Jean-Paul II étendard de la nouvelle évangélisation
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Jean-Paul II étendard de la nouvelle évangélisation
Jean-Paul II étendard de la nouvelle évangélisation par Giovanni Torres, IMC Il arrive souvent qu’une nouvelle expression fasse son chemin et se retrouve dans la bouche de tout le monde. Ceci advient surtout lorsqu’elle répond à une attente, à une nécessité ou à une conviction commune. Telle est le cas de la nouvelle évangélisation. Par contre, chez ceux qui n’en connaissent pas la vraie signification, cette nouvelle expression, souvent utilisée, peut susciter une aversion. Reconnaissant l’importance de bien faire comprendre la nouvelle évangélisation, j’en ai fait le sujet de ma thèse de maîtrise en théologie missionnaire, à l’université Gregoriana de Rome. La nouvelle évangélisation est devenue une des expressions typiques de la mission de l’Église selon la vision que Jean-Paul II a eu durant son pontificat, initié de façon significative avec l’exhortation à ne pas avoir peur d’ouvrir les portes au Christ, fondement et tuteur de l’humanisme intégral. L’expression nouvelle évangélisation avait déjà été utilisée à la deuxième conférence générale de l’épiscopat latino-américain. C’est l’épiscopat latino-américain qui confirme le même concept dans les documents pour les synodes de 1974 et de 1977, où le cardinal Karol Wojtyla était un des membres du secrétariat.. En fait, c’est l’expression la meilleure pour mettre en évidence ce que doit être la réponse de l’Église aux défis du troisième millénaire. Elle englobe « l’aggiornamento » de Jean XXIII et « la civilisation de l’amour » de Paul VI. Elle s’inscrit également dans la continuité du projet du Concile Vatican II de mettre le monde moderne en contact avec les énergies vives de l’Évangile, tel qu’expliqué dans l’Evangelii Nuntiandi de Paul VI. Jean-Paul II a eu le mérite d’accueillir cette invitation, d’en expliquer les caractéristiques, de la concrétiser, de la valoriser et de la présenter comme programme à l’Église universelle. De la croix de Nowa Huta, en 1979, pendant son premier voyage apostolique en Pologne, visite de commémoration du premier millénaire du christianisme dans ce pays, il lance l’appel pour la première fois, à la nouvelle évangélisation, en indiquant comme source la doctrine du Concile Vatican II. Quatre ans plus tard, Jean Paul II, lors de la XIXe assemblée de la conférence épiscopale latino-américaine à Port-au-Prince, en Haïti, il demande à tout le monde un engagement, non pas de reprendre l’évangélisation, mais d’entreprendre une nouvelle évangélisation. Nouvelle par son ardeur, par sa méthode et par son expression. Un des soucis les plus fréquents du Pape était que le troisième millénaire, en plus d’être postmoderne, soit aussi post-chrétien. De là son insistance pour que l’Église se renouvelle continuellement pour faire face aux défis qu’elle trouve dans tous les contextes géographiques et culturels où elle réalise sa mission évangélisatrice : la sécularisation, la surconsommation et l’athéisme dans le vieux continent européen et l’Occident; l’injustice institutionnalisée et offensive pour la dignité humaine que l’Amérique latine enchaîne à la prolifération des sectes; les dialogues avec les religions non chrétiennes et le processus d’inculturation du christianisme en Asie, en Afrique et en Océanie. Dans l’énorme magistère du pape Jean-Paul II, les documents qui développent la signification, les objectifs, le contenu et la méthode de la nouvelle évangélisation se sont multipliés. Retenons l’exhortation synodale Christifideles laici (1989), l’encyclique Redemptoris missio (1990), le discours inaugural du saint-père lors de la IVe Conférence générale de l’épiscopat latino-américain, à Santo Domingo (1992), ainsi que les conclusions des synodes d’Amérique, d’Europe, d’Afrique, d’Asie et d’Océanie. L’expression « nouvelle » fait référence à la nouveauté chrétienne. Dans n’importe quelle époque du christianisme et de l’histoire de l’évangélisation, le croyant ou la croyante reçoit l’urgent appel à être une personne nouvelle, à vivre une vie nouvelle, à construire un monde nouveau. Quant à l’expression « évangélisation », Paul VI l’a décrite dans sa grande exhortation apostolique de 1975 : « Évangéliser, pour l’Église, c’est porter la Bonne Nouvelle dans tous les milieux de l’humanité et, par son impact, transformer du dedans, rendre neuve l’humanité elle-même : " Voici que je fais l’univers nouveau " (Apocalypse 21, 5). Mais il n’y a pas d’humanité nouvelle s’il n’y a pas d’abord d’hommes nouveaux, de la nouveauté du baptême et de la vie selon l’Évangile. Le but de l’évangélisation est donc bien ce changement intérieur et, s’il fallait le traduire en un mot, le plus juste serait de dire que l’Église évangélise lorsque, par la seule puissance divine du Message qu’elle proclame, elle cherche à convertir en même temps la conscience personnelle et collective des hommes, l’activité dans laquelle ils s’engagent, la vie et le milieu concrets qui sont les leurs ». En faisant une évaluation sereine et objective, loin de juger les personnes ou les méthodes de la première évangélisation, accueillons l’invitation que nous a faite le pape Jean-Paul II et engageons-nous à donner une réponse urgente et adéquate aux situations des Églises d’ancienne chrétienté, dans lesquelles la foi a perdu sa force. Faire un saut de qualité dans notre évangélisation, en refondant sur la base missionnaire notre pastorale, dans la société industrielle moderne. Une évangélisation nouvelle est celle qui se renouvelle avec l’Esprit de la Pentecôte : celle qui signifie assurer la croissance d’une foi transparente et profonde, refaire le tissu chrétien des communautés chrétiennes qui vivent dans les pays d’ancienne évangélisation, s’engager en profondeur avec le nouvel avènement missionnaire, oser la mission. Tout cela sera possible seulement avec une ardeur apostolique renouvelée, avec la ferveur des saints évangélisateurs, en remuant les doutes et les ambiguïtés sur la nature, la nécessité et l’urgence de la mission ad gentes. L’évangélisation se doit d’être nouvelle aussi dans ses méthodes, en impliquant plus les Églises locales et les laïques. Finalement, elle doit être nouvelle dans ses expressions et son langage, pour être comprise et acceptée par les hommes d’aujourd’hui. Que Jésus, l’envoyé du Père, continue à appeler de nombreux et saints missionnaires; que l’Esprit consolateur continue à bénir et à accompagner l’œuvre d’évangélisation; que le Père et Notre-Dame de la Consolata complètent en nous ce dont nous manquons pour que son Royaume d’amour et de justice se réalise aujourd’hui. (Article aparu dans la revue des missionnaires de la Consolata « Réveil Missionnaire » Pages 4 et 5