la transmission de pensée
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La transmission de pensée K. KEPHREN LA TRANSMISSION DE PENSÉE Si nous devions rejeter tout ce que nous ne pouvons expliquer, il resterait bien peu de chose en vérité, et encore, resterait-il quelque chose ? GREGORY © www.club-positif.com, 2005, pour la présente édition 1 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Table des matières K. KEPHREN.......................................................................................1 PRÉFACE ...................................................................5 EXPÉRIENCE I ................................................................................12 EXPÉRIENCE II.......................................................14 EXPÉRIENCE III .............................................................................18 EXPÉRIENCE IV .....................................................19 EXPÉRIENCE V ...............................................................................21 EXPÉRIENCE VI .....................................................22 EXPÉRIENCE VII ............................................................................22 EXPÉRIENCE VIII ..................................................23 EXPÉRIENCE IX..............................................................................23 EXPÉRIENCE X ......................................................26 EXPÉRIENCE XI .....................................................27 EXPÉRIENCE XII ...................................................28 EXPÉRIENCE XIII...........................................................................29 EXPÉRIENCE XIV..................................................37 EXPÉRIENCE XVI ..................................................38 EXPÉRIENCE XVII..........................................................................39 EXPÉRIENCE XVIII ...............................................39 EXPÉRIENCE XIX..................................................40 ANALYSE GÉNÉRALE DES EXPÉRIENCES .......................................................42 Sur les différentes manières de transmettre une pensée ................................................................42 Précautions à prendre pour la vérification des expériences.......................................................42 2 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Sur les conditions de température convenant aux expériences.......................................................43 Choix des opérateurs et des sujets.................44 Sur l'état de santé des sujets .............................44 Sur la variabilité des succès ...............................45 De la déperdition nerveuse entraînée par les expériences ...............................................................48 Rapport entre le sujet et l'opérateur................51 Sur l'extériorisation et la réceptivité nerveuses ...................................................................52 Sur la façon de penser..........................................57 Sur l'extériorisation propre à chaque personne .....................................................................60 Rapport entre le caractère et le rayonnement vital ................................................................................61 Rapport entre le tempérament et le rayonnement vital ....................................................62 Façon psychique de chaque personne de se manifester ...................................................................62 Sur la coloration du fluide ....................................63 Phénomènes inattendus se produisant au cours des expériences ..........................................64 CONCLUSIONS ................................................................................65 Existence du rayonnement vital ........................65 Le sensitif....................................................................65 Le non-sensitif ..........................................................69 Action curative du rayonnement nerveux sur l'organisme qui le produit .....................................70 La transmission de pensée est un phénomène constant .............................................86 Inconscient et conscient .......................................89 Rôle de l'inconscient dans la vie instinctive 92 Rôle de l'inconscient dans la vie sentimentale ..............................................................98 Rôle de l’inconscient dans la vie intellectuelle .......................................................................................101 Rôle de l'inconscient chez l'enfant et chez le vieillard .......................................................................103 3 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Rôle de l'inconscient chez la femme et chez l'homme .....................................................................105 Rôle de l'inconscient dans l'activité de l'artiste et du scientifique....................................107 Sur le rôle à laisser à l'inconscient dans les méthodes de travail ..............................................117 Inconscient et morale ..........................................123 Inconscient et éducation ....................................129 Inconscient et libre arbitre .................................134 CONCLUSION............................................137 4 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée PRÉFACE La transmission de la pensée sans parole et sans signe visible, comme beaucoup d'autres phénomènes psychiques, n'est pas encore entrée dans le domaine réservé de la science. La plupart des gens cultivés ou non, en parlent avec un sourire moqueur et traitent avec pitié ceux qui font mine d'y ajouter foi. Aussi peu nombreux sont ceux qui ont le courage d'avouer qu'ils croient à sa possibilité, et, rares, ceux qui osent affirmer hautement qu'ils sont convaincus de sa réalité. Cependant, en un siècle où, journellement, on reçoit, par télégraphie sans fil, des messages venus de l'autre côté de la terre et où l'on soigne les malades à l'aide de rayons que les yeux ne peuvent voir, mais qui traversent les corps opaques et ont une action puissante sur les tissus, il semble que la télégraphie et la communication volontaire d'une image ou d'un désir, sans contact et même à de grandes distances, devraient apparaître comme les faits les plus naturels qui soient. Pourtant, il n'en est rien. Des docteurs, des savants nient encore que des cerveaux puissent exprimer leurs pensées à d'autres cerveaux sans l'aide de l’ouïe ou de la vue ; ils nient encore que les êtres possèdent le pouvoir de pénétrer les sentiments et les émotions de ceux qui se trouvent dans leur voisinage immédiat ou sont éloignés d'eux, grâce à des sortes d'antennes nerveuses qui dépassent la surface de leurs corps et sont douées d'une sensibilité particulière. Cette hostilité vient, en partie, de ce que beaucoup de personnes s'imaginent voir, dans ceux qui étudient les phénomènes de transmission de pensée, des occultistes, des théosophes ou des spirites plus ou moins déguisés. C'est là une erreur qu'il convient de rectifier. Il n'est nullement besoin, pour concevoir comme possible ou pour expliquer les rapports invisibles qui s'établissent constamment entre les humains, de faire intervenir des influences 5 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée extraordinaires, des entités étranges ou les caprices des trépassés. L'action des parties les plus électriques, si je puis m'exprimer ainsi, de notre organisme y suffit. Et les défenseurs des échanges subtils d'esprit à esprit ne désirent qu'une chose : c'est de leur voir prendre la place qui leur revient dans l'armée des faits courants, contrôlables et contrôlés. Un des grands arguments employés contre l'existence de la transmission de la pensée sans signes et sans paroles et d'un lieu à un autre, est qu'aucune théorie satisfaisante n'a encore pu l'expliquer. Un tel raisonnement ne saurait suffire à faire nier d'emblée et sans enquête sa réalité ; car tous les phénomènes, sans exception, ont été découverts avant la loi qui les régissait. Les humains ont connu l'obscurité, le vent, les éclipses, avant d'avoir pu en déterminer les causes et les effets. Mais cette ignorance n'empêchait pas l'obscurité, le vent et les éclipses d'être pour eux des sources de sensations et d'impressions dont ils ne pouvaient mettre en doute la force et la précision. Tous les hommes, sauf un nombre infime d'aveugles, voient la clarté du jour : c'est pourquoi l'humanité entière s'est mise d'accord pour proclamer la splendeur de la lumière. Dans le domaine des relations psychiques, au contraire, la plupart sont aveugles et quelques-uns seulement ont reçu de la nature le don de la sensibilité. Il résulte, de cette disproportion entre les sensitifs et les nonsensitifs, la lutte implacable qui dure depuis des siècles entre ceux qui croient à l'existence du rayonnement vital parce qu'ils le perçoivent avec la même netteté que ceux qui ont des yeux normaux perçoivent les rayons du soleil, et ceux qui n'y croient pas parce que leurs sens psychiques sont trop peu affinés pour leur permettre de prendre conscience des courants impondérables qui s'échappent d'eux ou qui leur viennent de l'extérieur. Ce combat sans issue, entre ceux qui sentent et croient et ceux qui ne sentent pas et nient, ne pourra prendre fin que le jour où des instruments pourront enregistrer, à n'importe 6 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée quel moment du temps, les émissions cérébrales ou astrales des individus. Jusque-là il en sera toujours qui crieront : « Admirez l'éclat de l'astre du jour », tandis que d'autres leur répondront : « De quel astre étincelant nous parlez-vous donc ? Il n'est autour de nous que ténèbres et que nuit. » L'objection la plus fréquente des incrédules, et ils sont nombreux contre la réalité des phénomènes, est qu'ils sont trop extraordinaires pour qu'on y croie sur la foi d'autrui, et chacun déclare qu'il ne peut les admettre sans les avoir constatés « de visu proprio ». Mais comprendre ainsi une science de faits, c'est condamner ceux qui l'étudient au même travail que celui du tombeau des Danaïdes ou de la toile de Pénélope : quand les faits seront-ils acquis si c'est toujours à recommencer ? (1) Ces réflexions de M. Gasc Desfossés sont l'expression même de ma pensée. En effet, combien de connaissances ne nous inculque-t-on pas, en chimie, en physique, en astronomie, auxquelles nous croyons spontanément, sans jamais songer à en vérifier ou à en constater, de nos yeux, la réalité. Mais, dès que l'on parle de transmission de pensée sans l'aide de mots ou de gestes, tout change. Les visages se tendent avec hostilité, des sourires de dédain ou de pitié courent sur les lèvres, et tous les raisonnements, toutes les affirmations de ceux qui, longuement et patiemment ont expérimenté, se heurtent à une obstination pour le moins injustifiée et extraordinaire. Nombreux sont ceux pourtant sans – des anciens sur lesquels nous n'avons que des renseignements imprécis – qui, après de laborieuses et persévérantes observations, sont arrivés à se convaincre que des relations invisibles permanentes existent entre les humains, et ont acquis la certitude que la sensibilité ne s'arrête pas aux limites du corps, qu'elle le dépasse, se répand alentour et peut s'étendre à toute l'atmosphère terrestre. Mais il semble que, dans ce domaine, tous les efforts du passé soient vaine et que, comme le disait le texte cité plus haut, il faille toujours tout recommencer. 7 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Ce n'est pourtant pas que les ouvrages de ceux qui ont étudié ces questions et les ont résolues par l'affirmative manquent d'esprit de prudence, de méthode et d'impartialité. Ceux qui se sont donnés la peine de les lire ont pu s'en apercevoir. Car si l'on rencontre l'exaltation, la violence et l'absence de raisonnement c'est, presque toujours, dans les pages des négateurs des phénomènes psychiques qui prennent trop souvent le dédain, la moquerie ou les affirmations méprisantes pour des arguments. Et ce n'est pas parce qu'ils écrivent : Que la question de la lecture de pensée, de la lucidité, de la double vue est jugée et jugée définitivement (2). Qu'elle l'est en effet. Aucun argument péremptoire n'a encore été émis contre la transmission impondérable de la pensée, si aucune théorie péremptoire n'est encore venue l'étayer. D'ailleurs quel est le savant qui oserait affirmer qu'un problème scientifique est résolu définitivement. Depuis que le monde est monde, nous ne voyons en œuvre que les cinq sens, et notre sensibilité est suffisamment armée par ce luxe d'organes récepteurs pour que nous n'ayons aucune raison de supposer un sixième sens ou d'autres encore, établissant de mystérieuses relations fluidiques (3). À ceci, il est facile d'objecter que, depuis que le monde est monde, les hommes – sentant l'insuffisance de leur cinq sens pour expliquer certaines de leurs impressions ou de leurs sensations qui, à l'évidence, n'en dépendaient pas – ont, au contraire, supposé l'existence d'un sixième. Sans doute est-ce cette perception plus ou moins confuse qu'ils avaient des énergies invisibles de l'Univers qui les a conduits à imaginer l'existence des dieux : sans elle, les religions auraient été vouées à la mort dès leur berceau. Qu'est-ce que le sens mystique, sinon ce sens qui, par des voies encore inexpliquées, perçoit au-delà de la matière une cité moins tangible, moins visible que celle dans laquelle le corps voit se dérouler son éphémère existence. 8 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Toutes les religions, et surtout les plus anciennes – comme si, en vieillissant, l'Humanité perdait peu à peu la sûreté de son instinct – ont mis au premier plan les activités insaisissables du monde, prêchant le silence, la méditation et l'isolement qui sont, en effet, les conditions essentielles pouvant permettre aux énergies nerveuses de s'évader de leur prison tangible, de communiquer avec les courants psychiques des autres hommes et de prendre contact avec l'essence des choses. Car, depuis les premiers âges, les vivants ont porté en eux la certitude qu'il était des fluides qui les entouraient, les traversaient, ne cessaient d'emplir l'espace et d'y exercer leur influence. Et c'est parce que cette certitude repose sur des faits réels que les affirmations méprisantes où les raisonnements simplistes de quelques négateurs qui, pour la plupart ont peu ou pas expérimenté, ne parviennent pas à l'ébranler. Mais, pendant que les esprits qui se croient forts écrasent de leur dédain ceux qu'ils considèrent comme des victimes de leur crédulité, des chercheurs continuent patiemment à creuser le sillon d'un long et modeste labeur. Et c'est à la suite de ces travailleurs, de ces conquérants de la vérité que, délibérément et sans crainte des moqueries ou des sarcasmes, je viens aujourd'hui me placer. Cet ouvrage n'a d'autre but que d'apporter une modeste pierre à l'édifice qui, en dépit des sceptiques, se construit lentement au cours des siècles ; car tous ces pouvoirs, toutes ces énergies, encore mal étudiés, mal définis, que nous portons en nous, appartiendront sans nul doute à la science de l'avenir. Deux années de patientes recherches et d'expériences assidues, conduites avec méthode et dans l'unique but de me rendre compte si, oui ou non, il existait en nous un rayonnement pouvant dépasser notre forme matérielle, sentir et agir en dehors d'elle, m'ont convaincue qu'il existait en effet. C'est cette conviction que je veux exprimer ici, non pour la communiquer à d'autres, car, je le sais, c'est impossible, et le doute persiste toujours là où l'on n'a pas, soi-même, expérimenté, mais pour apporter des faits à ceux 9 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée qui tentent d'expliquer par des théories les phénomènes psychiques, ce que mes connaissances personnelles ne me permettent pas de faire. C'est du grand nombre de documents fournis par ceux qui, sincèrement et sans parti pris de négation ou d'affirmation, cherchent à forcer le mystère dans son repaire et tentent de lui arracher quelques-uns de ses secrets que naît un jour la vérité qui s'impose à tous. Ceux qui penseraient trouver dans les pages qui vont suivre, non du merveilleux – car tout est merveilleux, depuis la germination d'une graine jusqu'au fonctionnement de la plus quelconque de nos cellules – mais du surnaturel, feront mieux de cesser à l'instant leur lecture. Mais que ceux qui travaillent et luttent pour la science les lisent. Ils y trouveront, je l'espère, des suggestions utiles. Et, peut-être entreverront-ils, grâce à elles, la possibilité de faire mieux et d'aller plus avant dans la contrée encore un peu voilée mais au sol ferme et dur dans laquelle j'ai aventuré mes pas. 10 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée PREMIÈRE PARTIE Les personnes qui ont participé aux expériences Le mieux que je puisse faire maintenant est de vous présenter les personnes qui ont pris part aux expériences que je vais relater. 1° E... – Santé vigoureuse. Vie intérieure mobile et nuancée, mais parfaitement disciplinée par un esprit pondéré, positif et clair en tout ce qui concerne les choses de l'intelligence. Très sensible au rayonnement psychique. Est à la fois très bon opérateur et très bon sujet ; 2° M. L... – Hérédité nerveuse. A souvent, en causant, de véritables absences. Malgré cela grand sens positif et organisme vigoureux. Elle a un très fort rayonnement et s'extériorise beaucoup, ce qui fait d'elle un excellent opérateur ; 3° H... – Très nerveuse mais peu influençable. Elle s'extériorise facilement, est un bon opérateur mais un sujet moyen ; 4° M... – Tempérament apathique. A souvent une impression de dispersion de sa personnalité dans l'espace. Vive imagination. Très suggestible. Elle peut être endormie facilement. Est un opérateur médiocre mais un assez bon sujet ; 5° G... – Tempérament extraordinairement calme. Est au-dessous de la moyenne comme puissance vitale. N'a aucune imagination. Elle ne connaît des phénomènes psychiques que ce que je lui en ai dit, et les trouve aussi naturels que la lumière ou le vent. Est mauvais opérateur mais bon sujet ; 6° B... – Bonne santé. Grande sensibilité psychique. Grand sens critique ; elle s'analyse parfaitement bien. 11 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Rayonnement nerveux moyen mais très égal. Elle est bon sujet et opérateur moyen dans les expériences à échéance immédiate. Au contraire, dans les essais de longue durée, elle a une forte activité invisible ; 7° Moi. – Bonne santé. Extrêmement mobile dans le domaine des sensations et des sentiments, mais très pondérée et très logique dans celui de l'intelligence. Je crois savoir bien m'analyser, pratiquant sur moi-même, depuis des années, l'auto-observation. Je suis un opérateur et un sujet très inégal suivant les jours. EXPÉRIENCE I Ordonner mentalement le sujet en plaçant les mains sur ses omoplates Mon premier essai fut celui, classique, d'attirer à moi le sujet en plaçant les mains sur ses omoplates. Cela est facile et réussit en général vite et bien, même avec des sensitifs moyens. Mais en raison de son uniformité cette expérience présente peu d'intérêt. Aussi, dès le début de mes études psychiques, l'ai-je compliquée en ordonnant mentalement au sujet de tomber, soit en avant, soit à gauche ou à droite. Au bout de peu de jours le sujet sentait de façon presque immédiate et absolument claire l'ordre que cherchait à lui transmettre l'opérateur. Les résultats obtenus étaient excellents. J'avais, d'une part, la certitude de ne manifester ma volonté à mon sujet par aucun tressaillement de mes doigts ; d'autre part la progression continue de la sensibilité du sujet dans la perception de la pensée qui lui était communiquée m'incitait à croire que, s'il n'avait perçu le mouvement voulu par l'opérateur que par des indications musculaires, il en aurait saisi la direction aussitôt, ce mode de sensation lui étant familier. 