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2010 Théâtre Saint-Gervais Genève P ER I S S O D UE Q I G O ÉDAG Théâtre Saint-Gervais Genève 2011 SOMMAIRE DOSSIER PÉDAGOGIQUE 2010 21 septembre au 9 octobre - dès la 1ère du post-obligatoire Kalavrita des mille Antigone texte Charlotte Delbo, dit par Philippe Campiche, mise en scène René 5 au 16 octobre - dès la 2ème du post-obligatoire Coups de foudre texte Michel Deutsch et Franz Fanon, chef de troupe Jean Louis Hourdin 2 au 13 novembre - dès la 9ème du CO LékombinaQueneau texte Raymond Queneau, mise en scène Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier 9 au 27 novembre - dès la 2ème du post-obligatoire Sylvie texte Gérard Nerval mise en scène Yves Charreton et Véronique Bettencourt 23 novembre au 4 décembre - dès la 2ème du post-obligatoire Obèse texte et mise en scène Antoine Jaccoud 2011 18 au 22 janvier - dès la 3ème du post-obligatoire Les inépties volantes texte, mise en scène et interprétation Dieudonné Niangouna musique et interprétation musicale Pascal Contet 27 janvier Journée de la mémoire - tous degrès CO et post-obligatoire 28 janvier au 12 février - tous degrès CO et post-obligatoire Mémoires blessées Histoire, cinéma, conférences, spectacles 1er au 19 mars - dès la 3ème du post-obligatoire /DUpÁH[HGHODFRPSODLQWH texte Philippe Soltermann, mise en scène Christian Geffroy Schlittler 8 au 26 mars - dès la 2ème du post-obligatoire -HPHPpÀHGHO·KRPPHRFFLGHQWDOHQFRUHSOXVTXDQGLOHVWGHJDXFKH texte et mise en scène Jérôme Richer L’argent un dyptique - dès la 1ère du post-obligatoire 3 au 21 mai .UHXJHU·V%XVLQHVV texte Jan Bergquiste et Hans Bendrik, mise en scène Eric Salama 3 au 21 mai DXEHUWHWVLURQIRQWSOXVDYHFPRLQV performance de et par aubert et siron® 21 septembre au 9 octobre Kalavrita des mille Antigone texte Charlotte Delbo, dit par Philippe Campiche, mise en scène René Trusses Un texte profondément ancré dans les douloureux souvenirs d’un massacre, accompagné des musiques originales écrites par Maël Godinat. Le texte Kalavrita est un poème dramatique qui relate une atrocité commise, le 13 décembre 1943 dans le Péloponèse, par les armées nazies en retraite. Il s’agit d’un spectacle mêlant le texte de Charlotte Delbo et des musiques originales écrites par Maël Godinat. Certains ont dit que la déportation ne pouvait pas entrer dans la littérature, que c’était trop terrible, que l’on n’avait pas le droit d’y toucher... Dire ça, c’est diminuer la littérature, je crois qu’elle est assez grande pour tout englober. Un écrivain doit écrire sur ce qui le touche. J’y suis allée, pourquoi n’aurais-je pas le droit d’écrire là-dessus ce que j’ai envie d’écrire ? - Il n’y a pas de mots pour le dire. Eh bien ! vous n’avez qu’à en trouver - rien ne doit échapper au langage. Charlotte Delbo Charlotte Delbo Elle est née le 10 août 1913 à Vigneux-sur-Seine - Paris. Elle fait partie des jeunesses communistes avant de devenir l’assistante de Louis Jouvet. Elle participe à un réseau de résistance et est arrêtée le 2 mars 1942 avec son mari, Georges Dudach. Il sera fusillé au Mont Valérien, le 23 mai 1942. D’abord emprisonnée à la Santé, elle sera déportée à Auschwitz, par le convoi du 24 janvier 1943. Elle est l’une des 49 femmes rescapées de ce camp et portera, le reste de sa vie, le numéro 31661 tatoué sur le bras. Libérée en 1945, elle travaille pour l’O.N.U. puis à partir de 1960, pour le C.N.R.S. tout en menant une carrière littéraire. Ce qui rend son destin exemplaire, c’est sa volonté, très tôt exprimée, de survivre à l’horreur pour revenir parmi nous afin de pouvoir témoigner. Dans un entretien publié dans Le Monde (20 juin 1975) elle dit : Quand je suis rentrée du camp, j’ai voulu témoigner. Il fallait que quelqu’un rapporte les paroles, les gestes, les agonies d’Auschwitz. Pour elle, il ne faisait pas de doute que son témoignage emprunterait la voix de la poésie et, plus précisément, celle de la tragédie la plus épurée. La musique Le texte et la musique seront sur pied d’égalité. Tous deux vont raconter l’histoire, chacun à sa manière, l’un