Chapitre 1 - Campaign for Tobacco
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Chapitre 1 - Campaign for Tobacco
Chapitre 1 Table des matières Aperçu des campagnes de marketing sur la lutte antitabac 1.2 Qu’est-ce qu’une campagne de marketing sur la lutte antitabac? 1.6 Pourquoi avons-nous besoin des campagnes de marketing sur la lutte antitabac? 1.6 Éléments d’une campagne de marketing sur la lutte antitabac efficace 1.9 Bibliographie 1.11 1.1 Chapitre 1 Aperçu des campagnes de marketing sur la lutte antitabac L’usage du tabac représente une préoccupation de santé publique vaste et croissante, tel que mentionné dans la Convention-cadre pour la lutte antitabac de l’Organisation mondiale de la santé1. La prévalence de l’usage du tabac varie grandement d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre. Les exemples suivants illustrent cette diversité. Le taux de tabagisme est bas à peu près partout en Afrique; l’Éthiopie présente le taux le moins élevé à 3,1 pour cent (5,9 pour cent chez les hommes, 3 pour cent chez les femmes). Plusieurs pays d’Europe de l’Est présentent des taux de tabagisme entre 20 pour cent et 35 pour cent globalement et dans la plupart de ceux-ci, la prévalence du tabagisme chez les hommes et les femmes est similaire. En Irlande, par exemple, le taux de tabagisme chez les hommes et les femmes est de 28 pour cent et 26 pour cent, respectivement. Tandis que les taux de tabagisme globaux en Asie semblent correspondre à ceux de plusieurs autres régions, c’est-à-dire de 20 à 35 pour cent, ils sont très bas chez les femmes et très élevés chez les hommes. La Chine est un bon exemple de la situation avec un taux de 67 pour cent chez les hommes et de 1,9 pour cent chez les femmes2. La prévalence du tabagisme, considérée de façon distincte, peut induire en erreur. L’usage du tabac comprend plusieurs produits autres que la cigarette. En Suède, les femmes fument moins que les hommes (18,3 pour cent contre 16,7 pour cent), mais les hommes utilisent aussi le snus (un type de tabac sans fumée). Dans plusieurs pays méditerranéens et asiatiques, les pipes à eau sont utilisées dans une large mesure par les hommes, même si leur usage tend à augmenter aussi chez les jeunes femmes2. Tout comme la prévalence de l’usage du tabac qui varie d’un pays à l’autre, le type de mesure prise pour traiter l’épidémie diffère en fonction de la situation. Les programmes de lutte antitabac aident à limiter les maladies et décès liés à l’usage du tabac en réduisant le nombre de personnes qui commencent à en faire usage et, donc, l’exposition à la fumée secondaire ainsi qu’en encourageant les gens à cesser de fumer. Les programmes de lutte contre le tabagisme efficaces sont complets, renouvelables et pris en compte3. 1.2 Trousse pour l’élaboration d’une campagne de Global Dialogue 1 « Les campagnes médiatiques de masse sont un élément crucial d’un programme de lutte antitabac complet. Dans plusieurs pays, les campagnes ont eu un impact positif sur les habitudes et attitudes et même sur les comportements au sein de divers auditoires ciblés. Elles ont aussi contribué à changer la façon dont les gens perçoivent le tabagisme. En Australie, nous avons constaté les avantages des campagnes médiatiques permanentes aux niveaux national et de l’État pendant plusieurs années; de tels résultats n’auraient pas pu être atteints sans ces campagnes. » Éléments d’un programme de lutte antitabac complet The U.S. Centers for Disease Control and Prevention recommande un programme de lutte antitabac complet qui comprend neuf composants : • des efforts de marketing axés sur la prévention visant à contrer les influences qui mènent à l’usage du tabac et accroître la portée des messages et influences prosanté; • des programmes communautaires visant à réduire l’usage du tabac; • des programmes visant à prévenir les maladies liées au tabagisme et à les déceler rapidement; • des programmes scolaires incluant un enseignement fondé sur l’expérience clinique, une formation des enseignants, une implication parentale et des services de renoncement au tabac; • une mise en force des politiques de lutte antitabac, par exemple bannir l’usage du tabac dans les endroits publics; • un soutien aux programmes locaux, par exemple une assistance technique aux programmes d’évaluation, la pression par l’entremise des médias et la réduction de l’accès au tabac; • des programmes et stratégies visant à aider les personnes à cesser de fumer, dont des services de consultation et des lignes d’aide sur le renoncement au tabac; • une structure de gestion solide qui permet de coordonner les composants du programme et d’appliquer un certain contrôle; • un système de surveillance et d’évaluation qui supervise la responsabilité du programme pour les décideurs et autres responsables