Du théâtre francophone à Anvers

Transcription

Du théâtre francophone à Anvers
cette année. D’après le « Billboard », le groupe irlandais
en a différé la sortie en 2015.
© AFP.
CULTURE
P
Mars
eut-être y a-t-il plus de
choses qui nous rassemblent que de choses
qui nous séparent », déclare l’affiche du focus consacré aux ar2014
tistes francophones sur le site du
Toneelhuis à Anvers. Une petite
phrase banale mais qui, susurrée
dans le fief de Bart de Wever,
pourrait passer pour de la provocation. Il s’agit pourtant moins
d’un geste politique que d’un
geste de bon sens pour Guy Cassiers, directeur du Toneelhuis,
qui accueille en ce moment trois
spectacles du Théâtre National :
Le signal du promeneur du
Raoul Collectif, Cendrillon de
Joël Pommerat et Life : Reset de
Fabrice Murgia.
« C’est fou, on ne connaît pas
du tout le théâtre francophone en
Flandre. Or, avant de pointer
nos différences, il faudrait
d’abord être sûr de se connaître,
comprendre ce qui se passe de
l’autre côté du pays. Nous, les artistes, devons créer ce dialogue.
La meilleure façon est de s’inviter les uns les autres », précise
Guy Cassiers, le metteur en
scène flamand dont le Macbeth
était accueilli au Théâtre National cette saison. L’échange ne
s’arrête pas là puisque le National, le Toneelhuis et Mons 2015
coproduiront le prochain spectacle de Guy Cassiers autour de
Jef Lambeaux, sculpteur des
Passions Humaines, bas-relief
commandé par Léopold II pour
orner le parc du Cinquantenaire.
Une histoire très belge donc, qui
sera portée par une distribution
mixte, flamande et francophone.
« Avant de travailler avec le
groupe francophone pour choisir
le casting, j’avais les pires
craintes et finalement, j’ai été
soufflé par la qualité de jeu. J’ai
ravalé mes préjugés ! La preuve
Du théâtre francophone à Anvers
SCÈNES
Les artistes, à contre-courant des intentions politiques
Le Toneelhuis d’Anvers
programme ce mois-ci
un focus sur le théâtre
francophone, pied de nez
dans le fief même
de Bart De Wever.
Une brèche flamande
qui annonce d’autres
trouées ? Certains y
voient aussi le signe
d’une percée de notre
théâtre francophone
hors de ses murs.
Une scène de plus en
plus sexy et exportable.
P
eut-être y a-t-il plus de
choses qui nous rassemblent que de choses
qui nous séparent », déclare l’affiche du focus consacré aux artistes francophones sur le site du
Toneelhuis à Anvers. Une petite
phrase banale mais qui, susurrée
dans le fief de Bart de Wever,
pourrait passer pour de la provocation. Il s’agit pourtant moins
d’un geste politique que d’un
geste de bon sens pour Guy Cassiers, directeur du Toneelhuis,
qui accueille en ce moment trois
spectacles du Théâtre National :
Le signal du promeneur du
Raoul Collectif, Cendrillon de
Joël Pommerat et Life : Reset de
Fabrice Murgia.
« C’est fou, on ne connaît pas
du tout le théâtre francophone en
Flandre. Or, avant de pointer
nos différences, il faudrait
d’abord être sûr de se connaître,
comprendre ce qui se passe de
l’autre côté du pays. Nous, les artistes, devons créer ce dialogue.
La meilleure façon est de s’inviter les uns les autres », précise
Guy Cassiers, le metteur en
scène flamand dont le Macbeth
était accueilli au Théâtre National cette saison. L’échange ne
s’arrête pas là puisque le National, le Toneelhuis et Mons 2015
coproduiront le prochain spectacle de Guy Cassiers autour de
Jef Lambeaux, sculpteur des
Passions Humaines, bas-relief
commandé par Léopold II pour
orner le parc du Cinquantenaire.
Une histoire très belge donc, qui
sera portée par une distribution
mixte, flamande et francophone.
« Avant de travailler avec le
groupe francophone pour choisir
le casting, j’avais les pires
craintes et finalement, j’ai été
soufflé par la qualité de jeu. J’ai
ravalé mes préjugés ! La preuve
Une scène de « Life : Reset » de Fabrice Murgia, spectacle qui se déroule en
que c’est en travaillant ensemble
qu’on apprend à se connaître. »
S’il prend des risques en programmant ces pièces francophones à Anvers, Guy Cassiers
affirme que l’exercice est payant.
Pour le Raoul Collectif, qui débutait le focus cette semaine,
300 personnes ont répondu à
l’appel. « Pour une compagnie
que personne ne connaît en
Flandre, c’est vraiment bien ! Il
ne faut pas sous-estimer la curiosité du public. On a ressenti
une affection certaine entre le
public et les artistes, et on a déjà
décidé de refaire ce focus tous les
ans. »
Nouvelle vague francophone
Si la Flandre daigne à présent
regarder du côté de notre
théâtre, n’est-ce pas aussi parce
qu’un vent favorable le porte aujourd’hui hors de nos murs ?
« Jepense en effet qu’on peut parler d’une nouvelle vague du
théâtre francophone, reconnaît
Guy Cassiers. On entend beaucoup dire que la vague flamande
a eu lieu il y a 15 ans et qu’il faut
maintenant réfléchir à ce qu’on
en fait. Clairement, on trouve
aujourd’hui une part d’oxygène
dans le théâtre francophone. »
Une scène de « Life : Reset » de Fabrice Murgia, spectacle qui se déroule en ce moment sur le site du Toneelhuis. © BART DE MOOR..
que c’est en travaillant ensemble
qu’on apprend à se connaître. »
S’il prend des risques en programmant ces pièces francophones à Anvers, Guy Cassiers
affirme que l’exercice est payant.
