RENFORCER LE PROCESSUS DE TAMPERE
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RENFORCER LE PROCESSUS DE TAMPERE
RENFORCER LE PROCESSUS DE TAMPERE RECOMMANDATIONS DU HCR POUR LE SOMMET DE LAEKEN (Décembre 2001) ___________________________________________________________________________ I. INTRODUCTION 1. La réunion spéciale du Conseil européen des 15 et 16 octobre 1999 à Tampere a représenté une étape importante dans le développement de politiques communes d’asile et de migration. Le Conseil de Tampere a souligné que la liberté, la sécurité et la justice dont jouissent les citoyens de l’Union européenne (UE) doivent être accessibles à « ceux qui, poussés par les circonstances, demandent légitimement accès au territoire [de l’Union] ». 2. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) espère que le Conseil européen de Laeken va donner une impulsion supplémentaire au développement d’un système d’asile européen commun qui, comme le proclame le Conseil de Tampere, soit basé sur « l’application intégrale et globale de la Convention de Genève » et « le respect absolu du droit de demander l’asile ». En ce cinquantième anniversaire de la Convention de 1951, le HCR prie le Sommet de Laeken de réaffirmer la primauté de la Convention et de son Protocole de 1967 pour le régime international de protection des réfugiés. 3. Le Sommet de Laeken se tient à un moment de mobilisation en vue d’une action concertée aux niveaux européen et global pour combattre efficacement le terrorisme international. Le HCR rappelle que la Convention de 1951 n’offre pas un refuge pour terroristes et n’accorde pas d’immunité contre les poursuites pénales. En fait, la Convention fournit aux Etats les outils nécessaires pour exclure les personnes coupables d’actes terroristes de la protection du statut de réfugié. II. LE DEVELOPPEMENT DU SYSTEME D’ASILE COMMUN 4. Le HCR constate avec satisfaction que la Commission a présenté la totalité des propositions législatives dans le domaine de l’asile prévues par l’article 63 du Traité d’Amsterdam. Le HCR se réjouit également de l’adoption par le Conseil de deux mesures communautaires en matière d’asile à savoir, une Décision du Conseil établissant un Fonds Européen pour les Réfugiés et une Directive du Conseil sur les normes minimales pour l’octroi de la protection temporaire. A l’occasion du Sommet de Laeken qui se tient à mi-parcours de la période de transition de cinq ans fixée par le Traité d’Amsterdam pour l’établissement de l’espace de liberté, de sécurité et de -2- justice, une détermination politique plus forte est requise afin d’atteindre les objectifs et le calendrier du Traité. 5. Dans ses commentaires sur les diverses propositions législatives relatives à l’asile présentées par la Commission, le HCR a indiqué de quelle manière la pleine compatibilité entre les dispositions essentielles des mesures proposées et les normes internationales pouvait être garantie. Le HCR réitère donc son appel aux Etats membres à manifester un fort engagement pour que les instruments qui doivent être adoptés par le Conseil soient basés sur des normes élevées de protection répondant aux exigences de justice pour les réfugiés. Le résultat des négociations au sein du Conseil doit éviter le plus petit dénominateur commun de protection. 6. Le développement d’un système d’asile commun devrait avoir pour objectif prioritaire une interprétation harmonisée de la définition du réfugié dans le cadre d’une application intégrale et globale de la Convention de 1951. Un accord commun sur les critères à remplir pour être reconnu réfugié ou non devrait guider tous les autres éléments du système d’asile commun. Le HCR espère que les Conclusions de Laeken fourniront une orientation politique pour les négociations du futur instrument communautaire relatif aux normes minimales pour bénéficier du statut de réfugié ou de la protection subsidiaire. III. LA GESTION DES FLUX MIGRATOIRES 7. Les flux migratoires irréguliers sont un sujet de préoccupation à la fois pour les pays d’accueil et pour les pays d’origine. Actuellement cette question est également étroitement liée à celle de l’asile. Le HCR a donc un intérêt légitime à assurer que le problème des flux migratoires irréguliers soit véritablement traité d’une manière qui respecte les principes de protection des réfugiés tout en répondant aux inquiétudes légitimes des Etats européens. 