Almeria Des ouvriers à pr
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Almeria Des ouvriers à pr
planète écologie Si l’abolition de l’esclavage appartient à l’histoire, l’abolition de l’esclavage moderne est aussi notre affaire. Coop lance un système de contrôle contre l’exploitation des ouvriers agricoles. Pluie d’éloges sur la côte espagnole. Almeria Des ouvriers à CHRISTIAN DEGEN L a région d’Almeria, sur la côte sud de l’Espagne, est un peu le jardin potager et le verger de la moitié de l’Europe. On cultive pratiquement de tout sur 35 000 hectares. Mais vers la fin du XXe siècle, la réputation de cette région a peu à peu chuté aux yeux de l’opinion publique. De nombreux médias se sont fait l’écho d’une main-d’œuvre exploitée à outrance, logée dans des conditions déplorables et exposée sans protection aux produits phytosanitaires. Almeria est devenue synonyme d’esclavage moderne. Alertée par ces rapports et par les réactions de ses clients, Coop, qui s’approvi- sionne auprès d’un millier d’exploitations de la région d’Almeria, a réagi. Dès 2002, elle a cherché à imposer des standards sociaux minimaux concernant les ouvriers agricoles. Ces efforts se sont d’abord heurtés à l’incompréhension et à la méfiance des producteurs. Mais Coop s’est montrée tenace: «Nous pensons que la valeur et la qualité d’un produit augmentent lorsqu’il a été élaboré dans de bonnes conditions», affirme Sibyl Anwander, responsable de la division du développement durable chez Coop. L’entreprise a donc décidé de collaborer main dans la main avec l’organisation allemande d’aide au développement «Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit» et GlobalGap, organisa- tion internationale de normalisation des bonnes pratiques agricoles. Résultat: un système permettant de contrôler si quatorze points considérés comme preuves de conditions de travail équitables sont respectés. «C’est la première fois qu’on dispose d’un outil pour l’appréciation objective des conditions de travail de la maind’œuvre engagée dans ces exploitations», souligne Sibyl Anwander. Jusqu’ici, il fallait s’en remettre à des attestations des autorités locales ou à des contrôles effectués sur place en régie propre. Cette liste de quatorze points de contrôle a été publiée sous le libellé Evaluation des risques en matière de pratiques sociales, ou en anglais GlobalGAP risk assessment on social practices (GRASP). La GRASP exige par exemple que les agriculteurs documentent les conditions de travail. Ils peuvent ainsi prouver avec plus de transparence qu’ils ne font pas travailler des enfants de moins de 15 ans, et que le «L’employeur est responsable du respect des standards minimaux sociaux pour les ouvriers» Sibyl Anwander, responsable du développement durable chez Coop Les poules heureuses de Naturafarm Page 40 Coopération N° 9 du 2 mars 2010 11 «Coop a initié le projet» PHOTOS LAIF, KEYSTONE Coop s’est engagé pour un minimum salarial, parce qu’une industrie agroalimentaire de qualité passe par le respect des travailleurs. protéger temps de travail hebdomadaire ne dépasse pas soixante heures, même pendant la saison des récoltes. Les exploitations doivent en outre satisfaire à d’autres directives: utilisation contrôlée et réduction de l’emploi de pesticides et d’engrais de synthèse dans l’agriculture. Chaque année, les inspecteurs de GlobalGAP procèdent à des contrôles et vérifient que les producteurs s’en tiennent bel et bien aux directives. Si ce n’est pas le cas, ceux-ci reçoivent un avertissement et doivent suivre une formation. S’ils refusent de se conformer aux normes, on rompt éventuellement les rapports de collaboration. Depuis, d’autres détaillants ont reconnu la problématique et commencé à repren- dre les directives de la GRASP. Des efforts similaires sont entrepris dans des pays comme le Brésil, le Kenya ou le Vietnam. Dans la province d’Almeria, on constate déjà une légère amélioration de la situation grâce à la GRASP: trente-sept exploitations se sont engagées à respecter les standards, et Coop entend les imposer à tous les fournisseurs de la région d’ici 2012. La Fondation Max Havelaar qualifie cette initiative de Coop comme un pas dans la bonne direction. Réaction positive aussi du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). Sa porte-parole Antje Bärtschi salue une convention privée où les partenaires agissent selon des standards volontaires. Coopération. La Grasp est importante, pourquoi? Kristian Möller. A l’échelon de l’agriculture, la Grasp est un premier pas vers le paiement de salaires minimums et la standardisation des conditions de travail. Nos partenaires et nous-mêmes sommes convaincus qu’une production agroalimentaire sûre et de qualité passe par le respect des travailleurs. Quel est le rôle de Coop dans l’introduction des directives de la Grasp? Coop a initié le développement du projet Grasp. Grâce à des années d’engagement et à l’extraordinaire soutien qui nous a été apporté, nous avons petit à petit réussi à convaincre de nombreux autres membres de GlobalGAP de la pertinence de la Grasp. Nous sommes à présent en passe de mettre cette nou- «Nous améliorons petit à petit la condition des ouvriers», déclare Kristian Möller. velle approche en pratique à grande échelle. Quels sont les avantages pour le consommateur? Il peut s’approvisionner la conscience tranquille auprès des commerçants qui imposent la Grasp à leurs producteurs. Elle garantit l’existence d’un dialogue pour l’application des législations internationale et nationale, et par là, d’une amélioration progressive et continue des conditions de travail. lien www.globalgap.org Directives de la Grasp Pour davantage d’équité L’avarice est honteuse. Coop est persuadée que toute personne sur terre doit être rémunérée de manière équitable pour son travail. Quand on touche un juste salaire, on n’est pas obligé d’exploiter le sol ou de fuir. C’est la raison pour laquelle Coop a introduit les directives de la GRASP. Vous trouverez le dossier où figurent les 14 critères de contrôle sur le site: lien www.cooperation-online. ch/grasp