de la surveillance fiscale3. Dans la plupart des pays, la formation des fournisseurs de soins de santé, d’éducation et d’information sur les thérapies de renoncement au tabac, tout comme le sont les ressources financières, est limitée. Le renoncement au tabac peut ne pas être perçu comme une stratégie de lutte antitabac clé et le fait d’instaurer une attitude publique qui encourage les fumeurs à cesser leur usage ou à chercher des traitements peut ne pas être considéré comme une priorité. Cependant, au cours des dernières années, les gouvernements ont adopté une variété d’interventions visant à réduire la demande de produits du tabac au sein de la population; ces interventions, par exemple les politiques en matière d’environnement intérieur sans fumée, l’augmentation des taxes engendrant une augmentation du prix des cigarettes et l’interdiction d’afficher de l’information trompeuse sur les produits du tabac ont aussi incité les fumeurs à renoncer au tabac4. Parmi les composants cruciaux sur lesquels repose une stratégie de lutte antitabac globale se trouve la tenue d’une campagne de marketing sur la lutte antitabac complète qui vise à sensibiliser le public aux risques du tabagisme et aux dangers de la fumée secondaire, à réduire l’intérêt des jeunes pour l’usage du tabac et à promouvoir les services de renoncement. À l’Article 12 de la Convention-cadre pour la lutte antitabac, les signataires s’entendent pour s’efforcer « de promouvoir et de renforcer la sensibilisation du public aux questions ayant trait à la lutte antitabac, en utilisant, selon qu’il conviendra, tous les outils de communication disponibles », plus particulièrement la « sensibilisation du public aux risques pour la santé liés à la consommation de tabac et à l’exposition à la fumée du tabac, ainsi qu’aux avantages du sevrage tabagique et des modes de vie sans tabac »1. Les campagnes de marketing de lutte contre le tabagisme utilisent la publicité, les médias d’information, le matériel parallèle et d’autres outils de marketing pour développer la sensibilisation aux préoccupations en matière de tabagisme, accroître les connaissances, changer les attitudes et croyances et contribuer aux changements de comportements4. Les avantages pour la santé et les économies potentielles du renoncement au tabac sont assez évidents et le traitement de la dépendance au tabac est sans danger et efficace. Toutefois, pour qu’un programme de renoncement au tabac porte ses fruits, les fumeurs doivent être motivés à cesser de fumer, informés des services d’aide offerts et soutenus une fois qu’ils ont atteint leur objectif. 1.3 Aperçu Melanie Wakefield, directrice du Centre for Behavioural Research in Cancer, The Cancer Council, Victoria, Australie. L’usage du tabac dans le monde Bidis Kreteks • Le tabac haché est enveloppé, à la main, dans une feuille de temburni séchée et retenue au moyen d’une corde. • Le tabac haché est mélangé à des clous de girofle ou d’autres saveurs et eugénols ayant un effet engourdissant qui permet au fumeur d’inhaler plus en profondeur. • Les bidis sont plus populaires dans les pays de l’Inde et de l’Asie du Sud-Est. • Les kreteks sont plus populaires en Indonésie. Tabac à chiquer Pipes • Des feuilles de tabac sont mélangées à des additifs édulcorants et aromatisants. On lui donne d’autres noms, par exemple : plug, looseleaf, chimo, toomback, gutkha et twist. Le pan masala ou betel quid, est composé de tabac, de noix d’arec et de lime enveloppés dans une feuille de poivrier. Les autres variétés de pan comprennent les suivantes : kaddipudi, hogesoppu, gundi, kadapam, zarda, pattiwala, kiwam, mishri et pills. • Le tabac est déposé dans la tête d’une pipe, puis allumé. Le fumeur aspire la fumée par l’embout à l’autre extrémité de la pipe. Les pipes sont faites de bruyère, d’ardoise ou d’argile. Les pipes en argile (aussi appelées suipa, chillum et hookli) sont courantes dans les pays d’Asie du Sud-Est. • Utilisé partout dans le monde, le tabac à chiquer est plus populaire dans les pays d’Inde et d’Asie du Sud-Est. Cigarettes • Fabriquées : Le tabac haché est traité au moyen de centaines de produits chimiques, roulé dans du papier, puis scellé. Les cigarettes avec filtre possèdent un filtre en cellulose. • Cigarettes à rouler soi-même : Du tabac à coupe fine est roulé à la main et scellé dans un papier à cigarettes. • Les cigarettes représentent quatre-vingt-seize pour cent des produits du tabac fabriqués dans le monde. Les cigarettes fabriquées sont la méthode la plus courante d’ingestion de tabac dans le monde, à l’exception de l’Inde (tabac à chiquer) et de l’Indonésie (kreteks). • Pipes à eau : Une bouteille en verre à laquelle est fixé un tuyau métallique est remplie d’eau à la moitié. Un petit entonnoir repose sur la pipe qui comprend aussi un long