ateliers qui seront donnés à
des détenus en milieu pénitencier. Le travail de
Christelle Harbonn (qui a mis en scène et adapté le
texte) est sincère et généreux. La marque plurielle
entre parenthèses à la fin de chacun des titres tend
à nous inviter à considérer l’universalité des
problèmes soulevés. Un théâtre militant et réfléchi.
M.C.
© X-D.R
Fantine(s) a été donné au théâtre
Vitez les 29 et 30 mars À venir
Javert(s) verra le jour sous forme
théâtralisée en automne 2012
Cosette(s) sera donné du 11 au
30 avril au Badaboum théâtre
(Marseille)
04 91 54 40 71
www.badaboum-theatre.com
Les quatre jumelles de Copi a été joué le 6 avril
au théâtre Vitez, Aix
À venir
Jusqu’au 16 avril
Les Bernardines
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
THÉÂTRE
ARLES | BERRE | AVIGNON | OUEST PROVENCE
Fidélité de (bête de) scène
© Michel Cavalca
approfondi, avec la même actrice, l’exceptionnelle
comédienne Marief Guittier. Un spectacle qui bouge
donc, nourri par l’expérience de vie de la comédienne
et la confrontation du texte avec le monde en mouvement. Cette première pièce de Manfred Karge, inspirée
d’un fait divers, raconte une histoire d’usurpation
d’identité par une veuve, Ella, qui joue à être son mari,
Max, pour échapper au chômage. Ce à quoi se rajoute une crise économique dans l’Allemagne de
l’entre-deux-guerres, pour compléter le tableau. Si le
personnage prend l’apparence d’un homme pour sa
survie, il n’en perd pas pour autant sa féminité qui se
dévoile comme une pelote détricotée, et dans ce rôle
de clown expressionniste l’actrice fétiche de Raskine
se révèle extrêmement troublante. Entre rage de
survivre et dédoublement de personnalité furieux, sa
maîtrise de la voix nous cingle et nous transporte sur
un plateau réduit qu’elle transforme en champ de
bataille. Une spirale infernale, étouffante, où des
chausse-trapes la happent vers un vide et une déshumanisation inévitables. Un monstre à la théâtralité
étonnante qui hurle «bouffe ou crève, je suis un
homme», mêlant l’histoire germanique à sa quête
intime. Un miroir brisé.
DELPHINE MICHELANGELI
Premier spectacle de Michel Raskine, créé en 1984,
Max Gericke ou pareille au même est aujourd’hui un
grand classique, affichant plus de 250 représentations
au compteur. Remonté tous les dix ans, réinterrogé,
Max Gericke ou Pareille au même
s’est joué au théâtre d’Arles
les 24 et 25 mars
L’épopée
de chacun
Pepito Matéo parle de lui mais il s’adresse à tous.
De la maison de retraite imaginaire d’où résonnent les
échos des paroles recueillies auprès de personnes
âgées, le conteur comédien affronte sa propre crainte
de vieillir, et tente de répondre à la question cruciale :
comment bien vieillir ? Et pour approfondir cette
question universellement partagée, et frôler le mythe
de la vie éternelle, il émaille le spectacle d’extraits tirés
de l’épopée de Gilgamesh. Ces étapes ponctuent
celles que supposent le récit, entre présent et projection, étapes d’une vie qui se fait parfois déliquescente
mais que l’humour de Pépito Matéo hausse au niveau
du périple effectué par Gilgamesh. Car s’il est comédien il est surtout conteur, et se régale en jongleries
verbales où les jeux de mots côtoient les détournements langagiers pour finir souvent en poésie pure.
Après tout comment bien vieillir regarde chacun, mais
l’humour et la poésie aident à coup sûr à prolonger le
plaisir !
DO.M.
Dernier rappel a été joué à Berre le 25 mars
© X-D.R
16
Folie douce
Le «Poète de scène» Pierre Guéry, comme il aime à
se définir, a offert une lecture intime et sensible de
deux nouvelles dont il est l’auteur, Alien-Nation et En
quel pays étrange (édités chez Maelström), accompagné par 3 comédiens de la compagnie avignonnaise
Jeux de mains jeux de vilains. Fraîchement sortis du
Conservatoire, ceux-ci se confrontent à l’exercice en
invitant régulièrement des auteurs dans le cycle
Lectures en présence : dans l’intimité de ce Très P’tit
Théâtre Isle 80, on sentait ce soir là plus qu’une lecture au débotté, une vraie recherche de théâtralité. La
parole du poète -très bon slameur qui semble s’ignorer- est en effet dense, répétitive, syncopée, entre
affolement et balancement, décousue comme une
musique contemporaine à laquelle il faudrait quelques
minutes pour s’habituer. Elle a ce p’tit grain de folie et
d’abandon qui colle bien avec le thème de ses écrits,
pour lesquels il déclare avoir «recherché l’impression
d’un premier jet semblable aux jaillissements et aux
délires parfois cruellement lucides de la parole schizophrène.»
DE.M.
La Lecture en Présence de Pierre Guéry
a eu lieu le 31 mars au théâtre Isle 80, Avignon
Hymne à la jeunesse
© Mario del Curto
Lentement, très lentement s’avancent sur scène deux
vieux, courbés, abîmés, hésitants ; ils se parlent tout
en progressant péniblement, sur fond de ritournelle
italienne. En quelques minutes tout est là : la complicité et l’agacement que produisent tant d’années
vécues ensemble, la lassitude qu’induit la nostalgie
d’une existence finissante, l’ennui qui fait resurgir les
mêmes jeux, les mêmes mots. Mais le vieux ne partira pas tant qu’il n’aura pas délivré au monde son
message intime et éclatant. Soudain tout s’anime, les
invités arrivent, «tous les personnages, tous les propriétaires, tous les savants», et avec eux les chaises,
qui s’alignent, nombreuses, envahissantes.
La mise en scène dépouillée de Luc Bondy, où le
noir domine, laisse toute sa place à la performance
des deux comédiens (incroyables Dominique Reymond et Micha Lescot) qui rendent visibles ces
invités fantômes, passant des uns aux autres, avec
force mimiques et contorsions forcées, drôles et
émouvants, bouleversants parfois. Jusqu’à disparaître
pour faire place à l’orateur, celui-là même qui délivrera le message tant attendu, et qui apparaît, farce
ultime, en crooner de music hall, personnage absurde
qui n’arrivera à articuler qu’une incompréhensible
logorrhée… Sans aucun doute la pièce de Ionesco la
plus cruelle aujourd’hui.
DOMINIQUE MARÇON
Les Chaises a été joué au Théâtre de l’Olivier,
à Istres, le 2 avril
MARTIGUES | CAVAILLON | CHÂTEAUVALLON | ATP AIX
THÉÂTRE 17
Ne pas séduire
Il l’écrit dans son avant-propos à Kolik, et le revendique : Hubert Colas a choisi l’écriture de Rainald
Goetz parce «cette langue n’est pas séduisante». En
cela son projet est parfaitement réussi : la langue ne
séduit pas. Et si, comme toujours, le talent de Thierry
Raynaud épate -seul en scène assis devant une centaine de verres d’eau qu’il descend peu à peu-, pour
une fois il ne sourit pas, n’accroche pas le regard,
n’établit pas de lien. Bref il ne séduit pas : ses nuances infinies d’intensité, de rage, d’atonie, d’angoisse,
ses changements millimétrés de rythme et de tessiture, ses gestes qui surgissent comme autant de
conséquences incontrôlées des sentiments qu’il fait
naître en lui avec une visible virtuosité, tout cela
devrait donner corps et chair à la langue, qui reste
morte. En panne d’incarnation, parce qu’elle ne dit
reste une entreprise vaine : avant la parole il n’y a pas
de pensée (Au commencement était le verbe est peut
être le seul verset sensé de la Genèse), et tenter
d’écrire ce rien avec des mots est absurde.
Reste quelques beaux moments : la parole dans le
noir qui tourne autour de vous et n’est plus que du
son, la belle évocation du plaisir rassurant des
équations, et une ombre en négatif, lente, qui
apparaît parfois au lointain comme un spectre. C’est
peu, mais c’est déjà ça, et très pur.
AGNÈS FRESCHEL
© Sylvain Couzinet Jacques
rien, elle produit pourtant des éclairs fugaces quand
elle se permet de faire enfin, fugitivement, des phrases. Mais cette plongée dans la «vérité» de la folie
Kolik a été créé aux Salins, Martigues,
le 8 avril
Comment concerner
Il est rare de voir un spectacle avec des
amateurs qui les emmène aussi loin.
Pascal Rambert a travaillé avec une
quarantaine d’amateurs volontaires et
leur a appris à se déplacer, à occuper
l’espace et le temps, à parler même, au
micro, et surtout à acquérir cette sorte de
naturel complètement fabriqué des comédiens, sans gommer la particularité
émouvante que dégagent les amateurs
sur scène. Il les cantonne bien sûr à des
choses simples, mais leur donne justement la possibilité de les réussir sans
ridicule… ce qui est rare lorsque les professionnels «utilisent» des amateurs.
La prestation des trois comédiennes professionnelles est très efficiente, et les
encadre. Celle du philosophe Éric
Méchoulan est plus ambigüe : maladroit comme un amateur sur scène, ce
professionnel de la parole didactique
en use avec virtuosité pour démontrer,
comme en chaire, comment fonctionnent
les systèmes économiques primitifs (le
don et ses obligations), l’âge moderne qui
introduit la vente et valorise le travail, la
philosophie d’Adam Smith, le travail
improductif, l’économie de service, la
fabrication du désir de consommer…
Bref, un cours d’histoire économique,
tendance philosophie plutôt que sciences,
plutôt basique et illustré sans invention,
sans distance et sans humour. Brecht,
avec Sainte Jeanne des Abattoirs, a fait
beaucoup plus fort en son temps pour
expliquer le capitalisme, et il n’est nul
besoin d’aller jusqu’aux subprimes pour
comprendre les déviances des bulles
spéculatives…
L’entreprise de Pascal Rambert reste
donc partiellement réussie : si les participants au spectacle sont visiblement
concernés, les spectateurs restent semble-t-il au dehors de cette (micro) histoire
économique du monde, dansée. Qui a
chanté à tout venant mais justement ne
danse pas, ne joue pas, assez.
Nora c’est nous
A.F.
Une (micro) histoire économique
du monde, dansée a été joué aux
Salins, Martigues, le 8 avril
À venir
Une (micro) histoire économique
du monde, dansée
Avec 36 amateurs de la région
de Cavaillon
Le 14 avril
Scène nationale de Cavaillon
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
© Pierre Grosbois
Une fois de plus les ATP
d’Aix invitaient leurs
adhérents, et les autres,
à un très beau moment
de théâtre, dans la salle
très agréable du Bois de
l’Aune, dans LE quartier
populaire d’Aix. Pour deux
pièces d’Ibsen adaptées
et mises en scène par
Daniel Veronese. Fasciné par les magnifiques
personnages des pièces
du dramaturge suédois,
mais convaincu que son
analyse sociale, datée,
n’a plus la même force,
Daniel Veronese a déplacé les intrigues dans le
temps, modernisé très
largement vocabulaire et
syntaxe, adapté les
relations sociales et pro© Emilio Camarin
fessionnelles aux nôtres.
Et surtout confié l’énergie des deux pièces à ses comédiens, étonnants, qui vous
embarquent sans repos, pour trois heures en espagnol sur-titré, dans un jeu très
réaliste, à fleur de peau et de contact, capable de faire surgir des vagues d’émotion
surprenantes…
La maison de poupée est particulièrement réussie. Nora l’écervelée infantile prend
peu à peu conscience de son oppression consentie, qui ressemble à celles de tant
de femmes soumises à leur mari et/ou aux impératifs sociaux de la mode… Hedda
Gabler fonctionne un peu moins bien : enfermée dans le décor de poupée de la
pièce précédente, l’intrigue s’adapte moins à notre temps. Si on comprend les
liens qui attachent Nora à son mari, liens symboliques qui n’ont que peu changé,
on se demande pourquoi Hedda reste : elle semble aujourd’hui pouvoir se
débarrasser du sien, médiocre, et de son ancien amant, autrement que par le
meurtre et le suicide. Le déplacement temporel et le décor étant moins justifiés
l’émotion passe (un peu) moins bien, même si les comédiens restent tout aussi
épatants.
A.F.
Hedda Gabler et La Maison de poupée ont été jouées
à Aix le 22 mars et à Châteauvallon les 18 et 19 mars
18
THÉÂTRE
CAVAILLON | AVIGNON
Voilà une proposition décapante du théâtre de l’Unité. Exit les ors du théâtre,
rendez-vous à l’Hôtel pour assister aux Chambres d’amour, dans lesquelles on
nous promet des «passes poétiques» de 4 minutes. On s’engouffre dans la salle
d’accueil, un peu troublé de devoir se retrouver acteur de l’histoire à jouer,
copieusement malmené par les deux matrones organisatrices qui nous traitent de
constipé, serpillère, puceau, vieille… Chacun en prend pour son grade, «ici le client
n’est pas roi» nous préviennent-elles, toutes à leur boutique-bordel à faire tourner
et à leur devoir de nous rendre pétillant pour le rendez-vous promis. En rang
d’oignons, affichant un sourire de circonstance pour se rassurer sur sa dose
d’humour, on attend donc de suivre les pensionnaires dans leurs chambres… dans
l’intimité complètement décalée d’un face-à-face inédit, où chacun doit jouer le
jeu, écoutant le plus attentivement possible les petits poèmes susurrés (de
Baudelaire à Gainsbourg), regardant subrepticement la déco en trinquant avec
un verre venu de nulle part, découvrant le résultat d’un tirage de tarots improbable
et jetant un regard inquiet à l’hôte qui nous lance des «je t’aime et toi ?». Chaque
spectActeur aura droit à 2 passes et ressortira de ce joyeux bordel organisé avec
un étrange sourire. Promesse de déstabilisation tenue !
DELPHINE MICHELANGELI
Les Chambres d’Amour ont été jouées
au théâtre de Cavaillon (à l’Hôtel Toppin) le 19 mars
© J.-P. Estournet
Je t’aime. Moi non plus ?
Simon l’imagineur
Il est touchant ce Simon Labrosse sorti de
l’imagination de Carole Fréchette. Ancré dans un
quotidien qui dérape, une vie moderne sans avenir
© Corinne Marianne Pontoir
défini, il a sélectionné 7 jours de sa vie, à jouer en
direct avec deux acolytes pour se mettre sur le
marché du travail. «Vous allez voir ma vie c’est
passionnant, tous les problèmes que j’ai, ça va vous
réconforter» raconte ce «p’tit gars super dynamique
qui a des millions d’idées pour s’en sortir». Il sera
cascadeur émotif, spectateur de la vie ordinaire,
finisseur de phrases laissées en suspens, flatteur
d’égo, allégeur de conscience, receveur de colis,
remplisseur de vide. Claude Viala met en scène
avec justesse et fraîcheur, dans un style cartoon bien
adapté, cette terrible chute libre dans une société
impitoyable, à grand renfort de costumes bariolés, de
situations comiques et de rebondissements
improbables. Cédric Révollon, parfait adulescent
joyeusement désespéré, tient la représentation
vigoureusement, tour à tour illuminé, maladroit, positif
à l’extrême (à l’instar de son copain Léo, incarné par
Hervé Laudière, poète rongé par la négation et de
Nathalie via Eve Rouvière, plus préoccupée de son
pancréas que par la faim dans le monde), émouvant
dans sa rage de s’en sortir, perdu dans une société
où il ne trouve plus sa place. «Il y eut un soir, il y eut
un matin», il y eut un homme qui n’a plus rien, juste
sa vie à raconter... Un Simon Labrosse désenchanté
et enchanteur.
DELPHINE MICHELANGELI
Les sept jours de Simon Labrosse s’est joué du 17 au 19
mars au théâtre des Halles
Onde de choc
mixés en direct, lumières, acteurs et
texte créent une série d’espaces qui se
déplacent, révélant les cases invisibles
des souvenirs perdus. Entre amnésie
(accidentelle ou simulée ?) et disparition volontaire (abandon prévisible ?),
© P.-J. Adjedj
Reset débute avec une image sonore
tentaculaire qui bourdonne au-delà du
plateau, une onde de choc qui nous
porte au cœur d’une double intrigue
théâtro-cinématographique. Deux
histoires parallèles, angoissantes de
possibles, se croisent en champs/
contrechamps : un homme échoué
dans un hôpital atteint d’amnésie
d’identité et un enfant dont le père
disparaît sans crier gare. Au service du
récit dramaturgique, enrichi par des
études scientifiques, le dispositif
scénographique est techniquement
imparable et esthétiquement soufflant.
Un parallélépipède mouvant, objet de
travelling et de zoom rigoureux, devient
une boite à souvenirs, combinant
mémoire et réalité, tour à tour hôpital
asphyxiant ou transparence d’une
chambre d’enfant. Images et sons
cet homme non identifié et ce père
fuyant nous questionnent sur l’identité,
le pouvoir de l’inconscient et le bagage
héréditaire qu’on se trimballe pour se
construire. La première bonne nouvelle
c’est que le collectif MxM, dirigé par
Cyril Teste, sait utiliser la vidéo
comme objet de théâtre, pour servir et
compléter son propos et non comme
caution de modernité. La seconde,
c’est que ce même Cyril Teste sera
pendant 3 ans associé à la scène
nationale de Cavaillon et qu’il créera
Sun, une pièce sur la réalité de
l’enfance, pour le Festival d’Avignon.
Réjouissant.
DELPHINE MICHELANGELI
Reset s’est joué
au Théâtre de Cavaillon le 1er avril
Éclectisme
local
Nouvelle manifestation dans la cité des Papes dédiée à la création artistique, le
Tout au bord... © Delphine Michelangeli
festival pluridisciplinaire Émergence(s), sous la houlette de Surikat Production,
reflètera la diversité du tissu culturel local. Un potentiel créatif qui s’étend du film
documentaire au théâtre, de la danse à la chanson, du cirque à l’heavy metal. Le
5 mai à l’Utopia, sera diffusé le documentaire dédié au groupe de musique Stickbuzz, un témoignage réaliste de la vie d’artistes en France. Du mouvement au
théâtre Golovine : Cécile Barra et Juan Cortes dans Flamenco y nada mas le 10
mai, la cie L’œil à l’Ecoute le 11 avec Aqua pour le jeune public, et une double soirée
le 12 avec la performance Derviche, de Yourik Golovine et Les Eponymes et
le trio frénétique Sous nos yeux du Collectif 2 temps 3 mouvements. À la
Fabrik’théâtre, la Cie On est pas là pour se faire engueuler ! présentera le 13
Tout au bord/Opus #3 de et avec Laetitia Mazzoleni et Noam Cadestin, poursuivant son expérience
visuelle et sensorielle
entre jeu d’acteurs et
doubles virtuels. Les
Ephémères Réunis se
frottent à Valère Novarina dans L’Animal du
temps le 11 mai. Et au
Clash Bar, 3 soirées de
concerts dont la jeune
Fleur le 5 mai et Death
of a Punkette le 7 mai.
Festival Emergence(s)
Du 5 au 14 mai
divers lieux d’Avignon
www.emergencesfestival.com
20
THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Lutte
Souvenirs
Phèdralida ?
Le 21 Festival Mai-diterrannée s’ouvre avec la À priori aucun rapport entre Phèdre et Dalida !
e
traditionnelle Nuit de l’anarchie, hommage de
Richard Martin à Léo Ferré, accompagné de Yerso
au chant, et Levon Minassian au doudouk. Puis la cie
Passeurs de Mémoires fera revivre un siècle d’Algérie
française, entre banquet républicain et revue
blanche, et plus particulièrement une année, 1930,
où la France, coloniale et raciste, célébrait le
centenaire de l’Algérie.
© Elisabeth Carecchio
Célie Pauthe met en scène l’ultime pièce d’Eugène
O’Neill, Long voyage du jour à la nuit, en un huis clos
qui tient de la veillée mortuaire. Dans ce règlement
de compte familial autobiographique se côtoient la
mère dépressive et toxicomane, le père avare, le frère
aîné, alcoolique et artiste raté, tous luttant contre les
fantômes obsédants de leur passé dans l’atmosphère
étouffante d’une chambre d’hôtel.
Long voyage du jour à la nuit
Du 5 au 12 mai
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
21e Festival Mai-diterranée
Du 6 au 21 mai
Le Toursky
0 820 300 033
www.tousky.org
Pourtant Yvan Romeuf écrit et met en scène un
texte qui mêle chansons et alexandrins. Une actrice,
dans sa loge, se prépare à jouer Phèdre, mais une
chanson entendue lui trotte dans la tête. Il s’agit
d’amour, de blessure, de solitude aussi. Anne Lévy
se moule dans ce rôle sur une musique originale de
Wilfrid Rapanakis-Bourg ; elle joue et elle chante
des histoires d’amour qui se ressemblent, à des
siècles de distance.
Une si longue nuit
du 12 au 30 avril
Théâtre de Lenche
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
Fin
de rire
Pour clore la manifestation Courage… rions !, et dans Moraliste
le cadre du festival Tendance clown initié par le Daki
Ling dont il fait l’ouverture, le Merlan reçoit le
comédien Jos Houben dans une conférence
particulière et complètement folle qui tend à explorer
les mécanismes du rire, tous les rires, ce qui, à n’en
pas douter, se révèlera hilarant…
L’art du rire
Le 30 avril
Le Merlan
04 91 11 19 20
www.merlan.org
Bach
l’insoumis
Singulier
Serge Barbuscia met en scène un épisode ignoré Le spectacle du GDRA créé cet été au Festival
de la vie de J-S Bach, lorsqu’à 32 ans, célèbre dans
l’Europe entière, le compositeur est mis aux arrêts
par le Prince de Weimar. 27 jours de détention
pendant lesquels Bach refusera de céder aux
exigences du pouvoir. «Ma musique n’est pas une
monnaie d’échange. Mon œuvre est faite pour le
bonheur de tous les hommes, pas pour le plaisir d’un
seul, fût-il prince.» Une réflexion des plus modernes
sur les rapports entre artiste et pouvoir.
La Disgrâce de Jean-Sébastien Bach
Du 10 au 12 mai
Le Gyptis
04 91 11 41 50
www.theatregyptis.com
Le 16 avril
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
d’Avignon est singulier à plusieurs titres. Et fort,
surtout pour les Marseillais, qui y retrouvent leur ville.
Les trois portraits qui servent de toile de fond au
questionnement sont particulièrement attachants,
bouleversent le rapport au spectacle, à l’état
d’artiste. Le (non) traitement théâtral est plus banal,
un peu roublard… mais le rapport entre la réalité et sa
représentation est franchement inouï. Allez-y voir,
après un apéro à Saint Henri (à 19h30), pour
commencer (spectacle à 21h).
Singularités ordinaires
Du 5 au 7 mai
Le Merlan
04 91 11 19 20
www.merlan.org
Navettes du centre ville à Saint Henri,
puis jusqu’au théâtre
>
© X-D.R
© Cosimo Mirco Maggliocca
Dans Le neveu de Rameau, Diderot instaure un
dialogue entre lui-même, le philosophe donc, et le
neveu du compositeur Jean-Philippe Rameau,
présenté comme artiste, fantasque, veule, cynique,
drôle et séduisant. Dans cette conversation à bâtons
rompus, la morale est abordée l’éducation, la
musique, le génie, mais aussi la flatterie comme art
de vivre, comme nécessaire compromis … Les
comédiens sont accompagnés sur scène par Olivier
Baumont au clavecin.
Le neveu de Rameau
Du 10 au 14 mai
Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence
0 820 000 422
www.lestheatres.net
Le 17 mai
Théâtre Comœdia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.com
Exorcisme
Écrit, mis en scène et joué par Olivier Maltinti, du Solitudes
collectif Kati Bur, JR (me, myself and I) dresse le Mise en scène par Isabelle Nanty, la pièce de Fabrice
portrait sans concession, et autobio-inspiré, d’un
parfait salaud, un pur capitaliste, un JR drogué aux
«dépressions, euphories, trous noirs, vertiges, […]
sentiments de toute puissance, hallucinations
cauchemars» qui n’est que «la figure universelle de
l’opportuniste sans états d’âme». Un pamphlet
politiquement incorrect et tragiquement drôle.
JR (me, myself and I)
Du 5 au 7 mai
La Minoterie
04 91 90 07 94
www.minoterie.org
Roger-Lacan, Quelqu’un comme vous, fait se
confronter deux êtres qu’a priori tout sépare, et qui ne
se connaissent pas, un grand patron du monde
économique et un jeune homme de main ; sur la
plage déserte peut commencer le jeu de massacre,
légèrement puis avec gravité, jusqu’à mettre à jour
les travers du monde moderne. Et pas seulement…
Quelqu’un comme vous
Du 17 au 28 mai
Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence
0 820 000 422
www.lestheatres.net
THÉÂTRE
21
Will’s Slam
Utopique
À l’aube du XXI siècle, Rudolph Stroiber, qui est le
Carnaval
L’humoriste Didier Porte aime les gens, c’est lui qui le
chancelier allemand, propose à six millions de juifs
de venir poursuivre leur vie en Allemagne, leur
assurant gîte, couvert, nationalité et travail, pour
tenter de racheter la honte qui pèse sur son peuple
depuis les crimes nazis. Xavier Hérédia met en scène
le texte d’Israël Horovitz, faisant jouer par trois
comédiens une multitude de destins possibles, des
rescapés de l’holocauste à l’ado pour qui le passé est
une histoire floue.
dit. Et il vaut mieux y croire pour apprécier pleinement
l’acidité, l’insolence et la provocation des textes de ce
satiriste décomplexé qui a toujours des choses à dire.
L’actualité est toujours son créneau favori, qu’il
analyse et explique sans prendre de pincettes. C’est
gonflé et rafraîchissant !
e
Didier Porte aime les gens
Le 6 mai
Théâtre de la Colonne, Miramas
04 90 58 37 86
www.scenesetcines.fr
Lebensraum, espace vital
Le 15 avril
Théâtre Comœdia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.com
Barrés
Halory Goerger et Antoine Defoort, acteurs-musi-
sont deux textes magnifiques du poète palestinien
Mahmoud Darwich. Le comédien et metteur en
scène Mohamed Rouabhi en restitue avec force la
poésie, évoquant la violence de la guerre et la
souffrance de l’exil, que ce soit pour les Indiens
d’Amérique ou pour les Palestiniens. Simple et
bouleversant.
© X-D.R
Poésie
Discours de l’Indien rouge et Une mémoire pour l’oubli
Darwich, deux textes
Le 11 et le 13 mai
Théâtre Comœdia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.com
Timon d’Athènes, Shakespeare and slam
Du 19 au 21 avril
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Mémoire
Drame sentimental par excellence, Hiroshima mon
amour, de Marguerite Duras est ici mis en scène et
scénographié par Christine Letailleur. Lors d’une
brève liaison, Elle, actrice française venue au Japon
tourner un film sur la paix, et Lui, architecte japonais
rescapé de Hiroshima vont s’aimer. Christine
Letailleur donne à «contempler […] la naissance d’un
amour dans toute sa puissance voluptueuse, ses
zones d’ombre et ses traits de lumière».
© Julien Fournet
Hommage
Fellag et Marianne Epin donnent vie aux nouvelles de Montage
l’humoriste écrites entre 1975 et 2001. C’est à Alger
foisonne de personnages qui tentent tous de faire
entendre leur voix dans un monde de chaos, auxquels
Fellag rend hommage et donne vie.
C’est à Alger
Le 16 avril
Théâtre de la Colonne, Miramas
04 90 58 37 86
www.scenesetcines.fr
>
Hiroshima mon amour
Le 3 et le 4 mai
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.com
& un spectacle de câble et d’épée
Le 6 mai
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
>
Timon d’Athènes, Shakespeare and Slam, spectacle
mis en scène par Razerka Ben Sadia-Lavant, est
repris au Théâtre de Nîmes ; projet d’envergure, il
propose la rencontre improbable et surprenante de la
langue shakespearienne avec du slam urbain. Sur le
plateau métamorphosé en ring imprévisible, les
comédiens Denis Lavant et Marie Payen donnent la
réplique à quatre pointures du rap et du slam, Mike
Ladd, D’ de Kabal, Casey et Doctor L.
ciens et ingénieux bricoleurs détournent des objets
du quotidien pour transformer les formes du futur. Un
peu de science, un peu de fiction, voilà les deux
termes réunis pour créer un spectacle foutraque, de
câble et d’épée, qui fait se côtoyer un robot honteux
souhaitant se convertir en humain, des plantes
d’appartement et des poissons gonflables, une boîte
en carton promesse de voyages intergalactiques…
dans un univers très visuel et délirant !
© Mario del Curto
Universel
Le Théâtre du Millénaire est de retour avec un
nouveau spectacle, Le Sultan est dans l’escalier, un
texte de Gilles Ascaride qu’il joue avec Claire
Deffilippi et Gérard Meylan. Dans un ancien
immeuble bourgeois marseillais vit un vieil homme,
descendant, dit-il, d’un souverain. Son histoire va
croiser le Marseille colonial, celui de la guerre, et
jusqu’au temps présent et Euroméditerranée, avec
humour et émotion.
Le Sultan est dans l’escalier
Le 15 avril
Espace Jean Ferrat, Septèmes-les-Vallons
04 91 96 31 00
La pièce de Brecht, Un homme est un homme, se
trouve transformée par la cie Cartoun Sardines en
une cruelle fantaisie anticonformiste. Piochant dans
l’esthétique BD, la troupe prend le parti de l’humour
décalé, et s’appuie sur une mécanique comique
implacable et des constructions hilarantes et improbables. Galy Gay, pêcheur embarqué dans une vie qui
n’est pas la sienne, deviendra un soldat naïf et
manipulé. Mais en gardant toujours à l’esprit la démonstration que faisait Brecht de la puissance du
groupe face à l’individu.
Un homme est un homme
Le 17 mai
Théâtre de la Colonne, Miramas
04 90 58 37 86
www.scenesetcines.fr
Sur
les planches
Les temps sont durs pour le Festival de Théâtre amateur 13 dont la subvention a baissé... La 13e édition se
poursuit néammoins dans la bonne humeur et une
bonne dose de militantisme. Rappelons que la FNCTA
permet de promouvoir le spectacle vivant là où les
compagnies professionnelles sont peu présentes…
04 91 61 15 37
www.fncta.fr
22
THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Témoins
À
table !
Familial
La compagnie avignonnaise Mises en Scène, Au programme de cette journée consacrée à la
menée par Michèle Addala, poursuit un travail de
création qui prend source dans la relation avec la
population. Née de rencontres régulières entre les
habitants des quartiers, deux comédiennes et une
chanteuse lyrique, Bon appétit ! est une petite forme
théâtrale, réinventée en complicité avec les habitants
du territoire de Cavaillon, où les recettes s’échangent,
les pâtisseries se dégustent, agrémentées de
lectures de textes poétiques.
famille Ascaride, une lecture à 17h de Moi, votre ami ?
de Serge Valletti avec Ariane, Gilles et Pierre
Ascaride, suivie d’un apéritif dinatoire pour échanger
avec eux. Et à 20h30, Rencontre avec mon beau-frère
de Gilles Ascaride par les comédiens du Théâtre du
Millénaire. Une comédie sur la mort, à la sauce
marseillaise, pas grasse.
Le 30 avril
Théâtre des Carmes, Avignon
04 9à 82 20 47
www.theatredescarmes.pagesperso-orange.fr
Bon appétit !
Du 9 au 18 mai
Théâtre de Cavaillon, en appartement (à préciser)
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
© X-D.R
Essence
En retournant vers Eschyle pour en extraire la moelle
Géométrie insulaire
poétique, et en la confiant à une triade de tragédiens
exceptionnels, Olivier Py a su miraculeusement
restituer la force populaire du théâtre antique, qui
parle à tous, depuis ses conflits universels et intimes.
Py emmène ainsi le théâtre nu dans les lieux les plus
inattendus, renouant avec les pratiques du théâtre
d’intervention. Le troisième volet de sa trilogie, Les
Perses, parle de la guerre, de la défaite, et de la
barbarie inattendue de ceux qui se croyaient porteurs
de civilisation… Ça vous parle, non ?
La dernière création de la cie Le temps de dire, À quoi
on joue ?, s’attache à mettre des mots sur la
souffrance au travail. Pour ce spectacle, coproduit
par le CE des cheminots Paca, Paul Fructus est allé
taper aux portes des entreprises, aux portes de
travailleurs aussi, a recueilli les témoignages de
«travailleurs repliés dans la peur du lendemain», est
allé «écouter partout où la rentabilité a détruit, usé ou
tué.» Le résultat se dit, se chante aussi, avec du piano
et de l’accordéon.
Solitude
Sur une musique de Rodolphe Burger, Michel Laubu
se confronte à l’objet et aux éléments qui composent
le quotidien. Ici un appartement, espace intime,
devient un terrain de jeu extraordinaire. Y apparaissent des mondes parallèles où fleurit une solitude,
et où la folie s’esquive grâce au monde voisin.
Les fenêtres éclairées
Le 3 mai
Théâtre de Cavaillon
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
© Turak theatre
À quoi on joue ?
Le 3 et le 6 mai
Théâtre Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Michel Laubu et le Turak Théâtre apportent leur
poétique répertoire de formes brèves d’objets, petits
bavardages visuels et sonores. Une table et dessus
un caillou. Comme un conteur sans les mots, comme
un tricot avec seulement les aiguilles, comme un
compteur sans les chiffres, une table, une île,
quelques nouvelles.
>
Nouvelles et courtes pierres
Du 4 au 10 mai
Le 4 mai à Châteauneuf-de-Gadagne
Le 5 mai à Coustellet
Le 6 mai à Noves
Le 7 mai à Gordes
Théâtre de Cavaillon
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
© Turak theatre
Universel
Bertrand Hurault et Jane Bréduiliard, avant de la
jouer au Off, présentent leur nouvelle création
soutenue par la Comédie Nouvelle, Philippe Caubère,
la Cie Lénoides et la Nouvelle Compagnie d’Avignon.
Un spectacle dans une esthétique contemporaine
pour une histoire qui lie l’intime et l’universel : la
rencontre de deux êtres que tout oppose et qui se
réconcilient avec leur passé.
L’espérance des ermites
Les 22 et 23 avril
Théâtre des Carmes, Avignon
04 9à 82 20 47
www.theatredescarmes.pagesperso-orange.fr
Les Perses
Eschyle/Olivier Py
Du 16 au 22 avril
Le 16 avril à Mérindol
Le 19 avril à Gordes
Le 20 avril au Thor
Le 22 avril à Noves
04 90 70 64 64
www.theatredecavaillon.com
En tournée dans le Pays d’Aix
Du 7 au 10 juin
ATP, Aix
04 42 26 83 98
www.atpaix.com
Trilogie Eschyle
Les 25 et 27 mai
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Quête
de soi
Le jeune Collectif bruxellois De Facto, qui avait joué
avec succès au Festival dernier les sublimes Langues
paternelles, présente après une résidence de création
au Théâtre des Doms, et avec d’autres comédiens,
un dramaturge, un vidéaste et un musicien, son
nouveau projet théâtral et filmique. L’occasion de
découvrir avec plaisir ce que la quête de soi, la
nostalgie, les désillusions, les premiers émois
amoureux, et l’absurdité de nos petites vies inspirent
à ce bouillon de talents.
Parce que c’était lui-s, parce que c’était moi-s
Le 4 mai
Théâtre des Doms, Avignon
04 90 14 07 99
www.lesdoms.be
THÉÂTRE
23
Modelage
À l’envers
Endiablé
En résidence au 3bisf, Christian Mazzuchini y crée La Ce Dandin/requiem est un tour de force dramatique,
Tentation d’exister, un travail sur les textes poétiques
de Christophe Tarkos. Le poète marseillais, décédé
en 2004, disait défendre «la langue française contre
sa dégénérescence […] en la faisant travailler, en la
faisant vivre, en la faisant bouger» ; Christian
Mazzuchini prolonge cette vitalité, et cette
(re)découverte du langage de «pâte-mot» instauré par
le poète «dans une forme simple et radicale».
La Tentation d’exister
Le 13 et le 14 mai
3bisf, Aix-en-Provence
04 42 16 17 75
www.3bisf.org
car Guillaume Cantillon prend la courte pièce en
prose de Molière à rebrousse-poil et commence par
la mort de Dandin pour remonter à son mariage ! Plus
fort encore, il «décape» les personnages du vernis de
la langue classique et des costumes d’époque pour
privilégier un style simple, direct, moderne. Tout en
préservant la figure de Georges Dandin pris au piège
avec la démesure de ses désirs.
Dandin/requiem
Le 3 mai
Théâtres en Dracénies, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenies.com
Favoloso !
Goût russe
Après la création de Lignes de faille, la compagnie Tchekhov, Gorki, Éric Lacascade a le goût du
Parnas revient à une forme plus petite, mais pas plus
modeste. Son Banquet fabulateur était un régal
ludique et philosophique, déjà fondé sur la confiance
de Nancy Huston en nos capacités fabulatrices…
Le théâtre de Gap nous en propose une troisième
version, bilingue, italo-française, travaillée avec des
comédiens transalpins qui ont nourri l’aventure de
leurs propres textes et obsessions. Une forme
évolutive, mais réglée chaque fois au cordeau. Qui
partira ensuite en Italie…
Les Estivants
Le 9 mai
Théâtres en Dracénies, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenies.com
>
Il convivio
d’après L’espèce fabulatrice de Nancy Huston
Du 18 au 25 mai
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
théâtre russe qu’il met en scène avec intensité. Après
Platonov et Barbares, il monte Les Estivants entouré
de sa troupe de 14 comédiens et continue à «inventer
une autre manière de regarder le trouble des êtres,
pour mieux questionner notre époque». Du grand
Gorki «pour redonner des rêves à l’âme» et du grand
Lacascade «pour redonner du souffle à l’homme».
La commedia della Pazzia
Le 23 avril
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.com
Polyphonie
La jeune comédienne et
auteure algérienne
Rayhana n’a pas sa langue dans sa poche si l’on en
croit le dialogue sans fard ni masque de ces neuf
femmes réunies au hammam ! Toute la société d’hier
et d’aujourd’hui suinte de leurs peaux moites, de
leurs gestes éternellement recommencés. La mise
en scène de Fabian Chapuis, finement, épouse les
méandres de leurs confidences et laisse entendre la
force de leurs vies. Quand dehors il y a les bombes
et les menaces intégristes…
>
À mon âge, je me cache encore pour fumer
Les 6 et 7 mai
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
© Bastien Capela
© X-D.R
Dans la tradition de la Commedia dell’Arte, La
comédie de la folie met en scène le délire amoureux
d’Adalia qui, à la recherche frénétique de l’idéal
masculin, se travestit en homme, rencontre Fulvio,
qui lui aussi est à la recherche de l’idéal féminin et se
travestit en femme ! De cet imbroglio La comédie
de la folie s’amuse avec délectation, mêlant scènes
surréalistes et sketches, mime et acrobaties et même
chant choral…
Pamphlétaire
L’amour et la sexualité sont au cœur de la nouvelle
© Brigitte Enguerand
Truculent
Sacha Guitry, Robin Renucci et Marianne Basler ?
