Groupe F - Institut national des sciences de l`Univers
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Groupe F - Institut national des sciences de l`Univers
Groupe F Interfaces interdisciplinaires Michel Blay, Francois Costard, Francois De Oliveira, Franck Delahaye, Cécile Engrand (coordinatrice), Raphael Garcia, Maryvonne Gerin, Jean-Claude Guillemin, Julien Lavalle, Christian Marinoni, Franck Montmessin, Olivier Parisel, Thomas Pino, Anne Renault, Philip Tuckey. Document de prospective en Astronomie et Astrophysique 2015 - 2020 CNRS - INSU Résumé Les interfaces interdisciplinaires peuvent généralement se présenter sous deux formes : autour d'une thématique fédératrice mobilisant plusieurs outils scientifiques (techniques expérimentales, modélisations,…), ou sous la forme de plusieurs thèmes scientifiques développés autour d'un outil spécifique. Ces deux aspects de l'interdisciplinarité sont habituellement couplés dans les thématiques aux interfaces de l'astronomie et de l'astrophysique. Nous avons donc choisi une présentation de ce document principalement par thématique scientifique, chacune comprenant une partie bilan et une section prospective, puis des recommandations issues d'une consultation de la communauté par le biais d'un questionnaire en ligne. L'étude des systèmes stellaires incluant notre système solaire est une discipline interdisciplinaire par essence. Elle fait appel à un grand nombre de compétences relevant des sciences de la Terre, de l'astronomie, et de la physique-chimie, voire la biologie (exobiologie). Les thématiques en planétologie sont actuellement largement influencées par le grand nombre de missions spatiales de planétologie en activité ou dans le paysage spatial. L'expérimentation, l'étude des échantillons extraterrestres et des analogues de laboratoire restent indispensables pour apporter des informations complémentaires aux résultats issus de ces missions spatiales. L'exobiologie commence à faire son entrée dans le domaine des exoplanètes, et questionne la définition de la notion d'habitabilité de ces systèmes exoplanétaire. La thématique d'Astrophysique et Univers primordial regroupe la physico-chimie du milieu interstellaire, les astroparticules et la cosmologie, énergie noire, matière noire, qui sont des domaines naturellement à l'interface entre l'INSU et l'INP et l'IN2P3. L'étude de la physique et de la chimie du MIS concerne la dynamique et la structure du MIS aux grandes échelles, la formation des étoiles et des systèmes planétaires, et les propriétés de la matière cosmique et sa complexification. L'interprétation des observations astronomiques requiert une interaction forte entre observateurs, modélisateurs et physico-chimistes, pour l'étude des processus par des modélisations et des expériences de laboratoire (analogues spectroscopiques, réactions gaz-grains...). Les astroparticules ont largement été portées par l'astronomie gamma, activité qui se poursuivra activement dans les prochaines années (CTA, LHAASO). L'astronomie X, l'exploration du domaine d'énergie au delà du MeV, la recherche d'ondes gravitationnelles (advanced VIRGO) et de matière noire (EDELWEISS III, XENON-1T) seront également des thématiques importantes pour l'astroparticule, ainsi que la compréhension des émissions galactiques diffuses. En ce qui concerne la cosmologie, deux approches sont envisagées : i) une approche pluridisciplinaire centrée autour de la théorie/modélisation, concernant la matière noire et la formation des structures, la théorie de l'inflation, et l'énergie noire; ii) des activités interdisciplinaires rapprochant théoriciens et expérimentateurs autour de grandes expériences. Elles concernent l'étude du fond cosmologique (après Planck), les grands sondages et sondages profonds (DES, eBoss, puis Euclid, DESI, LSST…). Les systèmes de référence, la mécanique spatiale et céleste recouvrent les domaines de géodésie spatiale, de systèmes de référence spatiotemporels, de mécanique céleste et spatiale, et de physique fondamentale, notamment gravitationnelle. Ces études impliquent des interactions entre chercheurs de l'INP, INSU, INSIS, IN2P3 et INSMI. Les prochaines années seront riches en évolution et innovations, par la miniaturisation des horloges atomiques, l'intégration des techniques de géodésie spatiale et de métrologie du temps, la surveillance de l'environnement via des senseurs inertiels atomiques, des tests de la relativité générale en champs fort (LISA-Pathfinder, eLISA, MIGA, GRAVITY/VLTI) et en champ faible (Gaia, MICROSCOPE, ACES). 1 Les liens des sciences humaines avec l'astronomie et astrophysique se concrétisent en particulier dans un programme transversal d’histoire des sciences regroupant historiens et physiciens autour du rôle de la précision de la mesure et de l’instrumentation dans le développement des sciences, en particulier en astronomie. Se pose également le problème de la pérennisation des archives des observatoires. Les moyens nécessaires à ces études interdisciplinaires sont extrêmement variés. Il vont de l'analyse ou de l'expérience de laboratoire à l'utilisation des plateformes technologiques RENATECH et de grands instruments (synchrotron, accélérateurs…), en passant par des outils de modélisation et de simulation numérique sophistiqués. En terme d'organisation et de financement de l'interdisciplinarité, l'enquête réalisée auprès de la communauté a permis de mettre en relief plusieurs points durs pour lesquels nous proposons des recommandations. Les plus marquants sont : i) le manque de visibilité de l'interdisciplinarité (et de la Mission pour l'Interdisciplinarité du CNRS) – nous proposons de renforcer la visibilité de l'interdisciplinarité entre les instituts du CNRS, par exemple en formalisant leurs liens sur des dossiers interdisciplinaires; ii) le ressenti négatif (récurrent) de l'interdisciplinarité en ce qui concerne l'évaluation et le recrutement – nous recommandons la reconnaissance et la dépénalisation de l'interdisciplinarité, en particulier au sein des sections "monothématiques" du comité national; iii) le rôle prépondérant du soutien de base pour permettre le démarrage d'une activité interdisciplinaire – nous demandons qu'il retrouve un niveau significatif; iv) le rôle structurant des programmes nationaux (toutefois insuffisants en terme de financement) – nous recommandons la poursuite du soutien de ces programmes, en étendant si possibles les possibilités de financement pour permettre par exemple l'embauche d'un doctorant ou postdoctorant.; v) la lourdeur du système administratif (multiplicité des guichets et manque de coordination) – nous demandons la simplification de la gestion administrative des projets interdisciplinaires (qu'ils soient d'ailleurs interdisciplinaires ou non). 2 Introduction Les interfaces entre l'astronomie-astrophysique et les autres disciplines scientifiques sont nombreuses. Ce document vise à retracer le squelette de ces interfaces et leur mode d'articulation, en terme de bilan et de prospective. Il aborde les interfaces au niveau du système solaire, de l'univers primordial, des systèmes de références et de la mécanique céleste, des sciences humaines, et au niveau des moyens identifiés. Il décrit également le rôle de la Mission pour l'Interdisciplinarité du CNRS pour ces activités. Une analyse de l'organisation actuelle de l'interdisciplinarité liée à l'astronomie-astrophysique est ensuite présentée, et des recommandations sont proposées pour les prochaines années. 1. Thème A : Du système solaire aux systèmes stellaires 1.1. Bilan du Thème A A1 Planétologie comparée, système solaire et Terre Cette thématique éminemment interdisciplinaire se concentre autour de 3 axes principaux : 1) Processus de formation du système solaire; 2) Dynamique interne et évolution des planètes; 3) Habitabilité des planètes. Ces recherches impliquent de nombreuses équipes issues des disciplines de l'astronomie-astrophysique, des sciences de la Terre et de la physique de l'atmosphère (géophysique, géochimie, minéralogie, géomorphologie, etc.). Les données récentes des sondes Cassini/Huygens, Venus Express, Mars Express, MSL, MESSENGER, GRAIL, Dawn, et la ré-analyse des données Apollo, constituent la base des recherches actuellement développées pour l'étude des planètes et des satellites du système solaire. Avec les dernières missions spatiales, il est devenu possible de combiner l’imagerie haute résolution de surface avec une analyse spectroscopique démontrant l'efficacité d’une approche dite de spectrogéomorphologie. Par ailleurs, des études récentes évaluent l’impact des évolutions climatiques sur la formation ou dégradation des surfaces planétaires via l’utilisation de modèles de climats globaux. Les atmosphères sont également le siège d’une variété de processus faisant interagir les disciplines de physique fondamentale, de chimie et de géophysique. La composante atmosphérique est au cœur des projets de simulateurs climatiques planétaires combinant tout un corpus d’outils théoriques dont le degré de maturité pour des corps tels que Mars, Vénus ou Titan se rapproche peu à peu de celui des modèles climatiques déployés pour l’étude du climat terrestre. La détermination de la structure interne des planètes et des satellites (profonde et sub-surface) et les modèles de dynamique interne de ces objets (géodynamo planétaire, flux de chaleur et dynamique interne) constituent également un volet important de ces études. Les interactions entre le PNP et le PNST se sont poursuivies concernant les magnétosphères planétaires (notamment Mercure, planètes géantes, exoplanètes…). Pour l'étude des surfaces planétaires, l’importance d'une approche comparative avec des analogues terrestres implique des géologues de terrain (études de régions semi arides en Namibie pour la compréhension de la formation des lacs de Titan, données de terrain provenant de Sibérie pour l'étude de la dégradation du pergélisol martien, etc…). Parmi les disciplines ayant montré un engagement des chercheurs en sciences de la Terre au cours des dernières années, on peut citer la sismologie planétaire et la modélisation de la dynamique interne et de l'évolution thermique des planètes (ré-analyse des données Apollo et préparation à la mission INSIGHT), l'étude du champ de gravité des planètes (missions GRAIL, Dawn et champ de gravité de Mars), la caractérisation de la sub-surface au moyen de radar pénétrant (instrument MARSIS, préparation Rosetta), l'étude des champs magnétiques planétaires et la modélisation des dynamos (mission MESSENGER et modélisations numériques), la détermination des diagrammes de phase des manteaux et noyaux planétaires (expérimentation minéralogique à hautes températures et hautes pressions)… De plus en plus d’outils développés pour la Terre (outils théoriques et moyens d'observation) trouvent également un support d’application pertinent sur les autres corps planétaires, dans une logique sous-jacente de planétologie comparée. On y trouve en particulier le développement de modélisations expérimentales originales qui font l'une des spécificités de la recherche française (plateforme SERAC pour comprendre la dynamique du régolite glacé de Mars, simulation des écoulements type débris flows saisonniers observés sur les dunes gelées de Mars, expérience MOMIE reproduisant à la fois l’environnement UV et oxydant à la surface de Mars…). L’étude des propriétés physiques 3 des atmosphères utilise également des modèles de transfert radiatif et de photochimie, pour prédire l'évolution des atmosphères terrestres et planétaires. Cela requiert aussi l’intégration de données moléculaires (propriétés thermodynamiques, spectroscopiques, constantes cinétiques de réactions, etc.) dans une très large gamme de température /pression qui font appel à des spécialités dans les mécanismes de combustion. Un aspect complémentaire à ces études est apporté par la cosmochimie, l'analyse de la matière extraterrestre primitive collectée sur Terre (météorites et micrométéorites), ou par retour de missions spatiales (échantillons de la comète Wild2 rapportés par la mission NASA-US Stardust, et de l'astéroïde Itokawa de la mission japonaise Hayabusa). La France possède une des premières collections mondiales de météorites. Les micrométéorites collectées au pôle sud (collection CONCORDIA) contiennent également des objets uniques, probablement d'origine cométaire (micrométéorites ultracarbonées). Les techniques utilisées en sciences de la Terre sont applicables directement sur ces échantillons extraterrestres pour mieux caractériser les conditions et le contexte astrophysique de formation du système solaire (spectroscopies IR et Raman, ICP-MS, spectrométrie de masse par émission ionique secondaire – SIMS…). Cette dernière technique, initialement développée à l'Univ. Paris Sud, permet dans le cas du NanoSIMS de mesurer les compositions isotopiques d'échantillons solides avec une très haute résolution spatiale (50-100 nm). La technique SIMS couplée à un détecteur à temps de vol (TOF-SIMS) est également employée pour l’analyseur de poussières COSIMA de la mission spatiale ROSETTA, et les données (en cours d'analyse) donnent accès à la composition organique et inorganique des grains de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. A2 Physique stellaire La description/modélisation de l'histoire complète des étoiles, de leur naissance à leur mort en passant par les interactions avec leur environnement fait appel à nombre de domaines de la physique. De la mécanique quantique à la gravitation newtonienne en passant par la mécanique des fluides et la magnéto-hydrodynamique, tous les domaines de la physique fondamentale sont sollicités pour définir/modéliser/interpréter les phénomènes liés aux étoiles. Les avancées en physique stellaire sont attendues tant au niveau de la structure interne, en prenant en considération des processus dit non standards, qu'au niveau de la description des processus physico-chimiques jouant un rôle prépondérant lors de la naissance et l'évolution ultime de l'étoile. La détermination des conditions des milieux où se forment les étoiles, et des processus contrôlant cette évolution dans les nuages moléculaires, est un élément essentiel pour comprendre comment est déterminée une des caractéristiques principales des étoiles, à savoir sa masse. De celle-ci dépend toute l'évolution et la fin de vie de l'étoile considérée ainsi que l'enrichissement du milieu interstellaire auquel elle va contribuer. Pour comprendre l'apparition des cœurs denses au sein des nuages moléculaires, puis leur effondrement gravitationnel donnant naissance aux protoétoiles entourées d'un disque protoplanétaire, les études théoriques couplent les effets de la gravitation avec une approche magnétohydrodynamique prenant en compte la présence d'un champ magnétique, la turbulence et la thermodynamique du milieu. C'est par cette voie que l'on cherche à comprendre comment est régie l'efficacité de la fragmentation du gaz en régions gravitationnellement instables, puis comment ces cœurs pré-stellaires donnent naissance aux systèmes stellaires simples ou multiples. Le champ magnétique reste un élément prépondérant dans la détermination de la structure et de l'évolution des étoiles. En effet il participe à la régulation de la rotation des étoiles, jouant le rôle de frein/dissipateur du moment cinétique. Les champs magnétiques stellaires sont naturellement reliés à la question de la dynamo, tout comme le champ magnétique terrestre. Cela a incité des physiciens stellaires à se rapprocher des géophysiciens spécialistes du domaine afin de profiter de l'expertise déjà acquise dans la dynamo terrestre pour modéliser et mieux comprendre les champs magnétiques stellaires. La physique atomique et la physique moléculaire sont des domaines étroitement liés à l'étude des milieux astrophysiques en général et à la physique stellaire en particulier. Que ce soit par l'intermédiaire de produits dérivés des données atomiques et moléculaires tels que les opacités, les accélérations radiatives, indispensables dans les équations de physique stellaire ou de transfert de rayonnement, ou bien via l'équation d'état permettant de déterminer les