boyau flexible. Le tabac est déposé dans l’entonnoir, puis allumé. Le fumeur fixe un embout au boyau, puis aspire dans l’embout pour faire circuler la fumée par le tuyau qui passe à travers l’eau de refroidissement, puis dans le boyau flexible jusqu’à l’embout. La succion génère des bulles et un bruit de barbotement. Parmi les autres noms : nargile, hookah, hubble-bubble et sheesha. Snuff ou tabac à priser • Mouillé : Du tabac haché très finement non emballé ou emballé dans des petits sachets de papier ou de tissu. Le tabac est déposé dans la bouche entre la joue et la gencive. Parmi les autres noms : tabac humide, khaini, shammaah, nass et naswa. • Sec : Le tabac en poudre est inhalé. Cigares Sticks • Le tabac séché à l’air et fermenté est enveloppé dans une feuille de tabac. Les autres noms utilisés, la plupart du temps en fonction de la taille du cigare, comprennent les suivants : cigarillos, double coronas, cheroots, stumpen, chuttas et dhumtis. • Du tabac séché au soleil est enveloppé dans un papier à cigarettes. Les sticks sont populaires en PapouasieNouvelle-Guinée. Matériel adapté de The Tobacco Atlas.2 • Utilisés partout dans le monde, des types de cigares précis sont populaires en Inde (dhumtis) et en Europe (cheroots et stumpen). 1.4 Trousse pour l’élaboration d’une campagne de Global Dialogue 1 Aperçu La présente Trousse pour l’élaboration d’une campagne : Un guide international pour la planification et la mise en œuvre de campagnes de renoncement au tabac a pour but de vous aider à planifier et mettre en œuvre une campagne de marketing sur la lutte antitabac efficace visant à motiver les gens à tenter de renoncer au tabac ou à utiliser des traitements contre la dépendance. Cette trousse peut aussi vous aider à élaborer d’autres types de campagnes d’éducation du public, par exemple les campagnes traitant de réduction de l’exposition à la fumée secondaire ou de prévention du tabagisme chez les jeunes. Au nombre des composants importants de la trousse se trouvent des études de cas et des exemples de leçons tirées de l’élaboration de campagnes par des gestionnaires de partout dans le monde ainsi que des outils et du matériel faciles à utiliser. La trousse est divisée en 12 chapitres, énumérés ci-dessous. Dans chaque chapitre, vous trouverez une discussion sur le sujet, des explications détaillées des concepts et un aperçu de la façon d’élaborer et de mettre en application des processus clés. Des exemples et des études de cas provenant du monde entier sont fournis pour illustrer les points clés. Dans l’annexe de chacun des chapitres, vous trouverez des exemples plus internationaux, des études de cas ainsi que des modèles. Même si cette trousse présente une étude détaillée des étapes de l’élaboration d’une campagne de marketing sur la lutte antitabac, elle ne peut répondre à toutes vos questions. C’est pourquoi, vous y trouverez de l’information relative à d’autres ressources susceptibles de vous aider. Chapitres de la trousse Chapitre 1 : Aperçu des campagnes de marketing sur la lutte antitabac Chapitre 2 : Planification stratégique Chapitre 3 : Recherche sur l’auditoire cible Chapitre 4 : Populations spécifiques Chapitre 5 : Évaluation de la campagne Chapitre 6 : Gestion de la campagne Chapitre 7 : Publicité Chapitre 8 : Relations publiques Chapitre 9 : Pression par l’entremise des médias Chapitre 10 : Marketing orienté sur la communauté Chapitre 11 : Promotion des services de renoncement au tabac Chapitre 12 : Financement des campagnes 1.5 Qu’est-ce qu’une campagne de marketing sur la lutte antitabac? Le succès remporté par les programmes en Australie, au Canada, au Royaume-Uni, en Irlande, en Norvège, en NouvelleZélande et aux États-Unis au cours des deux dernières décennies démontre clairement que les programmes de lutte antitabac bien conçus sont un outil efficace et puissant pour réduire l’usage du tabac. Dans tous ces cas, la réduction du tabagisme a été attribuée à une combinaison d’éléments de lutte contre le tabagisme, y compris des campagnes de marketing agressives. Les activités de telles campagnes peuvent comprendre : • publicité commanditée à la télévision, à la radio, sur les panneaux d’affichage, sur Internet et publicité imprimée; • la pression par l’entremise des médias et d’autres efforts en matière de relations publiques, y compris des communiqués et des conférences de presse, des réunions de comités éditoriaux, ainsi que des événements et activités locaux; • la distribution de matériel parallèle, par exemple des t-shirts, boutons, affiches et autres cadeaux publicitaires. Une campagne de marketing sur la lutte antitabac peut aider à accroître le nombre de tentatives de renoncement au tabac et réduire l’exposition des non-fumeurs à la fumée secondaire. Les messages de lutte contre le tabagisme peuvent aussi influencer de façon substantielle le soutien du public aux interventions antitabac et augmenter l’appui aux efforts déployés dans les écoles et les communautés. Ces messages sont encore plus efficaces lorsqu’ils sont associés à des activités de programmes locaux3. Pourquoi avons-nous besoin des campagnes de marketing sur la lutte antitabac? L’utilisation de tactiques de marketing commercial pour réduire la prévalence du tabagisme est vitale pour contrer les activités promotionnelles provocatrices de l’industrie du tabac, qui dépense des milliards de dollars chaque année en publicité et promotions.