HOMMAGE A JACKY LESER, mercredi 22 février
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HOMMAGE A JACKY LESER, mercredi 22 février
1 HOMMAGE A JACKY LESER, mercredi 22 février 2012 - Denis DUVOT. Après Dominique LESPARRE, je tiens, au nom des Communistes du Val d’Oise à saluer la mémoire de Jacques LESER et rendre un dernier hommage au dirigeant communiste qui a marqué ces cinquante dernières années à Bezons, dans notre département et bien au- delà. Les communistes du Val d’Oise perdent un de leurs dirigeants respectés par tous quelles que soient nos convictions personnelles. Dominique LESPARRE a rappelé le lien profond qu’avait Jacky avec Bezons. Un lien fusionnel qui en a fait un bâtisseur de cette ville avec toujours des projets avantgardistes mais qui n’avaient qu’un but, la satisfaction des besoins des bezonnaises et des bezonnais Le tramway. Jacky disait que c’était un rêve lancé un matin de Mai 1992. D’ailleurs, certains à cette époque, le considérèrent comme un « doux rêveur ». Vingt ans plus tard ce rêve deviendra réalité. Il y a quelques semaines chez lui, il m’avait montré la casquette de traminot qu’il avait récupéré et qu’il voulait porter le jour de l’inauguration. Malheureusement, la maladie a eu le dessus. Si après Dominique je rappelle ce fait, c’est qu’il est tout à l’image de l’homme. Jacky avait une vision d’avenir pour le quotidien des gens, comme pour notre société. C’était sa démarche, sa pensée, sa raison d’être, sa raison d’être communiste. Son engagement politique se forge dans les années cinquante et plus particulièrement à l’Ecole Normale de formation des instituteurs de Versailles. Il y rencontre des militants communistes en formation comme lui, qu’il retrouvera plus tard dans le Val d’Oise – Pierre BLOTIN, Alfred SOREL, Daniel RENARD. Il adhère au Parti Communiste Français en 1956 après avoir été membre du cercle de la Jeunesse Communiste dès 1955. C’est le début de 57 ans de fidélité, de militantisme, d’engagement à ses convictions politiques avec ces moments de joie et de douleur qui ont marqué le mouvement communiste au plan international et national. Et durant tous ces soubresauts il est resté fidèle à ses choix, à ses convictions, à ses camarades de combats. Dès son adhésion, il participe aux luttes des normaliens contre la guerre d’Algérie. Cette sale guerre l’a marqué à jamais même s’il n’en parlait pas ou peu. 28 mois de service militaire en Algérie, de Janvier 1958 à Mars 1960 laissent des traces pour le jeune instituteur qui, sur place poursuivait son militantisme. 2 Il ne lâchera rien et participera jusqu’au bout pour l’indépendance de l’Algérie. Il sera à Charonne le 8 février 1962 pour protester contre les attentats de l’OAS et où la police du ministre de l’intérieur Roger FREY et du sinistre préfet Maurice PAPON, chargèrent les manifestants pacifistes et tuèrent 9 d’entre eux dont 8 militants communistes. Il y a quinze jours avec Christiane, il tenait à être présent au métro Charonne lors du 50ème anniversaire de cet horrible massacre. Jacky était marqué par cette époque de l’histoire de notre pays qu’il avait vécue physiquement et moralement. Il ne ratait jamais une occasion de rappeler les graves moments de cette période noire. Ainsi, avec Mehdi LALLAOUI, il prit l’initiative en 1991, de commémorer le massacre de centaines d’Algériens le 17 octobre 1961 par un rassemblement sur le Pont de Bezons où furent repêchés les corps de plusieurs manifestants algériens pacifistes. Jacky était cet homme qui avait la solidarité, l’émancipation des peuples au cœur de sa démarche. Pas seulement dans ses écrits ou ses paroles mais dans les actes concrets. A son retour à Bezons tout en étant instituteur, il prend des responsabilités au sein de la section du P.C.F de Bezons, pour en devenir son premier secrétaire en 1963. Sa première initiative durant cette année 1963, année de la grande lutte des mineurs du Nord-Pas de Calais, est de contribuer à développer la solidarité, en organisant à Bezons, l’accueil des enfants de mineurs en lutte. C’est dans cette période, qu’un certain Michel VANDEL le repère. Michel VANDEL est alors premier