Désiré
Le 23 avril
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Hobb Story Sex in the (Arab) City
Le 6 mai
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
>
Comment ne pas se laisser prendre par cette
comédie pétillante écrite par un auteur qui adore
décortiquer avec acuité -et perfidie- la société et ses
conventions sociales, les relations amoureuses et les
jeux de pouvoir ? Tout ça sur un mode grinçant et
drôle qui fait la marque Guitry, sans oublier le
«pschitt» d’un parfum d’érotisme.
fiction documentaire et théâtrale pour 2 femmes et
3 hommes de Lotfi Achour : un choix formel qui
flirte avec le zapping télé et le cours d’éducation
sexuelle, le show à la libanaise et les confessions
intimes pour parler de ce qui ne se dit pas. La mise
en scène, le ton incisif non dénué d’humour et la
performance des acteurs font de Hobb Story Sex in
the (Arab) City un spectacle pertinent contre la bêtise,
la misogynie et l’homophobie.
© Eric Legrand
24
DANSE
CHÂTEAUVALLON | PAVILLON NOIR | BALLET D’EUROPE
The Show
must go on
dialoguer avec Jean-Philippe Bayle :
leur rencontre est émouvante, apprivoisée, progressive, sans que jamais
l’un n’éclipse la danse de l’autre, même
lorsqu’ils dansent ensemble, en couple
ou en parallèle. La différence de leurs
corps se voit, s’expose, s’accepte simplement, unis qu’ils sont par un élément
liquide invisible qui semble les entrainer vers une rencontre fortuite, puis
désirée.
En contrepoint de ces deux duos, Hévéa,
de Francesco Nappa, manque d’écriture, et Cantadagio, de Joseph Lazzini
(1972), fait figure de pièce historique.
L’adage sur la musique de Mahler
constitue une sublime démonstration,
parfaitement interprétée, des possibles
qu’offrent une homme et une femme
dansant ensemble : les portés inédits
se succèdent, le corps du garçon
s’efface avec élégance pour servir à
l’élévation d’une fille portée aux nues,
figée, offerte. Tout un monde, lointain,
apogée d’un art osmotique que l’on
peut, encore, aimer.
© Agnès Mellon
Comme chaque année le Ballet d’Europe présentait les workshops des
danseurs, pour une fois décevants : si
la virtuosité et le sens de l’espace des
danseurs demeurent impressionnants,
leur propos fut faible, mal servi par
leurs choix musicaux. Sans doute peu
inspirés par le thème imposé du duo,
ils contournèrent l’obstacle proposant
soit des pièces de groupes avec rendez-vous à deux, soit des pirouettes,
soit des duos fades qui peinaient à
faire parler les corps ensemble. Mais
la règle des workshops est d’offrir un
espace créatif aux danseurs, avec le
risque de l’inachèvement…
Les quatre chorégraphies proposées le
lendemain étaient d’une autre teneur.
Les deux duos masculins, en particulier :
Christophe Garcia, chorégraphe très
doué qui se perd parfois du côté du
théâtre, a écrit un très beau trajet à
deux, une diagonale ou l’un est tour à
tour ombre, double, fantôme, objet,
porteur de l’autre, dédoublement du
même. Jean-Charles Gil comme lui ose
une danse virile, musculeuse, en
invitant SisQo, breakeur virtuose, à
AGNÈS FRESCHEL
Les Trois jours pour le duo-danse
se sont tenus à La Friche
du 6 au 8 avril
Portrait d’un nouveau
nouveau monde
Il y avait déjà les constellations, il faudra désormais compter
avec les archipels. Kubilaï Khan investigations ajoute à sa
carte du monde une nouvelle Geografia, Archipelago, énième
tentative d’habiter le monde par le corps dansé, les paysages
sonores et les souvenirs visuels. C’est un nouveau tesson
apporté à la mosaïque, né à Accra, capitale du Ghana, port
de toutes les rencontres ; «matière palimpseste» pour le
chorégraphe Franck Micheletti, les danseurs Ikue Nakagawa
et Idio Chichava, le musicien-compositeur Rémi Aurine-
© Laurent Thurin Nal
Belloc, le vidéaste plasticien Romain Kronenberg et l’artiste
ghanéenne Sarah Naa Ayele Okine. Dans un halo de
lumières enveloppantes, bercés par les crissements citadins
et les bruissements de la nature, ils font circuler l’énergie de
la ville africaine, ses soubresauts, ses flux. La danse au sol
marque de son empreinte la terre, le sable, l’air saturé
d’humidité suspend les gestes, étouffe les rumeurs ; la danse
prend le temps d’installer de longues minutes silencieuses.
Archipelago est une pièce du temps suspendu, du tourment,
de la douleur aussi qui, crescendo, explose à mi-parcours
dans un duo violent, entre étreintes animales et combat
sexuel. Seuls Idio Chichava et Ikue
Nakagawa pouvaient se projeter sans
pudeur dans cette arène brûlante de
désir et de répulsion. Après que la
secousse a disparu, chacun retrouve sa
déambulation solitaire, trace dans
l’espace une géométrie imaginaire, et
l’état des corps en déséquilibre
s’apaise. La nuit est tombée sur ce
«nouveau nouveau monde».
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Archipelago a été créé le 25 mars à Théâtres
en Dracénie et repris le 1er avril au CNCDC
Châteauvallon
-© Luk Monsaert
Créations duelles
Gardenia fuse comme un coup de
poing à l’estomac. On encaisse sec,
d’abord surpris, puis on se tord d’une
douleur jouissive. On en redemanderait presque… Les mises en scène
d’Alain Platel opèrent comme de la
dynamite, parfois à retardement, quand
rentré chez soi au chaud on défile à
l’envers les histoires minuscules, on
redessine les contours de son éclectique équipage, on chantonne un air de
Cloclo, on se prend à sourire tout en
versant une larme. C’est l’effet Platel,
ce mélange d’espoir et d’illusions perdues qui palpitent, cette humanité
heureuse et pathétique qui prend la
pose dans un cabaret défraîchi. Il y a
bien les paillettes, les smokings et les
fourreaux aux courbes suggestives, les
talons hauts pour prendre de la hauteur et les sacs à main pour faire dame,
mais le cabaret ressemble à un port de
la dernière chance. Terminus pour âmes
esseulées et corps cabossés, grandeur
et décadence. On y danse encore
vaguement, on y ébauche quelques
sourires, on se maquille à outrance, on
porte sur les épaules le fardeau de sa
vie, on traîne sa valise pleine d’aspirations et de rêves impossibles. Gardenia
n’est pas une œuvre fictionnelle, c’est
un témoignage tragi-comique et tendre. Malgré l’essoufflement de rythme
et quelques chemins de traverse, seule
la troupe d’Alain Platel, si singulière et
authentique, peut rapporter l’intimité
de neuf individus entre deux âges, comédiens transsexuels et ex-travestis
dans la «vraie» vie.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Gardenia a été joué les 25 et 26 mars
au CNCDC Châteauvallon
à Ollioules
Danser Molière
La danse s’est immiscée dans l’œuvre de Molière avec volupté, et c’est une bien
jolie manière de rendre hommage au dramaturge que de mettre en danse l’histoire
de l’Illustre Théâtre. Claude Brumachon s’y attache avec une belle inventivité.
Rythme dynamique et plein d’humour, porté par de très beaux choix musicaux,
Philip Glass, Haendel, Marin Marais, Vivaldi… On reconnaît tour à tour les
personnages qui peuplent les pièces de Molière, du valet de commedia dell’arte
aux servantes gaillardes, les ingénues, les vieillards, les avares, les faux savants,
les faux dévots, les médecins bien sûr, dans une ritournelle macabre où le poète
agonise sur un fauteuil de scène… Il y a aussi la danse du bourgeois gentilhomme,
le grand Mamamouchi, les masques, les facéties, une esthétique de farce, puis les
rires de Célimène, les courbettes de la cour, les parades… Le meneur de jeu,
grimé de céruse règle entrées et sorties par un système ingénieux d’écrans qui
permettent d’intéressantes transparences. Les danseurs sont magnifiques, la
technique parfaite, et le sens du théâtre digne d’un tel spectacle. L’ovation d’un
public souvent très jeune leur rend un hommage mérité.
M.C.
Histoire d’Argan le visionnaire donné au Pavillon noir du 7 au 9 avril
© Laurent Philippe
Chaleur du Cap
La pièce de Robyn Orlin au titre interminable chemine depuis 13 ans, et change
de forme et de contenu. Elle ne ressemble plus en rien aux versions que nous avions
vues ! Pas une séquence commune ! Mais toujours la même joie, la même dérision, la même interrogation aussi sur comment reconstruire l’Afrique du Sud après
l’apartheid, les frictions
© John Hogg
engendrées entre culture
classique (blanche) et affirmation noire. Les regards
échangés sont tendres pourtant, dans une fraternité
qu’on devine aujourd’hui
plus apaisée, moins revendicative… Bon, la forme
foutraque, succession de
numéros plus ou moins
réussis et drôles, est parfois un peu languissante,
mais le surgissement du
groupe folklorique aixois
venu revendiquer SA scène
est du pur génie ! Une
danse militante, et si
chaleureuse…
A.F.
Daddy I’ve seen this piece
six times before and I still
don’t know why they’re
hurting each other
a été joué au Pavillon noir
du 23 au 26 mars
26
DANSE
AU PROGRAMME
Énergique
Sans
Cage
Reprise
L’ultime tournée de la Merce Cunningham Company Dans le cadre de la manifestation Arles, par temps de
© Pierre Grosbois
Sur fond de mur lumineux, dont les couleurs
changent au gré des tableaux, cinq danseurs de hip
hop évoluent dans un univers urbain au son d’une
cité invisible. Les personnages qu’ils dansent se
rencontrent, se fuient, se cherchent, quête effrénée
sur l’asphalte tantôt drôle, tantôt tragique. Pierre
Rigal chorégraphie ainsi cette présence des corps
dans leur l’environnement urbain.
passe aussi par Nîmes… Si le Festival de Marseille a
choisi d’accueillir la dernière création du plus grand
des chorégraphes contemporains, le théâtre de
Nîmes s’est attaché à trois pièces déjà historiques,
datant d’après sa longue collaboration avec John
Cage : Sounddance (1975) encore très théâtrale,
Quartet (1982) sur la musique électronique de Tudor,
très géométrique et rapide, Pond way (1998) sur la
pop de Brian Eno, plus lente et méditative. Un
programme qui vaut bien des kilomètres, si vous
n’êtes pas Nîmois…
Merce Cunningham Dance Company
Les 17 et 18 mai
04 66 36 65 10
Théâtre de Nîmes
www.theatredenimes.com
danse, les jeunes danseurs de la formation istréenne
Coline présentent des extraits de Faits et gestes…
voir ci-après, une chorégraphie de Bernard Glandier
retravaillée avec Juan Manuel Vicente, interprète de
la pièce à sa création en 1997, et avec
l’accompagnement artistique de Montaine Chevalier,
autre interprète de la pièce.
Faits et gestes… voir ci-après
Le 7 mai
Chapelle des Frères prêcheurs, Arles
Association Coline
04 42 55 70 31
www.coline-istres.org
Aigre-doux
Dans Bitter Sugar, première
revue nègre
contemporaine, Raphaëlle Delaunay marche sur
les pas de Joséphine avec le même esprit de liberté,
la même énergie de la scène. Sur le plateau, cinq
danseuses revisitent le jazz et le swing, racontent le
plaisir de la danse et l’histoire aigre-douce de corps
qui se perdent et se retrouvent. C’est amer et sucré,
léger et tendu, joyeux et déluré.
Asphalte
Le 17 et le 18 mai
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
Bitter Sugar
Le 30 avril
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
le 27 et le 28 mai
Théâtre de la Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
Apesanteur
À partir d’un corps suspendu, le sien, la danseuse et
Solo
à2
Hafiz Dhaou et Aïcha M’Barek chorégraphient un
ostéopathe Julie Nioche figure un état qu’elle décrit
comme «une suspension du réel, de ses peines, de
ses maux, de ses attaches.» Reliée à un dispositif de
filins et de poids, elle évolue dans les airs dans une
suspension empreinte de légèreté. Elle plane, danse,
tandis que la musique d’Alexandre Meyer résonne et
dialogue avec ce corps libéré.
solo imaginé à deux inspiré par le poète palestinien
Mahmoud Darwich : «Le café, la première tasse de
café, est le miroir de la main, de cette main qui tourne
le breuvage, le café est déchiffrement du livre ouvert
de l’âme, devin des secrets que le jour renferme»…
Sur le plateau nu, plus rien d’autre n’existe que ces
1000 tasses blanches, compactes et brillantes, entre
lesquelles Hafiz Dhaou compose une danse fluide,
une reptation ondulante. Et la voix diffuse du poète
comme un parfum de café.
Nos solitudes
Le 3 mai
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
Première
Première édition du festival Marseille urbain festival,
entièrement dévolu à la culture hip hop. Pour prouver
la maturité artistique de cette discipline, la
programmation s’attache à présenter des artistes qui
utilisent la photographie, la peinture et la danse sous
des formes diverses. Au programme, la cie Dirty
South et son hip hop newscool, la cie Redscal et son
Western, la création du duo formé par Davis Colas et
Santiago Codron-Gras, Phorm, et la cie South Popper
et son utilisation précise du «popping» (contraction
du corps).
Marseille urbain festival
Le 13 et le 14 mai
La Minoterie
04 91 90 07 94
www.minoterie.org
Pondway © Carol Pratt
Fable
Dans le dernier volet de la trilogie Sad Face / Happy
Face, La Maison des cerfs, Jan Lauwers mêle théâtre
et danse dans une évocation d’un présent perturbé.
Prenant comme point de départ la mort au Kosovo du
frère journaliste de Tijen Lawton, l’une des danseuses
de la cie, Lauwers brouille les pistes entre vie professionnelle et vie personnelle, entre réalité et fiction.
La Maison des cerfs
Le 14 et le 15 avril
Théâtre de Sète
04 67 74 66 97
www.theatredesete.com
Oubli
Après une résidence à La Tannerie à Barjols, Christian
Ubl présente, au 3bisf à Aix, La Semeuse, une
création chorégraphique et théâtrale qui s’appuie sur
une nouvelle du dramaturge Fabrice Melquiot. Une
rupture, un amour perdu, et sa lente reconstruction
à Elle pour tenter d’oublier le goût et les contours de
son corps à Lui.
La Semeuse
Les 15 et 16 avril
3bisf, Aix-en-Provence
04 42 16 17 75
www.3bisf.com
Kawa
Le 10 mai
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
Renouveau
Formée à la danse classique indienne par sa mère,
interprète de Maurice Béjart, Pina Bausch, Ushio
Amagatsu et Peter Brook, Shantala Shivalingappa
partage sa vie entre deux cultures qui nourrissent son
art. Mais en Inde comme en Europe elle est la figure
de proue du renouveau du kuchipudi, danse
traditionnelle à la fois terrienne et aérienne, dont elle
donne toute la mesure à Châteauvallon dans une
sorte de «récital».
Swayambhu
Le 13 mai
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
Légume et
shampooing
L’homme à tête de chou
Du 5 au 7 mai
Grand Théâtre de Provence, Aix
04 42 91 69 69
www.grandtheatre.fr
© Guy Delahaye
Jean-Claude Gallotta s’empare de
deux figures de la culture populaire :
Gainsbourg et Bashung, mythes de la
chanson, morts trop tôt, misanthropes.
Lorsque Bashung s’est mis à chanter
l’Homme à tête de chou c’est un gainsbarre singulier qu’il incarnait ; à la fragilité
révélée, laid, malheureux, drôle aussi,
aux prises avec une shampooineuse
imbécile, et avec son désir qui le rend
légume. Gallotta sublime la petite histoire pour en faire un grand ballet visuel,
noir et érotique…
Brassages métissés
La Cie Grenade arpente les scènes de
la région, occasion de revoir des
chorégraphies de la pétillante Josette
Baïz qui sait croiser les inspirations, et
saisir en chacun de ses interprètes
comment sa culture le rend unique. Le
Groupe Grenade regroupe des élèves
de 7 à 15 ans ; 17 d’entre eux dansent
Oliver Twist, créé en 2009, d’après le
roman de Dickens. Tonalités de gris
pour cette histoire d’enfant maltraîté
qui parviendra à échapper à l’enfer.
Quant à la Compagnie, elle présentera
Granada Mix, en 3 parties : Flam &
co, pièce inspirée de l’Espagne, qui en
a la chaleur sensuelle, All through the
night, court solo tout en volutes de la
jeune Lola Cougard, et un extrait de
Eden Club, une pièce en hommage à
Fred Astaire, avec déhanchés, citations
et claquettes...
La dernière création, Gare centrale,
une pièce légère, colorée, ultra rapide
dans une belle scénographie de
Dominique Drillot, complice de
toujours, viendra clore dans la joie la
saison du Gyptis.
C.B.
Oliver Twist
10 et 11 mai
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.fr
Granada Mix
13 mai
Forum de Berre
04 42 10 23 60
www.forumdeberre.com
Gare centrale
19 et 20 mai
Théâtre Gyptis
04 91 11 00 91
www.theatregyptis.com
Gare Centrale © Léo Ballani
28
MUSIQUE
CHAMBRE
Etonnant pianiste que cet Iddo Bar-Shai ! Dans la conception du programme,
éclectique et original, de Mozart à Scriabine en passant par Scarlatti, Chopin,
Haydn, Couperin, comme dans la lecture et l’interprétation des œuvres, ce
jeune virtuose israélien ne laisse pas indifférent. Excellent dans les mazurkas
du maître polonais, tout en poésie, élégant, à la recherche de nouvelles
sonorités feutrées et colorées, anticonformiste dans les sonates de Domenico
Scarlatti, optant pour un jeu heurté, saccadé, avec une mise en relief exagérée
des ornementations, puis distant, intérieur, intime dans les mouvements lents
des viennois… Iddo Bar-Shai, avec une gestique qui n’est pas sans rappeler un
certain Gould, proposa SA vision de la musique, se souciant peu de l’héritage
de ses ainés. À l’image du pianiste canadien, cet artiste, en quête de vérité,
pose et assume ses prises de position quitte à déplaire ou froisser : un musicien
singulier, hostile à une uniformisation du goût, promis à un bel avenir.
CHRISTOPHE FLOQUET
Ce concert a eu lieu le 14 mars au Jeu de Paume, Aix
Iddo Bar-Shai © V. Garnier
Le choix de l’originalité
Une autre Voix Humaine
Dorota Anderszewska © X-D.R.
Les représentations de La Voix Humaine de Poulenc
ainsi que de l’Education Manquée de Chabrier étant
annulées, ce sont les Supersolistes de l’Orchestre
National Montpellier Languedoc-Roussillon qui s’y
collaient, assistés par Galina Soum au piano pour
révéler la soprano Sabine Devieilhe dans des airs
de Mozart. L’air de Barberine (Noces de Figaro) et le
Despina Una Donna (Cosi fan tutte) succédaient au
Vorrei spiegarvi, oh Dio K 418 et révélaient une
colorature sensible qui en a sous la glotte. Ce que
confirmait le célèbre air de La Reine de la nuit
néanmoins un peu trop sage sur le plan de la
dramaturgie. Précédaient des pages instrumentales
de Glinka (trio) et le duo op.7 violon et violoncelle
de Kodaly ménageant une rupture stylistique aux
redites un peu monotones. Les mélodies très
ressassées de la Méditation de Thaïs et l’Elégie de
Fauré étaient les bienvenues, puisque Dorota
Anderszewka (vl) et Cyrille Tricoire (vlc) étaient
sous l’archet. La soprano et le violoncelle
concluaient avec goût sur les mélismes de la
Cantilena de la Bachianas Brasileiras n°5 de VillaLobos. Un concert agréable, en l’absence de
musique française…
P-A HOYET
C’était au Théâtre de Nîmes le 23 mars
Une musique vivante
Le plaisir de faire de la musique ensemble, de la
faire partager, se retrouve dans la belle performance
de l’ensemble Al Segno, sous la direction de Pascal
Denoyer. Programme ambitieux, avec une première
partie consacrée au Requiem de Fauré, subtil et
délicat, qui permettait d’entendre le phrasé très pur
du baryton soliste Paul Mettling et la voix
émouvante de la très jeune (12 ans) Fanny
Dupont. Après une présentation très didactique des
différentes percussions, la deuxième partie
entraînait des spectateurs conquis dans la
découverte de l’œuvre du compositeur estonien
Arvo Pärt, qui, nourrie de musique populaire
traditionnelle, adopte une tonalité enjouée et
festive. Puis les deux mouvements du Chichester
Psalms de Léonard Bernstein, malgré la difficulté
des rythmes, étaient enlevés avec enthousiasme,
et la voix bien placée d’Hugo Hamdouche (11
ans !). Les instrumentistes talentueux conspiraient
à la réussite de l’ensemble, avec les improvisations
de la harpe (Allison Nosal), qui joue autant des
cordes que de l’ossature de l’instrument en
percussion, et de l’orgue (notre collaborateur Fred
Isoletta), qui emprunte aux accents de L’après-midi
d’un faune son univers bucolique et flûté, ou
emporté dans de sombres orages, que les
percussions reprennent… Magie renouvelée de la
création!
M.C.
À noter
Ce concert, donné à Aix les 20 et 26 mars,
sera repris le 21 mai à Tarascon
Gracieuses
anches…
Pour sa 9e édition de Voix de Femmes, le CDC de
Saint-Martin-de-Crau faisait une incursion à
Tarascon dans le domaine instrumental et classique.
Au sein du magnifique petit théâtre à l’italienne, le
Trio F affirmait donc la place des femmes dans la
musique, et confirmait cette propension de la
musique instrumentale à imiter la voix humaine,
notamment les instruments à vent ! La hautboïste
Marika Lombardi et Valérie Granier au basson
interprétaient quelques pages de St Saëns (Sonates
pour hautbois et basson) avec la complicité de la
pianiste Nathalie Dang : rappel d’une musique
française alerte, vive et précise évoquée par les
galops gracieux du hautbois dans St Saëns et le
discours tour à tour agile et contenu du basson. Le
trio de Poulenc confirmait le charme de
l’esthétique du Groupe des six. Les pépiements en
staccato des deux anches doubles dans un trio de
Petr Eben de 1923 faisaient découvrir un langage
novateur pour l’époque, sur un accompagnement
aux accents parfois «Messiaen-iques». Une
conclusion ouverte sur septième mineure laissait
alors libre cours à notre imagination, avant un bis
mérité de Piazzolla.
P-A H
Le Trio F s’est produit le 25 Mars à Tarascon dans le
cadre du festival Voix de femmes
Marika Lombardi © X-D.R.
MUSIQUE
29
Le grand huit !
Ensemble ô combien singulier, l’octuor de
violoncelles, composé ici des plus grands artistes
français, famille Pidoux en tête, est une formation
au potentiel incroyable, permettant de balayer, au
travers de transcriptions, un répertoire très large.
Du 3e mouvement de la Titan de Mahler, à la
mélodie Après un rêve de Fauré, en passant par un
extrait de Don Carlos de Verdi, chacun des
protagonistes, tour à tour soliste, put mettre en
avant ses qualités d’instrumentistes. Le choix du
transcripteur, Roland Pidoux, de puiser
essentiellement dans le grand répertoire du XIXe
des extraits d’un caractère dramatique, méditatif…
sur des tempi lents s’avéra un peu soporifique.
Preuve en est, le public assoupi du GTP
s’enthousiasma au moment des bis tirés des
passages les plus brillants de Carmen ! Réunis en
«Consort», en hommage aux ensembles de la
Les violoncelles francais © Francois Sechet
Renaissance et du Baroque, cet octuor aurait sans
doute dû s’inspirer de l’alternance des mouvements
–vifs, lents- propres aux pièces de cette période ;
le concert aurait gagné en attractivité.
Ce concert a eu lieu le 29 mars
au Grand théâtre de Provence, Aix
CHRISTOPHE FLOQUET
Fleurs d’avril
L'ensemble Pytheas © X-D.R
On croit à un poisson d’avril, si peu de monde pour
un spectacle alors que les terrasses de café sont
pleines… Les concerts ne sont pas réservés aux
jours de pluie ! et quel concert ! Bon, pour que
vous ayez des regrets sachez que le concert du 1er
avril donné au petit temple de la rue de la Masse
à Aix par l’ensemble Pythéas était simplement
sublime, construit avec intelligence, modulant des
résonances entre baroque et contemporain, tout
cela interprété par des musiciens hors pair : Marie
France Arakélian au piano, Charlotte Campana
aux flûtes, Yann Le Roux-Sédes au violon. Les
instruments se mêlent, s’accordent, suivent une
route solitaire selon les pièces, avec un jeu d’une
rare efficacité. Trois ? On ferme les yeux et l’on ne
sait plus combien d’instruments sont sur scène, il
y a un orchestre complet dans les Cinq petits Duos
(op. 56) de C. Cui, ou pour les danses populaires
roumaines de Bartok. Fluidité dans l’interprétation
de Mozart, andante en ut K 315, brillance de la
Sonate «Sopr’il Sogetto Reale» de J.S. Bach,
recueillement et fougue de sa sonate BWV 1016…
plénitude des sons avec la Quatrième Incantation et
la Quatrième Ascèse pour flûte de Jolivet.
Généreux, les artistes offraient au maigre mais
enthousiaste public deux bis, un Vivaldi enlevé et
Syrinx de Debussy, d’une délicatesse émouvante et
pure. Le bonheur est égoïste, souvent, mais celuici, il eût été bon de le partager !
M.C.
Puissance trois
Carte blanche avec la Russie pour thème, et un très
beau programme, ambitieux et virtuose, pour deux
pianos puis des pièces solistes. Michel Bourdoncle
avait préparé une première partie où la 2e suite de
Rachmaninov (op. 17 pour deux pianos)
interprétée avec Vladik Polioniov puis le
Concertino pour deux pianos de Chostakovitch,
avec Alexandra Lescure, alliaient puissance et
légèreté, technique virtuose et sensibilité. Ce qui
faisait oublier une valse des fleurs qui manquait de
souffle… Puis les pianistes se livraient davantage
encore dans des pièces solistes. Alexandra Lescure
portait une frémissante et délicate Leggierezza
(Étude de concert) de Liszt, Vladik Polionov
abordait la somptueuse Sonate n° 3 de Prokofiev
avec une maîtrise et un sens du phrasé qui se
retrouvaient dans le bis où il fit sonner la Harpe de
Prokofiev tout en finesse… Enfin Michel
Bourdoncle en très grande forme offrait à un public
transporté une sublime Sonate en si mineur de Liszt
Alexandra Lescure © X-D.R.
où le piano semblait transfiguré, dans laquelle
s’animaient des orages, se racontait la sérénité
troublante qui leur succède… D’une puissance
céleste ! M.C.
Concert donné au Toursky le 29 mars dans le cadre du
Festival russe
Concert donné le 1er avril temple de la rue
de la masse Aix et le 2 avril à l’église Saint Ferréol,
Marseille
30
MUSIQUE
LYRIQUE | SYMPHONIQUE
Rossini millimétré
Entre les modes fatales, en 2011, du baroque et de l’opérette,
on peut encore entendre des opéras !
© Frederic Iovino
Chez Rossini, la mise en scène des comédies doit être
parfaitement huilée afin d’adhérer à la mécanique
musicale, celle des finals en particulier qui s’y trouve
minutieusement millimétrée. Dans L’Italienne à Alger,
dramma giocoso créé en 1813, représenté à Aix fin
mars au GTP, la direction d’acteurs s’avère tonique,
réglée à souhait quand, de surcroît, la scénographie
de Sandrine Anglade présente des tableaux d’une
esthétique élégante (ballet final du chœur en longues robes rouges, pluie de mouchoirs aux couleurs
du drapeau italien…). Dressées sur scène, une douzaine d’imposantes portes mobiles sont autant de
seuils ludiques vers un monde imaginaire, un orient
fantasmé que les hommes inventent dans leur quête
de la femme idéale…
Dans cet imbroglio, qui se rapproche parfois du style
bouffon, Mustafa en pyjama (Jonathan Veira) se balade en Bey d’Alger survolté, excellente basse-bouffe,
quand l’Italienne Isabella (Allyson McHardy), mezzo
sombre à la tessiture très ample, assume fièrement
le premier rôle : celui d’une beauté tirant les ficelles
de la comédie. La distribution généreuse se montre
fort à l’aise dans un répertoire coûteux qui a parfois
du mal à trouver sa juste place sur les scènes. L’Orchestre de Limoges et du Limousin, son Chœur
d’hommes (dir. Pascal Verrot) se tirent avantageusement des pièges virtuoses d’une partition colorée.
JACQUES FRESCHEL
Chansonniers
La compagnie lyrique Les Brigands a
su redécouvrir des trésors perdus d’Offenbach, ou de Maurice Yvain, et les
mettre en scène avec une grande irrévérence, et beaucoup de talent musical.
Son voyage Au temps des croisades,
marqué en fait plutôt café concert
début de siècle (le XXe), n’a pas les
mêmes qualités. Pour une raison simple : la musique de Claude Terrasse
manque cruellement d’intérêt, et même
de savoir-faire (on n’en demande parfois pas beaucoup plus dans ce genre).
Quant aux interprètes on ne peut, sauf
une, les qualifier d’artistes lyriques : ce
sont d’excellents comédiens/comiques, qui chantent un peu. Restent de
très bons moments, parce que les
gags potaches fonctionnent toujours,
et parce que les transfuges de la Cie
des 260000 couverts sont hilarants :
une servante joyeusement gourde et
Christophe Arnulf en percussionniste
bruiteur pince-sans-rire et ivrogne,
est irrésistible, tout comme Valérie
Véril la servante empotée. Quant à
l’intrigue de Franc-Nohain, si elle a
pu être osée il y a un siècle, elle
aujourd’hui bien peu subversive…
AGNÈS FRESCHEL
Au Temps Des Croisades © Yves Petit
Bouleversants Dialogues !
en Mère de l’Incarnation, Pauline Courtin en Sœur
Constance et Anne-Catherine Gillet, sublime dans le
rôle de Blanche de la Force.
Cette coproduction de l’Opéra Royal de Wallonie et de
l’Opéra d’Avignon, qui tourne depuis quelques années
avec succès, a de nouveau
recueilli des applaudissements chaleureux et
suscité l’émotion. La mise en
scène de Jean-Claude Auvray est un écrin propice à
l’ambiance intense et dramatique du chef-d’œuvre, dans
un décor au mobilier Louis
XVI où des tableaux austères
dessinent de statuaires filles
du Carmel, façon Philippe de
Champaigne… Mais en
coulisse la foule en bonnets
phrygiens
gronde
en
chantant la Carmagnole !
Majella Cullagh © X-D.R.
C’est entre 1953 et 1957 que Francis Poulenc composa
ses Dialogues des Carmélites, drame inspiré d’un fait historique retraçant un épisode tragique de la Terreur. En
1792, les carmélites de Compiègne sont expulsées de
leur monastère, mais choisissent de continuer de vivre
leur foi «hors les murs». Seize d’entre
elles sont arrêtées, condamnées à
mort et guillotinées.
Comme dans La Voix Humaine, Poulenc y a livré son génie. Mélodiste
né, sa prosodie exceptionnelle fait
ressortir les bouleversantes, mais
combien inspirées, réflexions de
Georges Bernanos sur la mort, la
peur, l’existence… On y pénètre profondément le cœur de l’âme humaine,
faite d’insouciance autant que de
profondeur spirituelle. «Il faut savoir
risquer la Peur comme on risque la
Mort» entend-on du côté du livret.
Les Dialogues des Carmélites est, à
juste titre, considéré comme l’un
des plus grands opéras du XXe siècle. Il fut brillamment interprété en
Avignon par Stéphanie D’oustrac
CHRISTINE REY
Bel canto
romantique
Une fois de plus, dans une saison placée sous le signe
de la nouveauté, l’opéra de Toulon programmait en
guise de création dans ses murs Linda de Chamounix,
ouvrage lyrique semi-seria composé au service des
belles voix de son temps par Donizetti en 1842. A
priori rien de déroutant pour le public toulonnais, si
ce n’est l’absence de mise en scène, la direction ayant
préféré la solution d’une mise en espace plus favorable
aux chanteurs, très sollicités sur le plan vocal, et plus
économique. Dans ce type de répertoire, l’histoire
(encore des amours contrariés) passe souvent au
second plan derrière l’écriture des voix dont la
virtuosité est la seule raison d’être. En toute logique
l’orchestre et les chœurs, efficaces et fort bien dirigés
par Steuart Bedford ont servi de faire-valoir idéal à
un plateau alléchant sur le plan des timbres d’où se
distinguaient nettement Majella Cullagh et Stella
Grigorian mais dont l’homogénéité et l’équilibre
furent parfois mis à mal par des voix masculines en
manque d’oxygène.
ÉMILIEN MOREAU
MUSIQUE 31
Aléas
ÉMILIEN MOREAU
Tendresse
et austérité
Bach est un architecte du temps ! Et sa Messe en
Si en est un monument de la musique religieuse.
Certains passages, tels que le Kyrie eleison, le
Crucifixus ou encore le Dona nobis pacem figurent
au panthéon des pièces polyphoniques. Difficile,
face à un tel édifice, de donner une interprétation
intelligente sans entrer dans l’exégèse de cette
œuvre au maillage contrapuntique complexe sous
fond de symbolique des nombres. Daniel Reuss, à la
tête du Cappella Amsterdam et du Il gardellino,
chef de chœur précis, efficace, releva ce défi avec
brio. Bien servi par un chœur homogène, superbe,
et des instrumentistes brillants, il proposa une
lecture intérieure de l’œuvre, tout en clair-obscur,
dénuée d’emphase et d’ostentation. Certes,
l’acoustique difficile du GTP et la faiblesse des
solistes ternirent un peu l’ensemble. Mais les
quelques secondes de silence obtenues par le chef
à la fin de la pièce, d’ordinaire brisées par un public
prompt à applaudir, furent la marque d’une grande
interprétation, d’une volupté… platonicienne !
Gautier Capucon © Michael Tammaro
Associer en ce début de printemps Gautier
Capuçon au violoncelle à l’Orchestre de Cannes
Provence-Alpes-Côte d’Azur pour un programme
ambitieux autour du concerto n°1 de Chostakovitch était une initiative formidable du Festival
de Toulon. Mais c’était sans compter sur les risques
du métier qui, blessure oblige, contraignirent notre
virtuose national à se rabattre sur le concerto n°1
de Saint-Saëns. Rompus à ces changements de
dernière minute, les musiciens fermement dirigés
par la baguette de Philippe Bender ont donné sans
broncher la réplique au soliste, dont la sonorité
envoutante et la virtuosité étaient intactes malgré
une gêne perceptible dans ses mouvements. Qui ne
l’empêcha cependant pas d’honorer vigoureusement
deux rappels consécutifs en première partie.
Dans la deuxième partie, Mozart fut mis à l’honneur
avec la 41e surnommée «Jupiter». Avec une précision d’orfèvre, l’orchestre sut rendre les dons
exceptionnels du compositeur au zénith dans cette
ultime symphonie : invention mélodique, vivacité
rythmique, perfection formelle et richesse de
l’orchestration.
Limpide et local
Sous la direction efficace de Bénédicte Pereira, le
chœur d’hommes de l’EVM au sein duquel nous
retrouvons dans le pupitre des basses les fines
plumes de notre journal Jacques Freschel et Yves
Bergé et l’ensemble vocal féminin Hymnis ont
donné un très beau programme de musique sacrée
balayant les XIXe et XXe siècles. Accompagnée à
l’orgue par André Rossi, la Messe en sol de
Schubert, qui, moins populaire que les motets de
Mendelssohn, gagnerait à être donnée plus
souvent, fait entendre le compositeur romantique
comme un véritable héritier de Bach… Dans une
toute autre esthétique, le contemplatif Salve
Regina de Poulenc fut interprété avec une grande
finesse vocale, préparant le terrain au redoutable Eli
de Deak Bardos : une découverte que l’auditoire
nombreux a su apprécier à sa juste valeur. Une très
belle soirée composée de musiciens passionnés et
«locaux» qui démontre une fois de plus que notre
région regorge d’interprètes talentueux dont les
initiatives sont saluées par un public fidèle et
reconnaissant, et qui mériteraient une oreille plus
attentive des décideurs, qui vont souvent chercher
ailleurs ce qu’ils ont sous la main.
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Nourritures célestes
Du bonheur encore avec le chœur Accentus, dirigé
comme un seul instrument par une Laurence
Equilbey inspirée. Se joignait au chœur le
concerto Köln qui ajoutait de nouvelles strates,
creusant davantage la pâte sonore. Chœur et
Accentus © Jean-Louis Bergamo
instruments se mêlaient en un jeu subtil des
profondeurs, puissamment irrigué par les lignes
mélodiques. Motets de Bach sublimés par l’équilibre
des voix, superbes attaques, beau travail des
finales, son large et sculpté, les échos baroques de
ce monde en miroir où la musique semble capable
de constituer le reflet de l’idéal équilibre…
L’intelligence aiguë du propos était rendue sensible
par les sur-titrages qui permettaient de saisir les
nuances de cette musique qui sert le texte avec
expressivité. Généreux, les artistes accordaient en
bis l’Alléluia de Buxtehude et en ter la reprise
(mesure 221) du dernier motet, Singet dem Herm
ein neues Lied. Un moment aux irisations sublimes.
M.C.
Concert Bach Motets donné le 22 mars au GTP, Aix
CHRISTOPHE FLOQUET
Cappella Amsterdam © Marco Borggreve
L’Ensemble Vocal Méditerranéen
et Hymnis étaient réunis pour
un très beau concert à l’église de
Montolivet le 31 mars
32
CONTEMPORAINE | JAZZ
MUSIQUE
Du binaire à l’Unité
cuns appellent Génie !
Alors qu’un Lied allemand mozartien
est suavement «poitriné» par Marion
Rampal façon «cabaret», le batteur
Jean-Luc di Fraya se mue en soprano
et lance, au gré d’un étonnant falsetto, un bouleversant standard : My love.
Au delà des échanges, on loue la qualité des musiciens, le sax de Raphaël
Imbert virevoltant sur les Variations
de la Sonate en la majeur, ses riffs
explosifs dans C Jam Blues... Florent
Héau, l’un des meilleurs clarinettistes
français, distille des phrasés cristallins dans le Quintette avec cordes et
laisse son anche (et nous-mêmes pantois !) pour quelques fantaisies à la
scie musicale et aux… claquettes ! Le
Quatuor Les dissonances des Manfred
fait écho à quelque pièce sacrée d’Ellington, La Flûte enchantée (Mozart
et Ellington étaient franc-maçons)
Pour leur création au Grand Théâtre de
Provence, le saxophoniste Raphaël
Imbert, le Quatuor Manfred et les
musiciens invités par Nine Spirit déclinent un concept qui avait marié
avec bonheur les univers classique et
jazz de Bach & Coltrane, en établissant des ponts les reliant, par delà les
siècles, autour de valeurs spirituelles.
Avec leur nouvelle association Mozart
& Ellington, ils mettent en lumière le
classicisme intemporel de deux styles
élégants, à l’orchestration raffinée, un
sens commun de la surprise et de l’improvisation, en dissipant finalement
les frontières… Au fil du spectacle, on
évite heureusement le simple collage : la perméabilité des styles est de
rigueur. L’alchimie opère, ramenant le
couple binaire Wolfgang/Duke, apparemment opposé, à une Unité
transcendant les genres… que d’au-
© Agnès Mellon
répond à Black and tan fantasy alors
que, sous les regards bienveillants
d’André Rossi (piano) et Pierre Fénichel (contrebasse), se révèle un jeune
tromboniste (et puissant pianiste)
Simon Sieger. Une vraie leçon d’Harmonie !