conditions physiques du système étudié, ou encore par les données brutes elles mêmes, indispensables pour identifier et quantifier la composition des étoiles, la connaissance des propriétés microscopiques des plasmas stellaires impose une étroite collaboration entre physiciens stellaires et physiciens atomistes/moléculaires. Les expertises présentes dans ces domaines en France ainsi que 4 l'étroite collaboration entre les différents acteurs placent la recherche française dans une position motrice/à l'avant poste dans le domaine. La physique stellaire bénéficie depuis quelques années du développement de l'astrophysique de laboratoire, notamment des avancées réalisées dans la simulation des chocs radiatifs et des jets sur des installations comme les lasers de puissance ou les Zpinchs. Ces expériences permettent d'étudier le rôle de différents mécanismes opérant dans les chocs astrophysiques, en utilisant des facteurs d'échelles basés sur les nombres sans dimension comme le nombre de Mach. Ce domaine en plein développement est très prometteur. A travers ces exemples on voit le rapprochement entre les expérimentateurs, les physiciens et les physiciens stellaires se développer sans cesse. Les collaborations entre chercheurs en astrophysique et en physique sont déjà actives entre chercheurs, et suscitent parfois le recrutement commun de doctorants ou post-doctorants ou lors de demandes communes de moyens en réponse aux appels d'offre des différentes communautés. L'intégration au sein d'unité de recherche d'astrophysiques de physiciens(nes) représente une autre possibilité favorisant l'interdisciplinarité A3 Les exoplanètes et l’exobiologie Grâce à la mise en service d’observatoires dédiés aux exoplanètes, en particulier pour la recherche de transits (WASP, CoRoT, KEPLER), et les grands relevés en vitesse radiale sur télescopes, le nombre de découvertes d'exoplanètes s’est énormément accru ces quatre dernières années. Ce ne sont plus seulement des géantes gazeuses car progressivement la limite inférieure de détection en masse s'est abaissée. Les plus petites exoplanètes connues sont désormais de taille comparable à la Terre. La modélisation des exoplanètes a progressé, aussi bien au niveau de la connaissance de leurs atmosphères, de leur structure interne que de leur composition. Il est par ailleurs devenu possible de caractériser l’atmosphère de certaines exoplanètes par leur transit et ainsi d’inférer directement des informations sur leur composition (détection par exemple en 2007 de vapeur d'eau dans l’atmosphère d’un Jupiter Chaud en transit). Peu à peu, l’exobiologie fait une entrée irréversible dans le domaine des exoplanètes. La vie, basée sur celle de la planète Terre, seul endroit à ce jour où elle est observée, n’y est apparue qu’après des étapes chimiques complexes dans l’atmosphère ou à la surface, dont la production de composés organiques suivie de modifications de cette composition liée au vivant et à son évolution. Toutefois ce modèle n’est peut-être pas unique. En revanche l'apparition de la vie ne peut se faire que sous des contraintes chimiques et physiques très fortes, en particulier, au niveau énergétique. 1.2. Prospective Thème A Les recherches en planétologie comparées sont actuellement irriguées par les données des missions spatiales telles que Cassini/Huygens, Mars Express, Venus Express, Mars Science Laboratory, MESSENGER, GRAIL, Dawn... Un objectif est de poursuivre cet effort d’incitation de nouvelles équipes issues de disciplines comme celles des sciences de la Terre (géophysique, géochimie, minéralogie, géomorphologie, etc.) et de l’atmosphère à s’intéresser à ces données via une approche résolument interdisciplinaire. Les prochaines missions martiennes, MAVEN (2014), ExoMars (2016-2018), INSIGHT (2016) et Mars 2020, dans lesquelles la France est très impliquée, apporteront des données nouvelles et complémentaires sur l’étude des interactions du vent solaire (chimie des milieux ionisés) avec les atmosphères planétaires, sur les intérieurs planétaires et l’évolution des surfaces en étroite interaction avec les changements climatiques planétaires. La communauté scientifique française participant de manière significative à MAVEN rassemble des experts de divers horizons car le système Mars y est appréhendé de manière globale et exhaustive, des mécanismes de chimie-transport dans la basse atmosphère aux mécanismes de dissociationrecombinaison-échappement dans l’ionosphère pour une étude approfondie des mécanismes d’échappement ayant progressivement appauvri Mars de son enveloppe fluide et ayant conduit au climat froid et sec qui la caractérise aujourd’hui. En parallèle, des initiatives originales à l’échelle nationale pour la compréhension des interactions soleil-climat terrestre sont en train de prendre corps (prospective CNES). Ici encore, la notion de couplage (ionosphère-atmosphère neutre) occupe une position centrale, faisant interagir spécialistes de la haute atmosphère et climatologues. L’horizon ExoMars 2016 propose un autre point d’ancrage pour l’interdisciplinarité. Le concept de mission en orbite repose sur la détection et la cartographie des gaz traces de l’atmosphère de Mars afin de mettre en évidence une activité géophysique (ou plus spéculatif, une activité biologique) résiduelle. Ce 5 type d’analyse reposera sur des compétences en spectroscopie, chimie des atmosphères, et géochimie (si des réactions sont suspectées se produire en surface ou en profondeur). La mission INSIGHT, pour laquelle la France fournit l'instrument principal de la mission (SEIS), impliquera de nombreux sismologues, pétrologues, et géophysiciens français. De nombreuses missions spatiales s'intéresseront également à la détermination de la structure interne et du champ de gravité des corps sans atmosphère et astéroïdes (Rosetta, GRAIL, INSIGHT, missions Discovery NASA …). Les instruments géophysiques déployés par ces missions trouvent des applications, ou sont associés à, des objectifs astrophysiques dans le domaine radio, car les objets en question présentent un niveau de bruit très faible pour les ondes radios de fréquences inférieures à 20 MHz. Dans ce cadre, l'exploitation des données en imagerie martienne reste insuffisamment mise en avant. Il est vraiment nécessaire d'impliquer un bien plus grand nombre de chercheurs venant de disciplines voisines (Sciences de la terre, Géophysique, Physique,...) pour une utilisation conjointe de ces données. La poursuite de ces efforts grâce à l'apport des prochaines données satellitaires d'une part, et de la modélisation numérique et analogique d'autre part, est à encourager. Dans ce contexte, les projets visant à préparer et soutenir directement l'analyse et l'interprétation des données des missions spatiales en cours et à venir doivent être fortement encouragés. Ces projets incluent notamment les analyses et les simulations de laboratoires (synthèses, pétrologie expérimentale y compris à hautes pressions et températures, expositions aux rayonnements et particules,…), les observations sol coordonnées avec les observations spatiales, l'analyse de données déjà existantes disponibles pour la communauté internationale, les modélisations numériques des dynamiques internes et géodynamos planétaires en préparation ou exploitation de résultats de missions planétaires. L'étude d'environnements extrêmes comme celui de la planète Mars, peut permettre de mieux appréhender le rôle joué par des processus peu étudiés sur Terre, comme le rôle de la sublimation (thermokarsts), de la fracturation thermique à basse température (polygones), du rôle des variations de CO2 dans l'atmosphère et dans le pergélisol, ou du rôle des saumures dans la modification des morphologies dans les milieux froids terrestres. Il convient également de réfléchir à une meilleure stratégie d’exploitation et de valorisation des données spatiales, qui passe sans doute par la mise en place de centres de données sur l’imagerie, les champs de données physico-chimiques et la spectroscopie des solides, et le développement d’outils correspondant. Avec la mission CASSINI-HUYGENS, et très prochainement les missions ROSETTA, DAWN ET NEW HORIZONS, les données spectroscopiques sur diverses surfaces glacées du système solaire nécessitent l’acquisition de spectres de référence en laboratoire de tholins complétée par des mesures qui serviront à l’analyse des données de la mission JUICE (ESA-L1). L’étude des caractéristiques de l’océan présent sous la croute de glace de Ganymède se fera via des données gravimétriques, topographiques et magnétiques et nécessitera l’acquisition préalable de données expérimentales (densité, conductivité électrique, propriétés thermodynamiques) sur des liquides salés et phases glacées. Il est à noter que si les communautés des géophysiciens (Sismologie, radar pénétrant, magnétisme...) des sciences de la Terre et celle des modélisateurs (dynamique interne) sont fortement sensibilisées aux thématiques planétaires, les expérimentateurs minéralogistes et géochimistes sont moins fortement impliqués, alors qu'ils disposent d'outils d'investigation directement applicables à des planètes plus petites que la Terre. Un effort pourrait être conduit dans ce sens. Cette recherche pourrait également bénéficier du développement de dispositifs pour la production de standards analytiques (par implantation) ou de simulation d'évolution de la matière dans le milieu interplanétaire par irradiation par des accélérateurs ou implanteurs (e.g. GANIL, SIDONIE/ARAMIS), et permettra de fournir différents types de standards utiles à la communauté de géochimie et cosmochimie (dispositif INGMAR). Dans le cadre de la physique stellaire, les interactions entre astrophysiciens et physiciens se sont mises en place naturellement, il faut les encourager par différentes actions incitatrices. Au sujet de l’étude des origines de la vie sur Terre et des conditions qui ont permis la formation et l’évolution de la vie, il faut noter que des collaborations ont été initiées via le programme interdisciplinaire EPOV (aujourd'hui disparu) entre les sciences des «planètes et de la vie » et les sciences de l’ingénieur. Dans ce contexte, l’étude de l’habitabilité du cratère martien Gale par la mission MSL offre une belle opportunité de coopération entre exobiologistes, géologues et 6 climatologues. La détection d’argiles produites en milieu aqueux, mais aussi de grès, démontrent que le site présente un fort potentiel d’habitabilité passé. Bien avant de rechercher la vie sous forme de biomarqueurs, de nombreuses questions se posent au niveau des exoplanètes : quelles compositions atmosphériques sont compatibles avec une organisation complexe de la matière organique ? Quels indicateurs peuvent être utilisés pour établir la présence d’une chimie organique ? Quels constituants gazeux doivent s’y trouver ? Comment évaluer la complexité de cette chimie sur la base des mesures de composition de l’atmosphère et de leur incertitude ? La non-sélection du projet de mission d’EChO dans le cadre du volet M3 de Cosmic Vision marque un coup d’arrêt pour l’évolution du caractère interdisciplinaire de ce thème (malgré le lancement programmé du JWST). La mission sélectionnée, PLATO, si elle doit permettre de réaliser un inventaire étendu des systèmes exoplanétaires, n’offrira pas la possibilité d’étudier les exo-atmosphères. La question de l'habitabilité des exoplanètes est indubitablement un thème émergent, autant d'un point de vue observationnel que théorique. Il faudra ainsi mieux caractériser les planètes situées dans la zone habitable (tempérée) de leur étoile, en fonction des types spectraux de ces dernières. Plusieurs projets sont impliqués dans cette recherche, comme SPIRou/CFHT pour les étoiles M, ou ESPRESSO/VLT et PLATO/ESA pour les étoiles solaires, mais ne permettront pas de caractériser les atmosphères des exoplanètes, comme le proposait EChO. L’Exobiologie devra poursuivre sa réflexion et ses recherches sur les paramètres physiques et les compositions chimiques qui sous-tendent cette notion d’habitabilité. 2. Thème B : Astrophysique et Univers primordial 2.1. Bilan du thème B B1 La physico-chimie du milieu interstellaire (MIS) Les recherches développées sur le milieu interstellaire et plus largement en astrochimie font appel à des fortes collaborations entre laboratoires relevant de l'INSU, de l'INP et de l'INC. Le programme national PCMI a joué un rôle structurant majeur dans cette thématique, en catalysant les initiatives et permettant la création d'une communauté interdisciplinaire forte, rayonnant au niveau européen. L'abondance de certains composés dans les régions soumises au rayonnement UV, comme par exemple des radicaux et des ions réactifs, ne peut s'expliquer que par la seule chimie en phase gazeuse. Dans les régions froides des nuages moléculaires, les grains sont couverts de manteaux de glace qui jouent un rôle important dans la synthèse d'autres molécules, qui sont observées en phase gazeuse lorsqu'elles s'échappent des manteaux. De nombreux travaux de laboratoire menés à l’interface de l’astrochimie et de la synthèse organique sont donc nécessaires pour comprendre la chimie qui s’opère dans ces milieux aussi bien en phase gazeuse que solide. En surface, les synthèses de molécules simples (eau, méthanol, …) sont les premières à se produire, précédant des complexifications successives menant à des entités de plus en plus sophistiquées (biomolécules prébiotiques) qui font la transition avec l’exobiologie. Peut-on trouver, dans le milieu interstellaire (MIS), ces molécules dites prébiotiques en chimie de la Terre Primitive que sont les acides aminés ou les α-aminonitriles précurseurs, les sucres, les bases puriques ou pyrimidiques ou encore des molécules chirales ? Tous ces composés sont amenés à révéler une chimie encore plus complexe du MIS que celle envisagée à ce jour. On peut noter la détection récente de C60 et C60+ observés en émission IR et accompagnant dans certaines régions les bandes infrarouges aromatiques (AIBs). L'étude de la formation des particules solides procède par des synthèses d'analogues en laboratoire, dont les propriétés structurales et optiques peuvent être finement mesurées et confrontées aux signatures astrophysiques. L'enjeu est non seulement la fabrication des meilleurs analogues, mais aussi le développement des techniques de mesures (par exemple pour l'émissivité des nanograins dans l'infra-rouge) ainsi que des approches théoriques permettant de modéliser finement les propriétés optiques à partir de la composition, de la structure et éventuellement la température de la particule. La première synthèse de molécules d’eau sur une surface froide à partir d’atomes H et O a été réalisée en laboratoire. Parallèlement, des mesures du taux de photo-désorption de manteaux de monoxyde de carbone ont été effectuées dans une grande gamme d'énergie des photons UV (ligne DESIRS du synchrotron SOLEIL). Elles montrent la grande variabilité de ce taux en fonction de l'énergie des photons, ce qui souligne l'importance de ces mesures pour les modèles astrophysiques. 