Hygiène des mains - CClin Sud-Est
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Hygiène des mains - CClin Sud-Est
HYGIENE ET PRÉVENTION DES INFECTIONS DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES LES BONNES PRATIQUES D’HYGIENE DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES 2.2 Hygiène des mains Rôle des mains dans la transmission de l'infection Du fait de leur fonction, les mains du personnel soignant représentent la voie principale de transmission des micro-organismes responsables des infections nosocomiales (1 ,2), la flore étant acquise au contact des patients ou de l’environnement (Tableau V). Comment abaisser le niveau de contamination des mains ? Par un lavage simple Les objectifs sont l’élimination des souillures, matières organiques, squames cutanées et réduction de la flore transitoire par activité mécanique : • savon doux sans activité antimicrobienne, • savonnage pendant 15 à 30 secondes environ, • mains et poignets sont concernés. Par un lavage antiseptique* ou hygiénique (3) L’objectif est la réduction de la flore transitoire : • savon antiseptique (activité détergente et antimicrobienne), • savonnage de 30 secondes à 1 minute suivant les recommandations du fabricant, • mains et poignets (parfois avant-bras) sont concernés, ou • lavage simple suivi d'un traitement hygiénique des mains par frictions. Tableau V Origine de la flore des mains chez le personnel de santé. 328 Par un traitement hygiénique des mains par frictions L’objectif est la réduction de la flore transitoire sur des mains peu contaminées et non souillées : • friction des mains et des poignets avec une solution ou un gel alcoolique pendant le temps préconisé par le fabricant du produit. Comment organiser le lavage des mains ? Disposer de points de lavage des mains fonctionnels Un équipement minimum est nécessaire au lavage des mains. Un programme de rénovation ou d’aménagement de locaux doit impérativement intégrer la fonction lavage des mains en installant des points de lavage fonctionnels. • la vasque doit être profonde (50 cm au moins) et large, sans trop plein ni bonde obturable, • le robinet doit être muni d’un long col de cygne, • chaque point d’eau doit être équipé de savon liquide, • les essuie mains à usage unique en distributeur sont une nécessité, • chaque point de lavage doit être équipé d’une poubelle sans couvercle pour éliminer les essuie mains à usage unique, • une protection murale contre les éclaboussures doit entourer chaque point d’eau Flore résidente de chaque individu Flore transitoire acquise au contact de l’environnement Flore transitoire acquise au contact du patient Staphylocoques à coagulase négative Microcoques Corynebacterium sp Bacillus sp Acinetobacter sp Pseudomonas sp Staphylococcus aureus Entérobactéries P. aeruginosa Virus (rotavirus) HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6 HYGIENE DES MAINS OPTIMISER OPTIMISER La technique du lavage des mains Le choix et l’utilisation des produits ongles courts et absence de bijoux et de vernis (4), savonnage de toutes les zones de la main, ■ rinçage abondant, ■ séchage complet, ■ absence de recontamination immédiate à partir de l’environnement. ■ ■ Utiliser des produits adaptés Le choix des produits est un facteur important pour la réussite d’une politique de lavage des mains : aussi, il faut retenir des produits efficaces, bien tolérés, présentés dans un conditionnement approprié évitant la contamination du savon. Leur choix doit être confié à une personne ayant une compétence dans le domaine (pharmacien, hygiéniste, dermatologue). absence de parfums et de colorants dans le savon, ■ pour le lavage antiseptique, choisir un produit bactéricide* et pas seulement bactériostatique*, ■ pas d’excès de savon et rinçage soigneux, ■ respecter les consignes du fabricant (quantité de savon et temps de savonnage), ■ prévoir la possibilité d'utiliser une crème hydratante pour les mains du personnel après les soins ; l’idéal est qu’elle soit fournie dans des distributeurs placés dans les offices de soins. ■ OPTIMISER L’équipement commande d’ouverture de l’eau autre que manuelle, ■ savon liquide présenté en réservoir jetable, ■ commande de distribution du savon autre que manuelle, ■ équipement disponible sur le lieu même des soins (chambre, salle de kinésithérapie...), ■ installer des distributeurs de produits hydroalcooliques dans