JACQUES FRESCHEL
Le fil d’Ariane
Marier le baroque et la création ? La 9e édition du festival Mars en Baroque
a dit oui le 23 mars, en l’église Saint Cannat les Prêcheurs
Marie Cristina Kiehr © X-D.R.
Pourquoi ne pas réunir des musiques qui ne sont pas de
la même esthétique et ont quatre cents ans d’écart ? C’est
la question que se sont posée Jean-Marc Aymes et Roland
Hayrabedian, respectivement directeurs musicaux du
Concerto Soave et de Musicatreize. Intitulé Tresses & détresse, Lamento, morte & paradiso, le programme s’articulait
autour du fil (conducteur) d’Ariane et de la géniale partition de Monteverdi, interprétée par la soprano Marie
Cristina Kiehr au timbre chaud et suave, accompagnée
par le continuo de Sylvie Moquet (viole de gambe), Mara
Galassi (harpe), J.-M. Aymes (clavecin et orgue) mais
également les parties de chœurs reconstituées. En regard
des pièces de Mayone, Gesualdo, D’India et surtout de
Monteverdi, le Lasciatemi morire et le Nenia des suédois
Erdlund et Nordin s’inspiraient directement de l’œuvre de
maître de Mantoue tout comme la création Lolèin de
Philippe Gouttenoire. Le langage n’est certes plus le
même, mais la dualité baroque/contemporaine opère,
tenant en haleine deux publics réunis et heureux. Par un
simple fil !
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Répercussions ECO logique
(Musiques Nouvelles) et André Groen
(De Ereprijs) sculptent de leur corps
une matière tonnante et étonnante
aux fortes saveurs. Le trio ouvre le bal
par une surprenante et parfaite chorégraphie à mains nues, à fleur de
© Agnes Mellon
ECO (European Contemporary Orchestra) bourgeonne en ce printemps
naissant. Greffe réussie de trois belles
et bonnes souches productives de la
musique contemporaine : Télémaque
Marseille, Musiques Nouvelles Bruxelles
Mons et De Ereprijs Amsterdam Apeldoorn. Une espèce unique qui devrait
atteindre sa taille capitale européenne au printemps 2013, en pleine terre
de culture marseillaise. Mais ce jeune
cultivar créatif porte déjà des fruits
bien percutants présentés à l’étal des
saisons du cycle Deux, trois, quatre,
musique des ABD Gaston Defferre. Trois
virtuoses percutent nos âmes, à fleur
de leur Éclat de peau, d’acier et de
cuivre, et bousculent les notions de
temps, de rythme et l’ordre émotionnel qui nous lie. Christian Bini
(Ensemble Télémaque), Pierre Quiriny
Musique de tables, de Thierry de Mey.
Puis en ce 2011, toutes les 4’’ viennent s’égrainer les tourments du temps
qui passe et tue, création de JeanLuc Fafchamps. Franck Zappa nous
tend la Page noire de l’histoire des
rythmes populaires dans un vertigineux
solo de batterie. Iannis Xenakis rebondit bel et bien dans sa prodigieuse
mélodie rythmique et… en cinquième partie arrive In Four Parts de Peter
Kotik, en création française ; œuvre
surprenante où les échos des chocs
s’interrogent au travers de l’espace et
du temps. Un virtuose florilège de
trios musicaux contemporains en
bourgeonnement.
YVES BERCHADSKY
Ce concert a eu lieu le 25 mars
aux ABD Gaston Defferre
34
MUSIQUE
AU PROGRAMME
LYRIQUE
Didon et Enée
Favola in musica
L’Opéra de Toulon n’a jamais affiché, depuis sa création il y a plus de trois siècles, le bijou baroque Didon
et Enée de Purcell : les grands théâtres ne sont pas
vraiment adaptés pour représenter ce type d’ouvrages, et leur jauge convient mieux à des répertoires
des XIXe et XXe siècles. On est aussi habitués, depuis quelques décennies, à entendre la musique
ancienne sur instruments d’époque, cordes en boyau,
phrasés et couleurs sonores finement étudiés… si
bien que l’auditeur fait parfois la fine bouche.
Tout doit pouvoir se saisir dans ce miracle de concision tiré de L’Enéide de Virgile : de l’hystérie des
sorcières à la descente chromatique mortuaire dans
l’ultime récitatif, des courts ballets festifs aux chaconnes douloureuses, de la «chasse» obstinée à la
froide annonce du messager… Si l’Orchestre et les
Chœurs de l’Opéra sont dirigés par Giuliano Carella,
la Compagnie Les Bijoux Indiscrets assure le rôle
fondamental du continuo (viole ou violoncelle et
clavecin). Mais on attend surtout la formidable
tragédienne Anna Caterina Antonacci dans le rôle
titre (mise en scène par Massimo Gasparon).
Enchantée
Paul Armin Edelmann © Doris Kucera
Anna Caterina Antonacci © Derossi-naive
Ce succès parisien d’Offenbach fut joué en 1870 peu
avant la chute du Second Empire. Son livret, volontairement amoral, raille les financiers véreux, la
légèreté des mœurs de la cour, les ambassadeurs suffisants. Des sujets récurrents, et toujours actuels !
Cet opus est riche en situations cocasses, citations
savoureuses… Les morceaux de bravoure s’enchaînent, exigeant une troupe dynamique pour chanter
le savoureux Trio des Marmitons, incarner une ambassade espagnole délirante, un caissier dilapidateur de
fonds, des carabiniers qui arrivent forcément trop tard...
On fait confiance à l’expérience de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff pour la mise en scène
et les décalages comiques, et à la direction musicale de Nicolas Kruger afin d’assurer le succès de
cette création.
TOULON. Les 13 mai à 20h
et le 15 mai à 14h30. Opéra
04 94 93 03 76 www.operadetoulon.fr
Pour la 5e année, les maisons lyriques de la région
ouvrent leur porte au public pour des visites et animations : une occasion de découvrir l’opéra et ses
métiers, de rencontrer les artistes, d’assister à des
spectacles…
Tous à l’Opéra Les 7 et 8 mai à Marseille, Avignon,
Toulon, Aix… Entrée libre
www.tous-a-lopera.fr/2011
TOULON. Les 19 et 22 avril à 20h
et le 24 avril à 14h30. Opéra
04 94 93 03 76 www.operadetoulon.fr
Les Brigands
Ouverts !
L’Orfeo de Monteverdi, créé en 1607 à Mantoue, est
considéré comme le premier grand opéra de l’histoire de la musique. Ce point de passage entre la
renaissance italienne et l’ère baroque révolutionne
la culture occidentale, instaure un genre qui se développe de Rome à Venise, puis dans l’Europe entière.
Sur une scène, des acteurs, accompagnés d’un orchestre, déclament en chantant une comédie inspirée
de la mythologie gréco-latine : l’histoire du poète
Orphée, parti, lyre en main, chercher aux Enfers son
Eurydice défunte, mordue par un serpent le jour de
ses noces…
Monteverdi signe, à l’occasion, une musique d’une
rare beauté qui eu pour conséquence de jeter aux
oubliettes les opus antérieurs de Peri et Caccini.
Mais du point de vue dramatique, l’œuvre pèche par
son manque de dynamisme rendant toute représentation «délicate». Car c’est avant tout l’émotion qui
est théâtralisée, la mise en valeur des voix, des mots,
des figuralismes : ces peintures pour l’oreille qui
imitent les passions humaines. Loin de l’emphase
romantique, la monodie reste proche des inflexions
du langage parlé. La basse continue en prend pour
150 ans et le récitatif pour davantage encore !
Enrico Delamboye dirige l’Orchestre National de
Montpellier dans une version de concert (orchestration de Bruno Maderna) et Paul Armin Edelmann
dans le rôle-titre.
MONTPELLIER. Le 16 avril à 17h. Le Corum.
En partenariat avec le Théâtre de Sète.
www.theatredesete.com 04 67 74 66 97
Commandeur
Les représentations du Don Giovanni de Mozart,
dans la mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia, se
poursuivent à l’Opéra de Marseille avec le baryton
Jean-François Lapointe (dir. Theodor Guschlbauer).
MARSEILLE. Les 14, 19 et 22 avril à 20h
et les 17 et 24 avril à 14h30. Opéra
04 91 55 11 10 www.marseille.fr
Le prince Tamino (Frédéric Antoun) part à la recherche de Pamina (Amel Brahim-Djellou) en compagnie
de l’oiseleur Papageno (Armando Noguera)... Au
final, le couple franchit les épreuves pour accéder
au temple dont Sarastro (Taras Shtonda) est le
maître. Et la perfide Reine de la Nuit (Isabelle
Philippe) voit ses projets déjoués quand Papageno, enfin, trouve sa Papagena (Katia Bentz).
La Flûte enchantée est un conte universel, apparemment enfantin, qui cache une parabole initiatique :
un monument d’une richesse symbolique et musicale inépuisable où la vertu triomphe du vice, la
lumière des ténèbres. Sagesse, Force et Beauté
président à la construction de cet opéra populaire
de 1791 qui prône des valeurs universelles d’amour,
de fraternité, de justice et de vérité. Laurence
Equilbey dirige cette production mise en scène par
Robert Fortune.
AVIGNON. Le 17 avril à 14h30
et les 19 et 21 avril à 20h30. Opéra
04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr
Frederic Antoun © X-D.R.
SYMPHONIQUE
Guitariste
En hommage à Henri Tomasi, Emmanuel Rossfelder,
l’un des guitaristes majeurs de sa génération,
interprète son Concerto de guitare à la mémoire
d’un poète assassiné, F. G. Lorca, mais aussi le
«tube» destiné à son instrument, signé Joaquin
Rodrigo : le Concerto d’Aranjuez pour guitare et
orchestre. L’orchestre municipal joue également Le
Carnaval Romain, ouverture, op. 9 de Berlioz et Le
Lac des Cygnes, suite de ballet de Tchaïkovski.
MARSEILLE. Le 14 mai. Opéra
04 91 55 11 10 www.marseille.fr
Cello
Liszt et Messiaen
La violoncelliste Sonia Wieder-Atherton joue Cello pour
violoncelle et orchestre de Pascal Dusapin et les Variations
sur un thème rococo de Tchaïkovski, quand l’O.L.R.A.P.
interprète la 1ère symphonie de Brahms (dir. Alexander
Vakoulsky)
Intitulé L’amour, la prière, le concert donné par la
formidable soprano Lydia Mayo, Roland Conil au piano et
Alain Timar en récitant, met en lumière deux
compositeurs pour qui la foi et la passion amoureuse ont
joué des rôles essentiels dans leur création artistique :
Franz Liszt et Olivier Messiaen. Des convergences
spirituelles troublantes se tissent où le visible et
l’invisible, la matière et l’esprit cherchent constamment
un point d’équilibre !
AVIGNON. Le 29 avril.
04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr
AVIGNON. Le 7 mai à 21h. Théâtre des Halles
0 892 68 36 22 www.theatredeshalles.com
Lieder
Sophie Oinville (soprano), Ariane Stamboulidès (alto),
Alain Geng (clarinette) et Brigitte Grosse (piano)
interprètent Le Pâtre sur le rocher de Schubert et des Valses
de Brahms.
MARSEILLE. Le 16 avril à 17h Opéra
04 91 55 11 10 www.marseille.fr
Lyrique
Dans la foulée de la Master-class autour de Carmen de
Bizet, animée par Marie-Ange Todorovitch, on entend
Lucile Pessey (soprano), Cyril Rovery (baryton),
Catherine Galland et Ludovic Selmi au piano, dans des
mélodies, airs et duos d’opéras de Mozart, Fauré, Liszt,
Duparc ou Verdi…
MARSEILLE. Le 16 avril. Auditorium de l’Hôpital St-Joseph
06 79 34 81 66 www.operatheatrepourtous.com
Mélodies
Marie-France Arakélian accompagne au piano le ténor
Marc Filograsso dans un récital de mélodies françaises de
Gabriel Fauré et des romances Paolo Tosti.
Sonia-Wieder Atherton © X-D.R.
Piano
Alain Planès interprète le 1er concerto de Chopin en
compagnie de l’Orchestre Lyrique de Région AvignonProvence (dir. Shinick Hahm) qui joue également la 39e
symphonie de Mozart.
AVIGNON. Le 5 mai. Opéra
04 90 82 81 40 www.operatheatredavignon.fr
MARSEILLE. Le 6 mai Mairie des 13e et 14e arr. (Entrée libre)
Orgue
Bernard Foccroulle, organiste et directeur du Festival d’Aix
joue Bach.
AIX. Le 11 mai à 15h (dès 7 ans)
et le 12 mai à 20h30 – Eglise Saint-Jean de Malte.
04 42 91 69 69
www.legrandtheatre.net
Bernard Foccroulle © Pascal Victor - ArtComArt
Pianos
L’ensemble Anima eterna de Bruges dirigé par Jos van
Immerseel (au piano également) joue le Boléro de Ravel,
le Concerto pour deux pianos (avec Claire Chevallier) de
Poulenc et Un américain à Paris de Gershwin.
AIX. Le 18 mai GTP.
04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
RECITALS
Salon Baroque
Les Bijoux Indiscrets affichent un Concert pour Mary :
des œuvres de Purcell par la soprano Ruby Hughes
(direction musicale Claire Bodin).
TOULON. Le 3 mai à 19h. Opéra, Foyer Campra
04 94 93 03 76 www.operadetoulon.fr
36
MUSIQUE
AU PROGRAMME
Orgue (bis)
CONTEMPORAIN
Sur l’instrument reconstruit, Jean-Paul Imbert
joue des pièces de Cochereau, Clérambault, Widor,
Vierne, Franck.
Festival
Les musiques sont une manifestation majeure vouée
à la création musicale contemporaine (voir p.6) : des
installations sonores, concerts, récitals, performances chorégraphiques, rencontres, film, spectacle jeune
public, dans une multitude de lieux marseillais.
Au cœur du festival, on ne manque pas la création
de Bacchanales d’Alexandros Markéas (le 6 mai à
18h30 et 21h30 Friche de la Belle de mai – Cartonnerie) faisant appel à près de 300 exécutants
issus d’ensembles professionnels et amateurs de la
région : Musicatreize, Proxima Centauri, L’Itinéraire,
Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, Orchestre
de la Timone, Chœur Cité de la Magalone (Cité de
la musique), Chœur Philharmonique de Marseille,
Chœur contemporain, Atelier Polyphonique du Var,
Chœur de la Timone, Chorales de l’Université de la
Méditerranée, Chorale de l’APHM, Chœur des Docks
de Marseille, Chœur ProMusica (avec les soutiens
de Marseille-Provence 2013).
MARSEILLE. Le 16 mai– Eglise Notre-Dame-du-Mont.
04 96 11 04 61
www.marseilleconcerts.com
Satie’sfaction
EsotErik ! La pianiste Amandine Habib accompagne
la soprano Lucile Pessey dans un spectacle fantaisiste bâti autour d’opus d’Erik Satie (La diva de
l’empire, Je te veux, quelque Gymnopédie ou Gnossienne, Sport et divertissement…) mis en scène par
Myrtille Buttner d’après les Mémoires d’un amnésique.
MARSEILLE. Le 14 mai à 21h Station Alexandre
04 91 00 90 00
www.station-alexandre.com
CHAMBRE
MARSEILLE. Du 4 au 14 mai. GMEM
04 96 20 60 10 www.gmem.org
À cinq !
Emmanuel Pahud (flûte), Paul Meyer (clarinette),
Eric le Sage (piano), Guy Braunstein (violon) et Zvi
Plesser (violoncelle) jouent des pièces de musique de
chambre d’Haydn, Schubert, Zemlinsky, Korngold,
Berg, Schoenberg/Webern (Kammersymphonie).
Le chant des basses
L’Ensemble Télémaque poursuit sa collaboration
avec Musiques Nouvelles Bruxelles Mons et De
Ereprijs Amsterdam Apeldoorn et inaugure une
coopération européenne (ECO, voir p32) dans l’objectif de Marseille Provence 2013.
Des violoncellistes de ces prestigieuses formations
musicales fusionnent leur talent dans des pièces de
Jean-Louis Florentz, Jean-Paul Dessy, Giacinto
Scelsi et une création pour quatuor de violoncelles
de Lionel Ginoux…
MARSEILLE. Le 15 avril à 19h.
ABD Gaston Defferre – Entrée libre
04 91 08 61 00 www.ensemble-telemaque.com
ANCIENNE
Pascal
L’ensemble Baroques-Graffiti interprète les Leçons
de Ténèbres de Couperin et Delalande avec Benedicte Pereira (soprano), Agustina Merono (viole de
gambe), et Jean-Paul Serra (orgue).
AIX. Le 15 avril Chapelle des Oblats
MARSEILLE. Le 16 avril Eglise St-Théodore
09 51 16 69 59 www.baroquesgraffiti.com
Dessy par là
AVIGNON. Le 3 mai. Opéra
04 90 82 81 40
www.operatheatredavignon.fr
Les Ménestriers
L’ensemble dirigé par Henri Agnel présente Chants
des Juifs du Moyen-Âge et de la Renaissance avec
Milena Jeliazkova (soprano) et Milena Roudeva
(alto) aux sons des cétéra, harmonium, oudou, zarb,
rebec…
Chiaroscuro
Le quatuor formé à Londres en 2005 joue Mozart dont
les Quatuors en mi bémol majeur K.428 et «Les Dissonances» K.465.
LES BAUX-DE-PROVENCE.
Le 17 avril à 17h30 La Citerne
04 90 54 34 39
AIX. Le 2 mai. Jeu de Paume
04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
Anciennes ?
Parisii
Le quatuor français joue Haydn (Quatuor «Lever de
soleil»), Schumann (Quatuor n°3) et Debussy (Quatuor
en sol mineur).
Jean-Paul Dessy © Isabelle Francais
Le théâtre des Belges en Avignon consacre une
journée à la musique sacrée contemporaine avec le
compositeur, chef d’orchestre et violoncelliste
Jean-Paul Dessy, directeur artistique de l’ensemble
Musiques Nouvelles (Mons, Belgique).
TOULON. Les 10 et 11 mai. Collège La Marquisanne.
04 94 18 53 07
www.festivalmusiquetoulon.com
Quatuor Parisii © X-D.R.
AVIGNON. Le 7 mai à 17h30 Conférence Musique et
Sacré (entrée libre) et Concert à 20h30 Liturgie du
Son pour Violoncelle Seul
Théâtre des Doms.
04 90 14 07 99 www.lesdoms.be
Composite
L’ensemble vocal Musicatreize et le Chœur contemporain, dirigés par Roland Hayrabedian, entremêlent
les répertoires, les styles et les époques en interprétant, dans un programme avec orchestre, le
Magnificat de Bach, la Symphonie des Psaumes de
Stravinsky et le Contrapunctus 19 de l’Art de la
fugue revisité par Luciano Berio.
AIX. Le 13 mai. GTP.
04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net
Guy Laurent élargit régulièrement, au delà du baroque, le répertoire patrimonial qu’il a l’habitude de
mettre en valeur avec les Festes d’Orphée. Ainsi
entend-on des polyphonies corses par le quatuor A
Murella (le 6 mai– Temple de la rue de la Masse).
L’Ensemble Romantique des Festes d’Orphée présente un programme autour du musicien natif de
Cadenet et jeune maître de Chapelle à St-Sauveur :
Félicien David. (le 10 mai - Musée des Tapisseries). On
invite aussi, comme de coutume, l’Académie du Tambourin pour une rétrospective des œuvres de
Maurice Guis (le 17 mai à 19h – Temple de la rue de
la Masse).
AIX. 04 42 99 37 11
www.orphee.org
Café Zimmermann
La formation instrumentale de Céline Frisch (clavecin) et Pablo Valetti (violon) joue des concertos
pour violon, hautbois et des «brandebourgeois» de
Bach.
MARTIGUES. Le 14 mai. Salins
04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
© X-D.R
Sacrément populaire
Le Festival de musiques sacrées de Marseille en est à sa seizième édition, et repose
toujours sur les mêmes principes : il s’agit de faire entendre dans les églises
marseillaises, et en particulier l’église Saint Michel, des concerts «d’inspiration
religieuse» : Jeanine Imbert, adjointe au maire en charge de l’opéra, note qu’il
s’agit «d’un festival très populaire, qui regroupe plus de 7000 personnes chaque
année et produit une véritable effervescence.» Elle ajoute que «les prêtres sont
très demandeurs et le festival remplit les églises de personnes qui n’ont pas pour
habitude de s’y rendre.» Maurice Xiberras précise qu’il ne s’agit pas «de programmer de la musique liturgique» mais de s’intéresser pour des raisons artistiques
à ce répertoire chrétien «d’une grande théâtralité».
L’acoustique des églises interdisant les très gros effectifs pour des problèmes de
réverbération du son, le Festival de musique sacrée programme essentiellement
des œuvres des XVIIe et XVIIIe siècles (Haendel, Haydn et Mozart), ou des œuvres
plus récentes pour voix solistes, chœur et orchestre plus modeste (Dvorak et
Brahms). S’ouvrant par ailleurs aux musiques du monde, il reprend la Missa
Criolla (1964) d’Ariel Ramirez. Les ensembles invités sont donc Los Calchakis et
le King’s Consort, ainsi que le Chœur régional PACA, auxquels bien sûr s’adjoindront le chœur et l’orchestre de l’opéra de Marseille, et de grandes voix solistes,
de Nathalie Manfrino à Hye Myuing Kang. Les élèves avancés du Conservatoire
National de Marseille se produiront par ailleurs, gratuitement, dans de nombreuses
églises marseillaises.
Un Festival qui, outre le talent des professionnels qui s’y produisent, est fondé sur
la bonne volonté des amateurs qui y participent, et celle de l’opéra qui y associe deux de ses productions. Et bien sûr sur le soutien de la Ville de Marseille qui
prend en charge la technique et le fonctionnement, et consacre 140 000 € à
l’artistique. Pour offrir aux Marseillais des concerts symphoniques et lyriques d’une
grande qualité, à 11 €…
AGNÈS FRESCHEL
À noter
Le concert de l’Orchestre Philharmonique de Marseille dirigé par Luciano Acocella, avec la soprano Nathalie Manfrino et le baryton Marc Barrard constitue
un moment clé du festival ! Il faut dire que l’on entend, en ouverture de la manifestation, un chef-d’œuvre du genre : Un requiem allemand de Brahms (le 29 avril).
Le festival se poursuit avec le Stabat mater de Dvorak interprété par l’Orchestre Philharmonique et le Chœur Régional PACA (la survie de ce chœur, essentiel à la vie
musicale régionale, est menacée du fait d’une coupe drastique de ses subventions !), Marie-Paule Dotti (soprano), Elodie Méchain (mezzo-soprano), Calin
Bratescu (ténor) et Dmitry Ulyanov (basse) dirigés par Claire Gibaul (le 6 mai).
On entend ensuite une Misa Criolla sud américaine jouée par le Groupe Los Calchakis (dir. Hector Miranda) et le Chœur de l’Opéra de Marseille (dir. Pierre
Iodice – le 11 mai)
MARSEILLE. Concerts à 20h30 à l’église St-Michel. Jusqu’au 1er juin
04 91 55 11 10 -www.marseille.fr
38
MUSIQUE
AIX
Théâtre et Chansons : Soirée Tremplin
Jeune Talent avec Les amis de Camille
(15/4), Flagrant delice (14 et 15/5),
stage jeunes chanteurs pour les 12-17
ans animé par David Flick (du 25 au
29/4)
04 42 27 37 39
www.theatre-et-chansons.com
ARLES
Cargo de nuit : Pigeon John (15/4),
Elista (16/4), Malik Bentalha se la raconte (19/4), Birdpen (28/4), Rave, story
of dream (6/5), Zaa Fournier (13/5),
Abdelkader Secteur (17/5)
04 90 49 55 99
www.cargodenuit.com
Les Suds : Journée festive à Mas Thibert :
vernissage de l’exposition de calligraphie
arabe d’Abdou Amri Zahri, concert de
Fouad Didi et l’Orchestre Tarab (30/4)
04 90 96 06 27
www.suds-arles.com
AUBAGNE
MJC L’Escale : La Canaille, Iraka (29/4),
Rocca, Ksir Mazoka (6/5), Moussu T,
Elvas (13/5)
AU PROGRAMME
Bradd Band, Royal Fato Combo (6/5),
Slam n’Jam (12/5), Applause, Andromakers (13/5), Fishbone, Lemmings
(18/5)
04 90 22 55 54
www.akwaba.coop
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
GRANS
Espace Robert Hossein : Né dans un
piano avec Patrick Chamblas, Cotton
Candies, projection du film Les Virtuo-ses
(15/4)
04 90 55 71 53
www.scenesetcines.fr
GRASSE
Théâtre : Monde nouveau, monde ancien avec Fred Nevchehirlian (13 et 14/5),
1res Rencontres des Musiques du Monde
avec le Deba des femmes de Mayotte,
Françoise Atlan et l’ensemble Tarab, A
Filetta, Tekameli, chants sacrés gitans et
Renaud Garcia Fons (du 15 au 19 avril)
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
04 42 10 23 60
www.forumdeberre.com
BRIANÇON
Le Cadran : Slonovki Bal (15/4)
04 92 25 52 52
www.theatre-le-cadran.com
CAVAILLON
Grenier à sons : Karimouche (16/4),
Ambrose Akinmusire (13/5)
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE
Akwaba : Clinton Fearon, Madjahpol
(23/4), Viva and the diva, les Robertes,
Juliette Dragon (30/4), Young Blood
Espace Julien : Temenik electric, Naïas
(15/4), Gospel Origins (16/4), OK Bonnie
(21/4), The Congos & the Abyssinians
(25/4), Nitwits (29/4), Iraka (30/4),
Popa Chubby, Hoffmann, Family blues
experience (3/5), Skank (6/5), 30H!3
(17/5), Capoeira jazz (19/5)
04 91 24 34 10
www.espace-julien.com
La Machine à Coudre : Flying Over
(16/4), Shiva and The Deadmen (26/4),
Irritones, The Neon Maniacs, The Calvities (29/4), P38, Unfit, Bombardiers
(30/4), Thee Oh Sees (9/5), Motto,
Schnaak, Naanta Hozindar (19/5)
04 91 55 62 65
www.lamachineacoudre.com
Le Paradox : Dub 4, Nothing to scratch
(14/4), WaaterproOf invite Pr Babacar
(15/4), Klyde (17/4), Gagadilo (22/4)
L’Embobineuse : Das simple, Bex, Bim
Johnson, Felix Fujikkkoon (15/4), The
Legendary Pink Dots, [bleu], Philippe
Petit dj (22/4), Sushisooshamp, Morgomix, Panarash (23/4), Qa’a, Conger!
Conger! (30/4), Victims Family, Fat 32,
Gregaldur (31/5)
04 42 18 19 88
www.aubagne.com
BERRE L’ETANG
Forum des jeunes : Quatuor Manfred
(15/4)
Dôme : Soprano (14/5)
04 91 63 14 65
www.leparadox.fr
Comœdia : Barber shop (7/5)
04 90 89 45 49
www.passagersduzinc.com
04 91 99 00 00
www.dock-des-suds.org
04 91 12 21 21
DRAGUIGNAN
Théâtres en Dracénie : Sabar ring (6/5)
04 42 18 17 17
http://mjcaubagne.free.fr
AVIGNON
Les Passagers du Zinc : Cocoon (14/4),
Philippe Katerine, Séverin (15/4), Dub
Inc (16/4), Hilight Tribe, dub Welders
(22/4), Zone libre vs Casey & B. James,
Jesus is my girlfriend (23/4), release
party : Jungle fever, Corleone (29/4),
Brigitte, Benjamin Paulin (6/5), Medi,
Phyltre (7/5), Les Têtes Raides, Ours
(14/5)
Dock des Suds : Chinese Man (14/4),
Massilia sound system (15/4), Zazie (7/5)
Deba © Aurelia Sevestre
HYÈRES
Espace 3000 : Tiken Jah Fakoly (14/5)
04 94 58 48 43
ISTRES
L’Usine : Camelia Jordana et L (15/4),
Mademoiselle K (16/4), Malik Benthala
(20/4), Les ogres de Barback et Macadam Bazar (22/4), Tremplin découverte
chanson (29/4), Tremplin découverte
rock (30/4), Syd Matters, Ours (13/5),
Abdelkader Secteur (19/5)
04 42 56 02 21
www.scenesetcines.fr
MARSEILLE
Cabaret Aléatoire : Scratch bandits
crew, MC2, Flore, 9th cloud, Human E.T
crew (15/4), Aphrodite, High Rankin’,
Kafra, Habstrackt, Human E.T crew
(16/4), Gentleman and Evolution Band
(17/4), Kill the young, Dum dum girls,
Lafayette (23/4), Erol Alkan (30/4),
Grandmaster Flash (6/5), Afrika Bambaataa, Comic Strip, Nothing to Scratch
(13/5), Fred Wesley and the new JBS
(14/5), Fishbone (16/5)
04 95 04 95 09
www.cabaret-aleatoire.com
04 91 50 66 09
www.lembobineuse.biz
Toursky : Chante plume avec Viviane
Montagnon dans le cadre du Festival
Mai-diterranée (10/5), Gaza on n’oublie
pas : grande soirée de soutien au peuple de Gaza (19/4)
0 820 300 033
www.toursky.org
Espace Mélodie (saison culturelle des
Lices) : Génération Woodstock (30/4)
06 09 54 34 82
Ushpizin : 1er Festival de musique et
contes Indo-persan : Door Mohammad
Keshmi (14/5 au Théâtre Sylvain), Guilda Chahverdi (15/5 à la Salle des Lices),
Arshad Ali Khan (29/5 à la Salle des Lices)
04 96 11 04 61
www.ushpizin.org
Association Les Vallonés : 7e Rencontres du Festival Chorales : les Voix de la
Mer (17/5 au Frioul)
06 20 17 21 28
http://lesvallones.com
MARTIGUES
Les Salins : Karimouche (15/4), Incisifs
#3 : Mekanik Kantatik, Mike Ladd (12/5)
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
MIRAMAS
Théâtre La Colonne : Marc Lavoine en
acoustique (11/5)
04 90 58 37 86
www.scenesetcines.fr
NÎMES
Théâtre : concert D’de Kabal, Mike Ladd
et Doctor L (22/4)
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
OLLIOULES
Châteauvallon : Le Trio Joubran (21/5)
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
SALON-DE-PROVENCE
Portail Coucou : Gary Greu (16/4),
Hushpuppies (23/4), Laids crétins des
Alpes, Apple Juice (7/5), Double Nelson
(13/5), M.A.G, Section AK 13, Wahed
Tleta, Scotcho (21/5)
04 90 56 27 99
www.portail-coucou.com
Cie Caravane et associés : Le Dernier
tour de clef, conte musical sur la condition des sans papiers joué sous tente
(7/5 à 11h et 16h30 sur le parking derrière la bibliothèque)
06 20 42 94 43
http://caravaneetassocies.org
TOULON
Oméga Live : Alf + guest (15/4), Zoo electro : Para one, Surkin (16/4), Fishbone
(12/5), Oil Carter, God Damn, Martins
(14/5)
04 98 070 070
www.tandem83.com
VAR
Tandem : Faveurs de printemps à Hyères : Jesse Sykes & The sweet Hereafter,
Oh ! Tiger mountain feat. Kid Francescoli (5/5 au Théâtre Denis), Troy von
Balthazar, Arch Woodmann (6/5 au
Théâtre Denis), plateau Kütu Folk records (7/5 au Théâtre Denis), Twin Apple
(5/5 à l’église anglicane), Stranded
Horse (6/5 à l’église anglicane), Zak
Laughed (7/5 à l’église anglicane)
04 98 070 070
www.tandem83.com
VENELLES
Salle des fêtes : Plateau partagé
Usthiax / Coko (7/5)
04 42 54 71 70
BEAUMONT-DE-PERTUIS
Arc en Sol : 7e édition des Sons du Lub’ :
concerts et animations, bourse aux
instruments (22/5)
06 23 68 22 81
www.arcensolasso.fr
MUSIQUE 39
AGEND’JAZZ
ARLES
Méjean
Festival Jazz in Arles 16e Edition
Brigitte Engerer & Guillaume De Chassy
(15/5) Concert Surprise (16/5) Enrico Rava
& Stefano Bollani (17/5) Tout-Ut (18/5
Pl. Massillon) Oliva-Raulin-Folz-MonniotBoisseau 5tet Little Nemo (18/5)
Mansuy-Rampal-Di Fraya-Decrouy 4tet
Vertigo Songs (19/5) Favre-Boclé-Jannuska trio et Eric Watson (20/5) Django
et rien d’autre Apéro-concert (21/5 Pl.
Massillon) Loeffler-LaffontRabuffetti-Oustiakine 4tet manouche Django et rien
d’autre (21/5)
0490 495 678
www.lemejean.com
Le Boatel (péniche)
Duo Jazz&Swing (29/4)
06 08 605 324
www.leboatel.com
AUBAGNE
MJC L’Escale
Les Jeudis de L’Escale : Café-Jazz avec le
trio LaDiMa tous les 3e Jeudis du mois et
Soirée-Bœuf tous les 2e jeudis du mois
04 42 181 717
www.mjcaubagne.fr
Château des Creyssauds
Histoire du Swing Trio Jazz Manouchge
(30/4) Jazz Be-Bop-Swinging Papy’s (4/5)
04 91 248 445
www.creissauds.com
AVIGNON
AJMI
MELC 4tet (22/4) Jazz Story N°5 Sonny
Rollins (28/4) Marjolaine Reymond 4tet
(29/4) Sylvain Cathala trio (6/5) Raphaël Faÿs sextet Flamenco (12/5)
04 90 860 861
www.jazzalajmi.com
DRAGUIGNAN
Théâtres en Dracénie
Sabar Ring (6/5)
04 94 50 59 50
www.theatresendracenie.com
MARSEILLE
Cité de la Musique
Film docu Nas Rodas de Choro (6/5) Choro
Sorrindo (6/5) Session Rroda de Choro
ouverte à tous (6/5) Isabelle CourroyShadi Fathi duo (12/5) Film docu Hâl
(13/5) Quatuor persan (12/5) Pythéas
2011 Le voyage musical (19 et 20/5)
Chat noir et divan japonais Caf’Conc
(5/5) Duo Antoine Illouz-Olivier Louvel
(16/5) Scène Jazz – Jam session (23/5)
04 91 392 828
www.citemusique-marseille.com
Espace Julien
Skank (6/5) Capoeira Jazz (19/5)
04 91 24 34 10
www.espace-julien.com
Cabaret Aléatoire
Enjoy Festival (16/4) Young Blood Brass
Band (7/5) Fred Wesley & the new JBS
(14/5) Fishbone (16/5) Brooklynn Funk
Essential (21/5)
04 95 049 509
www.cabaret-aleatoire.com
Cri du Port
Mark Turner & Baptiste Trotignon duo (14/4)
04 91 504 151
www.criduport.fr
Inga des Riaux
Jazz à Cinq (15/4) Juste un Swing (22/4)
Underground Project (29/4) Fabienne
Zaoui E Beijo musica do Brasil (6/5)
Pierre Bruzzo 4tet (13/5) Romantic Chet
(20/5)
06 07 575 558
www.inga-des-riaux.fr/music.html
Le Paradox
Big Fish (12/4) Afrotropical Party 4 (15/4)
Carnaval do Brasil (16/4) Clair de Lune
trio (20/4) Gagadilo (22/4)
04 91 631 465
www.leparadox.fr
Air clandestin
Attention ! On ne respire plus ! La fiction
parfois précède la réalité, et le propos
du Concert interdit fait frémir : dans un
monde futuriste plus que pollué, l’air
respirable est rationné et les instruments à vent, grands consommateurs
d’air sont interdits… Les spectateurs
entrent dans une salle enfumée et voient
débouler entre scène et écran vidéo des
musiciens affolés qui se lancent dans
un concert clandestin jubilatoire et poétique où tuba, cor et trombone donnent
la réplique aux trompettes. Chorégraphies humoristiques, solos inspirés,
valse lente et poétique, jazz débridé
(tout est dans la perruque !), un travail
très fin aux percussions… Sur un paysage de fin du monde, avec des
passages de pub qui éveillent de drôles
d’échos, «Grâce à la banque d’oxygène,
maîtrise sécurisé de votre respiration»…
Là-dessus, des airs qui ont quelque chose
de Nino Rota… Que ces moments interdits sont délicieux !
MARYVONNE COLOMBANI
Le concert interdit par Odyssée
ensemble & cie a été donné
le 26 mars au complexe culturel
de Simiane
Babel Med
ne connaît pas
la crise
Théâtre de la Criée
Claude Basso, G Murphy, H.Rousselet,
F.Menillo - Autour de Django (15/4)
04 96 178 031
www.theatre-lacriee.com
Planet Mundo K’fé
Jam Session Jazz tous les Mercredis à
21h30 et Jam World Music tous les
Vendredis à 21h30
04 91 92 45 72
Roll’ Studio
Standard de nuit (9/4) Nuit de l’Instant;
l’une des Librations-Projection film de 26
min de Olivier Grossetête avec improvisation musicale en soirée de Emmanuel
Soulignac à la contrebasse (15/5) Duo
Thierry Maucci/Christian Brazier (16/4)
Hommage à Brassens avec Christian
Lanet trio (30/4) Mariannick Saint Céran
trio (7/5) Yves Laplane 4tet (14/5)
04 91 644 315
www.rollstudio.fr
SALON
Salon de Musique / IMFP
Gérard Poncin trio (3/5) Theâtre &Musique (9/5) Fabrice Tarel Trio (10/5) Marco
Campo 4tet (17/5) et aussi Jam sessions
les lundis et mercredis de 19 à 23h00
04 90 531 252
VITROLLES
Moulin à Jazz
Sylvain Cathala trio (7/5)
04 42 796 360
www.charliefree.com
Watcha Clan © Agnes Mellon
L’événement marseillais
s’impose dans l’agenda
international
Marché professionnel le jour, festival la
nuit. Babel est devenu incontournable
dans un secteur qui résiste mieux que
d’autres à la crise de l’industrie du
disque. Pour sa 7e édition, la formule
atypique a attiré davantage de spectateurs (15 350) et de professionnels que
les années précédentes. «Ce sont les
gros profits qui connaissent une crise.
Nous, nous sommes des PME-PMI, structurées en réseau, qui peuvent programmer
dans une multitude de petits lieux. Notre
chance est que le grand business ne s’est
pas encore intéressé à ce créneau»
explique Bernard Aubert, directeur
artistique de la Fiesta et de Babel.
Mais la clé de voûte de ce relatif dynamisme reste la scène. Car la world music
est basée sur le spectacle vivant, et
non conditionnée par le marché du
divertissement. Elle répond aussi à une
recherche d’éthique de la part du public. «Il y a une demande d’authenticité,
de créativité, de projets qui ne sont pas
formatés. Ce public réfléchit à ce qu’il
consomme, sa démarche s’inscrit dans une
qualité de vie» analyse Corinne Serre,
productrice-tourneuse de pointures com-
me Salif Keita ou Papa Wemba. Les
musiques venues d’ailleurs donnent
matière à une réflexion plus politique.
