Le regard des estrangers
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Le regard des estrangers
GRATUIT N°24 UNE à NÎMES I Le e -magazine des gens qui aiment leur ville I Juin 2012 I Le regard des estrangers NOU VEA s un ite U ea (DE nimes )CL . IQU fr E! Le tournage des Mistons en 58 Le portrait du serveur du 421 Janet Vidal, étudiante cubaine en Erasmus www.uneanimes.fr sa S vi éb e a en st Poien lo et gn Pascal Andréani e Le commerce du son: 340 MS Le paquito chocolatero a réuni 2 100 personnes le dimanche de la Féria S O M M A I R E A la Une: Quel regard portent les étrangers sur Nîmes ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 4/5 Chronique d'une Nîmoise Miss Blablabla a son coeur qui balance entre ligne et courbes . . . . . . . . . . . . . . . . page 6 Le film de Truffaut: "Les mistons" tourné en 1958, secrets de tournage par Thibault Loucheux . . . . page 7 Découverte d'un commerce mythique: les murs du son avec 340 MS . . . . . . . . pages 8/9 Pascal Andréani portrait du serveur du bar le 421 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 11 Sébastien expatrié à Varsovie qui accueille l'Euro de football . . . . . . . . . . . . . . . . page 12 Reg'art sur les sculptures d'Alain Taligrot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 14 Un mois, un mot nîmois... Trimard: Une personne nîmoise attardée..."tu es vraiment un gros trimard" dixit Pierre-Edouard Thibaud qui explique plusieurs fois quelque chose à l'un de ses amis. 2 UNEÀNÎMES N°24 I juin 2012 UNE à NÎMES Directeur de la publication : Jérôme Puech. Rédacteurs: Miss Blablabla, Aurélia Dubuc, Georges Mathon, Thibault Loucheux et Jérôme Puech. Photographes: Alain Bérard et la rédaction. Webmaster: Tommy Desimone. Maquette: Agence Binome. Relecture: Aurélia Dubuc. Nous écrire: [email protected]. Site : www.uneanimes.com. Retrouvez tous les n°. Mensuel et gratuit. Dépôt légal numérique BNF. Diffusion: 11 000 destinataires mail. Régie publicitaire: Esprit Média: 04 66 29 75 19. « Aux pieds des Nîmoises» D ans ce monde d’automobiles, de bus, de trains et d’avions, la marche réaffirme notre liberté de mouvement, notre droit d’aller et venir. Et la chaussure, souvent considérée comme accessoire, devient le pivot de cette souveraine exploration du monde. Située entre le sol et le pied, elle est ce qui l’empêche d’être blessé et ce qui permet d’avancer. La chaussure est donc le symbole de notre présence active dans le monde qui s’élève au-dessus de la simple animalité, pour tendre vers le désir et l’esprit. Olivier Lange travaille au Sud Liban pour l'ambassade de France. Nîmois, Olivier revient souvent à Nîmes pour se ressourcer. Il écrit régulièrement des éditoriaux pour Une à Nîmes Cette enveloppe est à la fois une protection et notre propre empreinte. Et l’été venu, les pas qui se déposent dans les rues de Nîmes composent une symphonie où chacun exprime un peu de soi-même et de ses rêves. Ainsi, dans les jardins de la Fontaine, on rencontrera des mères élégantes qui promènent leurs enfants en salomé, cette chaussure à talon, dotée d’une bride centrale dans laquelle on passe la lanière de fermeture et dont les couleurs peuvent évoluer du beige le plus sage au bleu le plus électrique. Elles croiseront forcément ces touristes, souvent venues de loin, qui recherchent le confort dans des sandales formées d’une simple semelle retenues par des lanières. De plus en plus, les femmes compensent cette allure sportive, qui semble ne pas se soucier de l’esthétique, par un soin tout particulier apporté à leur pieds par, notamment, la pose d’un verni coloré sur leurs ongles ; suscitant ainsi un dialogue équivoque entre la forme rudimentaire de la chausse et le raffinement du corps. En descendant le Victor Hugo, nous abordons à un environnement de commerces et de bureaux, où les femmes actives s’élèveront sur des escarpins ouverts, ces souliers à talons hauts laissant paraître, aux beaux jours, l’avant ou l’arrière du pied. Bien souvent, ils arrêtent le regard car, à cacher et révéler à la fois, ils intriguent et suscitent des réactions complexes. Dans ce flot de talons décolletés, on