Inrap - Archéologie de la ville d`Orléans

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Inrap - Archéologie de la ville d`Orléans
1. Présentation
Orléans, située au point le plus septentrional du cours de la Loire, connaît une occupation humaine dont les traces les plus anciennes
remontent au Paléolithique inférieur (-300 000 à -100 000 ans). Mais c’est depuis la fin du second âge du Fer (de -450 jusqu’à l’arrivée
des Romains en Gaule, au Ier siècle avant notre ère) que le site est occupée de façon pérenne. Oppidum des Carnutes, chef-lieu de cité
et évêché au IVe siècle, capitale de royaume à l’époque mérovingienne, résidence royale des premiers capétiens, la ville a connu des
épisodes mouvementés : la révolte contre les marchands romains durant la guerre des Gaules, le siège d’Attila au Ve siècle, les
invasions normandes au IXe, les attaques anglaises puis la délivrance de la ville par Jeanne d’Arc au début du XVe siècle, l’insurrection et
le massacre des protestants au XVIe siècle…
De la métallurgie gauloise aux industries modernes (sucreries, vinaigreries, moutarderies), de la marine de Loire aux entreprises
contemporaines de cosmétiques, Orléans est riche de plus de vingt-trois siècles d’activités humaines.
Aux études dues aux sociétés savantes dès le XVIIIe siècle ont succédé, en 1969, les recherches réalisées par des professionnels sous
l’égide de la circonscription des Antiquités historiques créée en 1965. Ensuite, grâce à la Direction régionale des affaires culturelles,
créée en 1977, les fouilles archéologiques sont désormais menées dans une perspective d’étude globale de la ville. Des équipes
professionnelles sont impliquées dans la conduite de fouilles sur tous les grands chantiers induits par le développement urbain local.
Dans le même temps, une volonté partagée par les archéologues et les aménageurs de concilier leurs impératifs respectifs conduit à
une première « programmation » des interventions archéologiques. Basée d’une part sur le calendrier des projets d’aménagements,
d’autre part sur le potentiel estimé des zones à traiter, c’est le début d’une archéologie raisonnée à l’échelle de la ville. Elle débute par
le quartier alors en pleine mutation : le secteur « cathédrale ».
Les opérations bénéficient, dans les années 1980, du renfort de l’Association pour les fouilles archéologiques nationales (Afan). Le
champ d’application des opérations se diversifie, et c’est tout le centre ville qui fait désormais l’objet de l’attention des chercheurs. On
ne se contente plus alors de fouiller des sites connus, mais on commence à rechercher des vestiges nouveaux : c’est le début des
« diagnostics archéologiques », des « études documentaires » et les enquêtes sur le potentiel archéologique urbain. Les années 1990
voient la multiplication des opérations conduites par l’Afan, qui devient l’Institut national de recherches archéologiques préventives
(Inrap) en 2002. La réflexion sur la ville et son cadre impose désormais d’en rechercher les limites et d’étudier le territoire dans lequel
elle se développe. C’est l’époque de l’étude des relations entre la ville et la campagne, tout autant que de celles des éléments urbains
entre eux. De nouveaux terrains d’études apparaissent, aussi bien géographiques (les interventions concernent maintenant tout le
territoire communal et les communes avoisinantes) que thématiques (les relations hommes/milieu, les réseaux urbains, les origines
gauloises et indigènes de la ville…).
En 1992, la nécessité d’interventions conséquentes dans le cadre du projet de réhabilitation du centre ancien justifie la création du
Service archéologique municipal d’Orléans (Samo). Les trois organismes publics (Drac, Inrap, Samo) collaborent régulièrement, aussi
bien sur le terrain que pour la mise en place d’actions de diffusion des connaissances. Au travers d’expositions, de publications, mais
également de visites de sites et de conférences, les archéologues orléanais, quelle que soit leur institution de rattachement, ont à cœur
de livrer au public les résultats de leurs travaux.