En véhiculant des notions comme la
mémoire, le patrimoine, l’identité ou la
transmission, elles se situent au cœur
des questionnements d’une mondialisation à double tranchant.
Autour des étoiles locales montantes
comme Kabbalah remplissant allègrement la salle des Sucres et les Watcha
Clan enflammant littéralement un Chapiteau survolté, la réunionnaise Christine
Salem et les transalpins Canzoniere
Grecanico Salentino ont su conforter la
dimension éclectique de ce rendez-vous
multiculturel, inégal mais festif, dans
un lieu propice au brassage des gens et
des genres, sinon à l’écoute musicale.
De plus, à l’initiative de la Région, une
découverte initiatique était proposée à
des lycéens entre rencontres artistiques
(Trio Fernandez, Edmond Mondesir),
économiques, autour des différents
acteurs de l’industrie du disque, et
préventive sur les risques auditifs. Une
belle façon d’allier éducation et ouverture sur le monde, même si apprendre à
écouter de la musique trop fort mais
avec des bouchons reste un brin surréaliste...
THOMAS DALICANTE ET FRÉDÉRIC ISOLETTA
40
MUSIQUE
ACTUELLE
Le Jazz
est Noir !
Fable arménienne
Lorsqu’un piano à queue est installé dans le chœur
de l’Abbaye de Saint Victor, doit-on s’attendre à
côtoyer les anges ? Tigran Hamasyan, pianiste d’origine arménienne qui vit aujourd’hui à New-York
est assis au clavier devant nous, et transporte son
auditoire progressivement mais sûrement. Ses
compositions prennent racines dans la tradition
musicale d’Arménie mais se nourrissent aussi de
musique classique, qu’il connaît très bien, et
épousent les principes compositionnels du jazz. Au
thème et à ses improvisations s’ajoutent une profusion de motifs qui se développent, se complexifient
dans une rapidité d’exécution remarquable. On a
l’impression d’entendre plus de deux mains jouer !
Puis la tension descend, libératrice, laissant les
cœurs au paroxysme de l’émotion.
Son dernier CD est une merveille qui ne se livre pas
forcément à la première écoute mais s’immisce
© Dan Warzy
invariablement dans notre âme. La musique humble
de Tigran Hamasyan se mérite.
DAN WARZY
Ce concert s’est joué à l’Abbaye Saint Victor
à Marseille le 8 avril
CD : Tigran A Fable Label VERVE / Universal Music
France
© Dan Warzy
La formule du 5tet, évoquant celle de Miles Davis,
est chère à Wallace Roney. Véritable encyclopédie
vivante, ce trompettiste d’à peine 50 ans a enrichi
son art auprès des plus grands, il dit que ses «père
et mère» spirituels sont respectivement Miles et
Thelonius Monk ! Son concert exceptionnel était
empreint d’une énergie magistrale : la contrebasse
attaque avec un rendu de basse électrique, le piano
envoie des motifs façon riffs jusqu’à la tétanie, la
batterie excitée déborde d’agressivité, la trompette
progresse en escalier, montant et descendant dans
une aisance de jeu surprenante de puissance. La
sourdine n’est pas de mise ici ; les chromatismes
sont relayés par le saxophone dans le même esprit.
La musique du 5tet ne repose pas sur des thèmes
lisibles, les structures sont bien éloignées d’un jazz
classique, et les longs chorus obligent chacun des
musiciens à se vider littéralement.
DAN WARZY
Le quintet de Wallace et Antoine Roney
(sax. ténor & soprano), Aruán Ortiz (piano)
Rashaan Carter (contrebasse) Kush Abadey
(batterie) a joué au Cri du Port le 23 mars
Enjambées pour Fêlés
du Caisson
C’est un saut dans les débuts de l’histoire du jazz
que nous ont proposé Stephan Oliva et François
Raulin. Deux pianos à queue sont imbriqués l’un
dans l’autre pour un jeu de face à face, comme dans
les joutes musicales des sessions de piano stride
des années 20, nourries de ragtime et de l’influence
de Fats Waller ou James P. Johnson. Une révolution
du rythme qui va progressivement donner naissance
au jazz. Ce concert est aussi un hommage à Lennie
Tristano. Debout, la tête dans leur piano, ils jouent
Mequier (requiem en verlan), au ton grave, aérien.
Les cordes pincées ou frôlées évoquent clavecins ou
psaltérion. Les doigts courent sur les claviers, synchro,
en syncope, en contrepoint. Leur longue complicité, évidente, ne manque pas de cet humour de
la connivence. Un moment délicieux, que nous
retrouverons à Arles dans Little Nemo, leur prochain
spectacle.
© Dan Warzy
Ce spectacle a eu lieu aux ABD Gaston Deferre
le 18 mars
DAN WARZY
Finesse et lyrisme
© Dan Warzy
C’est un concert dans une ambiance
intime mais non dépourvue d’énergie,
qui s’est joué avec la pianiste Perrine
Mansuy. Le programme musical était
issu de son CD Mandragore et noyau
de pêche, et de quelques compositions nouvelles telles Rivière-Lune en
hommage au plasticien Land Art
Andy Goldsworthy ou encore Xanadu.
Jean-Luc Di Fraya, à la batterie, a fait
preuve d’une remarquable perception
et a su apporter toute son expérience
pour faire vibrer en phase ce trio. Et
Éric Surménian fut éblouissant avec
sa contrebasse, dans des chorus inspirés et tout en finesse. La musique
de Perrine Mansuy, empreinte de
rondeurs et de lyrisme, ne cherche
pas à déployer dans la vélocité mais
privilégie l’expression qui, dans le
temps, envahit l’atmosphère.
DAN WARZY
Ce concert s’est déroulé à La Cité
de la Musique à Marseille le 4 avril
MUSIQUE
Made in France !
Entre nouveaux talents et stars
confirmées, le festival Avec le Temps
a fédéré un public plus hétérogène
que jamais
Remplir la salle du Dock des Suds, bel exploit
accompli sans complexe par Ben L’Oncle Soul !
Affluence record pour un concert annoncé d‘une
soul made in France, populaire et grand public. Le
spectacle, à l’avenant, a été servi par une formation
nombreuse, organisée très proprement (parfois
trop), répétant à l’envi quelques chorégraphies
rappelant celles des Supremes et jouant d’astuces
d’animations de groupes pour poser l’ambiance.
Celle-ci, bon enfant et très légère, a su rassembler
tous les âges dans une étrange frénésie de surpriseparty des années 60. Si les prestations vocales de
cet oncle Ben restent en deçà des attentes d’une
soul dont il se veut le chantre français, les bonnes
intentions débordent de tous côtés. Cette soul-là
manque peut-être d’âme mais regorge du plaisir des
musiciens et danseurs, qui assurent le spectacle
avec brio. Le public rassemblé autour de cette
fausse nostalgie s’amuse et danse, sans prétention,
répétant les paroles dont les radios et émissions
musicales télévisées n’auront pas manqué d’abreuver leurs oreilles, rappelant que l’esprit de la Motown
s’est forgé lui aussi dans un souci de promotion
exacerbée. Tonton Ben fait danser ses ouailles tout
au long d’un spectacle cadré. Formaté peut-être,
mais efficace !
L’étoile montante ZAZ et sa troupe de musiciens
ont prouvé que les jeunes d’aujourd’hui n’écoutent
pas que de la musique électronique, du rap et R’nB.
La salle de l’Espace Julien débordant de spectateurs a accompagné avec ferveur les refrains déjà
célèbres de la toute jeune trentenaire. Découverte
il y a 4 ans, mais révélée seulement en 2010 avec
son premier single Je te veux, celle qui a déjà trois
albums à son actif a donné le rythme et le ton tout
au long de la soirée dans une ambiance festive et
communicative.
Dans la même salle, ceux qui ont tracé leur route
depuis plusieurs décennies ne se sont pourtant pas
Ben l'Oncle Soul
© X-D.R.
Zaz © X-D.R.
Pigalle © X-D.R.
41
fait chiper leur public. En témoigne l’engouement
qu’a suscité le concert de Pigalle. Dans un parterre
chauffé à blanc par la troupe bondissante mais
pléthorique des Hurlements d’Léo, le très attendu
François Hadji-Lazaro et ses non moins légendaires bretelles ont tenu en haleine deux heures
durant les fidèles de la première heure comme les
nouveaux adeptes. Devant son instrumentarium
délirant et inattendu, le multi-instrumentiste de
Pigalle à la logorrhée gouailleuse a usé vielle à
roue, violon, flute traversière… Toujours aussi populaires, les ex Garçons Bouchers ont réchauffé les
jeunes et les moins jeunes dans un univers sonore
qui leur est propre. Pour dire qu’avec le temps, tout
ne s’en va pas !
PASCALE FRANCHI, ANAÏS LASNIER ET FRÉDÉRIC ISOLETTA
Avec le Temps s’est déroulé
du 13 au 23 mars à Marseille
Joan Baez :
une voix qui compte
Septuagénaire élégante, la Dame est
là : jean, bottines, chemisier blanc,
longue écharpe. 3000 personnes l’accueillent ! Applaudissements fournis,
sans hystérie. Un seul musicien
l’accompagne, assurant les accompagnements au banjo, violon, clavier
avec talent et simplicité. Un ballet
incessant de guitares traverse la
scène pour un très beau plaisir acoustique : un accompagnement solide à
la main gauche, plectre assurant des
basses veloutées et des harmonies très
blues, trois, quatre accords, mêlés de
chromatismes audacieux. Elle enchaîne ballades, songs country, folk, rend
hommage. Avec les tubes, bien sûr,
Farewell Angelina (1965) du complice
Dylan, Young woman de son premier
album. La voix est toujours ample et
soutenue dans les graves. Le sublime
Diamonds and Rust offre des aigus
fragiles, et Joan étant octavie avec
subtilité… mais un usage intelligent
de la voix de tête permet la maîtrise
des aigus.
D’une ballade tendre pour sa mère de
99 ans Hey Jesse, it’s lonely, come home,
on avance vers un moment fort
adressé aux amis tunisiens et voisins : elle chante en arabe Jari Ya
Hammouda de Ahmed Hamza, et le
public aux anges retrouve sa combattante ! Gracias a la vida dans un
bel espagnol anime la foule solidaire
comme un Tous ensemble de manif !
Après House of the Rising Sun très
maîtrisée, elle se lance dans un quatuor majeur : le Déserteur de Vian,
adressé à Barak Obama et à tous les
Présidents, Imagine de Lennon, Blowin’ in the wind de Dylan, avant
l’apothéose, incontournable Here’s to
you, hommage à Sacco et Vanzetti
repris par 3000 unissons.
Joan Baez a pris de la hauteur, mais
enflamme toujours : féministe,
pacifiste, hurlant les injustices, sa
VOIX est toujours écoutée.
YVES BERGÉ
Le concert de Joan Baez a eu lieu
au Dôme, Marseille, le 6 avril
42
CAHIER JEUNESSE
RENCONTRE DU 9E ART | ARTESENS | SUR LA PLACE |
BD grandeur nature
À la différence des salons, graphes, le livre Sabine de Maya Mihindou fait les
les Rencontres du 9e Art d’Aix beaux jours de la galerie Susini qui propose inédits,
s’affirment comme un Festival de la tirages originaux, travaux anciens et œuvre murale
bande dessinée et autres arts associés, car si le week- piquée à la pointe d’une aiguille. Univers de poésie
end (8, 9, 10 avril) attire son flot d’auteurs pour les graphique à suivre…
traditionnelles dédicaces, la manifestation s’étire sur À la galerie Zola, l’invitation du festival à déborder
un mois et 13 lieux avec des créations in situ et des du cadre accouche de 5 Cubdes inventifs et performatifs, notamment celui de Zeina Abirached
expositions inédites.
Version classique au musée des Tapisseries et (signataire de l’affiche 2011) avec ses façades extéréservée aux adultes, la «rétrospective» de L’Associa- rieures toutes de plénitude orientale tandis que
tion dont l’ensemble des contributions forme
Moolinex, l'un des 5 Cubdes à la cité du Livre © Moolinex
son «histoire imaginaire» est composée de
80 auteurs - soit 3 générations - qui injectent
dans la BD la pratique du roman graphique,
de l’écriture automatique ou du récit de
rêves : BD anti nazie de Placid, Spermanga
de Pakito Bolino, Ducon de J.M. Bertoyas…
Accessible à tous, l’exposition du Muséum
d’histoire naturelle marie avec pertinence
œuvres de la collection et BD, rigueur
scientifique et inventivité scénographique :
Alpha s’appuie sur l’imposant ouvrage du
berlinois Jens Harder paru chez Actes Sud
pour expliquer de manière attractive et
pédagogique la naissance des continents et
des océans, les galaxies, la biosphère…
jusqu’à l’apparition de l’Homo sapiens.
Planches originales, figurines de dinosaures
en plastique, fossiles, radiographies, moulages, l’exposition se lit en tout sens, à l’instar
des conseils de l’auteur qui suggère de
dévorer ses 350 pages à l’envers !
Minimaliste mais fourmillant d’images et de
Zeina Abirached, l'un des 5 Cubdes à la cité du Livre © Abirached
l’intérieur fait entendre le chaos de la révolution
arabe… Un premier tour de piste qui en appelle
d’autres.
M.G.-G.
Rencontres du 9e Art
jusqu’au 23 avril
13 lieux, Aix-en-Provence
www.bd-aix.com
La Joconde dans tous ses états
_La Joconde est dans l'escalier © Artesens
La nouvelle exposition d’Artesens repose toujours
sur le principe de partage : chacun, quelque soit sa
perception du monde, y est apte à retirer des
émotions, des savoirs, à travers un ensemble qui joue
entre la vue, l’odorat, le toucher, l’ouie, le goût. L’art
des correspondances atteint ici une réalité tangible !
L’installation de Robert Folliou, La Joconde est dans
l’escalier, constitue le point de départ du parcours,
avec la découverte à l’aveugle, de la reproduction en
bois de l’œuvre de Léonard de Vinci. Puis JeanMichel Basquiat, maître du graffiti, offre une lecture
symbolique. Avec Vic Muniz et ses tableaux consommables, confitures et beurre de cacahuète, dont la
photographie, seul reliquat, devient l’œuvre même.
La création d’Adam de Michel Ange est transposée
en relief et au plafond, la Sainte Catherine d’Alexandrie
de Raphaël unit immobilité et mouvement en une
harmonieuse rotation… Le corps est exploré à travers les déclinaisons de l’Odalisque en grisaille d’Ingres
et ses lignes exagérées qui subliment l’anatomie. Lui
font écho Le corps de dame jaspé de Jean Dubuffet,
qui brise les règles par des proportions caricaturales,
les trois panneaux de Soudain l’été dernier de Martial
Raysse, qui joue sur les montages photographiques et
dont les parfums nous entraînent à la plage, le Nu
couché de Picasso sous la forme de puzzle qui
permet de retrouver l’assemblage géométrique du
tableau… Clin d’œil de la Vénus à la corne de Laussel
qui a 32000 ans, l’autoportrait contorsionniste de
Gérard Garouste, Le vol du fou, qui tente de s’extraire
de la matière, et L’ouverture du cinquième sceau de
l’Apocalypse du Greco, et sa théâtralisation. Ensuite,
en clou de l’exposition, enfilez une paire de chaussettes et pénétrez à l’intérieur du tableau de Rothko,
Saffron : les couleurs lisses ou moelleuses, douces et
veloutées vous emportent dans une expérience
sensuelle délicieuse.
C’est par la mise en travail de nos sens que l’art nous
touche : enfants, adultes, aveugles, sourds peuvent
l’expérimenter grâce à Artesens.
MARYVONNE COLOMBANI
La Joconde est dans l’escalier
jusqu’au 17 avril
Ventabren
du 8 au 19 juin
Trets
Puis à Bouc Bel Air, au Tholonet,
à Châteauneuf le Rouge, Pertuis,
Simiane, Aix-en-Provence.
www. artesens.org
LE CITRON JAUNE
Rouge de plaisir
Comme toujours grâce à l’association
Sur la place, les artistes du livre sont
sous les feux des projecteurs durant
trois jours, le temps de s’imprégner de
leurs univers à travers des expositions,
des tables rondes, des dédicaces, des
films et des ateliers. Cette année les
Rencontres de l’illustration voient
rouge ! elles empruntent au poème de
Rimbaud Voyelles sa lettre «i» pour
donner le titre à leur 5e édition, i rouge,
et créer un lien graphique entre tous
les invités.
Deux artistes découvertes par les
éditions nantaises MeMo spécialisées
dans les livres d’artistes et les albums
jeunesse : Sandra Machado, artiste
brésilienne et ethnologue de formation
pour son exposition de Batiks inspirés
des peintures corporelles des indiens
Kayapo ; l’illustratrice et scénographe
marseillaise Ghislaine Herbéra dont
on découvrira les dessins originaux de
Monsieur cent têtes. Hervé Tullet,
auteur et illustrateur d’une quarantaine
Visuel MeMo © Olivier Douzou
de titres pour la jeunesse dont le Grand
livre du hasard chez Panama ou Batailles
de couleur chez Bayard jeunesse (exposition Couleurs d’albums). Jeunesse
toujours, mais côté rencontres, avec
Christine Morault, directrice de MeMo,
et Anne-Marie Faure, responsable de
l’Ile aux livres à l’Alcazar qui présente
une sélection d’albums (Noir, blanc,
rouge).
Attention ! les Rencontres
de l’illustration ne sont pas
exclusivement réservées
aux enfants : un programme créé sur le modèle
des juniors permet aux
adultes de «se jouer des
mots et des couleurs»
sans rougir de honte…
M.G.-G.
Les 5, 6 et 7 mai à l’Alcazar
et dans les librairies
partenaires
www.surlaplace.fr
Monsieur cent Tetes © Ghislaine Herbera, MeMo 2010
Heureuses déambulations
Fasciné par la lumière, l’ombre, l’image en mouvement, l’artiste plasticien Philippe
Lefebvre dit Flop (Collectif ZUR) a spécialement conçu pour les enfants
l’exposition-parcours Heureuses lueurs,Allusions d’optique. L’installation se compose
d’une vingtaine de «machines à projeter» disposées dans l’espace face aux murs
ou à des écrans de tissu, élaborées à partir de matériaux ludiques bien connus des
enfants : fil de fer, ressorts, bois, peintures, miroirs, ampoules électriques… Il ne leur
reste plus qu’à vagabonder paresseusement entre le jeu des lueurs et des rais de
lumière, se glisser entre les images intrigantes, les formes hétéroclites et
poétiques… Petits spectateurs devenus acteurs, leurs propres reflets feront jaillir
de nouvelles formes, comme un paysage abstrait et éphémère.
M.G.-G.
Heureuses lueurs, Allusions d’optique
du 21 avril au 17 mai
Le Citron Jaune-Centre national des arts de la rue, Port-Saint-Louis du Rhône
04 42 48 40 04
www.ilotopie.com
44
ÉDUCATION
CAVAILLON | LA VALETTE | MARSEILLE
Jouer le je
Contes au jardin
Organisé par la Communauté de communes
Provence Lubéron Durance avec la Scène na-tionale
de Cavaillon, le Colloque Art, Culture et Petite enfance
a permis aux professionnels de la petite enfance (2
hommes sur 240 inscriptions…) de faire le point sur
l’éveil des tout-petits à l’art, sous toutes ses formes.
L’art comme processus d’humanisation et d’émancipation. Une journée d’échange sur des expériences
menées en France, sous l’entremise d’artistes de la
Compagnie Skappa, alchimistes de l’en-fance associés
depuis trois ans au théâtre.
Une journée découpée en différentes interventions,
dont celle de Michèle Gentelet, ex chef de projet
petite enfance au Centre Pompidou, qui s’est battue
contre l’inévitable refrain «les enfants sont baveux,
morveux, courent partout et ne comprennent rien» et
affirme la nécessaire présence et la participation des
adultes pour approcher et transmettre à l’enfant. Pour
Nathalie Salles, médiatrice du patrimoine aux Musées
de Cavaillon, «il n’y a pas de recettes pour travailler
avec les tout-petits, il faut une osmose, il y a toujours
autre chose qui se passe, même quand tout est
préparé». L’essentiel est de «cultiver leur goût du plaisir».
Grande émotion partagée avec une séquence vidéo
présentée par Philippe Bouteloup, directeur de Musique et Santé, et la «rencontre vivante avec la musique
vivante» d’une petite fille hospitalisée. «Le petit enfant
c’est comme un écheveau, vous tirez et c’est toute la
société qui vient avec». La psychologue Marie-Odile
Rigaud, intervenante dans l’atelier «Y a-t-il un théâtre
pour les bébés ?» souligne la capacité des enfants à
comprendre des œuvres qui nous paraissent incompréhensibles, puisque «tout est langage», et rappelle
que «jouer est une expérience vitale pour l’enfant».
La petite enfance, un laboratoire de recherche pour
l’humanité entière…
DELPHINE MICHELANGELI
Amoureux des contes, des fables et autres histoires
fantastiques ont rendez-vous au parc des Troènes, à
La Valette, pour le 9e (éco) festival Contes & Jardins.
Un temps festif et familial différent des autres avec
pour guides 6 conteurs, qui, entre les manèges à
pédales, les activités ludiques et les spectacles,
entraînent dans leur imaginaire les bébés, les 3/5 ans,
les 6/12 ans et même les plus grands ! Pas moins de
68 séances de contes en plein air sont organisées
pour que les gens rêvent, s’évadent, rient, jouent, se
détendent. Bref, pour que tous s’offrent une vraie
pause printanière.
9e (éco) festival Contes & Jardins
du 19 au 22 mai
Parc des Troènes, La Valette
04 94 23 62 06
www.lavalette83.fr
Ce colloque a eu lieu le 8 avril au théâtre de Cavaillon
en préambule de Festo Pitcho
© D.M / Zibeline
© Johan Troianowski
À venir
Festo Pitcho poursuit sa route jusqu’au
17 avril avec un pique-nique de clôture
à l’Espace culturel Folard de Morières.
Entre temps, la Cie du Voodoo se
produira à Monteux avec le trio chorégraphique Soldat le 13 avril, Carpentras
accueillera le conte Amacharou le 17, et
Cairanne recevra le 15 le Théâtre de la
Brante avec Liberté ! Sans oublier le
spectacle chanté dès 6 mois, Coucou
Hibou, au Théâtre du Chapeau Rouge
d’Avignon. Et surtout, Les Perses d’Olivier
Py, programmé par la Scène nationale de
Cavaillon dans les villages Nomade(s)
jusqu’au 23 avril (voir p 22).
www.festopitcho.com
Un jardinier des mots
Ils ont aussi posé beaucoup de questions concernant ses huit années de
prison sous le régime de Hassan II : «J’ai
dû me battre pour avoir un matelas, du
papier, un stylo ! J’ai résisté, j’ai combattu
avec mes mots, mais la prison ne s’oublie
pas». Sa méthode de travail? «Pas de
poèmes épars, mais une archi-tecture qui
se construit dès le premier poème.
Puis les élèves ont proposé une lecture
Abdellatif Laabi au college Quinet © P.Box/HOP
Au collège Edgar Quinet à Marseille,
classé zone sensible, trois classes de
6ème ont travaillé en atelier d’écriture
avec une poète, Dorothée Volut, dans
le cadre d’un projet éducatif intitulé
Entrez dans la langue. Puis les classes ont
reçu le poète marocain d’expression
française Abdellatif Laâbi, la veille de
sa consécration : il recevait le 24 mars
le Prix International de littérature francophone qui récompense un écrivain
dont la langue maternelle n’est pas le
français.
Les enfants ont voulu savoir comment
il était venu à l’écriture : «C’est un mystère ! j’ai écrit mon 1er texte à 14/15 ans ;
cela vient de rencontres, de lectures. Je
n’étais pas bagarreur. Mon père était
sellier, j’aurais aimé être jardinier... mais je
suis devenu jardinier des mots. Pour prendre soin des mots afin qu’ils nous fassent
rêver et comprendre le monde».
de leurs textes, encore hésitante ou
peu sonore, parfois à plusieurs voix ; ils
se sont totalement investis dans ce
«cadeau». Très touché, le poète a
interrogé les enfants sur leur attitude
face à l’écriture, à la faute. Et les a
encouragés : «Grammaire et orthographe sont secondaires. On peut régler ces
questions après. Ce ne sont pas les meilleurs élèves qui écrivent les textes les plus
intéressants... ». Il leur a dit enfin le plaisir
qu’il avait à les rencontrer et les écouter : «Avec vos textes on a voyagé ; c’est
la magie de l’écriture, permettre d’être
ensemble».
Pour finir il leur a lu quelques textes
alternativement en arabe et en français.
Une belle rencontre avec ce combattant des mots pour la liberté de vivre
et de penser.
CHRIS BOURGUE
ERAC | FAI AR | THÉÂTRE DE LA CITÉ
Avec ferveur
L’ERAC et la FAI AR ont présenté les travaux de leurs
étudiants en fin de formation : dans la rue ou sur la scène,
pour ces deux écoles d’excellence, c’est la ferveur qui règne
À l’issue de la 3e année de leur formation les élèvescomédiens de l’ERAC s’essaient à la création
personnelle de spectacles qu’ils mettent en scène.
Certains se lancent même dans l’écriture. C’est le cas
d’Amine Adjina qui a proposé l’étonnant monologue
d’une femme, superbement interprétée par Cécile
JF © X-D.R
Le Meignen. Elle évoque
dans le désordre les joies de
l’enfantement et de la
maternité, le désir charnel, le
plaisir de vivre et de partager.
Sa parole s’écoule comme le
lait maternel, avec une vérité
crue. Amour des mots
nourriciers, des cris libérateurs et
des corps qui se donnent. Au
fond du plateau des vêtements
masculins et féminins sont
suspendus, oripeaux dérisoires
dont la femme sera parfois entravée.
Autour d’elle virevoltent cinq personnages qui
l’assistent, l’écoutent. Le spectacle joue sur des
changements de rythme bienvenus, alternant
moments d’émotions et de rires, projections de
photos et chants, dans la mise en scène maîtrisée de
Mikaëlle Fratissier.
Quant au 3e Panorama des chantiers, il s’est déroulé
pour la 1ère fois dans ses murs. Depuis le 24
novembre 2007, date de la pose de sa 1ère pierre, la
Cité des Arts de la Rue des Aygalades a grandi : 36
000 m2 occupés par 7 structures. Les apprentis ont
présenté leurs installations au 1er étage du local de la
FAI AR puis durant 5 jours performances et
entretiens se sont succédé, aboutissant à la validation
de la formation.
Cette Formation Avancée et Itinérante des Arts de
la Rue (FAI AR) s’attache à la transmission de la
création en espace public. Entrés en formation sur la
base d’un projet initial, les Apprentis le peaufinent
durant leur parcours au sein de structures en France
et en Europe, avec le soutien de leur tuteur. Les
ÉDUCATION
45
Reflets, c’est ainsi que l’on
nomme ces travaux, sont
des préfigurations de
futurs spectacles de plus
ample envergure. Leur
variété, leur fantaisie
témoignent
de
l’inventivité de ces
créateurs. On a pu
assister à Re-Volt,
déambulation avec
mégaphones de
Mathurin
.R
Gasparini, à une
© X-D
démonstration sur le
centre de gravité des villes avec
Dans la mesure du possible d’Elsa Vanzande et
au Retour d’un faux Ulysse (Cyril Lévy-Provençal) sur
la plage des Corbières, en fin d’après-midi, dans une
très belle lumière.
CHRIS BOURGUE
Les Reflets ont été présentés du 15 au 19 mars
à la Cité des Arts de la Rue
Le jour J- s’est joué dans le studio de l’ERAC
le 19 mars, précédé par Les Cenci d’Artaud,
mes. Romain Pellet
À noter
Prochains spectacles de l’ERAC
Le 16 avril à 20h30
La Friche, Marseille
04 95 04 95 78
www.erac-cannes.fr
Échecs pédagogiques
Le Théâtre de la Cité s’intéresse à
l’école, non pas pour y trouver du
public, mais comme lieu social à
interroger, et à théâtraliser. Le 9 avril,
dans le cadre de la manifestation On
s’interroge sur l’école la comédienne
Maud Buinoud proposait une
«enquête performance», résultat de sa
«correspondance de guerre» dans les
collèges Frais Vallon et Jules Ferry
(Marseille Nord). Un travail tout
simple, reposant sur un regard très
juste, un vrai étonnement, mais aussi
une compréhension profonde de ce
qui lie et délie la relation prof/élève
dans ces établissements dits
pudiquement «difficiles». Renvoyant
comme un miroir à peine grossissant
les attitudes physiques et les mots des
élèves, mais aussi des enseignants, elle
faisait la preuve par le corps du point
mort de cette relation enseignante :
ces corps là, ces propos là, ne peuvent
se croiser, et la théâtralisation dans son
propre corps de cet antagonisme en
était une preuve évidente.
Ce constat d’échec («comment peuton enseigner à des élèves qui ne veulent
pas apprendre ?»), dressé devant des
spectateurs, dont beaucoup d’élèves et
d’enseignants, fut suivi de deux
interventions qui tentaient d’y
apporter réponses et solutions. En
commençant par Michel Cornille, exprincipal, qui parla rythme scolaire
(mettre les matières intellectuelles,
rébarbatives donc, le matin et l’art et
le sport, plaisants, l’après midi),
aménagements pédagogiques Freinet,
et déclara qu’il y a «en chaque élève la
même possibilité de réussite». À ce
propos intra scolaire Renaud Cornan,
sociologue, répondit par une enquête
documentée sur le lien entre échec
scolaire et chômage des parents, sur la
tendance lourde de l’école à
reproduire et augmenter les inégalités,
sociales sur les ressorts politiques qui
conduisent à cela… démontrant
clairement que la résolution des
disparités scolaires ne passera pas par
des aménagements internes. D’autant
que la tendance actuelle, qui est de
favoriser les élèves les plus méritants
en diminuant fortement les postes
d’enseignants et d’encadrement, ne va
pas dans le sens de l’égalité des
chances…
Cependant l’auditoire, si attentif
pendant la performance théâtrale, et
le rendu d’expérience de Michel
Cornille, décrocha visiblement durant
l’intervention
du
sociologue,
reproduisant sans y prendre garde la
cassure pédagogique qu’ils étaient
venus constater. Peut-être, comme
Michel Cornille, a-t-on aujourd’hui
accepté que ce qui s’adresse à nos
facultés intellectuelles est rébarbatif, et
ne mérite pas l’effort (si jouissif
pourtant) d’y entrer ?
AGNÈS FRESCHEL
À noter
On se questionne sur l’école se poursuit
avec Une autre Histoire de l’éducation,
une «conférence gesticulée» de
Franck Lepage, le 15 avril à La Friche
04 91 52 95 61
www.maisondetheatre.com
46
SPECTACLES
ARLES | FOS | AIX-EN-PROVENCE
Le décor et son envers
Depuis longtemps, le hip
hop a gagné les salles de
spectacles sans avoir pour
autant abandonné - et
c’est sa force - ses racines
urbaines. D’où sa capacité
de distanciation et
d’ironie. Mourad Merzouki joue ainsi sur tous
les tableaux avec Tricôté,
qui tient à la fois du savant
mélange des mailles et
des trois faces du spectacle, audition, répétition
et représentation. Autour
de ces trois axes, s’orchestre une mise en
scène théâtralisée de la
danse, appuyée sur un
décor sobre et suggestif :
les portes qui clôturent
l’espace, se transforment
en miroirs de salle de
danse, personnages des
juges et des chorégraphes
inscrits sur des pancartes,
projection aux murs des
différentes étapes… Une galerie de portraits se
dévoile lors de l’audition, et des échauffements, il y a
le consciencieux, le copieur, le retardataire, l’agressif, le
timide, le désordonné… La parodie des petits rats
de l’opéra version hip hop, avec l’accompagnement
au piano, les bras dont on rectifie la position, donnent
lieu à des moments particulièrement cocasses. Aux
32 fouettés de Don Quichotte dans une assiette
répondent un nombre invraisemblable de tours sur
la tête ! Les prouesses gymniques sont là mais, plus
Tombé du ciel
Devant les tout-petits assis en demi-cercle, sous un
parasol encombré d’objets les plus hétéroclites qui
délivreront leurs secrets au fur et à mesure, Elle et
Lui présentent leur monde, bien délimité, Elle dans
un cercle, Lui surélevé sur son île… Perturbant la
relation qui s’instaure entre eux, l’apparition d’un petit
bonhomme en papier, Ikare, sautillant, curieux, est le
début d’une aventure faite de plumes, de papier, de
planètes, d’envol et de chute, d’équilibre, de liberté.
Car si Ikare est bien le personnage du mythe que
tout le monde connaît, il est, dans le spectacle de la
Cie Anima Théâtre, bien plus que cela. Il est le fil
conducteur qui fait lien entre la symbolique de l’envol,
de la liberté, et son pendant qui est la chute; il est
aussi le prétexte à toutes les expériences tentantes
qui sont autant de tentatives d’autonomie qui passent
par le refus et la découverte du vaste monde, même
si ce n’est que celui qui nous entoure… Et puis si
Ikare finit par disparaître c’est pour réapparaître en
ribambelle !
DO.M.
Tricote, Cie Kafig © Michel Cavalca
rare dans le hip hop, les mouvements d’ensemble
sont réglés avec justesse, comme l’occupation toute
classique du plateau. Le public enthousiaste et
nombreux scande, crie, applaudit à tout rompre : le
plaisir est toujours là !
MARYVONNE COLOMBANI
Tricôté par la Cie Käfig a été donné au Grand théâtre
de Provence à Aix les 8 et 9 avril
D’un bleu lumineux
La Barbe bleue une histoire d’amour ? Oui, mais une
affaire pas évidente bien sûr, parce qu’un monstre
amoureux c’est pas banal ! C’est aussi une histoire
cruelle, violente, merveilleuse, troublante… Parce que
La Barbe bleue © X-D.R.
dans l’adaptation qu’en fait Jean-Michel Rabeux, la
plus jeune, sa future promise, est elle aussi amoureuse.
Folle de cette bête à la barbe bleue (très beau clin
d’œil à Cocteau !) qui lance des grognements plaintifs
et effrayants (réellement…), et affiche ses richesses
comme autant de motifs de séduction. Elle, qui aime
sa barbe, sa monstruosité, est attirée par sa bestialité.
Et puis il y a la mère, personnage essentiel et
excentrique - qui est aussi narratrice, prêtre, ange (à
poil bleu) - et s’adresse aux spectateurs avec légèreté,
désamorçant l’insupportable et la violence grâce à
l’humour, dans ses propos et ses mimiques. Sur fond
de portes (elles sont là, toutes les 7) majestueuses, ils
se marient, il s’en va, elle ouvre la porte interdite, il
revient et doit la tuer. Mais Rabeux continue : la bête
se transforme en Prince de la Belle au bois dormant
et, embrassant la plus jeune, la ressuscite… Loin de
trahir le conte, il lui donne une dimension
supplémentaire, invoquant l’amour comme force
ultime.
DO.M.
La Barbe bleue a été joué au Théâtre d’Arles le 1er avril
Ikare a été joué au Théâtre de Fos
les 23 et 26 mars
Ikare © J. Henry
AIX-EN-PROVENCE | AVIGNON | LE REVEST | MARSEILLE
SPECTACLES
47
Un fainéant heureux
les fesses scotchées au poêle, rien ni
personne ne parviendra à l’expulser
dehors pour travailler, se nourrir, laver
sa chemise à moins que le destin ne lui
offre sa chance !… La narration,
accessible dans sa simplicité, les
accessoires, bricolés avec ingénuité, les
acteurs au jeu trépidant, les tours de
passe-passe et les rebondissements,
font de cet interlude théâtral un joli
moment d’initiation au spectacle.
Lecture plus...Sur l’île de Tchounga-Tchanga © X-D.R
Au plus près des comédiens, du
plateau, de la machinerie, les petits dès
l’âge de 4 ans touchent du doigt ce
qu’est une fabrique de théâtre… et de
rêve. Cela se passe au Théâtre des
Ateliers à Aix, et sa formule Lecture
Plus enchante enfants et parents
heureux de discuter avec l’équipe dès
la «représentation» terminée. Car il ne
s’agit pas d’un spectacle abouti mais
d’une lecture théâtralisée, ici le conte
russe Emélian le fainéant : Raphaëlle
Bouvier, Jacques Brossier, Romain
Girard, Maxime Potard racontent en
chœur ou à tour de rôle, en comédien
ou en récitant au pupitre, l’histoire de
ce jeune héros fatigué que le froid
sibérien cloue dans son isba. Au chaud,
M.G.-G.
À noter
Emélian le fainéant est joué jusqu’au 13
avril au Théâtre des Ateliers, Aix
Badaboum !
À fond les manettes ?
Entre les deux sirènes le temps est
suspendu. Des gardiens en blanc
surveillent leur chrono. On s‘attend à
un départ de course, mais c’est une
marche très ralentie qui démarre. Une
dizaine de personnages se mettent en
mouvements lents et décomposés
tandis que d’autres accélèrent vivement tout d’un coup, mais sur place.
Sur le Parvis de l’Opéra, des bandes
blanches, horizontales, balisent le parcours. Mais où vont-ils, sont-ils chargés
d’une mission ? Portent-ils la misère du
monde ou son inanité ? Des haut-parleurs diffusent les indicatifs d’émissions
radio. Des nouvelles récentes où il est
question de la Lybie, de la Côte d’Ivoire
et du Japon sont mixées à des annonces sportives, défragmentées. Histoire
de dénoncer la multiplication d’infos ?
Certaines lois de la physique sont
indiscutables : non, un œuf ne vole pas et
le rêve d’Icare n’est qu’un rêve… Tant pis
pour la science et le mythe, tant mieux
pour l’imagination ! Les deux comédiens
de la Cie Florschütz & Dönhert nous
font croire que les poissons ont des ailes,
que les petites maisons en papier se
transforment en œuf, les objets bougent
tout seuls et les chapeaux s’envolent ! Le
© Thomas Ernst
spectacle de théâtre d’objets Rawums (Badaboum en allemand) est une
parenthèse poétique de 45 minutes dans le monde des Choses, celui du poétique
Francis Ponge… Et pour cause, avec seulement un petit sac, une chaise, une plume,
un chapeau et des mots simples, le tandem use de tours malins et de beaucoup
de malice pour faire valser la vie entre ciel et terre. Suspendus à des baudruches
colorées, la chaise prend son envol, les comédiens aussi qui y croient dur comme
fer… Mais, patatras, les rêves s’évanouissent : dur, dur de voler quand on se
retrouve soudain les quatre fers en l’air ! M.G.-G.
La proposition des Apprentis de la FAI
AR (voir p.45) est déconcertante et
laisse le sens en suspens. Est-ce à dire
qu‘être branché sur le monde nous
débranche de nous-mêmes ? Interrogation existentielle sans doute, mais
peu explicite...