responsable de la fédération de Seine et Oise-nord du PCF Jacky est élu au Comité de la Fédération Communiste de la Seine et Oise- Nord en 1965 puis du Val d’Oise, avant de devenir membre de son secrétariat de 1966 à 1977 ayant la responsabilité de la communication puis de l’organisation et de la vie des organisations du parti. Jacky joua un rôle prépondérant dans la construction et le développement de l’activité communiste dans le département. Il arpenta le Val d’Oise d’Est en Ouest, du Nord au Sud, pour aider, former les militants, les écouter. Ce département, il le connaissait par cœur et il n’y a pas un militant de cette époque qui n’a pas discuté, échangé avec Jacky. Son apport était très apprécié, à l’image de ceux de Sarcelles à qui il apporta une aide politique importante dans les années 1970. Jacky a toujours eu le souci de transmettre son expérience, sa connaissance tout en étant à l’écoute de chacune et de chacun. Cette démarche le suivra tout au long de sa vie et particulièrement à partir de 1979 quand il devient Maire et Conseiller général de Bezons. 3 C’est d’ailleurs en 1967, dans un stage de formation des militants qu’il dirigeait à Bezons, qu’il fit la connaissance de la jeune institutrice communiste Christiane HENAFF, qui devint son épouse deux ans plus tard. Jacky me disait encore récemment que cette union entre un Alsacien et une Bretonne, était pour l’époque le début d’un rapprochement Est-Ouest. C’était Jacky : modestie, amour, tendresse et humour. C’est dans les années 70, jeune militant d’Argenteuil, que j’ai connu Jacky. Et particulièrement quant à la demande des camarades de Bezons, il prit la succession d’Albert BETTENCOURT en 1979 comme Maire de Bezons puis de Guy BAUDE en 1982, sur le canton Argenteuil/Bezons. Je me rappelle de cette campagne électorale. Il n’avait qu’un seul souci, la rencontre avec les habitants, les salariés du canton. Il ne pouvait supporter l’imprécision. Mais il était toujours respectueux des militants et amis qui se dépensaient sans compter pour faire avancer nos idées. Combien d’entre nous ont rencontré Jacky là sur un marché, ici devant la porte d’une entreprise dès 6 heures du matin avec sa célèbre chapka sur la tête, ou encore arpentant les rues d’une cité ou d’un quartier disponible pour la rencontre, le débat, la confrontation d’idées ? A partir du moment où il prit ses responsabilités électives, il se consacra à l’activité des Elus Communistes et Républicains dans les collectivités territoriales. Bien sûr à Bezons, Dominique en a parlé, mais aussi au Conseil général du Val d’Oise, où il fut jusqu’en 2001 le Président actif et respecté du Groupe Communiste. Durant toutes ces années, il fut un indéniable défenseur des populations Val d’Oisiennes pour qu’une politique sociale, humaine, solidaire soit mieux prise en compte et cela dans le respect du débat démocratique et de la confrontation frontale des idées. Il a été aussi durant ces années 80 et 90, le Président de l’Association Départementale des Elus Communistes et Républicains du Val d’Oise, mettant son expérience, sa connaissance au service des élus quelles que soient leurs situations majoritaires ou minoritaires dans les collectivités locales. Ses compétences et ses acquis en firent un membre estimé du Bureau National de l’ANECR. Le 18 juin 1998, il recevait des mains de James MARSON, Sénateur, Maire de La Courneuve, les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur. Je me permets de prendre et de citer quelques phrases de l’intervention de James MARSON: « Ce qui me semble le fil conducteur de la gestion menée par une équipe sous la responsabilité de Jacky LESER, c’est l’efficacité, l’utilité immédiate et à terme pour les enfants, les jeunes, les femmes et les hommes de cette ville. 