12 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Quelques doutes Cependant des doutes me restaient quant à la possibilité de transmission d'un désir par seule voie nerveuse ; car des mouvements imperceptibles peuvent se produire dans les membres de l'opérateur sans qu'il s'en aperçoive, et la sensibilité cutanée du sujet peut se développer et devenir plus consciente d'influences légères qui viennent l'affecter. Dans de telles conditions il m'était impossible de vérifier si un rayonnement quelconque jouait un rôle dans les expériences que je renais de tenter. Aussi décidai-je de les reprendre, sans contact. Ordonner mentalement le sujet en plaçant les mains à quelques centimètres de ses omoplates Le sujet devait se tenir debout, passif, les yeux clos, tandis que l'opérateur, les mains à une vingtaine de centimètres de ses omoplates, faisait le geste de le repousser, de l'attirer ou de l'entraîner à droite ou à gauche. Les premiers essais de ce genre donnèrent des résultats irréguliers. Le sujet sentait nettement le rayonnement des mains de l'opérateur, mais ne parvenait qu'avec assez de peine à sentir la direction qu'il cherchait à lui imprimer. Cependant, après une ou deux semaines d'entraînement journalier, le sujet obéissait à la volonté de l'opérateur, ainsi transmise, à peu près aussi exactement que lorsqu'elle lui était communiquée par le contact de ses paumes contre son dos. Espace augmenté entre l'opérateur et le sujet Ce résultat était extrêmement intéressant, mais je voulus le parfaire encore, et j'augmentai l'espace qui séparait le sujet de l'opérateur, cela jusqu'à une distance de plusieurs mètres. Au bout de quelques jours d'efforts l'ordre était 13 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée perçu aussi exactement que précédemment. Enfin, cessant de tendre les mains dans la direction du sujet, l'opérateur pensa seulement à l'influencer par son rayonnement invisible, et, avec une proportion de réussites légèrement moindre, les mêmes effets qu'auparavant se produisirent. Note. – Un jour, me préparant à attirer ma sœur qui était debout, passive et les yeux clos devant moi et me tournant le dos, j'eus soudain l'idée de jouer du piano sur elle et fit, dans l'air le geste de faire courir les doigts sur un clavier. Elle s'écria aussitôt avec étonnement : « Que fais-tu donc, il me semble que tu joues du piano sur mon dos, je sens tes doigts se mouvoir sur moi comme si j'étais un clavier. » Cette expérience non prévue a une plus grande valeur de démonstration que les autres, car, alors, l'attention expectante du sujet ne pouvait jouer aucun rôle. EXPÉRIENCE II Ordonner mentalement le sujet en plaçant la main sur une de ses épaules puis à quelques centimètres Ma seconde expérience consista à poser la main sur une des épaules du sujet et à le conduire, sans aucun mouvement volontaire, jusqu'à un des sièges de la pièce. Au bout de peu de jours, la réussissant parfaitement, je réduisis le contact de l'opérateur avec le sujet à un seul doigt ; puis cet effleurement fut supprimé, la main placée à quelques centimètres de l'épaule, et, enfin, l'ordre fut transmis par la seule volonté qu'avait l'opérateur de se rendre psychiquement auprès du sujet et de le conduire par l'épaule, avec sa propre main invisible jusqu'au point de la chambre choisi par lui. Au bout de quelques semaines d'entraînement le sujet obéissait correctement aux suggestions ainsi faites. Le mieux, pour donner au lecteur une impression exacte de la 14 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée marche et des résultats de mes expériences, est de les relater telles qu'elles sont inscrites sur mes fiches. Guider mentalement le sujet vers un siège choisi Je copie donc : Fiche, mars 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet. 1er essai. – Résultat exact. 2e – – – 3e – – – 4e – – – 5e – – E... se dirige d'abord vers le siège auquel je pense, puis s'assoit à côté. Je lui déclare qu'elle s'est trompée. Elle se remet au milieu de la pièce et, cette fois, va s'asseoir directement sur le siège voulu. 6e – – Résultat exact. 7e – – – 8e – – – 9e – – – Fiche, 28 mars 1917. – M. L..., opérateur ; E..., sujet (La pièce où nous sommes contient 7 sièges.) M. L... pense mentalement à faire asseoir E... sur un des sièges de la pièce. E... réussit aisément toutes les expériences. Elle sent comme une main dont les doigts s'impriment sur son dos et son épaule et la guident vers le siège choisi. Fiche, 27 mars 1917. – M. L..., opérateur ; Moi, sujet Cinq fois de suite M. L... pense mentalement me conduire vers un siège. J'y vais sans hésiter. Je la sens très fortement. 15 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Fiche. 27 mars 1917. – H..., opérateur ; Moi, sujet. H..., la main à 10 centimètres environ de mon épaule, me conduit aisément où elle veut. Même expérience avec les mains de H... à 10 centimètres environ de mes omoplates. Je sens son rayonnement mais ne peut percevoir où il me conduit. D'ailleurs H... avoue qu'elle ne peut concentrer sa pensée. Lorsque des personnes qui ne participent pas à l'expérience arrivent Fiche, 28 mars 1917. – M. L..., opérateur ; E... et moi, sujets. M. L... pense à nous conduire toutes deux sur le même siège, puis sur des sièges différents ; 8 essais successifs réussissent parfaitement. Note. – Deux personnes entrent dans la chambre où nous expérimentons. Dès ce moment nous ne pouvons plus du tout sentir M. L... Résultats parfaits Fiche, 31 mars 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet. Plusieurs tentatives faites pour conduire E... à un siège donné réussissent parfaitement. Fiche, 1er avril 1917. – Moi, opérateur ; E... sujet. Plusieurs essais faits pour faire asseoir E... sur des sièges donnés donnent des résultats parfaits. Cette sèche citation de notes peut paraître fastidieuse. Cependant je l'ai crue nécessaire pour montrer que les essais de transmission par seule concentration mentale donnaient, après entraînement, des résultats sensiblement égaux à ceux que donnent ceux que l'on fait avec contact. 16 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Cette même expérience de conduire mentalement le sujet à un siège donné à été tentée encore : d'abord d'une chambre à l'autre, ce qui a donné des résultats identiques à ceux obtenus lorsque l'opérateur et le sujet se trouvaient dans la même pièce, et ensuite l'opérateur étant distant du sujet de 1 kilomètre environ. Je copie mes notes y ayant trait. Ordonner mentalement et à distance à une heure convenue Fiche, 31 mars 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet. (Dans la chambre 7 sièges, dont un très grand sofa.) Étant à la maison je concentrai ma pensée, à l'heure convenue entre nous, pour conduire E... jusqu'au sofa et la faire s'asseoir au milieu. Contrôle. – À l'heure indiquée E... se met debout au milieu du bureau, ferme les yeux et reste passive. Au début elle sent assez mal ; puis, tout à coup, elle sent mes mains se poser sur ses épaules et la tirer vers le sofa. Plusieurs fois elle se remet au milieu de la chambre et, chaque fois, elle se sent tirée fortement vers le sofa. À peine assise elle sent que je l'enfonce sur ce siège avec mes mains fluidiques. Et, toujours, elle s'assied au centre du sofa, ce qui est mon désir. Expérience avec une personne sans entraînement Fiche, avril 1917. – M. L..., opérateur ; Moi, sujet. À l'heure convenue M. L... pense, d'abord, à me faire asseoir sur le sofa, ensuite sur un fauteuil, et enfin à me faire prendre un livre sur la table et à le poser à terre. Ce dernier acte n'était nullement prévu, vu que nous n'avions encore jamais fait d'essais de ce genre. Contrôle. – À l'heure indiquée je me mets debout, en état passif au milieu du bureau. 17 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée 1° Je fais d'abord un tour dans la chambre et vais m'asseoir sur le sofa ; 2° 6 fois de suite, je me remets au milieu de la pièce et retourne sur le sofa ; 3° Je me dirige vers le fauteuil pensé, je m'y arrête mais sans m'y asseoir ; 4° Je suis ensuite attirée vers la table, puis ne perçois plus rien de précis. Comme on peut le voir, cette dernière expérience tentée avec une personne sans entraînement, a donné des résultats flous, mais non, à proprement parler, incorrects. M. L... voulait me faire asseoir sur le sofa, je l'ai fait ; elle voulait me conduire sur un fauteuil, ce que je n'ai pas entièrement accompli puisque tout en m'étant rendue auprès de lui je ne m'y suis point assise ; et enfin si je n'ai pas pris de livre sur la table pour le poser à terre comme elle le désirait, du moins ai-je partiellement obéi à sa volonté, puisque je suis allée jusqu'à la table. Aussi, pour si imparfaite qu'elle ait été, cette expérience n'en est-elle pas moins instructive en ce qui concerne la transmission de pensée à distance. EXPÉRIENCE III Conduire mentalement le sujet vers une place précise L'opérateur se mettait dans un endroit quelconque de la pièce, immobile et muet. Le sujet, debout, passif et les yeux clos, au milieu de la chambre, devait se laisser conduire vers la place où il se sentait attiré. Remarque : Cette expérience n'est pas concluante quant à la transmission de pensée par voie impondérable, parce qu'on peut toujours invoquer qu'un craquement imperceptible du plancher ou le murmure de la respiration 18 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée ou tel autre bruit léger peut guider le sujet dans sa recherche. Cependant, ayant été moi-même sujet fort souvent dans ce genre d'expériences, je puis certifier que lorsque je me rendais vers l'opérateur je n'étais pas du tout guidée par des bruits (car lorsque je percevais le moindre heurt, le moindre frémissement ou le moindre souffle j'arrêtais aussitôt l'expérience), mais parce que je sentais dans l'espace une sorte de courant, ténu mais perceptible à ma force nerveuse attentive, qui venait à moi et m'attirait vers le point de la salle où se trouvait celui ou celle dont la volonté m'influençait. EXPÉRIENCE IV Suggérer mentalement au sujet un acte quelconque Les mains sur les omoplates du sujet, l'opérateur devait suggérer à ce dernier un acte quelconque : prendre un livre, l'ouvrir et le mettre sur un autre meuble, jouer du piano, se mettre à la fenêtre, etc. Au bout de quelques jours les résultats obtenus étaient immédiats et parfaits. Je reproduisis ensuite ces mêmes expériences par la seule concentration de pensée. Pour donner une idée de nos résultats par ce dernier procédé, je copie le texte de quelques-unes des fiches que j'ai sous les yeux. Fiche, 26 mars 1917. – M. L..., opérateur ; E... et moi, tour à tour sujet. M. L... assise dans un coin de la pièce nous suggère mentalement des actes à accomplir. E... et moi, recevons les suggestions, debout, passives et les yeux clos. Sur trente essais successifs, un seul échec. Ces mêmes expériences reprises, l'opérateur étant dans une chambre et le sujet dans l'autre donnent des résultats aussi excellents. 19 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Note. – M. L... a une puissante extériorisation et est un opérateur de premier ordre. Fiche, 27 mars 1917. – M. L..., opérateur ; Moi, sujet. M. L... me commande mentalement des actes et des gestes. Je la sens très bien et tous nos essais ont un plein succès. Fiche, 7 janvier 1928. – B..., opérateur ; R... (4 ans), sujet. B... assise pense à ce qu'elle veut suggérer à R... R... est passif, les yeux fermés, debout au milieu de la chambre. (Ce jeu l'amuse beaucoup.) 1° B... veut que R... aille s'asseoir sur un coussin ; Après quelques instants d'hésitation R... accomplit cet acte. 2° B... veut que R... ouvre la porte de l'alcôve ; R... va vers la porte de l’alcôve et ouvre celle qui est à côté. 3o B... veut que B... aille prendre le pierrot qui est sur le divan ; À peine B... a-t-elle pensé que H... lui déclare ce qu'elle attend de lui et le fait. 4° B... veut que R... se rende près du mannequin ; R... le fait aussitôt. 5° B... veut que R... prenne le R... le fait aussitôt. pot de fleurs qui est sur la table ; 20 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée 6° B... veut que H... prenne un vase en argent qui est sur une table et le lui donne ; R... déclare qu'il doit prendre un objet (hésitation)... un vase... et ne sent pas davantage. B... voyant que R... est fatigué arrête là les expériences. EXPÉRIENCE V Découvrir le chiffre pensé par l'opérateur L'opérateur devait mettre le doigt de la main droite sur l'épaule du sujet en pensant à un chiffre que ce dernier devait découvrir. Les premiers essais donnèrent des résultats irréguliers. Mais après quelques jours d'entraînement, le sujet disait sans hésitation le chiffre pensé par l'opérateur. L'expérience fut faite ensuite sans contact, par la seule fixation du regard de l'opérateur entre les omoplates du sujet. Les succès ainsi obtenus furent des plus intéressants. Fiche, 1917. – Moi, opérateur ; A... et H..., sujets. A... et H... sont debout devant moi, l'un à 5 mètres et l'autre à 10 mètres de moi. Ils sont tournés dans le même sens que moi. Je fixe les omoplates de celui qui est le plus près de moi et pense à leur communiquer à tous deux le chiffre 3. Au bout de 3 à 4 secondes environ, tous deux dessinent correctement un 3 avec leurs dos, mais l'un le trace dans le bon sens et l'autre à l'envers. Tous deux déclarent sans hésiter, que je pense à un 3. 21 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Note. – Ni l'un ni l'autre n'ont jamais fait aucune expérience. EXPÉRIENCE VI Décrire la nature et la taille d'un objet sans le voir Un objet étant placé par l'opérateur à 10 centimètres environ du dos du sujet, ce dernier, debout, passif et les yeux clos, devait décrire la nature et la taille de cet objet. Mais cette expérience nous semblant devoir nécessiter un très long entraînement, nous ne l'avons pas poursuivie. EXPÉRIENCE VII Trouver ce que l'opérateur est en train de penser Ayant les mains sur les omoplates du sujet, l'opérateur pensait à un objet ou à un animal ; le sujet devait dire lequel. Voici quelques notes prises pendant la durée de ce genre d'expérience. Fiche, 13 avril 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet. Côté E Côté Moi 1° Chien C’est un chien 2° Chameau C’est un animal très gros qui marche lourdement, sans doute un éléphant 3° Perroquet C’est un oiseau mais je ne puis dire lequel 4° Chat C’est un chat 5° Cygne C’est un oiseau qui marche lentement, avec un air fier, content de lui 22 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée 6° Cheval Je sens mal et ne peux rien dire E... se sent lasse Remarque. – Les réflexions du sujet sont, bien que souvent incomplètes, extrêmement intéressantes à cause du rapport étroit qui existe entre elles et les qualités ou défauts de l'animal pensé. Ces mêmes expériences faites sans contact entre l'opérateur et le sujet, ont donné des résultats à peu près identiques. EXPÉRIENCE VIII Se mettre psychiquement près du sujet L'opérateur pensait à se mettre psychiquement soit devant, soit derrière ou soit à gauche ou à droite du sujet debout, passif et les yeux clos. Remarque. – Un jour, au cours d'une expérience de ce genre, tentée en société, entre moi et une des personnes présentes, un des assistants, secrètement, tenta, lui aussi de venir fluidiquement auprès de moi. Je déclarai aussitôt, avec étonnement, que j'avais l'impression de sentir contre moi la lutte de deux forces à peu près égales, dont l'une ne parvenait pas à vaincre l'autre. La personne qui avait pensé en cachette avoua alors qu'elle avait aussi voulu envoyer son double invisible auprès de moi, et me témoigna sa stupéfaction que j'aie pu ainsi déceler son dessein. EXPÉRIENCE IX Décrire un parcours pensé par l'opérateur L'opérateur, les mains sur les omoplates du sujet, suivait dans sa pensée un parcours que devait décrire, à 23 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée mesure, le sujet. Au bout de peu de jours cette expérience était parfaitement réussie. Elle fut alors reprise, sans contact, l'opérateur se tenant debout derrière le sujet ou restant simplement assis. Les résultats ainsi obtenus furent, h peu de chose près, aussi précis que les précédents. Je copie quelques fiches concernant ce genre de transmission. Fiche, 12 avril 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet (Aucun contact). Réponse exacte. 1° Je pense à sortir de la chambre, où nous nous trouvons et à aller m'asseoir dans un fauteuil de la salle à manger ; Réponse exacte. 2° Je pense à sortir de la chambre, à ouvrir la porte de l'appartement, à descendre l'escalier et à m'arrêter à la porte d'allée ; 3° Je pense à ouvrir un placard déterminé (à la maison il y en a 34), à prendre mon chapeau, à le mettre devant la glace, à ouvrir le tiroir d'en haut de la commode, à le refermer, à sortir, à aller sur le cours Morand en prenant l'avenue, à monter chez H. H... et à m'étendre sur son E... suit exactement à mesure tout le trajet que je suis dans ma pensée, de même qu'elle me décrit avec précision tous les actes qui ont précédé ma sortie. 24 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée sofa ; 4° Je pense à prendre mon E... suit exactement le trajet chapeau dans le placard, à que parcourt ma pensée. le mettre, à sortir, à suivre le cours Morand, puis la place Morand, à m'engager sur le quai, à traverser le pont du Collège, à suivre la rue de la République, la rue des archers et à aller chez J... ; E... sent parfaitement ma Je pense à m’habiller, à pensée et décrit très bien sortir, à suivre la place Morand, à traverser le pont ces actes successifs. Morand, à passer sous le passage du théâtre, à monter à l’Hôtel de Ville, à entrer au service de C..., à lui serrer la main, à aller au vestiaire et à me mettre à la fenêtre qui donne sur la place. Même expérience, E..., opérateur ; Moi, sujet. 1° E... pense à prendre son manteau, à s’habiller, à sortir, à suivre le cours Morand, puis le cours Vitton, à monter chez R..., puis à sonner et à repartir parce qu’elle ne trouve personne ; Je suis exactement à mesure ce parcours 2° E... pense à sortir, à suivre Je prends la rue Lafont au la place Morand, à traverser lieu de la rue Puits-Gaillot le pont, à arriver à la place pour me rendre au Musée. 