distinguera parfois ces ballerines légères et plates qu’arborent pudiquement les étudiantes, dont les rêves dansent en elles. Les soirs d’été ou de Féria arrivés, l’Espagne enserrant Nîmes encore un peu plus de son étreinte, se donneront à admirer celles dont on prononce le nom en joignant les lèvres, à savoir les mules. Ces chaussures qui, le plus souvent, sont rehaussées, offrent entièrement le talon aux regards. Elles sont, dans l’espace public, comme la furtive apparition d’un lieu plus intime et privé, le début d’un abandon qui s’interrompt, laissant dans son sillage la nostalgie d’une sensualité sans contraintes. Enfin la nuit venue, avant de rentrer chez vous ou de continuer votre route, vous pourrez passer par la place d’Assas où, sur la fontaine centrale, deux jeunes dieux portent aux nues une étoile. Votre regard descendant du ciel pourra se faire plus attentif, et vous apercevrez alors que la petite fille porte à ses pieds des « méduses » ; ces fameuses sandalettes de plastique que l’on revêt pour se baigner sans danger. C’est sans doute là un clin d’œil de Martial Raysse, l’artiste qui a dessiné cette place, à nos ancêtres romains qui, dans les fondations de leurs monuments, cachaient une tête de méduse en guise de porte-bonheur… Et après tout, pourquoi ne pas considérer que l’accord entre un pied et sa chausse, c’est-à-dire la démarche, est toujours une chance, un début d’espoir, comme si toutes les Nîmoises portaient des méduses à leurs pieds. Olivier Lange UNEÀNÎMES N°24 I juin 2012 3 la Une à Nîmes Quel est le regard des estrangers ? Janet Vidal, étudiante cubaine en Erasmus Grâce au concours de l’association « Rencontres internationales » qui donne des cours de français, Une à Nîmes a donné la parole aux étrangers (lire « les estrangers ») qui vivent à Nîmes ou dans sa région. Une belle occasion de saisir les regards sur notre cité qui s’offre de plus en plus belle aux touristes à l’approche de l’été. Le poids de l’histoire Le caractère hispanique Je suis très impressionné par les monuments historiques que vous avez en centre-ville » indique l’étudiant Mexicain de 23 ans, Daniel. C’est le premier regard qui se pose sur notre ville. Un regard sur les 2 000 ans d’histoire dont les Arènes, la Maison Carrée et la Tour Magne sont les principaux témoins. Nul doute que ce regard rompt avec les décors en pâte à mâcher des sites touristiques américains. Nîmes plaît particulièrement aux étrangers hispaniques. Ainsi l’on retrouve Monica, la colombienne, ou encore Sébastian, l’argentin aux commandes du Petit Mas, le restaurant de la rue de la « Les Nîmois mesurent-ils cette chance ? 4 UNEÀNÎMES N°24 I juin 2012 Madeleine. « Ca ressemble beaucoup à l’Espagne, il y a beaucoup de vie, de soleil, la mer à quelques kilomètres », indique Alba, infirmière espagnole qui travaille à la polyclinique. «Infirmière est un métier qui paie mieux en Espagne qu’en France mais je ne trouve plus du travail dans mon pays, c’est la crise !» Nîmes s’envisage comme une solution pour trouver un emploi. Janet, une jolie cubaine de 25 ans, est saisonnière dans un restaurant. « Je repars ensuite sur Paris pour poursuivre mes études en Erasmus », précise avec un accent marqué celle qui a servi des Mojitos toute la dernière féria. la Une à Nîmes Nîmes, un carrefour et un village Les aspects négatifs Nîmes semble convenir car la ville est « près de tout » lance Jorgiane, une brésilienne de 39 ans qui accompagne la vie de son mari légionnaire. « J’ai fait Madrid et Rome en voiture. J’ai pris le TGV pour aller à Paris et même l’avion pour aller à Londres », continue t-elle. La ville lui permet d’être facilement mobile même si elle regrette qu’il n’y ait pas assez de magasins ou de fêtes nocturnes comme à Montpellier. Une ville humaine à échelle La dimension à échelle humaine est également appréciée de Romy, une Suisse de 58 ans qui a ouvert des chambres d’hôtes à Saint Etienne d’Escattes (Gard). « Les gens sont gais, sympas et respectueux », s’accorde à dire Kei, une Japonaise de 31 ans installée ici suite à une rencontre amoureuse. « C’est une petite ville où il y a tout », tient à préciser cette responsable de l’exportation au Domaine des Tuileries. Mais Nîmes fait aussi l’objet de remarques négatives. La comparaison avec Montpellier est souvent faite en sa défaveur lorsqu’il s’agit d’évoquer les sorties, les magasins ou les offres d’emploi. Etonnante remarque de Daniel, le mexicain qui ne comprend pas pourquoi « la ville va dépenser 80 millions d’euros pour 4 lignes de bus ». D’ailleurs, il a posé la question à la Maison des Grands travaux. Réponse « vous les Mexicains vous polluez beaucoup alors vous ne pouvez pas comprendre…». Bienvenue dans la ville des clichés. Le regard des étrangers sur Nîmes en souligne les nôtres! Jérôme Puech n Cinq regards... Jorgiane Brésil Romy Suisse Mexique Nîmes me permet d’être très mobile et d’aller ainsi partout en France et en Europe. Je déplore le manque de magasins ou de sorties en comparaison avec Montpellier. Nîmes est une ville très charmante, tranquille et petite. Le centre est homogène et il y a beaucoup d’activités. Le poids de l’histoire est fort. Ils essaient de faire passer le message de ce point de vue. Mon pays n’a pas l’histoire comme la vôtre. Il n’est pas aussi vieux. Je suis très impressionné par les monuments en centreville. C’est la première chose qui m’a frappée en venant ici. Daniel Alba Kei Japon Espagne Très jolie ville. Plus belle que Nice d’où je viens. Je n’ai jamais de problèmes à Nîmes. Les gens sont très respectueux et très gais. Il y a tout dans cette petite ville. Cela ressemble beaucoup à l’Espagne car il y a beaucoup de vie, il y a la mer et le soleil. J’aime sortir et je trouve qu’il n’y pas assez de fêtes la nuit. J’avais imaginé cela alors je ne suis pas trop déçue. UNEÀNÎMES N°24 I juin 2012 5 Chronique de Miss Blablabla eur o c e r t o n et Quand e n g i l e r t balance en courbes L e mois de juin. Ou le mois schizophrène pour toute femme normalement constituée : d’un côté, nous commençons à profiter du soleil, des terrasses et une certaine fébrilité s’empare de nous au moment d’enfin dégainer nos jolies petites robes légères. Et d’un autre côté… Hé bien d’un autre côté, re-voilà notre face obscure qui s’éveille, avec ses interrogations et ses angoisses : vais-je être présentable en maillot de bain cet été ? (c’est que la gente féminine se pose des vraies questions de fond, on ne cessera de vous le répéter, Messieurs) De façon assez fourbe, chaque année les magazines féminins nous sortent leurs marronniers, mettant ainsi le ver dans la pomme : « Comment perdre les kilos superflus pris cet hiver ? » « Etre belle et ronde : l’utopie éternelle »… Nous avons beau nous défendre de lire de telles sottises, nous ne parvenons pas à rester insensibles aux titres nous promettant une silhouette de rêve sans privation (le mensonge le plus vieux de tous les temps). De notre manque de volonté de démarrer le programme de relance du cuissot, pourtant fortement motivé à coups de « le changement c’est maintenant » annoncé le poing levé à notre moitié qui, comme chaque année, est spectateur de ce pathétique manège qu’il se contente de commenter d’un « pfffff… » en quittant la pièce (et évitant ainsi toute discussion vaine). (Bon sang que cette phrase était longue) Nous finissons toutefois par acheter ces fichues piles AAA, les mettre à l’emplacement réservé, et vérifier le bon état de fonctionnement de l’ensemble en montant fièrement sur la balance. Et là c'est le drame ! Et chaque année, nous décidons de nous remettre au sport et afin de rester vigilantes sur l’évolution de notre poids, nous rachetons des piles pour le pèse-personne resté planqué sous le meuble de notre salle de bain depuis l’été dernier. Je passe sur les oublis répétitifs au moment de faire les courses, d’acheter enfin ces maudites piles… Oublis qui commencent, à force de répétition, à s’apparenter à une sorte de truc inconscient mais totalement révélateur de notre déni… Ou pire ! 