relayant l’autre. Une harpe, un violoncelle, un piano, ou encore une clarinette basse. Un texte profondément ancré dans les douloureux souvenirs d’un massacre. Une musique à la fois violemment économe et doucement foisonnante. Une écriture simple et dramatique. Un rythme tendu et progressif. Une harmonie du discours. Un spectacle. Voilà pour la musique. Que dire d’autre ? Maël Godinat 5 au 16 octobre Coups de foudre texte Michel Deutsch et Franz Fanon, chef de troupe Jean Louis Hourdin Deux regards de poètes sur le monde occidental : un long poème imprécatoire de Michel Deutsch, contre les violences de notre société. Un cri pur et engagé, à l’instar de Fanon, pour penser l’homme et l’humanité autrement. Les textes Il y a vingt ans, Jean Louis Hourdin commandait à Michel Deutsch, un long poème imprécatoire, monologue contre le monde occidental et l’idéologie capitaliste qui déjà piétinait tout, tournant le dos à un développement possible de l’humain. Ce texte n’a pas vieilli, il est toujours d’actualité. En contrepoint, et dans la même soirée, la parole sera donnée à un représentant du sud l’immense poète Franz Fanon. Dans Peaux noires et masques blancs notamment, Fanon poursuit en miroir le constat de Michel Deutsch sur l’échec de l’Occident et du capitalisme, et tente la même recherche celle d’une nouvelle pensée, en essayant de passer sur ce qui s’est passé au cours des siècles où des peuples ont été exploités et colonisés. Sans oublier ces horreurs, il ne réclame cependant pas de vengeance, mais tente une façon nouvelle de parler de l’homme. Je conçois le théâtre comme une pensée politique de la communauté et son origine dans le devoir de se dresser en son sein, dans la catastrophe, pour éradiquer le malheur en toute dignité. Enfant de la décentralisation, je me suis voué au geste théâtral, à cette mission politique au sens large, de porter les poètes partout, pour tout le monde. J’ai toujours imaginé ma place d’homme de théâtre dans la communauté, délégué par elle pour lui parler, dialoguer avec elle face au drame humain qui s’aiguise. Pour moi, acteurs et public font partie de cette même communauté, les acteurs ayant seulement hérité, par devoir, la responsabilité de porter la parole poétique et politique. Aujourd’hui, le malheur imposé à la communauté est tel, que partant de là, il arrive que je ne sache plus si je m’y dresse en tant que citoyen ou en tant qu’homme de théâtre. « La salle appelle au secours autant que la scène » (KM.Grüber). Jean Louis Hourdin Chef de troupe Je suis un homme et c’est tout le passé du Monde que j’ai à reprendre. Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte. En aucune façon je ne dois tirer du passé des peuples de couleur ma vocation originelle. En aucune façon je ne dois m’attacher à faire revivre une civilisation nègre injustement méconnue. Je ne me fais l’homme d’aucun passé. Je ne veux pas chanter le passé aux dépens de mon présent et de mon avenir. Franz Fanon 2 au 13 novembre LékombinaQueneau texte Raymond Queneau, mise en scène Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier Un spectacle à la frontière de l’humour et l’absurde. Interactifs et pluri-stylistiques, les textes de Queneau offrent une matière théâtrale d’exception. RAYMOND QUENEAU (1903-1976), poète des nombres Artiste polyvalent et créateur multidisciplinaire (ou plutôt « multi-indisciplinaire »), Raymond Queneau refuse la frontière entre les genres. Il est en cela éminemment moderne. Philosophe, mathématicien, poète, romancier, parolier, peintre, cinéphile, Queneau se nourrit de tout. Après avoir suivi Breton, il rompt avec les surréalistes et avance sur son propre terrain d’expérimentation. Il influença fortement le théâtre de l’absurde (Adamov, Beckett) mais s’en distingua également par son goût de la légèreté et sa vision ludique de l’existence. Il parvint à allier de façon originale différentes disciplines et en fit une œuvre totale, cohérente et multiforme. Le spectacle Raymond Queneau, grand ordonnateur de «jeux combinatoires», jongle avec les mots et les principes mathématiques