25 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée de la Comédie, à s’engager Tout le reste est exact. dans la rue Puits-Gaillot, et à monter au Musée. EXPÉRIENCE X Dire où se trouve l'opérateur sans le voir L'opérateur cherchait à se faire voir au sujet dans un point quelconque de la pièce dans laquelle ils se trouvaient. Fiche, 15 août 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet 1° Je pense à m’appuyer sur E... me sent et me voit faire le dos de E..., puis à exactement ces différentes m’éloigner et à aller actions. m’asseoir sur le sofa jaune ; 2° Je pense à tourner autour d’E..., à passer à sa gauche, à m’y arrêter quelques secondes et à aller vers la porte. E... sent et voit très bien tous ces mouvements. VARIANTE Trouver la personne imaginée par l'opérateur L'opérateur imaginait une personne connue d'elle et du sujet, et se la représentait immobile dans un point de la chambre ou y évoluant. Le sujet devait dire ce qu'il voyait. Fiche, 5 mars 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet (d'abord non prévenue de l’expérience). J'imagine, assis sur un des sièges de la chambre, M. X... que connaît E... Au bout de une à deux minutes E... me déclare avec étonnement qu'elle croit voit M. X.,. sur la chaise où, précisément je me le représentais assis. Je songe 26 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée alors à faire se lever M. X... et à le faire évoluer à travers la chambre. Chacun des mouvements que j'imagine sont décrits avec exactitude par E.... Ça marche aussi avec une personne non entraînée Fiche, mars 1917. Une de nos amies, M... (non entraînée), vient nous voir. Nous tentons avec elle quelques expériences. Nous nous représentons successivement plusieurs personnes de sa connaissance et les imaginons près de nous, sans qu'elle parvienne à rien voir ni à rien sentir. E... la prie alors d'être l'opérateur et de penser elle-même fortement et clairement à quelqu'un, Deux essais tentés réussissent parfaitement. Fiche, 13 mars 1917. H... (non entraînée) pense à une de nos amies communes et la situe à côté d'elle. E... presque aussitôt, dit le nom de la personne à laquelle H... pensait et décrit sa place avec exactitude. Je pense ensuite à M. Z... et l'imagine en un point déterminé de la chambre. H... me dit aussitôt qu'elle voit M. Z... dans l'endroit de la pièce où je l'imaginais. EXPÉRIENCE XI Décrire une personne imaginaire L'opérateur pensait à une personne imaginaire que le sujet devait décrire. Je n'ai fait que deux ou trois expériences de ce genre qui, du reste, ont donné des résultats intéressants. 27 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée EXPÉRIENCE XII Se faire sentir et se faire voir mentalement L'opérateur devait se faire sentir et voir au sujet qui se trouvait dans une pièce voisine. Fiche, 12 août 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet. E... étant dans une salle éloignée de la mienne, je pense que je me rends au lieu où elle se trouve et que je m'assois sur l'un des sièges. 1° Je pense à m'asseoir sur le E... me voit occuper cette place. banc, vers la fenêtre ; 2° Je pense à m'asseoir en face d'E..., vers la porte ; E... me voit à l'endroit pensé. 3° Je m'assois vers la deuxième fenêtre ; E... me voit en cet endroit. 4° Je pense à aller m'accouder sur la table d'E... et à me soulever légèrement pour tendre la tête vers elle. E... m'a vue m'accouder sur la table, mais au lieu de ma tête elle a vu mon bras gauche se pencher vers elle. Fiche, 16 août 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet. E... et moi sommes dans deux bureaux séparés par une vingtaine de mètres. 1° Je pense à m’asseoir sur Des personnes venues juste à la banquette de la pièce ce moment, font oublier à E... dans laquelle se trouve E... ; que nous tentions une expérience. Mais, soudain, 28 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée étant en train de causer, elle lève les yeux vers le siège ou j'imagine me trouver et elle m'aperçoit, avec, sur le visage, une expression de mécontentement qui lui rappelle que je devais venir me manifester à elle. 2° Je pense à m’asseoir sur E... a l'impression de sentir un des sièges mais ne puis mal, et se trompe eu effet. parvenir à concentrer ma pensée ; 3° Je pense à me mettre contre E... et à lui toucher la tête et la figure ; E... me sent devant elle, vers la table. Elle pense que je dois être sur sa tête, car elle y sent des souffles ainsi que sur son visage. EXPÉRIENCE XIII Se faire sentir ou suggérer un acte à distance L'opérateur devait chercher à faire sentir sa présence ou à suggérer un acte au sujet qui était éloigné de lui et ne savait pas qu'il tentait sur lui une expérience. Fiche, 6 août 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet (non prévenue). À 1 kilomètre de distance. À 16 heures moins 20, étant à X..., E... pense pendant 4 minutes qu'elle est devant moi. Elle a d'abord la sensation que je ne la vois pas, puis elle a soudain l'impression que je sens vaguement sa présence. Elle me sent assise. Contrôle, – À ce moment-là je faisais moi-même une 29 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée expérience qui retenait fortement mon attention. À 16 heures moins 20, j'ai eu soudain la sensation d'être gênée pour concentrer ma pensée et de me heurter à une force contraire qui me contraint d'arrêter mon essai. Mais je n'ai pas songé à E... Ordonner mentalement le sujet à regarder l'heure Fiche, 8 août 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet (non prévenue). Dès 9 heures du matin, E... À 10 heures, je pense songe qu'elle fera à 11 heures subitement qu'E... a dû tenter une concentration pour se une expérience. faire sentir à moi qui me trouve à 1 kilomètre de là. À 11 heures moins 10, elle cherche à me faire songer à elle et veut que je regarde l'heure. À 11 heures, je regarde plusieurs fois de suite, sans raison, la pendule. Fiche, 6 mars 1917. – Moi, opérateur ; E sujet (non prévenue). À 9 heures ½, E... sent un sou Variante. – 9 heures ½. Je pense à rendre visible pour E... qui se trouve à 1 kilomètre de là, une personne connue d'elle, désirant qu'elle sente un souffle froid sur son visage et qu'elle regarde l'heure. Se faire sentir à distance Fiche, 21 septembre 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet (non prévenue). À 11 heures moins 20, E... À 11 heures moins 1/4, je 30 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée fait une concentration pour me faire penser à elle. pense tout à coup à E... bien que mes pensées soient dirigées dans un tout autre sens. Elle éprouve la sensation de Mon cerveau semble se vider réussir et s’arrête de penser à et je ne puis m'empêcher de 11 heures moins 10. la voir devant moi. Au bout de quelques moments je ne sens plus aucune influence. Fiche, septembre 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet (non prévenue). À une heure déterminée, E... cherche à se faire sentir à moi qui suis en un autre point de la ville. À l'heure de sa concentration je suis en train de chercher un mot sur le dictionnaire. J'ai d'abord l’impression d'un vague malaise, la sensation de ne plus pouvoir fixer mon attention sur ce que je fais. Finalement j'éprouve une forte certitude de présence et, tout à coup, je vois E... à mon côté. Je note l'heure qui, après vérification, concorde exactement avec celle de son expérience. Lorsque la concentration n'est pas totale Fiche, 18 septembre 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet (non prévenue). Je n’ai rien senti, étant À 12 heures moins 25, E... occupée à causer avec essaye de me faire penser à elle. Mais elle a de la peine à plusieurs personnes. concentrer sa pensée et croit que je suis occupée. 31 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée À 12 heures 20, elle s'arrête de songer à moi. Toucher le front du sujet à distance Fiche, 1925. – Moi, opérateur ; B..., sujet (non prévenue). À 1 kilomètre de distance environ. 1° Un soir, avant de me coucher, je pense à concentrer ma pensée sur E... pour qu’elle me sente lui caresser le front. Je pense un quart d’heure environ. B... qui était au lit à l’heure de ma concentration, a eu tout à coup la sensation très forte de ma présence. Elle croyait avoir mon visage contre son visage et a senti mes lèvres sur son front. 2° Le lendemain je tente la même expérience. Aucun résultat. Attirer mentalement le sujet à venir sur place Fiche, 29 décembre 1918. – Moi, opérateur ; E..., sujet (non prévenue). D’une pièce à l’autre. E... occupée à un travail urgent qui demande toute son attention, éprouve tout à coup le vif désir de venir auprès de moi. Elle s’étonne de cette pensée en un pareil moment. Elle s’efforce de la chasser de son esprit. Mais elle renaît obstinément sous À peine me suis-je arrêtée de toutes sortes de formes. vouloir qu’elle arrive. Enfin elle se donne à ellemême mille bonnes raisons de quitter son travail et de venir auprès de moi, ce Je concentre ma pensée sur E... pendant un quart d’heure je lui suggère mentalement de venir me voir. Au bout de ce temps j’arrête ma concentration, croyant que mes efforts ont été sans action. 32 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée qu’elle finit par faire. Se faire sentir à distance Fiche, 22 avril 1927. – B..., opérateur ; Moi, sujet (non prévenue). Séparées l’une de l’autre par 1 kilomètre environ. À minuit, B... pense à venir se mettre psychiquement à côté de mon lit et veut que je la sente. À minuit et quart, venant de me coucher, je sens sur la droite de mon front un fluide doux, mais net et très électrique. Je m’efforce de sentir d’où il vient mais ne découvre pas la personne qui me l’envoie. Fiche, 24 avril 1927. – Moi, opérateur ; B..., sujet (non prévenue). À 1 kilomètre de distance. Au milieu de la nuit, à 1 heure environ, B... a été réveillée, me sentant contre elle, entre ses bras, lui donnant la même sensation de réalité que si j’y étais En pleine nuit, je me réveille tangible et vivante. Elle en effet et pense à B..., pense aussitôt que je fais une comme je le désirais. Au expérience. Elle me sent bout d’un instant, je sens son ainsi pendant 10 minutes fluide arriver sur moi, ce qui environ et se rendort me donne la certitude de la calmement. réussite de mon expérience. Je pense à peu près 10 minutes Je songe, en m’endormant, à me réveiller à 2 heures du matin, pour aller vers B..., l’embrasser et me mettre tout à fait contre elle. Aux environs de 7 heures 1/2 du matin, je sens tout à coup venir à moi la pensée de B... se rappelant ce qu’elle a senti En se réveillant, B... a, en effet, pensé à moi, à son réveil nocturne, et a désiré me communiquer ses 33 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée la nuit, et voulant me le dire. impressions. Fiche, 13 Mars 1917. – Moi, opérateur ; B..., sujet (non prévenue). À 1 kilomètre de distance. À 11 heures, venant de me coucher, j’appelle plusieurs fois mentalement B... À 11 heures ¼, B... a pensé à moi, mais sans songer que je faisais une expérience. Et, en m’endormant, je songe Elle a bien dormi la nuit. que j’irai la réveiller dans la nuit. Fiche 6 octobre 1917. À 22 heures, E... et moi étant couchées, sentons des souffles glacés sur notre visage. E... sent des souffles froids sur son front et sur ses joues ; moi, je sens un courant qui me pénètre par le front et par l'estomac. Nous nous communiquons ces impressions que nous éprouvions depuis un moment avant de nous en être parlé. Mais nous ne pouvons identifier ce fluide. Au bout d'un quart d'heure environ l'influence disparaît. Nous inscrivons sur notre cahier l'heure et la marche du phénomène. Se faire sentir à 800 kilomètres Contrôle. – Au retour d'Allemagne de F..., qui y était prisonnier, nous compulsons son livre de notes et constatons avec le plus vif intérêt que le 6 octobre 1917, à l’heure indiquée sur notre propre cahier, il a fait une concentration pour se faire sentir à nous. La distance qui nous séparait alors de lui était de 800 kilomètres. Nous ne connaissions pas la qualité de son fluide, n’ayant encore jamais expérimenté avec lui. 34 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Se faire sentir à 2 kilomètres Fiche, 1918. – Moi, opérateur ; G..., sujet pour la première fois. À 2 kilomètres de distance. G... que je vois quelques jours après me déclare aussitôt que je suis allée lui faire une visite nocturne. Elle m'indique le jour exact. Je lui demande ce qu'elle a senti, ce à quoi elle me Cinq jours après notre répond qu'elle a été réveillée rencontre je décide de tenter au milieu de la nuit par une expérience. Je me réveille l'appel de son nom répété à 2 heures du matin, et, par trois fois et très rapidement. trois fois et très rapidement, je Elle me dit, en outre, avoir l'appelle mentalement par son entendu ouvrir la porte de sa prénom et me rendors chambre et des pas venir aussitôt. jusqu'à son lit. Lui ayant fait la remarque que, peut-être, elle avait été effrayée, elle me dit avec le calme le plus serein : « Oh ! non, puisque je savais que c'était vous. » Je dis un jour à G... que je vois environ toutes les trois semaines, que j'irai me manifester à elle une nuit. Je la prie de noter ce qu'elle sentira. Une seconde expérience tentée ultérieurement n’a donné aucun résultat. Mais la précision de la réussite de la première était très intéressante. Fiche, 19 février 1917. – H..., opérateur ; E... et moi, sujets. À 1 kilomètre environ de distance. Nous nous entendons avec H..., que nous voyons tous les quinze jours, pour tenter une expérience à distance. Elle devra venir se Le soir de ce même jour, E... et moi nous nous endormons, calmement, sans rien attendre, convaincues que H... ne choisira pas cette première 35 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée manifester à nous une nuit. nuit pour venir nous visiter. Vers 2 heures du matin, chacune de notre côté et sans nous le dire, nous sommes réveillées par des craquements absolument inusités se produisant dans le plancher, comme si des pas ne cessaient de traverser la chambre de long en large. Nous nous sentons dans un état d’angoisse bizarre et songeons qu’H... a dû choisir cette nuit-là pour faire son expérience de transmission. En vain nous essayons de nous dire que nous nous trompons et que nous sommes suggestionnées par notre conversation de la veille. Notre étrange état persiste et nous essayons sans résultat de lutter contre lui. Ce n’est qu’après une heure environ que tous les phénomènes cessent et que nous nous retrouvons sans transition dans notre état normal. H... se couche le soir de notre rencontre, ne désirant aucunement tenter l’expérience ce jour-là, parce qu’elle trouve que ce serait trop près de notre conversation, ce qui rendrait moins probant les résultats obtenus. 36 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Mais, au milieu de la nuit elle se réveille et ne peut s'empêcher de penser qu'elle veut se faire sentir à nous. Elle s'endort en pensant fortement qu'elle est dans notre chambre et nous réveille. Une autre expérience faite quinze jours après a donné des résultats identiques. Même réveil complet, mêmes bruits de pas, même angoisse bizarre qui nous étreint et contre laquelle nous luttons sans pouvoir la vaincre. Le lecteur trouvera peut-être que j'ai trop insisté sur ces expériences. Je l'ai fait à dessein parce qu'elles se rapprochent beaucoup du type des transmissions involontaires qui se produisent constamment dans la vie courante. Mais ces dernières passent presque toujours inaperçues parce que l'on ne sait pas ou que l'on ne peut pas rapprocher la sensation ou l'impression que l'on a ressentie de la cause qui l'a produite. Ainsi un grand nombre de phénomènes intéressants restent inconnus, faute de certaines comparaisons nécessaires à leur mise en lumière. EXPÉRIENCE XIV Trouver la place de la main de l'opérateur L'opérateur mettait sa main à 15 centimètres environ d'un point quelconque du corps du sujet qui devait, étant debout et les yeux clos, déclarer où et comment il la sentait. Au bout de quelques semaines d'entraînement le sujet 37 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée disait avec exactitude la place de la main de l'opérateur. EXPÉRIENCE XV Trouver la partie du corps visée par l'opérateur L'opérateur pensait à toucher psychiquement une partie du corps du sujet. Au Bout de quelques semaines d'entraînement, le sujet éprouvait à la partie visée par l'opérateur une sensation de froid, de chaud ou de titillation, suivant les cas. La partie du corps visée par l'opérateur était attirée par lui. Fiche, 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet. E... pense à attirer mon estomac. Je me sens l’estomac enflé. E... pense à mon estomac mais sans vouloir l'attirer. Je me sens l'estomac concave. Nous répétons cette expérience un certain nombre de fois avec un égal succès. E... me transmet sa pensée tantôt étant debout, tantôt étant assise ou couchée. Moi, opérateur ; E..., sujet. Mêmes résultats, avec cette différence qu’E... sent des courants rentrant ou sortant de son estomac au lieu d'éprouver comme moi à cet organe une sensation d'enflure ou d'aplatissement. EXPÉRIENCE XVI Décrire l'état moral transmis par l'opérateur L'opérateur, les mains sur les omoplates du sujet cherchait à lui transmettre un état moral. Au bout d'un certain temps d'entraînement, le sujet sentait parfaitement 38 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée l'état moral communiqué et en décrivait les nuances particulières à chaque opérateur. Fiche, 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet. 1° Orgueil dédaigneux Je me redresse. Je sens que je dois mépriser l’humanité. 2° Bonté bête Je m’écrie : « quel sentiment mesquin. Je me sens bête, stupide, molle. » 3° Colère Cela c’est la colère ! Reprise sans contact, cette expérience a donné des résultats intéressants et probants. EXPÉRIENCE XVII Trouver la carte pensée par l'opérateur L'opérateur, les mains sur les omoplates du sujet, pensait à un des trois habillés du jeu de carte. Le sujet devait trouver lequel. Cette expérience faite de nombreuses fois avec contact et sans contact ont toujours donné une proportion très élevée de succès. EXPÉRIENCE XVIII Trouver l'objet ou le lieu pensé par l'opérateur L'opérateur mettant la main droite sur la tête du sujet devait penser à un objet ou à un lieu que ce dernier devait sentir. Fiche, 11 mars 1917. – Moi, opérateur ; M..., sujet. 1° Je pense à la statue de Carnot sur la place de la République. Pendant toute la Au bout de deux secondes, M... s'écrie qu'elle voit une foule et beaucoup de rues. À 39 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée durée de l’expérience, je ne prononce pas un mot ; la troisième seconde elle déclare qu'elle voit un carrefour avec un monument. À la cinquième elle dit : « C'est le monument Carnot ! » 2° Je pense à une tasse ; M... voit un objet petit dont elle ne définit pas tout d’abord la forme. Puis, au bout d’un instant, elle déclare que c’est une tasse. 3° Je pense à une plante verte M... devine plus lentement, qui est sur la table. mais elle finit cependant par me dire que je pense à la plante qui est sur la table. Quelques autres expériences de même genre tentées avec d'autres personnes ont donné des résultats moins précis, mais manifestant cependant que le cerveau du sujet travaillait dans le sens de l'image <?>mentalement par l'opérateur. EXPÉRIENCE XIX La pensée de l'opérateur se mêle dans l'esprit du sujet L'opérateur mettait la main sur la tête du sujet qui faisait de l'écriture automatique. J'ai pu me rendre compte par cette espèce d'expérience que la pensée de l'opérateur se mêle plus ou moins nettement, suivant les cas, au travail inconscient de l'esprit du sujet. 