6 UNEÀNÎMES N°24I juin 2012 Et là, c’est le drame. Prise d’un syndrome de la Tourette, nous crachons les pires insultes et autres noms d’oiseaux qui pourraient faire rougir un camionneur aguerri. Cette salope de balance n’est rien qu’une menteuse. Et tout cela se finit en pleurs. Fatalement. Alors Messieurs, pardonnez-nous d’avance pour cet horrible spectacle que nous nous apprêtons à vous offrir et prenez les devants : jetez le pèse personne par la fenêtre et n’oubliez jamais l’essentiel.A la question « Tu me trouves grosse ? », un seul moyen de s’en sortir : répondre immédiatement « NON », sans l’ombre ni une seconde d’hésitation. Il en va de la santé mentale de votre douce. Et de la vôtre, aussi. Retrouvez Miss Blablabla: http://blog.missblablabla.com Dans le Rétro Le tournage du film de François Truffaut en 1958 Les Mistons de Bernadette L e film raconte une histoire d'amour entre Gérard (Gérard Blain) et Bernadette (Bernadette Lafont) dans le Sud de la France. Des gamins jaloux vivant aux alentours de Nîmes perturbent le couple. En 1958, François Truffaut est déjà une personnalité du paysage cinématographique français. Il est connu comme polémiste aux côtés de futurs cinéastes comme Claude Chabrol, JeanLuc Godard ou encore Jacques Rivette. Mais c'est bien Truffaut le plus virulent. Il est adoré par certains, détesté par d'autres. Mais l'important n'est pas de plaire ou de déplaire, l’essentiel est de ne pas laisser indifférent. Après avoir lancé la politique des auteurs et acquis une culture cinématographique solide, il décide de se lancer dans la réalisation. Il considère que son œuvre débute en 1958 avec son film Les Mistons. Pourtant, Truffaut était déjà passé derrière la caméra quatre ans auparavant avec l'aide de Rohmer. Mais c'est bien son deuxième film qui marque le début de sa carrière de cinéaste. Le choix de Lafont Au début de l'année 1957, François Truffaut tombe sur une nouvelle écrite par un de ses collègues de la revue Arts, Maurice Pons. Elle s'intitule Les Mistons et raconte l'histoire de Yvette et Étienne, un jeune couple qui se voit rendre la vie impossible par une bande de gamins jaloux. L'écrit tape dans l'œil du critique et il décide de l'adapter en court-métrage. Pour le rôle d'Étienne, François Truffaut pense à Gérard Blain. Quant à celui de Yvette, il voudrait le confier à Bernadette Lafont, la femme de Blain, à qui il propose le rôle lors du Festival de Cannes 1957. Le tournage a lieu à Nîmes durant l'été 1957. Truffaut a découvert cette région avec des amis et il en est tombé amoureux. Il abandonne son idée première qui était de tourner à Strasbourg et pose sa caméra dans le Gard. C'est ici qu'il transpose la nouvelle de Maurice Pons. Bernadette Lafont raconte ses début de comédienne et son expérience dans Les Mistons: « On s'est retrouvé à Nîmes, dans les Cévennes... que des coins que je connaissais (…) Truffaut m'a dit qu'il sentait que j'avais autant envie de faire du cinéma que lui (…) Ce film avait beaucoup de sens, beaucoup d'allure et énormément de chic quelque part »1. Une balade à vélo L'actrice gardoise ouvre le film. Elle remonte le Boulevard Victor Hugo en vélo alors que la caméra lui fait face. C'est avec ce véhicule que Bernadette nous fait une visite guidée du Département. Nous la suivons jusqu'au Pont du Gard qu'elle traverse robe et cheveux au vent. La suite de l'histoire nous amène dans le lieu le plus emblématique de la ville de Nîmes: l'amphithéâtre. Dans la scène qui se déroule à l'intérieur de ce dernier, les gamins sont comme des taureaux lâchés dans les arènes. Ils tentent d'importuner la balade romantique de Gérard et Bernadette. Leurs bêtises ne sont pas sans laisser penser au personnage d'Antoine Doinel dans Les Quatre cents coups. En effet, on retrouve le thème de la jeunesse, qui est récurent dans ce courant cinématographique qu'est la Nouvelle Vague. Les péripéties des « Mistons » continuent dans les Jardin de la Fontaine. Ils y écrivent à la craie des « inscriptions vengeresses » à l'adresse du jeune couple. Après que le personnage de Gérard se soit tué dans un accident de montagne, les Mistons revirent Bernadette sur les quais de la Fontaine, marchand devant la caméra avec une jupe désormais noire. Tout le long du film, Truffaut tente de filmer la ville comme il filmerait une femme. A l'instar de