4 Cette gestion a favorisé les interventions, les luttes. C’est une bonne utilisation de l’argent qui va à l’encontre de la loi des marchés financiers. Elle aide à tenir la tête hors de l’eau. Elle met à leur disposition des moyens pour les enfants, les jeunes qu’autrement ils n’avaient pas. Il y a beaucoup de facilité à rencontrer le maire. Il est disponible, il écoute, il est écouté, reconnu, bien perçu, c’est la simplicité même y compris l’intimité. Pour autant, personne n’en abuse, il y a un respect mutuel ». A l’écoute de ces phrases, dites en 1998, on comprend le lien étroit entre le maire communiste et la population de BEZONS. Mais Jacky n’était pas homme à s’imposer, à rester au-delà du temps nécessaire. Dans la préparation des municipales et des cantonales de 2001, il nous avait annoncé qu’il passerait la main. Il l’a fait et de belle façon. Dans une interview au Parisien en septembre 2001, il expliquait ainsi sa décision : « j’ai souvent vu, au cours de ma vie d’élu, des maires qui ne savaient pas partir à temps. Et puis faire des dizaines d’années de mandat, ce n’est plus ce que les gens attendent aujourd’hui ». Dans la campagne il annonçait publiquement dès mai 2000, je cite : « Je conduirai une liste d’union pour les municipales. Je le ferai pour la conduire à la victoire et préparer les changements nécessaires à son avenir et la mise en place d’une nouvelle direction municipale ». Il était honnête avec les Bezonnaises et les Bezonnais. Il ne les trahissait pas en leur cachant la perspective. La population a bien compris et la liste fût élue dès le premier tour avec près de 64%. Il était très heureux de transmettre le flambeau à Dominique son ami, son camarade, son fidèle compagnon d’années de luttes et d’actions. Sur son avenir en 2001, toujours dans cet article du Parisien, il disait : « nous vivons une période où la politique est particulièrement dévalorisée. Personnellement, je pense que notre société a besoin de politique et je continuerai à me battre pour que l’action politique retrouve ses lettres de noblesse » Et le journaliste poursuivait ainsi, je le cite : « bref, ce militant comme on n’en fait plus, plus attaché à sa ville qu’à son intérêt personnel modeste d’apparence et d’attitude mais extrêmement présent sur les dossiers qu’il connaissait à fond dixit un dirigeant socialiste, n’est pas prêt de lâcher prise ». Et c’était bien vrai. Jacky n’a rien lâché de la vie politique, économique et sociale, qu’elle soit locale, nationale ou internationale 5 Localement durant ces dix dernières années, il a été toujours aux côtés de la municipalité, accompagnant ses combats. Il y a quelques jours il était avec Christiane auprès de Dominique dans le rassemblement initié par le Maire de BEZONS contre l’insécurité. Il était régulièrement présent aux initiatives du Comité de Défense de l’Hôpital d’Argenteuil qu’anime Christiane LESER et il y a encore peu, au mois de Janvier, à la réunion organisée à Bezons où il a pris la parole pour la défense du service public hospitalier. Et puis, Jacky, il y a tes valeurs communistes. Tu as continué à les défendre sur la base de tes convictions. L’évolution du monde fait la démonstration que ces valeurs de solidarité, d’émancipation, de rejet de l’argent-roi, sont consciemment ou pas, au cœur de la recherche d’alternatives à cette société capitaliste qui broie l’humain et met en cause l’avenir de notre planète. Comme beaucoup d’entre nous, tu as réfléchi à ce que pourrait être ce communisme du 21ème siècle. Jacky n’a jamais remis en cause son engagement politique bien au contraire. Le monde a beaucoup changé depuis son adhésion en 1956. Des certitudes sont tombées mais ce qui fait le communisme, à savoir l’émancipation humaine est toujours d’actualité dans tous les pays du monde et en premier lieu la France. Toute ta vie tu as marqué ton activité par une solidarité internationale sans faille. En tant que Maire, tu as contribué à donner un véritable contenu aux jumelages de la ville avec, entre autres, la Hongrie et l’Irlande. Mais, chose que personne ne sait, tu répondras favorablement à la demande de Gaston PLISSONNIER au nom de la direction nationale du PCF, d’héberger, à son arrivée en France en 1984 au Château de la Luzière DULCIE SEPTEMBER représentante de l’ANC et de Nelson Mandela en FRANCE avant d’être prise en charge par la ville d’ARCUEIL .Elle fût malheureusement assassinée en 1988 devant le local de l’ ANC à PARIS. Lors des obsèques de DULCIE SEPTEMBER l’ensemble de la famille fût accueilli