Depuis 1969, près de 200 interventions archéologiques ont mis en lumière l’histoire en partie méconnue de la ville. Des grands travaux
de la fin des années 1970 (abords de la cathédrale) à ceux des années 2000 (ZAC des Halles, ZAC Bourgogne, ZAC du Clos de la
Fontaine…), Orléans ne cesse de se développer et, de ce fait, d’exhumer les vestiges de son passé. Avec une accumulation de vestiges
archéologiques (stratification) pouvant atteindre 9 m d’épaisseur, et un développement sur les deux rives de la Loire, on sait désormais
que l’agglomération s’étendait sur plus de 110 hectares aux plus beaux jours de la période gallo-romaine. Les fouilles ont permis
d’aborder, en considérant leur évolution dans le temps, les questions touchant aux systèmes défensifs successifs de la ville, aux
cimetières, aux églises, à l’habitat civil, aux rues, à l’artisanat, mais aussi à la propriété foncière ou au statut de la ville.
La réalisation de la deuxième ligne de tramway de l’agglomération orléanaise, en induisant une traversée est-ouest du centre d’Orléans
et en donnant aux archéologues l’accès aux rues actuelles, espaces trop peu souvent étudiés dans les villes françaises, conduit depuis
2009 à une relecture de l’évolution de la ville à travers les âges. L’urbanisme et la recherche archéologique entrent ainsi en dialogue :
l’archéologie bénéficie de la mise en œuvre des grands projets urbains, tout en proposant une réflexion sur le territoire et ses
composantes, vus dans leur dimension historique
Les années 2000 ont vu les problématiques se renouveler (la ville gauloise, le bâti médiéval et moderne) et le nombre d’interventions
augmenter. En parallèle, les études universitaires menées sur la ville se sont multipliées, parfois réalisées par les archéologues euxmêmes. Toutefois, les grandes synthèses thématiques ou chronologiques n’ont pas encore vu le jour. Le défi des années 2010 se trouve
certainement ici : mettre à la disposition de la communauté scientifique les avancées majeures de l’archéologie orléanaise, et restituer
au public les données sur son patrimoine.
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Voir l’Atlas interactif « 40 ans d’archéologie préventive à Orléans » sur le site l’Inrap
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2. Histoire
PROTOHISTOIRE
La Tène (second âge du Fer, 480-50 avant notre ère)
Le site d’Orléans a livré les traces d’une fréquentation régulière depuis la Préhistoire, mais c’est dans le courant du second âge du Fer
que l’agglomération se structure.
Au milieu du IIe siècle avant notre ère, un bâti principalement tourné vers l’artisanat du métal se met en place le long de rues. Le demisiècle suivant le voit se densifier, tandis que la trame urbaine se fige. Jusqu’au début de notre ère, de nombreux vestiges liés à
l’artisanat laissent penser que la ville peut avoir été « spécialisée » dans la métallurgie. Des productions disparates telles des pièces
longues en fer (armes ou pièces de charronnerie ?) ou des objets composites (fer et bronze), mais également un atelier monétaire, un
orfèvre… ont ainsi pu être identifiés. La superficie couverte par l’agglomération gauloise varie de 30 à 130 hectares selon les
estimations des différents chercheurs, ce qui démontre l’incertitude qui pèse encore sur nos connaissances pour une période aussi
ancienne !
Aucune découverte archéologique n’indique si la ville était close ou non à cette période. Mais, à propos d’Orléans/Cenabum, César note
dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules qu’il en « incendie les portes », ce qui pousse à imaginer, au moment de la conquête
au moins, une agglomération protégée par un rempart. On ignore tout de ce dernier, qu’il s’agisse de son tracé ou de sa structure.
Différentes hypothèses commencent toutefois à voir le jour, et des moyens sont actuellement mis en œuvre pour essayer de
documenter ce pan de la recherche, qui concerne en fait toutes les villes de la fin de l’âge du Fer.