40 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Ordonner mentalement le sujet d'être calme et de s'endormir Je termine cette première partie en copiant une fiche relative à une expérience occasionnelle de transmission que j'ai faite, parce qu'elle est d'une précision telle que l'on ne peut vraiment invoquer le hasard pour l'expliquer. Fiche, septembre, 1917. B... est au lit dans la même chambre que moi. Au milieu de la nuit je l'entends se tourner, s'agiter, ne dormant pas. Il me vient alors à l'esprit de tenter une expérience. Sans faire un mouvement qui puisse manifester que je suis réveillée je lui ordonne mentalement d'être calme, très calme et de s'endormir. Je parle lentement et fortement dans mon esprit. Au bout de quelques secondes B... m'appelle doucement et la conversation suivante s'engage : – K... tu me parles ? – Oui, que t'ai-je dit ? – Tu m'as dit de rester calme, très calme et de m'endormir. Je n'ai pas besoin de dire au lecteur ma stupéfaction devant le résultat de mon expérience. B... ne m'aurait pas mieux entendue si je lui avais parlé à haute voix. 41 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée DEUXIÈME PARTIE ANALYSE GÉNÉRALE DES EXPÉRIENCES Sur les différentes manières de transmettre une pensée La transmission de pensée peut se faire par deux centres nerveux différents : celui du cerveau et celui de l'épigastre. Dans le premier cas la pensée transmise est perçue directement, sans modification ni sans adjonction de sensations fluidiques d'aucune sorte. Dans le second cas, au contraire, la perception de l'image suggérée se fait lentement, par degrés, et ne parvient à la conscience qu'après une suite de transformations de la vie psychique du sujet. Ce second procédé de transmission semblerait devoir être rejeté puisqu'il est plus lent et moins précis que le premier et qu'il exige une assez grande dépense nerveuse. Cependant c'est sur lui qu'ont porté mes recherches, non par suite d'une volonté définie de me diriger dans cette voie, mais, simplement, parce que la qualité de ma sensibilité m'a fait, dès mes premières expériences, percevoir la pensée des autres sous cette forme particulière. Et comme ce mode de transmission et de réceptivité permettait de saisir, dans une certaine mesure, la naissance, le développement et les fins de nos activités instinctives et affectives, et que, d'autre part, ils avaient été assez peu explorés, je me suis attachée à en découvrir les lois. Précautions à prendre pour la vérification des expériences Quelles sont les précautions à prendre pour la vérification des expériences ? D'abord il faut se défier de ceux avec lesquels on opère, même si ce sont des parents ou des amis, et, aussi, il 42 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée faut se défier de soi. La fraude, lorsqu'elle existe, peut n'être qu'à demi consciente ou même tout à fait inconsciente. Le désir de voir réussir une expérience peut suffire à en vicier les résultats en entraînant l'opérateur à y introduire des expressions de visage ou des gestes involontaires qui peuvent guider le sujet et l'éclairer sur la qualité de la pensée à percevoir ; des déductions erronées peuvent aussi être tirées de phénomènes trop hâtivement interprétés ; enfin il est de nombreux points sur lesquels l'attention doit se fixer constamment pour empêcher toute intrusion de l'imagination dans un domaine qui doit être rigoureusement réservé à la clarté et à la logique scientifiques. Un excellent moyen, pour éviter les causes d'erreur, est de noter par écrit, toutes les fois que cela est possible, le détail de l'essai qu'on vient de tenter ; un autre est de ne choisir systématiquement que des collaborateurs dont la moralité et la clairvoyance intelligente vous semblent suffisantes. Agir ainsi est éviter une grosse perte de temps et bien des déboires. D'ailleurs lorsqu'on s'astreint, comme je l'ai constamment fait, à être tour à tour opérateur et sujet, la fraude devient impossible. Sur les conditions de température convenant aux expériences La qualité de chaleur, d'humidité ou de froid de l'air a sur les expériences une action qui n'est pas négligeable ; mais, ayant expérimenté chaque jour pendant deux années sans tenir compte de la température, j'ai cru constater que ce qui reporte surtout c'est l'état de dépression ou de santé de l'opérateur et du sujet. Si l'un et l'autre sont bien disposés, on peut avoir, même avec un temps pluvieux, des expériences excellentes ; de même, par un temps sec, s'ils sont peu rayonnants, on n'obtient presque rien. Cependant, d'une façon générale, il semble bien que la chaleur et la sécheresse soient favorables à l'émission nerveuse. 43 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Choix des opérateurs et des sujets Il est hors de doute que la qualité et la quantité des succès obtenus sont en raison directe de l'excellence des opérateurs et des sujets. Il convient donc, avant de se lancer dans des expériences régulières, de bien étudier les facultés de ceux qui acceptent de s'y prêter. Il est des personnes dont la sensibilité est nulle et qui ne peuvent percevoir les courants psychiques : elles sont à éliminer aussitôt ; d'autres sont capables d'être bon opérateur ou bon sujet dans de certaines expériences et ne peuvent rien réaliser dans d'autres : il convient donc, après essai, de les utiliser pour leur particularité ; enfin d'autres peuvent émettre et recevoir avec une égale facilité le fluide nerveux et peuvent être employées avec avantage dans tous les genres d'essais. Le mieux est de s'entraîner régulièrement avec deux ou trois personnes qui manifestent les qualités requises et se prêtent à l'expérimentation, non par pure bonne volonté, mais dans un réel esprit de recherche, et sont douées de l'esprit critique voulu. Sur l'état de santé des sujets On a souvent voulu représenter les gens susceptibles d'être des sujets comme étant forcément des malades. Pour que la suggestion réussisse, écrivent MM. Binet et Feré, il faut que le sujet se trouve spontanément ou soit jeté artificiellement dans un état de réceptivité morbide (4). Je proteste contre cette assertion. Tout être se trouve, et plusieurs fois par jour, dans un état de passivité astrale et mentale tout à fait suffisant pour pouvoir percevoir une pensée venue de l'extérieur. Il est facile par l'expérimentation d'en acquérir la preuve. Et l'on ne peut appeler morbide, je pense, un état que tous les individus ou presque tous les individus réalisent spontanément et constamment. Et il n'est nullement nécessaire, pour 44 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée enregistrer une idée qui passe, d'avoir une tare nerveuse quelconque ni d'être un candidat à l'hystérie. Les sensitifs sont nombreux et la plupart n'ont aucun affaiblissement cérébral ni physiologique. Mes expériences m'ont permis de constater la sensibilité psychique chez des êtres parfaitement forts et normaux. Je terminerai ce paragraphe par ces lignes de M. Dubois (5) : Il fallait évidemment renoncer à faire de la suggestion un symptôme de maladie, à la considérer comme l'indice d'un état d'hystérie avéré ; il faut reconnaître franchement que l'homme sain est assez suggestible pour accepter en plein jour, en quelques secondes la suggestion du sommeil. Sur la variabilité des succès On ne peut produire les expériences psychiques à volonté. Les phénomènes nerveux sont soumis, avant tout, à des dispositions personnelles d'humeur, de santé et d'extériorisation qu'il n'appartient malheureusement pas aux humains de diriger ni de créer. Mais pour ceux qui expérimentent journellement deux remarques importantes s'imposent : a) Ou le sujet et l'opérateur sont mal disposés, auquel cas la proportion des succès reste de 0 à 2 sur 10 ; b) Ou le sujet et l'opérateur se sentent rayonnants et bien disposés et la moyenne des succès est de 8, 9 et 10 sur 10. La réussite des expériences dépend de l'état d'émission et de réceptivité de l'opérateur et du sujet Ce fait, que j'ai constamment observé pendant mes deux années de recherches, montre que la non-réussite des expériences ne dépend pas de la non-existence des phénomènes étudiés, mais presque essentiellement de l'état 45 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée d'émission et de réceptivité de l'opérateur et du sujet. De plus, en dehors des circonstances personnelles présidant aux expériences, les courants électriques et magnétiques artificiels ou naturels qui traversent l'espace apportent certainement aussi des modifications importantes aux courants infiniment plus faibles émanés des humains. On ne s'étonne pas que la transmission des messages par T. S. F. soit souvent très imparfaite à cause des perturbations apportées dans les ondes hertziennes par les orages ou par d'autres causes plus obscures. Pourquoi donc voudrait-on que la transmission de pensée par ondes nerveuses soit, en toute circonstance, parfaite et ait la régularité et la précision d'une opération mathématique ? Il y a dans les organismes et dans les fluides qu'ils sécrètent une variabilité, un imprévisible et un nuancé que l'on ne rencontre pas dans les abstractions. La matière vivante réagit constamment à l'ambiance, reçoit le choc de mille mouvements intérieurs plus ou moins confus et inexplicables ; aussi ne peut-on réglementer ni ordonner à volonté les phénomènes dont elle est le siège. Il ne sert à rien de se révolter contre ce fait. Il est infiniment plus profitable de les étudier avec soin lorsqu'ils se manifestent avec clarté et facilité. Les résultats dépendent de l'intelligence, du tempérament et de la sensibilité des expérimentateurs Il est un autre point important à noter : c'est que les expériences, suivant qu'elles sont faites par les uns ou par les autres, donnent des résultats tout à fait variables. Ces résultats dépendent avant tout de l'intelligence, du tempérament et de la sensibilité de ceux qui expérimentent. À cela nul ne peut rien. Là où les uns découvrent un trésor, les autres ne rencontrent que des bruines. Tant que les humains ne seront pas tous physiquement et intellectuellement pareils il n'en pourra être autrement. L'opérateur communique à son sujet, par voie invisible, 46 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée ses opinions, ses désirs et ses espérances ; ce qui revient à dire que chaque opérateur obtient de préférence de ses sujets ce qu'il en souhaite ou en attend. Celui qui ne croit qu'à la suggestion ne trouve que suggestion dans ses expériences ; celui qui ne croit qu'au rayonnement vital ne découvre à chaque pas que des preuves du rayonnement vital, etc., etc. Les faits restent les mêmes, seulement ils se présentent à chaque expérimentateur sous le jour particulier de sa mentalité et de ses croyances. D'où la confusion apparente des conclusions de ceux qui ont étudié ces questions : confusion qui, malheureusement, entraîne l'incrédulité du plus grand nombre. Mais ces divergences ne touchent pas à l'essence des phénomènes en cause. Chacun les regarde à travers un verre de couleur différente, voilà tout, et l'objet contemplé reste le même, continuant à s'offrir, immuable, à l'intelligence des chercheurs. La confiance est très importante Puis, il y a le rôle énorme que joue la confiance dans l'extériorisation fluidique. Celui qui a pu constater, comme je l'ai fait, le rapport étroit qui existe entre l'émetteur et le récepteur, sait que penser que le sujet ne peut pas réaliser une expérience est le mettre dans l'impossibilité de la faire avec succès. C'est ce qui explique que des gens tels que M. Berheim aient pu expérimenter pendant des années sans pouvoir obtenir une seule preuve de l'existence du rayonnement vital qui, pourtant, est aussi réel que la lumière du jour. Le fait de croire à la possibilité d'un phénomène donne immédiatement à la masse nerveuse l'attitude expansive nécessaire à sa production, tandis que la crainte ou le doute ou plus encore la certitude qu'il ne peut exister crée dans la personnalité psychique un état d'inquiétude, de retrait et d'activité négative qui l'empêche absolument de se manifester. Ainsi en ce domaine, comme en tous les autres 47 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée d'ailleurs, ce que l'on obtient est en raison directe de la foi qu'on y apporte. C'est là une loi naturelle contre laquelle il serait vain de s'élever et le plus sage est de s'y adapter. Et il est bon de dire ici « qu'avoir la foi » ne veut nullement dire être atteint d'aveuglement, de bêtise ou de manque d'esprit critique, selon qu'on le croit communément. Ceux qui ne pourront jamais expérimenter la transmission de pensée Enfin, outre les opérateurs qui ont des préventions contre de certains phénomènes et sont, de ce fait, conduits à ne jamais pouvoir les connaître, il y a ceux qui, par constitution, ne sauront jamais concentrer leur pensée ; ceux qui ont trop peu de fluide pour être en mesure de l'extérioriser et de le rendre actif au dehors et ceux auxquels il manque le sens psychique. À ceux-là, et quelles que soient leur bonne volonté et leur persévérance, le monde de la transmission impondérable est fermé. Tout le monde ne naît pas athlète, homme de science ou artiste ; de même tout le monde ne naît pas avec des nerfs capables d'utiliser le rayonnement vital ou de percevoir l'émanation immatérielle des corps. De la déperdition nerveuse entraînée par les expériences Si l'on veut tenter des expériences de transmission avec chances de succès, il faut avant tout que l'opérateur et le sujet aient un rayonnement psychique calme et fort. « Mais, nous demandera le lecteur, il y a donc des jours où l'on est plus ou moins bien disposé? » Assurément ; le corps est plus ou moins bon conducteur du fluide, et le dégagement du fluide est plus ou moins actif, selon l'état général dans lequel se trouve l'organisme et particulièrement selon l'état nerveux (6). 48 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Ainsi parle excellemment M. Gasc Desfossés. En effet, il n'est pas d'opérateur et de sujet qui n'aient éprouvé, d'un jour à l'autre ou même quelquefois d'une heure à l'autre des variations très grandes de leur état d'émission ou de réception nerveuse. Le moindre arrêt dans la digestion, le moindre afflux de sang au cerveau, la moindre crainte ou la moindre émotion ou la moindre joie modifient le rayonnement de la sensibilité psychique qui, pratiquement, ne possède pas deux instants de suite la même intensité. Cette intensité est plus ou moins stable suivant les personnes, mais elle n'est jamais constante. La vivacité ou la lenteur, la force ou la pauvreté des sentiments et des pensées en règle à chaque moment du temps l'expansion ou la rétractation, la puissance ou la faiblesse. Or, les expériences psychiques utilisent et dépensera le capital nerveux de l'opérateur et du sujet ; c'est pourquoi, mal comprises et mal dirigées, elles peuvent entraîner des troubles graves tels que la neurasthénie, l'hystérie ou les névroses de toutes sortes. La fatigue après les expériences M. Ochorowicz décrit comme il suit cette fatigue spéciale qui suit les expériences trop prolongées ou faites en état de trop faible rayonnement vital : Mais il y a encore un autre genre de fatigue qu'on ne peut connaître qu'après une longue pratique du magnétisme. C'est aussi un épuisement et même un épuisement plus durable que celui que procure une émotion, mais il a un autre caractère. Je le nommerai un épuisement externe, car on a alors la même sensation que si la surface du corps était fatiguée principalement. On a, dans les mains surtout, une sensation très ennuyeuse d'une sécheresse mate et désagréable ; nos propres mains ne nous plaisent pas, elles nous gênent. La surface du corps nous paraît vide, ce n'est pas nous qui dominons ce milieu ambiant, c'est lui qui nous presse, qui pèse sur nous. Et cet épuisement, s’il est dû à une cause importante, ne se dissipe que difficilement (7). 49 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Précautions à prendre en cas de fatigue Cette sensation d'épuisement particulier se fait sentir après toutes les expériences prolongées, de même qu'après celles même courtes, qui ont été faites en état de faible rayonnement vital. Il convient donc : 1° De ne jamais faire des expériences en état de fatigue, que cette fatigue soit physique ou nerveuse ; 2° D'arrêter les expériences dès que cette lassitude bien comme des opérateurs et des sujets se fait sentir ; 3° D'abandonner les essais dès que l'on a constaté que, pour une cause connue ou inconnue, les conditions d'expérimentation sont mauvaises. Un astronome ne s'obstine pas à braquer son télescope sur les étoiles les jours de pluie, sûr qu'il serait d'avance de ne rien voir ; de même celui qui étudie les phénomènes psychiques doit s'abstenir d'expérimenter dès qu'il s'aperçoit que les conditions sont défavorables. Par contre on peut multiplier les expériences quand l'état de l'opérateur et du sujet sont favorables ; 4° De faire des exercices respiratoires si, pour des causes diverses la fatigue est survenue, afin de récupérer la force perdue et de combler le déficit fluidique qu'a entraîné momentanément de trop grands efforts psychiques. Lorsqu'ils sont pratiqués régulièrement les exercices respiratoires donnent aux sensitifs une sensation d'allégement du poids du corps, de diminution de la matérialité. Cette action est au contraire peu ou pas sensible sur les non sensitifs ; 5° De faire des expériences courtes et coupées par de fréquents repos, la tension nerveuse que demande, soit l'émission, soit la réception d'une pensée fatiguent assez rapidement l'opérateur et le sujet. Évidemment il entre dans la durée possible des expériences une question d'entraînement et de résistance personnelle ; mais il est toujours mieux, entre deux procédés, de choisir celui qui 50 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée donne les meilleurs résultats avec la moindre dépense vitale. Condition indispensable au maintien de l'équilibre des énergies de l'organisme Un entraînement psychique bien conduit donne un accroissement de vitalité, une augmentation des forces physiologiques et intellectuelles ; mais pour que ce résultat puisse être atteint, il est absolument nécessaire d'être tour à tour sujet et opérateur : c'est là une condition indispensable au maintien de l'équilibre des énergies de l'organisme. L'étude de notre personnalité immatérielle n'est à aucun degré un amusement ou une futilité. Il faut y apporter sans cesse de la mesure et la plus grande attention. Les expériences psychiques, je le répète, entraînent une déperdition de matière nerveuse qui peut amener plus rapidement qu'on ne le pense, et si l'on n'y prend garde, un affaiblissement et des troubles qui intéressent le corps tout entier. Car cette sorte de capital nerveux qui nous est donné par la Nature n'est pas inépuisable. Il se dépense, soit sur le plan matériel, soit sur le plan sentimental, soit sur celui de l'intelligence et il faut, dans l'intérêt de la santé, savoir l'économiser et le répartir avec sagesse. Rapport entre le sujet et l'opérateur Pour que la transmission d'une sensation, d'un sentiment ou d'une pensée puisse avoir lieu entre deux personnes il faut qu'il y ait entre elles une sorte de similitude vibratoire. Les incrédules rient toujours lorsqu'on parle de l'état de rapport nerveux qui doit nécessairement exister entre deux individus qui veulent communiquer ensemble psychiquement ; cependant il est on ne peut plus réel et nécessaire. Il est indéniable qu'il s'établit entre l'opérateur et le sujet une sorte d'harmonie impondérable qui leur permet de se pénétrer d'une manière étroite bien qu'invisible. Ce rapport existe spontanément entre de certains organismes qui se trouvent avoir entre eux une certaine communauté 51 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée naturelle de résonances psychiques ; entre d'autres, au contraire, il n'est que dissemblances ou oppositions et il faut créer artificiellement la sympathie nécessaire avec plus ou moins de peine, suivant les différences qui séparent les deux systèmes nerveux à accorder. Tous ceux ou presque tous ceux qui ont expérimenté s'accordent à reconnaître que l'application des mains sur les omoplates ou les passes descendantes ou la prise du regard créent momentanément ou de façon durable cette sorte d'harmonie particulière nécessaire à la transmission d'une impression, d'un désir ou d'une volonté d'un individu à un autre. L'affection ou la vie en commun peut également la faire naître. Voici un autre procédé pour établir le rapport entre le sujet et soi que préconise M. Ochorowicz. Pour établir le rapport, on rappelle le sujet mentalement, on l'attire, c’est-à-dire on attire son attention par un effort qui, faisant vibrer les particules de... je ne sais quoi, se propage et atteint un galvanomètre suffisamment sensible (8). Il n'est pas étonnant, d'ailleurs, que deux pensées qui veulent se communiquer de l'une à l'autre un message soient obligées d'abord d'apprendre le même langage. Cela est nécessaire dans le monde de la parole et l'est aussi dans celui des vibrations psychiques. Sur l'extériorisation et la réceptivité nerveuses Côté opérateur. – L'opérateur qui cherche à transmettre une pensée ou à faire accomplir un acte à un sujet doit être musculairement détendu et son esprit doit être calme. S'il emploie pour cette transmission la voie astrale (qui est celle dont j'ai constamment fait usage au cours de mes expériences) il a assez rapidement la sensation qu'une partie impondérable, invisible, mais très active et très vivante de lui-même se déplace, moins tiède ou froide suivant la 52 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée qualité fluidique de la personne avec laquelle il expérimente. Cette masse lui parait être aussi pondérable que le rayonnement d'un poêle, le souffle d'une brise ou un courant électrique léger ; et que l'opérateur soit près de lui, dans une chambre voisine ou à des kilomètres de distance, elle lui est perceptible sous la même forme et avec la même intensité. Cette impression de contact fluidique est plus nette dans sa région épigastrique qu'en aucun autre point de son corps. Puis, s'il continue à analyser ses mouvements intérieurs, il sent ce fluide pénétrer dans ses tissus, dans ses nerfs et les envahir d'une façon plus ou moins persistante. Il éprouve aussi une légère oppression, une sorte de poids sur la poitrine qui l'incite à respirer plus profondément. Il lui semble que quelque chose a été modifié dans son rythme vital et (s'il est suffisamment sensitif et entraîné) il s'aperçoit que la partie immatérielle de lui est attirée vers l'opérateur. Le courant attractif entre l'opérateur et le sujet Ainsi parle M. Ochorowicz de ce courant attractif qui se crée entre l'opérateur et le sujet dont il a aussi constaté l'existence au cours de ses expériences avec des sujets endormis : Il existe en magnétisme un phénomène peu étudié par les hypnotiseurs, quoique déjà mentionné par M. P. Richer : celui de l'attraction dite « magnétique ». Il suffit d'approcher la main du bras du sujet endormi pour qu'aussitôt ce bras se porte dans la direction de la main et suive tous ses mouvements. Quoique l'aimant provoque le même phénomène, il ne faut pas se laisser prendre par des analogies. Cette attraction n'a rien de commun avec l'attraction du fer par l'aimant (9). J'ai pu constater nombre de fois cette attraction d'un corps par un autre corps entre des individus parfaitement éveillés. Mes expériences m'ont permis de noter deux cas dans lesquels elle se produit. Le premier est celui où une 53 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée personne tend volontairement sa pensée vers une autre en vue de l'influencer ; le second, celui où deux êtres mis en présence se trouvent avoir entre eux une similitude de vibrations psychiques. Si le sujet continue à prêter une scrupuleuse attention aux mouvements impondérables qui se produisent en lui il constate que la masse nerveuse tend à prendre une forme, une attitude ou une direction, suivant ce qu'attend de lui l'opérateur. Cette forme, cette attitude ou cette direction, qui n'avait été d'abord imprimée qu'à sa personnalité immatérielle, se communique progressivement à son corps qui s'y adapte plus ou moins étroitement, accomplissant ainsi parfaitement ou d'une manière incomplète ce qu'a désiré de lui celui à la volonté duquel il s'est momentanément soumis. La sensation selon l'idée transmise par l'opérateur Dans le cas où, par exemple, il reçoit l'idée d'un animal (exp. 7), il sent son double fluidique prendre par sympathie psychique la grosseur, l'allure et la position de cet animal telles que se les représente et les sent l'opérateur. Autrement dit, il a l'impression physique de devenir l'animal pensé. S'il s'agit d'un quadrupède il éprouve le besoin de marcher à quatre pattes ; si, au contraire, il s'agit d'un oiseau, il croit avoir un corps effilé, battre des ailes et s'élever dans les airs. Lorsque l'opérateur pense à le conduire à un siège (exp. 2), il sent son double fluidique partir dans la direction du siège, se retourner, s'abaisser et s'asseoir tout comme l'eût fait son corps de matière ; si c'est un chiffre qui lui est suggéré, il sent sa masse nerveuse dessiner ce chiffre dans l'espace, si son corps est en état de passivité suffisante il est entraîné par ce mouvement et le trace à son tour. Ainsi l'opérateur peut-il contrôler d'une manière visible la façon dont sa pensée est perçue par le sujet. On peut souvent constater que le sujet écrit très exactement avec son dos le chiffre pensé, mais qu'il faut un temps 54 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée plus ou moins long à son esprit pour pouvoir interpréter le mouvement fluidique et corporel qu'il exécute. Si sa forme matérielle obéit rapidement et exactement à l'impulsion invisible qui est en lui, il retrouve l'équilibre dont il jouissait avant le début de l'expérience et qu'avait momentanément rompu la pensée extérieure qui l'avait pénétré ; si, au contraire, il perçoit mal l'influence et ne se soumet qu'imparfaitement à l'ordre reçu dans l'invisible il éprouve une sorte de tiraillement intérieur qui lui vient de la dissociation entre ses énergies fluidiques, devenues la proie d'une volonté étrangère, et le rythme de son corps qui, soit par manque de passivité ou par suite d'une résistance involontaire, ne peut se plier aux ordres de cette volonté ou refuse de s'y soumettre. Si ce tiraillement persiste il peut devenir très pénible. Pour que les expériences fournissent ce qu'on attend Pour que les expériences fournissent les éléments d'appréciation qu'on est en droit d'en attendre je signale qu'il est absolument nécessaire que, tout en restant musculairement et fluidiquement passif, le sujet analyse au passage avec le plus grand soin et tout haut, les impressions et les sensations dont il est le siège, notant leur qualité, leur espèce, leur durée et l'ordre de leur succession. Ce n'est qu'en procédant ainsi qu'on peut entreprendre avec fruit l'étude des phénomènes de transmission de pensée sans contact et parvenir à déceler la manière dont les idées pénètrent, d'abord dans la sensibilité générale, puis envahissent l'inconscient et, de là, par une suite de développements, entrent, par la voie cérébrale, dans la zone lumineuse de la conscience. Au bout de quelques mois d'entraînement, s'il est suffisamment sensitif et lorsqu'il est bien disposé, le sujet manifeste, par ses réflexions, qu'il reflète dans sa propre sensibilité les élans et les défaillances de la pensée de l'opérateur ; élans et défaillances qu'il perçoit sous la forme d'une augmentation ou d'une diminution de la quantité de fluide perçu. Chaque jet 55 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée cérébral lui donne un choc et chaque arrêt de volonté est pour lui comme un allégement du poids invisible qui l'opprime. Ce phénomène, au cours de mes expériences n'a jamais souffert d'exception. M. Ochorowicz a fait la remarque : Que la transmission est sensiblement favorisée lorsque deux personnes, capables de bien concentrer leur pensée, agissent à la fois, et lorsque l'une, pense à l'aide des images visuelles et l'autre à l'aide des sons des mêmes images prononcées mentalement (10). N'ayant jamais porté mon attention sur ce point particulier, je n'ai jamais constaté que les manières différentes de penser de deux opérateurs essayant de communiquer ensemble leur volonté à un même sujet augmentent leur action sur lui. J'ai seulement noté que, dans ce cas-là, le sujet accusait toujours une augmentation notable de la quantité de fluide perçu. Sensations au début et après plusieurs entraînements Au début des essais de transmission de pensée, les sensations éprouvées par le sujet sont élémentaires et vagues, même si l'opérateur a les mains sur ses omoplates ou s'il a avec lui un contact quelconque. Mais, peu à peu, son attention étant portée sur elles, elles se nuancent, se précisent et après quelques mois d'entraînement, elles se rapprochent par leur netteté des sensations ordinaires. Au cours des expériences, le sujet sent souvent aussi sur son visage ou sur ses mains des souffles légers ou forts, chauds ou froids. Ils sont en quelque sorte la manifestation matérielle de la pensée qui vient le frapper. Ils ont cette particularité d'être d'une espèce spéciale et invariable pour chaque opérateur, ce qui fait qu'ils représentent la personnalité invisible qui cherche à transmettre un désir ou une volonté, ce qu'il porte en lui de psychiquement unique et immuable. 56 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Les souffles ressentis pendant la transmission de pensée Beaucoup d'auteurs ont signalé l'existence de ces souffles que ressentent les assistants au cours des séances de matérialisation. Dans les expériences de transmission de pensée, ils se manifestent également et semblent se produire chaque fois qu'il y a dégagement de force nerveuse. M. Ochorowicz (11), qui les a aussi remarqués lorsqu'il soignait magnétiquement ses malades, les attribue à la chaleur dégagée par les mains de l'opérateur. Je ne suis pas de son avis, les ayant souvent ressentis sur mon front ou sur mon visage avec la plus parfaite netteté, même lorsque je recevais la pensée d'un opérateur qui se trouvait à plusieurs kilomètres de moi ou à de très grandes distances, et que j'étais seule dans une chambre parfaitement close. Sur la façon de penser Comment faut-il penser pour que les représentations mentales soient actives et agissent en dehors de l'organisme qui les produit ? Pour qu'une pensée puisse se transmettre à d'autres cerveaux il faut qu'elle soit claire, persistante et forte. C'est seulement à ce prix qu'elle éveille et condense les courants nerveux de l'organisme et qu'elle les conduit au but que leur fixe la volonté. Concentrer sa pensée sur une idée définie Mais rien n'est plus difficile que de penser uniquement et longtemps à une idée définie. Le cerveau a une activité propre qu'il est très malaisé d'entraver et plus malaisé encore de discipliner. Dès que l'on essaye de maintenir son esprit sur une seule image – car pratiquement tout désir, toute volonté, toute conception se représentent à l'activité mentale sous 57 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée l'apparence d'images – on s'aperçoit que toutes sortes de formes, de lignes, de couleurs sans cesse changeantes, sans cesse dissociées et renaissantes viennent entourer, troubler et parfois effacer le sujet de méditation que l'on avait choisi ; et ce n'est qu'au prix d'un pénible effort qu'on parvient à le ressaisir et à le maintenir solidement installé dans le cerveau. Ce manque de stabilité de l'esprit se manifeste de même au cours des expériences. Ainsi, lorsqu'on veut conduire mentalement le sujet vers un siège donné, on s'aperçoit si l'on s'observe attentivement que, souvent, au lieu de lui faire suivre le chemin le plus direct pour s'y rendre, la pensée l'y guide au contraire par la voie la plus longue ou la plus fantaisiste. Les désirs instinctifs et profonds Je me hâte de dire que ce phénomène ne se produit pas toujours et que sa fréquence ou sa rareté dépend étroitement du tempérament et du caractère de l'opérateur. Mais, de toute façon, si la volonté consciente et les énergies intérieures sont en parfait accord sur le but à atteindre, elles diffèrent fréquemment en ce qui concerne les moyens à employer pour arriver jusqu'à lui. Et, fait à retenir : chaque fois qu'il y a conflit entre elles, le sujet obéit toujours aux puissances inconscientes. Ce qui revient à dire que les volontés nées de notre logique et de notre raison n'ont qu'une faible action en dehors de nous et que notre vie réalisée, avec ses événements, ses succès ou ses défaites est le reflet des désirs instinctifs et profonds qui prennent leur source dans les parties les plus obscures de nous. Seuls ils ont un pouvoir réalisateur, seuls ils sont capables d'assurer et d'extérioriser notre rayonnement vital, d'agir sur d'autres êtres, de modifier le milieu humain au sein duquel nous vivons et, peut-être aussi, d'animer les courants de la Nature. Mais s'il ne rentre pas dans les puissances de l'homme de réduire absolument sa pensée en esclavage, du moins 58 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée peut-il, dans une certaine mesure et par un entraînement approprié, apprendre à la diriger et à l'asservir. L'état de mon esprit, pendant la télépathie, nous dit M. Ed. Abramowski, était une sorte d'autosuggestion qui, après le premier effort pour obtenir une représentation intense, devenait une concentration passagère de l'attention, une sorte de monoïédisation à peu près stable, que je n'avais pas besoin de soutenir par l'action de ma volonté (12). Pour réussir la transmission de pensée En effet, pour bien transmettre une pensée, il faut se mettre en état de passivité active, ce qui veut dire que toute la partie matérielle de soi doit être calme et aussi détendue que possible, tandis qu'au contraire la force nerveuse libérée agit librement et suivant ses moyens propres en vue de réaliser le but qu'on lui a, au départ, fixé. Toute personne qui veut transmettre une pensée doit se pénétrer de ce fait que toute activité musculaire, toute contraction physique, morale ou intellectuelle entrave l'émission du rayonnement vital. De plus la représentation mentale de l'idée à communiquer doit être claire, régulière et prolongée. Alors elle transforme et sculpte la masse nerveuse fluidique de l'opérateur en une image plastique et vivante qui s'échappe de lui et devient sensible à d'autres humains, mais à des degrés divers, suivant qu'ils sont ou non des sensitifs et qu'ils sont ou non capables de percevoir avec précision les courants impondérables. Dans mes premières expériences je m'imaginais guider le sujet par l'épaule et le conduire pas à pas, rectifiant à mesure mentalement ses erreurs de direction. Ce procédé est utile en ce qu'il permet de noter le rapport étroit qui existe entre les jets de volonté de l'opérateur et les mouvements réceptifs du sujet ; mais, en ce qui concerne la totalité de l'expérience, le mode de pensée le plus parfait est celui qui consiste à voir le sujet aussi vivant, tangible et réel que possible à la place où il doit aller, et dans l'attitude de l'acte 59 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée à accomplir. C'est cette manière de faire à laquelle, après de nombreux essais, je me suis arrêtée, la considérant comme la plus rapide. M. Ochorowicz est arrivé, en opérant, il est vrai, sur des sujets endormis, à des conclusions contraires. Pour moi, j'ai constamment constaté que cette méthode était à préférer à toutes les autres quant à l'excellence du résultat à obtenir. Sur l'extériorisation propre à chaque personne Il va sans dire qu'il n'est pas deux personnes dont l'activité intérieure présente la même intensité ni les mêmes caractéristiques ; il n'en est pas deux qui conçoivent et surtout « sentent » de même une représentation mentale. Car n'oublions pas que, dans la transmission d'une pensée par voie astrale, il s'agit avant tout de sensations et non de relations abstraites de cerveau à cerveau. Il y a les gens qui pensent timidement, en hésitant, avec de constants arrêts et de constantes rétractations fluidiques ; ceux-là n'ont qu'une action nulle ou presque nulle sur l'extérieur. Il en est dont la pensée est douce, constante, pas très intense, mais active cependant par sa ténacité et sa régularité. D'autres ont une pensée vigoureuse mais capricieuse et fantasque, qui n'a qu'une action inégale et fugitive sur le milieu ; leurs élans psychiques sont puissants mais sans cesse changent, ce qui détruit leur efficacité. D'autres ont des concepts mentaux tortueux qui agissent lentement et par détours au dehors, les conduisant cependant aux buts qu'ils se proposent. Puis il y a les forts dans le domaine invisible, ceux qui joignent à un riche capital nerveux une pensée calme, continue et opiniâtre ; ils dominent toujours le milieu dans lequel ils sont placés et, partout, réussissent. Enfin il y a les éternels vaincus, ceux dont les représentations cérébrales sont vagues, diffuses et comme dissociées, et ne peuvent les conduire à aucune réalisation parce qu'elles ne savent pas sculpter la matière 60 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée psychique. Rapport entre le caractère et le rayonnement vital J'ai constaté au cours de mes recherches qu'il existait un rapport entre le caractère et les qualités ou défauts fluidiques des individus. Qu'est-ce en effet que le caractère sinon la façon de réagir de notre vie psychique aux excitations extérieures. Suivant les personnes, les réactions sont violentes ou douces, énergiques ou faibles, rapides ou lentes, régulières ou heurtées ; et à chacune de ces nuances particulières correspond une émission nerveuse spéciale. J'ai été conduite par mes essais à penser que le caractère dépendait de la quantité de fluide vital contenu dans les corps et de la nature de son écoulement. Le coléreux, par exemple, à un corps qui fournit et surtout concentre trop d'énergie vitale ; aussi, par moment, elle l'oppresse, surcharge ses nerfs qui, sous la plus légère excitation, la projettent au dehors par l'explosion de la colère. L'apathique, au contraire, a une trop faible sécrétion nerveuse. Aussi, ne suffit-elle pas à nourrir ses muscles qui n'aiment pas à se mouvoir. Le calme doit son humeur égale et heureuse à l'équilibre constant qui existe entre l'accumulation de son fluide et sa dépense. Le nerveux, l'impressionnable est, celui dont le capital nerveux varie constamment, suscitant en lui des alternatives d'énergie et de paresse, d’exubérance et de mélancolie. Parfois il se sent comme vidé et parfois il a l'impression de déborder. J'ai constaté sur moi-même, et cela sans aucune exception que, la tristesse, la lassitude morale ou physique correspondaient à un déficit nerveux, tandis que la joie et le courage coïncidaient avec un fort dégagement magnétique. 