7 L'étude de la formation par voies photochimique ou thermique (réchauffement avant désorption) de molécules complexes dans les manteaux de glace simulant les grains a permis de proposer une voie de synthèse de certaines espèces déjà détectées en phase gazeuse (aminoacétonitrile, cyanoformaldéhyde, méthanimine, …) et de prédire la formation de composés divers dont certains ont été observés depuis (carbodiimide ou cyanométhanimine) : ces travaux illustrent la pertinence des simulations en laboratoire. Par ailleurs, des analyses chromatographiques réalisées sur des résidus organiques obtenus après réchauffement d’analogues de glaces interstellaires soumis à un rayonnement UV polarisé circulairement montrent que ces échantillons contiennent un excès énantiomérique significatif d'un acide aminé chiral, l'alanine. Il est ainsi envisageable de produire dans des conditions interstellaires, des molécules chirales avec un excès énantiomérique : cette observation étaye l’hypothèse d’une origine cosmique d’un excès énantiomérique des acides aminés (excès observé dans les météorites), initiateur de l’homochiralité rencontrée chez tous les systèmes vivants sur Terre. De façon plus générale, la recherche de molécules complexes (y compris des molécules chirales) en phase gazeuse dans le MIS n’est possible que si leurs spectres – en particulier dans la région microonde pour les molécules possédant un moment dipolaire – ont été préalablement enregistrés et analysés en laboratoire. De multiples cibles ont ainsi été définies pour donner aux astrophysiciens les outils nécessaires à leur détection. A cet égard, les travaux de modélisation théorique des signatures spectrales restent sinon un guide, du moins un garde-fou essentiel en indiquant de façon de plus en plus précise dans quel(s) domaine(s) spectral(-aux) chercher telle ou telle signature. Les composés détectés selon les approches menées dans le cadre de l'astrophysique moléculaire de laboratoire, expérimentale ou théorique, permettront d’affiner notre compréhension de la chimie de ce milieu et d’améliorer notre capacité à prévoir les autres entités présentes au vu de différents modèles chimiques. Ces modèles doivent cependant s'affiner, en particulier en s'appuyant sur les taux de formation prédits tant par les calculs de chimie théorique (recherche de chemins/mécanismes réactionnels pertinents dans le cadre MIS) que par les calculs collisionnels, seuls à même de fournir des constantes de vitesse, deux approches pouvant remédier à l'absence de données expérimentales. B2 Astroparticules Le terme d'astroparticule désigne un champ de recherche interdisciplinaire par essence et la communauté scientifique associée comprend des astrophysiciens, des cosmologistes et des physiciens des particules et des noyaux, théoriciens et expérimentateurs ou observateurs (INSU, CEA, IN2P3, INP). Ce domaine de recherche, qui a essentiellement émergé dans les années 1990, est à présent clairement identifié en astrophysique et en physique des hautes énergies aux plans national et international, bien que les définitions puissent varier d'une communauté à l'autre. Les contributions françaises sont très visibles, notamment dans les grandes collaborations expérimentales (le contingent de théoriciens est plus modeste, mais également très bien identifié au plan international). Les aspects de cosmologie sont traités plus spécifiquement dans la section suivante, mais il est clair que les liens sont parfois très étroit entre ces derniers et ceux que nous développons ci-dessous. Les grandes problématiques scientifiques de cette thématique concernent essentiellement des phénomènes astrophysiques ou cosmologiques induits par des particules et noyaux standard ou exotiques à basse et haute énergie, ou par des environnements extrêmes, dont les observables peuvent être typiquement multi-longueurs d'onde, multi-messagers, et multi-échelles astrophysiques. Ces phénomènes relèvent pour l'essentiel de processus non-thermiques, d'événements violents, ou d'états extrêmes de la matière (densité, champ magnétique). Ils peuvent être associés à de la physique fondamentale standard (sources, accélération, transport des rayons cosmiques ; ondes gravitationnelles) et à de la physique plus spéculative ou non-standard (étoiles étranges, particules exotiques, origine de la matière sombre). L'étude de ces questions a tiré grand profit, du point de vue observationnel, de la mise en commun ou du transfert des techniques et savoir-faire instrumentaux les mieux maîtrisés par les différentes communautés impliquées. Bénéficiant de l'expérience de l'INSU dans les programmes d'observation essentiellement en radio et rayons X, le domaine des astroparticules se caractérise également par l'existence de grandes collaborations expérimentales et par un développement instrumental très conséquent initiés par l'IN2P3 et le CEA dans le domaine des hautes énergies – il existe une bonne complémentarité entre instruments au sol et instruments spatiaux. Les relais théoriques et phénoménologiques se trouvent essentiellement à l'INSU et IRFU pour la physique fondamentale standard, et à l'INP, IPhT, et IN2P3 pour la physique non-standard (avec toutefois un rôle important de l'IN2P3 pour l'astrophysique nucléaire 8 standard). Les activités de recherche se structurent tout particulièrement au sein du PNHE (promotion du GDR PCHE au rang de PN en 2012), et de manière moins marquée dans le PNCG, plus dédié à la cosmologie (le GDR Terascale de l'IN2P3-INP incorpore également un volet astroparticule – dédié aux recherches de matière noire – tout comme le GDR neutrino). Ces dernières années ont été particulièrement marquées par les résultats du satellite Fermi, dont la collaboration associée implique des équipes de l'IN2P3, de l'IRFU et de l'INSU, et dont les contributions ont été nombreuses à toutes les échelles de la structure. Ces résultats ont touché un éventail impressionnant de sujets d'astrophysique (sources galactiques et extragalactiques, accélération et transport du rayonnement cosmique, pulsars, matière sombre, sursauts, etc.), impliquant tous les instituts dans la phase d'interprétation. Autre expérience spatiale prometteuse et inédite, bien que s'adressant à une communauté a priori plus restreinte que Fermi, AMS02 (forte implication de l'IN2P3) a déjà produit des résultats de tout premier plan sur la mesure directe des rayons cosmiques galactiques du MeV au TeV, dont la qualité est sans précédent. Ces observations permettront de mieux comprendre, contraindre, et caractériser le transport du rayonnement cosmique, ingrédient essentiel à la compréhension des émissions galactiques diffuses en gamma (Compton inverse et composante hadronique) et radio (synchrotron). On peut également noter dans ce cadre l'intérêt des données de Planck pour cette physique, et vice-versa. Autre maillon de l'astroparticule s'articulant de manière clairement interdisciplinaire, l'astrophysique nucléaire bénéficie d'une grande expertise de l’INSU pour l'observation des raies atomiques et pour les mesures des abondances isotopiques (nucléosynthèse stellaire, micrométéorites) et de l'apport de l'IN2P3 pour la mesure de certaines sections efficaces, taux de réactions et plasma de quark gluon via les accélérateurs (e.g. Tandem-ALTO, GANIL-SPIRAL2, Alice-LHC). De manière plus globale, la mesure fine des sections efficaces à basse ou haute énergie est un élément essentiel pour un grand nombre de sujets en astroparticule, qui a un impact direct sur l'interprétation des observations astrophysiques associées. Les rayonnements cosmiques produisent également un bombardement continuel des surfaces glacées (satellites, astéroïdes) et des grains interstellaires. Ce bombardement induit des réactions chimiques non thermiques responsables de la formation d'un grand nombre de molécules et de l'évolution de la structure du matériau solide. Ces réactions sont étudiées en laboratoire en bombardant des analogues refroidis à basse température (10-150 K) avec des faisceaux d'ions accélérés. Concernant la communauté plus éparse des théoriciens, on peut constater un dialogue accru avec les expérimentateurs ou observateurs, qui se caractérise par une participation croissante aux grandes collaborations ou à la réflexion autour de projets instrumentaux. Il semble acquis que cette proximité soit un élément important dans ce domaine de recherche, bénéficiant aux deux parties. Elle n'implique toutefois pas nécessairement un impact ou une visibilité plus importants pour les théoriciens, car un petit nombre de collaborateurs est caractéristique de leurs méthodes de travail. Le degré de structuration et d'interaction dépend clairement des sujets et des équipes. L'astroparticule se caractérise également par des sujets ou des instruments exploratoires. Ceci est par nature constitutif des développements théoriques (neutrinos, matière sombre, axions, états extrêmes de la matière). Côté instrumental, l'observatoire AUGER est passé par cette phase avant d'acquérir son statut de référence internationale. Parmi les expériences exploratoires, on citera ANTARES, expérience de détection de neutrinos opérant depuis 2008 dans les fonds méditerranéens (surface de collection ~0.1 km2) dont le défi est d'observer des neutrinos de haute énergie d'origine astrophysique. Si l'existence de ces neutrinos ne fait aucun doute (une part importante de l'émission gamma provient de mécanismes hadroniques), les volumes nécessaires pour leur détection dépassent le km3. Cela caractérise l'horizon à atteindre pour ce type d'instruments (atteint par la seule l'expérience concurrente IceCUBE à ce jour). On notera également les interféromètres développés pour la détection d'ondes gravitationnelles (e.g. advanced VIRGO), dont les performances actuelles, bien qu'encore limitées au regard des objectifs scientifiques, relèvent d'un tour de force technologique. Enfin, les instruments de détection directe de matière noire entrent dans cette catégorie (EDELWEISS, XENON100), mais ont déjà acquis un potentiel d'impact très fort au plan international. Toutes ces expériences sont le fruits d'un fort investissement de l'IN2P3, et ont de manière générale des liens très forts avec la physique des particules (standard et au-delà). Certaines fédèrent déjà des activités trans-disciplinaires, mêlant théoriciens et expérimentateurs de différents instituts, ce qui est assurément un aspect important pour de tels projets. Parmi les objectifs scientifiques communs, on peut noter que la physique des sursauts gamma a suscité le rapprochement récent des communautés gamma, neutrinos, et ondes gravitationnelles. 9 B3 Cosmologie, Matière noire, énergie noire La cosmologie étudie la structure à grande échelle de l'espace-temps. Elle fait intervenir des échelles de temps, d’espace et d’énergie qui lui permettent de tester de nombreuses extrapolations du modèle standard de la physique des particules et de la relativité générale. Elle représente donc le carrefour idéal où physique fondamentale, physique des particules et astronomie se rencontrent. En effet, irriguée par des données observationnelles abondantes et de précision inégalée, la cosmologie est devenue, ces dernières années, un terrain de recherches fertile et précis, où les prédictions et hypothèses théoriques sont testables empiriquement. Des avancées importantes ont été obtenues dans la mesure des paramètres constitutifs du modèle cosmologique de Friedmann-Lemaître. Par exemple, grâce à de grandes campagnes observationnelles au sol (Sloan Sky Digital Sky Survey) et dans l’espace (Planck), le taux d’expansion de l’univers H0, sa courbure spatiale Ωk et son contenu de matière Ωm sont désormais connus avec une précision relative inferieure à 5%. D’autres analyses, auxquelles les astronomes et les physiciens théoriciens français ont participé de façon visible et reconnue, ont permis d’affiner le modèle cosmologique standard fondé sur la Relativité Générale et d’améliorer notre compréhension de la phénoménologie cosmique, tant dans ses aspects primordiaux (modèles inflationnaires) que dans son histoire récente (modèles d’énergie noire). En ce qui concerne l’univers primordial, on remarque notamment les contraintes sur l’amplitude de l'indice spectral scalaire et du rapport tenseur-scalaire des fluctuations primordiales, ainsi que des nongaussianités primordiales. Cela a permis de restreindre la classe de modèles inflationnaires mono- et multichamps, cohérents avec les données du fond diffus cosmologique (CMB), notamment celles issues de la mission spatiale Planck Surveyor. Parmi les activités porteuses on mentionne aussi les études de la nucléosynthèse primordiale, des champs magnétiques primordiaux, et des effets de lentille gravitationnelle sur le fond diffus cosmologique. A plus basse énergie, une intense activité synergique entre théoriciens, phénoménologues et observateurs a été engendrée par l’observation de l’expansion accélérée de l’univers. Des résultats marquants ont été obtenus dans l’étude théorique et phénoménologique des modèles d'accélération alternatifs au mécanisme dit de la constante cosmologique, c.-à-d. des modèles où la force de gravitation est modifiée à très grande distance et faibles courbures. On mentionne la théorie effective de l’énergie noire, les modèles avec dimensions supplémentaires ou avec des termes cinétiques non-standard inspirés de la théorie des cordes, les modèles Galileon, la théorie de Horndensky ou encore la gravitation massive et les mécanismes d’écrantage gravitationnel. Des travaux intéressants ont été menés pour étudier l’influence d’éventuelles interactions de l’énergie noire avec la matière noire, ou encore explorer les éventuelles propriétés d’instabilité gravitationnelle de l’énergie noire. Une activité importante a également concerné les tests du modèle standard de la cosmologie et, en particulier, de ses hypothèses fondamentales (principe d’isotropie et d’homogénéité, invariance des constantes fondamentales de la nature). La compréhension des structures à grande échelle de l’univers a progressé notamment grâce au développement de nouvelles approches perturbatives pour le calcul du spectre de puissance des fluctuations de matière et au développement de nouvelles statistiques d’ordres supérieurs. 2.2. Prospective Thème B Milieu interstellaire L'étude de la physique et de la chimie du MIS peut se structurer autour de trois grandes questions : a) la dynamique et la structure du MIS aux grandes échelles ; b) la formation des étoiles et des systèmes planétaires ; c) les propriétés de la matière cosmique et sa complexification. Au cœur de ces trois thèmes, les signatures spectrales en absorption et en émission des composantes de la matière cosmique fournissent les précieux traceurs des conditions physiques et chimiques de ces régions, à toutes les échelles, des galaxies jusqu'aux régions de dissipation des turbulences. L'étude des caractéristiques de la poussière et des molécules, de même que leur évolution selon les conditions physiques, forme un champ d'études fortement interdisciplinaire. Parmi les problématiques soulevées par ces environnements astrophysiques, la question de l'évolution physico-chimique de la matière dans les zones de chocs, sous irradiation par le rayonnement cosmique, X et/ou UV n'est et ne sera abordée que grâce à l'utilisation des grands instruments (faisceaux d'ions, rayonnement synchrotron...) et de nombreux efforts de simulations, expérimentale ou théorique, en laboratoire. 