ANTIQUITÉ GALLO-ROMAINE
Haut-Empire (Ier-IIIe siècles)
Après la conquête des Gaules par César, la ville de Cenabum subit de nombreuses transformations. Dès les dernières décennies du Ier
siècle avant notre ère, le bâti se modifie dans le centre de l’agglomération. De nouveaux matériaux (tuile, brique, puis maçonnerie) font
leur apparition. La surface des maisons augmente significativement, passant de 30 à 130 m2. Les édifices deviennent plus complexes
(voir le site « îlot de la Charpenterie »), atteignant parfois plus de 8 pièces, quand ils n’en comptaient qu’1 ou 2 à la période gauloise.
En conséquence, l’ancienne division cadastrale devient obsolète ; on assiste à une refonte de la trame urbaine et de la fonction des
espaces. Dans le centre, le bord de Loire est désormais dévolu à l’habitat, tandis qu’un port s’installe en amont (voir le site « îlot du Jeu
de Paume »). La ville est dominée par un ensemble monumental, édifié au croisement des deux principaux axes de la ville, le cardo
(nord-sud) et le decumanus (est-ouest). Ces deux axes servent de base à un quadrillage de la ville par des rues qui définissent des îlots
carrés de 100 m de côté environ.
Au cours de la première moitié du Ier siècle de notre ère, de nouveaux quartiers d’habitation sont crées, à l’est et à l’ouest, sur des
espaces autrefois ruraux. L’artisanat est progressivement rejeté à la périphérie, notamment au sud du fleuve. Les constructions se font
désormais « à la romaine », en pierre et mortier, et reçoivent les nouveaux équipements de confort apportés par l’occupant :
balnéaires, chauffage par hypocauste, décors d’enduit peint et de mosaïque…
À la fin du siècle, un théâtre complète la parure monumentale de la ville, dont il marque l’entrée depuis l’amont. Il est entouré de
grands domaines appartenant probablement à de riches propriétaires, faisant de ce secteur un lieu de villégiature. Le réseau
d’aqueducs est mis en place au début du siècle suivant. Il alimente les différents quartiers depuis les captages situées à 2,5 km au
nord-est de la ville. En ce lieu (la « fontaine de l’Étuvée »), un sanctuaire a été édifié, dédié notamment à Acionna, une déesse des
eaux. Cenabum est alors une agglomération secondaire de la Civitas Carnutum, la cité des Carnutes, dont Chartres-Autricum est la
capitale.
Antiquité tardive (IVe-Ve siècles)
À une date inconnue, mais en tout cas avant la fin du IVe siècle, la ville accède, au statut de chef-lieu d’une nouvelle cité, la Civitas
Aurelianorum. Elle est désormais signalée sous le d’Aurelianis dans la Notitia Galliarum. Ce nouveau nom a parfois laissé penser que
c’est l’empereur Aurélien (270-275) qui aurait pu procéder à cette partition administrative, ou honorer d’une manière spécifique la ville.
En l’absence de preuves historiques, cette question débattue depuis des siècles ne trouvera probablement jamais de réponse
satisfaisante.
Dans le dernier quart du IVe siècle, la ville se dote d’une enceinte. Il est possible que cette dernière ait eu une fonction strictement
défensive, mais il est plus probable que, accédant au statut de chef-lieu de cité, la ville ait souhaité se doter d’une muraille, marque
ultime de la ville dans la représentation antique. La fortification, globalement carrée, est centrée autour de l’ensemble monumental,
toujours présent (voir le site « 191 rue de Bourgogne »). On ignore ce qui a présidé au choix du tracé, qui ne clôt qu’une superficie de
25 hectares. Soit la lente désaffection des quartiers périphériques depuis le IIIe siècle a créé des espaces presque vides qu’il aurait été
trop dispendieux d’inclure dans la muraille, soit il est spécifiquement décidé de n’englober que le cœur de la ville, et notamment les
lieux du pouvoir. Ainsi, rien ne permet de déterminer si les édifices situés sur le parcours du mur (voir le site « Mail Pothier ») sont
systématiquement et volontairement détruits pour laisser place à l’enceinte, ou s’ils étaient déjà hors d’usage avant sa construction.