tous les points stratégiques (5). ■ Définir une politique de lavage des mains dans chaque service ou institution La mise en place d’une politique dans laquelle la dimension collective du lavage des mains occupe une large place est à même d’améliorer l’observance du lavage des mains : le rôle du groupe, l’exemple donné par l’encadrement, en particulier par les médecins, sont des atouts sur lesquels il faut s’appuyer pour créer une dynamique permettant à tous les acteurs de s’impliquer dans une campagne sur le lavage des mains. On peut ainsi recommander : • la prise en charge de la politique de lavage des mains par le personnel concerné lui même, • l’analyse systématique en équipe des situations nécessitant un lavage des mains en fonction des postes de travail et des différents métiers, • l’adaptation du type de lavage de mains au besoin, • l’organisation d’une communication dynamique et non culpabilisante sur le lavage des mains, • l’information des patients, des visiteurs et des bénévoles, • le suivi des problèmes de tolérance cutanée du lavage des mains. HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6 Bibliographie 1 - LARSON E. A causal link between handwashing and risk of infection ? Examination of the evidence. Infect Control Hosp Epidemiol 1988, 9 (1): 28-36. 2 -VANDERVEIKEN F, GOBERT E, ERNOULD A, et al. Les mains : le transport en commun des infections hospitalières. Bull.Inf.Hyg.Hosp., XV, n°2, 26-28. 3 - Antiseptiques et désinfectants chimiques. Lavage hygiénique des mains. Méthode d’essai et prescription. NFT 72 - 501 (EN1499). Juin 1997. 4 - HOFFMAN P, COOKE E, MC CARVILLE M, et al. Micro-organisms isolated from skin under wedding rings worn by hospital staff. Br med J 1985, 290: 206-207. 5 - GIRARD R. Solutions antiseptiques hydro-alcoolique pour les mains : quelle place devons nous leur faire? Hygiènes,1994, 4, 14-16. 329 HYGIENE DES MAINS OPTIMISER La politique de lavage des mains Analyser périodiquement les difficultés d'application de la politique préétablie. Mesurer l'observance du lavage des mains et communiquer les résultats. Éduquer au lavage des mains l'ensemble des professionnels soignants ou non, les patients et les visiteurs. Porter une attention particulière à l'hygiène des mains lors des soins en série. Hiérarchiser le niveau de contamination des mains lors des soins les plus fréquents et associer cette réflexion à celle sur l’utilisation des gants. 330 HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6 HYGIENE ET PRÉVENTION DES INFECTIONS DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES Lexique AFNOR biofilm Association Française de Normalisation. Association ayant pour mission de coordonner les programmes de normalisation en France et d’encourager la diffusion et l’application des normes. Ensemble de micro-organismes et de leurs sécrétions macromoléculaires qui sont présents sur la surface d’un matériau (Association pour la Prévention et l’Étude de la Contamination). antisepsie bionettoyage Opération au résultat momentané permettant, au niveau des tissus vivants, dans la limite de leur tolérance, d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou d’inactiver les virus, en fonction des objectifs fixés. Le résultat de cette opération est limité aux micro-organismes présents au moment de l’opération (AFNOR NF T 72 101). Procédé de nettoyage, applicable dans une zone à risques, destiné à réduire momentanément la biocontamination d’une surface. Il est obtenu par la combinaison appropriée d’un nettoyage, d’une évacuation des produits utilisés et des salissures à éliminer, de l’application d’un désinfectant. cas acquis antiseptique Selon AFNOR NF T 72 101, un antiseptique est un produit ou un procédé utilisé pour l’antisepsie dans des conditions définies. Si le produit ou le procédé sont sélectifs, cela doit être précisé. Ainsi, un antiseptique ayant une action limitée aux champignons est un antiseptique à action fongicide. Le caractère acquis d’une bactérie multirésistante peut être affirmé si un dépistage systématique à l’entrée dans un service a été réalisé et si celui-ci est négatif. La découverte d’une telle bactérie au cours du séjour plus de 48 à 72 heures après l’admission chez un patient antérieurement négatif laisse présumer que la bactérie a été acquise par transmission au cours du séjour. bactéricide Produit ou procédé ayant la propriété de tuer les