* De plus, les campagnes médiatiques de masse sont toujours requises dans les pays où la publicité, le parrainage et les promotions sur le tabac sont interdits. La nature toxicomanogène du tabagisme et les efforts constants des compagnies de tabac pour trouver des moyens de commercialiser leurs produits en dépit des interdictions et restrictions indiquent que nous devrons continuer de nous battre contre le marketing de l’industrie du tabac par toutes sortes de moyens et pour plusieurs années encore. Aux États-Unis, la California Tobacco Education Media Campaign mise en œuvre à la fin des années 80 est un bon exemple de campagne de marketing de lutte antitabac réussie5. Elle utilise la publicité-choc (placements de médias d’information), le marketing orienté sur la communauté et la publicité payante (télévision, radio, panneaux d’affichage, publicité ambulante et imprimée) pour communiquer les dangers du tabagisme et de la fumée secondaire et pour contrer les messages protabac dans les communautés diversifiées. La campagne a été fortement associée à une réduction du taux de tabagisme, tout comme d’autres facteurs, par exemple l’augmentation de la taxe d’accise. Une étude a démontré qu’en Californie, États-Unis, la campagne médiatique a entraîné une réduction des ventes de cigarettes de 232 millions de paquets entre le troisième trimestre de 1990 et le quatrième trimestre de 1992. Cette réduction a été évaluée indépendamment de la diminution de la consommation engendrée par l’augmentation de la taxe6. Un rapport de la University of California, San Diego, couvrant la période de 1989 à 1993 a démontré que la proportion de Californiens qui ont tenté de cesser de fumer pour plus d’une journée a augmenté de façon significative pendant la tenue de la campagne médiatique7. Des campagnes réalisées en Australie et au Royaume-Uni ont aussi fait l’objet d’évaluations qui ont permis de conclure que lorsque soutenues, ces campagnes avaient été efficaces à long terme. * « La cigarette est probablement le produit le plus commercialisé au monde. Bien qu’il n’existe pas d’estimation fiable des dépenses globales en commercialisation de la cigarette, on peut affirmer qu’elles représentent des dizaines de milliards de dollars américains par année. […] La commercialisation de la cigarette est plus audacieuse et plus agressive dans les pays en développement qu’elle ne l’est dans les pays développés. » [traduction] Texte tiré de The Tobacco Atlas. Organisation mondiale de la santé. 2002. 1.6 Trousse pour l’élaboration d’une campagne de Global Dialogue 1 Campagne de renoncement au tabac en Angleterre La campagne a été mise en œuvre en 2000. Le Department of Health a également pris part à des partenariats avec le Cancer Research U.K. et le British Heart Foundation à ce moment. Chaque organisme a élaboré et diffusé des publicités sur la lutte antitabac pertinentes pour ses missions et objectifs principaux et complémentaires à ceux des autres. Jusqu’en 2004, l’efficacité de la publicité sur la lutte contre le tabagisme a quadruplé; en effet, celle-ci est devenue le stimulant le plus puissant pour amener les fumeurs à tenter de cesser de fumer, encore plus puissant que la famille et les amis ou les conseils d’un médecin. Pour la première fois, le Department of Health en Angleterre a décidé d’aller de l’avant en procurant de l’information sur la nécessité de renoncer au tabac et en offrant son aide aux fumeurs pour qu’ils cessent de fumer et poursuivent dans cette voie. Une gamme complète de produits et services du National Health Service était soutenue par du matériel de communications, dont un réseau local de services de renoncement au tabac du SNS ainsi qu’une ligne d’aide et un site Web sur le renoncement au tabac visant à augmenter le taux de réussite des fumeurs renonçant au tabac§. La tâche de la campagne de communication était de créer des éléments déclencheurs pour inciter les fumeurs à prendre des mesures pour cesser de fumer. La campagne a fait l’objet d’une évaluation détaillée qui a démontré que même si d’autres initiatives importantes soutenant la lutte antitabac étaient en place dans l’environnement (étiquettes d’avertissement de