dans une joyeuse floraison stylistique. La Compagnie Pasquier-Rossier, fidèle à son esprit ludique, invite le public à une expérience de décloisonnement des genres, à la fois divertissante et savante! Le public entre en jeu Tout comme l’écrivain fait participer le lecteur à l’élaboration de son art, le spectateur aura le sentiment d’influencer le déroulement du spectacle. A certains moments donnés, appelé « récréations » (ou « re-créations »), les spectateurs pourront choisir un sujet d’expérience ou un jeu (de chiffres ou de lettres). Ce spectacle s’adresse à un public large car Queneau plait à tout le monde ! Il utilise les langages de tous, allant des formules encyclopédiques à l’écriture phonétique, du texte critique aux dialogues en argots. Il fait le bonheur autant des universitaires (qui ont fait sur lui nombre d’études linguistiques) que des jeunes rappeurs (qui, tout comme lui, tordent et retordent la langue française). Il s’adresse donc non seulement aux adultes mais également aux adolescents qui devraient se sentir très à l’aise dans ces formes d’interactivité. L’orthographe simplifié (sms ou mails), les choix multiples (informatique), les jeux textuels (rap) font partie de leur réalité. 9 au 27 novembre Sylvie texte Gérard Nerval mise en scène Yves Charreton et Véronique Bettencourt Un texte, le jeu d’acteurs, des images dessinées projetées, des photographies, des films, de la musique et du chant, 2 artistes bricolent et racontent ce grand classique. Le texte Avec Sylvie (nouvelle écrite au printemps de 1853, entre deux internements, et incorporée aux Filles du feu), Gérard de Nerval remonte aux premières années de son existence ; il évoque le charme vaporeux du Valois et transpose les premières émotions de son cœur. À la grâce rustique de Sylvie s’oppose le prestige rayonnant d’une jeune fille destinée au couvent, Adrienne. Le narrateur, délaissant le réel pour l’idéal, sacrifie l’amicale Sylvie au souvenir de l’inaccessible Adrienne dont il poursuit vainement le fantôme et dont il croit découvrir, beaucoup plus tard, une incarnation nouvelle dans la comédienne Aurélie. Les Filles du feu rassemblent des textes de formes diverses : nouvelles, récits, chansons et légendes, séquences dialoguées, sonnets, le volume paraît, le 28 février 1854 – un an avant le suicide de Gérard de Nerval (1808-1855). Dans ses coupures, ses adjonctions, ses transformations, le recueil témoigne de l’itinéraire psychique du poète, et de sa singularité. source Encyclopédie Universalis Le premier « classique » de ma carrière. Les multiples éditions bon marché où l’on trouve ce texte : Livre de Poche, Nouveaux classiques illustrés Hachette, Librio, Les Mille et Une Nuits, Petits Classiques Larousse… à 1 euro ou 1,50 euros, comme Molière, Musset, tout ça... C’est un classique, tout le monde connaît ou croit connaître, tout le monde se souvient ou croit se souvenir, et personne ne le fait, personne ne s’en occupe. Très réjouissant, cette impression que ces livres nous attendent. Yves Charreton Souvenir de quand j’avais 16 ou 17 ans, au lycée. Deux livres dans les poches de ma veste : les Poésies complètes de Rimbaud et Les filles du feu de Nerval. Ils existent encore aujourd’hui, ces deux exemplaires, très jaunis, très usés, très épuisés, ils existent. Ces livres de l’adolescence, on les garde dans la poche pour se donner une image, pour dire qui l’on est, pour frimer dit-on. Rien de plus important que cela peut-être, juste se différencier des autres. Ou alors, autre possibilité, on avait trouvé là quelque chose de capital. Qu’il nous faudrait, peut-être, plus tard, « mûrs », tenter de cerner un jour… Yves Charreton 23 novembre au 4 décembre Obèse texte et mise en scène Antoine Jaccoud Un travail avec ceux que le monde du théâtre et du cinéma appelle parfois, de manière troublante, les «vraies gens». Un théâtre à la frontière du réel. La pièce Eros et Thanatos, ce vieil accouplement, ce rendez-vous entre le sexe et l’anéantissement, le plaisir et la mort, est le noyau thématique de cette pièce vouée à dire l’obésité et