61 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Celui qui expérimente régulièrement peut facilement faire cette observation ; ce qu'il n'arrive pas à découvrir ce sont les raisons très obscures qui président aux modifications quelquefois rapides de la puissance émissive de l'organisme. Le chagrin, les insuccès et la maladie ont sur lui une action affaiblissante non douteuse ; mais il est beaucoup d'autres causes de dépression psychique qu'il est impossible de déceler et de découvrir. Rapport entre le tempérament et le rayonnement vital J'ai remarqué encore que la qualité du fluide vital et le tempérament étaient étroitement liés. Si la quantité de fluide vital de chaque individu varie constamment, son rythme a une sorte d'invariabilité, et c'est ce mode invariable qu'il affecte chez chaque personne qui révèle le tempérament. J'ai été conduite par mes observations à classer grossièrement les fluides de la façon qui suit : 1° Fluide léger, transparent, très peu épais : cérébralité ; 2° Fluide plus chaud, dense, mais doué encore de légèreté : sentimentalité ; 3° Fluide lourd, opaque lent à se mouvoir et ne pouvant rayonner loin : sensualité. De ces trois qualités de fluide, celui qui semble le plus détaché des lois de l'espace est le fluide cérébral. Façon psychique de chaque personne de se manifester Enfin chaque être se manifeste aux autres psychiquement d'une façon particulière. Les uns se 62 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée traduisent par une sensation de courant pénétrant une certaine partie de la tête, les autres par des souffles sur le front ou sur la face. Je me suis demandée, sans jamais faire de recherches à ce sujet, si percevoir ainsi les pensées est la résultante d'un rapport qui s'établit entre celui qui influence et celui qui est influencé ou si le point du cerveau auquel le sujet éprouve une impression correspond au point du cerveau qui émet chez l'opérateur. Il y aurait là une étude intéressante à faire. Sur la coloration du fluide Certains chercheurs ont cru reconnaître que chaque impression, sentiment ou pensée, donnait au fluide une coloration particulière ; coloration que peuvent percevoir les sensitifs. Pour ceux que ces questions intéressent, je signale l'étude faite par M. J. Stenson Hooker, dans The Lancet, numéro de novembre, 1905, et dans Les Annales des Sciences psychiques, 1906, p. 315. N'ayant fait aucune expérience dans ce sens, je n'ai pas d'opinion personnelle sur ce sujet. Voici la liste des couleurs que M. Hooker suppose être données au fluide vital par les différents sentiments : Violence et passion ..= Rouge foncé. Bonté ................................= Rayons roses. Ambition ..........................= Orange. Pensée ...............................= Bleu. Art et Raffinement ...........= Jaune. Dépression ........................= Rayons gris. Dégradation ......................= Brun sale. Dévotion ...........................= Bleu clair. Progrès .............................= Vert clair. Maladie .............................= Vert foncé. 63 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Phénomènes inattendus se produisant au cours des expériences Au cours des expériences il se produit parfois des phénomènes inattendus que l'on ne peut expliquer et qui demanderaient à être étudiés avec soin. Par exemple, dans le cas de l'expérience 5, le sujet sentait sa masse nerveuse dessiner le chiffre suggéré parfois à l'endroit et parfois à l'envers, alors que l'opérateur n'avait à aucun degré la sensation d'avoir modifié sa représentation mentale. D'ailleurs l'essai relaté qui consistait à agir à la fois sur deux personnes, dont l'une sentit le chiffre que je voyais mentalement à l'endroit et l'autre à l'envers, montre bien que la façon de penser de l'opérateur n'est pour rien dans ce phénomène. Des cas de ce genre seraient à étudier longuement et avec soin. Un autre phénomène curieux est le suivant. Si l'on imagine faire intervenir dans une expérience une tierce personne absente, le sujet, qui ignore cette intervention, accuse aussitôt une modification dans la qualité et la quantité du fluide perçu. De même si, un jour, se sentant un pauvre rayonnement, on pense à emprunter celui d'un ami, le sujet, qui avait d'abord accusé la faiblesse première de l'émission, annonce aussitôt son augmentation, sa transformation et déclare qu'il sent beaucoup mieux la pensée de l'opérateur. Cela est étrange. En face de cas de ce genre on peut se demander si la personne dont on a appelé le fluide à soi a éprouvé, de ce fait, une impression quelconque et si elle s'est sentie appauvrie nerveusement. Peut-être aussi augmente-t-on sa quantité de fluide vital par la confiance que l'on a dans le fait qu'elle va, en effet, s'accroître ? Je n'en sais rien, n'ayant pas cherché à éclaircir ce point. Mais si l'explication qu'on peut donner de ces singularités, est encore à découvrir, les phénomènes eux-mêmes, j'ai pu le constater, ne peuvent être mis en doute. 64 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Que ceux que ces problèmes intéressent tentent de leur donner une solution. CONCLUSIONS Existence du rayonnement vital Les expériences que j'ai faites m'ont conduite à cette conviction absolue que nous portons en nous une sorte de double invisible, formé d'une matière fluide, mais palpable pourtant, qui est sans doute une émanation du corps physique ou, tout au moins, dépend de la qualité de sa matière, et est aussi fixe, pour chaque individu, que la couleur de ses cheveux ou les lignes de son ossature. Elles m'ont, en outre, entraînée à croire que ce double agit sur l'organisme auquel il est attaché, qu'il rayonne autour de lui et s'en éloigne parfois à de grandes distances (car la distance ne joue aucun rôle dans les transmissions psychiques, voir expérience 13, fiche octobre 1917) et qu'il influence la partie immatérielle des autres êtres, l'attirant, la repoussant, l'incitant à sentir d'une certaine façon ou à se diriger vers un but défini. Je vais étudier successivement ces différents pouvoirs de notre personnalité invisible. Mais, auparavant, je veux dire quelques mots sur les deux grandes catégories d'êtres qui composent la société humaine : je veux dire les sensitifs et les non sensitifs. Le sensitif Qu’est-ce qu’un sensitif ? Un sensitif est celui pour lequel les impressions morales ont un caractère de consistance et se rapprochent beaucoup, par la qualité et l'intensité des sensations matérielles. Un regard malveillant est pour lui un heurt réel, reçu 65 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée dans une partie de lui qu'il ne peut définir, mais qui lui parait être de beaucoup la plus sensible de sa personnalité. Un mot méchant creuse dans son être invisible une blessure qu'il sent tangible, dont la place reste sensible et dont la cicatrice ne peut jamais être complètement effacée. Le sensitif a l'impression de dépasser constamment les bornes de son corps et de n'être pas délimité dans l'espace. S'il pose ses regards sur un objet il sent qu'il n'en prend pas seulement conscience abstraitement, mais qu'il le touche, le palpe et le pénètre avec ce second lui-même dont il perçoit l'existence avec la certitude la plus absolue. De même, lorsqu'il se trouve auprès d'un être, il se met à vibrer à l'unisson avec lui ; il ressent et partage son état instinctif, sentimental et mental du moment, traversé qu'il est par ses courants vitaux qui lui imposent leur rythme et le transforment. Il croit alors se dépersonnaliser, prendre un caractère, des tendances, des émotions et des pensées différentes de celles qu'il éprouve ordinairement. Les formes, les couleurs, les odeurs et les sons causent aussi dans son fluide nerveux des perturbations immédiates et profondes. Tout est source de perceptions sensorielles pour le sensitif Pour lui, tout est source de perceptions sensorielles, bien que n'affectant pas directement la surface de son corps ; et qu'il s'agisse de sentiments ou d'idées ils se présentent à lui d'une manière sensible : ils ont une température, une densité, un parfum. Ils lui donnent l'impression de traverser sa chair et de modifier jusqu'à sa vie intérieure la plus intime. Le soleil, la pluie, le vent ne sont pas non plus extérieurs à lui comme pour la plupart des hommes : ils font partie inhérente de lui parce qu'ils sont unis à lui par des liens invisibles qui imposent à son système nerveux leur mode vibratoire. Enfin l'état électrique de l'atmosphère modifie considérablement son humeur, l'activité de ses 66 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée organes et le cours de ses pensées. En un mot, il frémit au moindre souffle et se meut et s'agite, sans cesse assailli par mille courants divers. Le sensitif n'est ni malade ni un fou On a souvent prétendu que le sensitif était le jouet de sensations imaginaires. Mes expériences ont pu me convaincre qu'il n'en était rien, comme elles convaincront de même ceux qui les reprendront avec soin. Le sensitif n'est ni un malade, ni un fou. Il est seulement un être dont les perceptions psychiques sont beaucoup plus délicates et plus nuancées que celles des autres individus, parce que la partie immatérielle de lui est très extériorisée. La plupart des humains n'ont qu'une sensibilité nerveuse peu affinée et qui s'éloigne rarement de son support matériel. Celle du sensitif au contraire (pour des raisons encore inconnues) est continuellement tendue autour de lui comme des antennes invisibles qui lui permettent de prendre des choses et des vivants un contact à la fois direct, intime et total. Aussi ses vues sont-elles souvent plus justes que celles de ceux qui ne basent leurs jugements que sur la réflexion, bien que sa logique et sa raison n'interviennent jamais dans ses déductions premières. Raisonner est ne pouvoir prendre connaissance d'une personne ou d'un objet que détail après détail ; sentir est en pénétrer d'un seul coup toutes les parties, extérieures et intérieures. Avantages du sensitif Il va sans dire que de sa sensibilité particulière le sensitif retire de nombreux avantages. Il est guidé par des sympathies et ses antipathies spontanées, comme par une boussole qui lui indique les écueils à éviter et les ports à rechercher. Il fait, non de la psychologie morte – construite avec les seuls éléments cérébraux et, par-là, réduite à la stagnation et à l'immobilité cadavérique des définitions 67 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée abstraites – mais de la psychologie vivante, qui, en face de chaque cas se replace comme devant l'inconnu, afin de pénétrer par sensation directe ce que ce cas a d'absolument unique et d'inimitable. Le sensitif ignore aussi la sensation de limites ou de distance puisque sa sensibilité ne connaît ni l'épaisseur des murailles qu'elle traverse aisément, ni l'espace qu'elle franchit en moins d'un instant. Et, par le seul fait de ce pouvoir particulier de perception qu'a mis en lui la Nature, il reçoit des plantes, des créatures et de l'air des sensations multiples et sans cesse renouvelées qui enrichissent sa vie instinctive, sentimentale et cérébrale, leur communiquant à chaque moment du temps les mille mouvements et les mille reflets de tout ce qui vit et de tout ce qui est inanimé. Inconvénients du sensitif Mais si le sensitif jouit de tous ces avantages il éprouve aussi de sa trop grande facilité à vibrer de nombreux inconvénients. D'abord la mobilité de ses impressions est extrême ; il ne peut, sans effort, rester longtemps fixé à un même sentiment ou conserver en son esprit un même sujet de méditation, étant constamment sollicité par des attractions et des répulsions nouvelles. Change-t-il de milieu, il découvre en lui-même un étranger dont il ne reconnaît plus les désirs, les aspirations, ni l’âme. On peut dire que sa vie intérieure est le lieu de rencontre de personnalités multiples, diverses et, souvent même, contradictoires. Mais l'instabilité des sensations et des impressions conduit à l'instabilité de la pensée et à celle de l'action : défaut grave. Puis ces réactions trop vives que suscitent, chez le sensitif, les moindres gestes, les moindres paroles, comme aussi les couleurs, les formes ou les sons lui sont aussi de continuelles causes de malaise, de souffrance ; enfin son existence est un combat perpétuel engagé entre les influences sans nombre qui, à toute heure, le traversent et tentent de l'asservir, et son moi qui, lui, tente désespérément 68 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée de conserver sa liberté. Le non-sensitif Qu'est-ce qu'un non-sensitif ? Un non-sensitif est celui dont la masse nerveuse est d'une espèce peu vibrante et reste limitée à la périphérie de son corps. Ne pouvant, comme le sensitif, recevoir en lui les reflets ou entendre les échos de la vie universelle, il ne possède, à peu de chose près, que son bagage héréditaire et ses propres impressions qui, faute d'aliment, sont peu nombreuses, peu variées et peu intenses. En général, il a l'esprit assez borné ; il ne croit qu’à ce qu'il voit et, surtout, qu'à ce qu'il touche, car, en effet, pour lui ne peut exister et n'existe sous forme de perception que ce que peuvent contempler ses regards et ce que peuvent saisir ses mains. On peut dire qu'il est une sorte d'aveugle de la sensation subtile. Comme il ne peut percevoir ni refléter les sentiments et les idées qui continuellement traversent l'espace, il n'a que des opinions et des convictions rigides ; sa vérité lui parait être la seule qui ait quelque valeur, il veut l'imposer à tous et en est lui-même l'esclave. S'il est intelligent, il peut se développer mais seulement dans le sens des spéculations abstraites. Tout ce qui demande de la précision, de la logique ou du raisonnement lui est aisé ; mais le sphère de l'art, de la création sensible et vivante qui, pour émouvoir et toucher doit être faite de parcelles de matière invisible et d'éléments palpitants arrachés aux êtres qui aiment, jouissent et souffrent, il ne peut être qu'impuissant. Comparaison entre le sensitif et le non-sensitif Vu du dehors, le sensitif et le non-sensitif se ressemblent comme deux frères ; vu du dedans, ils sont aussi différents qu'il est possible. L'un est un riche qui porte en lui le monde, l'autre est un pauvre qui, où qu'il aille, n'emporte jamais avec lui que lui-même. 69 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Et comment pourrait-on considérer comme pareils, celui pour lequel il n'existe ni murailles, ni espace ; pour lequel les corps et les objets ne sont que l'apparence visible et inerte des forces impondérables qui les asservissent ; pour lequel chaque éclair de prunelles, chaque geste et chaque parole recèle un frémissement d'âme ; pour lequel tout n'est que contacts légers et fluides dans l'invisible ; qui, d'un seul élan de sa pensée, s'envole en un instant partout où l'emportent sa volonté, ses désirs ou ses songes, et qui, à toute heure, sent tressaillir en sa poitrine la vie même de l'univers, et cet autre qui, en tout lieu, en tout temps, et quel que soit le point de la terre ou du ciel où se dirigent ses regards, ne peut jamais voir ni découvrir que son moi. On peut dire encore que le sensitif est celui qui, par sensation, perçoit directement les phénomènes de la Nature et les propose ensuite à l'étude du non-sensitif qui en détermine lentement et péniblement les lois. Ainsi depuis des siècles il était d'usage de dire que le rouge, l'orangé, le jaune étaient des couleurs chaudes. Tous, sauf les sensitifs qui, eux, les sentaient effectivement telles, croyaient que c'était là une simple forme de langage. Or, on sait maintenant, scientifiquement, que ces couleurs sont en effet les plus chaudes du spectre, au sens concret de ce mot. Ce que t'intuition des sensitifs avait perçu sans effort a demandé des années de patientes recherches pour être contrôlé par la science raisonnable. Et combien d'autres exemples de même ordre ne pourrait-on pas citer. Un seul suffit. Le lecteur pourra faire lui-même les autres rapprochements nécessaires. Action curative du rayonnement nerveux sur l'organisme qui le produit Si, comme je l'ai déjà dit au chapitre de la déperdition nerveuse entraînée par les expériences, l'état de santé ou de maladie augmente ou diminue le rayonnement vital, le rayonnement vital peut aussi, en bien ou en mal, modifier le 70 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée fonctionnement des organes. Car, par une voie et des moyens que la science est encore impuissante à expliquer, la vie physiologique et la vie psychique réagissent constamment l'une sur l'autre ; et si l'imagination et la volonté sont dans une large mesure sous la dépendance du corps, de même le corps est soumis aux fluctuations de l'imagination et de la volonté. Dans ces perpétuels échanges qui tendent à équilibrer et à unir en une action unique et harmonieuse le rythme de notre forme visible et celui de nos énergies invisibles, l'un peut, prendre parfois le pas sur l'autre, l'entraîner et le contraindre à s'adapter à son mode vibratoire. Ainsi toute maladie tend à affaiblir le capital nerveux comme toute idée de santé détruit, dans la mesure de sa clarté et de sa persistance, les altérations de l'organisme. L'influence du moral sur le physique J'ai pu constater de nombreuses fois sur moi-même l'influence d'une mauvaise digestion sur la force et la qualité de mon émission nerveuse, comme j'ai pu aussi me rendre compte que, par un effort psychique, je pouvais augmenter l'activité de mon estomac ou ralentir les battements de mon cœur. L'influence du moral sur le physique est d'ailleurs si connue que MM. Liebault, Berheim et beaucoup d'autres docteurs l'ont utilisée dans la cure des maladies, basant sur elle des traitements entiers. Mais si beaucoup demeurent d'accord sur l'existence du phénomène, chacun l'explique à sa façon. Pour ce qui me concerne, je suis arrivée à me convaincre que, par une succession de causes et d'effets ignorés, l'idée de santé étant fortement ancrée dans le cerveau, la masse nerveuse plastique se transforme, prend l'apparence et l'état psychique à elle imprimés par la représentation mentale et après plus ou moins de temps, y adapte le corps qui voit sa circulation 71 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée se rétablir dans ses parties malades et des courants vitaux les traverser à nouveau avec régularité et vigueur. Cette explication n'a rien de particulièrement parfait et ne montre aucunement par quels moyens les trois plans de l'être humain, en partant du plus subtil pour descendre jusqu'au plan matériel agissent ainsi les uns sur les autres : là comme ailleurs la cause première échappe à toute investigation ; mais elle a du moins le mérite de rester dans le domaine de la matière, car le fluide nerveux, que tout sensitif perçoit avec autant de netteté qu'une toile d'araignée posée sur la main, n'a rien qui sorte du domaine du concret et, pour ainsi dire, du mesurable. L'influence de l'esprit sur le fluide nerveux Jusqu'à présent ce fluide n'est perçu que par l'organisme humain, c'est-à-dire d'une façon irrégulière ; plus tard, sans doute, son existence sera décelée par des instruments. Alors tomberont les préventions injustifiées dont, jusque-là, on a voulu l'entourer. Mais ayant constaté moi-même de façon certaine l'influence de l'esprit sur la matière, je considère qu'il est de toute utilité, dans la mesure où cela est possible pour chacun, d'apprendre à diriger l'attitude et le rythme de son double impondérable, en vue de pouvoir modifier le plus largement possible, quand cela est nécessaire, son organisme dans le sens de la santé. Notre santé dépend de notre état d'esprit Car si se voir mentalement bien portant est déjà le devenir, se croire malade est déjà offrir un terrain favorable à la maladie. « J'ai vu, dit M. Ochorowicz, des cas de choléra produits uniquement sous l'influence d'une idée, en dehors de toute action épidémique (13). » 72 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Le rythme vibratoire moléculaire de la maladie n'est pas celui de la santé. Tout le monde sait qu'il est des moments où le corps est absolument réfractaire à la réceptivité d'éléments microbiens, tandis qu'à d'autres il leur offre un asile merveilleusement préparé à les recevoir. Pour fuir un mal il convient donc de se mettre dans la situation la plus défavorable à son installation en nous. Dans un grand nombre de cas, la simple représentation claire et constante de l'état de santé suffit. « Ainsi, diront certains en lisant ces lignes, il suffit de se croire en bonne santé pour éviter la maladie. Il n'était pas besoin d'écrire un chapitre pour énoncer une idée aussi simple. » Il est vrai, ma conclusion apparaît quelque peu enfantine. Mais puisqu'elle correspond à la réalité pourquoi l'aurais-je transformée ? En donnant ainsi à un phénomène très important un aussi banal visage j'ai l'air, il est vrai, de le réduire à niant. Il n'importe ! La vérité est toujours nue et sans apprêts ; seule l'erreur est obligée de se parer et de se travestir. Influence curative du rayonnement vital d'un organisme sur les organismes proches ou éloignés Contrairement à ce que croient beaucoup de docteurs, disciples de MM. Liebault et Bernhein, qui s'imaginent que le malade seul peut agir sur lui-même, il existe une action nerveuse curative qui peut s'exercer d'un individu sur un autre individu. Je sais les sourires que suscitent autour d'eux ceux qui osent émettre une semblable opinion ; cependant je l'émettrai, après tant d'autres, avec courage, parce que je me sois convaincue par des faits de sa réalité. Mais comme les expériences de ce genre qu'il m'a été donné de faire moimême ou de voir faire autour de moi ne touchent pas au sujet particulier de cet ouvrage, je n'en parlerai pas dans ces pages. Peut-être les livrerai-je au public dans un autre livre. 