8. Le HCR espère que le Sommet de Laeken va fournir une orientation politique et fixer des objectifs de principe pour la mise en place de politiques constructives d’immigration à des fins de travail, de regroupement familial ou d’études. Selon le HCR, ces politiques pourraient conduire à une réduction de la pression sur les systèmes d’asile et déplacer l’approche là où elle devrait être : la gestion des flux migratoires par des politiques migratoires et la gestion du système d’asile par des politiques d’asile. 9. Le HCR espère également que, lors de la mise en place d’une politique commune pour l’admission à des fins de travail, l’Union européenne accordera de l’attention aux réfugiés qualifiés et talentueux dans les pays de premier asile qui peuvent apporter une contribution positive au marché du travail de l’Union. Un quota spécial de réinstallation remplirait en même temps des objectifs économiques, humanitaires et de gestion migratoire. -3- IV. LA DIMENSION EXTERIEURE 10. Le HCR prend acte de l’attention accrue pour le développement de la dimension extérieure des politiques et des pratiques de l’Union européenne. Le HCR accueille favorablement ce développement et invite l’Union à inclure une dimension asile importante dans les programmes d’assistance aux pays tiers. Le HCR estime que l’assistance et la coopération avec les pays tiers en matière d’asile et de migration doivent être basées sur une identification adéquate des besoins et des priorités de ces pays partenaires. Le HCR est prêt à apporter son assistance pour développer des programmes plus efficaces visant à garantir la protection et à parvenir à des solutions. 11. Le HCR espère que le Sommet de Laeken va inviter les pays candidats d’Europe centrale à renforcer leurs dispositions législatives et administratives afin d’assurer que leurs systèmes d’asile soient conformes aux normes européennes et internationales. Comme les pays candidats ne disposent pas forcément des moyens suffisants pour atteindre ces objectifs et passer ainsi du statut de simples pays de transit à celui de véritables pays d’accueil pour les réfugiés, une assistance supplémentaire de pré-adhésion de la part de l’UE est nécessaire – y compris un soutien financier accru pour les activités du HCR, actuelles et prévues, en matière de renforcement des capacités de ces pays. 12. Comme cela a été reconnu par le Sommet de Tampere, une approche globale est essentielle pour une politique d’asile et de migration européenne commune. Le HCR estime que le Groupe de travail de haut niveau asile et migration peut contribuer à la mise en œuvre de stratégies de l’UE globales et inter-piliers afin de remédier aux migrations irrégulières et aux mouvements mixtes de population dans un esprit de protection. Le HCR prie le Sommet de Laeken de fournir au Groupe de travail de haut niveau le soutien politique et financier nécessaire pour poursuivre efficacement son travail. 13. Parvenir à de solutions durables pour des situations prolongées de réfugiés représente un élément central d’une approche intégrée en matière de déplacements forcés de population. Le HCR a lancé un appel à tous les Etats du monde pour soutenir ses efforts pour la recherche de solutions durables pour les situations de réfugiés : rapatriement volontaire dans le pays d’origine, intégration locale dans les pays de premier asile ou réinstallation dans d’autres pays. Les coûts politiques, financiers et humanitaires lorsque l’on ne parvient pas à des solutions durables aux problèmes de réfugiés sont bien plus élevés : les réfugiés vont perdre leur dignité à force de rester dans des camps pendant plusieurs années ou bien ils seront contraints de migrer illégalement en utilisant des réseaux criminels. Le HCR demande donc au Sommet de Laeken de réserver un certain pourcentage des budgets européens consacrés au développement pour la recherche de solutions durables dans les pays d’origine ou de premier asile dans la région, et de promouvoir l’adhésion des pays d’accueil pour soutenir ces solutions. 14. Le HCR invite le Sommet de Laeken à reconnaître le rôle du HCR en tant que partenaire pour relever les défis d’une protection des réfugiés et de solutions -4- efficaces. Le HCR et l’Union européenne ont une série d’intérêts communs : l’ordre du jour européen en matière d’asile, les questions de l’asile dans l’élargissement européen, l’interface entre asile et migration, la prévention et la gestion des crises humanitaires et la fourniture d’aide humanitaire de même que la recherche active de solutions durables. On attend du Sommet de Laeken qu’il examine sérieusement la politique sans oublier les considérations financières liées au partenariat renforcé entre l’Union et le HCR. UNHCR Genève Novembre 2001