C’est au cours de ce même siècle qu’est mentionnée la présence d’un évêque, attestant non seulement la présence, mais aussi la
vitalité d’une communauté chrétienne. On ne sait rien, pour cette période, du ou des édifices religieux chrétiens orléanais. Le quartier
cathédral médiéval étant situé dans le quart nord-est de l’enceinte antique, il est probable que l’église primitive est à rechercher dans ce
vaste secteur. Il est même séduisant, bien qu’aucun indice ne vient étayer cette hypothèse, d’imaginer la présence de l’évêque, seul
véritable pouvoir en place, prendre possession de l’ancien centre monumental public.
Parmi les évêques d’Orléans, deux sont particulièrement importants : Euverte, qui aurait reconstruit la cathédrale au milieu du IVe siècle
après son incendie, et Aignan, qui repousse les armées d’Attila qui assiègent la ville en 451.
MOYEN ÂGE
Haut Moyen Âge (VIe-Xe siècles)
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Cinq conciles se tiendront à Orléans dans la première moitié du VIe siècle. Le premier, en 511, statue notamment sur le rôle des
évêques La même année, à la mort de Clovis, la ville devient capitale du royaume de l’un de ses quatre fils, Clodomir. Sous l’égide de
ses successeurs, elle semble connaître paix et opulence. En 532, Childebert Ier fait construire une basilique sur le tombeau de saint Avit.
Toujours au VIe siècle, Grégoire de Tours mentionne une basilique sur le tombeau de saint Aignan. Lors de la visite du roi Gontran en
585, Grégoire mentionne dans la ville une communauté syrienne ainsi qu’une communauté juive qui possède une synagogue.
Orléans/Aurelianis est également pourvue d’un palais, à la fois résidence royale et lieu d’exercice du pouvoir. Ces quelques indices
historiques, associés à la présence d’un édifice monumental entre le VIe et le IXe siècle (voir le site « îlot de la Charpenterie »), donnent
la vision d’une ville florissante et dynamique, bien loin de celle habituellement véhiculée pour ces périodes reculées.
Durant la période carolingienne, Charlemagne se rend en 772 à Orléans, où il nomme évêque Théodulfe et lui délègue l’organisation de
l’enseignement, des hôpitaux et des couvents pour la région. Puis Louis le Pieux y est reçu en 814 ; Charles le Chauve, qui est couronné
en 848 en la cathédrale Sainte-Croix, y séjourne fréquemment jusqu’en 868. En 854, 856, 865 et 868, la ville subit les assauts des
Normands qui remontent la Loire. En dépit des destructions, pillages et incendies, elle reste toutefois un centre important : évêché
comportant un sciptorium et une bibliothèque, atelier de frappe monétaire mérovingien et carolingien. Le développement de bourgs à
l’extérieur de l’enceinte antique et l’existence d’une trentaine églises au Xe siècle sont une autre marque du dynamisme urbain
altomédiéval.
Moyen Âge classique et bas Moyen Âge (XIe-XVe siècles)
En 987, Hugues Capet est sacré à Noyon. Il fait aussitôt sacrer son fils, Robert II, qu’il associe au pouvoir. Ce sacre a lieu le 25
décembre en la cathédrale d’Orléans, la ville de sa naissance.
En 989, un incendie ravage la ville, ainsi que le faubourg de l’est. La cathédrale est lourdement touchée. S’ensuit une période de
renouvellement et d’embellissement de la « capitale » sous l’impulsion de Robert II. La cathédrale, les églises, les monastères et les
basiliques sont reconstruits, et de nouveaux édifices religieux (Saint-Vincent, Saint-Hilaire) voient le jour. L’exploitation de vastes
carrières d’extraction de calcaire, creusées en bordure du fleuve au XIe siècle (voir le site « îlot de la Charpenterie »), est probablement
à mettre en relation avec cette grande phase de rénovation urbaine.