10 Étudier l'évolution de cette matière nécessite au préalable d'en avoir identifié ses composantes : c'est le travail d'identification entrepris aussi bien sur la matière solide que gazeuse, en particulier l'inventaire des molécules présentes dans le milieu interstellaire (neutres, radicaux et ions) observées en grand nombre qui permettra de progresser dans notre connaissance de la chimie du MIS. Les détections de ces nouvelles molécules et les modalités de leur détection spectroscopique apportent en effet d'importantes contraintes aux réseaux de réactions chimiques permettant la simulation de l'évolution dynamique et chimique des objets astrophysiques. Ainsi, une évolution en cours est l'élaboration de modèles physiques et chimiques de plus en plus complexes : ces modèles sont régulièrement alimentés et affinés par les données physico-chimiques issues de l'astrophysique moléculaire de laboratoire. L'objectif des prochaines années est l'amélioration des réseaux chimiques, d'une part pour prendre en compte les interactions gaz-grains et, d'autre part, en élaborant des modèles couplant la chimie hors équilibre, la dynamique et les propriétés physiques du milieu. Cette activité implique une interaction forte entre modélisateurs, observateurs et physico-chimistes. Un des points les moins avancés concerne les processus de formation et de complexification de la matière cosmique, de la formation de H2 à celle des grains, en passant par les molécules organiques complexes, gardant en tête que l'essentiel de la complexité relève vraisemblablement de processus se produisant à la surface, voire à l'intérieur, des grains. L'enjeu reste alors et encore la fabrication d'analogues en laboratoire simulant expérimentalement les conditions physiques et chimiques du MIS et en confrontant les signatures spectrales, expérimentales ou théoriques, de ces matériaux, en absorption et en émission, aux observations astronomiques ainsi qu'à l'analyse de la partie la plus primitive des échantillons de matière extraterrestre météoritique et micrométéoritique. Les observations motiveront également la poursuite des études sur les processus chimiques à l'interface gaz/solide telles que photo-désorption ou désorption chimiques mises en jeu dans et sur les glaces moléculaires. Ces travaux viseront aussi à quantifier le potentiel prébiotique de ces matériaux et à mieux cerner l'héritage pré-stellaire dans la nébuleuse solaire primitive. C'est donc un vaste champ d'études impliquant des TGI, des expériences de laboratoire et des travaux théoriques abordant résolument la complexité avec des précisions sans précédent, menés dans des instituts relevant principalement de l'INP, l'INC, l'IN2P3, l'INSIS et l'INSU, qui accompagnent ces grands thèmes associés au MIS. Ces études ont jusqu'ici trouvé de forts soutiens dans le cadre de Programmes et réseaux Nationaux (par exemple, et non exhaustifs : ARCHES, EMIE, EPOV, PCMI, PNP) qui ont permis de fédérer des communautés autour des thématiques précédentes dans un cadre pluri/multi/interdisciplinaire. Ces actions ont été extrêmement appréciées et ont grandement assuré une structuration des thématiques. Il ne peut qu’être souhaité qu'elles se poursuivent ou que d'autres viennent compenser celles qui sont achevées. Astroparticules Science Les astroparticules ont été grandement portées par l'astronomie gamma durant ces dernières années où le satellite Fermi incarne l'un des plus grands succès récents du domaine. Alors qu'au sol HESS2 voit sortir de très encourageants premiers résultats, CTA (Cerenkov Telescope Array) se positionne à présent comme le projet majeur des prochaines années (collaboration internationale impliquant notamment l'Europe, les Etats-Unis et le Japon), visant d'une part à faire le lien entre Fermi et les télescopes gamma au sol, et d'autre part à explorer de manière fine le domaine d'énergie au-delà de 10 TeV. D'autre part, le projet chinois d'un observatoire à haute altitude, LHAASO, offrira la possibilité de rechercher les sources de rayons cosmiques à travers les contreparties en gamma avec une grande sensibilité, et ce de manière complémentaire au projet CTA grâce au large champ de vue et au cycle utile proche de 100%. La communauté des sursauts gamma va quant à elle se focaliser plus nettement sur la préparation de la mission SVOM, dont la relance semble actée. Se posent à présent les questions des nouvelles générations de satellites X, et de l'exploration du domaine du MeV, toujours vierge à ce jour, pour lesquelles des consortiums et projets prometteurs émergent. D'autres projets instrumentaux en R&D s'inscrivent en successeurs potentiels de Fermi, se focalisant notamment sur une amélioration de la résolution angulaire et de la sensibilité, et une mesure inédite de la polarisation du MeV au TeV (e.g. HARPO). Du côté de la détection des rayons cosmiques, AMS02 va clairement devenir la référence ces prochaines années, et ses résultats sont très attendus (noyaux jusqu'au fer, antimatière cosmique du MeV à 500 GeV). Au sol et aux énergies extrêmes, l'observatoire AUGER devrait connaître une remise à niveau de ses détecteurs, l'objectif étant de clarifier la mesure de la composition à ultra-haute énergie et d'augmenter la sensibilité globale. 11 Le projet complémentaire spatial, JEM-EUSO, dont l'installation sur l'ISS est prévue vers la fin de la décennie, est toujours en phase de R&D : le détecteur prototype EUSO-balloon devrait être lancé très prochainement pour réaliser une série de tests clés. Dans les domaines plus exploratoires, les résultats d'advanced VIRGO et autres expériences de détection d'ondes gravitationnelles (pulsars en réseaux) sont très attendus ces prochaines années, et pourraient conduire aux toutes premières mesures directes. Pour la détection de neutrinos astrophysiques, il semble que l'extension d'un ANTARES à l'échelle du km3 (projet KM3-net) ne soit pas encore sécurisée du fait d'une priorité accordée à CTA. Enfin, les expériences de recherche directe de matière noire (EDELWEISS-III, XENON-1T) devraient sonder en profondeur l'espace des paramètres encore permis aux candidats dits WIMPs, avec un fort potentiel de découverte ou d'exclusion définitive de cette classe de modèles. Cette recherche se poursuivra en particulier grâce au développement de détecteurs cryogéniques à bas seuil (inférieur au keV) au sein d'EDELWEISS (concepts et développements de Physique du Solide fondamentale), et dans le cadre de la collaboration européenne EURECA et/ou avec la collaboration Super CDMS (USA). Les détecteurs gazeux à bas seuil, de type CAST (et son extension IAXO) ou les nouveaux détecteurs gazeux sphériques, avec des seuils de quelques centaines d’eV et la possibilité d’utiliser des cibles très légères H ou He, seront aussi concernés par ces développements expérimentaux. Il faut noter que pour tous les aspects non standard, les résultats du LHC (également des expériences neutrinos comme super-NEMO) auront des conséquences majeures. Indépendamment, les expériences aux accélérateurs de particules ou de noyaux seront cruciales pour la caractérisation des sections efficaces hadroniques ou nucléaires (LHC SPIRAL2, etc.) touchant plusieurs domaines en astroparticules. L'accent a essentiellement été mis sur les projets instrumentaux ci-dessus, mais il convient également de porter un regard plus général et d'identifier quelques directions de recherche interdisciplinaire potentiellement porteuses pour ces prochaines années. Un exemple de sujet induisant un couplage fort entre PCMI et PNHE concerne la caractérisation et la compréhension des émissions galactiques diffuses des fréquences radio aux rayons gamma (complémentarité radio, X, MeV, GeV). Les émissions diffuses, qui ont longtemps été abordées comme des bruits de fond aux observations de sources ponctuelles, mêlent en effet une quantité impressionnante de processus astrophysiques, et les avancées récentes autant théoriques qu'expérimentales permettent aujourd'hui de pouvoir en exploiter de nombreuses observables. Elles renseignent notamment sur les interactions entre les composantes du milieu interstellaire (gaz, champ magnétique, fond de radiation) et le rayonnement cosmique (composition, sources et transport) ; cela s'extrapole également à la compréhension des observations extragalactiques (e.g. observations du groupe local par Fermi). Un défi particulier associé aux émissions diffuses et très fortement interdisciplinaire concerne la caractérisation des régions centrales de la Voie Lactée, qui touche pléthore de questions : activité passée du trou noir central, origine des "bulles" de Fermi, populations de pulsars, origine de la raie à 511 keV, recherches indirectes de matière sombre, etc. En parallèle, le développement d'outils de simulations numériques puissants (hydrodynamique, MHD, transfert radiatif, simulations de galaxies et d'environnements stellaires, etc.) pourra apporter des éléments de compréhension indépendants dont il faudra tenir compte. Des expertises existent dans les communautés PNHE (accélération et transport du rayonnement cosmique), PCMI (structuration et évolution du milieu interstellaire) et PNST (progéniteurs des sources et environnements), mais ne sont pas encore suffisamment structurées. Il serait bon d'encourager des efforts de convergence sur de tels sujets, dont les observables concernent la plupart des instruments décrits plus haut. Le développement de ces sujets aura aussi un impact sur la maîtrise des avant-plans galactiques, chère aux expériences sur le CMB. Fonctionnement Les programmes nationaux (principalement PNHE, PNCG, PNST et PNPS) ont permis de structurer la communauté astroparticule à différents degrés (le PID Astroparticules du CNRS ayant disparu), notamment par le soutien constant apporté aux projets collaboratifs et à l'organisation d'ateliers. Cependant, il s'agit pour l'essentiel d'outils permettant des financements modestes, et dont l'usage nécessite un effort de structuration thématique en amont. L'interaction entre théoriciens et expérimentateurs-observateurs est très variable selon les thèmes de recherche, et peut dépendre très fortement de leur présence au sein d'une même structure. Plus généralement, il est clair que l'émergence d'équipes, de laboratoires ou de pôles interdisciplinaires est une grande opportunité pour dynamiser les recherches en astroparticule, même s'il ne s'agit pas d'une condition suffisante. Il semble toutefois que ce soit un levier prometteur pour assurer le développement de recherche innovante, et il convient de l'encourager. 12 Les grandes collaborations expérimentales sont également des lieux très fortement structurants, qui disposent généralement d'un soutien récurrent des instituts ou agences (bien que ce dernier ait tendance à décroître). CTA est représentatif de ce cas de figure pour la communauté PNHE, accrétant non seulement les équipes de HESS, mais aussi une partie de celles de Fermi, et autres. Il faut noter que le positionnement marqué de l'IN2P3 sur les domaines les plus exploratoires, tradition ancienne de l'institut, peut induire quelques craintes sur le degré de soutien à l'astronomie gamma, dont le statut « d'astronomie » est à présent fermement établi (l'IN2P3 ne dispose pas de PN et soutient ses équipes par allocation directe de moyens). Cela reflète quelques difficultés majeures de l'interdisciplinarité : l'entre deux, et les différences culturelles, de fonctionnement, et de priorités des différents acteurs. Il est donc fondamental que la coordination inter-instituts sur de tels grands projets soit forte, pérenne, et transparente aux équipes impliquées. Il est tout aussi important que l'IN2P3 reste à la pointe des développements technologiques sur les sujets exploratoires aux interfaces, en privilégiant les meilleurs rapports découverte/investissement et impact/risque. La communauté de l'astrophysique nucléaire est quant à elle particulièrement sensible au maintien des faisceaux stables face à la sismologie, en même temps que le développement de la ligne de faisceaux radioactifs sur SPIRAL2 pour étudier les processus explosifs avec une modélisation associée. Il faut souligner l'émergence récente de consortiums aux interfaces nourrissant les réflexions autour de la préparation d'instruments à dimension internationale. On peut citer à titre d'exemple le succès des dynamiques constituées autour de la prochaine génération de satellites X (rôle important du PNHE), et autour des projets d'astronomie au MeV. Ce type d'organisation ne peut être qu'encouragé dans le futur, en recommandant tout particulièrement une forte implication des théoriciens dans l'identification et la définition des objectifs scientifiques. Il nécessite toutefois une masse critique de participants. Il faudrait également encourager et promouvoir la structuration de la communauté autour de grandes questions. Par exemple, la compréhension des phénomènes astrophysiques siégeant au centre galactique devient un sujet d'astroparticule (et astrophysique) majeur qui pourrait générer une dynamique très importante en France. Enfin, le soutien apporté à la thématique astroparticule par les agences de financement (ANR, ERC, etc.) peut être important, mais non pérenne par nature, et totalement imprévisible si ce n'est au regard de la taille et du degré de cohésion des sousthématiques. Dans ces conditions, il est clair que les projets les plus à l'interface sont les plus pénalisés. Il serait souhaitable que l'ANR finance un nombre plus important de projets, mais avec des volumes financiers bien moindres, permettant un taux de succès plus fort qui bénéficierait mécaniquement aux sujets aux interfaces. Le fait que les grands projets interdisciplinaires déjà visibles doivent de plus en plus recourir à ce type de financements pénalise également l'émergence d'idées nouvelles dans ce champ de recherche. Notons que les pôles bénéficiant de LabEx ou IdEx bénéficient de ressources qui permettent pour l'heure de maintenir une certaine réactivité (fonctionnement, thèses et bourses postdoctorales), mais avec un horizon temporel limité à 2018-2020 tout au plus. Il est clair que les crédits récurrents sont les meilleurs garants d'avancées significatives en astroparticule, comme dans tous les domaines de la recherche fondamentale, permettant un certain degré d'indépendance aux différents acteurs, plus ou moins encadré par les instituts (cadrage évidemment plus important pour les développements instrumentaux). Méthodes / moyens - Recommandation Que cela concerne les aspects observationnels (analyse de données) ou théoriques (simulations numériques), il serait utile d'avoir une réflexion globale sur la mutualisation (commune à tous les domaines) des moyens de calcul et de stockage pour éviter le gaspillage des crédits. Formation / recrutements / environnement de travail / carrières Les craintes sur l'emploi scientifique concernent tous les champs de la recherche fondamentale et de l'astronomie. Il est évident que les jeunes travaillant aux interfaces sont les plus exposés aux fluctuations, mais on peut remarquer que les instituts (INSU et IN2P3 ici) conservent un taux de recrutement raisonnable (mais valeur absolue en déclin), notamment pour les expérimentateurs ou observateurs travaillant sur de grands instruments ou collaborations, ou s'y destinant (e.g. astronomie gamma, X, et sujets d'astrophysique associés). Il est toutefois de plus en plus difficile de stabiliser les jeunes théoriciens n'étant pas associés à de tels programmes, bien que l'INSU assure le recrutement sur les sujets d'astrophysique standard (haute énergie). Les théoriciens travaillant sur des sujets non standard ou plus proche des particules sont pour l'essentiel recrutés par l'INP, mais avec un taux de succès extrêmement faible, malgré une dérivée plutôt 13 positive. Toutes ces tendances ont des effets critiques sur la formation de doctorants sur des sujets d'astroparticule. On aura effectivement tendance à favoriser un ancrage aux thèmes de recherche les plus visibles et les mieux représentés, au détriment de sujets se situant plus encore aux interfaces. La co-tutelle peut aider à combler cet écueil, mais seulement a minima. Certains invitent même à reconsidérer sérieusement l'intérêt potentiel d'une commission interdisciplinaire (CID) en astroparticule, ou proposent la mise en commun des experts de plusieurs sections du CoNRS pour des recrutements affichés à l'interface. Enfin, concernant l'évolution des carrières, l'interdisciplinarité peut avoir un coût plus ou moins élevé selon la taille de la sous-thématique, et sa représentation dans les comités. Cosmologie Deux axes sont envisageables, pour renforcer et rendre encore plus visible les actions de la communauté française dans le domaine de la cosmologie: a) une action ayant pour but de mieux structurer les démarches multidisciplinaires, avec en particulier l’objectif de valoriser les approches théoriques et de physique fondamentale à la résolution des problèmes cosmologiques, ainsi que b) une action visant à renforcer les démarches interdisciplinaires avec l’objectif de valoriser les approches de type phénoménologique, donc les collaborations entre théoriciens, physiciens de particules et astronomes dans le cadre des grands projets observationnels. a) Activité pluridisciplinaire (théorie et modélisation) Cette partie se décline sur différentes thématiques avec des spécificités propres à chacune. Nous nous focalisons sur trois points majeurs cidessous. (i) Matière noire et formation des structures. Le scénario standard de formation des structures repose sur l'hypothèse forte de l'existence de matière noire, et souffre encore de certaines difficultés dans la comparaison aux observations. L'effort à mener est essentiellement théorique (sauf quelques expériences dédiées) et vise notamment à comprendre en quoi les problèmes aux petites échelles (densités centrales piquées dans les halos de galaxies, sous-structures) peuvent