CHRIS BOURGUE
L’équipée sauvage de 6 reines
et 10 midinettes a eu lieu le 6 avril
à midi
À venir
Sirènes en campagne
L’autre Compagnie
Le 4 mai
Parvis de l’Opéra, Marseille
04 91 03 81 28
www.lieuxpublics.fr
Rawums a été joué les 15 et 16 mars
au PôleJeunePublic au Revest
Un bon résumé que cet «oser désobéir» qui s’inscrit en tag en marge de cette
Antigone de terre glaise, présenté en ouverture du Festival Festo Pitcho. Cette
étape de travail, proposée par la compagnie Belge Sac à Dos au théâtre des
Doms, fait suite à une résidence qui aura permis à plusieurs classes d’observer et
commenter la création. C’est surtout une excellente adaptation d’un mythe vieux
comme le monde. Plus d’un an que Susan Yeates et Patrick Huysman travaillent
à ce pamphlet féministe, à cet éveil des consciences politiques, et les enfants
restent abasourdis devant cette petite bonne femme de terre qui refuse de céder
aux lois du plus fort. En construction permanente, les simples personnages
modelés tiennent dans une main, s’érigent en cité ou s’écrasent dans d’aveugles
combats, et nous plongeons dans l’histoire, la nôtre, celle des vivants et des morts,
celle qui se répète et nous est imposée. Une histoire qui commencerait par «les
règles permettent à un groupe d’humains de vivre ensemble» jusqu’à «c’est
lorsqu’il respecte ses morts que l’homme cesse d’être un animal»... Entre les deux,
une leçon de vie et de désobéissance.
DELPHINE MICHELANGELI
Antigone a été présenté aux Doms le 9 avril
dans le cadre de Festo Pitcho
Antigone © DM/Zibeline
Oser désobéir
SPECTACLES
AU PROGRAMME
Œil de bois
Historique
Lumineux
Opéra pour enfants écrit par Adolf Hoffmeister et le
composteur Hans Krasa, Brundibar, représentant un
des grands symboles de l’esprit de résistance du
ghetto, a pour la première fois été interprété par les
enfants déportés du camp de concentration de Theresienstadt. Il est soutenu et accompagné par les solistes de l’Orchestre National de Montpellier
Languedoc-Roussillon. En première partie, Opéra
Junior présente Le Petit tailleur de Tibor Harsanyi,
d’après le conte des frères Grimm.
Brundibar et Le Petit tailleur
dès 7 ans
13 et 14 mai
Scène nationale de Sète
04 67 74 32 52
www.theatredesete.com
© Elisabeth Carecchio
En réécrivant Pinocchio, Joël Pommerat fait du petit
personnage de Collodi un petit garçon naïf et gâté
très actuel, qui s’enrichira au fil de ses rencontres pour
faire la distinction entre «être» et «avoir», fuir les miroirs aux alouettes qui promettent des plaisirs faciles
et devenir humain. De contrastes en effets de lumière, Pommerat réinvente le conte en faisant de la
condition humaine un magnifique spectacle.
Pinocchio
dés 8 ans
16 avril
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Délicatesse
La Cie Clandestine, en résidence au Théâtre Du-
rance, y crée Quoi ? C’est quoi ?, une nouvelle exploration des différentes utilisations du papier. La
compagnie, qui a déjà abordé l’origami dans Multipli,
le kirigami et le pop up dans C’est pas pareil !, s’attache ici à la confrontation avec l’autre en s’intéressant au kamishibaï, sorte de petit théâtre d’images en
papier.
Quoi ? C’est quoi ?
17 et 18 mai
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.com
Crépuscule
par Petronella von Zerboni et Roman Müller, et
Misha Blau pour la composition musicale à la contrebasse. Le diabolo, élément principal du spectacle, est
un acteur au sein de ce Cercle magique, où danse et
cirque se mélangent pour réveiller les corps à travers
l’objet.
Cercle
7 mai
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
© Carla Kogelman
Hitler, de son vrai nom Schicklgruber, se retrouve métamorphosé en marionnette effrayante par le génie
de Neuville Tranter. En uniforme et seul sur scène, le
comédien manipulateur convoque le führer, et une
poignée de fidèles qui, enfermés dans leur bunker
alors que les soldats russes sont aux portes de Berlin, fêtent l’anniversaire du dictateur. Dans cet univers
lugubre se joue une farce cynique entre des chefs
nazis qui noient leur médiocrité dans l’alcool et le
tabac, attendant une fin inéluctable… Pour ados !
Schicklgruber
dès 15 ans
10 mai
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
C’est un trio d’inventeurs audacieux qui est à l’origine
du projet Ici : le jongleur Jérôme Thomas et l’acteur
et manipulateur d’objets Markus Schmid se sont alliés avec le compositeur et multi-instrumentiste
Pierre Bastien pour créer ce spectacle sur l’enfermement et l’évasion. Un espace réduit, une chaise et
deux personnes. Autour de ce simple constat vont
surgir ingéniosité et inventivité pour s’adapter à l’impossible situation et faire que l’horizon s’élargisse
pour permettre l’évasion…
Ici
3 mai à La Saulce
5 mai à Veynes
7 mai à Serres
9 mai à Chabottes
11 mai à Embrun
13 mai à L’Argentière
15 mai à Guillestre
Théâtre de la Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.com
Piqûre
Dans le beau conte de Philippe Dorin que met en
scène Sylviane Fortuny, les petites choses prennent
un tour essentiel, tout est dit avec pudeur et humour,
surtout la représentation de soi devant les autres.
Deux personnes seules, et qui ne veulent plus le rester, une princesse retenue prisonnière par son père
qui a fait coudre entre elles ses robes pour l’empêcher de fuir nue, un chevalier qui cherche sa sœur…
Les deux artistes détournent les codes du conte
pour parler d’amour et de convenances, voire de
bonheur, après tout c’est un conte…
Harmonie
Tout est circulaire dans ce spectacle conçu et joué
© Philippe Deutsch
© Christophe Raynaud De Lage
48
Abeilles habillez-moi de vous
dès 7 ans
du 17 au 21 mai
Théâtre Massalia
04 95 04 95 70
www.theatremassalia.com
Imbattable
Si vous l’avez raté, c’est peut-être votre dernière
chance : courez vite au Sémaphore partager les
aventures de Peter Pan, de la famille Darling, de la fée
Clochette et du capitaine Crochet. La mise en scène
de Alexis Moati est irrésistible, ingénieuse,
dynamique, et les acteurs sont époustouflants. Rien
d’étonnant si depuis sa création, la pièce fait un tabac.
Peter Pan ou le petit garçon qui haïssait les mères
dès 8 ans
20 avril
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
SPECTACLES 49
Rêveries
Cartoonesque
Démesure
Librement adaptée de Alice au pays des merveilles de Mais où va donc ce petit homme fragile et solitaire
Lewis Caroll, Alice et versa, de la Cie Atmosphère,
propose une version modernisée de l’introspection,
souhaitant «faire vivre au spectateur l’expérience unique
de pouvoir entrer à l’intérieur de [son] être». Alice, jeune
femme assommée par les tâches quotidiennes et répétitives qu’elle effectue comme un automate, va
rencontrer un étrange personnage, un lapin qui va
bouleverser sa vie. Il lui suffira d’ouvrir la porte pour
s’engouffrer dans son monde intérieur…
Alice et versa
10 mai
dès 8 ans
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
© Sylvain Liagre
avec, pour unique compagnon de route, une valise
enfermant tout un monde magique ? Et qui sont ces
drôles de types qu’il croise sur sa route, l’air assuré ou
égaré et l’allure toujours pressée ? Le Clan des
songes manie théâtre visuel, marionnettes et formes
animées avec précaution tant son bonhomme est
Fragile et son univers sens dessus dessous.
Fragile
dès 3 ans
5 mai
Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.com
À
l’infini
OrizzonTale mélange théâtre, cirque et science en une
combinaison ingénieuse, orchestrée par Boris
Vecchio qui expérimente les lois de la gravité et de
l’équilibre, jongle avec l’illusion visuelle pour créer une
passerelle entre le présent et l’absent, le vraisemblable
et l’impossible, le visible et l’invisible. Mais attention,
tout n’est pas joué !…
OrizzonTale
dès 8 ans
3 et 4 mai
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Mythique
L’Opéra du dragon, au départ livret d’opéra écrit par
le dramaturge Heiner Müller, se transforme avec le
Théâtre de Romette et la mise en scène de Johanny
Bert, en un conte satirique avec formes marionnettiques. Transcrivant graphiquement l’oppression politique par le principe du corps masqué, comme pour
les faire disparaître, le metteur en scène a rajouté une
présence sonore continue, jouée en direct par Thomas Quinart. Pouvoir et asservissement sont les maîtres mots d’une histoire cruelle d’un peuple qui, sauvé
du choléra par un dragon, se doit d’offrit chaque
année au monstre une jeune vierge…
Renaissance
L’histoire est naïve : en 1940, en pleine tourmente, le
grand cirque Tout l’Univers part en tournée en
Argentine à la fois pour fuir la guerre et pour
conquérir le nouveau monde. Mais le voyage sera
plus houleux que prévu et les passagers devront faire
face à de nombreux imprévus. Ouf ! les artistes
trouveront la force de renaître et d’inventer à
nouveau… un univers en plus petit. Ce spectacle est
l’un des best of de la Cie Attention fragile, on peut y
aller les yeux «fermés» !
Tout l’univers en plus petit
dès 8 ans
20, 21 et 22 avril
Escale Saint-Michel, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.com
L’Opéra du dragon
3 mai
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
Mella et Elmira - serie 11, Henrietta street,
Dublin 2007 © Delphine Balley
© X-D.R
Dur dur d’être petit et devoir se confronter au vaste
monde ! Sur une piste de cirque miniature jonchée
d’un énorme ballon et de centaines de dominos, de
machines et d’un arrosoir minuscules, un petit
d’homme de 86 cm va devoir se débrouiller…
Heureusement il n’est pas seul, La Compagnie
s’appelle reviens est à ses côtés qui fait apparaître et
disparaître les formes, glisser les objets, entre
émerveillement et rires.
86 cm
dès 2 ans
3 et 4 mai
PôleJeunePublic, Le Revest
04 94 98 12 10
www.polejeunepublic.com
11 mai
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
À
bâtons rompus
Jonglage dansant, manipulations, projections
cinématographiques et vidéographiques : Discussions,
le dernier projet en commun de Ville Walo et Kalle
Hakkarainen commente avec ironie les moyens de
communication actuels à travers un spectacle
audacieux et expérimental. Car généralement la
discussion tourne au monologue et ici vire en
numéro de cirque !
Discussions
dès 10 ans
10 mai
PôleJeunePublic, Le Revest
04 94 98 12 10
www.polejeunepublic.com
Bricolé
Hadi Boudechiche et Claire Latarget ne se sont pas
revus depuis 25 ans et se retrouvent autour d’une
malle en bois. De là ils extirpent des bribes de
souvenirs d’enfance et mêlent leurs mémoires… Ce
pourrait être une veillée toute simple mais la malle
est un trésor ! Une veillée singulière est un spectacle
où l’on retrouve tous les ingrédients du Théâtre de
Cuisine : la proximité public-artistes, l’art du bricolage
et du geste artisanal, la puissance d’évocation.
Une veillée singulière
dès 6 ans
du 19 au 22 avril
Théâtre Massalia
04 95 04 95 70
www.theatremassalia.com
50
LIVRES
Bonheur totalitaire
La SF met souvent en scène des sociétés idéales
qui programment le bonheur collectif, et y opposent
l’émergence de l’individu, l’aspiration à une
liberté qui n’est pas heureuse, mais atteint
un accomplissement de l’être. De
nombreux ouvrages abordent ces thèmes
dans la littérature jeunesse, parfois avec une
superbe profondeur. Ally Condie se plaît
ainsi à nous entraîner vers un monde, le
meilleur possible, dans lequel, grâce à une
programmation parfaite de toutes les
étapes de la vie, l’être humain est censé
goûter au bonheur. Cité idéale, qui promet
une existence sans encombres jusqu’à une
mort programmée, sereine, à 80 ans, sans
maladies, ni soucis… Mais ce beau système s’effrite
lorsque la jeune Cassia découvre juste après la
cérémonie du couplage (tout est programmé, même
l’amour) un autre visage que celui de son promis (son
ami de toujours, Xander). Erreur du système ? Le jeu est
faussé. Le doute s’installe et lui donne de nouvelles clés
pour déchiffrer le monde. Son cœur aussi, qui voit
l’émergence du sentiment amoureux… Pourquoi
devient-on «Aberration» ? Que se passe-t-il dans les
campagnes, pourquoi la guerre sévit-elle aux
frontières ? Qu’a donc voulu lui
transmettre exactement son grand père le
jour de son banquet d’adieu ? Pourquoi
n’a-t-on pas le droit de conserver des
souvenirs matériels, baptisés «reliques» ?
Une belle trilogie en perspective, avec un
premier volume paru dans 15 pays le 7
avril, les suivants étant prévus en mars
2012 et mars 2013. Le sujet est porteur, il
y a même un projet cinéma chez Disney !
Il faut dire que l’histoire est écrite avec allant,
et invite à se défier des marchands autocrates
de bonheur. Ça se lit (et se vendra !) comme un petit
pain au chocolat. M.C.
Promise
Ally Condie
Traduction Vanessa Rubio Barreau
Gallimard Jeunesse, 18,50 €
D’un monde l’autre
Quand une quatrième de couverture annonce
qu’un roman va nous entraîner à la suite d’un jeune
lycéen dans des mondes parallèles, on se dit que ce type
romanesque est usé jusqu’à la corde. Mais l’un des
auteurs, Neil Gaiman, a écrit un très joli Coraline… et on
apprend l’histoire de ce volume dans la postface : la
rencontre avec Michael Reaves,
scénariste chez Dream Works,
le projet d’écriture d’une série
télé, «l’œil vitreux de (leurs)
interlocuteurs» en réaction…
Les auteurs ont «poussé un
grand soupir et sont revenus à
leur existence», donnant aux
seuls lecteurs le plaisir de suivre
les aventures de Joey, à travers
des mondes où la physique
quantique jongle avec la
fantaisie. Joey est un Marcheur
qui s’ignore. Marcher dans le roman Entremonde,
signifie que l’on est doté de la capacité de passer d’un
monde à l’autre. Mondes parallèles, vies aussi, car tous
les Jo/e/y sont apparentés, échos plus ou moins lointains
les uns des autres… Là, se livre une bataille sans merci
entre technologie et magie, et l’équilibre est préservé
par les marcheurs. Certes, on a tous les poncifs : mission,
respect de l’autre, le faible qui devient fort, le Vieux
maître caustique, les méchants vraiment moches et
impitoyables…Mais, le style permet un décalage
salvateur, avec les références au cinéma d’action ou
d’aventures, une bonne dose d’ironie, une grande
fraîcheur liée à la narration à la première personne.
L’intrigue est bien ficelée, tout fonctionne à merveille.
Un roman au rythme soutenu qui donne à réfléchir
sur le sens de l’engagement. M.C.
Entremonde
Neil Gaiman, Michael Reaves
Au Diable Vauvert, 18 €
Toile encyclopédique
Non, le papier et le virtuel ne s’opposent pas
toujours. Ils savent se compléter avec harmonie parfois,
c’est ce que La Grande encyclopédie de la collection Les
Yeux de la découverte chez Gallimard démontre avec
une belle maestria ! Classement thématique, Terre,
Espace, Monde vivant, Technologie… facilement
repérable par un jeu d’onglets, et de couleurs. Mise en
valeur de l’essentiel, vocabulaire à la fois simple et précis,
frises chronologiques, planches explicatives, cartes, jeux
de questions, problématiques qui invitent à aller plus loin,
anecdotes aussi, comme celle de la république de
Kiribati traversée jusqu’en 1995 par la ligne du
changement de date (!), et les «WAOUH !» qui
s’émerveillent du monde. Les illustrations, nombreuses
et variées accordent une belle dynamique de mise en
page, jamais monotone. Elles contribuent au plaisir
d’apprendre, de se laisser aller à la délicieuse errance
d’un intérêt renouvelé. Ajoutez à cela un jeu de
symboles clairs, un excellent glossaire, un index bien
référencé… cela suffirait à faire apprécier cet ouvrage.
Mais il s’échappe du cadre de papier pour glisser aussi
des ramifications sur la toile. Il est rendu possible avec
des mots clés de chercher d’autres informations sur le
net cette fois. Orientation vers des sites judicieux, mises
en garde contre les séductions de cet outil dangereux
et fascinant à la fois… une belle éducation à la
recherche, un guide sûr dans le
foisonnement des sites (tapez
«couleur» par exemple, le bleu
du ciel n’aura plus de secrets
pour vous !). Un ouvrage
remarquable, pas seulement
pour les ados !
M.C.
La grande encyclopédie
Gallimard Jeunesse, 19,95 €
Le grand A
Il est des couples
en littérature qui
perdurent
même lorsque
l’un s’en va. Le
projet d’écriture,
A comme Association, est né d’une
envie commune de
Pierre Bottero et
Erik L’Homme. Puis
entre leurs deux éditrices. La capacité de
ces auteurs à rassembler,
unir, ne se fait jamais au
détriment de l’autre, de
ce qu’il est, profondément. Jeu, bonheur
d’écrire, ensemble, un
monde dans lequel
les histoires se
recoupent, se nourrissent
d’échos,
lancent
des
passerelles,
se
provoquent et se
tissent… 13 volumes
étaient prévus lorsque la
disparition de Pierre survint. Erik L’Homme s’est
retrouvé seul, et a pris la décision de poursuivre. Le
résultat, huit tomes, dont quatre encore à venir, les
derniers, sans Pierre, sans son personnage, Ombe, et
sa moto noire tragiquement prémonitoire. Les deux
premiers volumes, les fidèles de Pierre Bottero les ont
déjà lus. En guise d’introduction d’Erik L’Homme
touche par sa sincérité, sa simplicité. Dans les quatre
premiers tomes les histoires se croisent avec jubilation,
avec des jeux de mots bêtes, des auto-citations, des
noms de rues qui renvoient à d’autres auteurs, des
titres distordus, Le Capitaine qui fracasse, L’immonde
Ewillan…. La fête du langage établit une complicité
immédiate avec le lecteur, dans le genre foisonnant
qu’est celui de la fantaisy. Les trolls, les vampires, les
êtres fantastiques pullulent. Heureusement,
L’Association emploie des «paranormaux», c’est-àdire des gens normaux mais avec des pouvoirs
particuliers, pour réguler les relations entre notre
monde et le leur. Nous suivons deux héros, tous deux
stagiaires de l’Association, Jasper, jeune sorcier, et
Ombe, la belle guerrière dont il est amoureux.
Chaque ouvrage correspond à une mission, narrée
par le menu à mademoiselle Rose, la secrétaire de
l’organisation secrète. La mise en abîme est un feu
d’artifice. À ces paillettes ajoutez l’infinie poésie des
titres… Les auteurs ne meurent jamais.
MARYVONNE COLOMBANI
A comme Association
La pâle lumière des ténèbres ;
L’étoffe fragile du monde
par Erik L’Homme
Les limites Obscures de la magie ;
Le subtil parfum du soufre
par Pierre Bottero
Gallimard / Rageot, 9,90 € chaque ouvrage
Voyages autour du conte
Il était une fois en Roumanie, en
Corée, en France, au Brésil ; il était
une fois au Maroc, à Madagascar, en
Bulgarie, au Congo et en Irak des
conteurs qui célèbrent les merveilles
du printemps. Par la voix de Mario
Urbanet, conteur et poète, neuf
contes «d’un peu
partout»
prennent
des
couleurs sous les
coups de crayon
d’un
collectif
d’illustrateurs.
Mario Urbanet a
puisé dans un
répertoire
de
contes
traditionnels
quelques histoires
qu’il a façonnées à
sa manière «en
veillant à faire
partager la richesse
et la diversité de notre langue». Ce
qui réserve quelques transpositions
hasardeuses, comme dans le conte
congolais Une dispute mémorable où
il évoque «brouillards et flocons»,
«petites giboulées» et «soupe au lait
dans soupière»… Ou des
adaptations cocasses, imagées, qui
parleront à coup sûr aux enfants :
dans le conte malgache La création
du printemps le premier homme est
un «lourdaud, un grand dadais» et
«un malotru» !
Les illustrations, dans leur alternance
de chaud et de froid selon le style
des dessinateurs
et l’écho qu’ils
donnent aux
textes,
donneront
envie
de
parcourir
l’album au gré
des évocations
oniriques ou
réalistes.
MARIE GODFRINGUIDICELLI
Contes et merveilles du Printemps
Adaptation Mario Urbanet
Illustrations
Vincent
Mathy
(couverture), Yating Hung, Quentin
Duckit, Louise Pianetti, Antoine
Marchalot
P’tit Glénat, 14 €
Changez d’échelle…
Titre discret, chanson légère, Presque rien, et pourtant quel charmant
exercice ! L’album de Pierre Gueyrard nous entraîne dans un univers où les
petites choses acquièrent une importance, le brin d’herbe qui pousse dans
le sentier, la goutte d’eau échappée
d’un cumulo-nimbus, la plume, ce
bout d’oiseau, le flocon de neige ou
de soie, un monde qui se dessine
dans un bol de café… Et sa poésie
du quotidien qui a l’humour tendre
déplore la dure vie du sucre !
Un très joli moment, à savourer en
câlin avec ses enfants : l’album se
décline entre morceaux choisis et
enregistrements publics, certains font
penser à des chansons de
Melchionne. On peut suivre les
paroles sur le livret qui accompagne le
CD, reconnaître les instruments joués,
inventer de sauvages chorégraphies sur le Mambo Chachacha… Et l’envie
vous prend d’assister à un concert.
Presque rien, sans doute, mais nourri de bonheur.
MARYVONNE COLOMBANI
Presque rien
Pierre Gueyrard
Éd. Bout d’Homme, 12 €
52
ARTS VISUELS
MARSEILLE | SAINT-MAXIMIN | AIX-EN-PROVENCE
Matériologies et révélations
La Nuit de l’Instant
le 15 avril à partir de 18h30 40 artistes/15 lieux
pour une seule nuit d’expos, installations, vidéos,
projections, performances et cartes blanches à propos de l’image fixe et ses multiples croisements.
Les Ateliers de l’Image La Traverse
04 91 90 46 76
www.ateliers-image.fr
Eau de là
Elisabeth Towns, sans titre, tirage d'après sténopé © E.Towns
Après Sabine Weiss en ouverture de sa galerie,
Hélène Detaille invite trois artistes qui a contrario
de leur aînée appliquent à leurs clichés des procédés singuliers dans l’intimité de leur laboratoire.
Pour eux la technique est au service de l’intention
et de l’expression créatrices. Ce qui fait de chaque
cliché souvent une œuvre non reproductible, unique.
De ses images réalisées lors de nombreux voyages,
Michèle Maurin propose une sélection éclectique
où l’on retrouve nombre de ses recherches consacrées aux possibilités créatives amenées lors du
tirage. Les interventions à base de métaux précieux, substances chimiques et minérales, or,
sélénium, vanadium, urane ou encore thio-urée
Matthias Olmeta, Eternal life, ambrotype sur altuglas,
épreuve unique © M. Olmeta
confèrent à chaque image une densité particulière. Il s’agit d’une révélation «je ne contrôle pas
tout, je laisse venir à moi, en attente du naturel de
la chimie, comme un instinct du regard».
Elisabeth Towns cultive un paradoxe. Elle utilise
le plus rudimentaire des appareils photo, le sténopé (dont le fond est le plus souvent courbe) pour
produire des images anamorphiques en noir et
blanc qui sont ensuite tirées sur des papiers
choisis, qui ont eux-mêmes subi de complexes
concours chimiques afin de «…souligner des masses, des contours, des textures, des nuances, des
ambiances qui sont le corps même de l’image».
La démarche est plus spirituelle chez Matthias
Olmeta. Nourri en particulier de culture chamanique, le photographe est à la recherche de
l’essence des êtres, avec la gageure de rendre
visible les énergies, l’aura des choses. En témoignent les séries de portraits Les Mystiques de
l’immanence ou des Mandalas conçues selon le
procédé ancien de l’ambrotype (datant de 1851 et
cousin du daguerréotype). Fixée sur verre ou
plexiglas chaque épreuve est une pièce unique.
Trois artistes qui, aux antipodes d’une photographie distanciée, fusionnent l’image et la matière.
Walter Benjamin n’aurait pas renié.
CLAUDE LORIN
Empreintes singulières
jusqu’au 28 mai
Galerie Detaille, Marseille
04 91 53 43 46
www.galeriedetaille.com
Marc Chostakoff
jusqu’au 3 juin (sauf vacances scolaires)
Artothèque Antonin Artaud
04 91 06 38 05
www.lyc-artaud.ac-marseille.fr/artotheque
45e Salon photographique
d’Allauch
jusqu’au 8 mai invité d’honneur, Jean-Philippe
Jourdrin expose La France d’à côté
le 21 avril à 21h coup de projecteur sur l’œuvre photographique et éditorial de Serge Assier
le 5 mai à 21h Jean Arrouye donnera une conférence
sur La photographie humaniste, questionnement
qui sous-tend les nombreuses expositions de cette
édition 2011.
Phocal
04 91 10 49 20
www.phocal.org
Le Garage
Au bout de l’avenue Bosc, à une petite encablure
des Calanques, William Guidarini avec l’appui de
l’association Ici et Là ouvre un nouveau lieu dédié
à la photographie. Espace de formation, d’accueil
pour les auteurs photographes et de diffusion, Le
Garage conjugue ateliers, galerie et résidences.
24 tirages 14x14cm inaugurent la galerie sous le
titre générique… Le Garage en hommage à
l’entreprise paternelle.
jusqu’au 09 juillet
Le Garage
06 16 38 60 89
www.wuilliamguidarini.com
Paysages urbains
Depuis 2004 l’association Art-Cade propose des
balades urbaines et des expositions mêlant art,
architecture et paysage. Portant un regard neuf
sur la ville et la production artistique
contemporaine, le projet Archist se lance dans
les galeries nomades pour aller au plus près des
habitants : 4 expositions se succèderont dans 2
conteneurs au cœur du village de St Marcel. Des
balades aussi seront proposées, ateliers
d’observation qui permettent aux habitants de
reconsidérer leur environnement.
Le 1er container présente Landsmarks, un travail
photographique original de Luce Moreau qui
permet d’imaginer le dialogue de la photographe
avec un paysage, par la mise en place de miroirs
réfléchissant la lumière du soleil et la renvoyant
vers l’objectif. Ainsi des formes géométriques
animant l’image témoignent d’un instant unique
et du seul point de vue de l’artiste. Le 2e
conteneur propose les travaux des étudiants de
4e année de l’École du Paysage de Marseille, qui
mettent à l’étude des sites industriels
abandonnés, comme le site de l’Estaque ou des
sites détruits par la folie meurtrière, notamment
dans l’ex-Yougoslavie.
CHRIS BOURGUE
Archist galeries nomades
jusq’au 28 mai de 15h à 18h
St Marcel, Marseille
Balades à 10h30 les 16 et 30 avril et 21 mai
04 91 47 87 92
www.art-cade.org
Affaire classée
Menée tambour battant par Marianne Pourtal Sourrieu, l’enquête autour
d’un crâne est terminée et livre tous ses secrets. Enfin presque…
Crane a mosaique, Mexique, Inv. n°989-001-057, ex collection Henri
Gastaut © Musees de Marseille/David Giancatarina
Reste humain, objet de culte, objet sacré ou
œuvre d’art ? Avec Xihuitl, le bleu éternel qui
croise histoire de l’art, science et anthropologie,
le Musée des Arts Africains Océaniens et
Amérindiens pose le problème de l’évolution du
statut de l’objet exo-occidental
L’exposition se présente comme une «enquête
autour d’un crâne» humain recouvert d’une
mosaïque de turquoises provenant du Mexique, et
d’origine mixtèque. Une pièce exceptionnelle qui a
fait couler beaucoup d’encre avant son acquisition
par le MAAOA en 1989, quand elle figurait dans la
collection du professeur Gastaut et avant qu’elle
soit volée dans une galerie parisienne. Bref, un
crâne aux tribulations mouvementées !
Aujourd’hui le MAAOA offre les fruits de ses
investigations scientifiques sur ses origines, son
authenticité, sa datation, son itinéraire rocambolesque, sa restauration; il livre aussi les
conclusions des experts du Centre de recherche
et de restauration des Musées de France et
multiplie les grilles de lecture dans une persCrane a mosaique (detail), Mexique, Inv. n°989-001-057, ex collection
Henri Gastaut © Musees de Marseille/David Giancatarina
pective historique. Sa démonstration, rigoureuse,
prend appui sur les éléments de l’enquête pour
les restituer avec pédagogie au public : vidéos,
cartographies, Codex, photographies, figurines,
masques et autres objets mexicains, topo sur les
minéraux et turquoises, édition d’un catalogue…
Un parcours-découverte qui nous entraîne jusqu’à
«l’autel» où repose le crâne, baigné d’un halo de
lumière dans sa vitrine protectrice, puis à
l’extérieur, dans une salle annexe où est projeté
un documentaire sur les recherches des experts.
Si l’histoire de l’œuvre est aussi fascinante que
l’objet, elle recèle encore une part d’ombre : le
doute persiste sur la colle qui fixe la mosaïque au
crâne ! Le crâne reste une énigme et Marianne
Pourtal Sourrieur s’interroge : «quel sens donnons-nous aux objets à la lumière de l’histoire, de
la science et de la philosophie ?».
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Xihuitl, le bleu éternel
jusqu’au 3 juillet
Centre de la Vieille charité,
Marseille 2e
04 91 14 58 38
www.marseille.fr
Poésie à vivre
Le festival Poétique de la ville prend ses quartiers dans
le musée Louis Rostan rénové, à Saint-Maximin, à
l’initiative de Plaine Page qui met le livre d’artiste
contemporain au cœur de l’événement littéraire, et les
ateliers d’écriture-lectures à la croisée des publics. Livre
peint, livre illustré, livre-objet, livre monstre, livre
unique… la palette stylistique et technique est vaste, en
témoignent les œuvres des 42 artistes réunis par
Martine Caris et Cathy Poisson. Le livre d’artiste, qui
trouve son origine dans les manuscrits médiévaux, se
définit fondamentalement comme un art du dialogue,
entre le plasticien et son éditeur, entre le plasticien et le
poète, chacun trouvant matière à création. Les arts
graphiques croisent la photographie, la peinture côtoie
l’aquarelle, la poésie voisine avec des textes
scientifiques et les notes débordent des cadres !
L’exposition révèle «cet art total où la liberté de la forme
rejoint celle de l’expression» et permet à tous de
s’essayer à la calligraphie, aux carnets poétiques ou au
slam.
M.G.-G.
Poétique de la ville,
événement proposé dans le cadre du projet
de la politique de la Ville «l’École du spectateur»
jusqu’au 16 avril
Musée Louis Rostan, Saint-Maximin
04 94 59 39 75
www.st-maximin.fr
54
ARTS VISUELS
AIX-EN-PROVENCE
Le clan des Sudristes
À Aix la famille Sudre dessine une histoire
de la photographie de plus de 50 ans.
Le musée des Tapisseries lui rend hommage
Claudine etJean-Pierre Sudre furent
de tous les combats pour la reconnaissance de la «photographie
créative» : c’était dans les années
70, Jean-Pierre formait avec Jean
Dieuzaide et Denis Brihat «le groupe
dit des trois mousquetaires» et participait à la première réunion d’Arles
qui deviendra les Rencontres de la
photographie… Mais le virus de la
photographie est antérieur, déjà en
1952 Brassaï dédicaçait la préface
de sa première exposition et en 1967
Michel Tournier l’interviewait pour
l’ORTF ! Quand le couple s’installe à
Lacoste, il agrandit son centre de
création et de recherche Le Labonicole, ouvert aux artistes en résidence
et aux jeunes apprentis formés à la
prise de vue, aux développements,
au tirage, aux finitions, à la mise en
page et à l’histoire de la photographie.
Car la photographie, confectionnée
de A à Z par Claudine, est une
histoire collective qui se transmet. À
leurs enfants Dominique et Fanny,
qui épouseront tous deux des photographes, Laurence et Jean…
L’exposition justement, révèle l’identité de chacun et les filiations. Entre
les expérimentations de J.-P. Sudre,
son travail sur la lumière et la transparence dans les natures mortes
(Hommage au peintre Baugin, Le
panier aux cerises), ses Paysages
matériographiques et les paysages
extrêmes de Dominique (Font d’Urle
dans le Vercors ou Étang bleu à San
Cristobal de las Casas au Mexique).
Un même attachement aux techniques anciennes, au tirage en chambre
noire et à la poésie réelle ou rêvée…
Changement de cadre avec Laurence qui aborde d’autres rivages et
s’inscrit dans la grande tradition du
portrait. D’abord des anonymes puis
des stars dont elle capte les «moments d’abandon» (Samuel Fuller
dans la fumée de son cigare, Joseph
Beuys index pointé). Retour au modèle parental avec Fanny et Jean
Bernard qui apprennent ensemble
le métier et ouvrent L’Atelier-Galerie en 1977 à Aix. De là ils sillonnent
la France pour fouiller les musées et
porter un regard décalé sur les
collections, les réserves, le bâti.
L’exposition se lit comme un roman
familial et un témoignage vivant : les
petits-enfants de Jean-Pierre et de
Claudine seront peut-être atteints
du même virus ?
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
© J.-P. SUDRE, Imaginaire planetaire, 1992
Catalogue de l’exposition publié
par le Musée de l’hospice
Saint-Roch à Issoudun,
textes de Martine Ravache
Les Sudre,
une famille de photographes
jusqu’au 16 mai
Musée des Tapisseries, Aix
04 42 23 09 91
L’appel de l’Égypte
Haute Egypte, 14 janvier 1984, 12h © Pierre de Fenoyl
À la fin du 18e siècle les futures élites de la société
française allaient parfaire leurs humanités en
réalisant le «Grand Tour», en Italie d’abord, puis
en Orient. Les jeunes artistes aussi furent du
voyage, en témoignent la littérature, les vedute et
bientôt la photographie, témoin de ces horizons
exotiques. À la galerie d’art du Conseil Général
13, Gilles Mora anéantit l’espace-temps d’un coup
de photo magique en réunissant les premiers
clichés des voyageurs du 19e (les primitivistes de
la collection Serge Kakou) et les tirages de leurs
émules Denis Roche et Pierre de Fenoyl. Tous
deux embarqués en Égypte dans les années 80
pour une expérience initiatique sur les traces de
Maxime Du Camp, auteur du premier livre illustré
de photographies de ses voyages, et de son
compagnon le jeune Gustave Flaubert…
Décor monumental et colonnes factices : la
scénographie plonge le visiteur dans la pénombre
d’un temple, murs saumon pour Denis Roche et
sa Maison du Sphinx, vert santal pour la Suite
égyptienne de Pierre de Fenoyl, rouge muséal
pour la collection Serge Kakou. Là, les photos de
Denis Roche, habilement, superposent le «cliché
touristique égyptien» aux vues intimes : image
volée d’une pyramide derrière le pare-brise,
démesure de Denderah, vitrine d’un marchand de
montres, mise en scène avec son épouse dont on
aperçoit la silhouette, glissant dans cet entredeux les détails de leur présence : lunettes de
soleil abandonnées sur une table, ombres sur un
pont, réverbérations à effet miroir. Des clichés
écrasés de soleil qui brouillent les plans jusqu’à
projeter un temple et un sphinx dans une arrièresalle de cafétéria ! Denis Roche saisit le
mouvement, la fugacité, l’air du temps trépidant
quand Pierre de Fenoyl privilégie le silence, la
contemplation, l’immobilité. Dans l’esprit et le
style des Bonfils, Zangaki ou Beato de la
collection Serge Kakou, ses photos portent le
poids des vestiges du passé et de l’éternité.
M.G.-G.
Gilles Mora est directeur artistique du nouveau
Pavillon Populaire à Montpellier
Voyages en Égypte
jusqu’au 19 juin
Galerie d’art du Conseil général 13, Aix
www.culture-13.fr
ARLES | AIX-EN-PROVENCE
ARTS VISUELS
55
À l’Archevêché, l’Amérique vue
par Lucien Clergue…
Un demi siècle de photographies, pour certaines
rarement montrées : avec ce troisième et ultime
volet consacré au maître d’Arles, la bannière étoilée
nord américaine semble se refléter dans les
emblématiques nus zébrés. Bien sûr on retrouve les
cambrures foufounesques de belles américaines
entre désert et lofts chics à mille miles de la
Camargue, la nature sublimée par l’œil sensuel et
sexué anthropomorphe, les reflets miroitants des
gratte-ciels, des portraits de proches et de
rencontres illustres. Moins connus et plus rarement
exposés, les polaroids, technologie US que Clergue
expérimente fin des années 70, explorent au-delà du
nu féminin (Trio de femmes) une autre vision via de
petits et grands formats imposés, cadrages serrés,
plasticité du support, images composites à la
Hockney, mais aussi par la captation de sujets du
quotidien comme la télévision (autre symbole nordaméricain) dont l’écran est en panne, comme un
écho aux signes vernaculaires urbains et routiers
(Enigme de la Route d’El Paso) dans la tradition
moderne états-unienne.
Le catalogue rend compte dans le détail par divers
témoignages de ce regard devenu quasi intemporel,
mais cette rétrospective est malheureusement
plombée par des conditions d’accrochage et
d’éclairage indignes pour les œuvres, l’artiste, pour
la photographie à Arles. À quand un vrai lieu
d’exposition permanent ?
C.L.
Clergue in America 1961-2010
jusqu’au 1er mai
Palais de l’Archevêché, Arles
www.arles.fr/clergue
© Lucien Clergue, Enigme de la route d'El Paso, composite polaroïd, 1983
Photographic movie
Folies légères
Ellipses
Au Pavillon de Vendôme les installations d’Isa Barbier se
plaisent à jouer avec l’histoire sentimentale des lieux et
leurs illustres propriétaires
Amaury da Cunha installe ses images visuelles et sonores
à la galerie Voies Off
Construit en 1665 pour
abriter les amours clandestines de Lucrèce
Forbin-Solliès et Louis
de Mercoeur duc de Vendôme, le pavillon et son
programme décoratif dialoguent avec plumes et
miroirs, dessins et installations d’Isa Barbier.
Folies et sentiments reflétés jusque dans le
bassin.
On raconte que, pour les
nécessités d’anonymat,
les carrosses entraient
directement à l’intérieur
de l’hôtel. En référence à
cette discrétion, dans
chacun des salons de
part et d’autre de l’entrée, Isa Barbier a
déposé Aller-retour (porIsa Barbier, Fantôme de Lucrèce, installation pour Les Atomes
trait peint des amants,
de Lucrèce (variations fuguées), Pavillon de vendôme, Aix, 2011
© Jean Bernard
miroirs du Rajasthan
assemblés tels des parures en fer à cheval). L’allusion est peu évidente mais
confère intimité et luxe. Avec Les Chevelures de Bérénice suspendues dans le
hall on passe à côté de la sensualité féminine, et c’est à l’étage que le Fantôme
de Lucrèce et Le Lit nous mènent vers cette douce folie. Nous retrouvons la
materia prima chère à l’artiste : le duvet. Sa fluidité est offerte au regard et à la
lumière, et surtout l’air, qui enveloppe, ciment impalpable dont les frémissements se glissent comme un parfum subtil dans ces chambres luxueuses. Chez
Fontana l’entaille/vide est viol de la toile, chez Barbier le vide/air est
consubstantiel à l’invite sensuelle. Les duvets suspendus en robe légère et lit
immaculés disent la virginité, mais aussi les toisons humaines à leurs premiers
frémissements. Ne manquent que les parfums. C.L.