En 991, Charles de Loraine et ses fils, farouches opposants à Hugues Capet, sont détenus dans la prison du palais d’Orléans,
probablement déjà localisé à l’emplacement du futur châtelet royal, en bordure du fleuve. En 1108, c’est Louis VI qui est sacré à
Orléans. La ville connaît ensuite une période d’essor, et se voit dotée de chartes, et institutions (baillis, procureur). Dans le courant du
XIIIe siècle, elle accueille les quatre ordres mendiants, signe de son importante démographique. Les écoles de Sainte-Croix sont
transformées en université par bulle pontificale en 1306.
Entre 1300 et 1330, l’enceinte est agrandie vers l’ouest pour englober le bourg Dunois, qui se développe depuis les Xe-XIe siècles. En
1359, en prévision de l’arrivée des Anglais, les constructions situées devant l’enceinte sont détruites. La zone dégagée au pied des murs
n’offre ainsi plus de cachette à l’ennemi, et l’armée anglaise repart sans avoir pris la ville. Dès 1404, la ville est remise en défense,
notamment par la création de boulevards (levée de terre armée de pieux de bois et précédée d’un fossé) en avant des portes et par
l’installation de canons sur le rempart (voir le site « Mail Pothier »).
En 1428, les troupes anglaises assiègent la ville. Elles conquièrent le fort des tourelles, qui protège le pont sur la rive sud. Le 8 mai
1429, les troupes de Jeanne d’Arc et Dunois défont l’assiégeant et libèrent la ville. L’enceinte sera de nouveau agrandie entre 1466 et
1480, vers l’est cette fois (voir le site « La Motte Sanguin). Puis c’est une accrue vers le nord qui est construite entre 1485 et 1555 (voir
le site « boulevard Rocheplatte »).
PÉRIODES MODERNE ET CONTEMPORAINE
Période moderne (XVIe-XVIIIe siècles)
Depuis le milieu du XVIe siècle, la Réforme se développe à Orléans, qui devient un des grands bastions huguenots et par là même un
enjeu militaire autant que politique et religieux jusqu’à la promulgation de l’édit de Nantes. En réaction, les établissements catholiques
fleurissent à Orléans au XVIIe siècle, notamment dans de nouveaux quartiers, désormais inclus dans l’enceinte agrandie. Ces nouveaux
quartiers, à l’angle nord-est de la ville (quartier d’Illiers) et au nord (places de l’Étape et Halmagrand), voient également se développer
un habitat de qualité durant la période moderne.
Au XVIIe siècle, le commerce et l’industrie commencent à dynamiser le centre ancien, près de la Loire. En effet, le fleuve est un
véritable carrefour commercial entre l’Atlantique, le Rhône et Paris, d’abord par la route, puis via le canal de Briare, achevé au milieu du
XVIIe siècle. Transitent par son cours une foule de denrées, parmi lesquelles on compte notamment le sucre. En provenance des
colonies, le sucre brut remonte la Loire depuis Nantes, il est raffiné à Orléans avant d’être commercialisé à Paris. La découverte de
fragments de formes à sucre et de pots à mélasse sur la plupart des sites, ainsi que leur réutilisation dans l’architecture orléanaise,
atteste la présence d’immenses quantités de ces vases à Orléans. Cette activité, attestée au milieu du XVIIe siècle, connaît son apogée
à la fin du siècle suivant. Le blocus continental imposé par la marine anglaise sous le règne de Napoléon initie le déclin des sucreries,
qui disparaissent dans le courant du XIXe siècle.
D’autres industries connaissent un véritable âge d’or à la période moderne, à l’exemple des métiers de peaux. Tanneurs, foulons,
pelletiers, teinturiers sont ainsi installés dans les quartiers proches du fleuve et alimentant aussi bien l’industrie du vêtement (des
chaussures au chapeau) que de la parcheminerie et la reliure aux environs de l’université (voir le site « îlot du jeu de Paume »).