l’ambivalence de l’homme à l’égard des rondeurs, fussent-elles extrêmes. La scène comme une extension de l’espace public. La dimension documentaire au cœur de l’expression théâtrale. Une expérience forte et singulière pour les spectateurs comme pour les participants. Un travail avec ceux que le monde du théâtre et du cinéma appelle parfois, de manière troublante, les « vraies gens ». Trois personnes en surpoids, choisies au terme d’une fascinante série de rencontres opérées au printemps 2008 entre la Suisse et la France, viendront rejoindre les trois professionnels (deux comédiens et un danseur) mobilisés pour ce nouveau spectacle. le désir Etre gros, et singulièrement grosse, peut être érotique. Sur le web, des pornostars BBW ou SSBBW (Big Beautiful Women, ou Super Sized Beautiful Women) d’un nouveau style, et aux nouvelles proportions, affichent et monnayent leurs rondeurs. la maladie L’évocation du discours médical proposé sur l’obésité est incontournable. Nous vivons aujourd’hui dans une médicalisation croissante de nos existences dont le théâtre peut dire le drame et l’effroi, aussi bien que la drôlerie. les inégalités sociales C’est une vérité sociologique trop souvent déniée que l’obésité frappe d’abord et avant tout les pauvres 18 au 22 janvier Les inépties volantes texte, mise en scène et interprétation Dieudonné Niangouna musique et interprétation musicale Pascal Contet Un théâtre de l’urgence. Les inepties volantes dit la révolte devant la terreur de la guerre et défend l’existence. Dieudonné Niangouna frappe et débite en mots, des bribes de vie cruelles. Pascal Contet traque les non-dits et l’invisible à l’accordéon. La pièce Il était une fois une guerre civile, une parmi tant d’autres, aussi terrifiante et destructrice que toutes les autres. C’était en 1997 au Congo-Brazzaville. Elle a duré plusieurs années, presque trois. Dieudonné Niangouna l’a vécue dans sa chair et dans son esprit. Aujourd’hui, il peut enfin livrer un texte à ce sujet, un texte qu’il a longtemps tenu caché, persuadé qu’il était que tous les survivants ne peuvent être que des lâches puisqu’ils ne sont pas morts en héros. Un « tas d’inepties » dont une – Les Barricades – est au centre de ce duo parole et musique qui fait entendre un voyage en tragédie, un voyage en irréalité, un voyage dans un ailleurs que l’on préférerait ne pas connaître. Voyage en reconstruction aussi, puisque l’auteur-conteur Niangouna ressuscite en écrivant, en jouant, reprend vie en criant ces moments de violence et de peur. Au « lecteur vivant » auquel il s’adresse, il transmet un vécu transfiguré que l’on pourrait croire fictionnel, s’il ne faisait l’effet d’une bombe à ceux qui ont eu la chance d’échapper à cette aventure bouleversante et souvent irrationnelle qu’est la guerre. Ce voyage en enfer, Dieudonné Niangouna le partage avec Pascal Contet, figure hors pair de la musique contemporaine, capable de faire de son accordéon un personnage à part entière qui accompagne les hurlements comme les murmures et devient un partenaire de souffrance. C’est un véritable dialogue qui s’installe entre les deux interprètes et entre leurs instruments : la voix de l’un, la musique de l’autre. Ainsi est-on dans le théâtre et non dans le récit documentaire, ainsi la distance nécessaire s’établit-elle pour faire entendre ce qui est au cœur d’un travail de reconstruction par la survie du souvenir. Écrit dans un style unique fait d’accumulations d’images et d’inventions verbales pleines d’humour et d’ironie, ce spectacle confirme, s’il en était besoin, la présence évidente d’un des plus grands écrivains congolais, doublé d’un acteur puissant et généreux. Jean-François Perrier LA QUESTION QUI SE POSE FINALEMENT EST CELLE DE LA RECONSTRUCTION ET NON PAS LE SIMPLE FAIT DE RELATER DES ÉVÈNEMENTS DE GUERRE. L’ART AIDE À TRANSCENDER SES PEURS ET SES DÉSIRS QU’IL S’AGISSE DES MOTS OU DES SONS. Dieudonné Niangouna et Pascal Contet Pascal Contet 27 janvier Journée de la mémoire 28 janvier au 12 février Mémoires blessées Histoire, cinéma, conférences, spectacles Troisième édition