Les atomes de Lucrèce [variations fuguées]
Isa Barbier
jusqu’au 6 juin
Pavillon de Vendôme, Aix
04 42 91 88 75
Nominés pour le prix Voies Off en 2009,
les clichés d’Amaury da Cunha ne
tentent pas de raconter des histoires.
Celles-ci existent pour partie en chacune d’elles. Comme en attente. Ses
photographies se présentent comme
simples points d’accroche sans trame
commune apparente. Un chien retrousse ses babines, une femme face à une
falaise sombre, un couple en conversation sous une lampe, une automobile
maculée… Le récit, si on souhaite qu’il
en existe un, s’invente dans l’espace
physique et mental qui les sépare et
réunit, dans le hors-cadre comme dans
le hors-champ pour se développer dans
des affabulations individuelles. La syntaxe parcellaire travaille par ellipses, à
partir d’images sans bruit (au sens de
la théorie de la communication) ni bavardages (les cadrages serrés en disent
peu, pas de cartel informatif) accom-
pagnées de la voix off de l’artiste
diffusée par une bande son conçue
spécialement pour le projet arlésien.
D’où l’importance accordée par le
photographe Christophe Laloi dans
l’agencement des clichés. Les combinaisons sont nombreuses. On cherche
à reconnecter les bribes sonores qui
font sens avec les images matérielles.
On recolle des morceaux de réalités
sans sujet explicite en paradigmes
narratifs incertains. Après tout, on se
raconte en d’autres circonstances
autrement bien des histoires.
CLAUDE LORIN
Amaury da Cunha, Après tout
jusqu’au 10 juin
Galerie Voies Off, Arles
04 90 96 93 82
www.voies-off.com
© Amaury da Cunha
56
ARTS VISUELS
AU PROGRAMME
2011/14 et plus
La troisième édition des Arts éphémères multiplie les passerelles
notamment avec l’École d’Art de Toulon et le Ballet National de Marseille
pour une performance dansée. Axe majeur du festival, la rencontre entre
artistes reconnus et amateurs des Ateliers publics de l’École des
Beaux-arts de Marseille. Parmi les plasticiens retenus par Thierry Ollat,
R. Bragard, Destieu &Wood, Y. Gat, G. Gattier, C. Jaccard, V. Klötz, C. Melin,
A. Molinero, S. Nava, J-F. Roux, E. Samakh, P. Simonet, Stauth & Queyrel,
S. Strassmann, plusieurs ont conçu une création pour l’évènement.
C.L.
Festival des Arts Ephémères
du 19 au 29 mai
Maison Blanche, Marseille
04 91 14 63 50
www.marseille9-10.fr
Boucle usee © Claire Colin-Collin
Paul Destieu & Colson Wood, Planche d'étude pour Subprime,
encre et transfert sur papier, 2011 © Paul Destieu & Colson Wood
Allégories du monde
En 2005 le Prix de peinture Jean-Michel Mourlot avait jeté la lumière sur l’œuvre, discrète,
de Claire Colin-Collin, peintures-traces d’une nature sensuelle, échos colorés des bruissements du
monde. Place aujourd’hui à de nouvelles traces de son passage, quelques Instants fossiles
et souvent fragiles… Pour ceux qui le souhaitent, une rencontre avec l’artiste et les auteurs Ludovic
Iacovo et Christophe Cadu-Narquet est organisée le 23 avril de 11h à 13h.
M.G.-G.
Instants fossiles
Claire Colin-Collin
jusqu’au 29 mai
Maison des arts, Carcès
04 94 04 39 36
www.lamaisondesarts-carces.org
À la table !
À l’Espace Saint-Nazaire comme à la galerie L’Art à la bouche, les artistes invités par Artistic
promotion exposent leurs travaux et transmettent leurs savoir-faire : ateliers sculpture sur terre
avec Nicole Dubois (le 18 avril), linogravure avec Emmanuel Rastouil (16 et 17), peinture de groupe
avec Nicolas Trufaut (19 et 20), «à partir d’une tâche» avec Gaëlle Villedary
(22 et 23). Au total 11 artistes participent à cette vaste opération de découverte et de partage.
M.G.-G.
L’Art et le savoir-faire
jusqu’au 24 avril
L’Art à la bouche et Espace Saint Nazaire, Sanary
04 94 74 01 04
www.sanarysurmer.com
Terre moyenne © Gaelle Villedary
Prends garde !
À l’heure où certains tentent de mettre le holà sur les olés, Arles affirme sa culture taurine. La
tauromachie serait-elle donc un art ? Elle est assurément un vibrant sujet d’inspiration pour les 150
artistes de différents pays réunis sous la protection de la chapelle Sainte Anne et la figure
emblématique du Toreador. D’Arroyo, Combas, Le Gac, à Texier, Clergue, Houssin ou Wohlfahrt. Un
important catalogue accompagne l’exposition qui sera accueillie à Madrid et Séville.
C.L.
Toreador
jusqu’au 25 avril
Chapelle Sainte Anne, Arles
04 90 49 38 32
www.arles-agenda.fr
Deesse d’Ife,
avant 1910,
Pret au Musee d’Ife.
Technique mixte,
Marseille, 2005.
© Sophie Testa
ARTS VISUELS
57
Cocotropique
La jeune artiste marseillaise Caroline Le Méhauté fait son Solo Show
à la galerie du Château de Servières qui l’accompagne dans son nouveau
projet. Elle lui réserve donc un florilège d’œuvres inédites : dessins,
sculptures et installations, frottées à la poétique de la nature
et aux variations de lumière. Des pièces qui interrogent leur rapport
à l’espace, en jouent, dialoguent avec lui,
même si les matériaux semblent fragiles…
M.G.-G.
Cocotrope
Caroline Le Méhauté
du 12 mai au 23 juillet
Galerie du Château de Servières, Marseille
04 91 85 42 78
Isabel Echarri, La muerte de Ignacio Sanchez Mejias,
www.chateaudeservieres.org
livre d'artiste © C.Lorin/Zibeline
Syncrétisme
Vue d'ensemble Atelier © Caroline Le Méhauté
Qu’autorise la rencontre de la tradition des masques africains ou océaniens et les formes du dessin
contemporain ? Depuis 2004 Sophie Testa construit une sorte de panthéon où se nouent
représentations magiques et art contemporain, l’anthropologie et les Arts Premiers. Plus de deux
cents icônes ont été réalisées depuis. Ouvrage à paraître en octobre, avec le regard de
l’anthropologue Monique Jeudy-Ballini.
C.L.
La mer des masques
Sophie Testa
du 7 au 31 mai
La Poissonnerie, Marseille
06 13 14 68 35
http://lapoissonnerie.free.fr
Andres Serrano, Immersions (Piss Christ), 1987,
cibachrome © Collection Lambert
Miraculeux
Regard vissé dans le rétroviseur, la Collection Lambert réunit les artistes emblématiques de ses 10 années en
Avignon. Ceux qui se sont glissés dans ses expositions-phares comme Collections d’artistes en 2001, À Fripon,
fripon et demi, J’embrasse pas en 2007/2008…, et les «stars» Roni Horn, Cy Twombly ou Miquel Barceló cet été…
Je crois aux miracles est une exposition sur l’art contemporain en forme de portrait en pointillés d’Yvon Lambert,
ses coups de cœur et ses coups de maître.
M.G.-G.
Je crois aux miracles
jusqu’au 8 mai
Collection Lambert, Avignon
04 90 16 56 20
www.collectionlambert.com
Chronique
des necessites fluctuantes n°95,
2010,
acrylique et collages
© Roger Abate
Le talisman et la disgrâce
De confrontation, il en est question dans l’œuvre de Roger Abate, «entre un alphabet imaginaire
et la représentation la plus élémentaire de la silhouette humaine» ; de même dans son face à face
avec Alain Crocq, ses Gueules cassées à la difformité muette et aux cicatrices ouvertes.
Rien d’aléatoire ici, et la galerie du Lézard l’a bien compris qui rend leur promiscuité évidente
malgré leurs vocabulaires plastiques différenciés.
M.G.-G.
© Alain Crocq
Roger Abate et Alain Crocq
du 10 mai au 4 juin
Galerie du Lézard, Aix
06 12 23 35 03
www.galeriedulezard.blogspot.com
58
CINÉMA
OUEST PROVENCE | RENDEZ-VOUS D’ANNIE
Cinématogénies
Winnipeg mon amour de Guy Maddin
La plateforme POPARTs mobilise le territoire
d’Ouest Provence pour une programmation tous
azimuts sur les rapports cinéma et art contemporain. Images Tranversales s’offre un casting VIP
La rétrospective Pupi Avati continue à l’Institut
Culturel Italien : le 19 avril à 18h, Il figlio più piccolo avec Laura Morante, Luca Zingarelli…
Luciano Baietti, homme d’affaires immoral, vit
loin de sa famille dans une luxueuse villa de
campagne. Le souvenir de son fils ne lui revient
que lorsqu’il se retrouve au bord de la faillite
économique et judiciaire et que son fidèle
conseiller lui recommande de l’utiliser comme
prête-nom…
Institut Culturel Italien, Marseille
04 91 48 51 94
www.iicmarsiglia.esteri.it
avec les œuvres (entre autres) de Cindy Sherman,
Duane Michals, Christian Boltanski, John Baldessari, Philippe Parreno, Pierre Huygue ou encore
Virginie Barré, Olivier Rebufa ; les installations
vidéo de Flavie Pinatel, Claude Closky, JeanPatrick Pelletier.
Et pour tout comprendre, table ronde au Théâtre
de l’Olivier à Istres le 6 mai à 20h30 avec Paul
Ardenne, François Lejault, Lucia Monteiro,
Emmanuel Verges et Thierry Froger, artiste en
résidence. Le vernissage de l’expo Je me fais mon
cinéma que vous pourrez voir jusqu’au 13 juillet
au Centre d’Art Contemporain intercommunal
d’Istres aura lieu le 6 mai à 18h.
Des projections aussi, avec 5 longs métrages
précédés de courts : ouverture de la Semaine
cinématographique à 20h, le 3 mai, avec l’Homme
de Londres de Bela Tarr à l’Odyssée à Fos-surMer ; Winnipeg mon amour de Guy Maddin au
Comœdia à Miramas le 4; Faites le mur de Banksy,
à l’Espace Robert Hossein à Grans le 5 ; Mulholland drive de David Lynch, au Coluche à Istres 9
mai et le lendemain, à 18h30, Une femme
disparaît d’Alfred Hitchcock, à l’Espace Gérard
Philipe à Port-Saint-Louis-du-Rhône.
Les Mardis de la Cinémathèque proposent, le 26
avril à 19 h au CRDP, les «primitifs» du cinéma en
concert : les Frères Lumière, Alice Guy, Méliès…
Les images sont accompagnées au piano par
Laurent Olieu.
Le 5 mai à 20h30, à l’Alhambra, projection du
documentaire Les Yeux fermés, produit par Lieux
Fictifs, en présence d’un des réalisateurs, Clément
Dorival : à l’approche de Noël, Reykjavík est plongée dans une nuit profonde. Les habitants illuminent
alors la ville. Dans ce climat étrange et poétique,
trois êtres vont croiser leur existence par l’intermédiaire de deux défunts…
CRDP, Marseille
04 91 50 64 48
www.crdp-aix-marseille.fr
Du 27 avril au 10 mai, l’Institut de l’Image propose de faire un petit tour d’horizon de l’œuvre des
frères Coen, un parcours dans les différents genres cinématographiques qu’ils ont revisités, film
noir, western, comédie… L’occasion de (re)voir
Sang pour sang, Barton Fink, Fargo, The Big
Lebowski, The Barber, No Country for Old Men, A
Serious Man et True Grit.
Institut de l’Image, Aix
04 42 26 81 82
www.institut-image.org
Il figlio piu piccolo de Pupi Avati
L’Institut Culturel Italien et Le Polygone Etoilé
présentent, le 26 avril à 15h30, quatre films issus
des rencontres franco-italiennes : Alpini de Jean
François Neplaz autour de l’écrivain Mario Rigoni
Stern (cf Zib 33) suivi de Calle della Pietà de Mario
Brenta et Karine de Villers, une chronique sur la
dernière journée de la vie du Titien (cf Zib 36).
À 17h50, Acchiana d’Emanuele Schiavoni, né
d’une recherche anthropologique sur le travail
des pêcheurs siciliens de Marettimo, une petite
île de l’archipel des Egadi. À 19h10, 42 Storie da
un edificio mondo de Francesca Cogni et Donatello Mattia sur la vie et les intrigues dans un
immeuble à Milan.
Institut Culturel Italien, Marseille
04 91 48 51 94
www.iicmarsiglia.esteri.it
Le 28 avril à 20h au cinéma Variétés, à l’occasion
de la sortie du DVD, Vidéomappings : Aîda.Palestine
de Till Roeskens, projection de Plan de situation :
Joliette, Grand prix de la compétition française au
FID 2009, précédé d’un apéritif et d’une
présentation des éditeurs, Batoutos et Lowave.
Cinéma Variétés, Marseille
09 75 83 53 19
L’Institut Culturel Italien présente une rétrospective sur les divas italiennes des années 50 et
60 : on commence le 3 mai à 18h avec Silvana
Pampanini dans Il matrimonio d’Antonio Petrucci. Le jeune Ivan se laisse influencer par le misogyne
Smirnov et se dispute avec sa petite amie qu’il est
sur le point de demander en mariage…
Institut Culturel Italien, Marseille
04 91 48 51 94
www.iicmarsiglia.esteri.it
CLAUDE LORIN ET ANNIE GAVA
Images transversales
1re rencontre de l’art contemporain et du cinéma
Ouest Provence, Istres
Du 3 mai au 13 juillet
04 42 55 17 10
www.ouestprovence.fr
www.scenesetcines.fr
Alhambra Cinémarseille
04 91 03 84 66
www.alhambracine.com
Le 7 mai à 18h30, l’association Les Mains Unies
propose à l’Alhambra un Ciné-Repas-Spectacle :
un programme de courts métrages, suivi d’un
repas et du spectacle La Révolution des Chibanis :
Marseille, 1958, un bateau arrive d’Algérie, le jeune
Bouchiche et son ami Farhat débarquent à Marseille... Ils sont pleins d’espoir dans l’avenir : à eux
la liberté, la démocratie, l’argent et le bonheur !
Alhambra Cinémarseille
Réservation obligatoire : 04 91 46 02 83
www.alhambracine.com
Le 11 mai à 20h au cinéma Variétés, carte blanche à Alexandre Bergamini à l’occasion de la
sortie de son roman Sang damné. Projection
d’ABC Africa d’Abbas Kiarostami : en avril 2000,
en Ouganda, le réalisateur iranien et son assistant
arrivent à Kampala ; ils découvrent de nombreux
enfants ayant perdu leurs parents à cause du
Sida. Ils filment une Afrique joyeuse malgré la
souffrance et la maladie.
Cinéma Variétés, Marseille
09 75 83 53 19
ABC Africa d'Abbas Kiarostami
ALHAMBRA | REFLETS | ROUSSET
CINÉMA
59
Un cinéaste de la mélancolie
Quelle excellente idée a eue l’Alhambra Cinémarseille de
proposer un focus sur Reha Erdem !
Des cinéastes turcs, on connaît surtout
Nuri Bilge Ceylan ou Fatih Akin, et
non ce cinéaste stambouliote, qui filme la vie à hauteur d’enfant. Que ce
soit dans Des Temps et des vents, celle
de trois adolescents d’un petit village
coincé entre montagne et mer, vivant
au rythme des saisons, ou celle de
Hayat, sur les rives du Bosphore à Istanbul, solitaire et mal aimée dans My
Only Sunshine, ce sont des enfances
meurtries et un dur passage à l’âge
adulte que met en scène magnifiquement Reha Erdem. Le temps semble
s’écouler lentement, avec son lot de
drames pour chacun des protagonistes
Des temps et des vents : le fils de
l’imam, Ömer, souhaite la mort de son
père qui le rejette et cherche des scor-
pions ; Yakup, dont le père a peur de son
propre père, est désespérément amoureux de l’institutrice ; Yıldız est
partagée entre l’école et les travaux
que sa mère lui impose. Les pères
sont durs, de génération en génération, et cela sans fin ; heureusement,
le film, divisé en cinq parties, chacune
débutant par un appel à la prière, commence par la nuit, et le dernier segment
est le matin, comme un signe d’espoir.
Et de l’espoir il y en a aussi pour la
courageuse Hayat, superbement interprétée par la jeune Elit Íşcan (qui
jouait Yıldız dans le film précédent) qui
supporte stoïquement un père alcoolique
et trafiquant, un grand-père malade et
acariâtre, les moqueries à l’école et
bien d’autres choses. Elle saura conqué-
My only sunshine de Reha Erdem
rir sa liberté.
La monotonie de ces vies est filmée
comme de longs poèmes lyriques, visuels et sonores, superbes et cruels,
d’où se dégage une noire et amère
mélancolie. A. G.
Ce focus s’est déroulé au cœur
d’Istanbul à facettes organisé avec
Radio Grenouille du 6 au 12 avril
Homoparentalité
Du 4 au 8 mai aura lieu la 9e édition du Festival
REFLETS, des films d’aujourd’hui pour penser
demain, organisée par l’association MPPM qui propose une quinzaine de films comme autant de
«voyages permettant de traverser une pluralité de
The kids are all right de Lisa Cholodenko
mondes et de façons d’aborder l’existence.» Des
films qui abordent les questions de tolérance, d’éducation, de sexualité, de discrimination, avec cette
année la thématique Ils étaient une fois… qui évoque
les couples lesbiens et gays, et leurs enfants. Ainsi,
on pourra voir au cinéma Variétés à Marseille, en
ouverture de la manifestation le 4 mai, un film de
Lisa Cholodenko, Tout va bien, the kids are all right,
nominé aux Oscars : deux femmes qui vivent ensemble, et ont créé un foyer doux et rassurant, voient
arriver le géniteur des deux enfants… Les Joies de la
famille d’Ella Lemhagen aborde aussi le même
thème.
Des films de fiction venus de neuf pays qui parlent
aussi d’enfance, d’adolescence et de découverte de
soi, comme Le dernier été de la Boyita de Julia Solomonoff, Le secret d’Antonio de Joselito Altarejos et
Summer Storm de Marco Kreuzpaintner.
Des documentaires aussi : 108 – Cuchillo de palo de
Renate Costa sur la persécution des homosexuels
au Paraguay pendant la dictature militaire d’Alfredo
Stroessner. Et Too much Pussy ! Feminist Sluts in
the QueerXShow, un road movie d’Emilie Jouvet sur
les folles aventures de 7 jeunes artistes performeuses
réunies le temps d’une tournée épique, qui ont traversé l’Europe en van pendant l’été 2009.
Sans oublier que REFLETS ce sont aussi des rencontres avec des réalisateurs, des soirées musicales
animées par des Djs, une exposition d’arts visuels
et pour se mettre en appétit, une «mise en bouche»
le jeudi 28 avril au restaurant les Grandes Tables de
la Friche avec un diner-ciné, À la Carte de Nacho
Garcia Velilla.
ANNIE GAVA
Association MPPM
04 91 64 75 87
www.festival-reflets.org
De la danse avant toute chose
phique… L’occasion de (re)voir Le bal d’Ettore Scola ;
Rumba de Fiona Gordon, Dominique Abel et Bruno
Romy ; All that jazz de Bob Fosse ; Carmen de Carlos
Saura ; West Side Story de Robert Wise ; Pas à Pas
de Blanca Li ainsi que ses courts métrages, Home
fitness et Angoisse.
On retrouvera avec plaisir Le petit bal perdu de
Philippe Découflé, La Lampe de Joëlle Bouvier et
Régis Obaldia, les répétitions d’Eldorado de Preljocaj et son dialogue avec Karlheinz Stockhausen,
filmés par Olivier Assayas.
Quant au peintre catalan Xavier Moréno, il explore
avec son pinceau le mouvement, la lumière et le corps
et vous pourrez le rencontrer à la médiathèque de
Rousset le 26 avril à 18h.
Carmen de Carlos Saura
Du 28 avril au 1er mai aura lieu, à la salle Emilien
Ventre de Rousset, la 9e édition du festival Provence,
Terre de Cinéma : 13 longs métrages dont 3 documentaires, 8 courts métrages en compétition et des
courts autour de la danse.
Le 28 et 29 avril, après le Kurdistan en 2010, c’est au
tour du Mexique : des films de «l’âge d’or des années
1930-50» et du «renouveau» des années 1990 à aujourd’hui. En ouverture, Espiral en présence du
réalisateur, Jorge Perez Solano et de l’acteur, Harold
Torres, suivi d’un concert. Le 29, Maria Cantalaria
d’Emilio Fernandez, Palme d’Or en 1946 et Amores
perros d’Alejandro Gonzalez Inarritu. La soirée
sera consacrée à la compétition de 8 courts métrages tournés en Provence, en présence des réalisateurs
et équipes de films.
Le week-end sera consacrés aux amours des «Cinéastes et Chorégraphes» : comment filmer la danse,
le corps, comment le cinéma devient-il chorégra-
ANNIE GAVA
Provence, Terre de Cinéma
Du 28 avril au 1er mai
Salle Emilien Ventre, Rousset
Exposition de Xavier Moreno
Jusqu’au 28 mai
Médiathèque de Rousset
04 42 53 36 39
www.filmsdelta.com
60
CINÉMA
ASPAS | AUBAGNE
Viva la vida !
«Dis-lui de ne pas me tuer», les 13e
Rencontres du cinéma sud américain se sont ouvertes sur cette prière
extraite d’un texte de Juan Rulfo. De
mort, il fut souvent question dans
ces films venus de toute l’Amérique
Latine entre Enfer et Paradis. L’enfer
des bidonvilles vénézuéliens que les
deux frères d’Hermano de Marcel
Rasquin cherchent à fuir par le foot,
celui de Luis Estrada dans El infierno, satire kitch et sanguinolante du
système politique mexicain gangréné
à tous les niveaux par de grandguiEva y Lola de Sabrina Farji © Zoelle Producciones
gnolesques narcotrafiquants.
Le Mexique fut pourtant pour des
milliers de réfugiés pourchassés par
Franco, Hitler ou les sbires de Vichy,
un Visa al paraíso offert par Gilberto
Bosquès, consul de 39 à 42 à Paris
puis à Marseille. Films, photos d’archives, interviews, témoignages, Lilian
Liberman reconstitue étape après
étape l’action héroïque de cet homme d’exception ainsi que le destin de
ceux qu’il a sauvés, tirant d’une
mémoire à vif la force tenace des
émotions.
À travers les docs argentins Milagro
en Jujuy de Pereira retraçant l’expérience d’une organisation sociale
participative réussie ou El ambulante
de La Serna, Marcheggiano et Yurcovitch, portrait d’un vieil enfant
septuagénaire qui crée du cinéma et
de la cohésion sociale avec trois pesos,
deux bouts de ficelle et une passion
communicative, la programmation
d’ASPAS s’est fait l’écho d’une culture métissée, douée pour l’humour,
l’imagination et les gestes concrets
qui réinventent le quotidien de sociétés en mutation. Dans le crépuscule
de la dictature cubaine, Estéban
l’exilé homosexuel de Casa viejo
fléchit l’intransigeance de son frère,
petit cadre du Parti. Eva y Lola de
Sabrina Farji s’ouvre avec un train
électrique qui a déraillé sur une
table de salon et s’achève sur le quai
d’une gare par les retrouvailles ensoleillées d’une grand-mère et de sa
petite fille élevée par le tortionnaire
de ses parents. Les corps sensuels
des jeunes Eva et Lola aux destins
parallèles évinçant sur l’écran celui
décharné du général menotté à son
lit d’hôpital, s’affirment dès lors
comme l’allégorie d’un printemps
qui a toujours raison.
ÉLISE PADOVANI
Voir le Palmarès sur le site
de l’Aspas
www.aspas-marseille.org
Le Cinéma fait sa musique
Au Festival International du Film
d’Aubagne, on regarde et surtout
on écoute les films !
À cet égard, la soirée de clôture est emblématique : un ciné-concert, donné par les dix jeunes
compositeurs musiciens de la master class dirigée par Charles Papasoff qui ont «enchanté» trois
courts métrages dont Charlie rate son mariage
de Léo Mac Carey et Doggone Tired de Tex Avery.
Tout au long de la semaine, du 21 au 26 mars, le
public, composé d’une majorité de jeunes et
d’étudiants du SATIS -dont le directeur, Jacques
Sapiéga, est le président du FIFA-, a pu rencontrer réalisateurs -parmi lesquels Gérard Corbiau-,
compositeurs, directeurs d’écoles de cinéma, participer à des concerts et surtout faire de superbes
voyages. En Suède, lors de la soirée d’ouverture,
avec le réjouissant Sound of noise d’Ola Simonsson
et Johannes Stjärne Nilsson (Zib’ 31) ; en Bulgarie en compagnie de trois amis d’enfance, un peu
loosers, sur les traces de Katia et, sans doute, de
leur jeunesse perdue dans Emergency Landing
de Kristina Grozeva et Petar Valchanov. À travers
l’Allemagne, en compagnie du mystérieux Julian,
un peu illuminé -magistralement interprété par
Robert Stadlober-, qui marche sans trêve, sûr
que l’énergie positive qu’il émet sauvera le père
cardiaque de son meilleur ami ; ceux qu’il rencontre
le suivent, remettant en question leur vie quoti-
dienne, pour, peut-être, mieux la vivre après…
Le jury a été sensible à la force dégagée par les
héros de Nick Baker-Montey et la musique de
Fabian Römer puisque The Man who jumped cars
a obtenu, à juste titre, le Grand Prix de la meilleure musique originale et le Prix du meilleur film.
Parmi toutes les initiatives intéressantes, on
retiendra le projet Je me souviens… de la Méditerranée, une collection de courts métrages inspirés
de Georges Pérec ; des récits de vie de trois
minutes dont dix ont été projetés, réalisés par des
étudiants du SATIS d’Aubagne et de L’ALBA de
Beyrouth auxquels se joindront, plus tard, ceux
d’écoles d’Istanbul et de Gênes.
ANNIE GAVA
The Man who jumped cars de Nick Baker-Montey
OUEST PCE | LATCHO DIVANO | INSTITUT DE L’IMAGE
CINÉMA
61
Toujours l’amour…
Le Comœdia à Miramas est l’une des cinq salles
Scènes et cinés qui proposait du 1er au 8 avril
un Panorama du cinéma espagnol
Le 5 avril, une soirée comédie : deux
premiers longs métrages avec la même
actrice principale, Lola Dueñas, superbe dans les deux rôles, et le parti
pris de la légèreté et de l’humour pour
traiter de sujets sérieux ou graves. Les
deux parlent au fond de la même chose, de l’amour et du sexe. Le premier,
Yo tambien d’Alvaro Pastor et Antonio
Naharro, met en scène la relation qui
s’établit entre Daniel Sanz, un «trisomique des pieds à la tête» interprété
par Pablo Pineda -le premier trisomique à avoir obtenu un diplôme
d’enseignement supérieur-, et Laura,
une belle jeune femme «qui a couché
avec une multitude d’hommes mais n’a
jamais fait l’amour». On en apprendra
la raison à la fin du film… Beaucoup
d’humour, d’humanité et d’émotion
dans ce film généreux qui nous amène à regarder différemment ces gens
qu’on dit «anormaux».
Le deuxième, A la carte de Nacho García Velilla, gros succès en Espagne,
est un sympathique vaudeville dans un
milieu anticonformiste où tout le
monde recherche l’amour, dans lequel se succèdent quiproquos et gags,
parfois un peu attendus. Les acteurs
principaux -Javier Cámara, l’infirmier
de Parle avec elle d’Almodovar, Lola
Dueñas, qui a aussi tourné avec lui
dans Volver et Etreintes brisées- ainsi
Yo tambien d’Alvaro Pastor et Antonio Naharro
que le rythme alerte permettent au
public d’oublier la mise en scène qui
manque un peu d’originalité.
Une soirée fort sympathique agrémentée de tapas !
ANNIE GAVA
Espoirs tziganes
C’est par un DJ set Balkan Beats au Bicok que se clôturait ce 9 avril la 4e édition du Festival des cultures tziganes
à Marseille. Un exemple de la multiplicité artistique de la culture Rom que Latcho Divano a entrepris de présenter
durant deux semaines à travers concerts, expositions, lectures, conférences et projections
Nicolas Martin, responsable de la sélection de films projetés le 29 mars et
le 5 avrilaux Variétés, abordait justement
l’impossibilité d’une représentation
plénière de cette culture en seulement
deux séances. Et comment ne pas
s’en réjouir d’ailleurs tant ces trois long
métrages et deux courts offraient déjà
une diversité de contextes et de propos.
Dallas Pashamende, film hongro-roumain de 2005, prenait d’office le
spectateur à contre-pied par son
traitement fictionnel aux allures de
tragédie shakespearienne. Dans un
bidonville planté comme une mau-
vaise herbe au cœur d’une décharge
à ciel ouvert, Robert Adrian Pejo, un
peu à la manière de ses personnages,
cherche au milieu des ordures quelque
beauté laissée à l’abandon. Il trouve
une communauté broyée sous le poids
de la fatalité qui ne renonce pourtant
pas à rêver d’amour et d’éducation
pour ses enfants.
Si l’on devait percevoir une unité avec
les autres films projetés, elle est sans
aucun doute là, dans cette considération de la condition de l’enfant. Dans
Pavee Lackeen, la fille du voyage,
Perry Ogden dépeint le quotidien de
Pavee Lackeen, la fille du voyage de Perry Ogden
l’une de ces enfants, Winnie, issue de
la communauté des Irish Travellers.
Proche du cinéma de Ken Loach, la
réalisatrice irlandaise opte pour le
docu-fiction, des acteurs non-profes-
sionnels et un réalisme aride. Le ton
se veut plus léger dans le documentaire
autobiographique Moi, ma famille Rom
et Woody Allen de la réalisatrice Laura
Halilovic qui signe un joli et intime
portrait familial, où ses inquiétudes,
fondées, ne prennent jamais le pas sur
ses espoirs et ses ambitions.
Cette ténacité des artistes à incarner
cette culture en questionnant de son
avenir, et aussi celle des organisateurs,
a contribué à une 4e édition à la fois
engagée, informative et festive. Un
tour de force.
RÉMY GALVAIN
Ossang au singulier
À l’occasion de la sortie de son nouveau film
Dharma Guns, l’Institut de l’Image d’Aix-enProvence offrait du 6 au 12 avril, en partenariat avec
les rencontres du 9e Art, une tribune à
l’inclassable réalisateur français F.-J.
Ossang.
Aux antipodes de la production
nationale actuelle, Ossang prouve une
fois de plus avec ce 4e long-métrage
la radicalité et la singularité de son
œuvre. Affranchi des codes narratifs
classiques, il développe dans Dharma
Guns un univers obscur, d’un noir et
blanc crépusculaire qui renvoie à
l’enfance du cinéma, des images
qu’on imagine aisément tout droit
sorties
de
l’expressionnisme
allemand des années 30, de films de
Griffith ou du travail photographique
de Chris Marker.
étrangement, presque attirés les uns aux autres.
Les corps des comédiens se mêlent aux décors, la
musique punk du groupe MKB (dont Ossang fait
partie) structure le récit par
Dharma guns de F.-J. Ossang
insinuation, le montage dissémine
des écrans titres chargés de sens, de
non-sens, les repères s’estompent.
L’œuvre de Ossang se vit comme un
poème, tous sens dehors, la
perception comme seul outil de
compréhension.
Potentiellement désorienté d’être
ainsi tiré hors des chemins balisés de
l’institution cinématographique, le
spectateur n’a plus qu’à se
raccrocher à l’onirisme de cet artiste
total. «Le cinéma, c’est le réel qui
rêve du réel» disait F.J Ossang lors de
la projection du 8 avril.
Mais le travail de Ossang n’est pas un travail de
référence. Tout chez lui est neuf et vivant, du cinéma
en dehors du monde dont les éléments s’imbriquent
RÉMY GALVAIN
62
CINÉMA
FILMS | FORCE MAJEURE
Marcel et Daniel
Marcel Pagnol, Daniel Auteuil, une
affiche aux tons chauds -hommage
au château d’Yves Robert, qui fleure
fort le folklore d’une Provence fantasmée, cyprès, platanes et oliviers
compris... Le remake de La fille du
puisatier s’annonçait comme une
gageure folle et vaine. Pourquoi ressortir des placards un film de 1940 ?
Et que pouvait encore nous offrir le
monde pagnolesque avec ces filles
déshonorées pour un moment
d’égarement, un bâtard dans le ventre, ces bourrus au grand cœur
incarnés à jamais par Raimu, soumis à un code d’honneur archaïque,
ces Amoretti, italo-provençaux têtus,
orgueilleux de leur humilité ? On
pressentait, déjà indignés, un coup
commercial, la nostalgie du terroir
en vente au kilo dans le cinéma
français. C’était sans compter sur la
sincérité du néoréalisateur avignonnais à qui la famille Pagnol, en amitié
avec lui depuis Jean de Florette, a
confié le projet. Devant et derrière la
caméra, Auteuil appréhende la
«cinématurgie» de Pagnol comme
un acteur : priorité aux personnages
cadrés serrés, casting cohérent où
Kad Merad succédant à Fernandel
dans le rôle de Félipe se distingue
par un jeu retenu et sensible. Les
scènes dominent. Il s’agit d’y faire
entendre un dialogue brillant, une
sagesse populaire en tirades et sentences savoureuses, de s’approprier
un classique aux types humains
universels en résonance avec les
souvenirs personnels du réalisateur.
Le film est fluide, lyrique, un tantinet
académique. Les Alpilles frisson-
© A.G
nent de vent et de lumière. Le mélodrame, nourri de rebondissements
invraisemblables et de bons sentiments, peut mettre en bouche le
sarcasme… Il peut tout aussi bien,
pour le plaisir, mettre les larmes
aux yeux.
ÉLISE PADOVANI
Les Rencontres du cinéma amérindien ont
entraîné le public marseillais dans une
Amérique indienne volée à des peuples qui
cherchent à y survivre. Grandes plaines du sud
Dakota, - 11°C + 30°C. Les Lakotas, pauvres,
édentés, confrontés aux problèmes de drogue
et d’alcool, visages sculptés comme ceux des
présidents larrons du mont Rushmore, se
fédèrent autour d’une station radio archaïque
plantée au milieu de la réserve de Pine Bridge.
Radio KILI devient le lieu où convergent les
personnages de No more smoke signals,
documentaire drôle, émouvant signé par
Fanny Brauning : le militant de l’AIM John
Trudell, l’activiste Leonard Peltier incarcéré
depuis 30 ans, le dj Derrick ou Roxanne Two
Bulls à la dignité retrouvée. Au présent bricolé,
au quotidien d’un cheval perdu, d’un vote au
conseil, d’un menu de restaurant, se
superposent les images d’archives des
révoltes de 70-75 et la chevauchée fantastique
commémorant tous les ans le massacre des
Indiens en 1890 à Wounded Knee. On
comprend pourquoi ces citoyens «américains»
humiliés se sentent étrangers au deuil du 11
septembre et aux feux d’artifice patriotiques de
l’Independant Day. Un signal fort.
E.P.
Avis de naissance
force majeure
© A.G
En octobre 2010 est née à Marseille
une société de production : Films de
Force Majeure, créée par quatre
jeunes gens originaires de la région,
Jean-Laurent Csinidis, Marie Tappero, Jérôme Nunes et Elise Tamisier
qui, ayant travaillé plusieurs années
dans le cinéma et la photographie à
l’étranger, ont eu envie de s’associer
et de s’installer à Marseille.
Leur ligne éditoriale est claire : il s’agit
de faire éclore des films d’auteur,
No more smoke signals de Fanny Brauning
Un signal dans la plaine
fictions, documentaires, expérimentaux, longs et courts, qui sont
actuellement à l’extérieur du marché, de favoriser l’ouverture à
d’autres formes artistiques comme
la photo, et de protéger les auteurs
en les accompagnant jusqu’au bout
de leurs projets.
Leurs expériences de travail en
Autriche, au Luxembourg, en Belgique leur permettent de mettre en
place des coproductions internationales. Après un premier court
métrage, Sans sommeil d’Elise Tamisier, ils vont produire Ohne Titel
d’Alexander Schellow, rencontre à
Berlin avec une femme de 96 ans, et
MappaMundi de Bady Minck, ou
comment les sociétés regardent, à
travers l’histoire, la terre et ses
habitants. Suivront deux courts,
Hippocampe de Jérôme Nunes et
Les deux tableaux de Vanessa San-
tullo ainsi que deux longs, Fin de
semaine de Jérôme Nunes et Utopie Naoshima d’Elise Tamisier, un
documentaire prévu avant la catastrophe nippone : la découverte
magique de la minuscule île de
Naoshima qui abrite depuis les
années 1990 un lieu hors du monde,
où sous l’impulsion d’un entrepreneur japonais, l’art, l’homme et la
nature seraient en parfaite harmonie.
Des choix de production audacieux,
à suivre…
ANNIE GAVA
Films de Force Majeure
04 91 84 99 12
www.films-de-force-majeure.com
64
LIVRES
LITTÉRATURE
Juste avant la chute
Leif Davidsen connaît bien la Russie ; il a vécu et
travaillé plusieurs années à Moscou comme
correspondant pour la radio et la télévision danoises.
Son précédent roman paru chez Babel noir, L’épouse
inconnue, plongeait le lecteur dans l’actualité récente
de la Russie, le conflit tchétchène, les dérives de la
politique de Poutine. La chanteuse russe, tout juste
publié dans la même collection, date en fait de 1988.
Écrit peu avant la chute du Mur de Berlin, il se situe
dans une Union Soviétique en décomposition, à la
veille de la mort de Tchernenko, à une époque où les
forces au pouvoir tentent par tous les moyens, même
les moins avouables, d’empêcher la machine de
s’arrêter tout à fait. Pourquoi toutes ces précisions
géopolitiques ? Parce que l’histoire de l’URSS et
l’évolution de l’ex-bloc soviétique sont au cœur des
romans de Davidsen. L’intrigue policière, une
secrétaire de l’ambassade danoise et une prostituée
russe retrouvées mortes, une enquête bâclée et des
preuves dissimulées, quoique bien ficelée et riche en
rebondissements, n’est pas l’essentiel. Le récit, au-delà
de l’anecdote et de l’histoire d’amour qui s’y greffe,
dresse le bilan d’un régime en panne, miné par le
mensonge et la corruption. Et c’est ce qui est
intéressant. Comme est touchant le regard porté sur
Moscou par le narrateur diplomate Jack Andersen. Un
regard critique, certes, mais aussi amoureux, qui offre
au lecteur quelques belles échappées sur la ville. Et
ravira les russophiles.
FRED ROBERT
Leif Davidsen
était présent
au Salon du
Livre de Paris
La chanteuse russe
Leif Davidsen
Babel noir, 8,50 €
également chez Babel noir, L’épouse inconnue.