Période contemporaine (XIXe-XXIesiècles)
La paix revenue après les guerres napoléoniennes, le démantèlement de l’enceinte au début du XIXe siècle permet à la ville de se
projeter, hors de son ancienne limite, dans un avenir industriel. Le système défensif laisse place à des mails, à l’extérieur desquels vont
s’implanter nombre d’usines, relevant de secteurs extrêmement variés (manufacture des tabacs, industries textiles, mécanique agricole
et automobile…). Le développement de grands établissements favorise un déplacement des productions hors du centre ancien, à
l’exception notable des usines Dessaux, dont la production de vinaigres et moutardes mobilise de grandes surfaces en bord de Loire.
Cette relocalisation des activités économiques, associée à l’arrivée du chemin de fer dès 1843 marque la fin de la suprématie du
commerce fluvial au détriment du train, puis de l’automobile.
La ville est brièvement occupée lors de la guerre de 1870, puis devient le centre d’un important commandement militaire. De
nombreuses et vastes casernes sont alors édifiées, principalement au nord de la ville.
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Au début du XXe siècle, l’urbanisme orléanais marque le pas, la principale opération d’envergure étant la construction des « Champs
Elysées » dans les années 1920-1930. Les bombardements de juin 1940, puis ceux de mai 1944 vont détruire une partie du centre
ancien. La reconstruction qui suivra est l’occasion d’expérimenter à Orléans de nouveau procédés de construction, dont la préfabrication
lourde en béton armé utilisée par Pol Abraham pour l’édification de l’« Îlot 4 », puis sur d’autres bâtiments, à Orléans et dans d’autres
villes. Vient ensuite la création sur le modèle des villes nouvelles, au sud de la commune, du quartier de La Source.
Les projets urbains, pour la seconde moitié du XXe siècle et le XXIe siècle débutant, se développent selon trois axes majeurs : la
réhabilitation et la requalification du centre ancien (Quartiers Dessaux, Charpenterie…), le développement ou le réaménagement de
quartiers nouveaux, notamment les anciens espaces militaires (quartier de Sonis), industriels (quartier Coligny) ou agricoles (quartiers
Sainte-Croix ou Clos-Rozay), et l’intégration dans un projet d’agglomération (travaux de la seconde ligne de tramway).
Depuis plus de quarante ans, les archéologues interviennent régulièrement lors des travaux d’aménagement de la ville, pour
approfondir les connaissances sur la naissance et l’évolution d’Orléans. L'obtention en 2008 du label « Ville d’Art et d’Histoire » est un
pas de plus vers la redécouverte et la mise en valeur de son patrimoine.
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3. Crédits : sources et auteurs
Nous remercions pour leur participation :
Expertise scientifique
L'ensemble des archéologues de l'Inrap et du Service archéologique municipal d’Orléans, qui ont dirigé les
fouilles et rédigé les notices, les agents du service régional de l’archéologie pour leur aide, notamment la
mise à disposition de la documentation ancienne.
Documentation
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Archives municipales d’Orléans
Bibliothèque municipale d’Orléans
Musée des beaux-arts d’Orléans
Archives départementales du Loiret
Service régional de l’Archéologie
Service régional de l’Inventaire
Service archéologique municipal d’Orléans
Musée historique et archéologique de l’Orléanais
Institut national de recherches archéologique préventives
Réalisation
© Inrap 2010
Conception et coordination
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Coordination scientifique : Pascal Joyeux (Inrap)
Collaboration : Philippe Blanchard, Dominique Canny, Diane Carron, Sébastien Jesset, Thierry
Massat, Franck Verneau (Inrap), Pascale Dupont (SAMO)
Conception éditoriale et suivi de production : Marine Dubois (Inrap)
Révision des textes : Odile Zimmerman
Traitement des images : Hervé Herment (Inrap)
Réalisation multimédia : Eclydre, l’agence web
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Direction de projet : Thierry Cherpitel
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Développement : Thomas Roy
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Design : Pablo Segnini
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