Bernadette pour les enfants, cette ville est retranscrite par le cinéaste de manière à livrer au spectateur « une sensualité lumineuse ». Thibault Loucheux n www.cinephiletv.com/ 1Entretien accordé à ARTE: http:// videos.arte.tv/en/videos/premiere_fois_ bernadette_laffont-3631130.html UNEÀNÎMES N°24 I juin 2012 7 Franchir les murs du SON ! Alexandre et Fabien en haut 8 UNEÀNÎMES N°24 I juin 2012 340 MS, le disquaire indépendant de la rue Auguste Pelet résiste depuis 1980 à la FNAC et aux téléchargements illégaux. Alexandre et Fabien ont repris les murs du son depuis un an suite au départ du fameux Jean-Marie. Ce sont plus de 4 000 produits proposés du vinyle au CD. Retour aux sources. « Je vois des jeunes prendre des notes et repartir sans rien acheter » lance Fabien avec un certain désenchantement. L’époque est ainsi faite : les jeunes téléchargent leur musique sur Internet sans passer par une belle discussion avec un disquaire. Celui de la rue Pelet est un lieu devenu mythique pour beaucoup de Nîmois amateurs de musique. Leur créneau est celui d’une génération, les quadras. Cette génération aime venir fouiner, discuter, échanger, écouter pour ensuite craquer sur tel vinyle ou tel CD de rock, de jazz, de pop ou de folk. Jean-Marie, l’ancien responsable, a su dans les années 80 instaurer un rapport différent entre la musique et ses clients. Il avait son caractère, sa gouille, sa voix grave… La relève Cependant la figure de la musique indépendante a décidé un beau jour de laisser Alexandre, son plus fidèle collaborateur et Fabien, ancien responsable d’une boutique de skate, reprendre la boutique. Alexandre se charge de la gestion des commandes. Il a cohabité durant de longues années avec le prophète. Fabien fait bénéficier de son réseau personnel et de son goût pour l’aménagement. L’ancien skateur de rue connaît bien la musique. Il est batteur dans le groupe Harold Martinez, un groupe folk rock. Une référence en résistance Lorsque l’on interroge le duo sur les difficultés du marché de la musique, ils restent souriants malgré un contexte défavorable. Il se murmure même que la FNAC envisagerai de partir de la Coupole des Halles. C’est dire. « Mathieu, le vendeur Rock de la FNAC est très bon d’ailleurs il vient souvent acheter ces CD chez nous » raconte goguenards les deux passionnés. 340 MS tente de se démarquer en proposant des expositions de photos, des shows case originaux ou encore des liens très forts avec le tissu associatif local. Ils font la part belle aux labels et groupes locaux. Alexandre joue la carte de la fidélité et de la proximité. Tout en répondant à mes questions, il sert un client. Il semble les connaître eux et leur goût sur le bout des doigts. Think différent « A Nîmes, il n’y a pas que la brandade et la féria» aime à dire Fabien avec son côté rebelle. A vingt ans, il avait donné quelques soucis à la municipalité qui voulait régler le problème du skate en centre ville. Aujourd’hui, plus mesuré, Fabien fourmille d’idées pour attirer ses clients avec des façons de penser différente. Il veut croire à d’autres manières d’apprécier la ville et ses musiques variées et actuelles. « La Scène de Musiques Actuelles qui doit ouvrir en septembre est une bonne chose. Pourvu que cela créé une bonne dynamique » enchaine t-il. Au rayon des clients décalés, ils se souviennent d’avoir discuté une journée entière dans la boutique avec Moustik, l’animateur de Groland venu mixer dans une bodega lors d’une féria précédente. Ensemble, ils ont du franchir le mur du con. Jérôme Puech 340 MS – Alexandre et Fabien 2, rue Auguste Pelet http://www.340ms-disquaire.com/ (bientôt en ligne cet été) Sur Facebook UNEÀNÎMES N°24 I juin 2012 9 Plaisirs de voir Les étoiles de la nuit France Bleu Antoine Maestracci, directeur de la radio France Bleu Gard Lozère, a levé le voile de l’affiche du concert gratuit des arènes du 29 juin : Aubert, Lenorman, Chimène Badi et la comédie musicale 1789. Voilà 9 ans déjà que la radio « des plus belles chansons françaises » propose un concert gratuit pour ses auditeurs et pour les gardois dans le plus bel endroit du monde, les Arènes de