4. L`influence de l`Esprit Saint dans l`oraison
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4. L`influence de l`Esprit Saint dans l`oraison
4. L’influence de l’Esprit Saint dans l’oraison L’oraison, « c’est un entretien de l’enfant de Dieu avec son Père des cieux, sous l’action de l’Esprit Saint » (Dom Marmion). Introduction : C’est la vie baptismale ! C’est toujours l’Esprit Saint qui agit pour que les hommes et les femmes deviennent des saints. Notre volonté personnelle de prier, nos efforts pour nous recueillir, le temps fidèlement pris pour demeurer avec Jésus, le recueillement surnaturel que nous éprouvons, tout cela s’inscrit dans la grande œuvre de l’Esprit Saint qu’est l’Eglise. Au moment de la prière, la Trinité est présente ; elle a fait en nous sa demeure au jour de notre baptême, et nous prions toujours en Sa présence. Nous sommes enfants du Père ; avec Jésus, le Fils éternel du Père nous apprenons à nous confier au Père, avec lui nous allons vers le Père : Jésus est le "modèle unique" (Bienheureux Charles de Foucauld) de tout priant. Si nous faisons oraison, c’est parce que Jésus nous en a montré l’exemple. Donc nous essayons de faire oraison comme lui, avec lui et en lui. Les oraisons de la messe s’achèvent toujours en passant par l’intercession du Christ : « Par Jésus Christ notre Seigneur »… et la prière eucharistique s’achève de même : « Par Lui, avec Lui et en Lui… tout honneur et toute gloire ! ». L’Esprit Saint nous attire et nous conduit au sein de la Trinité, il nous établit dans la communion d’Amour. Nous prions « dans l’unité du Saint Esprit ». « Personne n’est capable de dire ‘‘Jésus est le Seigneur’’ sans l’action de l’Esprit Saint » (1Co 12, 3) nous dit saint Paul. C’est bien ce que le Christ avait promis : « Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité » (Jn 14, 16). Ainsi, rappelons-nous que c’est l’ Esprit Saint qui nous guide, qui prie en nous, et c’est ainsi que le Christ nous conduit au Père. 1. Les dons du Saint Esprit : L’Esprit Saint agit en nous par ses dons D’après Isaïe 11, 1-4… L’esprit prophétique confère au Messie les vertus éminentes de ses grands ancêtres : sagesse et intelligence de Salomon, prudence et bravoure de David, connaissance et crainte de Yahvé des Patriarches et des Prophètes, Moïse, Jacob et Abraham. « Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur qui lui inspirera la crainte du Seigneur » (Is 11, 2). L’énumération de ces dons par les LXX et la Vulgate ajoute la « piété » par dédoublement de la « crainte de Yahvé » donnant ainsi notre liste des « sept dons du SaintEsprit » (cf. note de la B.J.). Les dons du Saint Esprit sont en nous des capacités, des puissances qu’il nous faut laisser opérer en nous. Ces dons sont greffés sur nos facultés et nos sens, elles déploient nos vertus. Ces dons sont comme les 7 voiles de notre bateau, accrochés aux 7 mâts de notre personne. L’Esprit saint est le vent qui gonfle ces voiles. Isaïe 11, 1-4 Les vertus théologales et cardinales Liste du Catéchisme Sagesse SAGESSE Charité Intelligence INTELLIGENCE Foi Conseil SCIENCE Espérance Force FORCE Force - courage Connaissance CONSEIL Prudence Crainte PIETE Justice CRAINTE Tempérance Nos facultés humaines (vertus cardinales, crées et donc naturelles) et nos puissances surnaturelles (vertus théologales, incrées et donc surnaturelles) reçoivent de l’Esprit Saint leur capacités à travailler ensemble, à collaborer, à s’adapter les unes aux autres. Par l’action de l’Esprit Saint, elles deviennent symphoniques. Par la création, Dieu a donné à l’homme des aptitudes qui s’éduquent, par le baptême et la vie de grâce il lui a donné des puissances. L’Esprit Saint ne fait pas autre chose que de continuer cet œuvre pour la parfaire : il