plus grande taille, disponibilité de la thérapie de remplacement de la nicotine, restrictions sur le tabagisme en milieu de travail et bannières publicitaires), la publicité constituait aux yeux des fumeurs le principal élément qui les avaient poussés à cesser de fumer. Trente-deux pour cent des fumeurs ont indiqué que la publicité les avait incités à tenter de cesser de fumer; une augmentation de 10 points de pourcentage par rapport au résultat de 22 pour cent de 2003. Ils ont de plus mentionné que la sensibilisation spontanée engendrée par la publicité antitabac était pour eux la plus efficace jamais vue, particulièrement auprès des fumeurs difficiles à atteindre. Après avoir effectué des recherches approfondies, le Department of Health a décidé d’adopter une approche à trois volets. Ces recherches ont démontré que le premier élément déclencheur susceptible d’engendrer la plupart des tentatives de renoncement au tabac était la préoccupation en matière de santé. La stratégie était de se concentrer sur les problèmes de santé et leurs conséquences émotives et physiques pour encourager les fumeurs à cesser de fumer. Les messages publicitaires suivants étaient au nombre des incitatifs qui ont contribué à motiver les fumeurs à demander de l’aide pour arrêter de fumer. 1. Pourquoi arrêter—les conséquences physiques et émotionnelles de la cigarette 2. Produits et emballages—associer les conséquences aux outils de l’industrie du tabac 3. Fumée secondaire—sensibiliser les non-fumeurs aux dangers de la fumée secondaire Aperçu En 1998, le Royaume-Uni s’est fixé de nouveaux et ambitieux objectifs visant à réduire le tabagisme. Les fumeurs britanniques consommaient environ 25 pour cent plus de cigarettes que les fumeurs de l’Union européenne à un certain moment. Le tabagisme tuait un fumeur sur deux et coûtait 1,5 milliard £ (environ 3 milliards $ US) au National Health Service chaque année. L’objectif clé de la nouvelle initiative était d’aider les fumeurs à cesser de fumer. L’objectif suivant a donc été établi : Réduire l’usage du tabac chez les adultes de 28 à 26 pour cent d’ici 2005, puis à 24 pour cent d’ici 2010. De façon plus importante, plus de fumeurs ont demandé de l’aide et le nombre de fumeurs a diminué. Par exemple, la ligne d’aide du SNS a reçu 54 % plus d’appels en 2003-04. La prévalence du tabagisme chez les adultes a chuté de 26 pour cent jusqu’à 2002, ce qui signifie que le Royaume-Uni a atteint son objectif provisoire, qui visait à réduire la prévalence du tabagisme chez les adultes, deux ans plus tôt. Grâce à cette campagne et à d’autres facteurs, le nombre de fumeurs déclaré a diminué de 1,1 million et un nombre beaucoup moins élevé de cigarettes a été fumé8. L’Angleterre est desservie par deux différents services de renoncement au tabac par téléphone. QUIT UK est un organisme non gouvernemental qui procure des services de consultation en renoncement au tabac par téléphone au Royaume-Uni. Ce service est appelé Quitline®. En Angleterre, le National Health Service possède un service téléphonique différent appelé la Smoking Helpline qui procure des services de consultation, d’information et de références aux résidents de l’Angleterre. Dans cette trousse, UK Quitline est utilisé pour faire référence au service de consultation au renoncement au tabac par téléphone QUIT UK. La ligne d’aide de l’Angleterre et NHS Smoking Helpline sont utilisés pour faire référence au service de consultation, d’information et de références par téléphone du National Health Service. Quitline est utilisé pour faire référence aux services de renoncement au tabac par téléphone d’autres pays et communautés. § 1.7 Campagne nationale pluriannuelle de l’Australie La campagne nationale de lutte contre le tabagisme australienne de longue durée (Australian National Tobacco Campaign) a été conçue pour faire progresser les fumeurs australiens vers le renoncement au tabac en les encourageant à inscrire « Cesser de fumer » à leur horaire personnel de la journée, plutôt que sur la liste des « Choses à faire dans l’avenir ». Lancée en 1996, la campagne a impliqué des intervenants clés intéressés à réduire l’usage du tabac, dont des gouvernements fédéraux, d’État et territoriaux, des organismes professionnels des domaines médical et paramédical ainsi que des organismes non gouvernementaux incluant la National Heart Foundation, la Australian Cancer Society et la National Asthma Campaign. La campagne ciblait les fumeurs âgés entre 18 et 40 ans au moyen de quatre messages clés mis en évidence dans tous les aspects de la campagne : • Chaque cigarette vous fait du tort. • Ce n’est pas seulement un risque, mais une certitude que la cigarette nuit à votre santé. • La cigarette endommage vos artères, vos poumons, vos yeux et d’autres parties de votre corps. • Un