73 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée J'en dis seulement quelques mots ici parce que, somme toute, la transmission d'une volonté, d'un désir, d'une sensation ou d'un acte et celle d'un état tel que celui de la santé sont, par beaucoup de points, analogues. Dans la transmission d'une pensée, un rythme vibratoire est transporté d'un système nerveux à un autre système nerveux. Dans la transmission de la santé, il se joint peut-être à ce transport de vibrations un certain apport de fluide vital qui nourrit le malade en déficit psychique, et l'aide à réparer ses désordres organiques. Mais sur ces points délicats, je ne veux pas aujourd'hui m'appesantir, car ce serait sortir du cadre que j'ai adopté. J'ai seulement voulu signaler que les deux communications invisibles d'être à être dont je viens de parler ne sont pas aussi éloignées l'une de l'autre qu'on pourrait l'imaginer au premier abord, et que, étudier l'une est être, tôt ou tard entraîné à étudier l'autre. Action volontaire du rayonnement nerveux d'un individu sur celui d'un autre individu, proche ou éloigné Quoi qu'en puissent penser nombre d'incrédules, l'influence volontaire d'un individu sur un autre individu existe. Et je ne veux pas parler ici de l'influence par suggestion verbale ou par production du sommeil hypnotique ou magnétique, mais seulement de celle qui peut s'exercer sans contact, sans paroles et de loin aussi bien que de près sur une personne parfaitement éveillée. Si une pensée est dirigée vers un être avec constance et régularité, elle modifie – comme je l'ai déjà expliqué dans un précédent paragraphe – d'abord son rythme vital, puis ses sentiments, puis ses pensées et tend à les faire se rapprocher peu à peu de l'état moral et mental de l'émetteur. Suggestion sans paroles et sans contact Parlant de la suggestion sans paroles et sans contact, M. Richet s'exprime ainsi : 74 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée 1° La pensée d'un individu se transmet sans le secours de gestes extérieurs à la pensée d'un individu placé près de lui ; 2° Cette transmission se fait à des degrés divers chez les divers individus ; elle est aussi éminemment variable chez les mêmes personnes ; 3° Cette transmission est en général inconsciente en ce sens qu'elle agit plutôt sur l'intelligence inconsciente que sur l'intelligence consciente de l'individu qui perçoit et de l'individu qui transmet. Je fais seulement cette remarque, dont m'ont convaincue mes expériences, que la pensée se transmet d'un être à un autre sans le secours de gestes non seulement lorsqu'ils sont proches l'un de l'autre, mais aussi à n'importe quelle distance. Cela est un point extrêmement important. D'ailleurs, si la transmission de pensée, sans signes visibles, existe de près, il n'est pas plus étrange ni plus extraordinaire qu'elle puisse exister de loin. L'idée suggérée agit avec plus ou moins de force suivant la vigueur fluidique de celui qui l'émet et les facultés réceptives de celui auquel elle est envoyée. Mais, comme l'ont fait remarquer MM. Binet et Ferré : « Le nombre des sujets est immense (14). » J'ajouterai même que presque tous les hommes sont suggestifs, si l'on envisage la suggestion mentale ; seulement, ils le sont à un degré plus ou moins élevé. Tout homme est influençable Je dis que tout homme est, à mon avis, influençable en ce qui concerne la suggestion mentale, et voici pourquoi : 1° Parce que, n'étant pas prévenu de la suggestion qui lui est faite, le sujet ne songe pas à se défendre contre elle ; 2° Parce que la suggestion pénètre en lui par les 75 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée couches inconscientes de son esprit et n'apparaît à sa conscience que comme une pensée naturelle, adaptée à lui et montée des profondeurs de son être, si bien qu'il la croit son bien propre et lui obéit volontiers. (Expérience 13 ; fiche, 20 déc. 1918.) La façon dont l'idée suggérée fonctionne Je ne puis me retenir de citer quelques lignes de M. Abramowski qui expriment excellemment la façon dont l'idée suggérée, d'abord reçue et enregistrée par l'inconscient, monte et pénètre dans les couches de la conscience. Dans la description des faits recueillis par l'enquête mentionnée, on peut remarquer, comme un trait assez fréquent, une certaine symbolisation de l'événement qui arrive à la conscience du sujet par cette mystérieuse voie (de l'inconscient) et, d'un autre côté, le fait qu'on reçoit souvent la nouvelle de cet événement sous l'aspect d'un pressentiment inquiétant. La nouvelle reçue se limite le plus souvent à cet état purement affectif du pressentiment ; mais dans d'autres cas l'état affectif se développe en certaines images hallucinatoires de différents sens qui reproduisent partiellement ou d'une manière symbolique seulement le fait lointain réel (15). Et, plus loin : Nous avons rappelé alors comme preuve de cette hypothèse le caractère psychologique le plus fréquent du processus télépathique, dont la première phase présente le plus souvent un état émotif et concentré sur un point de repère quelconque. L'objet du pressentiment est d'abord indéterminé, inconnu pour la pensée ou bien très vague ; on sait seulement, jusqu'à un certain degré, qu'il ne peut-être ni ceci, ni cela, et surtout, on reconnaît facilement que ce n'est pas un état ordinaire d'inquiétude et d'énervement se rapportant également à tous les objets. Dans cette inquiétude ou tristesse qu'on ressent sans aucune cause 76 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée déterminée et réelle, on reconnaît quelque chose de précis, un objet particulier qui se recèle dans l'émotion éprouvée, de la même manière qu'on ressent le genre de l'oublié dans les lacunes de la mémoire, surtout lorsque c'est un oublié plus intense ou bien encore de la même manière qu'on possède un rêve émotif après qu'il s'est déjà évanoui dans la conscience. Ce n'est que plus tard que le pressentiment télépathique commence à s'intellectualiser : dans le sommeil ou pendant la veille, dans les moments hypnoïques passagers d'une rêverie ou d'une fatigue apparaissent soudainement des images très claires et qui sont reconnues par le sujet tout de suite en ce qui était pressenti (16). Dans la télépathie involontaire de la part de l'émetteur et du récepteur, dans la communication d'une volonté à un sujet consentant, comme dans la transmission volontaire d'une sensation ou d'un acte à accomplir à un individu non prévenu, la marche de la pensée suggérée dans la vie psychique de celui qui la reçoit est la même. Sensations pendant une suggestion venue de l'extérieur Lorsqu'une personne réceptive devient l'objet d'une volonté étrangère, elle éprouve à l'afflux fluidique de cette volonté une sensation de malaise, de gêne indéfinissable et comme un lent envahissement de son être. L'activité de son cerveau lui semble se ralentir ; elle a de la peine à conserver son attention à l'occupation commencée, et, peu à peu, sans qu'elle sache comment et après une sorte de vide de la conscience, elle se trouve plongée dans une rêverie vague et sans objet. Si elle est entraînée à sentir les courants psychiques, elle reconnaît aussitôt à cet alanguissement et à cette torpeur particulière qu'elle est la proie d'une suggestion venue de l'extérieur ; si, au contraire, elle ne sait rien des lois de l'influence astrale, elle sent grandir en elle une sourde angoisse, un « état d'inquiétude et d'énervement » – comme le dit très bien M. Abramowski dans les textes cités plus haut – dont elle ne peut s'expliquer la cause. Et cette 77 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée mélancolie étrange qui s'est emparée d'elle s'accuse de plus en plus à mesure que croit et s'affirme la dissociation entre son corps physique, son corps psychique et sa pensée ; dissociation créée par la volonté de celui qui cherche à agir sur elle, et qui, si elle se prolonge, peut devenir extrêmement pénible. Alors quatre cas peuvent se présenter : l° Ou l'idée suggérée demeure inconnue et inutilisée dans son inconscient ; 2° Ou elle traverse fugitivement ses réflexions ; 3° Ou elle apparaît à son esprit avec continuité, s'imposant à son attention, mais y demeurant à l'état d'image mentale ; 4° Ou elle se fixe en lui, l'obsède dans toutes les parties de sa vie sensible et le conduit à l'acte désiré. Les raisons de l'insuccès d'une suggestion Dans le cas où une suggestion astralement faite n'atteint pas son but, les raisons principales en sont : 1° Ou que le sujet était trop peu réceptif au moment de la transmission ; 2° Ou que la concentration de l'opérateur a été trop courte ou trop faible ; 3° Ou que l'idée suggérée était trop en opposition avec les idées habituelles du sujet, ce qui revient à dire que l'état de rapport, de communauté d'espèce de fluide nécessaire à toute transmission de pensée n'existait pas entre l'organisme émetteur et l'organisme récepteur ; 4° Ou que le récepteur avait une force psychique plus grande que celle de l'émetteur. 78 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Pour percevoir et recevoir les courants fluidiques En effet, pour percevoir et recevoir les courants fluidiques, il faut se trouver en état de passivité psychique, je ne dis pas de passivité mentale, car elle a peu d'importance en ce qui concerne l'enregistrement astral de l'image suggérée, mais de passivité sentimentale et musculaire, si je puis m'exprimer ainsi. Tout être actif corporellement et surtout sentimentalement est en mauvais état de réceptivité inconsciente. La lecture, la rêverie au contraire sont les états les plus favorables à la transmission par les couches impondérables. Il n'est pas besoin d'expliquer pourquoi une concentration trop courte ou trop faible ne peut arriver à son but. Par contre il faut insister sur ce fait que l'idée suggérée ne parvient à l'esprit du sujet et surtout n'est acceptée par lui que lorsqu'elle est en accord avec ses sentiments et ses convictions ou que, tout au moins, elle ne s'en éloigne pas trop. Si elle en est très différente elle doit faire un énorme effort, d'abord pour faire vibrer son double fluidique en communion avec elle, et ensuite pour passer, par une suite de nombreuses associations mentales, du plan de l'inconscient à celui du conscient. Une heure, des jours ou des semaines, suivant les résistances ou les divergences rencontrées, peuvent alors devenir nécessaires à l'apparition de l'idée dans la pensée du récepteur. Mais comme le laboureur abandonne au sol avec confiance le grain qu'il vient d'y déposer, sûr de le voir germer et grandir, de même celui qui sème une idée doit, avec une confiance pareille, l'abandonner au sourd travail d'éclosion de ses énergies invisibles. Ce qu'il faut retenir Le fait intéressant à retenir est que, pour ce qui concerne du moins la transmission d'une image, d'une sensation ou d'un désir sous la forme astrale où je l'ai 79 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée étudiée, cette image, cette sensation ou ce désir n'arrivent clairement à la conscience que par une série de représentations, plus ou moins analogues à celle qui a été suggérée, qui se multiplient et s'agglomèrent suivant les lois ordinaires d'association de l'esprit. Rien n'est brusque dans la transmission de pensée astrale. Après une longue digestion de l'inconscient qui apporte au conscient les éléments qui lui conviennent et sont en tous points adaptés à elle, l'image émise par le penseur réapparaît vivante et semblable à elle-même dans le cerveau du sujet, et cela d'une façon si naturelle qu'elle ne peut l'étonner. Une pensée transmise mentalement s'impose directement à celui qui la reçoit, communiquée astralement elle doit d'abord être acceptée par son inconscient et, en quelque sorte, lui devenir fraternelle. M. Ochorowicz s'exprime ainsi sur ce phénomène : Maintenant, à part la transmission immédiate, il existe une transmission lente et retardée. L'état du sujet peut ne pas permettre une communication directe (à cause de la pression des idées qui l'occupent, ou bien à cause de l'engourdissement du cerveau), mais la communication s'effectue tout de même insensiblement et l'idée perçue en cachette apparaît d'une façon inattendue dans une expérience suivante ou en dehors des expériences. Et, plus loin : Pour expliquer ce fait, autant que possible il faut se rappeler notre distinction de deux couches inconscientes, l'une forte qui se manifeste somnambulisme, l'autre faible, opprimée par celle-ci, soustraite à notre en investigation directe, mais qui peut à un moment propice reconquérir son droit d'action. Il paraît que dans cette dernière couche, les transmissions sont plus faciles, et même qu'elles ont lieu très souvent sans pouvoir nous donner une preuve évidente de leur existence. C'est le domaine des « sensations 80 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée imperceptibles » de Leibniz. Elles ne peuvent pas se manifester immédiatement. Mais si on leur donne le temps nécessaire pour miner les couches supérieures, elles vont reparaître à la surface (17). Ce mode de transmission d'états physiologiques, moraux ou intellectuels est celui qui se manifeste constamment dans les transmissions courantes et involontaires. C'est pourquoi il échappe à l'attention et à l'observation de la plupart des gens qui ne veulent concevoir une communication possible d'être à être que si elle apparaît, dans ses manifestations, immédiate et d'emblée parfaite. Une telle transmission, qui est la transmission mentale, n'a aucun intérêt pratique et ne saurait former ces liens multiples, étroits et si essentiellement malléables qui unissent les individus entre eux ; car si chaque idée extérieure qui venait les frapper apparaissait spontanément et clairement à leur esprit, elle leur semblerait tellement différente de leur moi qu'ils en concertaient aussitôt la nature étrangère et la rejetteraient sans même prendre la peine de la considérer. Mais la Nature, plus sage, a voulu qu'un intermédiaire invisible et plastique enchaîne les phénomènes sans brutalité et que, n'étant qu'une cellule d'un tout auquel il tient et dont il dépend par toutes ses énergies les plus subtiles et les plus profondes, l'homme puisse garder l'illusion d'être à lui-même son propre centre et de posséder la liberté. Influence involontaire, mais puissante du désir Mais, à côté du cas de transmission volontaire d'une sensation, d'un sentiment ou d'une idée d'un être à un autre, il y a l'influence involontaire des pensées persévérantes, autrement dit du « désir ». Que les humains le veuillent ou non, leurs images mentales et, par suite, leurs vibrations nerveuses habituelles agissent constamment autour d'eux et tendent à s'imposer avec plus ou moins de force aux organismes environnants, 81 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée suivant qu'ils ont une extériorisation puissante ou faible ; ce qui revient à dire que le nombre et l'importance des succès et des défaites qui se succèdent au cours de leur vie donnent la mesure et la qualité de leurs représentations cérébrales et de leur émission astrale. Ceux qui portent dans les circonvolutions de leur cerveau des visions claires et tenaces, et dans leurs nerfs un fluide vigoureux, possèdent les plus sûrs éléments de la réussite, quels que soient les buts qu'ils se proposent ; car, dans le monde psychique comme dans le monde de la matière, le succès n'est pas dévolu aux plus droits ni aux plus purs, mais aux plus forts et aux plus résistants. Le désir Le désir, l'aspiration qui, tout à tour, font souhaiter atteindre un objet ou un autre, un but ou un autre but, enfin la réalisation quelconque d'un projet, portent en eux des énergies actives considérables. Mais il y a deux sortes de désir : le désir en quelque sorte mental qui naît de la volonté raisonnable et s'impose à nous sans avoir un véritable lien de parenté avec notre moi intime, et celui qui n'a pas été commandé, qui monte des antres les plus secrets de nous, des besoins mystérieux de notre instinct, des élans de notre vie affective, des courants héréditaires, en un mot de nos sources vitales elles-mêmes : sorte d'écho affaibli des volontés du monde, sorte de pressentiment de notre destin. Le désir mental demande une tension constante et fatigante de notre conscience pour le maintenir en nous et ne dispose que de peu de force pour nous mener à la conquête d'un but convoité ; car nos puissances nerveuses ne sont pas des esclaves que nous pouvons soumettre à volonté ; elles ont leur logique et leurs fins propres, et, lorsqu'il leur plaît, elles refusent de servir nos volontés raisonnables qui ne sont pas en accord avec elles. L'autre désir, au contraire, à cause de sa spontanéité et parce qu'il s'adapte étroitement à notre tempérament et à notre caractère, émeut sans effort nos 82 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée activités vitales ; il les mobilise et les utilise toutes, dès sa naissance, et leur donne leur maximum d'expansion et d'activité créatrice en nous et hors de nous. Il développe notre intuition, nous met en communication avec ceux qui nous approchent ou même qui sont éloignés de nous, modifiant leurs pensées et leurs rives ; enfin, par des voies inconnues, il met en œuvre toutes les forces impondérables utiles à la réalisation de ce que nous désirons. Ainsi les événements qui nous arrivent