Plaidoyer écologique
Écrit en 2008, le roman de la finlandaise Johanna
Sinisalo porte bien son nom, Oiseau de malheur, qui
dénonce l’exploitation par l’homme des richesses
naturelles et le droit qu’il s’arroge à décimer l’espèce
animale. Paru en mars 2011 à l’heure de la tragédie
de Fukushima, son plaidoyer en faveur de la
protection de l’environnement sonne comme un
avertissement funeste.
Johanna Sinisalo plante le décor au cœur des contrées
sauvages de Tasmanie et de Nouvelle-Zélande, là où de
rares espaces vierges existent encore et où l’homme
doit composer avec les forces de la nature. Quitte à
renouer avec ses «instincts primitifs : haine, violence,
angoisse et croyances archaïques…». Elle choisit un
récit à deux voix pour, alternativement, raconter par le
menu détail (rien ne nous est épargné et c’est parfois
ennuyeux) les vicissitudes de l’ascension, la faim qui
tenaille, la promiscuité des refuges, les galères, le
dépassement de soi, les douleurs physiques et
mentales. Deux personnages, deux interprétations
d’un même vécu, donc deux styles : celui familier et
imagé d’Heidi, la novice, engagée dans l’aventure par
amour et qui, malgré une volonté de fer, s’octroie de
légers manquements au code de bonne conduite
écologique. Celui plus factuel, voire cynique de Jyrki,
militant pur et dur qui ne transige jamais avec sa
volonté de vivre en osmose avec la nature. Ces
changements de tons très fréquents, piqués d’humour,
permettent au lecteur de ne pas s’essouffler à leurs
côtés dans cette marche moins idyllique qu’espérée ! Et
la fréquentation du texte de Joseph Conrad, Au cœur
des ténèbres, distillé tout au long du roman ajoute à
cette diversité bienvenue.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Oiseau de malheur
Johanna Sinisalo
Actes Sud, 23 €
Fantômes dans la neige...
Cela fait 20 ans que Michèle Lesbre écrit. Son avantdernier livre, Sur le sable (Zib’24) toujours chez son
éditrice fétiche, parlait de la rencontre d’un homme
et d’une femme au bord d’une plage, la nuit. Le temps
du récit d’une existence. Dans son dernier texte, si
court mais si dense, la narratrice, Édith, va attendre à
la gare un homme qui ne la connaît pas, mais qu’elle
croise chaque mercredi matin dans un café. Lui ne l’a
jamais vue et elle ne le voit que de dos, et l’entend
évoquer la ville de Ferrare en italien, avec le serveur.
Elle voulait le voir descendre du train et l’aborder. Et
ce jour-là il n’est pas là. Il neige ; alors comme c’est
souvent le cas chez Michèle Lesbre elle évoque des
souvenirs et les diverses époques vont se superposer.
Elle revoit Antoine, son amour de jeunesse évanoui, et
ses copains «apprentis révolutionnaires», les tracts, la 2
CV en panne sur le plateau de l’Aubrac, quatre ans
avant 68. Elle évoque Ferrare, Antonioni, Laura Betti
et les romans de Bassani. Les villes se mélangent :
Ferrare, bastion du fascisme, Paris en mai 68, Prague
en 72, lieux de luttes. Il ne se passe pas grand chose
dans ce récit mais de toutes parts sourd une émotion,
les mots de la narratrice sont les confidences de
l’auteur, les images sont des palimpsestes. Michèle
Lesbre nous promène dans des villes qui deviennent
imaginaires et surgissent parfois des brumes grises
pour y retourner... Une seule note noire, celle d’un
corbeau freux dont la narratrice (l’auteure ?) a fait son
ami.
CHRIS BOURGUE
Un lac immense et blanc
Michèle Lesbre
Sabine Wespieser, 13 €
Johanna Sinisalo
était présente
au Salon du
Livre de Paris
La vie, tout simplement...
De l’aveu de son auteur, Paul à Québec
est autobiographique : Michel Rabagliati s’est inspiré de la maladie et de la
mort de son beau-père. Cependant c’est
tout sauf un récit triste. Avec un dessin
nerveux, stylisé, en noir et blanc,
l’album plonge le lecteur dans la vie
d’une famille québécoise. Puis Roland,
le beau-père de Paul, a un cancer et c’est
l’engrenage des soins. Ses filles et sa
femme se succèdent à son chevet avec
courage. Mais la vie continue et les fousrires succèdent parfois aux moments
d’angoisse. L’auteur aborde la fin de vie
et la mort avec simplicité et émotion…
Le succès de Paul, son personnage qu’on
appelle volontiers «le Tintin canadien»,
ne fait que croître, alors qu’au Québec
la BD était moyennement prisée jusqu’alors. Or Michel Rabagliati vient
d’obtenir le Prix du public au Festival
d’Angoulême, ce qui va contribuer à sa
diffusion en Europe. Cet album qui a
deux ans a déjà conquis les lycéens, et
l’on parle d’une adaptation au cinéma !
Paul à Québec
Michel Rabagliati
La Pastèque, 20 €
Sélection du Prix littéraire
des lycéens et des apprentis Paca
CHRIS BOURGUE
Drôle de fête
Le roman de Guillaume Guéraud a
frappé Alfred, le dessinateur, en plein
coeur. Tout au long de sa lecture des
images tenaces défilaient dans sa tête.
Seule solution : dessiner ces images,
avec l’accord de l’auteur. Je mourrai pas
gibier est donc d’abord un roman qui
coupe le souffle et la BD ne permet pas
de le reprendre... Mortagne, 1219
habitants. Un drame a eu lieu et
Martial, le jeune narrateur, revit les
événements en une confession
distanciée. Il évoque son frère et son
copain qui passent leur temps à boire
des coups et à se bagarrer. Jusqu’à ce
jour où ils s’en prennent au simplet du
village, son ami, exerçant sur lui leur
violence aveugle. Alors le jour du
mariage de son frère Martial est pris
d’une folie meurtrière : il exécute
sauvagement sa famille et quelques
invités au fusil de chasse. Pour rendre ce
fait divers terrifiant, Alfred propose des
planches aux cases de taille et de
couleurs variées, avec un montage serré
et un dessin sobre. Preuve d’une grande
maîtrise.
CHRIS BOURGUE
Je mourrai pas gibier
Alfred
Delcourt, 15 €
Sélection du Prix littéraire des lycéens
et des apprentis Paca
66
LIVRES
LITTÉRATURE
Dans les plis du ciel
Il est des livres, rares, qui vous transforment un peu.
Le dernier roman de Philippe Forest peut être de
ceux-là, pour peu que vous fassiez l’effort d’entrer dans
le rythme poétique de sa langue.
C’est un gros roman, plus de 500 pages d’une écriture
serrée, labyrinthique, qui avance dans le temps mais
revient sans cesse sur elle-même, enroule ses strates
qu’elle précise à chaque passage, livrant ses clefs
narratives comme involontairement, et parsemant son
chemin de réflexions subtiles, lumineuses, profondes,
sur notre siècle affolé, la nature du roman, son
efficacité imparfaite contre le cheminement de la
mort, la douleur et l’acceptation de ce qui disparaît, et
de ce temps perdu qu’on ne peut rechercher. Car il
n’est pas d’anamnèse dans Le Siècle des nuages, pas de
madeleine au thé, pas d’espalier en fleurs ni de racine
noueuse dans le Jardin du Luxembourg. Les objets
n’ouvrent aucune porte, et le souvenir des êtres chers,
des histoires, ne persiste qu’un temps dans les
mémoires.
Ne reste à la fin que ce roman, émouvant cadeau fait
à son père mort, à sa mère qui l’oublie, aux lecteurs qui
retrouvent au détour des pages des sensations qui sont
presque les leurs, et qu’ils n’ont su nommer. Un
hommage mesuré au siècle de nuages qui précède le
nôtre, où les aviateurs comme son père ont relié les
hommes, puis transformé le ciel en terrain de guerre,
et le sol en ruines fumantes, irradiantes, tandis que le
monde rétrécissait, et qu’eux-mêmes partaient en
cendres… Magnifique roman du passé, qui sidère
pourtant notre aujourd’hui, alors que les bombardiers
de France pilonnent la Lybie, et qu’un nuage né pas
loin d’Hiroshima semble nous conduire, peut-être,
vers un autre siècle.
AGNÈS FRESCHEL
Le siècle des nuages
Philippe Forest
Gallimard, 21 €
Philippe Forest était l’invité d’Écrivains en dialogues
en mars (voir p 70)
Syndrome de Reykjavik
Les règles du jeu sont simples : faites-vous prendre en
otage à l’insu même de vos gardiens/ravisseurs et
savourez aigrement (un minimum de souffrance est
requise néanmoins) votre imposture doublée si
possible d’inconfort ; observez placidement ; méditez
sur les choses, les gens et surtout le temps qui passe.
Point de vue imprenable et humble prison, le dessous
du lit peut se révéler un lieu privilégié !
Le roman de Bragi Olafsson (ex-bassiste de Björk, le
détail a son importance), aimable et grinçant à
souhait, développe certaines variations virtuoses, et
gratuites, du syndrome de Stockholm. Le narrateur,
Emil, est affecté d’une tendance légère à l’empathie
avec ses agresseurs du quotidien : voisin de siège
encombrant dans l’avion, fiancée autoproclamée,
amicale «compagnie» qui en son absence supposée
envahit sa maison et engloutit ses réserves d’alcool…
Sa placidité va le pousser à se cacher sous son lit pour
fuir l’intrusion d’un indésirable entré par la fenêtre et
c’est tout… oui c’est tout et on s’ennuie un peu,
comme lui sans doute ; comme lui on écoute la bande
son formidable (les non-invités passent fébrilement
d’Elvis Presley à King Tubby ou au quatuor pour
piano de Mahler) les conversations indigentes, et on
attend. «Je suis assailli par l’étrange sentiment que cet
appartement n’est pas plus à moi qu’à un autre» :
l’inquiétude ne va pas plus loin sur le chemin de Kafka
(le narrateur se voit sans complaisance comme un
acarien) et l’absurde s’installe et se répète trop
systématiquement pour maintenir l’intérêt jusqu’à la
fin. Mais justement, il n’y a pas de fin… Trop facile !
Bragi Olafsson
était présent au
Salon du livre
de Paris
MARIE-JO DHÔ
Les animaux de compagnie
Bragi Olafsson
traduction de l’islandais de Robert Guillemette
Actes Sud, 20 €
Petits arrangements avec le mort
Sincères condoléances, ce sont les seuls mots qu’Allan
parvient à écrire pour accompagner le bouquet de
fleurs qu’il s’est finalement décidé à envoyer à sa mère
au moment des funérailles de son père. C’est aussi le
titre du roman d’Erling Jepsen, récemment traduit
en français, second volet de ce qui était relaté dans
L’art de pleurer en chœur et variation sur certaines des
obsessions de l’auteur, inceste, violences et secrets de
famille. Lorsque que le 2e épisode de ce petit règlement
de comptes entre parents débute, il y a 9 ans qu’Allan
et sa sœur Sanne ont été bannis de la maison familiale ;
depuis qu’Allan, devenu auteur à succès, a révélé dans
ses fictions un certain nombre d’horreurs intimes qu’il
aurait mieux fait de taire. Mais voilà, maintenant le
père est mort, rien n’empêche désormais la mère de
revoir ses enfants. Retour donc du frère et de la sœur
au pays natal, dans le Jütland méridional. Sauf que
tout ne se passera pas exactement comme prévu, et
qu’après celle du père, c’est la figure de la mère qui en
prendra un coup… On n’en dira pas plus. Au lecteur
de découvrir cette peu ordinaire vieille dame indigne,
et surtout le style inimitable du romancier danois. Car
s’il y a du Genitrix ou du Festen dans cette chronique,
le ton décalé, les changements constants de point de
vue, l’humour cynique et l’autodérision lui enlèvent
(presque) tout son caractère plombant. Avec beaucoup
de subtilité, Jepsen instille le doute. Et se garde
judicieusement de toute morale…
FRED ROBERT
Sincères condoléances
Erling Jepsen
traduit du danois par Caroline Berg
Sabine Wespieser, 23 €
Erling Jepsen était
présent au Salon
du livre de Paris
ARTS | HISTOIRE
LIVRES
67
Inventaire à la Plossu
Bernard Plossu est un infatigable marcheur et
photographe. Depuis que le musée Gassendi de Digne
l’a invité en 1994 à mettre ses pas dans ceux des
géologues dans la Réserve géologique de Haute
Provence, il n’en finit plus d’arpenter les vallées, les
clues, les pics, les plateaux. Tout autant qu’il déambule
dans Digne, au pays des escaliers et des angles de rues.
Profitant de ce que «le musée à ciel ouvert» lui a
proposé d’inscrire ses productions au cœur du
territoire naturel1, les éditions Yellow Now publient
dans la collection Côté Photo deux ouvrages à deux
voix : L’inverse est exactement vrai avec l’auteure et
poète Nathalie Quintane et …Des millions d’années.
La réserve géologique de Haute Provence avec le
professeur de sociologie David Le Breton.
De cette errance dans les ruelles de Digne, que restet-il ? Un petit livre noir et blanc format carte postale,
photos rectangulaires et sages, entre lesquelles le texte
de Nathalie Quintane vagabonde dans d’étranges
soubresauts verbaux («des minettos, des davolis, des
minettos davolis bondissant sur le chemin mexicain») ;
ses mots s’affolent alors même que les images se
raidissent : cadrages au cordeau, verticalité des lignes
qui tombent à pic. Et les ombres noires, ogresses, qui
engloutissent les génoises, une devanture, le contrefort
d’une balustrade. La voix de David Le Breton, elle,
célèbre la marche comme «une ouverture au monde qui
invite à l’humilité», cite les Élégies de Duino de Rilke
pour dire que le marcheur reste toujours au seuil du
monde. Éloge de la lenteur et de la gourmandise à
s’abandonner aux odeurs, aux sons, au vent, aux
variations de lumière qui sied à Bernard Plossu dont
les clichés dépassent la duplication du réel. Dans cette
Réserve, le photographe retrouve peut-être Géronimo
qui l’accompagne depuis ses années américaines…
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
(1) l’exposition au musée Gassendi s’est déroulée
du 2 décembre 2010 au 3 avril 2011
… Des millions d’années. La réserve géologique
de Haute Provence
Photos Bernard Plossu, texte David Le Breton
Co-édition Yellow Now et musée Gassendi, 20 €
L’inverse est exactement vrai
Photos Bernard Plossu, texte Nathalie Quintane
Co-édition Yellow Now et musée Gassendi, 6,50 €
Transformation volontaire
Les deux auteurs ont entrepris de raconter
«Euroméditerranée», la grande opération qui emplit
tout le panorama marseillais dès qu’il s’agit de l’avenir
économique de Marseille ou de ses transformations
urbanistiques. Qui ignore l’ampleur et l’importance
du projet ? Pourtant, si l’opération est célèbre, la réelle
connaissance du projet, de ses étapes, de ses enjeux,
reste dans un flou vaporeux. Absence de confrontation
politique ? Opération trop ample et dirigée trop
discrètement pour faire la une de la gazette locale ?
L’initiative de Brigitte Bertoncello et Jérome
Dubois, inscrite dans la collection «La ville en train
de se faire» des éditions Parenthèses où d’autres
grandes métropoles françaises sont auscultées, est
salutaire et instructive : elle met à jour les ressorts qui
guident la construction de cet espace marseillais et,
plus largement, celui de la métropole Marseille.
Le propos part d’un basculement des aires
«écodynamiques» : Marseille doit aujourd’hui se
remettre au centre de sa région urbaine et se situer
dans une Méditerranée en reconstruction. L’illusion
d’une renaissance industrielle disparue, il reste à la
vieille cité phocéenne à devenir, comme ses voisines
de la rive Nord, une ville «post-industrielle».
Conscient de l’intérêt stratégique de la métropole dans
cet espace économique, l’État a joué un rôle décisif
dans le lancement du projet, et les auteurs montrent
combien l’intrication des différentes échelles de
décision, du local à l’Europe, a donné un caractère
particulier à la gouvernance d’«Euroméditerranée». De
même la fédération d’espaces locaux dénués de
perspectives et de cohésion collective est une autre
spécificité du projet. Au travers des 480 ha inscrites
dans le périmètre, c’est Marseille qui se réveille ! La
Joliette aspire à devenir un centre d’affaire dont la tour
CMA CGM est déjà une illustration. La cité de la
Méditerranée s’avance avec le MuCEM accolé au fort
St Jean, le CERem, le Silo, les Docks. La Belle de Mai
devient un lieu culturel rayonnant. Le souffle du
renouveau s’étend avec l’extension vers le Nord du
périmètre…
RENÉ DIAZ
Marseille euroméditerranée, accélérateur de métropole
Brigitte Bertoncello, Jérome Dubois
Parenthèses, 22 €
68
LIVRES
RENCONTRES
Bref mais bon
Le festival PoésieRock, coproduit par le
cipM et le GRIM, devait durer une
dizaine de jours et proposer de
nombreuses rencontres. Baisse de
subventions oblige, il s’est vu réduit à
2 soirées ! Pourtant, si l’on en juge
par la foule ce soir-là au cipM, il
existe un public nombreux, réactif,
passionné, pour ces propositions
hors normes. Humour, sens de la
formule et convictions, c’est de
tout cela qu’était pétrie la
conférence-conversation de
Gérard Berréby, fondateur
des éditions Allia, poète,
grand amateur de musique
rock. Invité à parler de sa
démarche et de son
catalogue, il en a rappelé l’esprit : une
«indépendance farouche», une insatiable curiosité
qui le pousse à travailler davantage avec «les sauvages qu’avec
les institués» en évitant tout cloisonnement. Deux
performances ont clos la soirée d’ouverture : une lecture
envoûtante et pleine d’échos par la
Québécoise Renée Gagnon, et
Joey, magistralement
interprété en VO par
son auteur l’Américain
Eugene S. Robinson, que
son traducteur Samuel
Rochery accompagnait à la
basse. La 2e soirée à
L’Embobineuse a eu autant
de succès. Les subventionneurs
vont-ils réagir ?
FRED ROBERT
PoésieRock
s’est ouvert
le 1er avril au cipM,
et poursuivi le 9
à L’Embobineuse.
À tire d’aile
par-dessus les frontières
Pour sa 4e édition, le festival
CoLibris, organisé par
l’association Des Auteurs
Aux Lecteurs-La Marelle
et dédié aux rencontres
littéraires latino-américaines,
a décidément pris son essor
Cela n’aura pas été sans mal. Et la
succession de tuiles qui en ont grevé la
préparation - annulation de l’année du
Mexique en France, problèmes d’emplacement - en aurait découragé plus
d’un. Mais pas Pascal Jourdana ni
Fanny Pomarède, ni toute leur équipe
d’assistants, de lecteurs, d’interprètes,
Rencontre sous le chapiteau © X-D.R
de traducteurs, de preneurs de sons et
d’images… Ce festival, ils l’ont voulu
au cœur de la cité, dans un quartier
auquel la mairie d’arrondissement entend redonner son éclat culturel
d’antan. Les rencontres de cette année,
organisées autour de la thématique des
frontières, sont à ce titre symboliques
dans une ville où la fracture sociale est
patente et où une manifestation
littéraire de qualité dans l’hyper centre
peut encore être perçue par certains
comme une gageure. Or, ce pari, ils
l’ont tenu. D’année en année, la manifestation se précise et s’enrichit, dans
une ambiance à la fois exigeante et
festive. Exigeante avec des tables rondes
réunissant les auteurs, les Mexicains
Elmer Mendoza, David Toscana et
Juan Manuel Villalobos, la Brésilienne
Patricia Melo, la Péruvienne Grecia
Caceres et les autres, autour de
questions sur les frontières, géographiques, sociales, mais aussi intérieures
et génériques. Avec également, nouveauté de cette édition, des rencontres
d’une heure avec un écrivain, occasions
de mieux cerner l’atmosphère et le style
particuliers de chacun, souvent peu
connu en France car non traduit. Dans
cette perspective de découverte, qui est
un des objectifs principaux de
CoLibris, La Marelle a d’ailleurs édité,
autre nouveauté, un recueil de textes
inédits.
Festive aussi, avec buffet convivial,
milonga littéraire… et juste à côté des
chapiteaux, l’installation loufoque et
poétique des allumés des mots de La
Faute à Voltaire : Réeldorado, une
entrée ludique dans les textes des invités
et dans l’écriture.
FRED ROBERT
Le festival CoLibris s’est déroulé
du 8 au 10 avril à Marseille
et se poursuit dans la région
jusqu’au 13
À lire
En marge de la frontière
textes inédits d’écrivains latinoaméricains
La Marelle, 7 €
Cure
de bonne
humeur
Katarina Mazetti dit avoir emprunté
à Voltaire une de ses maximes favorites :
«J’ai décidé d’être heureux, c’est bon
pour la santé». Il est vrai que l’écrivaine
suédoise, souriante, volubile, n’engendre pas la mélancolie. En tournée dans
toute la France après l’agitation du
Salon du Livre, elle déclare «adorer»
rencontrer ses lecteurs dans les librairies
et les bibliothèques. Dans notre pays,
elle jouit d’une notoriété enviable. Ses
livres se vendent très bien, et ses lecteurs, des lectrices surtout en fait, étaient
au rendez-vous organisé par Geneviève
Giméno, la libraire passionnée de la
librairie Maupetit. La romancière est
évidemment revenue sur ce qui reste
son plus grand succès, Le mec de la tombe d’à côté. Adaptée au théâtre, au cinéma,
en comédie musicale, cette histoire
d’amour improbable entre un fermier
et une bibliothécaire est deve-nue le
livre qu’on donne à lire en Suède dans
les cours de suédois dispensés aux immigrés, afin qu’ils découvrent la langue
et la mentalité suédoises contemporaines ! Un roman pétillant d’humour,
dont la suite vient de paraître.
F.R.
Katarina Mazetti était invitée
à la librairie Maupetit
mercredi 6 avril.
À lire : Le mec de la tombe d’à côté
(Babel 7,50 €)
suivi de Le caveau de famille
(Gaïa, 20 €).
70
LIVRES
RENCONTRES
Trouillot, écrivain militant
Côté cour
Lyonel Trouillot,
Salon du livre de Paris
© X-D.R
Les élèves de seconde du Lycée Montgrand à Marseille qui participent au choix du Prix littéraire des
lycéens ont reçu l’écrivain haïtien Lyonel Trouillot
pour l’interroger sur son livre Yanvalou pour Charlie
(voir Zib’39). S’ils ont eu des difficultés à aborder ce
roman parfois difficile qui alterne des narrateurs différents, ils ont questionné son auteur avec sensibilité.
Lyonel Trouillot leur explique qu’il fait partie d’une
certaine bourgeoisie sur l’île, il n’a donc pas connu la
misère dans son corps. Et la pauvreté ? Il déclare l’avoir
rencontrée dans Les Raisins de la colère, avant de réaliser
qu’elle était autour de lui, et de s’inspirer de sa réalité
pour écrire. «Je n’ai pas d’imagination ; je n’ai qu’à
observer, écouter et je concentre plusieurs éléments de la
réalité pour créer mes personnages. L’avocat Mathurin qui
fait abstraction de son passé, il y en a plein à Haïti ! Et des
jeunes comme Charlie qui bousculent les certitudes, il en
faudrait davantage». Car tout le monde n’est pas pauvre en Haïti : 1% de la population consomme 40% des
ressources ! Les gens qui habitent les belles maisons ne
savent même pas que quelques mètres plus loin il y a
un bidonville...
cœur, sa haine de l’injustice sociale et du système en
place sur son île, son souci du collectif et de l’égalité.
Voilà pourquoi il écrit : pour donner voix à «des gens
habituellement interdits de parole». Ce qui donne des
romans polyphoniques comme Yanvalou… Trouillot
regrette toutefois la «dictature» actuelle du roman, et
à ce genre «historique donc périssable», il préfère l’universalité de la poésie. Quant à la langue (français ? créole ?)
c’est le texte qui la choisit. L’écrivain a conclu que la
«zone de vitalité actuelle» en Haïti, c’était la poésie en
créole. À découvrir…
Côté jardin
Plus tard, à la librairie L’histoire de l’œil, devant un
public d’adultes, le romancier-poète haïtien a rappelé
le plaisir qu’il avait eu à dialoguer avec ces jeunes : «Le
seul roman à valoir la peine, c’est le roman de la rencontre». Il a réaffirmé toutes ces choses qui lui tiennent à
CHRIS BOURGUE ET FRED ROBERT
Ne pas grandir
Nicolas Fargues était de passage à la librairie Aux
Vents des Mots de Gardanne, dans le cadre des Escales en librairies proposées par l’association Libraires à
Marseille. Il y présentait son dernier roman Tu verras,
qui vient de remporter le prix Télérama-France Culture : le monologue intérieur d’un père qui affronte le
décès de son fils unique de douze ans (voir Zib’ 39).
Le titre renvoie à la fois à la facile formule prophétique
qu’on assène à ses enfants, en supposant un avenir
brutalement volé par la mort prématurée - tu verras
Nicolas Fargues © X-D.R
quand tu seras grand, tu comprendras, alors même qu’on
ne les comprend plus - mais aussi à la lucidité cruelle
que la douleur donne au narrateur sur lui-même et sur
les relations, ou l’absence de relations, qui le lient aux
restes de sa vie de monsieur-tout-le-monde : compagne, père, travail, amis… «C’est un livre d’exorcisme» confie
l’auteur, qui traite moins du deuil que du déracinement à soi auquel conduit ce deuil, et qui va mener le
narrateur vers une quête initiatique, éclairée par deux
figures tutélaires croisées presque par hasard. Si ce livre
tranche par son sujet avec les précédents, on y retrouve
quelques-uns des leitmotive de l’auteur, en particulier
dans l’attirance pour le dépaysement culturel qui suspend les certitudes et laisse ouverts les possibles.
Face à ses lecteurs Nicolas Fargues dévoile avec retenue
ses propres interrogations et hantises de père, revient
sur la complexité des rapports entre générations. Le dialogue sombre parfois dans une certaine inconsistance,
à la façon d’une conversation de parents inquiets et à
la faveur de quelques truismes sur l’adolescence : mais
la simplicité affable de l’invité, l’honnêteté sans voyeurisme du propos et la spontanéité du public sont plutôt
inhabituelles et salutaires. Si comme le dit Nicolas Fargues, «le style, c’est la rencontre avec une personne» alors
réciproquement, cette rencontre-là avait du style.
AUDE FANLO
Escales en librairie, le 24 mars à la librairie Aux vents
des mots de Gardanne, et le 25 mars à l’Attrape-mots
à Marseille.
À lire : Yanvalou pour Charlie (Actes Sud)
Haïti, une traversée littéraire un livre-CD
paru aux Presses Nationales d’Haïti
Art proétique
Philippe Forest a longtemps été essayiste avant de se
lancer dans l’écriture romanesque avec L’enfant éternel,
évocation d’un deuil intime, écrite dans l’ombre
tutélaire d’Hugo et de Mallarmé. Son dernier roman,
Le siècle des nuages (voir p. 67), ample ouvrage aux accents d’épopée, rend hommage à son père disparu et
retrace, à travers son parcours, la geste aéronautique. «Mes
romans visent à introduire du poétique dans la structure
narrative même» ; c’est la manière dont cet érudit tranquille parvient à faire dialoguer prose et poésie, lui qui
dit entretenir des «rapports ambigus» à la poésie contemporaine qu’il juge souvent «illisible». D’où son désir
d’inviter au dialogue Jean-Claude Pinson, dont «les
ouvrages simulent la forme du recueil poétique». Tous deux
essayent de capter ce que Bataille nommait «l’impossible du réel». Sans congédier ni l’expérience, ni
l’autobiographie. En les laissant s’épanouir dans une
écriture à mi-chemin entre prose et poésie. Quant à
l’essai, que Forest appelle «fiction critique», tous deux le
revendiquent. Comme un moyen pour Pinson d’ «allier
le sensible et l’intelligible», de «regarder d’un œil lucide le
champ dans lequel on intervient» ; de «se soustraire à la
supercherie romanesque» pour Forest. C’est une fois
encore à un dialogue de haute volée que le public de
la BDP a eu la chance d’assister. Que la lecture par
chacun d’extraits de son œuvre choisis par l’autre a
élevé encore plus haut.
FRED ROBERT
Philippe Forest a invité Jean-Claude Pinson
à la BDP Gaston Defferre, dans le cadre d’Ecrivains
en dialogue, un cycle de rencontres organisées
par l’Adaal en partenariat avec Libraires à Marseille.
www.biblio13.fr
www.adaal.fr
PARIS | CASSIS
Salon de lecture
Sa 31e édition tout juste terminée, le
Salon du Livre de Paris affiche un
bilan globalement positif. Environ
180000 visiteurs, plus de 300 éditeurs
régionaux présents. Malgré la réduction
de l’espace et du temps dédiés à ce grand
rendez-vous annuel, malgré le semi
échec de la nouvelle formule de nocturne (le vendredi), les organisateurs se
félicitent d’avoir pu offrir à tous leurs
publics un grand choix de rencontres,
des plus «people» aux plus exigeantes.
Il est vrai qu’il y en avait beaucoup et
pour tous les goûts…
La Région au salon
Pour cette édition, le stand de la Région
Paca était idéalement situé et on ne
pouvait manquer ses grands abat-jour
rouge et or suspendus. Sur un imposant
espace, l’Agence régionale du livre et 28
éditeurs étaient installés. Si certains,
comme Parenthèses, ont préféré «faire
l’impasse» cette année car le public jazz
et architecture ne fréquente guère le
Salon du Livre, beaucoup ont saisi l’occasion de présenter leurs maisons, leurs
auteurs et leurs ouvrages à moindres
frais. L’aide apportée par la Région
permet en effet à la plupart d’entre eux
de ne pas avoir à financer la location
d’un stand, ce qui réduit nettement les
dépenses et constitue un argument solide pour des structures souvent fragilisées
par la crise. Par ailleurs, et en dépit du
bilan mitigé que faisaient certains le
dernier jour, le Salon, même s’il prend
des allures de foire, reste une vitrine
importante pour les éditeurs locaux. Le
cipM et L’Écailler le soulignent, qui
viennent chaque année, non pour vendre
des livres, mais pour profiter de l’événement afin d’organiser des rendez-vous
professionnels. Plus qu’au plan financier,
c’est pour les contacts avec le «milieu»
que le Salon est intéressant, comme le
note également l’éditrice de la jeune
maison de Vallauris, Les Enfants Rouges,
présente pour la 2e année. De même
qu’Agone qui y trouve une excellente
occasion de contact avec les libraires et
Ian McEwan © Annalena McAfee
Henning Mankell © CF
les auteurs. Beaucoup de projets voient
le jour ici, ce qui fait du Salon un «mal
nécessaire» comme le dit en souriant
Fabienne Pavia du Bec en l’Air.
Interférences
Car les propos brillants d’Ian Mc Ewan
sont couverts par un rush bruyant vers
le plateau voisin de France Télévisions :
le double faciès tourmenté des frères
Bogdanov attire plus la foule dominicale que de subtiles réflexions sur la
littérature ! Mais en dépit du brouhaha
constant et d’interférences inopportunes, le Salon a connu de belles rencontres.
Le Suédois Henning Mankell, chevelure d’argent et perfecto de cuir noir, a
rempli le parterre de la Scène des Auteurs de la foule des fans de son mythique
inspecteur Wallander. À découvrir d’ailleurs les autres romans de ce story teller
drôle, humain et engagé. Les lettres nordiques étaient cette année à l’honneur et
de nombreux échanges, plus intimistes
mais tout aussi passionnants, portés par
de remarquables interprètes ont eu lieu
dans l’auditorium du CNL.
FRED ROBERT
Le Salon du Livre de Paris
s’est tenu au Parc des
expositions de la Porte de
Versailles du 18 au 21 mars.
À lire
Henning Mankell, L’homme
inquiet (la dernière enquête de
Kurt Wallander) et Les
chaussures italiennes, aux
éditions du Seuil.
Ian Mac Ewan, Solaire, tout
récemment paru chez
Gallimard
Livraison
printanière
À Cassis le printemps s’annonce littéraire, et la 23e édition contribue un peu
plus encore à asseoir la réputation de ce
festival. Les femmes seront à l’honneur
cette année, et bien représentées, les organisateurs ayant choisi comme thème :
«la femme est l’avenir de l’homme» pour
les rencontres des deux week-ends. Ce
sera donc l’occasion de rencontrer des
auteures, parmi lesquelles Hélène Lenoir (La Folie Silaz et Le Répit, tous deux
édités chez Minuit) et Clara Royer
(Csillag, éd. Pierre Guillaume de Roux)
qui débattront de l’Enquête identitaire
(30/4 à 15h30) ; Myriam Revault d’Allonnes (Pourquoi nous n’aimons pas la
démocratie, Seuil) et Christine Bard (Une
histoire politique du pantalon, Seuil) se
rencontreront autour de la question Les
femmes, la démocratie, le pantalon (1er/5
à 15h30) ; Francine de Martinoir (L’aimé
LIVRES 71
de juillet, Jacqueline Chambon) et Claude
Pujade-Renaud (Les femmes de Braconnier,
Actes Sud) évoqueront les Nostalgies féminines (7/5 à 15h30) ; tandis qu’Hélène
Carrère d’Encausse (La Russie entre deux
mondes, Fayard) parlera de la Russie
(1er/5 à 17h) et Christiane Collange (La
deuxième vie des femmes, Laffont et Le
Jeu des sept familles, Laffont) de La famille en folie (8/5 à 17h30). Et comme
toujours la musique précèdera ou clôturera les débats, avec un hommage à
Django Reyhnardt et au jazz manouche, le dîner littéraire avec le duo jazz
bossa et le jazz du trio Tzwing. Enfin,
le 30 avril, l’inauguration sera suivie de
la remise du Prix du Printemps du Livre
de Cassis sous la présidence de JeanPaul Kauffmann.
DO.M.
23e Printemps du livre de Cassis
Les 30 avril et 1er mai et les 7 et 8 mai
Centre culturel, Cassis
04 42 01 77 73
www.printempsdulivre-cassis.org
72
RENCONTRES
AU PROGRAMME | HORIZONTES DEL SUR
Libraires du sud /Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42
Rencontres : avec Marcel Rufo autour de ses livres, le 13 avril
à 18h à la librairie Goulard (Aix) ; avec Olivier Domerg et
Brigitte Palaggi pour Portrait de Manse en Sainte-Victoire molle
(L’Arpenteur/Gallimard), et de Fabrique du plus près (Le Bleu
du ciel), le 13 avril à 19h la librairie L’Alinéa (Martigues) ;
avec Daniel Picouly pour La nuit de Lampedusa (Albin
Michel), le 14 avril à 15h à la librairie Charlemagne (Toulon) ;
avec Simonetta Greggio qui viendra débattre de son livre Dolce
vita paru chez Stock et présentera son nouveau livre L’odeur du
figuier qui paraît chez Flammarion, le 14 avril à 18h à la librairie
Goulard (Aix) ; avec Isabel Losada autour de de son œuvre et
notamment son dernier roman The Battersea Park Road To
Enlightenment, le 14 avril à 17h30 à la librairie Book in Bar
(Aix) ; avec Paule du Bouchet pour Emportée (Actes Sud), le 22
avril à 19h à la librairie de l’Horloge (Carpentras) ; avec JeanMarie Gleize le 22 avril à 19h à la librairie Masséna (Nice) ;
avec Augustin Le Gall et Elisabeth Cestor pour leur ouvrage
La vie en oc. Musique !, le 23 avril à 16h30 à la librairie Maupetit
(Marseille) ; avec Magali Le Huche le 23 avril à la librairie A
l’encre bleue (Marseille) ; avec Alan Mets le 7 mai à 15h à la
librairie Maupetit (Marseille) ; avec Yann Kerlau pour
L’échiquier de la reine (Plon), le 7 mai à 16h à la librairie
Maupetit (Marseille).
Escales en librairies : rencontre avec Denis Grozdanovitch
pour La secrète mélancolie des marionnettes (éditions de l’Olivier,
2011), le 13 avril à 18h30 au Forum Harmonia Mundi (Aix)
et le 14 avril à 17h30 à la librairie Prado Paradis (Marseille) ;
avec Jacques Bouveresse le 11 mai à 19h à la librairie L’Odeur
du temps (Marseille).
Itinérances littéraires : rencontre avec Vincent Borel pour
Antoine et Isabelle (Sabine Wespieser), le 12 mai à 19h au
Forum Harmonia Mundi (Aix) et le 13 mai à 19h à la librairie
de l’Horloge (Carpentras).
Escapades littéraires : rencontres, tables rondes, projection,
animations avec Luis Sepúlveda en invité d’honneur, avec
Claude Bleton, Mauricio Electorat, Pierre Kalfon, Hernán
Rivera Letelier (sous réserve), Anne-Marie Métailié, Luis
Mizón, Anne Proenza, Teo Saavedra, Clémentine Sourdais,
Bernardo Toro et Alejandro Zambra, du 19 au 22 mai à la
Chapelle de l’Observance (Draguignan).
AIX
Galerie IPSAA-ESDAC – 06 48 65 38 00
Exposition de peintures de Jean-Claude Gerbelot, jusqu’au 15
avril ; exposition de peintures d’Adrien di Sarro, du 19 au 26
avril, vernissage le 21 ; exposition de peintures et sculptures de
Martine Ezrati, du 9 au 15 mai, vernissage le 9 ; exposition de
photos et peintures de Claire Cohen Lachiver, du 16 au 29
mai.
Corsica Calling – 06 88 80 62 83
L’association vise à promouvoir les œuvres artistiques et
littéraires corses, hors de l’île. Le 13 mai de 17h à 19h au lycée
Vauvenargues, rencontre-débat avec le romancier Jérôme
Ferrari à propos de son dernier roman Où j’ai laissé mon âme
(Actes Sud).
Ecritures Croisées - 04 42 26 16 85
Rencontre-lecture avec les écrivains coréens Yi In-Seong et Jo
Kyung-Ran en collaboration avec la Fondation KLTI Korea
Translation Institut, la revue de littérature coréenne
Keulmadang et l’Université de Provence. Les intervenants sont
Jeong Myeong-Gyo, critique littéraire, professeur à l’Université
de Yonsei, Claude Mouchard, professeur , critique, cotraducteur de Yi-In-Seong, Philippe Picquier, éditeur, Claude
de Crescenzo, directeur de la revue Keulmadang et Choi MiKyung, interprète. Le 5 mai à la Cité du Livre.
Galerie du CG13 - 04 42 93 03 67
Exposition Voyages en Egypte, jusqu’au 19 juin
APT
L’Atelier – 04 90 04 37 14
S’éloigner du bruit pour entendre, exposition des artistes Martina
Kramer et Sylvie Pic, avec Catherine Vernerie et Patrick
Dubost. Vernissage le 15 avril à 18h, lecture de Patrick Dubost
le 13 mai à 18h. Du 15 avril au 4 juin.
ARLES
Les Rencontres d’Arles – 04 90 96 76 06
Cycle de formation : stages de photographies avec Olivier
Roller (Face à face, le portrait en condition réelle), Sébastien
Calvet (Affirmer son regard) et Elina Brotherus (Les espaces
humains), du 18 au 21 avril et avec Grégoire Korganow
(Voyage sensible), du 26 au 30 avril.