être résolus soit par la physique baryonique (rétroaction des explosions de supernovae ou des noyaux actifs de galaxies), soit par la nature de la matière sombre (e.g. neutrinos stériles vs. WIMPs), ou encore par des modifications de la gravité. Des contraintes observationnelles existent à toutes les échelles spatiales, jusqu'au CMB, et continueront de s'aiguiser avec les différents programmes en cours et à venir (cinématique galactique, galaxies, amas, Lymanalpha, etc.). Toute découverte exotique au LHC ou en détection directe ou indirecte aura un impact majeur sur ce champ de recherche, d'autant que le scénario dit de WIMPs sera vraisemblablement validé ou exclu à l'horizon 2020. Il serait bénéfique de mieux fédérer des expertises existantes à l'échelle nationale en formation des structures, dynamique galactique, modèles de particules exotiques, gravité modifiée, astroparticules, pour affronter ces questions. (ii) Univers primordial. Les résultats de Planck ont et auront des retombées majeures sur les modèles d'inflation. Ils permettront notamment de préciser les directions théoriques les plus fécondes pour un scénario cohérent dans l'attente de missions futures sur le fond diffus, dans l'espoir de la mesure de nouvelles observables. Parmi les directions de recherche prometteuses, l'étude des implications des résultats du LHC sur le Higgs sur la physique de l'univers primordial doit être encouragée. Cela concerne notamment les études sur le Higgs comme candidat à l'inflaton, ou encore partenaire de l'inflaton, également les scénarios au-delà du modèle standard actuellement testés au LHC. Il existe une expertise théorique INP-IN2P3 sur ces derniers aspects qui pourraient être complémentaires à l'expertise théorique INSU sur l'inflation. La possible découverte de nouvelles particules au LHC pourrait également avoir un impact sur les comparaisons entre théories à champs scalaires pour l'inflation et théories en R2. (iii) Energie noire. La nécessité de construire des tests de la relativité sur les échelles cosmologiques s’est progressivement imposée dans les dernières années et sera au cœur des priorités scientifiques des grands projets observationnels du futur tel que Euclid. De même, la nécessité d’élaborer et explorer les prédictions des modèles non-standard de la gravitation (modèles en dimensions supplémentaires, les théories tenseurscalaire, etc.) ainsi que de simuler la formation des structures cosmiques dans ces scénarios, sera un sujet de recherche clé. Cette problématique est un point de contact avec les travaux sur la physique fondamentale qui font appel à des méthodologies et des technologies très différentes. En particulier, les tests du principe d’équivalence peuvent être menés aux échelles astrophysiques en utilisant les constantes fondamentales de la physique qui gouvernent les propriétés de nombreuses observables : spectres d’absorption de quasars, nucléosynthèse primordiale et stellaire, chronologie des météorites, horloges 14 atomiques. Les grands sondages dans l’optique et dans le domaine radio (rayonnement de l'hydrogène à 21cm) et les analyses du fond diffus cosmologique (CMB), d'ailleurs, permettront de vérifier le principe cosmologique. Cette activité pluridisciplinaire (physique théorique, astrophysique, astronomie, physique nucléaire, métrologie) est bien représentée en France et a une communauté en émergence. Les conditions nécessaires pour soutenir cet axe de recherches nouvelles et très prometteuses sont l’accroissement des effectifs, pour garantir une représentativité de plus en plus importante et qualifiée dans un domaine en forte compétition et devenir, et l’accès à des crédits spécifiques pour les démarches multidisciplinaires et innovantes avec un degré élevé de prise de risque scientifique. b) Activité interdisciplinaire (interaction théoriciens-expérimentateurs au sein des grands projets) En ce qui concerne le développement et le maintien sur le long terme (l’échelle de temps des grands projets cosmologiques futurs) d’une dynamique de collaboration interdisciplinaire, les efforts à faire pour créer des équipes soudées sont plus structurales. En effet les cultures, les approches méthodologiques et les modalités de travail des équipes INP, IN2P3 et INSU sont très différentes. (i) Fond diffus cosmologique. La mission Planck qui implique des équipes INSU, IN2P3, INP et CEA constitue un exemple très réussi de collaboration interdisciplinaire en cosmologie. Le défi futur de cette communauté sera la recherche des modes B de polarisation du CMB qui donnera des informations uniques sur l'univers primordial, les scénarios inflationnaires, les ondes gravitationnelles et la physique des hautes énergies. Il convient également de préparer l'après-Planck, ce qui devra reposer sur le maintien d'une forte structuration de la communauté française. Cette dernière sera d'autant plus visible dans l'effort de réflexion et de synthèse actuellement mené à l'échelle internationale pour la préparation de propositions aux agences. Dans ce cadre, si la classification des observables associées à l'univers primordial reste fondamentale, la compréhension et le contrôle des avant-plans galactiques sont devenus un sujet de science complémentaire important pour garantir de meilleures sensibilités aux expériences futures. Cela induit des ponts avec le PNHE et le PCMI à développer dans le futur. (ii) Grands sondages et sondages profonds. Euclid, DESI et LSST sont des projets internationaux de type multisondes qui permettront l’étude de la structure à grande échelle de l’univers dans l’intervalle de redshift 0>z>2 avec une précision comparable à celle atteinte par Planck à z~1100. Ceci étant des projets à l’échéance 2020, il est souhaitable que la communauté française puisse se structurer autour des projets intermédiaires (2014-2018) du même type que DES, eBOSS, en exploitant l’expertise et la visibilité déjà acquises dans des projets pionniers telles que VVDS, BOSS et VIPERS. Il est souhaitable que des équipes interdisciplinaires soudées puissent se structurer autour de ces grands programmes observationnels dont l’un de buts principaux est notamment la caractérisation physique de l’énergie sombre. En fait, la complexité et les difficultés inhérentes aux recherches dans ce jeune domaine de la cosmologie nécessitent le concours de plusieurs méthodologies d’analyse, et de plusieurs compétences scientifiques. Autre pan scientifique majeur couvert par les sondages cosmologiques : les tests des scénarios de formation des structures, et notamment de la physique baryonique, en lien avec l'évolution du taux de formation d'étoiles dans les galaxies. Il serait souhaitable que le va-et-vient entre théorie (simulations cosmologiques, modèles semianalytiques) et observations soit plus systématique. Afin de garantir une représentativité interdisciplinaire dans les grands projets internationaux, il deviendra de plus en plus prioritaire de développer les échanges entre observateurs et théoriciens bien en amont des collaborations instrumentales. L’objectif d’une meilleure collaboration pourrait être atteint en encourageant la structuration et le renforcement d’équipes mixtes de recherche où l’indépendance et la créativité propres aux démarches théoriques puissent bien s’intégrer dans le cadre d’activités plus appliquées de type technique et observationnel. Il faut encourager les bourses de thèse et de postdoc en cotutelle entre partenaires affiliés à des instituts différents, le recrutement des jeunes à formation théorique dans les équipes observationnelles et vice-versa, et favoriser l’assouplissement des modalités d’accès aux données propriétaires. Les liens interdisciplinaires sur des thématiques cosmologiques ont principalement été structurés par le Programme National Cosmologie et Galaxies (PNCG) regroupant les chercheurs des différents instituts (INP, INSU, IN2P3) ainsi que le CEA et le CNES. Le financement de projets interdisciplinaire est aussi soutenu par les appels d’offre ANR et l’appel à projets exploratoires pluridisciplinaires (PEPS - Physique Théorique et ses Interfaces). Au niveau local des régions ou des universités, la création des LabEx comme, par exemple, l’Institut Lagrange à Paris, LIO à Lyon, et 15 OCEVU dans le sud de la France ont eu un effet fédérateur important entre différents laboratoires et cultures. Ils ont permis le recrutement de doctorants, post-doctorants et permanents sur des thématiques interdisciplinaires et risquées. La création d'équipes ou de laboratoires interdisciplinaires sur l’exemple de l’APC à Paris doit être envisagée et encouragée. 3. Thème C : Systèmes de référence, mécanique céleste et spatiale 3.1. Bilan Thème C Nous considérons ici les thématiques géodésie spatiale, systèmes de référence spatio-temporels, mécanique céleste et spatiale, physique fondamentale notamment gravitationnelle. En effet ces thématiques rattachent l’astronomie-astrophysique à une forte communauté interdisciplinaire au travers de la théorie, des méthodes (instrumentation, analyse de données) et des applications. Ces thématiques rentrent largement dans le champ de l’AS GRAM, mais certaines concernent également le PNP, PNHE et PNCG. Nous résumons synthétiquement les évolutions des ces dernières années, en indiquant les principales communautés concernées hors astronomieastrophysique. Métrologie temps-fréquence, atomes froids, ingénierie (INP, INSIS) La mesure du temps s’appuie sur les méthodes de la physique, mais fournit également des références nécessaires pour les mesures les plus précises. Elle est aussi source d’un échange permanent avec la communauté INSIS concernant la technologie, les applications, etc. Depuis 2012 ces communautés se sont rassemblées, avec des partenaires industriels, au sein du LabEx FIRST-TF, pour développer la recherche, la formation et la valorisation industrielle dans ce domaine. De plus, l’EquipEx REFIMEVE+ regroupe bon nombre de ces laboratoires et industriels autour de la mise en place et l’exploitation d’un réseau national de diffusion de références temps-fréquence par fibre optique. Étude de la Terre (INSU/Terre Solide et INSU/Océan-Atmosphère) La réalisation des repères de référence pour l’astronomie, qui met en œuvre VLBI, télémétrie laser, analyse de données GNSS, DORIS, références de temps,… est intimement liée à la géodésie et à la réalisation du référentiel terrestre. C’est la raison d’être de la structure multi-organisme Groupement de Recherche en Géodésie Spatiale (GRGS). L’étalonnage et l’orbitographie des missions spatiales de surveillance de la Terre sont dépendants de ces référentiels et en particulier de la télémétrie laser, conduisant à une forte implication des équipes de l’astronomie française dans de nombreuses missions, dont les plus récentes sont Jason-2, pour la surveillance du niveau de la mer, et GOCE, pour le champ de gravité. L’étude de la rotation et de l’orientation de la Terre est une autre voie pour mettre en évidence les mécanismes de l'évolution de la Terre globale, avec ses trois composantes Terre solide, océans et atmosphère, et leurs interactions. Au sol, la filière des senseurs inertiels à onde de matière s’est affirmée, avec le gravimètre atomique participant aux comparaisons internationales de plus haut niveau de gravimètres absolus. Par ailleurs l’EquipEx MIGA regroupe des laboratoires de la physique, de l’astronomie et des sciences de la Terre autour d’un grand projet d’interféromètre hybride optique-atomique, qui constituera entre autre une nouvelle sonde des signaux géophysiques. Ondes gravitationnelles, tests de la gravitation (INSIS, IN2P3, INP) La détection directe d’ondes gravitationnelles et d’autres approches pour tester la relativité générale rassemblent une large communauté, notamment au sein de grands projets sol (VIRGO) et spatiaux (MICROSCOPE, ACES) et des expériences de laboratoire. L’astronomie y tient une place importante, avec en particulier ses contributions sur la modélisation des sources d’ondes gravitationnelles (binaires compactes, etc), les observations de pulsars, l’astrométrie (Gaia, GRAVITY, VLBI, télémétrie LaserLune), la mesure du temps, les éphémérides. Les évolutions récentes importantes incluent le lancement de Gaia, la bonne avancée de plusieurs projets en développement, la préparation aux observations conjointes gravitationnelle-électromagnétique, la sélection des ondes gravitationnelles comme thématique de la mission L3 de l’ESA. Mathématiques (INSMI) Au-delà des aspects théoriques des sujets déjà cités, ces thématiques sont l’objet également de collaborations avec la communauté des mathématiques, concernant les propriétés des systèmes dynamiques (existence de solutions, chaos dans le système solaire), les solutions des équations d’Einstein de la relativité générale, etc. 16 3.2. Prospective Thème C Les 5 à 10 années à venir seront riches en évolutions et évènements dans ces domaines. En métrologie temps-fréquence, les travaux sur les oscillateurs ultra-stables, la miniaturisation et le transfert industriel des horloges atomiques se poursuivront. La technologie et les applications des horloges optiques et liens fibrés prendront une importance grandissante pendant cette période. L’interface avec les sciences de la Terre sera encore renforcée, avec une intégration plus forte entre les analyses de données pour les repères céleste et terrestre, et de nombreux nouveaux projets. Citons GRACE follow-on en gravimétrie (lancement 2017), la mission franco-américaine SWOT en altimétrie (2020), la définition du projet GRASP à plus longue échéance, pour intégrer l’ensemble des techniques de géodésie spatiale et la métrologie du temps afin d’améliorer les incertitudes par un ordre de grandeur, et GRAAL, pour la géoïde océanique. À long terme la tendance va vers une approche multi-techniques et pluridisciplinaire allant de l’océan ouvert jusqu’au littoral et aussi la surveillance des eaux continentales, donc intéressant aussi la division SIC de l’INSU. Les senseurs inertiels atomiques contribueront certainement davantage à la surveillance de l’environnement, avec une possible participation aux services d’observation des sciences de la Terre. Il est envisagé de développer des gradiomètres de très haute sensibilité, en collaboration avec des géophysiciens, pour des applications à la cartographie du champ de pesanteur au sol ou dans l’espace. L’interféromètre MIGA commencera à livrer des signaux d’ordre géophysique, qui nécessiteront une collaboration étroite pour leur exploitation. Les dernières évolutions de la métrologie du temps donneront encore d’autres outils dont les applications seront explorées : les grands réseaux fibrés métrologiques utilisant l’effet Sagnac pour mesurer la rotation de la Terre et d’autres signaux ; les horloges optiques pour la mesure du géo-potentiel via l’effet de dilatation du temps gravitationnel (la « chronogéodésie »). La coordination de l’INSU/AA avec les autres divisions de l’INSU autour de ces sujets devra donc encore se renforcer. L’INSU/AA devra aussi prendre en compte la prospective du CNES en sciences de la Terre (TOSCA), pour s’assurer de la prise en compte des équipes de l’astronomie dans le nouveau pôle FORM@TER et leur participation efficace aux missions futures. Concernant les ondes gravitationnelles, des détections régulières de signaux en provenance de binaires compactes par les grands interféromètres au sol sont attendues à partir de 2016/17. Outre la confirmation de l’existence des ces ondes, elles permettront des tests de la relativité générale en champ fort, et le début des observations conjointes gravitationnelle-électromagnétique. Dans une autre gamme de longueurs d’onde, les observations de pulsars au sein de grandes collaborations européennes et mondiales donneront des contraintes de plus en plus fortes sur un fond gravitationnel. Par ailleurs, en parallèle avec le vol de LISA-Pathfinder en 2015, la communauté sera très mobilisée par le développement du projet eLISA d’interféromètre spatial, en vue de la sélection de la mission L3 de l’ESA. À plus longue échéance, il est également intéressant d’explorer la capacité du senseur à ondes de matière MIGA et ses successeurs à détecter des ondes gravitationnelles. Une moisson d’autres données pour des tests de la relativité générale est également attendue : en champ fort, les observations de pulsars binaires, l’exploitation de l’instrument GRAVITY/VLTI, en champ faible, les données de Gaia, mais aussi en 2016 le lancement de MICROSCOPE (universalité de chute libre) et de ACES (dilatation du temps gravitationnelle). Enfin le concept de mission STE-QUEST, développé dans le cadre de la phase A ESA pour la sélection M3, sera certainement reproposé pour un futur appel à projets. Nous avons identifié un besoin de renforcement de la coordination de l’INSU/AA avec les autres divisions de l’INSU autour de la géodésie (y compris la gravimétrie), ainsi qu’avec avec la prospective CNES en sciences de la Terre et la mise en place du pôle FORM@TER. Les équipes de l’astronomie française ont une très forte position sur l’exploration de la gravitation en champ faible, avec les lancements prochains de MICROSCOPE et ACES. Toutefois la suite de ces projets n’est pas assurée et nécessite certainement une réflexion spécifique. 