à Bezons. C’était aussi cela la démarche de Jacky : discrétion, efficacité pour le bonheur, le respect et la dignité de tous. C’est ce qui faisait militer Jacky au quotidien, dans le respect des opinions, des diversités. Les messages de sympathie et d’amitié qui se sont accumulés depuis sa disparition en sont le témoignage vivant. Tous rappellent l’homme, l’élu, le militant, franc, honnête qui ne cachait pas ses convictions mais qui savait écouter, entendre, partager, travailler avec tous pour faire 6 avancer les dossiers, les revendications, les aspirations des citoyens de Bezons et d’ailleurs. Je n’en citerai qu’un, celui de Patrick LE HYARIC, directeur du journal l’Humanité, député au parlement européen. Dans son message adressé à Christiane, Patrick dit « j’ai toujours admiré cette modestie, cette tranquillité et cette force, ses convictions pour faire vivre une éthique politique humaniste et un communisme enraciné à partir des préoccupations humaines ». Je crois que ces mots résument bien ce que tous nous pensons en ce jour en songeant à lui. Malgré la maladie qui l’affaiblissait, il tenait, dans la mesure de ses possibilités à participer à la vie publique et politique. Et je veux ici souligner le dévouement de Christiane qui l’a accompagné partout où il voulait aller. Ce ne fut pas simple moralement et physiquement. Je tenais à te le dire, Christiane tu as été formidable auprès de lui. Je rappelle votre présence à la Fête de l’Humanité, lors des initiatives de notre parti, dans de nombreuses autres manifestations ou encore à l’occasion de nos rencontres portant sur l’avenir du communisme et du PCF. Il y a quinze jours nous déjeunions ensemble au banquet des vétérans du Parti. Tout le monde venait le saluer, lui dire un petit mot tant Jacky était aimé par les camarades qui l’ont côtoyé durant toutes ces années de militantisme dans ce département qu’il aimait tant. Malgré la maladie, tu faisais en sorte Christiane, de voyager avec lui, aux quatre coins de la France. Bien sûr en premier lieu l’Alsace et la Bretagne vos deux régions de cœur qui nous valaient des débats magnifiques entre vous sur celle qui était la plus belle. Mais aussi, une des dernières, l’Ardèche pour vous recueillir sur la tombe de Jean Ferrat. Et puis je me rappelle de votre visite à Calais il y a quelques années. Jacky était déjà malade mais nous avions réussi à prendre le ferry pour aller boire une bière anglaise sur le port de Douvres. Ce n’était pas simple mais Jacky y tenait et on l’a fait. Voilà. Aujourd’hui, chacune et chacun se remémore ces moments passés avec Jacques LESER dans les luttes, les combats mais aussi dans les moments fraternels, festifs, culturels et autres. Car ce qui m’a marqué avec Jacky c’est qu’il y avait toujours avec lui après le travail, l’engagement politique sans compter, les moments de retrouvailles, de convivialités 7 avec les militants les amis qui comptent tant dans la motivation et la mobilisation mais aussi et surtout dans la fraternité et l’amitié Tel était Jacky fidèle et lucide, loyal et critique, habité de certitudes mais aussi de doutes. Tu étais un vrai communiste tout simplement. Et ce sont tous tes camarades communistes qui par ma voix te rendent aujourd’hui hommage. Un dernier hommage bien mérité. Tu nous manques déjà tellement Jacky, et nous ne t’oublierons pas. A toi Christiane, je veux t’assurer que nous partageons ta peine et nous t’assurons de notre affection la plus fraternelle. Nous savons que tu as été très forte dans toutes ces épreuves et que entourée tu sauras affronter l’avenir comme Jacky l’aurait souhaité. A toi Patrice, nous voulons te dire à quel point tu peux être fier de ton père. Il t’aimait du plus profond de lui-même. Nous t’embrassons, nous ses camarades de combat. A toute la famille, à tous ses proches, à toutes celles et ceux qui l’ont aussi apprécié, vous tous nous vous disons notre profonde sympathie et notre entière solidarité. Jacky nous quitte, son bel ouvrage reste. Conservez-le en tête et au fond du cœur. Ce sera une boussole pour vous, pour nous tous demain encore. ADIEU JACKY, MON FRERE DE COMBAT, MON AMI, MON CAMARADE.