bactéries dans des conditions définies (AFNOR, Comité Européen de Normalisation). Produit ou procédé ayant la propriété d’inhiber momentanément les bactéries dans des conditions définies (AFNOR). Le caractère importé depuis un autre établissement d’une bactérie multirésistante peut être affirmé si un dépistage systématique à l’entrée du patient dans le service a été réalisé et si celui-ci est positif. La découverte d’une telle bactérie chez un patient moins de 48 à 72 heures après l’admission laisse présumer que la bactérie a été transmise antérieurement par rapport au séjour actuel. biocontamination colonisation (colonisé) Contamination d’une surface (biologique ou inerte) ou d’un fluide par des micro-organismes véhiculés par l’air (contamination aéroportée ou aérobiocontamination), par des êtres vivants (la contamination par contact avec les mains en est la modalité majeure) ou par les objets. (Association pour la Prévention et l’Étude de la Contamination) Présence d’une bactérie dans un site qui en est normalement exempt, mais cette bactérie n’est responsable d’aucun symptôme local ou général d’infection ; exemple : présence d’une bactériurie isolée à Staphylococcus aureus dans les urines sans aucun signe d’infection urinaire. bactériostatique 364 cas importé HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6 désinfectant nettoyage Produit ou procédé utilisé pour la désinfection, dans des conditions définies. Si le produit ou le procédé est sélectif, ceci doit être précisé. Ainsi, un désinfectant ayant une action limitée aux champignons est désigné par : désinfectant à action fongicide (AFNOR NFT 72 101). Opération d’élimination des salissures (particulaires, biologiques, liquide,...) avec un procédé faisant appel dans des proportions variables les unes par rapport aux autres, aux facteurs suivants : action chimique, action mécanique, temps d’action de ces deux paramètres et température. désinfection nettoyage-désinfectant ◆ Opération au résultat momentané permettant d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou d’inactiver les virus indésirables portés par des milieux inertes contaminés, en fonction des objectifs fixés. Le résultat de cette opération est limité aux micro-organismes présents au moment de l’opération (AFNOR NFT 72 101). L’usage du terme « désinfection » en synonyme de « décontamination » est prohibé. Produit présentant la double propriété de détergence et de désinfection (Société Française d’Hygiène Hospitalière). ◆ Terme générique désignant toute action à visée antimicrobienne, quel que soit le niveau de résultat, et utilisant un produit pouvant justifier in vitro des propriétés autorisant à le qualifier de désinfectant ou d’antiseptique. Il devrait logiquement toujours être accompagné d’un qualificatif et l’on devrait ainsi parler de : • désinfection des dispositifs médicaux (= du matériel médical) • désinfection des sols, • désinfection des surfaces par voie aérienne, • et même désinfection des mains ou d’une plaie (Société Française d’Hygiène Hospitalière et Comité Européen de Normalisation). ◆ Élimination dirigée de germes destinée à empêcher la transmission de certains micro-organismes indésirables, en altérant leur structure ou leur métabolisme indépendamment de leur état physiologique (CEN) HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6 porteur (portage) Présence d’une bactérie dans un site où sa présence est habituelle sans qu’elle soit responsable d’infection ; exemple : présence de Staphylococcus aureus dans les narines ou dans d’entérobactéries dans les selles. précautions standard Ensemble des précautions d’hygiène qui s’appliquent à tout patient sans tenir compte de l’existence d’une éventuelle infection. Ces précautions intègrent la protection du personnel vis à vis des liquides biologiques, la prévention des accidents d’exposition au sang et les bonnes pratiques d’hygiène visant à limiter la transmission des micro-organismes hospitaliers lors des soins. Les précautions standard concernent l’hygiène des mains, les techniques de soins, le nettoyage et la désinfection du matériel de soins, l’entretien des locaux , de la vaisselle et du linge, la prévention des accidents d’exposition aux liquides biologiques dont le sang. L’application des précautions standard est indispensable à l’efficacité d’une politique de contrôle des infections nosocomiales. 365