perfectionne l’homme en fixant ses dons sur ces aptitudes, ces capacités, ces puissances intérieures. Ainsi, saint Thomas écrit que les dons du Saint Esprit sont « des habitudes ou qualités permanentes surnaturelles, qui perfectionnent l’homme et le disposent à obéir avec promptitude aux inspirations du Saint-Esprit » (Ia IIae, q. 68, a. 3 – cf. q. 68, a 1). Ainsi, l’intelligence très agitée peut s’apaiser pour demeurer dans la foi près du Seigneur, la volonté peut être tempérée, plutôt que d’être portée vers ce qui la séduit, elle peut s’arrêter dans son élan pour que l’échange d’amour se vive au creux du recueillement. 2. Les effets des dons du Saint-Esprit : L’oraison est une heureuse collaboration entre l’Esprit Saint et nous-même. Par exemple, chez sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, il est manifeste que Dieu a agit pas les ‘vibrations multiples de son Esprit’ (cf. A. d’Augustin, p. 109) : quand elle est dans la souffrance et l’obscurité la plus totale en son cœur, elle est mue par le don de force. On s’étonne de sa patience. « Je n’ai pas eu encore une minute de patience ! Ce n’est pas la mienne ! » (Derniers entretiens, 18 août 1897). On pourrait dire encore que l’Esprit Saint libère les vertus surnaturelles, par exemple la foi, de leur dépendance à l’égard des facultés humaines, par exemple l’intelligence, et leur fait poser en perfection leurs actes propres. « C’est ainsi que la foi, recevant par le don d’intelligence une lumière sur Dieu, adhère parfaitement à son objet divin et se repose paisiblement en son obscurité qui lui devient savoureuse » (Je veux voir Dieu, P. Marie Eugène EJ, p, 307). Ainsi, l’influence de l’Esprit Saint perfectionne nos facultés et ordonne nos sens. Plus nous prions, plus nous faisons oraison et plus l’intelligence se simplifie, deviens intuitive, classe rapidement les choses utiles ou pas, plus la mémoire se purifie, ne retenant que ce qui est nécessaire à ma mission. Les sens eux-mêmes vont être pacifiés et ordonnés, les désirs vont être purifiés afin de laisser plus de place au goût de Dieu. « Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ; quand pourrai-je m’avancer, paraître face à Dieu ? », (Ps 41, 2-3). Ainsi, comme Marie, laissons-nous couvrir par l’ombre de l’Esprit Saint : nous nous apercevrons alors de plus en plus, que nous sommes « dans le monde sans être du monde ». Nous n’éprouverons plus les mêmes désirs que notre entourage, nous percevrons plus rapidement et plus finement la vérité des situations avec leurs enjeux réels, nous serons plus paisibles pour aborder des situations difficiles, conflictuelles, qui d’habitude nous déstabilisent, nous irons plus vite à l’essentiel… Comme le dit une prière de notre liturgie de carême : « qu’en travaillant à ce monde qui passe, ils s’attachent surtout aux choses qui ne passent pas » (Préface Carême 2). Conclusion : L’oraison nous fait exposer la voile de notre personnalité au vent de l’Esprit Saint, et ainsi, elle nous fait devenir ce pour quoi nous avons été créés. C’est bien ce qu’entendait saint Catherine de Sienne en disant : « Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde ». Pratiquement : Aussitôt que je commence mon oraison, je me mets en présence de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit : « Tu es en moi… O toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur … O mon Dieu, Trinité que j’adore ». Je demande à l’Esprit Saint de m’aider à faire oraison. J’essaie d’entrer dans sa grande prière. J’accueille avec joie et simplicité ce que me dit l’Esprit Saint. J’essaie de rester en silence dans la foi et l’amour. Etre là avec Jésus, cela suffit. Je donne à l’Esprit Saint le temps d’imprimer en moi la divine ressemblance, c’est l’essentiel.