de cette manifestation pluridisciplinaire à vocation historique qui continue d’explorer le champ des «mémoires blessées», de les nommer et de leur donne un espace pour leur reconnaissance. Les mémoires, individuelles et collectives, sont doublement blessées lorsqu’elles sont niées puis oubliées. L’histoire des perdants, celle que l’on ne raconte jamais, celle qui reste encore à écrire, sera à nouveau l’invitée du Théâtre St-Gervais. Pendant longtemps, l’histoire ne s’est développée dans les sociétés et leurs écoles que dans la seule perspective d’une identité nationale à faire prévaloir. Dès lors, le passé traumatique de nombreux groupes ou communautés a été occulté, parfois écrasé par l’histoire d’en haut, par l’histoire des vainqueurs dénoncée par Walter Benjamin. Mémoires blessées évoquera plusieurs exemples de ces faits tragiques, leur histoire et leur mémoire, leurs victimes et leurs responsables, les témoins de l’époque et les témoignages d’aujourd’hui. Le programme de Mémoires blessées n’est pas exhaustif. Ce n’était pas le but du projet. Il incite en revanche à réfléchir à la désignation des faits et à la reconnaissance des souffrances de tous et de chacun. Photo tirée du film Lo stagionale d’Alvaro Bizzarri, projeté durant la manifestation Mémoires blessées 2010 Journée de la mémoire - 27 janvier 2011 8ème édition Cette journée de la mémoire de l’holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité est organisée par le Théâtre Saint-Gervais et le Département de l’instruction publique. Ce rendez-vous est devenu un incontournable de la mémoire et du témoignage, de l’histoire et de l’art. 1er au 19 mars /DUpÁH[HGHODFRPSODLQWH texte Philippe Soltermann, mise en scène Christian Geffroy Schlittler Seul sur scène, Philippe Soltermann porte un regard introspectif et questionne sa condition d’individu face à un monde en changement constant. La pièce Pour cette nouvelle création et pour faire suite au thème «ici et maintenant» de son précédent texte - je - me - déconstruction-, Philippe Soltermann a travaillé sur la filiation. Une des caractéristiques du texte. La réflexe de la complainte est un mouvement entre le passé et l’instant présent, mouvement débouchant à la fin de la pièce sur des interrogations pour la génération future. Philippe Soltermann a écrit sur les changements de certaines valeurs idéologiques, inhérentes à l’usure du temps et aux désillusions de l’enfance. Son travail est souvent basé sur les zooms narcissiques égocentriques de notre «petite vie» et le zoom d’une vision plus universelle. La question finalement naïve est : Comment s’inscrire dans une humanité assurément à la dérive avec le constat que sa propre vie est de plus en plus agréable ? Le texte de Philippe Soltermann pourrait être une charge. Contre qui ? Contre quoi? Contre tout le monde. Contre tout. Le «je» parle et dit sa méfiance, sa haine, sa désapprobation. Et sa charge n’est évidemment pas objective. Elle est davantage introspective. Elle n’est pas joliment construite pour que chaque spectateur hoche légèrement la tête en se disant «Oui c’est vrai ça !». Le personnage soliloquant de Soltermann n’est ni un héros remportant tous les suffrages, ni un antihéros fonctionnant comme antithèse. Il est simplement une expression. Celle de quelqu’un, double de l’auteur, qui ne choisit pas son expression. Puisque l’espace de la scène est (peut-être) encore un lieu où il ne s’agit pas d’être politiquement correct ou sûr de ses idées. (...) Et s’il s’agit de retrouver une sémantique, ce n’est pas seulement ce que dira le personnage de la complainte qui nous le fournira, mais la condition de naissance de son geste de dire. Sa condition d’être humain à se retrouver dans un corps réflexe : celui de la complainte. Christian Geffroy Schlittler Rocky il a tout compris. D’abord il est con. Quan dil prend dans sa gueule il dit rien, il bronche pas, il crache son sang et continue. Rocky est le seul qui me convainc définitivement à la philosophie, il est les cyniques, les hédonistes, il est existentialiste. Rocky c’est l’unique philosophe