AVIGNON
Centre européen de poésie - 04 90 82 90 66
Rencontre-débat avec Jean Joubert, poète, Pierre Cayol, peintre
et Tonio Bastaroli, musicien-interprète autour de leur livre
Dans le jardin d’Eros publié dans la collection Itinéraire chez
Alain Lucien Benoit éditeur, le 21 avril à 19h ; atelier d’écriture
animé par Marie-Hélène Audier, poète, le 16 avril de 14h à
17h ; rencontre avec Marcel Moreau le 30 avril de 17h à 19h.
Foire et expositions du Grand Delta – 04 90 84 18 21
89e Foire-exposition d’Avignon, du 23 avril au 1er mai.
ISTS – 04 90 14 14 17
Formation de niveau II de régisseur général du spectacle vivant
du 12 sept 2011 au 27 jan 2012, date limite d’inscription le 29
avril ; formation de niveau III de régisseur du spectacle du 5
sept 2011 au 20 mai 2012, date limite d’inscription le 22 avril.
BOLLÈNE
Association Café littéraire – 04 90 40 46 17
Rencontre-débat avec François Bégaudeau et Joy Sorman
autour de leur livre Parce que ça nous plaît, l’invention de la
jeunesse (Larousse), le 6 mai à 20h au cinéma Le Clap.
Rencontre-débat avec Pierre Cendors autour de son livre
Engeland (Finitude), le 13 mai à 18h30 au restaurant La belle
écluse.
CAVAILLON
Médiathèque La Durance – 04 90 76 21 48
Rencontre-débat avec Claudie Gallay pour son livre L’Amour est
une île (Actes Sud), le 6 mai.
FORCALQUIER
Forcalquier des livres – 04 92 75 09 59
Atelier de typographie animé par Philippe Moreau, atelier
Archétype, autour du livret, et atelier de reliure contemporaine
animé par Hélène Logeay, atlier Encad’reliure, les 16 et 17 avril.
Association Croq’Livres Le Village – 04 92 75 49 59
13e journées du livre jeunesse en présence d’auteurs jeunesse et
d’artistes, du 10 au 14 mai.
GAP
Litera 05 – 04 92 51 13 96
Rencontre avec Gilles Leroy pour ses livres Zola Jackson et
Alabama Song (prix Goncourt 2007), le 13 avril.
HYÈRES
Bibliothèque de théâtre Armand Gatti – 04 94 28 50 30
Rencontre-débat avec Christophe Pellet pour sa pièce Qui a
peur du loup ? (L’Arche) et Juan Mayorga pour sa pièce La Paix
perpétuelle (Les Solitaires intempestifs), le 18 mai à 19h.
LA CIOTAT
Librairie Au Poivre d’Âne – 04 42 71 96 93
Rencontre-débat avec Yves Lancelot Pour son livre
La vie des océans, de leur naissance à leur disparition (Vuibert),
le 17 mai à 18h30.
LA GARDE
Association Elstir – 06 76 29 81 65
28e rendez-vous des jeunes plasticiens le 13 mai à 19h avec proclamation des Prix Passerelle, Louise Baron et Ville de La Garde ;
exposition des travaux d’enfants réalisés dans le cadre d’Artimômes, du 14 au 24 mai salle Gérard Philippe ; exposition de
Benjamin Marianne à la Galerie G, du 3 au 21 mai.
LA VALETTE
Direction des affaires culturelles – 04 94 23 62 06
9e (éco) festival contes & jardins : exposition de Johan
Troïanowski du 10 au 28 mai ; manèges à pédales, espaces
ludiques… ; avec les conteurs Sylvie Vieville, Fiona Macleod,
Serge Valentin accompagné de Murielle Holtz et de Pierre
Labrèche, Jean-Claude Botton, Anne Deval accompagnée de
Frédéric Blancot et de Cyril Fayard, Catherine Caillaud. Du
19 au 22 mai au parc des troènes.
MARSEILLE
La Criée – 04 91 54 70 54
Exposition de croquis sur le vif de Fanny Barrabès autour du
spectacle Un pied dans le crime de Labiche, jusqu’au 14 mai.
GRIM – 04 91 04 69 59
Atelier rock et animaux pour les enfants de 7 à 10 ans : ateliers
écriture, sons et arts plastiques menés par les musiciens du Club
des Chats
La Friche – 04 95 04 95 04
Exposition K. Acker : the office, sur une proposition de
Dorothée Dupuis et Géraldine Gourbe : l’expo explore les
affinités opérantes entre art contemporain et féminisme à
travers le prisme de l’œuvre de l’écrivaine new yorkaise. Du 22
avril au 11 juin.
Rencontre avec Marc Hiver qui présente Adorno et les
industries culturelles (Harmattan), le 27 avril à 18h30 au Petit
Théâtre.
BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00
Projection du film de Jean-Noël Cristiani (France, 1993, 52
min) dans lequel Edouard Glissant évoque les auteurs qui l’ont
inspiré et les motifs fondateurs qui parcourent son œuvre, le 14
avril à 17h.
Projection du film d Bernard Queyssanne, François Nourissier :
autoportrait, le 5 mai à 16h.
5e rencontres de l’illustration, du 5 au 7 mai.
ABD Gaston Deferre - 04 91 08 61 00
Exposition Un lieu des liens, jusqu’au 16 avril.
Exposition de photos de Driss Aroussi, En chantier, jusqu’au 21
mai.
Exposition de Thérèse Le Prat, photographe exploratrice des
années 30 : Visages d’Outre Mer, du 3 mai au 13 juillet.
Exposition Immigrés de force, travailleurs indochinois en France,
du 5 au 31 mai ; visite par Pierre Daum, journaliste, secrétaire
de l’association Histoires vietnamiennes, auteur de l’exposition,
et table ronde animée par Pierre Daum avec Robert
Mencherini, historien,
Alain Guillemin, sociologue (Les vietnamiens à Marseille) et
Pierre Brocheux, enseignant-chercheur (Indochine, la
colonisation ambigüe), le 9 mai.
Conférence d’Edmonde Charles-Roux qui raconte Isabelle
Eberhrardt, le 5 mai à 18h30.
Dans le cadre de Marseille la Méditerranéenne, table ronde
sur Stéréotypes dans le temps long : quels impacts
aujourd’hui ?, le 14 avril de 14h30 à 17h.
Conférence d’initiation de Jean-Noël Bret sur Art et paysage : du
genre mineur à l’art total, le 5 mai à 19h.
La Marelle/Des auteurs aux lecteurs – 04 91 05 84 72
Ecrivains en dialogue : rencontre, animée par Pascal Jourdana,
avec Claro et Pierre Senges autour du thème Réalités et fictions,
le 12 mai aux ABD Gaston Defferre.
Rencontre avec l’auteur américain David Homel, dont tous les
ouvrages sont publiés en Italie par Actes Sud, à l’occasion de la
parution de son dernier roman Le Droit chemin (mars 2011). Il
donnera par ailleurs une masterclass le 30 mars et participera le
RENCONTRES 73
même jour à l’émission À l’air livre dans laquelle il s’entretiendra
avec Pascal Jourdana.
la ville de Saint-Maximin, La ZIP Plaine Page a conçu une
exposition collective de livres d’artistes, jusqu’au 16 avril.
Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94
Exposition des photos prises sur les plateaux des films
de Pupi Avati, jusqu’au 19 avril.
Rencontre-débat avec Mario Cavatore pour son livre Il
Seminatore par sa traductrice Danièle Robert à l’occasion de sa
parution en français, le 14 avril à 18h.
Conférence sur Le théâtre et la nouvelle dramaturgie en Italie de
Spiro Scimone, acteur et dramaturge dont l’œuvre est publiée
en France aux éditions de l’Arche, le 28 avril à 18h.
Rencontre-débat avec Andrea de Carlo, musicien, historien de
formation, pour son roman Leielui, le 12 mai à 18h.
Échange et diffusion des savoirs – 04 96 11 24 50
Conférences à l’Hôtel de région à 18h45 : Gabriele Veneziano,
physicien, pour La théorie des cordes est-elle une vraie science ?, le
14 avril ; Paul Jorion, anthropologue, pour Le rôle de
l’individu : nécessité et contingence en temps de crise, le 21 avril ;
Christian Salmon, essayiste, pour Une machine à formater les
esprits, le 5 mai ; Lionel Naccache, neuro-biologiste, pour Le
malaise contemporain de la connaissance, le 12 mai.
La Maison de la Région – 04 91 57 57 50
Conférence de Pierre Alain Hubert, chercheur associé à
l’Institut Méditerranéen de Recherches Avancées, et de Philippe
Dumas, professeur des universités au Centre interdisciplinaire
de Nanoscience de Marseille : Feux d’artifice : un visible peut en
cacher un autre, le 23 avril de 15h à 17h.
Espace Ecureuil – 04 91 54 01 01
Colloque organisé par le Passage de l’Art dans le cadre de L’Art
renouvelle le lycée, le collège, la ville et l’université avec M. Maffesoli, F. Bazzoli, E. Molinet, M. Prugniau, L. Damei et G.
Saurel sur Le monstre dans l’imaginaire contemporain ou la
beauté fascinante du difforme, le 14 avril de 9h à 12h.
MuCEM – 04 96 13 80 90
Les mardis du muCEM : Lingua franca, une langue commune
entre les cultures ? par Jocelyne Dakhlia, le 10 mai.
Ecole Nationale supérieure du paysage – 04 91 91 00 25
Le génie du paysage : cycle de conférences dont la prochaine
porte sur La renaturation, le 2 mai.
Compagnie Ex Voto – 06 16 31 89 43
La cie Ex Voto propose un stage ouvert aux circassiens et acteurs
corporels, avec Gulko ainsi que divers intervenants, qui aura
lieu en partie à la ferme pédagogique de la Tour des pins
(Marseille 14e), les 14 et 15 mai.
TOULON
Espace Castillon – 04 94 93 47 33
Exposition Benoît Giujuzza et ses amis avec les artistes Nicole
Agoutin, Jackie Planche, Marc Polidori, Sylvie Serre, Cyril
Besson, Hélène Bondurand. Jusqu’au 30 avril.
VERDON
Parc naturel régional – 04 92 74 68 00
Stage de formation aux techniques de restauration en pierre
sèche, avec le concours de René Sette de l’école d’Avignon :
pierre sèche, calade et maçonnerie à la chaux sur le chantier de
la chapelle Notre-Dame de Châteauneuf-les-Moustiers, du 29
avril au 1er mai, du 27 au 29 mai et du 17 au 19 juin.
VERS-PONT-DU-GARD
Pont du Gard – 0 820 903 330
9e édition de Garrigues en fête sur le thème de la pierre : cirque,
musique, marché du terroir, pique-nique, chasse aux œufs, siestes musicales… Les 24 et 25 avril.
2e édition de Galo Pont autour du cheval avec des
démonstrations, concours et spectacles, les 14 et 15 mai.
CONCOURS
MARSEILLE
Couleurs Cactus – 06 98 72 29 07
Dans le cadre du 3e Festival du livre de la Canebière qui aura
lieu du 10 au 12 juin, l’association organise 2 concours :
concours de nouvelle sur le thème Vers d’autres rivages ouvert à
tous les auteurs n’ayant jamais publié.
Prix régional de l’illustration sur la base de la nouvelle Yanvalou
de l’auteur haïtien Lyonel Trouillot (voir p 70).
Date limite de réception, par courrier et mail le 20 mai.
CCI Marseille Provence – 04 91 39 34 66
Ho ! haaa, 4e concours artistique de la CCI ouvert à tout artiste
confirmé (peintres, plasticiens, sculpteurs, photographes et
vidéastes) sur le thème de l’économie du territoire Marseille
Provence. Les dossiers doivent parvenir au secrétariat du
Patrimoine culturel de la CCIMP avant le 6 juin.
MARTIGUES
Musée Ziem – 04 42 41 39 60
Exposition De la réalité au rêve, l’objet ethnographique et sa
représentation, du jusqu’au 12 juin.
Stage pour enfants à partir de 6 ans à la découverte des œuvres
du Fonds National d’Art Contemporain, du 18 au 22 avril de
10h à 12h.
RÉGION
Sur la place – 06 69 28 90 87
Concours jeune illustration en Région Paca qui s’adresse aux
dessinateurs, illustrateurs… âgés de moins de 28 ans résidant
ou étant scolarisés dans la région Paca. Pour participer, envoyer
3 dessins (thèmes et techniques libres) avant le 15 avril à
l’association par courrier ou Internet.
MIRAMAS
Médiathèque intercommunale – 04 90 58 53 53
Exposition d’Anne Loubet, Se tenir droit, jusqu’au 21 mai.
LAVANDOU
Service culturel de la Ville – 04 94 00 41 72
Prix de la création, peinture contemporaine, ouvert aux artistes
peintres travaillant l’acrylique, l’huile et les techniques mixtes.
Les artistes primés et nominés seront exposés dans la salle
d’honneur de l’hôtel de ville du 9 juillet au 31 août. Le dossier
de candidature est à envoyer avant le 27 mai.
SAINT-MAXIMIN
Musée Louis Rostan – 04 94 72 54 81
Dans le cadre de l’Ecole du Spectateur, projet de la politique de
Au
croisement
des cultures
L’association marseillaise Horizontes del
Sur, qui n’a de cesse de faire résonner
les voix de l’Espagne des trois cultures,
invite cette année, pour la 9e édition, la
revue toulousaine Horizons Maghrébins
qui consacre un numéro spécial à la
question de l’héritage pluriel de ce pays.
À ce propos la BMVR Alcazar accueillera la table ronde réunissant le directeur
de la revue, Mohammed Habib Samrakandi, Isabelle Touton, spécialiste de
l’image du Siècle d’or dans l’Espagne
contemporaine, du roman et de la BD
espagnole des XXe et XXIe siècle, Yannick Llored, auteur d’ouvrages autour
de Juan Gottisolo, Eva Touboul-Tardieu qui travaille sur le séphardisme,
André Stoll, qui occupe la chair de littératures et de cultures de l’image du
monde hispanique, français et italien à
l’Université de Bielefeld en Allemagne
et Bartolomé Bennassar, spécialiste de
l’histoire de l’Espagne moderne (25 mai).
Côté littérature, le café littéraire (26
mai) aura pour décor le roman de José
Manuel Fajardo, Mon nom est Jamaïca
(Métailié), et Bartolomé Bennassar donnera une conférence sur son livre
Vélasquez, une vie (de Fallois) le 27 mai.
Mais le festival c’est aussi une ouverture
sur la musique (notamment avec l’ensemble Mouloud Adel et leur Mezdj,
Luis de la Carrasca avec Noche de arte
flamenco), sur les arts visuels (l’exposition
Maïmonide sur l’art de la mosaïque
notamment), sur le théâtre (La Dispute
de Barcelone par la cie Nieto)…
DO.M.
L’Espagne des trois cultures
Du 11 au 28 mai
Divers lieux, Marseille
04 91 08 53 78
www.horizontesdelsur.fr
74
PATRIMOINE
MÉTIERS D’ART | ARCHIVES 13 | ÉCHANGES ET DIFF
Éloge de la main
Les métiers d’Art tissent
entre tradition et modernité
une trame qui embellit notre
quotidien et change notre mode
de consommation du réel
Artisan, artiste, maître d’art, maître d’œuvre…
L’UNESCO les a reconnus comme patrimoine immatériel et vient même de classer les techniques et
talents des Compagnons du Devoir en tant que
Patrimoine Immatériel de l’humanité. «Lieux de
mémoire» souligne le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, les métiers d’art arrachent l’objet
à la série consumériste, pour lui rendre sa valeur
créative. Nous pouvons renouer ainsi avec une certaine capacité d’émerveillement du quotidien. Ce
bol du matin est unique, l’instant aussi. Cela participe à une esthétique familière, qui permet à
chacun de ne pas se considérer comme une simple
réplique de pub normalisée.
La conscience de cette richesse est saluée officiellement par les Journées Nationales et la Route
des Métiers d’Art. L’inauguration un premier avril
-le calendrier est parfois malicieux- de ces journées
et de cette route sur la région a eu lieu à la Tuilerie
Bossy à Gardanne. Élus, représentants des collectivités territoriales, de l’État, du tourisme, des
banques, des assurances, se félicitent de ces rencontres avec les professionnels dans leurs ateliers,
de ce projet ambitieux lancé il y a 4 ans sur les
métiers d’art, leur découverte vivante et la démarche éthique qui accompagne ainsi le développement
À la Tuilerie Bossy, mosaiques de Céline Patrizio
de l’économie locale. Plus de 70 artisans mobilisés,
des itinéraires de découverte à travers toute la
région, une autre manière de découvrir des lieux
enchanteurs, liée aussi à la route gourmande, avec
11 millions de touristes par an…
Dans la région, la route des métiers d’art est liée à
la perspective de Marseille Provence 2013, et à la
création d’un GR 13 d’environ 200 kms qui aura
l’originalité de passer par les villes, unissant le
milieu urbain et les sites naturels. La découverte
des paysages se conjugue avec celle de l’histoire,
préservée dans les gestes des métiers d’art, qui
travaille avec une mémoire des mains et des yeux,
la nôtre. À Gardanne les trois Journées ont permis
de rencontrer des artisans passionnants, qui
rénovent les objets, comme cet horloger qui se sent
conservateur du patrimoine et qui restitue leur
propre histoire aux objets et à ses commanditaires ;
ou qui créent à partir de techniques anciennes
comme cette mosaïste depuis cinq générations, ou
cette céramiste et la fusion amoureuse des objets,
poterie et décorations dans l’alchimie du four… et
racontent aussi l’histoire des matériaux, qui
proviennent de tel ou tel terroir… Suivre ces routes
c’est aussi prendre la mesure de notre terre, et c’est
très beau.
MARYVONNE COLOMBANI
La route des métiers d’art
du 1er avril au 30 octobre
www.metiersdart.cma13.fr
Arbitraire vs diabolique
L’histoire constitue une réserve inépuisable de
scénarios pour les romanciers, les cinéastes, et les
auteurs de BD. Mais le fait d’avoir choisi L’affaire
Gaufridy alors que les débats sur la justice et les
religions fleurissent, n’est pas innocent (sic !). Il
s’agit du jugement du prêtre des Accoules à Marseille, Louis Gaufridy, pour crime de sorcellerie… La
peur du diable était telle qu’un ramoneur qui s’était
trompé de cheminée fut pris pour le démon, et
provoqua une panique effroyable lors de la lecture
des procès-verbaux de l’affaire ! Esprits incrédules
ne riez pas, le malheureux curé fut brûlé et ses
cendres dispersées aux quatre vents, en l’an de
grâce 1611, un terrible 30 avril.
La superbe exposition du Centre Aixois des Archives Départementales présente un travail d’une
grande richesse picturale et documentaire. La bibliographie s’appuie sur des textes d’historiens, des
romans, des coupures de presse… les sources archivistiques proviennent des archives départementales
des BDR, des bibliothèques Méjanes d’Aix-en-Provence, de la bibliothèque nationale, de l’Alcazar…
Les contextes historiques, idéologiques, judiciaires
et politiques sont exposés avec discernement, il est
même des suggestions qui laissent rêveurs, comme
la possibilité de relation entre la condamnation de
Gaufridy et l’assassinat d’Henri IV ! L’inquisiteur
dominicain Michaëlis parvenait ainsi, en faisant
admettre la possession par le diable, à établir la
responsabilité des sorciers dans le régicide… Henri
IV, martyr, allait ainsi tout droit au paradis !
Les moyens de reconnaître le sorcier sont effarants
ses d’une BD qui doit sortir en 2012, avec des
esquisses, des tableaux (merveilleuse vue des Accoules du port de Marseille), des dessins à l’encre,
et l’explication de sa démarche qui utilise aussi
bien le dessin, la peinture que l’informatique. Un
© Hugo Bogo
© Hugo Bogo
pour nous, et pourtant, font foi devant le tribunal
du XVIIe. Quant au sort de la malheureuse nonne,
victime du sorcier, Madeleine, il n’est guère enviable, même si elle eut la vie sauve : exorcismes, mise
au banc de la société, repoussée car possédée par
Satan. Une histoire d’autant plus terrible qu’elle est
vraie, et nous rappelle que l’obscurantisme et la
cruauté ne sont pas si loin.
Ce sujet a inspiré Hugo Bogo qui offre les prémis-
résultat remarquable de vérité, avec des personnages d’une grande expressivité.
MARYVONNE COLOMBANI
Le curé du Diable / l’affaire Gaufridy en BD
Centre Aixois des Archives départementales
Jusqu’au 11 juin
www.archives13.fr
Corps
dans l’histoire
Remplaçant au pied levé Sylviane
Agacinski qui devait donner une
conférence traitant des métamorphoses du corps humain de son point de
vue de philosophe, c’est Irène Théry,
sociologue, qui est intervenue. Non
sans souligner l’intérêt réciproque que
se portent les deux disciplines, lequel
se renforce avec les années.
Cette société obsédée par les corps,
leur jeunesse, leur beauté, et qui
paradoxalement marque un désintérêt
profond pour le caractère pâtissant et
mortel de ces mêmes corps, pose un
problème de fond aux sciences humaines. «La grande nouveauté de cette
décennie en philosophie et en anthropologie est de refuser la confusion du
corps avec le biologique.» Alors qu’un
projet de révision des lois de bioéthique est à l’étude au Sénat, Irène
Théry prévient: «La façon dont on
pense les choses a des conséquences
immédiates : un corps est toujours
investi de sens, de valeurs. Il n’est
jamais réductible à sa dimension physiologique, on ne peut pas le traiter
comme de la viande.»
Là où Paul Ricœur parlait d’identité
narrative, elle demande : est-ce qu’il
existe un corps humain qui ne soit
pas mis en intrigue, en récit ? Tragique monde contemporain, où l’on
voit se développer des merveilles
technologiques, où l’on peut réparer
les corps, leur permettre de se reproduire, tout en omettant de transmettre
la grande histoire de la condition
mortelle, la dimension fondamentalement relationnelle de l’humanité !
G.C.
Cette conférence a eu lieu
le 24 mars dans le cadre d’Échange
et diffusion des savoirs
Économie,
une science inhumaine
André Orléan est un économiste hétérodoxe, on pourrait même dire désolé.
C’est tout juste s’il ne s’excuse pas de
faire partie de cette branche des
sciences sociales qui a eu tendance à
se compromettre gravement avec le
monde de la finance. «L’économie a
été instrumentalisée par des intérêts qui
ne sont pas ceux de la connaissance.
Elle a servi à légitimer la dérégulation
que connaissent les marchés financiers
depuis 30 ans.»
Le credo de l’économie depuis Adam
Smith, qui consiste à imaginer que la
concurrence et la «loi» de l’offre et de
la demande permettent de régler les
conflits d’intérêt au sein de la société, est illusoire et dangereux. André
Orléan regrette le penchant de ses
pairs à tirer du côté des sciences
dures une recherche qui aspire à se
déconnecter de l’humain. «La tradition économique croit que les acteurs
du marché sont mus par leurs intérêts, et ne tient pas compte de leurs
croyances. Or les capacités de prédiction des sciences sociales sont très
faibles comparativement aux sciences
de la nature, et le traitement statis-
tique bute sur l’imprévu. Je suis très
favorable à l’étude des phénomènes
économiques comme des faits sociaux,
à prendre en compte en tant que tels.»
Au terme d’un exposé lucide et salutaire («non, les économistes n’ont pas
la réponse à toutes les questions, c’est
important de le savoir»), c’est un membre du public qui souligne : «Le terme
d’économie vient de deux mots grecs
signifiant «la maison» et «la loi». Cela
ne va pas du tout avec la dérégulation.
Je pense que les économistes font le
contraire de Saint Thomas, qui ne
voulait croire que ce qu’il voyait. Eux
ne voient que ce qu’ils croient.»
GAELLE CLOAREC
André Orléan, économiste,
lors du cycle Échange
et diffusion des savoirs à l’Hôtel
du Département des Bouches-duRhône le 17 mars
On peut écouter en ligne les
conférences du cycle Echange
et diffusion des savoirs
http://www.cg13.fr/cadre-devie/culture/conferences.html
76
SCIENCES ET PHILOSOPHIE
L’ÉNERGIE
Énergies
nouvelles
Les terrils de Collevieille © Thierry Rostang
Concernés historiquement par les problèmes posés par l’exploitation des
énergies fossiles, les irréductibles
Gardannais ont mis en place une
politique énergétique visant, à terme,
«à produire pour nos propre besoins
domestiques et collectifs une énergie
renouvelable avec zéro effet de serre.»
C’est Roger Meï le maire communiste
de la commune qui s’exprime ainsi.
Gardanne en a fini avec le charbon,
s’inquiète de son sol troué comme du
gruyère, de l’alumine et des boues
rouges qui l’ont fait vivre, mais dont
elle ne veut pas qu’ils la détruisent.
Car étrangement, dans cette ville qui
a vécu de l’exploitation du charbon,
de la centrale thermique et de la
fabrication d’aluminium, des solutions
s’élaborent ! Ainsi les 23 ha inconstructibles et inexploitables des deux
terrils seront-elles couvertes de panneaux photovoltaïques, le biogaz
récupéré sur le site d’enfouissement
des déchets (40 000 tonnes par an de
déchets agricoles et industriels) sera
transformé en électricité ce qui permet également de ne plus rejeter de
méthane dans l’atmosphère, une
éolienne serra installée, un chauffage
au bois pour les collectivités, et un
projet d’utilisation de la chaleur des
eaux d’ennoyage de la mine (à 25°)
qui seront récupérées pour être envoyées dans un vaste réseau de
chauffage…
Utopie ?
Autant d’équipements qui ont un
coût, lourd, et un rendement nettement moins évident que les énergies
polluantes ou dangereuses… Produire de l’énergie par ces moyens
nécessite également, et principalement, de changer les modèles de
consommation. Le Plan d’Action Global sur l’Energie mis en place par la
municipalité depuis 2010 dans les
bâtiments publics porte ses fruits
immédiats : diminution de 8% de
l’éclairage public, 9% d’économie de
chauffage… en tout 1.4M€ euros
ont été économisés en 2010 sur les
fluides, par de simples changements
de comportements et aménagements
visant à diminuer le gaspillage énergétique. En 2011, l’objectif est
d’impliquer activement les établissements scolaires, et les citoyens. Afin
que chacun change ses comportements
un référent est nommé dans chaque
établissement scolaire, grâce au dispositif AGIR de la Région (voir Zib 39).
Enfin le Forum des énergies nouvelles et renouvelables, qui a eu lieu
du 8 au 10 avril, a permis de familia-
riser concrètement les enfants, les
jeunes et les adultes avec cette idée
que certains gestes quotidiens sont
consommateurs d’énergie : divers
débats, autour des alternatives à
l’énergie fossile, mais aussi de la maîtrise publique de l’énergie, ont eu lieu
dans la Halle, ainsi que divers ateliers
ludiques et concrets (les petits débrouillards) pour apprendre à
économiser, mais aussi pour appréhender le concept si insaisissable
d’énergie… Par ailleurs, des visites des
sites producteurs d’énergie (inauguration de l’usine de production
électrique Verdesis-Semag à partir du
biogaz, visite de la chaudière bois de
Fontvenelle) permettaient de comprendre comment on la produit… et ce que
cela implique en termes de consommation de ressources de combustibles
(bois, gaz, transformation en électricité).
Autant d’initiatives pédagogiques,
concrètes, et d’investissements dont
on ne peut que se féliciter. Mais qui
ne posent à aucun moment le problème crucial de la consommation
industrielle d’énergie, la plus vorace.
Ni de notre civilisation du jetable, du
consommable, de la casse programmée des produits manufacturés, ni
des dépenses énergétiques de l’industrie de l’armement et de l’agriculture
productiviste que le capitalisme impose de fait dans nos vies. Pour changer
efficacement le mode de consommation d’énergie du citoyen, il ne suffira
pas de les éduquer en les culpabilisant sur leurs comportements : il
faudra proposer des alternatives, et
pour cela en finir avec le productivisme. Et quid de l’incontournable
«nécessité de la croissance» ?
AGNES FRESCHEL
Au Progr
Aérons-nous le corps
et l’esprit.
En ce Pâques beau,
planchons sur l’onde
fun des sciences
Argent content
Le Musée des Mines d’Argent de
l’Argentière-la-Bessée nous propose
le 14 mai dans le cadre de la Nuit
Européenne des Musées, la visite
nocturne des mines d’argent du
Fournel, sur réservation obligatoire.
RDV au Musée des Mines d’Argent,
départ 19h30. La visite inclut la
galerie des peintures de Jacques Pâris,
peintes au printemps 2010 dans le
cadre d’une résidence d’artiste et
l’exposition Les Guetteurs de Claude
Goulois en collaboration avec le
Museum Départemental de Gap.
Musée des Mines d’Argent
04 92 23 02 94
La belle à Gap
L’association Gap Sciences Animation
05 (GSA 05) créée en 1990 sous le
nom de Sciences Animation 05 s’est
donné comme objectifs statutaires la
diffusion et la vulgarisation de la culture scientifique et technique en
direction de tous les publics du département des Hautes-Alpes. Reconnue
par le Centre de Culture Scientifique
Technique et Industrielle Provence
Méditerranée (CCSTI), GSA 05 est
coordinatrice départementale de la Fête
de la Science depuis sa création en 1991.
Elle nous propose, entre autres, des
sorties à caractère scientifique : le 6
mai une rando-entomologie Sphinx,
bombyx et noctuelles, insectes hauts
en couleur au cœur de la nuit par Sylvain Allombert de Terra Biodiversita,
le 8 mai une rando-botanique Les
plantes racontent le sol par Lionel
Bunge, de Promonature et le 14 mai
une rando-géologie Du charbon dans
le Briançonnais par Raymond Les-
SCIENCES ET PHILOSOPHIE77
Philosophie du
nucléaire
ramme
tournelle de la Société Géologique et
Minière du Briançonnais.
Gap Sciences Animation 05
04 92 53 92 70
www.gsa05.com/sortie.htm
Au printemps le chercheur
dore
La 5e édition du Printemps des chercheurs de la région PACA se déroule
du 12 au 29 avril à Marseille, essentiellement à Maison de la Région et
aux Bibliothèques Saint-André et
le Merlan. Il consiste en une série de
rencontres et de discussions entre les
chercheurs et le public. Ces échanges
ont pour but de faire partager les découvertes faites récemment dans les
laboratoires (démonstrations), de répondre aux nombreuses interrogations
sur des questions scientifiques du moment sous forme de débats, de
discuter autour de films de sciences
(ciné-sciences) et de proposer aux plus
jeunes des ateliers expérimentaux pendant les vacances scolaires. Les sujets
abordés cette année graviteront autour
de la biologie humaine (procréation
médicalement assistée, réaction immunitaire, division et vieillissement des
cellules) ou animale (santé des abeilles), la physique (physique des fluides
et des mouvements), les mathématiques (histoire des tablettes
sumériennes), mais aussi l’archéologie (fouilles en Arménie), et à
l’occasion de l’année mondiale de la
chimie un accent particulier est mis
sur cette discipline (les feux d’artifice, les plastiques, les parfums).
www.printempsdeschercheurs.fr
Y.B.
© X-D.R
Hiroshima est partout :
c‘est le titre d’un livre de Gunther
Anders, philosophe allemand
qui fit le lien entre la philosophie
morale et la problématique
du suicide programmé de
l’humanité
Entre aliénation et libération, la technologie obsède la
pensée depuis un siècle : est-elle destinée à libérer
l’homme de la condamnation biblique (C’est à la sueur
de ton front que tu mangeras ton pain) où à l’enchaîner
à l’illusion plus maléfique de maîtriser la nature et sa
vie ? Mais dès Hiroshima un pas a été franchi ; ce n’est
plus l’aliénation de l’homme par la machine, mais la
disparition programmée de l’humanité au profit de ses
productions qui dès lors a donné à penser.
D’Hiroshima à Fukushima on pourrait parodier
Marx ; les grands évènements se produisent toujours
deux fois, la première fois comme tragédie, la seconde
comme farce. Soixante six ans après, dans le pays le
plus sensible à la tragédie nucléaire, le niveau de
compétence et de transparence donne à pleurer à
défaut d’en rire. Le nucléaire est géré à la légère, même
par eux.
Avec le nucléaire nous perdons tout contrôle sur nos
productions. Günther Anders, après Hiroshima,
dessinait les contours d’une philosophie morale qui ne
disait pas le bien mais désignait les seuils et les
conditions qui, lorsqu’ils sont dépassés, font de la
question du bien une problématique désuète. Car le
nucléaire «empêche la naissance de situation où il n’est
plus possible d’être moral et qui pour cette raison se
soustrait à la compétence de tout jugement moral.» Ce
qu’Anders condamne avec la technologie nucléaire,
c’est le renoncement de l’homme à sa propre liberté
avec des outils qui, une fois certains seuils critiques de
développement dépassés, se retournent contre les
hommes. L’homme a le droit de renoncer à tout, sauf
à sa capacité d’agir et de maîtriser ce qu’il fait. En bref
il ne peut renoncer à sa liberté. Avec le nucléaire on y
renonce : on ne peut rien prévoir. Ni prévenir, ni
même guérir. C’est en lisant Anders que Sartre aura
cette formule et définition heureuses : l’homme est
condamné à être libre.
Ceux qui militaient contre la Bombe à l’ouest étaient
désignés comme des agents staliniens, même si les
communistes français ont toujours été pro-nucléaire
(civil). Aujourd’hui les anti-nucléaires sont accusés
d’archaïsme, de vouloir un monde à la bougie. Avec le
nucléaire il n’y pas de débats contradictoires possibles :
l‘idéologie nucléaire se construit sur la dissimulation et
Champignon atomique sur Nagasaki © Library of Congress
le productivisme, et oppose l’insulte à la raison et au
réel.
Que veut donc dire penser le nucléaire? Faire de
l’avenir catastrophique notre présent. Pour le voir. Et
se demander comment agir. Car sortir du nucléaire
c’est sortir du productivisme : voilà le courage et
l’enjeu.
RÉGIS VLACHOS
Dans le prochain Zibeline
la correspondance d’Anders avec Eatherly, «l’anti
Eichman» qui culpabilisa de sa responsabilité dans
Hiroshima ; ou la conscience morale aux prises avec
trois cent mille morts.
78
ADHÉRENTS
Nos Partenaires vous offrent invitations, réductions et avantages ! Pour les places gratuites,
téléphonez-leur rapidement pour réserver, puis présentez votre carte de membre (1 place par carte nominative).
Pour les réductions, présentez simplement votre carte (réduction valable seulement pour l’adhérent)
Carte Flux
5 cartes offertes
sur la base de 1 carte achetée = 1 carte
offerte
(1 carte = 7 manifestations du 4 mai au
11 juillet)
Auprès de Marseille objectif danse, le
Festival de Marseille,
Le GMEM, l’AMI, les Bernardines, le FID
et le BNM.
Résas : [email protected]
Le Gyptis
2 invitations par soir
pour La Disgrâce de Jean-Sébastien Bach
le 10 mai à 20h30
le 11 mai à 19h15
le 12 mai à 19h15
pour Gare Centrale
Cie Grenade/Josette Baïz
Le 19 mai à 19h15
Le 20 mai à 20h30
tarif réduit B (15€ au lieu de 24)
à toutes les représentations
04 91 11 00 91
Association Ushpizin
Dans le cadre du 1er festival de musique
et contes Indo-Persan
5 invitations
Pour le concert de Door Mohammad
Keshmi
Le 14 mai au Théâtre Sylvain
2 invitations
Pour le concert de Arshad Ali Khan
Le 29 mai à la Salle des Lices
06 73 61 21 48
Les Films du Delta (Rousset)
5 passeports par journée
Dans le cadre du 9e festival Provence
Terre de cinéma
Le 28 avril pour «cinéma mexicain
d’aujourd’hui»
Le 29 avril pour «cinéma mexicain Les 2
âges d’or
et Compétition de courts-métrages
tournés en Provence»
le 30 avril pour «Cinéastes et
chorégraphes»
le 1er mai pour «Cinéastes et
chorégraphes»
04 42 53 36 39
Le Sémaphore (Port-de-Bouc)
Tarif préférentiel à 8€
pour À quoi on joue ?
Cie Le Temps de dire
Le 3 mai à 19h
Le 6 mai à 20h30
04 42 06 39 09
Tandem (Var)
2 invitations par soir
Dans le cadre du festival Faveurs de
printemps
pour le concert de Jesse Sykes et Oh !
Tiger Moutain
le 5 mai
pour le concert Troy Von Balthazar et
Arch Woodman
le 6 mai
pour le plateau Kutu Folk Records
le 7 mai
tous au Théâtre Denis à Hyères
04 98 07 00 70
La Minoterie
Tarif réduit pour toutes les
représentations
8 € au lieu de 12€
04 91 90 07 94
3bisf (Aix)
Entrées et visites gratuites sur
réservations
04 42 16 17 75
Les Bancs Publics
1 place offerte pour 1 place achetée
pour tous les spectacles
04 91 64 60 00
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3 adhésions annuelles
d’une valeur de 32 €, cette «carte
adhérent»
Mensuel gratuit paraissant
le deuxième mercredi du mois
Edité à 30 000 exemplaires
imprimés sur papier recyclé
Edité par Zibeline SARL
76 avenue de la Panouse | n°11
13009 Marseille
Dépôt légal : janvier 2008
Directrice de publication
Agnès Freschel
Imprimé par Rotimpress
17181 Aiguaviva (Esp.)
photo couverture
Latcho Divano au Kiosque
© Agnès Mellon
Conception maquette
Max Minniti
Rédactrice en chef
Agnès Freschel
[email protected]
06 09 08 30 34
Secrétaire de rédaction
spectacles et magazine
Dominique Marçon
[email protected]
06 23 00 65 42
Secrétaire de rédaction
Jeunesse, livres et arts visuels
Marie Godfrin-Guidicelli
[email protected]
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06 03 99 40 07
Maryvonne Colombani
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06 62 10 15 75
Dan Warzy
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Delphine Michelangeli
[email protected]
06 65 79 81 10
Arts Visuels
Claude Lorin
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06 25 54 42 22
Cinéma
Annie Gava
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06 86 94 70 44
Marie-Jo Dhô
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Livres
Fred Robert
[email protected]
06 82 84 88 94
Élise Padovani
[email protected]
Maquettiste
Philippe Perotti
[email protected]
06 19 62 03 61
Histoire et patrimoine
René Diaz
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Philosophie
Régis Vlachos
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Sciences et techniques
Yves Berchadsky
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La Cité Radieuse
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Librairie Arcadia (Marseille 12e)
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Librairie Prado Paradis (Marseille 8e)
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Sur la papeterie
Librairie de Provence (Aix)
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Librairie Au poivre d’Âne (La Ciotat)
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Art-Cade – Les Grands Bains Douche
de la Plaine
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04 91 47 87 92
L’imprimeur Magenta
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vous disposez d’une voiture quand vous
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www.autopartage-provence.com
Ont également participé à ce numéro :
Yves Bergé, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Émilien Moreau, Pascale
Franchi, Pierre-Alain Hoyet, Gaëlle
Cloarec,Christophe Floquet, Rémy
Galvain
Photographe
Agnès Mellon
095 095 61 70
photographeagnesmellon.blogspot.com
Directrice commerciale
Véronique Linais
[email protected]
06 63 70 64 18
Chargée de développement
Nathalie Simon
[email protected]
06 08 95 25 47