effort d’envergure national est déployé pour vous aider à arrêter de fumer. La stratégie publicitaire consistait à transposer la connaissance scientifique des problèmes liés au tabagisme en expériences « vécues » plutôt qu’en une compréhension cognitive des risques. La campagne reposait sur une campagne médiatique comprenant une série de messages publicitaires graphiques télévisuels soutenus par diverses activités organisées par les groupes de lutte antitabac des États et territoires. Dans une des publicités télévisuelles, on démontrait l’accumulation de dépôts gras dans les artères que cause le tabagisme. De tels dépôts entraînent une réduction de la circulation sanguine, qui contribue à une piètre circulation, une pression artérielle élevée et éventuellement, un risque plus élevé de maladies du cœur et d’accident vasculaire cérébral. Tous les messages et publicités avaient été soutenus par des recherches. Au nombre des autres efforts médiatiques utilisés pour cette campagne, la publicité imprimée et extérieure ainsi que des activités de relations publiques. 1.8 Les services de renoncement au tabac coordonnés au moyen d’une ligne d’assistance nationale destinée à aider les fumeurs pendant le processus ont joué un rôle central dans la campagne. De 1997 à 2004, 23,1 millions $ australiens (environ 19,4 millions $ US) ont été alloués à la campagne. Au nombre des autres programmes de la campagne se trouvaient un site Web (Australia Quitnow®) accessible à http://www.quitnow. info.au/internet/quitnow/publishing.nsf/Content/ home), une stratégie autre qu’anglaise destinée à des populations spécifiques et une stratégie pour les fournisseurs de services. Le site Web offrait des pages destinées aux fumeurs ainsi qu’aux professionnels des soins de santé. Afin de s’assurer que la campagne demeure à jour, du nouveau matériel et de nouveaux éléments étaient ajoutés constamment. En décembre 2006, la National Tobacco Youth Campaign dont les messages visaient les jeunes a été lancée. Les messages clés encourageaient le principal auditoire cible (les jeunes de 12 à 24 ans) à ne pas fumer et le second auditoire cible (les parents fumeurs) a cessé de fumer pour ne pas inciter leurs enfants à fumer. La campagne de lutte antitabac nationale australienne a fait l’objet d’évaluations régulières. Au cours de la campagne, une diminution importante de la prévalence du tabagisme a été notée. Selon les estimations, la prévalence du tabagisme chez les adultes a chuté de 22,9 pour cent en 1997 à 18,4 pour cent en 2005. De plus, la consommation moyenne de cigarettes a diminué au cours de la même période de 15,4 cigarettes par jour en 1997 à 13 cigarettes par jour en 2005. Cette diminution est attribuable aux efforts de la lutte antitabac en Australie, auxquels la campagne nationale a participé dans une large mesure. Les coûts de mise en œuvre de la campagne ont été plus que compensés par les économies pour le système de santé. Par exemple, au cours des six premiers mois de la campagne seulement, une économie de 24 millions $ australiens (environ 20 millions $ US) en coûts de soins de santé a été réalisée. Trousse pour l’élaboration d’une campagne de Global Dialogue 1 Aperçu Les statistiques relatives à divers efforts nationaux, provinciaux et locaux démontrent que les efforts déployés lors d’une campagne de marketing de lutte antitabac peuvent avoir un impact important, mais que le dur labeur et un engagement permanent sont nécessaires à la réussite. De plus, même si plusieurs parties de la campagne peuvent faire l’objet de mesures et d’essais, la création d’une campagne efficace relève plus de l’art que de la science. Il est souvent difficile de faire les bons choix; il faut avoir une perspective stratégique et beaucoup de flexibilité le moment venu. Cette trousse présente plusieurs « leçons », visions et expériences de personnes qui ont une connaissance pratique de la création d’une campagne efficace qui vise à changer les connaissances, attitudes et comportements en matière de tabagisme. Éléments d’une campagne de marketing sur la lutte antitabac efficace Les campagnes de marketing sur la lutte antitabac efficaces possèdent sept caractéristiques clés. 1. La campagne doit démontrer un engagement à long terme à s’attaquer aux problèmes liés au tabagisme. Pour être efficace, une campagne doit avoir une présence solide et soutenue au fil du temps. S’il s’agit d’une campagne de marque, la marque doit pouvoir être « rajeunie » lorsque nécessaire. L’identité de la marque constitue son moyen d’expression visible, y compris son nom et son allure (logos, couleurs, designs et titres d’appel). L’identité de la marque permet à votre auditoire cible de reconnaître votre marque et de voir comment elle se démarque des autres marques ou compétiteurs. Son caractère ou