qui vaut la peine d’être suivi avec son short et ses gants de boxe pour défier le monde. Son ennemi est sa raison, il souffre, il se bat. Ce mec en slip sophistiqué aux moufles en cuir il a besoin de rien il a tout. Rocky il ne sais pas que petit toutes les nuits je voulais être Rocky, alors je tapais sur mon cartable j’avais bien raison de transformer ces cours de la scolarité obligatoire en punching-ball. extrait de La Réflexe de la Complainte 8 au 26 mars -HPHPpÀHGHO·KRPPHRFFLGHQWDO HQFRUHSOXVTXDQGLOHVWGHJDXFKH texte et mise en scène Jérôme Richer Autofiction théâtrale. Jérôme Richer parle de notre histoire et de notre société, à travers sa propre expérience. Un spectacle pour oser parler de soi. La pièce Après plusieurs spectacles ancrés dans l’histoire contemporaine - les Brigades rouges en Italie, l’évacuation du squat Rhino à Genève, la guerre en Irak et les médias, la Suisse - Jérôme Richer a choisi avec Je me méfie de l’homme occidental de dresser le portrait de l’homme occidental en ce début de 21ième siècle, de ses contradictions, de ses lâchetés, de ses compromissions. Je me méfie de l’homme occidental procède par fragments pour mieux éclairer la difficulté à être dans une société en perpétuelle mutation. Comme une forme d’autofiction théâtrale. Jérôme Richer nous présente ici sa perception du monde, ses réflexions sur la politique partant d’un regard ironique et mordant sur lui-même. Je ne sais pas pourquoi on parle toujours des gauchistes Et jamais des droitistes Je n’ai rien contre les gens qui votent à droite Au contraire Souvent je les préfère à ceux qui votent à gauche Au moins les choses sont claires Les positions idéologiques bien établies Je ne supporte pas l’idée qu’on refuse de parler à un type en fonction de ses opinions politiques Je suis content d’être de gauche Etre de gauche, c’est un label de qualité Au théâtre par exemple Il y a tous ces spectacles qui se disent de gauche Enfin ils ne le disent pas Mais c’est induit Fortement suggéré même Des spectacles qui parlent de notre réalité sociale Enfin de tous les problèmes dont les journaux nous abreuvent L’immigration Les sans-papiers La pauvreté La vieillesse Nous allons les voir entre amis Enfin pas vraiment entre amis Mais dans la salle il y a une communauté qui préexiste extrait de Je me méfie de l’homme occidental « Au fond, c’est quoi la gauche ? (…) : la foi dans le progrès, le refus de l’ordre établi, les droits de l’homme, les luttes contre les inégalités, la justice (plutôt que la générosité, la charité encore moins), le primat du collectif sur l’individuel, la laïcité… Inventaire non exhaustif. Autant de points de vue, autant de définitions. Les gauches, donc. Chacun la sienne. Nouvel Observateur Claude Weill , avril-juin 2010 3 au 21 mai L’argent : un dyptique .UHXJHU·V%XVLQHVV texte Jan Bergquiste et Hans Bendrik, mise en scène Eric Salama Un spectacle qui nous aide à comprendre par nous-mêmes le fonctionnement d’un monde libéral univoque et ses crises à répétition. La pièce C’est l’épopée de Ivar Kreuger - l’homme qui construisit entre 1913 et 1932 l’un des plus grands empire financier de son époque et qui restera comme l’instigateur de l’une des plus grandes escroqueries du 20e siècle - que Kreuger’s Business raconte. Mêlant faits réels et suppositions fictionnelles, s’inspirant de la pièce historique, mais aussi de la pièce didactique et du théâtre documentaire, ce texte dissèque les mécanismes qui ont conduit à la grande dépression de 1929, laissant apparaître des analogies frappantes avec la situation économique actuelle et les évènements qui s’y rattachent. Ivar Kreuger En 1908 il fonde la firme Kreuger &Toll qui allait réaliser en Suède les premières constructions de béton armé. En 1913 Kreuger&Toll est la première société immobilière du pays. Il se lance dans la production et le commerce des allumettes, dont il parviendra à acquérir le monopole mondial. Pour cela, il prête à la fin de la guerre des sommes colossales aux pays ruinés par le conflit en échange du monopole des allumettes. A son apogée, sa fortune