17 4. Thème D : Perception de l’A&A en sciences humaines 4.1. Bilan Thème D Les liens entre l’astronomie, l’astrophysique et les sciences humaines et sociales sont inscrits dans la longue durée. Ils s’incarnent aujourd’hui dans de multiples travaux centrés principalement sur l’histoire et la philosophie des sciences, mais aussi sur la sociologie des institutions. En effet l’astronomie comme l’astrophysique sont au cœur des transformations qui ont conduit à la construction et à la compréhension de l’avènement de la science moderne. De ce fait de nombreuses recherches sont menées sur l’histoire de l’astronomie pré copernicienne et copernicienne en particulier à l’Observatoire de Paris, mais aussi autour des écrits de D’Alembert et de divers savants des XVIIIe et XIXe siècles. La naissance de la spectroscopie et son développement dans l’étude du ciel constitue un champ varié de recherches menant jusqu’à des études historiques portant sur la physique contemporaine (planétologie, rayons cosmiques par exemple). Il est important également de signaler, toujours à l’Observatoire de Paris (plus spécialement au Syrte) la mise en place d’un programme transversal d’histoire des sciences regroupant historiens et physiciens autour du thème de la mesure et plus précisément du rôle de la précision et de l’instrumentation dans le développement des sciences. Il va de soi qu’ici encore l’astronomie est au cœur de ces recherches. Deux derniers aspects méritent d’être encore retenus, d’une part, l’étude historique des archives des divers observatoires en France qui est menée par des chercheurs isolés ou pas des équipes universitaires et, d’autre part, l’étude de la professionnalisation du métier d’astronome depuis le milieu du XIXe siècle dans le cadre des recherches sociologiques. En conclusion, il s’agit donc de recherches multiples, réparties sur tout le territoire et bien vivantes. 4.2. Prospective Thème D Le plus important serait de soutenir d'une part le projet transversal "mesure" du Syrte qui semble très prometteur et d'autre part, mais cela est beaucoup plus compliqué, les travaux sur les archives des observatoires (les sauver et les étudier) car il n'y a pas pour le moment de structures réelles prenant ces questions en charge. Il faudrait des chercheurs, des archivistes, et une structure adéquate pour préserver au mieux ces composantes du patrimoine national. 5. Thème E : Moyens pour l’astrophysique, traitement du signal 5.1. Bilan Thème E Au cours des années, le nombre de dispositifs expérimentaux impliqués dans l'astrophysique de laboratoire s'est accru significativement, nombreux étant dans des laboratoires de l’INP, de l’INC et de l’IN2P3. On observe aussi une montée en puissance de l’utilisation des grands instruments de la physique (sources synchrotron avec le développement de SOLEIL et les accélérateurs d’ions) ainsi qu’une diversification des outils d’analyse et de synthèse des analogues de matière interstellaire. Certains cataclysmes stellaires, e.g. les supernovae, sont étudiés auprès des accélérateurs d’ions dans des installations nucléaires produisant des faisceaux stables (Tandem à Orsay) ou radioactifs (GANIL à Caen). Les sections efficaces des réactions nucléaires mesurées, ou déduites des mesures, permettent de contraindre les phénomènes physiques contrôlant la nucléosynthèse, et l'impact des rayons cosmiques sur la matière. Pour les études en phase gazeuse, on peut noter une évolution importante des équipements de mesure pour la spectroscopie THz, stimulée par les besoins dans ce domaine (Herschel, ALMA). Les études de réactivité chimique en phase gazeuse d'intérêt pour le milieu interstellaire ont considérablement progressé depuis 20 ans en particulier par le développement et l'utilisation de la méthode CRESU dans plusieurs laboratoires. Les performances actuelles de ces écoulements supersoniques sont parfaitement adaptées aux conditions des nuages froids (jusqu'à 7K) et permettent de faire des études de cinétique chimique en fonction de la température (6K-470K). Le rayonnement cosmique qui se combine aux effets thermiques et photochimiques peut-être simulé en laboratoire grâce aux accélérateurs d’ions qui couvrent des gammes de dépôts d'énergie électronique comparables ou extrapolables au rayonnement cosmique. Grâce à ces expériences, des résultats récents permettent d’envisager pour la première fois l’étude des anions en vue de fournir des données fondamentales pour les modèles astrophysique qui seront être intégrées dans la base de données KIDA. Les études en phase solide permettent de mieux cerner la nature et l’évolution des grains dans les milieux astrophysiques et d’évaluer leur rôle dans les réactions chimiques. Une partie de ces activités consiste en la 18 synthèse d’analogues de grains, l’étude de leurs propriétés spectroscopiques, et leur évolution sous l’effet de rayonnement UV/X ou de rayons cosmiques, rassemblant des diagnostics multiples maîtrisés par plusieurs communautés disciplinaires (matériaux, moléculaires…). Une seconde partie concerne la chimie hétérogène sur les grains, en particulier celle associée à la formation et l’évolution chimique des manteaux de glaces. Des développements expérimentaux récents ont permis des avancées importantes sur tous ces aspects, aussi bien sur l’évolution des grains, leur signature spectrale à basse température ou les processus chimique hétérogène. Il est important de caractériser les signatures du couplage entre la dynamique du milieu interstellaire et sa chimie si l'on veut pouvoir contraindre la dynamique des gaz et calculer de manière théorique des observables directement comparables aux observations. Il existe maintenant une grande variété de modèles qui fonctionnent dans un cadre géométrique simplifié (le plus souvent 1D). Ceux-ci permettent de traiter en détails la grande richesse microphysique du milieu et par conséquent rendent possibles des comparaisons directes avec les observations. Ces simulations à l'échelle de quelques dizaines de parsecs obtiennent une réalisation numérique de la structure thermique et dynamique du milieu. L’infrastructure importante pour le calcul intensif s’organise à trois échelles avec des moyens européens et nationaux (105 et à venir 106 cœurs), des mésocentres (104 cœurs) et des grappes de serveurs locaux (~103 cœurs). Les moyens les plus utilisés sont les mésocentres et les moyens nationaux. Ces derniers sont organisés autour du GENCI (Grand Equipement National pour le Calcul Intensif) qui leur assure un financement pérenne et de très bon niveau tant en équipement, logiciel et assistance technique. Vers le haut, ce dispositif est complété à l’échelle européenne par le projet PRACE (Partnership for Advanced Computing in Europe http://www.prace-ri.eu) qui vise à équiper l’Europe en moyens de calcul de premier plan mondial. A ce schéma pyramidal viennent s’ajouter les grilles. Les mésocentres, font souvent office de centres de calculs «régionaux» ou universitaires. Les mésocentres, permettent des calculs parallèles (sur architecture à mémoire partagée et/ou distribuée). Ce type d’infrastructures permet des traitements numériques de taille importante tout en échappant à la planification que requiert le calcul sur centre national ou international. Ces mésocentres sont également des lieux d’apprentissage et d’accès au calcul parallèle lourd. La liste des mésocentres en France est disponible sur le site suivant : http://calcul.math.cnrs.fr GENCI est une société civile ayant pour mission de financer les équipements des centres de calculs nationaux (l’IDRIS pour le CNRS, le CINES pour les universités et le CCRT pour le CEA). Ces centres sont équipés de calculateurs de la classe des 100 Tflops voir du Ptflops pour la machine Curie du CCRT. La majorité des applications utilisées exploitent un parallélisme en mémoire partagée et distribuée. Ce type de centres permet également l’accès à des applications (logiciels de chimie payants) ou à du matériel (GPU, FPGA, Cell) dont le coût ou l’originalité ne peut être assumé par des laboratoires ou même des mésocentres. Ils proposent aussi un accueil scientifique pour aider à l’adaptation aux calculateurs hautement parallèles des centres, de codes développés dans des laboratoires. De nouvelles initiatives se sont développées pour faciliter l'accès et l'utilisation des supercalculateurs, en rassemblant les expertises nécessaires (informatique, mathématiques, visualisation, ...) dans un même lieu, comme la maison de la simulation numérique. L’infrastructure PRACE met à disposition de la communauté scientifique française des ordinateurs parmi les plus puissants du monde de la classe des Ptflops. Tout comme pour les centres de calcul nationaux, l’utilisation des ressources de PRACE est conditionnée à une évaluation par un comité d’expertise. Le consortium européen DPAC (environ 400 scientifiques et ingénieurs, dont environ ¼ pour la France) a été formé autour de l'exploitation des données de Gaia. Une partie du code développé sera sans doute réutilisée : simulation instrumentale, algorithmes de détermination de paramètres astrophysiques à partir de données photométriques ou spectroscopiques, méthodes de classification des objets, traitement de la variabilité ou de la multiplicité stellaire, etc. Si le dépôt des logiciels est centralisé, le traitement est, lui, décentralisé dans plusieurs centres de traitement, dont le CNES pour la France qui prend en charge une grande partie des besoins (simulation, spectroscopie, classification, astéroïdes, étoiles multiples). Pour gérer les 3 petaoctets attendus dans la base de données, soutenir plus de 1000 connexions concurrentes, et exécuter des programmes en parallélisme gros grain, le CNES a choisi Hadoop sur un hardware composé de 6500 coeurs, 10TB RAM, 3 PB et 120 TFlops. La partie du traitement dédiée à la validation des données de Gaia, ainsi que la préparation à leur exploitation scientifique font l'objet depuis 2012 d'un soutien par la Mission pour l'Interdisciplinarité du CNRS dans le cadre du programme "MASTODONS - grandes masses de 19 données scientifiques". Ce projet réunit astronomes, statisticiens et spécialistes académiques de bases de données (et pour ce dernier thème, en collaborant avec un autre projet soutenu dans le cadre de MASTODONS pour des travaux préparatoires au Large Synoptic Survey Telescope (LSST). Le projet PetaSky se place dans le contexte applicatif du programme LSST qui vise la construction d’un télescope de nouvelle génération capable de réaliser un relevé profond et répétitif de l’ensemble du ciel visible tous les 3 jours nécessaire notamment aux études sur l’énergie noire : le goulot d’étranglement se situe dans l’accès et le traitement des données retenues. LSST produira des données volumineuses et complexes (images de 3,2 Gigapixel, données incertaines, multi-échelles) à une cadence importante pendant 10 ans (génération de 15 à 30 To de données par nuit soit 140 Po en fin de programme). Les principaux verrous scientifiques consistent dans des problèmes de changement d’échelle (stockage, indexation, interrogation), d’analyse de données et de visualisation à distance de très grandes images. PetaSky a mis en place une plateforme opérationnelle de tests constituée d’un cluster pouvant atteindre 300 machines avec une capacité de stockage de 80 To. La plateforme intègre des jeux de données LSST issus de simulations, pouvant croître par réplication, et un jeu de requêtes types dont certaines répertoriées comme étant très coûteuses. Une campagne d’évaluation de Qserv, architecture de référence LSST, ainsi que des premières approches PetaSky, fondées sur des systèmes classiques (MySQL, Oracle, PostgreSQL) et émergents (HadoopDB, Hive, MonetDB) a été réalisée. Ces expérimentations permettent d’asseoir la conception de nouvelles méthodes répondant aux besoins de LSST. Par ailleurs, les recherches portant sur les problèmes de visualisation distante d’images de grande dimension ont conduit au développement d’un premier prototype qui permet la conversion, la compression et la mise en ligne d’images (http://liris.cnrs.fr/petasky/images) accessibles en streaming. En astroparticules et cosmologie, il faut noter le rôle central joué par l'IN2P3 avec des moyens très importants mis à disposition des équipes au Centre de Calcul (CC-IN2P3, domaine scientifique de la Doua, Lyon-Villeurbanne). Outre un parc de plus de 1100 machines bi-processeurs, le CC-IN2P3 regroupe des équipes d'ingénieurs et techniciens experts dans la conception, l'installation et l'exploitation des fermes de stations pour le traitement des données (simulation, dépouillement, analyse statistique, visualisation), la conception et la mise en oeuvre d'une architecture pour le stockage massif de données (bases de données, réseau de stockage, disques sécurisés, bandothèque automatisée, accès hautes performances) et la mise en place de l'infrastructure de transport des données (réseaux locaux et étendus à très haut débit). Initialement mis en place pour les calculs et stockages massifs associés aux grands accélérateurs de particules, le CC-IN2P3 héberge à présent des données pour les grandes collaborations en astroparticule (qui occupent aujourd'hui près de 40% des ressources informatiques du centre) et depuis plus récemment, celles de biologistes, dont les besoins sont proches de ceux de la physique subatomique. Les centrales technologiques RENATECH (CNRS + CEA, FEMTO-ST Besançon, IEMN Lille, IEF+LPN Orsay et Marcoussis, LAAS Toulouse, MINATEC / LETI Grenoble, PTA Grenoble) jouent un rôle important dans le développement d'instrumentation innovante. Dans le cadre des interfaces avec l'astronomie, une dizaine de laboratoires bénéficient des développements des plateformes RENATECH (e.g. LPC2E, APC, LERMA, LAM, IPAG, SAp, GEPI, LESIA, SYRTE). 5.2. Prospective Thème E L’utilisation du continuum IR lointain par émission synchrotron extrait par la ligne AILES (SOLEIL) est parfaitement adaptée à la spectroscopie à haute résolution par TF dans la gamme 200 GHz – 1THz. Il devient ainsi possible d’exploiter cette nouvelle source pour enregistrer des spectres à haute résolution des radicaux et ions produits dans des cellules à décharge. L'étude des propriétés physico-chimiques et spectroscopiques des grandes molécules carbonées de type PAH est aussi une activité forte. Pour aborder ces questions, il faut mener de front des études spectroscopiques multi-longueurs d'onde, des études de réactivité et de photodissociation, et des simulations de l'évolution des matériaux carbonés solides. Ces développements sont en cours dans plusieurs laboratoires. D'autre part, les développements expérimentaux abordant les cinétiques chimiques devraient être complétées par la mesure des rapports de branchement des réactions radical – neutre, ce qui a manqué jusqu’à présent pour une description complète. Un développement important sur les PAH va concerner la mesure de leur spectre d'émission IR stimulée par des photons UV afin de simuler les spectres interstellaires, ce qui n'a jamais été réalisé. Les effets du rayonnement X sont importants pour les AGN et les étoiles jeunes émettrices de rayons X et méritent certainement d’être explorés avec des techniques synchrotron. 