ses attributs uniques devraient donner aux gens des raisons de vouloir y être associés. Parmi les exemples de campagnes de marque, notons la campagne truth® aux États-Unis et la campagne Quitnow® en Australie, qui ont toutes deux utilisé une variété de messages et efforts ayant tous une identité similaire. L’identité de la campagne truth® est choquante, rebelle et directe—des qualificatifs qui attirent les jeunes. Une évaluation de la campagne truth® a démontré une forte corrélation entre la sensibilisation confirmée de la publicité et la diminution vraisemblable de nouveaux fumeurs ainsi que l’augmentation potentielle de cas de renoncement au tabac. L’identité de Quitnow® repose sur la crédibilité, l’autorité et la confrontation, mais pas de façon protectrice ou coercitive et elle comprend de la publicité destinée aux jeunes et aux adultes en plus d’une ligne d’aide10. 2. Une campagne bien conçue devrait être formée de composants intégrés. L’utilisation d’une variété de techniques et composants à différents moments et combinés de diverses façons constitue la technique la plus efficace, puisque les composants se complètent et se soutiennent entre eux en plus d’attirer des auditoires diversifiés. 3. La campagne doit faire partie d’un plus important programme de lutte antitabac. La campagne doit compléter d’autres éléments d’un programme de lutte antitabac, par exemple des efforts en matière d’éducation, des services de renoncement au tabac, des traitements contre la dépendance au tabac et des efforts politiques, y compris ceux qui sont associés à la fumée secondaire et l’augmentation des taxes sur les produits du tabac. 1.9 4. La campagne est acceptable d’un point de vue culturel. Aucun programme unique ne sera efficace pour tous les segments de la population, puisque le tabagisme affecte des populations spécifiques de diverses façons. Chaque pays et les sous-populations de chaque pays ont des expériences variées et uniques en ce qui concerne le tabac. Ces expériences sont à la base de la perception des messages antitabac qu’aura chaque auditoire distinct. Les messages et stratégies devraient être personnalisés comme il se doit pour être plus efficaces auprès des différents auditoires cibles d’une campagne. Les expériences et pratiques culturelles varient selon les pays. En Chine, les cigarettes sont perçues comme un cadeau précieux que l’on donne aux participants lors d’événements tels que les mariages et les célébrations du Nouvel An. Les porte-parole de la lutte antitabac en Chine doivent prendre ce rituel en considération lorsqu’ils élaborent des campagnes de marketing sur la lutte antitabac§. Le tabac à chiquer est utilisé au Ghana pour traiter le mal de dents et les maladies de la gencive et pour surmonter l’ennui, particulièrement chez les personnes âgées. Le tabac à chiquer est également perçu comme « plus puissant » que la cigarette. Dans la majorité des cas, la popularité du tabac à chiquer est également engendrée par sa disponibilité et son coût peu élevé. Les porte-parole de la lutte antitabac doivent faire face à cette perception culturelle pour aborder la question de l’usage du tabac au Ghana*. 5. La campagne doit être stratégique. La planification stratégique consiste à établir des priorités et faire des choix difficiles en ce qui concerne les initiatives à approfondir en fonction du financement et du personnel disponibles. Ces décisions devraient être basées sur les éléments de la campagne les plus susceptibles de contribuer aux objectifs globaux de la campagne. 6. La campagne doit faire l’objet d’une évaluation. Le processus d’évaluation doit commencer par deux questions : « Quelle information les autres intervenants clés ou vous-même devez-vous connaître en ce qui a trait à l’impact de la campagne? » et « Comment obtiendrez-vous et utiliserez-vous cette information? ». Une évaluation permet d’obtenir un aperçu de ce qui fonctionne, de ce qui ne fonctionne pas et des changements susceptibles d’être apportés pour s’assurer que la campagne atteindra ses objectifs. 7. La campagne doit faire l’objet d’un financement adéquat. Les activités de publicité et de promotion de l’industrie du tabac semblent accroître le tabagisme chez les adultes et l’initiation des jeunes au tabagisme†. À la lumière des messages déjà en place et permanents qui font la promotion de l’usage du tabac, des efforts antitabac d’une intensité comparable sont nécessaires. Le U.S. CDC recommande des dépenses d’au moins 1 à 3 $ (US) par personne chaque année pour la tenue d’une campagne de marketing aux États-Unis qui aborde tous les objectifs du programme sur tous les marchés médiatiques principaux3. Au cours des chapitres suivants, vous en apprendrez plus à propos des étapes et processus clés de l’élaboration des campagnes de lutte