est estimée à 30 milliards de couronnes suédoises (l’équivalent de 100 milliards de dollars en 2000.) Son influence s’étend alors bien audelà des allumettes ; il est actif dans l’exploitation minière, les téléphones, la pâte à papier… C’est la crise de 1929 qui provoquera la chute de cet empire. En examinant les affaires de Kreuger après sa mort on y découvrira toute la panoplie des escroqueries possibles: détournements, faux et usage de faux, trafics d’influence, sociétés fictives, emprunts sur des valeurs inexistantes ou déjà engagées etc. «Black Friday» Wall Street, 25 octobre 1929 De façon générale, l’humour est présent d’un bout à l’autre de la pièce, qui est par ailleurs extrêmement bien rythmée, proposant notamment des séquences de suspense, d’autres où tout semble « s’emballer », qui alternent avec des passages plus calmes et propices à la réflexion. Tout cela lui confère une véritable théâtralité et invite à un jeu extrêmement ludique. Ecrite en 1967, certaines références de la pièce ont un peu veillies (par exemple les instruments spéculatifs du néolibéralisme actuel sont bien plus développés aujourd’hui), la plus grosse partie du texte reste néanmoins pertinente (...) La séquence qui nous montre une classe où des adolescents suivent un cours d’économie est formidable : il y a là une manière géniale de présenter et d’éclairer les principes de l’économie de marché avec une verve, un humour, et une insolence qui fait qu’on aimerait que la scène dure plus longtemps. Eric Salama 3 au 21 mai L’argent : un dyptique aubert et siron ® font plus DYHFPRLQV performance de et par aubert et siron® En quête des petites vérités du quotidien et des grandeurs de l’univers, aubert & siron® s’invitent dans la valse des milliards ! Finis les bouts de chandelle, les raclements de tiroir, les serrements de ceinture ! C’est le temps de sortir le grand jeu, d’entrer dans la danse. Car c’est bien de danse qu’il s’agit, une valse légèrement tragique, métaphysique, spéculative, gouvernée par des intérêts occultes, une valse des obligations, des titres et des écritures. Un – deux – trois, un – deux – trois. À bord du Titanic financier, ils redresseront le cours de leurs actions. Malgré les icebergs des hedge funds, la dérive des produits, le flottement des changes et la lame des fonds, ils resteront naïfs et francs comme l’or. En effet, lorsqu’on se retrouve sans liquidité au milieu de l’océan boursier, seul un agissement franc sert de valeur de refuge. Ils mettront donc tous leurs francs dans leurs bas de laine pour résister aux frimas des corbeilles. Sur le pont du paquebot bancaire, ils monteront un orchestre de fortune qui jouera foxtrots et polkas jusqu’aux ultimes instants. Un – deux – trois, un – deux – trois. Mais avant de mondialiser leurs actions, aubert & siron® éprouveront sur eux-mêmes la valeur de l’argent : ils se consulteront, ils se placeront en scène, ils bâtiront la cartographie des flux financiers, ils exploiteront l’aubert par le siron, ils frapperont monnaie, ils coteront l’aubert, ils dévalueront le siron, ils dématérialiseront leurs dettes et mériteront leur salaire. Mais vont-ils comprendre les règles du jeu ? Garderont-ils le secret de la banque ? Seront-ils assez initiés pour commettre un délit ? Iront-ils directement en prison sans toucher le start ? Sauront-ils mentir suffisamment pour rétablir la confiance ? Leur parachute doré s’ouvrira-t-il à temps ? Le fisc les laissera-t-il s’envoler au paradis ? Une seule certitude : aubert & siron® vont travailler d’arrache-pied à leur but ultime : pouvoir siroter la vie dans une chaise longue en faisant travailler l’argent à leur place. Quant au prix de la place, on chuchote qu’il faudra le marchander. Si Aubert joue Siron en Bourse, et perd, est-ce que Siron va continuer en solo? Pourrait-on faire de l’île Rousseau une boîte postale off shore et créer un paradis fiscal à la manière des îles anglo-normandes? Est-ce que la finance est un art? dans le cas d’une réponse positive, le département de la culture serait-il prêt à subventionner son développement?