20 Enfin, d’autres perspectives concernent les études de collisions inélastiques. Dans ce domaine, l'essentiel des données proviennent des calculs théoriques avec des développements de méthode de dynamique couplée aux méthodes de chimie quantique. L'obtention de données expérimentales est donc d'autant plus cruciale pour tester les méthodes théoriques. On peut citer en exemple l'étude théorique et expérimentale en cours des systèmes, CH-He/H2 et OH-He/H2 afin de répondre à l'analyse des observations Herschel. Pour aborder la complexité des grands édifices moléculaires, la théorie de la fonctionnelle de la densité (DFT) s'est imposée, même si des progrès doivent être réalisés sur les fonctionnelles à utiliser afin de prendre en compte à même niveau de précision les interactions fortes et faibles (dispersion en particulier) qui font la cohésion de ces édifices. Pour les édifices moléculaires encore de plus grande taille sans périodicité spécifique, l’utilisation des champs de forces offre une alternative efficace même si ceux-ci doivent encore être améliorés: potentiels polarisables performants pour la description des glaces, potentiels réactifs. Ce type d'approche permettrait entre autres de comprendre la dynamique de nucléation et de croissance de ces édifices. En effet, dans ce cas, les approches multi-échelles temporelles sont nécessaires. Ces progrès permettront de relever les défis numériques posés par exemple par les simulations magnétohydrodynamiques 3D couplées à la chimie pour l’étude de l’effondrement des nuages moléculaires ou les calculs de chimie théorique pour les calculs d'hypersurfaces d’énergie potentielle, de taux de collisions d’états à états, de la formation des molécules complexes (voire briques du vivant) sur/dans les glaces ou les poussières du milieu inter et circumstellaire, et de la spectroscopie IR haute résolution de molécules complexes en vue de l’exploitation des données d’observation d’ ALMA. Finalement on peut espérer à long terme être capable de traiter la chimie du gaz conjointement à sa dynamique 3D. L'approche directe est encore malheureusement trop coûteuse en temps de calcul pour fonctionner de manière réaliste. Il faut donc concentrer les efforts sur les moyens d'optimiser le calcul de la chimie. Plusieurs axes sont possibles: trouver de meilleurs réseaux réduits qui capturent l'essentiel de la chimie, chercher des méthodes 'sousmaille' qui transcrivent fidèlement l'action de la turbulence, ou bien profiter des progrès de l'architecture du hardware. L'approche directe reste toutefois nécessaire ne serait-ce que pour valider ces méthodes. Des besoins importants en moyens de calcul et de stockage associés à des actions interdisciplinaires justifient la mise en place du projet MASTODONS de la Mission pour l'Interdisciplinarité. Il serait également profitable de mettre en œuvre la co-conception, c.a.d penser le traitement du signal dédié à un instrument dès sa conception. Cette démarche nécessite en particulier de mettre à contribution de façon simultanée des chercheurs de domaines différents. Un renforcement des connexions avec la communauté Traitement du Signal (en intégrant cette science à la formation des astronomes, en valorisant la R&D en science des données…) aboutirait également à des approches plus optimisées que les chaînes de traitement de type «pipeline». (voir Document du groupe D). Les plateformes RENATECH doivent voir une continuité de leur soutien. Le futur accélérateur SPIRAL2 (Caen) devrait permettre de produire des faisceaux d’ions stables ou radioactifs encore plus intenses et plus variés. Ces faisceaux pourront être utilisés pour mesurer directement à basse énergie les sections efficaces des réactions nucléaires les plus importantes. 6. La Mission pour l’interdisciplinarité (MI) Animée par des scientifiques issus des directions des dix instituts ainsi que des représentants des directions fonctionnelles, la MI a démontré la nécessité d’un dialogue approfondi entre les champs disciplinaires sur la base de projets, pour à la fois faire avancer le front de la connaissance et relever les défis conceptuels, méthodologiques et technologiques posés par les grands enjeux de la société. La Mission pour l’interdisciplinarité (MI) joue un rôle d’animateur et de coordinateur au sein du CNRS sur des questions scientifiques majeures comme la transition énergétique, l’instrumentation, Big Data, les nanosciences, la génomique environnementale, les maladies mentales…. Les actions de la MI permettent de soutenir le démarrage ou l’émergence de projets interdisciplinaires innovants, au travers des "défis" ou des PEPS (Projets Exploratoires Premier Soutien) et de colloques interdisciplinaires. Les PEPS peuvent concerner des projets "en réseau", ou "de site". Dans le cadre des activités interdisciplinaires reliées à l'astronomie/astrophysique, trois types d'actions ont été récemment soutenus : le défi MASTODONS (grandes masses de données scientifiques), plusieurs actions du défi "instrumentation aux limites" 2013 et 2014, et plusieurs projets dans le cadre du PEPS Physique Théorique et ses Interactions (PTI). Des projets ont également été financés dans le cadre de politique de site. 21 D’autres thèmes aujourd’hui absents mais très interdisciplinaires comme les origines de la vie et de la terre ou les risques naturels ou d’origine humaine pourraient intégrer des actions de la MI. Dans sa structure actuelle, la mission pour l'interdisciplinarité n'a pas vocation à pérenniser des financements de projets interdisciplinaires déjà mis en place. Une fois la collaboration autour du projet interdisciplinaire structurée, les équipes demandent en général la mise en place de GDRs, ou s'adressent à des guichets nationaux (ANR…) ou européens pour la poursuite du soutien de leurs activités. 7. Organisation et fonctionnement de l'interdisciplinarité c) Nouvelles thématiques • Vers les SHS, implications sociétales, (géocroiseurs, activité solaire…) • Vers les SHS / aspect patrimoine Modes d'actions et Financements • Rôle initiateur du soutien de base. • Bonne appréciation des actions INSU (en particulier les programmes nationaux, PNs, même si pas toujours suffisamment ouverts à l'interdisciplinarité) • Incompréhension de la disparition de programmes interdisciplinaires (OPV, EPOV, Astroparticules) • Rôle moins prépondérant de l'ANR, des LabEx et des financements européens (difficulté de financement sur des actions interdisciplinaires) Cette section s'appuie en particulier sur les réponses obtenues au questionnaire proposé par le groupe. Une dizaine de laboratoire, 18 groupes de recherches et 29 personnes individuelles ont répondu au questionnaire. • L'université n'apparaît pas comme un source de financement majeure mais est souhaitée comme action structurante. • Structures gérant déjà l'interdisciplinarité : o La mission pour l'interdisciplinarité : appels d'offre ciblés qui ne correspondent pas aux sujets développés et poursuivis. Il faudrait mieux articuler la réflexion entre MI et INSU/AA, en particulier via le correspondant INSU du comité de pilotage. 7.1. Organisation actuelle Thématiques interdisciplinaires a) Thématiques interdisciplinaires développées depuis plus de 10 ans o Maison de la simulation o Actions COST utiles pour structurer la communauté • Astroparticules et cosmologie • Importance des ateliers de travail permettant les rencontres de chercheurs de domaines différents • Physico-chimie et processus astrophysiques • Planétologie / sciences de la terre externe et interne • Invitations de chercheurs étrangers • Chimie théorique • Visites de laboratoires et d'équipement pour les étudiants • Exobiologie b) Thématiques interdisciplinaires en cours de consolidation • Physique fondamentale (type AS GRAM) • Physique fondamentale / numérique et expériences risques Plasmas • Masses de données • Instrumentation, composants • Mathématiques appliquées • Exoplanètes • Météorologie de l'espace • Climatologie/Sciences de l'environnement • Astrostatistique et astroinformatique / MHD : • Importance de disponibilité de bourses de thèse, en particulier en cotutelle, pour accompagner un projet interdisciplinaire. Évolution de Carrière et recrutement • Interdisciplinarité fortement ressentie comme une richesse scientifique, mais a contrario mal reconnue par les instances nationales qui sont découpées en catégories thématiques (monodisciplinarité des commissions nationales ou universitaires). • Ressenti négatif pour l'évaluation et l'évolution des carrières chercheurs : difficultés de reconnaissance des activités pluridisciplinaires pour l'évaluation des carrières et pour le recrutement dans les structures 22 nationales, sauf sur les postes fléchés et/ou dans les commissions interdisciplinaires (qui n'existent plus, pourquoi?). Inquiétude sur la disparition de ces CID. • Structurer autour des techniques exploration, analyse et exploitation des données : GDR astrostatistique ou plus large autour des masses de données ? • Meilleure appréciation pour les universités où le recrutement interdisciplinaire est facilité par rapport aux instances nationales • Rendre plus visibles les interactions avec SHS, aspects sociétaux 7.2. Recommandations Depuis la structuration du CNRS en instituts, les mécanismes, les moyens et la politique pour le soutien des sujets interdisciplinaires sont nettement moins clairs vu depuis les laboratoires. Il est essentiel que le discours de soutien à l’interdisciplinarité se traduise concrètement sur le terrain. Thématiques • Poursuivre le soutien des thématiques interdisciplinaires actuellement développées. • Renforcer les liens avec les autres divisions de l’INSU (e.g. hydrodynamique - géophysique interne pour l'astrophysique…) • Vers les SHS, implications sociétales, (géocroiseurs, activité solaire…) risques • Vers les SHS / aspect patrimoine • Restructurer l'exobiologie (autour d'un programme interdisciplinaire, ou d'un institut, comme en Allemagne, en Espace, ou aux US ?). Comment y impliquer la biologie? • Actuellement peu d'implication de l'INS2I, comment la susciter? Structuration souhaitée • Renforcer la visibilité de l'interdisciplinarité entre les instituts du CNRS : par exemple formalisation leurs relations sur les dossiers interdisciplinaires, en lien avec les sections et la mission pour l'interdisciplinarité. • Réfléchir au découpage disciplinaire à l'INSU en fonction des évolutions des thématiques qui sont parfois a cheval sur plusieurs sections CNRS. Seraitil souhaitable de réactiver une (des) CID(s), ou une mission thématique temporaire? • Donner une meilleure visibilité pour le CNRS de l’interdisciplinarité qui peut se développer dans les IdEx. • Rendre plus visibles les interactions avec les mathématiques appliquées et l'informatique dans le domaine du calcul scientifique. C'est un domaine où des actions nationales (Maison de la simulation) et locales/IDEx (e.g., Institut du calcul et de la simulation numérique de l'UPMC) sont en développement et pour lequel l'INSU AA est bien placé. • Pour minimiser l'effet de taille critique, rendre les collaborations les plus fluides possibles et limiter les freins administratifs (double appartenance, association etc.) • Accompagner au niveau administratif les porteurs de réseaux (européen, nationaux) qui sont un facteur puissant. • Réfléchir aux structurations (virtuelles ou non) permettant de rassembler pour une durée d'au moins 5 ans des équipes provenant de plusieurs laboratoires. Financement • Préserver le soutien de base des laboratoires pour la souplesse et la prise de risque. Les soutiens de base des laboratoires sont parmi les seuls à pouvoir financer des actions débutantes qui n'ont pas encore fait leurs preuves (comme toute nouvelle action, surtout dans un cadre interdisciplinaire). • Soutenir les programmes nationaux (PNs), qui ont actuellement un rôle important de structuration des activités interdisciplinaires, mais accordent des financements relativement modestes n'autorisant par exemple pas le recrutement d'étudiants,… Trouver un mode de financement via les PNs (en lien avec la Mission pour l'Interdisciplinarité?) pour accéder à des budget suffisants pour l'acquisition de gros équipements? • Multiplicité des guichets et manque de coordination : problème chronique de financement des actions interdisciplinaires qui oblige à s'adresser à des guichets multiples (perte de temps et d'énergie). • Proposer des appels d'offre dédiés à coté des appels d'offre ciblés, au niveau des actions locales et nationales (ANR, mission pour l'interdisciplinarité (MI)). 23 • Ouvrir des appels d'offre de programmes interdisciplinaires inter-instituts (ex EPOV) • Instituer une structure pérenne de financement de projets interdisciplinaires (la MI ne finance que des lancements de projets), peut-être en donnant une valeur ajoutée aux projets interdisciplinaires soumis par exemple à l'ANR, qui sont systématiquement entre deux thématiques (réfléchir au processus d'évaluation…). • Il n'y a pas encore de retour sur les actions des IdEx/COMUE mais ce type de structure peut amplifier l'action des universités. Il faudrait pouvoir suivre ce qui se passe dans les prochaines années. Le CNRS étant partenaire de ces structures, il est peut-être possible de suggérer des thèmes d'intérêt AA dans certains IdEx/COMUE en fonction des potentialités. • Une fois l'action interdisciplinaire initiée, favoriser l'acceptation au niveau européen par exemple en ayant une cellule d'aide à la rédaction et à la gestion des projets européens, comme cela existe dans de nombreux pays. Ou inciter l'Europe à simplifier les procédures! • Météorologie spatiale : un problème propre à cette thématique est l’implication de partenaires privés et d’agences spatiales. Identifier un coordinateur, lieux pour faire se rencontrer les scientifiques, utilisateurs et acteurs économiques (agence spatiale?). Formation • Favoriser la participation des chercheurs et des étudiants à des ateliers et conférences de domaines connexes et interdisciplinaires (nécessité de vulgarisation des activités pour les rendre accessibles à des non spécialistes). • Pouvoir recruter des doctorants dans des écoles doctorales (ED) de différentes disciplines. Cela pose le problème de rattachement des chercheurs à une seule ED. Faut-il pour cela flécher des allocations hors contingent ED? Encourager les thèses en cotutelle. • Renforcer le nombre de financement de bourses de thèse interdisciplinaires (importance des ITN Marie Curie). Ces chercheurs formeront le ciment des collaborations futures (à condition qu'ils aient un poste…). Recrutements et carrière • Problème de la interdisciplinaires. disparition des sections • Affichage de poste interdisciplinaires fléchés et ou flexibilisation du recrutement dans les sections du CoNRS. • Réflexion à mener sur l'évaluation de la carrière interdisciplinaire, actuellement mal évaluée par les sections/instituts du CNRS qui sont classés par "monothématiques". • Comment valoriser l'interdisciplinarité dans les critères d'évaluations des chercheurs et des équipes, laboratoires ? Evaluations croisées par plusieurs sections, ou élargissement des compétences des commissions ? 