Nîmes. Ce sont donc 12 500 spectateurs attendus pour une nouvelle édition « plus resserrée » avec seulement quatre têtes d’affiches annoncées. Comment se procurer des places ? Chaque année c’est la course au fameux sésame. La radio prévoit de faire une tournée dans les villes du Gard afin de récompenser ses plus fidèles auditeurs. Pour les Nîmois, plusieurs rendez-vous sont proposés: le 6 juin à 11h dans les jardins de l’Imperator, le 14 juin à 14h dans la Coupole et le 20 juin à la radio située boulevard des Arènes. Il sera également possible de gagner des places à l’antenne et via Facebook. Olivier Devic et Thierry Garcia animeront la soirée Le bon dé(clic) pour Nîmes ! Nouveau site: www.uneanimes.fr UNEÀNÎMES N°24 I juin 2012 10 Rencontre nîmoise Les dés sont jetés Pascal Andréani Le petit questionnaire Serveur du 421 Un Nîmois : Simon Casas, le directeur des arènes des Nîmes. On le voit à la TV espagnole et il cite souvent Nîmes. C’est un client régulier. Un événement : Les 2 férias car elles sont un appel incroyable pour le tourisme de la ville. C’est un véritable PLUS pour les commerçants. Un lieu: Le 421 bien sûr parce que j’y travaille et que je connais tous les clients. Que du bonheur. A 37 ans, ce jeune Nîmois est le barman du 421, un café très proche de l’identité nîmoise. Il est au cœur du centre-ville et des rencontres authentiques. « Le comptoir d’un café est le parlement du peuple », écrivait Balzac. Alors imaginez le fameux bar 421 niché dans la rue Fresque en période d’élections présidentielles et législatives ! « J’ai beaucoup rigolé durant cette période », avance sourire en coin Pascal Andréani, l’ incontournable serveur de ce lieu symbolique. Les phrases cultes, les disputes, la montée du FN, les échanges pagnolesques…Pascal est le spectateur privilégié de cette vie. Une vie marquée par l’identité espagnole de la ville. Les murs, la TV, les discussions tournent essentiellement autour de la corrida. La vie en bus Pascal ouvre la boutique à 10 heures tous les matins. Il file à 18h pour laisser le zinc à d’autres mains. « Un fonctionnaire » de café en quelque sorte. Ayant eu quelques difficultés avec les bleus, il a dû expérimenter le déplacement en bus. Même après avoir retrouvé son passeport rose, il avoue venir travailler depuis Caveirac en bus. « C’est vraiment bien le Tango. Je ne me soucie pas de mon trajet ni de mon parking ». Et si Pascal avait raison avant tout le monde ? Le parcours Avant de travailler au bar 421, Pascal a eu un parcours à l’image de son père commerçant qui tenait la fameuse pizzéria Cerrutti, place Montcalm. Pascal fait des études chez les Jésuites à Montpellier. Il déboule à Nîmes en 1994 et rejoint son père nîmois. Il commence par travailler dans un restaurant de la rue de l’étoile, « le fou du roi». Jef est alors son patron, une figure des nuits nîmoises. En 2002, il sert au Café latin au pied de la superbe Maison Carrée. Puis, il prend une affaire à Saint Hippolyte du Fort. L’aventure est difficile. Elle dure 4 ans. Retour à Nîmes. C’est Olivier Ferrari qui lui tend la main et lui ouvre la porte du « New’s café » sur le boulevard Gambetta. Son sens du relationnel Le sens du commerce est un atavisme mais pas que. Pascal est doué pour instaurer la convivialité entre les clients. Il est facilement taquin, jovial, souriant, joueur…bref des qualités adaptées à son rôle de barman. Sa principale qualité : un sens du relationnel inné. François, le patron, est de la même veine. Il s’est sans doute vu en lui tel un effet de miroir. « C’est un très bon patron de bar qui connaît beaucoup de monde. Il tient bien sa boutique », indique Pascal, sans trop en faire, de François. Des clients appréciés Pascal sert à boire à des habitués : des commerçants, des touristes, des clients de passage et des Nîmois. « C’est agréable d’avoir à faire à une clientèle très fidèle pour le café ou le petit déjeuner ». Ainsi , il est heureux de pouvoir servir Denis 22, sculpteur, Olivier Ginac, antiquaire réputé, Jean-Pierre Formica, l’artiste de l’affiche de la féria ou encore Simon Casas, le passionné directeur des arènes. Pascal