antitabac, particulièrement celles qui se concentrent sur le renoncement au tabac. Que votre campagne soit une campagne étendue sur une période de trois ans ou une initiative ciblée sur trois mois, cette trousse vous procurera de l’information importante sur la façon de maximiser son impact. Chaque campagne est une partie importante d’un cassetête complexe nécessaire à la diminution du tabagisme dans le monde. § Nan Yi, adjoint à la recherche, Centers for Disease Control and Prevention, Chine, communication personnelle. * Edith Wellington, agente principale de recherche en matière de santé, Ghana Health Service, Ghana, communication personnelle. † L’Américain moyen de 14 ans est aujourd’hui exposé à plus de 20 milliards $ en imagerie, publicité et promotions depuis l’âge de 6 ans, ce qui crée chez lui une familiarité aux produits du tabac et un environnement au sein duquel le tabagisme est perçu comme une habitude à la mode, sociale et normale (CDC 1999). Une étude publiée dans les Archives of Pediatrics and Adolescent Medicine (Wellman RJ et al. 2006) a démontré que l’exposition au marketing sur le tabac, qui comprend de la publicité, des promotions et des échantillons ainsi qu’aux représentations protabac dans les films, à la télévision et dans les vidéos double et plus les risques que les enfants de moins de 18 ans deviennent des utilisateurs du tabac. Les chercheurs ont aussi découvert que le marketing et les représentations média protabac incitent les jeunes qui fument déjà à fumer davantage, augmentant ainsi le risque de progression vers un usage important de 42 pour cent. 1.10 Trousse pour l’élaboration d’une campagne de Global Dialogue 1 Bibliographie 2. Mackay J, Eriksen M, Shafey O. The Tobacco Atlas. 2e édition. Atlanta, Ga. : American Cancer Society; 2006. Disponible à : http://www.cancer.org/docroot/AA/content/AA_2_5_9x_Tobacco_Atlas.asp. Consulté le 30 mars 2007. 3. Centers for Disease Control and Prevention. Best Practices for Comprehensive Tobacco Control Programs – Août 1999. Atlanta, Ga.: U.S. Department of Health and Human Services, Centers for Disease Control and Prevention, National Center for Chronic Disease Prevention and Health Promotion, Office on Smoking and Health; août 1999. Une mise à jour de ce manuel est en cours; la réémission est prévue à la fin de 2007. Disponible à : http://www.cdc.gov/tobacco/tobacco_control_programs/stateandcommunity/best_practices/bestprac-dwnld.htm. Consulté le 30 mars 2007. 4. Centers for Disease Control and Prevention. Designing and Implementing an Effective Tobacco Counter-Marketing Campaign. Atlanta, Ga.: U.S. Department of Health and Human Services, Centers for Disease Control and Prevention, National Center for Chronic Disease Prevention and Health Promotion, Office on Smoking and Health; 2003. Disponible à http://www.cdc.gov/tobacco/ mediacommunications/countermarketing /campaign/00_pd Tobacco_ CM _Manual.pdf. Consulté le 30 mars 2007. 5. Independent Evaluation Consortium of The Gallup Organization et al. Interim Report: Independent Evaluation of the California Tobacco Control Prevention and Education Program: Wave 2 Data: Wave 1 & Wave 2 Data Comparisons, 1996-98. Sacramento, Calif.: California Department of Health Services, Tobacco Control Section; 2001. 6. Hu T, et coll. Reducing cigarette consumption in California: tobacco taxes vs. an anti-smoking media campaign. American Journal of Public Health. 1995; 85:1218-22. 7. Pierce JP, et coll. Tobacco Use in California: An Evaluation of the Tobacco Control Program, 1989-93. La Jolla, Calif.: University of California, San Diego; 1994. 8. Hutchinson C. et coll. Tobacco Control: WARNING: advertising can seriously improve your health: How the integration of advertisers made advertising more powerful than word of mouth. Institute of Advertising Practitioners, Gold IPA Effectiveness Award. 2004. 9. Australia’s National Tobacco Campaign. Evaluation Report, Volume Three. National Tobacco Campaign, Australian Government Department of Health and Ageing; 2004. Disponible à : http://www.quitnow.info.au/internet/quitnow/ publishing.nsf/Content/evaluation-reports. Consulté le 30 mars 2007. 10. Sly D, Heald GR, Ray S. The Florida “truth” anti-tobacco media evaluation: Design, first year results, and implications for planning future state media evaluations. Tobacco Control. 2001;10(1):9-15. and Australia’s National Tobacco Campaign. Evaluation Report, Volume One. National Tobacco Campaign, Australian Government Department of Health and Ageing; 2004. Disponible à : http://www.quitnow.info.au/internet/quitnow/publishing.nsf/ Content/ evaluation-reports. Consulté le 30 mars 2007. 1.11 Aperçu 1. Organisation mondiale de la santé. Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac. Genève, Suisse : Organisation mondiale de la santé; 2003.