24 Annexes Annexe 1 : Lexique et acronymes ACES Atomic Clock Ensemble in Space (http://en.wikipedia.org/wiki/Atomic_Clock_Ensemble_in_Space) advanced VIRGO Détecteur de 2eme génération pour la détection d'ondes gravitationnelles (http://en.wikipedia.org/wiki/Virgo_interferometer) AGN Active Galactic Nucleus (http://en.wikipedia.org/wiki/Active_galactic_nucleus) AIB Bandes infrarouges aromatiques AILES Advanced Infrared Line Exploited for Spectroscopy (synchrotron SOLEIL http://www.synchrotron-soleil.fr/Recherche/LignesLumiere/AILES) Alice-LHC A Large Ion Collider Experiment (http://aliceinfo.cern.ch/Public/Welcome.html) ALMA Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (http://www.almaobservatory.org) AMS02 Alpha Magnetic Spectrometer (http://www.ams02.org) ANR Agence National de la Recherche ANTARES Astronomy with a Neutrino Telescope and Abyss environmental RESearch (http://antares.in2p3.fr) APC AstroParticules et Cosmologie, Paris VII (http://www.apc.univ-paris7.fr) ARAMIS Accélérateur de particules au CSNSM Orsay (http://www.csnsm.in2p3.fr/Accelerateur-2MV-ARAMIS) ARCHES Astronomical Resource Cross-matching for High Energy Studies (http://www.arches-fp7.eu) AS Action Spécifique (de l'INSU) AUGER Observatoire Pierre Auger (www.auger.org/) Cassini/Huygens Mission spatiale vers le système de Saturne (http://en.wikipedia.org/wiki/Cassini%E2%80%93Huygens) CAST CERN Axion Solar Telescope (http://en.wikipedia.org/wiki/CERN_Axion_Solar_Telescope) CCRT Centre de Calcul Recherche et Technologie (http://www-ccrt.cea.fr) CEA Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (http://www.cea.fr) CFHT Canada-France Hawaii Telescope (http://www.cfht.hawaii.edu) CID Commission InterDisciplinaire du CNRS (n'existe plus actuellement) CINES Centre Informatique National de l’Enseignement Supérieur (https://www.cines.fr) CMB Cosmic Microwave Background (Fond diffus cosmologique http://fr.wikipedia.org/wiki/Fond_diffus_cosmologique) CNES Centre National d'Exploration Spatiale 25 COMUE ComMunautés d’Universités et Etablissements (http://fr.wikipedia.org/wiki/Communaut%C3%A9_d%27universit%C3%A9s_et_%C 3%A9tablissements) CONCORDIA Station Antarctique Franco-Italienne à Dome C (http://fr.wikipedia.org/wiki/Base_antarctique_Concordia) CoNRS Comité National de la Recherche Scientifique (http://www.cnrs.fr/comitenational/) CoRoT Convection, Rotation and planetary Transits (http://www.esa.int/Our_Activities/Space_Science/COROT) COSIMA COmetary Secondary Ion Mass Analyser (un des analyseurs de poussières de la mission Rosetta - http://rosetta-cosima.fi) COST European Cooperation in Science and Technology (http://www.cost.eu) CRESU Cinétique de Réaction en Ecoulement Supersonique Uniforme (http://en.wikipedia.org/wiki/CRESU_experiment) CTA Cerenkov Telescope Array (http://en.wikipedia.org/wiki/Cherenkov_Telescope_Array) Dawn Mission spatiale vers la planète naine Ceres (http://dawn.jpl.nasa.gov) DES Dark Energy Survey (http://www.darkenergysurvey.org) DESI Dark Energy spectroscopic Instrument (http://desi.lbl.gov/) DESIRS Dichroïsme Et Spectroscopie par Interaction avec le Rayonnement Synchrotron (http://www.synchrotron-soleil.fr/Recherche/LignesLumiere/DESIRS) DORIS Détermination d'Orbite et de Radiopositionnement Intégrés par Satellite (http://smsc.cnes.fr/DORIS/Fr) DPAC Data Processing and Analysis Consortium (http://www.cosmos.esa.int/web/gaia/dpac/consortium) eBoss Extended Baryon Oscillation Spectroscopic Survey (https://www.sdss3.org/future/eboss.php) EChO Exoplanet Characterisation Observatory (mission proposed in Cosmic Vision M3 missions) EDELWEISS III Experiment for direct detection of WIMP dark matter (http://edelweiss.in2p3.fr) eLISA (evolved) Laser Interferometer Space Antenna (https://www.elisascience.org/) EMIE Edifices Moleculaire Isolés et Environnés (GDR 3533 - http://www-lpl.univparis13.fr/gdr-emie) EPOV Environnements Planétaires et Origines de la Vie (ex-programme interdisciplinaire) ERC European Research Council (http://erc.europa.eu) ESA European Space Agency (http://www.esa.int) ESPRESSO/VLT Echelle SPectrograph for Rocky Exoplanet and Stable Spectroscopic Observations/Very Large Telescope (http://www.eso.org/sci/facilities/develop/instruments/espresso.html) Euclid Mission spatiale pour étudier la géometrie de l'univers noir (http://sci.esa.int/euclid) EURECA European Underground Rare Event Calorimeter Array (http://www.eureca.kit.edu) ExoMars Mission spatiale à visée exobiologique vers Mars 26 (http://exploration.esa.int/mars/46048-programme-overview) Fermi Gamma Ray space telescope (http://fermi.gsfc.nasa.gov) FIRST-TF Facilities for Innovation, Research, Services, Training in Time & Frequency (http://first-tf.com) ForM@Ter Formes et Mouvements de la Terre (pole thématique) FPGA field-programmable gate array (http://en.wikipedia.org/wiki/Fieldprogrammable_gate_array) Gaia Mission spatiale pour étudier notre galaxie (http://sci.esa.int/gaia/) GANIL Grand Accélérateur National d'Ions Lourds (http://www.ganil-spiral2.eu) GANIL-SPIRAL2 Nouveau projet d'accélérateur au GANIL (http://www.ganil-spiral2.eu/spiral2) GDR Groupement De Recherche (CNRS) GDR neutrino http://gdrneutrino.in2p3.fr/ GDR Terascale http://terascale.in2p3.fr/ GENCI Grand Equipement National de Calcul Intensif (http://www.genci.fr/fr) GEPI Laboratoire Galaxies, Etoiles, Physique et Instrumentation (http://gepi.obspm.fr) GNSS Global Navigation Satellite Systems (http://www.gsa.europa.eu) GOCE Gravity Field and Steady-State Ocean Circulation Explorer (http://www.esa.int/Our_Activities/Observing_the_Earth/GOCE) GPU Graphics Processing Unit GRAAL (projet de mission de mesure du géoïde océanique) GRACE Gravity Recovery and Climate Experiment (http://www.nasa.gov/mission_pages/Grace) GRAIL Gravity Recovery and Interior Laboratory (http://www.nasa.gov/mission_pages/grail/main) GRAM Action Specifique Gravitation, Références, Astronomie, Métrologie (http://gram.oca.eu) GRASP Geodetic Reference Antenna in Space GRAVITY General Relativity Analysis via VLT InTerferometrY (http://www.lesia.obspm.fr/GRAVITY-.html) GRGS Groupement de Recherche en Géodésie Spatiale HARPO Hermetic ARgon Polarimeter (http://polywww.in2p3.fr/spip.php?rubrique89) Hayabusa Mission spatiale de retour d'échantillons d'un astéroïde (http://global.jaxa.jp/projects/sat/muses_c) HESS High Energy Spectroscopic System (http://www.mpi-hd.mpg.de/hfm/HESS/) IAXO International AXion Observer (http://iaxo.web.cern.ch/content/home-internationalaxion-observatory) IceCUBE IceCube neutrino observatory (http://en.wikipedia.org/wiki/IceCube_Neutrino_Observatory) ICP-MS Inductively coupled plasma mass spectrometry (http://en.wikipedia.org/wiki/Inductively_coupled_plasma_mass_spectrometry) 27 IdEx Initiatives d'Excellence (http://fr.wikipedia.org/wiki/Initiative_d%27excellence) IDRIS Institut du développement et des ressources en informatique scientifique (http://www.idris.fr/) IN2P3 Institut National de Physique Nucléaire et de Physique des Particules (http://www.in2p3.fr/) INGMAR IrradiatioN de Glaces et Météorites Analysées par Réflectance VIS-IR (CSNSM Orsay) INP Institut National de Physique (http://www.cnrs.fr/inp) INS2I Institut des Sciences de l'Information et de leurs Interactions (http://www.cnrs.fr/ins2i) INSIGHT Mission d'exploration martienne : INterior exploration using Seismic Investigations, Geodesy and Heat Transport (http://insight.jpl.nasa.gov/home.cfm) INSIS Institut des sciences de l'ingénierie et des systèmes (http://www.cnrs.fr/insis) INSMI Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions (http://www.cnrs.fr/insmi) INSU/AA, ST, OA, SIC Institut National des Sciences de l'Univers/ Astronomie Astrophysique, Terre Solide, Océan Atmosphère, Surfaces et Interfaces Continentales (http://www.insu.cnrs.fr) IPAG Institut de Planétologie et d'Astrophysique de Grenoble (http://ipag.osug.fr) IPhT Institut de Physique Theorique (http://ipht.cea.fr) IRFU Institut de Recherche sur les lois de l'univers (http://irfu.cea.fr) ITN Initial Training Network (http://ec.europa.eu/research/mariecurieactions/aboutmca/actions/itn/index_en.htm) Itokawa Astéroïde de type S, cible de la mission Hayabusa (http://en.wikipedia.org/wiki/25143_Itokawa) Jason-2 Mission d'altimétrie pour l'observation des océans (http://smsc.cnes.fr/JASON2/Fr) JEM-EUSO Japanese Experiment Module - Extreme Universe Space Observatory (http://jemeuso.riken.jp/en) KEPLER Mission spatiale pour la recherche de planètes habitables (http://kepler.nasa.gov) KIDA Kinetic Database for Astrochemistry (http://kida.obs.u-bordeaux1.fr) KM3-net Multi-km3 sized Neutrino Telescope (http://www.km3net.org) LabEx Laboratoire d'Excellence LAM Laboratoire d'Astrophysique de Marseille (http://www.lam.fr) LERMA Laboratoire d’Études du Rayonnement et de la Matière en Astrophysique et Atmosphères (http://lerma.obspm.fr) LESIA Laboratoire d'Etudes Spatiales et d'Instrumentation en Astrophysique (http://www.lesia.obspm.fr) LHAASO Large High Altitude Air Shower Observatory (http://english.ihep.cas.cn/ic/ip/LHAASO) LIO Lyon Institut des Origines (http://lio.universite-lyon.fr/) LISA-Pathfinder Mission de test pour LISA (Laser Interferometer Space Antenna) (http://www.esa.int/Our_Activities/Space_Science/LISA_Pathfinder_overview) 28 LPC2E Laboratoire de Physique et Chimie de l'Environnement et de l'Espace (http://lpce.cnrs-orleans.fr) LSST Large Synoptic Survey Telescope M3 3ème mission moyenne du programme Cosmic Vision 2015-2025 de l’ESA Mars Express Mission spatiale martienne (http://www.esa.int/Our_Activities/Space_Science/Mars_Express) MARS-2020 Future mission spatiale martienne (http://mars.jpl.nasa.gov/mars2020) MARSIS Mars Advanced Radar for Subsurface and Ionosphere Sounding (http://sci.esa.int/mars-express/34826-design/?fbodylongid=1601) MASTODONS Défis de la Mission pour l'Interdisciplinarité du CNRS "Grandes masses de données scientifiques" (http://www.cnrs.fr/mi/spip.php?article53) MAVEN Mission spatiale martienne - Mars Atmosphere and Volatile EvolutioN (http://mars.nasa.gov/maven) MESSENGER Mission spatiale vers Mercure - Mercury Surface, Space Environment, Geochemistry and Ranging (http://www.nasa.gov/mission_pages/messenger/main) MHD MagnétoHydroDynamique MI Mission pour l'Interdisciplinarité du CNRS (http://www.cnrs.fr/mi) MICROSCOPE Micro-Satellite à traînée Compensée pour l’Observation du Principe d’Equivalence (https://directory.eoportal.org/web/eoportal/satellite-missions/m/microscope) MIGA Matter wave - laser based Interferometer Gravitation Antenna (https://sites.google.com/site/migaproject/project-definition) MIS Milieu InterStellaire MOMIE Mars Organic Molecules Irradiation & Evolution (http://www.lisa.univparis12.fr/fr/projets/20-projets/184-momie) MSL Missions spatiale martienne - Mars Science Laboratory (http://mars.jpl.nasa.gov/msl) NanoSIMS Spectrométre de Masse d'Ions Secondaires à haute résolution spatiale (http://www.cameca.fr/instruments-for-research/nanosims.aspx) New Horizons Mission spatiale vers Pluton (http://science.nasa.gov/missions/new-horizons) OCEVU LabEx Origines Constituants et Evolution de l'Univers (https://www.labexocevu.univ-amu.fr) OPV Origne des Planètes et de la Vie (ex programme interdisciplinaire) PCMI Programme Nationa Physique et Chimie du Milieu Interstellaire (http://www.insu.cnrs.fr/node/1512) PEPS Programme Exploratoire Premier Soutien (de la MI) (http://www.cnrs.fr/mi/) PID Programme InterDisciplinaire du CNRS (n'existent plus) Planck Mission spatiale d'étude des anisotropies du CMB (http://www.esa.int/Our_Activities/Space_Science/Planck) PLATO Mission spatiale M3 de l'ESA pour la détection de planètes extrasolaires (http://sci.esa.int/plato) PNCG Programme National Cosmologie et Galaxies 29 (http://www.iap.fr/pncg/pncg/Accueil.html) PNHE Programme National Hautes Energies (http://pnhe.cnrs.fr/) PNP Programme National de Planétologie (http://pnp.projet.latmos.ipsl.fr) PNST Programme National Soleil Terre (http://www.ias.u-psud.fr/pnst) PRACE Partnership for Advanced Computing in Europe (http://www.prace-ri.eu) REFIMEVE+ REseau FIbré MEtrologique à Vocation Européenne+ (http://www.refimeve.fr/index.php/fr) RENATECH Grandes centrales de technologies francaises (https://www.renatech.org/accueil.php3) Rosetta Missions spatiale d'analyse in situ d'une comète (http://rosetta.esa.int/) SAp Service d'Astrophysique (CEA - http://irfu.cea.fr/Sap) SEIS Instrument de la mission martienne INSIGHT - Seismic Experiment for Interior Structure (http://insight.jpl.nasa.gov/seis.cfm) SERAC Plateforme de simluation du permafrost (http://fototek.geol.u-psud.fr/Nouvelletraduction-23-Formation.html) SIDONIE Accélérateur de particules - séparateur d'isotopes du CSNSM (http://www.csnsm.in2p3.fr/Le-separateur-d-isotopes-SIDONIE) SIMS Secondary Ion Mass spectrometry - microsonde ionique Sloan Sky Digital http://www.sdss.org/ Survey SOLEIL Centre de rayonnement synchrotron francais (http://www.synchrotron-soleil.fr) SPIRou SpectroPolarimètre Infra-Rouge au CFHT (http://www.cfht.hawaii.edu/fr/projects/SPIRou) Stardust Mission spatiale de retour d'échantillons cométaires (http://stardust.jpl.nasa.gov) STE-QUEST Space-Time Explorer and Quantum Equivalence Principle Space Test (http://sci.esa.int/ste-quest/) Super CDMS Super Cryogenic Dark Matter Search (http://cdms.berkeley.edu) Super-NEMO NEMO : Neutrino Ettore Majorana Observatory - super NEMO : nouvelle génération d'expérience, R&D en cours SVOM Mission spatiale franco-chinoise pour l'étude des sursauts gamma - Space-based multi-band astronomical Variable Objects Monitor (http://www.svom.fr/) SWOT Surface Water & Ocean Topography (https://swot.jpl.nasa.gov) SYRTE Laboratoire Système de référence Temps Espace (http://syrte.obspm.fr) Tandem-ALTO Accélérateur de particules de l'Institut de Physique Nucléaire d'Orsay (http://ipnwww.in2p3.fr/Installation-ALTO,5) TOF-SIMS Spectrométrie de Masse d'Ions Secondaires à Temps de Vol TOSCA Instance du CNES composés de 4 groupes de travail : Terre, Océan, Surfaces continentales, Atmosphère UPMC Université Pierre et Marie Curie (http://www.upmc.fr) Venus Express Mission spatiale vers Vénus (http://www.esa.int/Our_Activities/Space_Science/Venus_Express) 30 VIPERS VIMOS Public Extragalactic Redshift Survey (http://vipers.inaf.it) VIRGO Etude des ondes gravitationnelles (http://www.ego-gw.it/public/virgo/virgo.aspx) VLBI Very Long Baseline Interferometry (http://en.wikipedia.org/wiki/Very-longbaseline_interferometry) VLTI Very Large Telescope Interferometer (http://www.eso.org/sci/facilities/paranal/telescopes/vlti.html) VVDS VIMOS VLT Deep Survey Database (http://cesam.oamp.fr/vvdsproject/vvds.htm) WASP Wide Angle Search for Planets (http://www.superwasp.org) WIMPS Weakly Interacting Massive Paricles (http://en.wikipedia.org/wiki/Weakly_interacting_massive_particles) XENON-100 Recherche de matière noire (http://xenon.astro.columbia.edu/XENON100_Experiment) XENON-1T Recherche de matière noire (http://www.xenon1t.org) 31 Annexe 2 : Synthèse graphique de réponses au questionnaire Nature de l'interdisciplinarité : « Organisation autour de plusieurs thèmes scientifiques, ou par différentes méthodes, ou les deux ? » Réponses(sur(:( ,(10(Laboratoires( ,(18(Groupes(de(recherche( ,(29(Personnes(individuelles( Thème& Scien+fique& Thème& Scien+fique&et& Méthode& Méthode&4>&0& Répartition des réponses au questionnaire, par institut Réponses(sur(:( ,(10(Laboratoires( ,(18(Groupes(de(recherche( ,(29(Personnes(individuelles( INSMI% INSIS% SHS% Pas(de(contribu>on(de(:(% INS2I% INS2I% INP% INC% INSU% IN2P3% 32 Sections CNRS représentées dans les réponses au questionnaire Réponses(sur(:( ,(10(Laboratoires( ,(18(Groupes(de(recherche( ,(29(Personnes(individuelles( 18#(Terre#et#planètes# telluriques)# 19#(Syst.Terre#:# enveloppes)# 01#(Interac,ons,# par,cules,#noyaux)# 02#(Théories#physiques)# 04#(Atomes#et# molécules,#op,que#et# lasers,#plasmas#chauds)# 08#(MicroB#et# nanotechnologies,#etc.)# 12#(Architectures# moléculaires)# 17#(Système#solaire#et# univers#lointain)# 13#(Chimie#physique,# théorique#et# analy,que)# Sections CNU représentées dans les réponses au questionnaire Réponses*sur*:* D*10*Laboratoires* D*18*Groupes*de*recherche* D*29*Personnes*individuelles* 36## (Terre*solide)* 35## (Structure*et*évolu&on* de*la*terre*et*des*autres* planètes)* 37## 29## (Météorologie,* océanographie*phys.* (Cons&tuants* environnement)* élémentaires)* 30## (Milieux*dilués*et* op&que)* 31## (Chimie*théorique,* physique,*analy&que)* 34## (Astronomie* Astrophysique)* 33 Répartition des thématiques interdisciplinaires Réponses(sur(:( ,(10(Laboratoires( ,(18(Groupes(de(recherche( ,(29(Personnes(individuelles( Répar77on&des&ac7vités& Physique&& théorique& Exobiologie& Phys.&Chimie&Milieu& Interstellaire& Autres& Planétologie& Géosciences& AstroPar7cules& Cosmologie& Phys.&Stellaire& Phys.&Astrophys.& Fondamentale& 10 premières sources de financement (2009-2013) Réponses(sur(:( ,(10(Laboratoires( ,(18(Groupes(de(recherche( ,(29(Personnes(individuelles( Autres# AO#Region# AO# GDR# #Ins;tuts# PN# PID# AO#Europe# SB# LabEx# AO#Nat.# 34