s’implique pleinement durant les férias. Enfin Pascal amuse la galerie lorsqu’il défie les clients lors d’un jet de dés, un 421 bien sûr ! Jérôme Puech 11 UNEÀNÎMES N°24 I juin 2012 Les Nîmoiseries du monde Séb Une rubrique pour les nîmois loin de leur terre natale Chaque mois, Une à Nîmes donne la parole à un de nos concitoyens expatriés plus ou moins loin de sa Tour Magne natale. Tous nous ont, jusqu’à présent, conté des mondes forts différents de notre cité des Antonins. Alors après Strasbourg, Montpellier , New-York , Séville, le Liban, le Japon, Paris, Milan, Londres, le Canada, le Turkménistan le Mexique, Sydney, Miami, Prague et Marie Galante, nous voici à Varsovie en Pologne. 12 I UNEÀNÎMES N°24 I juin 2012 Le journaliste Polac A lors que l’Euro de football s’apprête à commencer en Ukraine et en Pologne, Sébastien, Nîmois expatrié depuis plus de dix ans en Europe Centrale, nous fait part de son expérience à Varsovie. La capitale polonaise, a su le captiver car elle a tant à offrir. Les Nîmoiseries du Monde L' I N T E R V I E W À D I S TA N C E . . . peu excentrée. C’est en fait une ville de contraste qui reste malgré tout très verte dans son ensemble avec de nombreux parcs. Elle est également très étirée et coupée en deux par la Vistule. Quels conseils donner à une personne qui viendrait en visite chez toi ? Dis nous ce que tu fais ? Je partage ma vie entre deux villes et deux occupations. Je suis journaliste en Pologne où je m’occupe de politique étrangère pour plusieurs titres nationaux et j’enseigne les relations internationales et les sciences politiques à Prague, en République Tchèque. Dans quelle ville es-tu ? Je vis principalement à Varsovie, capitale de la Pologne, agglomération de plus de 2,5milions d’habitants. Peux tu décrire cette ville ? C’est une ville assez difficile à décrire… Elle a été durement marquée par la seconde guerre mondiale, et a été détruite à plus de 80 pourcent. Ce que l’on a reconstruit de Varsovie est très éloigné de ce qu’était la ville d’avant guerre, le style soviétique prévaut avec ces grandes avenues bétonnées interminables et cet immense palais de la culture qui estomaque les visiteurs au sortir de la gare centrale. Ce blockhaus de 230 mètres de haut qui domine l’artère principale fut le « cadeau » de Staline à la Pologne. La vieille ville, qui a été reconstruite à l’identique, est un Varsovie ne se donne pas facilement aux visiteurs en quête de typique et de pittoresque. Il faut du temps pour se laisser séduire pas son rythme, son incroyable dynamisme, et son caractère unique. Mais celui qui prendra le temps et qui se laissera guider par les locaux ou qui se donnera la peine de chercher un peu, trouvera une ville insensée, d’une grande intensité culturelle qui lui donne des faux airs de Berlin ou … de Barcelone ! Il faut être patient et curieux pour l’aborder. Différences et similitudes avec Nîmes ? Je n’en vois guère. Peut être que Pissevin a des faux airs de construction soviétique. A moins que ce soit l’inverse… Ou peut être ce caractère presque latin qu’ont les gens ici et ce gout immodéré qu’ils ont pour la fête. On fait beaucoup la fête à Varsovie ? Quand tu sais où aller c’est la féria toutes les semaines à partir du mercredi soir, sans la pégoulade et avec plus de vodka et moins de pastis... C’est vrai qu’il manque peut être aussi un taureau ou deux… Une anecdote humoristique sur ta vie là-bas ? Alors que je débarquais de Prague où j’habitais dans un immeuble du 15ème siècle dans le cœur historique, et que le choc visuel était assez grand, je me suis laissé entrainé à un vernissage dans un hangar désaffecté entièrement éclairé à la bougie. Les gens qui organisaient l’événement, voyant que j’étais ébahi par le spectacle inattendu, m’ont dit sans broncher « tu vois, sans électricité on arrive à faire des choses. C’est juste une question d’habitude ! » Le ton était donné, je me fais encore régulièrement « chambrer » alors que j’habite en Europe Centrale depuis plus de dix ans… Nîmes te manque t-elle ? Quand en hiver la nuit tombe en milieu d’après midi et que le thermomètre affiche un petit moins 25 