Pour le Raoul Collectif, qui débutait le focus cette semaine,
300 personnes ont répondu à
l’appel. « Pour une compagnie
que personne ne connaît en
Flandre, c’est vraiment bien ! Il
ne faut pas sous-estimer la curiosité du public. On a ressenti
une affection certaine entre le
public et les artistes, et on a déjà
décidé de refaire ce focus tous les
ans. »
Nouvelle vague francophone
Si la Flandre daigne à présent
regarder du côté de notre
théâtre, n’est-ce pas aussi parce
qu’un vent favorable le porte aujourd’hui hors de nos murs ?
« Jepense en effet qu’on peut parler d’une nouvelle vague du
théâtre francophone, reconnaît
Guy Cassiers. On entend beaucoup dire que la vague flamande
a eu lieu il y a 15 ans et qu’il faut
maintenant réfléchir à ce qu’on
en fait. Clairement, on trouve
aujourd’hui une part d’oxygène
dans le théâtre francophone. »
Jean-Louis Colinet, directeur
du National, ne peut qu’abonder
dans son sens : « Il y a incontestablement une vague de jeunes
créateurs belges francophones
qui émerge. Attention : dire cela,
ce n’est pas dire que les générations précédentes n’étaient pas
talentueuses, c’est seulement
pointer une plus évidente volonté
des structures théâtrales de
mieux accompagner des expériences émergentes. On a beau
avoir des gens de talent, s’ils ne
sont pas suivis, accueillis, soutenus financièrement et logistiquement, ça ne sert à rien. »
Les indices en tout cas sont au
vert : Fabrice Murgia sera cet été
dans le In du Festival d’Avignon ;
Kiss and Cry de Jaco Van Dormael et Michèle Anne De Mey
tourne dans le monde entier ; le
directeur du KVS se fendait la
saison dernière d’une tribune
dans les journaux flamands sur
l’épatant sursaut de notre scène
francophone. Si ce n’est pas une
petite révolution, ça y ressemble. ■
CATHERINE MAKEREEL
Cendrillon le 8 mars et Life : Reset les 11 et
12 mars au Toneelhuis, 18 Komedieplaats, Anvers. www.toneelhuis.be
Jean-Louis Colinet, directeur
du National, ne peut qu’abonder
dans son sens : « Il y a incontestablement une vague de jeunes
créateurs belges francophones
qui émerge. Attention : dire cela,
ce n’est pas dire que les générations précédentes n’étaient pas
talentueuses, c’est seulement
pointer une plus évidente volonté
des structures théâtrales de
mieux accompagner des expériences émergentes. On a beau
avoir des gens de talent, s’ils ne
sont pas suivis, accueillis, soutenus financièrement et logistiquement, ça ne sert à rien. »
Les indices en tout cas sont au
vert : Fabrice Murgia sera cet été
dans le In du Festival d’Avignon ;
Kiss and Cry de Jaco Van Dormael et Michèle Anne De Mey
tourne dans le monde entier ; le
directeur du KVS se fendait la
saison dernière d’une tribune
dans les journaux flamands sur
l’épatant sursaut de notre scène
francophone. Si ce n’est pas une
petite révolution, ça y ressemble. ■
CATHERINE MAKEREEL
Cendrillon le 8 mars et Life : Reset les 11 et
12 mars au Toneelhuis, 18 Komedieplaats, Anvers. www.toneelhuis.be
Willkommen Bienvenue Welkom :
le festival de la cohabitation
ANDRE
DUSSOLLIER
l’inverse des mouvementsUne
flamands
des Montaigu
walnuitet pour
sauver
A
nationalistes qui hantent lons, alors que des metteurs en
les perspectives électorales, la
scènede
flamands
comme Raven
Paris
la destruction
culture revendique de plus en
plus de métissage entre les communautés. Rien qu’en théâtre,
les passerelles se multiplient : on
connaît depuis longtemps la
Toernee General entre le KVS et
le National, s’échangeant joyeusement leur programmation.
Mais on peut citer aussi le focus
flamand du PBA de Charleroi,
les échanges entre le Nona à Malines et l’Ancre à Charleroi, ou
encore le spectacle Roméo et
Juliette d’Yves Beaunesne qui,
cette saison, réunissait une distribution mixte avec des Capulet
Rüell mettent la main à la pâte
de projets liégeois.
En juin, au Théâtre de la Vie
Dernière initiative en date, le
Willkommen Bienvenue Welkom Festival qui aura lieu en
juin au Théâtre de la Vie et qui
regroupera des équipes flamandes, germanophones et
francophones autour d’un même
projet.
Le but du jeu : pendre un texte
commun, le diviser en cinq chapitres dédiés à cinq équipes
(deux flamandes, une germano-
NIELS
ARESTRUP
phone, deux francophones),
avant d’en proposer un spectacle
collectif, après quelques semaines de cohabitation artistique.
Cette année, c’est un texte de
Paul Pourveur qui sera malaxé
par des artistes comme Isabelle
Wery, Pierre Sartenaer, Line
Lehro ou encore Julie Van der
Schaff. La démarche du Collectif
Alors et de la Cie Les Etrangers
vise à confronter les recherches
et les pratiques entre communautés pour dépasser les chapelles identitaires. ■
C. Ma.
www.theatredelavie.be