degrés, Nîmes me manque alors cruellement… Tu reviens à quelles occasions ? Je reviens dès que je peux, pas autant que je voudrais, pour voir les miens qui me manquent en toute occasion. Propos recueillis par Jérôme Puechn UNEÀNÎMES N°24 I juin 2012 13 Reg' Arts Une journée porte ouverte aux Arènes en 2010 proposée par les "Aficionados practicos" Sur les sculptures d'Alain Taligrot Rien que pour le geste 14 UNEÀNÎMES N°24 I juin 2012 Reg' Arts Alain Taligrot expose ses sculptures à la galerie Audrey Carbo, place d’Assas. Une à Nîmes pose un regard admiratif sur cet artiste simple et doué dont la principale activité est de figer dans le bronze et la céramique les femmes (souvent des danseuses) et les taureaux de combat. « Artiste sans concession, d’une suprême modestie, et fort éloigné des basses spéculations » écrit Michel Dansel, l’écrivain, dans la plaquette de présentation des œuvres d’Alain Taligrot. C’est également un Nîmois de la Croix de Fer né sous le signe du taureau. Un taureau qui sculpte les fauves avec une grande force. Un taureau qui le même âge que la féria de Nîmes. « Petit je garde un souvenir particulier de la féria car j’avais pris un pétard dans le visage. J’avais l’impression de saigner beaucoup», raconte pour témoignage cet petit bonhomme au crane dégarni et aux cheveux longs sur la nuque. Une famille nîmoise bien ordinaire Des « Henri » pour références Où voir les œuvres de Tali ? Lorsque je tente de trouver des traces familiales de ce talent, de ce don, Alain Taligrot ne sait pas me répondre. Nous évoquons son frère restaurateur à Valleraugue (Gard). Il m’explique que son père était négociant en vins sur le boulevard Amiral Courbet. Enfin, il me parle de son frère qui vit à Marseille tout comme le mien. De son fils ou de sa fille, il n’attend rien car « ils en avaient marre de devoir m’attendre finir mes travaux dans l’atelier ». Son fils, Pablo, écrit certains textes de ses plaquettes. Ma culture étant limitée, je vois dans ses œuvres exposées Malgré toute cette simplicité et cette modestie, vous à la lumière d’un magnifique patio de la place d’Assas pouvez voir les œuvres d’Alain Taligrot dans le monde un clin d’œil à Botero et à Giacometti. Alain Taligrot entier : sur le port de Copenhague, dans le jardin de fait chanter ses œuvres autrement bien sûr. Sur un air Bernard Buffet à Montmartre, chez un ancien PDG de de « Je m’appelle Henri » de Daniel l’ORTF…à Nîmes les pièces sont Balavoine, il me cite ses références visibles au Cheval Blanc chez Michel personnelles : Henri Laurens, Henri Hermet, au restaurant du Lisita et à Moore et Henri Matisse. Sa première "le picador Fritero était un l’Impérator. Le plus bel écrin demeure émotion, Alain Taligrot la ressent avec la galerie d’Audrey Carbo sur la place camarade de classe" Mayol. « J’aime la femme et la danse », d’Assas. Vous verrez quelques une dit-il. Autre influence : la corrida. « Le des 1 000 pièces qui sont sortis de picador Fritero était un camarade de son four à 1200 degrés et de son classe au Mont Duplan», lance l’artiste. atelier de 90 m2. Son père l’amenait voir des corridas aux arènes. « Le fameux 6ème taureau gratuit pour les nîmois ». Il vous appartient comme moi de savoir aimer les belles sculptures d’Alain Taligrot, « rien que pour le geste sans vouloir le reste », dirait Florent Pagny. Ses danseuses difformes Les danseuses de Taligrot ne sont pas des canons de féminité. « Massives, épaisses, infirmes d’elles-mêmes, elles offrent leurs bras et leurs jambes difformes », nous décrit une nouvelle fois la plaquette de présentation. La beauté est ailleurs. Dans le geste. Dans un mouvement. Une posture ou une attitude si bien reproduites par les mains de son atelier de la rue du Cirque Romain. L’ancien paysagiste s’est trouvé une belle reconversion lors d’un retour salutaire à la campagne, « Dieulefit » le pays des potiers dans la Drôme. Jérôme Puech Voir ses œuvres : Galerie Audrey Carbo, place d’Assas à Nîmes www.taligrot.com UNEÀNÎMES N°24 I juin 2012 15 Le Bamboo Beach Plage du Grau du Roi Samedi 30 juin de 20h à 1h DJ ROME fait sa Kitch 16 UNEÀNÎMES N°24 I juin 2012