ne sont autre chose que la troupe devenue vivante de nos désirs profonds, car ceux nés de notre raison demeurent presque toujours des étrangers en nous et ne peuvent nous conduire ni bien loin, ni bien haut. Pour m'exprimer sous une autre forme, je pourrais dire que le désir logique est celui de la conscience, tandis que le désir spontané est celui de l'inconscient qui, seul, peut utiliser les courants du monde puisqu'il communie sans cesse avec eux. Et lorsqu'il y a conflit entre l'un et l'autre, comme dans les grandes poussées animales, affectives ou mystiques de la passion ou de la religion, c'est le dernier qui toujours l'emporte, sinon dans les faits, du moins dans l'âme au sein de laquelle ils ont combattu. L'action du désir Je ne puis mieux traduire l'action du désir au dehors de nous que par ces lignes de M. Orison Swett Mardem. Il y a une puissance créatrice formidable dans la concentration continuelle de l'esprit sur un désir, une ambition. Cette concentration développe un merveilleux pouvoir pour attirer, pour créer les choses après lesquelles nous soupirons (18). Quand nous commençons à désirer une chose de tout notre cœur, nous créons un lien entre cette chose et nous, lien d'autant plus fort que notre désir est plus ardent et notre effort pour l'atteindre plus intelligent (19). Les aspirations de nos âmes, les désirs de nos cœurs, 83 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée sont bien autre chose que les rêves de notre imagination. Ce sont des prophéties, des prédictions, des avant-coureurs des choses qui peuvent devenir des réalités (20). Ce que nous désirons ardemment, ce que nous nous efforçons d'atteindre, tend à devenir une réalité. Notre idéal est l'esquisse qui précède la réalité, la substance des choses qu'on espère (21). « Tout ceci, diront les sceptiques et surtout les ignorants, n'est que verbiage, et les phrases que vous venez de nous citer ne sont que des mots que ne soutient aucune réalité positive. » Mes expériences m'ont démontré qu'il n'en était point ainsi, et qu'effectivement tout désir monté des profondeurs de nous avait une action sur le monde extérieur, qu'il modifiait plus ou moins profondément la vie psychique des personnes aptes à en percevoir les effluves, les incitant a réaliser ce à quoi nous aspirions. J'ai vérifié l'existence de ce phénomène des centaines de fois, d'abord pendant mes deux années de recherches, et, ensuite, dans la vie courante. Dans de pareils cas, notre inconscient semble vraiment posséder un don de double vue qui lui fait toucher exactement à travers l'espace les personnes qui peuvent être utiles à la réalisation de ce que nous souhaitons. Je crois cependant qu'il n'y a là qu'une apparence de choix. Notre sensibilité nerveuse rayonne vraisemblablement tout autour de nous, mais ne perçoivent ses vibrations et notre sorte d'appel psychique que ceux qui ont en eux des pensées ou des sentiments de l'ordre de ceux que nous émettons. D'ailleurs je ne cherche à établir aucune théorie. Je signale simplement les faits que j'ai de nombreuses fois constatés. Triage des pensées venues de soi et de celles venues de l'extérieur Mais alors, dans cet univers en miniature que chacun 84 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée de nous représente, est-il possible de délimiter les pensées qui nous appartiennent en propre de celles qui nous viennent de l'extérieur ? À ceci, je réponds sans hésiter : « Oui, cela est dans une certaine mesure possible. » Certes, il est en nous des profondeurs que nous ne pouvons atteindre, il est des mouvements si ténus, si fugitifs que jamais nous ne les pouvons déceler. Mais s'il ne nous est pas donné de porter la lumière dans les moindres recoins de notre temple intérieur, du moins nous est-il permis de l'y faire luire dans beaucoup de ses détours que nous laissons ordinairement dans l'ombre. S'habituer à sentir la pensée volontaire d'un autre est se préparer à percevoir la pensée involontaire de tous ; apprendre à reconnaître le procédé d'intrusion des idées venues de l'extérieur, c'est se rendre capable de noter en soi le passage des courants psychiques connus, je veux dire de ceux qui nous viennent de nos proches, de nos amis ou de ceux avec lesquels nous avons expérimenté et dont nous connaissons le rayonnement. Mais à l'identification de quelques pensées volontaires ou involontaires venues d'autres cerveaux jusqu'à nous doit se borner notre ambition. Certes, les courants de tous ordres, humains, électriques, magnétiques ou autres qui viennent nous frapper se comptent par milliers. Mais si, à leur passage en nous, nous éprouvons une joie ou une gêne obscure, en tout cas nous ne pouvons les cataloguer ni les différencier. Une vie entière d'entraînement ne nous conférerait pas ce pouvoir. Dans la limite des rayonnements connus, au contraire, ce n'est qu'une question de patience et de temps. Et cette perception des pensées invisibles qui viennent frapper en amies ou en ennemies aux portes de notre esprit est loin, malgré ses imperfections, d'être négligeable. Elle nous permet d'aller plus avant dans la connaissance de nousmêmes, d'analyser mieux les mobiles qui nous font agir, de développer d'une façon plus complète nos facultés intellectuelles et de mesurer avec plus d'exactitude nos possibilités et nos pouvoirs humains. 85 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée La transmission de pensée est un phénomène constant Il découle des paragraphes que je viens d'écrire que la transmission de pensée sans parole, sans contact et sans signes visibles est un phénomène constant. Seulement, comme presque tout le monde ignore les lois d'influence des êtres les uns sur les autres, ceux qui pensent ignorent l'activité invisible de leur système nerveux et ceux qui reçoivent leur pensée ignorent qu'ils sont capables de la percevoir. Ainsi, ni les uns ni les autres n'analysant les phénomènes dont ils sont les auteurs ou les objets, mille sensations, mille sentiments, mille rêves passent pour eux inaperçus, et, de ce fait, demeurent inutilisables. Bien que nous ne nous en apercevions pas, à toute heure du jour et même pendant notre sommeil, par le seul fait que nous existons et rayonnons du fluide vivant, nous agissons sur ceux qui nous entourent et même sur ceux qui sont éloignés de nous ; et, de même les autres, sans le savoir davantage, exercent sur nous une perpétuelle action. Et cette action est d'autant plus forte qu'elle vient de nos désirs inconscients qui, comme je l'ai dit précédemment, ont une puissance de transmission beaucoup plus grande que celle de nos volontés conscientes. À chaque instant du temps nous sommes assaillis par la foule multiple et dense des aspirations, des conceptions et des rêves de tous les vivants, et aussi par celle des courants, et des radiations de l'espace que nous acceptons ou rejetons suivant nos possibilités de réaction et selon la qualité de nos vibrations nerveuses, plus ou moins éloignées de celles qui viennent nous frapper et tentent de nous pénétrer et de s'imposer à nous. Notre existence consiste en une lutte sans fin engagée entre les forces universelles et nos énergies intérieures. De cette lutte, nous sortons tour à tour vainqueur ou vaincu, mais sans que nous puissions nous enorgueillir de notre victoire ou nous reprocher notre défaite, car, dans un cas 86 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée comme dans l'autre, nous demeurons complètement ignorants des influences qui nous ont fait agir : les suggestions auxquelles nous obéissons venant à nous par la voie de notre inconscient et n'apparaissant à notre conscient que comme un désir tout formé, adapté, semble-t-il, à nos aspirations et à nos volontés. L'influence permanente Cette influence permanente qu'exercent les hommes les uns sur les autres nous apparaît avec une rare vigueur lorsque, ayant reconnu l'existence des courants nerveux, nous avons appris à délimiter dans une certaine mesure les désirs et les pensées qui viennent de nous et celles qui nous arrivent du dehors. Nous sommes alors stupéfaits de devoir constater que ce que, jusque-là, nous avions considéré comme le bien le plus intimement et le plus vraiment nôtre, est précisément la partie la plus mouvante et la plus impersonnelle de nous. Ce qui nous appartient ce sont ces quelques idées logiques, synthèse péniblement élaborée de quelques phénomènes entrevus. Notre moi, c'est cette fixité que nous essayons de garder à nos sentiments et à nos conceptions, fixité qu’heureusement il n'est pas en notre pouvoir de maintenir, car tout se qui se rapproche de l'immobilité se rapproche aussi de l'état de mort. Notre moi enfin est ce point de nous, qui tente de se libérer de ses invisibles chaînes, de s'isoler et d'échapper à l'emprise universelle. Mais, quoi qu'il fasse, l'homme plonge encore par de puissantes racines dans le réservoir d'énergie du monde. Il y est relié par toute sa vie nerveuse qui, malgré lui, tressaille et vibre aux souffles impondérables qui le traversent. Révolté il se redresse ! Qu'est-ce que la terre, et les astres, et les cieux auprès de sa consciente volonté ? Mais le danger apparaît ou la passion déchaîne en lui son orage ou la mort frôle sa chair tremblante et ce en est fait de sa raison : son moi s'envole, se déchire et se disperse, emporté par les 87 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée courants impétueux de la Nature triomphante. Quoique son orgueil veuille lui faire croire, il n'est pas un centre, mais seulement une cellule du grand corps que représente la famille humaine, laquelle n'est à son tour, qu'une cellule du corps plus vaste de l'Univers. L'union immatérielle Toutes les créatures sont reliées entre elles par les liens subtils mais combien forts de leur fluide nerveux. Et si cette union immatérielle avec les êtres et les choses les rend esclaves, elle leur confère aussi un merveilleux pouvoir : celui de percevoir en elles l'écho de tout ce qui existe, de posséder dans leur vie intérieure vibrante la terre, les astres et les nues, comme aussi tout ce qui dépasse leurs connaissances d'aujourd'hui et que leur raison ne soupçonne pas encore. Et qu'est-ce que la grande famille des vivants sinon un perpétuel échange d'influences, un équilibre instable qui s'établit sans cesse entre les tendances et les volontés de ceux qui la composent, une sorte de creuset dans lequel se rencontrent, se séparent ou s'amalgament, à chaque instant du temps, tous les sentiments, tous les désirs et tous les rêves des hommes, suivant des lois de répulsion et d'attraction encore un peu mystérieuses, mais qui, vraisemblablement, seront les notions élémentaires des générations de demain. Note. – Si au cours de ces pages je n'ai pas parlé des expériences de M. de Rochas sur l'Extériorisation de la sensibilité ce n'est pas parce que je les ignore ni parer qu'elles ne se rapportent pas à mon sujet, mais parce qu'elles ont été faites uniquement avec des sujets endormis. 88 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée TROISIÈME PARTIE Inconscient et conscient L'inconscient, nous dit M. Ochorowicz, peut être considéré presque comme un gouvernement secret, souvent, sinon toujours plus puissant que celui qui sous le nom de Moi I règne à la lumière du jour, mais ne gouverne pas (22). Cette définition, bien que parfaitement exacte, demeure quelque peu théorique et n'explique point quelles sont les sources, les moyens d'action et les pouvoirs de l'inconscient. Mes deux années d'expériences m'ont convaincue que l'inconscient est cette masse fluide, vibrante et essentiellement plastique que secrètent nos nerfs et que contient, sans cependant le retenir en ses bornes, le corps. Ses moyens d'action sont sa mobilité et son extensibilité qui lui permettent de dépasser la forme de matière qu'il habite et de s'en éloigner beaucoup lorsqu'il lui plaît ; et ses pouvoirs consistent en ses possibilités de communiquer son propre rythme à la partie impondérable des autres humains et de recevoir de tout ce qui existe, créature ou matière, des courants et des ondes qui le font communier d'une manière subtile avec tout l'Univers. Des sphères célestes jusqu'à la mousse ou au coquillage, la création entière nous est alors soumise, vit dans notre sein et accomplit en nous son œuvre éternelle, avec la régularité du destin et l'ardeur passionnée de l'amour (23). Ces lignes d'Amiel, relatant les impressions qu'il avait ressenties dans certaines de ses rêveries, ne sont point des formes de langage au sens indéfini et incertain, mais des mots recouvrant et contenant en eux, comme une essence cachée douée de magiques vertus, une réalité psychique. Elles ne font que relater l'activité de l'inconscient qui peut se répandre aussi loin que peut l'imaginer l'esprit, se mêler à la 89 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée vie profonde des créatures et des objets et recevoir en lui toutes les pensées, toutes les images et toutes les vibrations impondérables du monde. L'inconscient ne peut se fixer Mais ces pensées, ces images et ces vibrations qui sans cesse se heurtent, se fondent ou se séparent à travers l'espace, sont en perpétuelle recherche d'équilibre et, constamment, s'agitent et se transforment. De même l'inconscient qu'ils animent et modifient ne peut se fixer ; aussi n'est-il autre chose qu'un continuel effort d'adaptation, qu'une suite de perceptions plus ou moins précises et plus ou moins fugaces des énergies sans nombre qui composent l'Univers. Auprès de ce puissant miroir sur la surface duquel se jouent comme des fantômes les doubles immatériels des objets et des êtres, auprès de cette sensibilité subtile qui possède le pouvoir de s'adapter aux frémissements multiples du monde, que peut-être le conscient ? Le conscient donne une fixité Le conscient, dans l'homme, est cet effort permanent de synthèse, dont l'action principale est de donner une sorte de fixité à ce qui, en lui, est perpétuellement mouvant, une sorte d'apparence particulière à ce qui est essentiellement impersonnel et universel ; il est cette partie de lui qui, péniblement retient, agglomère et fixe quelques-unes des innombrables lumières qui, sans cesse, passent et repassent dans son inconscient, afin de se constituer un moi défini qui demeure pareil à lui-même à travers le temps. En d'autres termes, l'inconscient est ce qui, en lui, sans cesse se modifie, et le conscient ce qui, sans repos, cherche à se fixer. Et de même que cette dernière (la vie inconsciente) tend à exprimer dans un état de conscience et dans notre subconscience le milieu cosmique entier, de même l'autre 90 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée tâche continuellement de manifester dans les états subjectifs de l'individu tout le milieu humain qui l'entoure (24). Le conscient ne peut saisir qu'une image ou qu'une conception à la fois Mais l'inconscient qui ressent en lui la palpitation et le mouvement incessant des choses, l'inconscient qui peut contenir en lui tous les contraires ne peut souffrir la stabilité qui l'étrique et l'appauvrit. Par contre, le conscient ne peut saisir qu'une image ou qu'une conception à la fois et ne peut la conserver qu'au prix d'un effort d'attention qui le met dans l'impossibilité de rien percevoir d'autre que son objet. De même, tout ce qui développe les pouvoirs de l'inconscient (passivité totale du corps et de l'esprit) est précisément ce qui appauvrit le conscient ; comme tout ce qui augmente le conscient (concentration mentale) diminue ou supprime les facultés de perception de l'inconscient. De cette opposition entre ces deux éléments de sa personnalité est née la lutte que l'homme a vu se dérouler en lui entre son instinct, ses sentiments et son intelligence, depuis le jour où, de son inconscient, a surgi la première lueur de sa conscience. Car son inconscient n'est pas seulement cet état d'équilibre instable établi entre les courants de l'espace et lui ; il a encore une volonté propre qui, souvent, se manifeste à lui en de brefs éclairs et, dans ses moments de terreur, de fureur ou de passion, se dresse en lui en maître, réduisant momentanément son conscient en esclavage et lui dictant ses inspirations et ses élans. Alors, délivré des chaînes de sa raison, échappé de la gangue étroite dans laquelle il était enfermé, l'homme devient plus grand que lui-même, il sent s'agiter en lui un oiseau aux vastes ailes, au vol puissant qui l'emporte soudain dans des régions inconnues que la seule logique ne lui permettait ni d'imaginer, ni de percevoir, ni d'atteindre. 91 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée L'inconscient : le plus sûr allié Que cela lui plaise ou non, l'inconscient est un hôte avec lequel il lui faut compter et dont il lui faut accepter la présence. Dans tous les domaines de son activité il joue un rôle extrêmement important, comme je vais le montrer dans les chapitres suivants. S'il le traite avec égards, s'il lui accorde sa confiance, il devient son plus sûr allié ; si, au contraire, il le considère avec mépris et tente d'entraver son activité, tôt ou tard il se venge et devient son plus dangereux ennemi. Il doit donc lui réserver dans son existence la part qui lui revient, s'efforcer de le comprendre et accepter, sans orgueil, sa collaboration. Rôle de l'inconscient dans la vie instinctive Quel est le rôle de l'inconscient dans les manifestations de l'instinct ? L'instinct rappelle sans cesse à l'homme ses attaches avec l'univers et lui transmet ses deux plus expresses volontés : « Lutte jusqu'à la limite de tes forces pour conserver en toi l'étincelle de vie que tu as reçue de moi », et : « Donne le souffle qui emplit tes poumons à d'autres créatures qui te continueront et te survivront » ; l'inconscient apporte à l'instinct les éléments et les énergies nécessaires à l'accomplissement de ces volontés. Empêcher l'homme de mettre fin à ses jours L'homme veut-il attenter à ses jours ? Aussitôt son inconscient met tout en œuvre pour l'empêcher de réaliser son projet. Mais, par contre, s'il veut protéger et défendre sa vie il lui prête aussitôt main-forte. Par une extériorisation soudaine, il lui octroie la faculté de pénétrer jusqu'au cœur même des choses, il double son énergie, son courage, sa perspicacité et multiplie la rapidité de ses déductions, si bien qu'en moins d'une seconde il mesure dans ses moindres détails et dans ses moindres conséquences la situation 92 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée périlleuse dans laquelle il se trouve, en même temps qu'il conçoit les moyens les plus rapides et les plus ingénieux d'en sortir. Perpétuer la vie De même, lorsque l'instinct lui commande de perpétuer la vie, l'inconscient déploie en lui ses plus puissantes activités ; car, nulle part plus que dans l'amour, il ne manifeste son existence et ses pouvoirs avec plus de constance et de force. Il en est véritablement le principal acteur, l'essence invisible, de sorte que l'on peut dire, bien que cela semble paradoxal, que l'acte de la reproduction est le moins matériel qui soit, quoique, en apparence, la matière y semble jouer le rôle prépondérant. Il n'est pas un des regards, pas une des caresses, pas un des gestes de l'amour qui ne porte en lui un sens caché, qui ne soit l'expression d'un esprit invisible et ne corresponde à une des lois psychiques de la Nature. Aussi, lorsqu'il aime, l'homme n'est-il qu'un pantin dont son inconscient tire savamment les ficelles. Le printemps augmente le rayonnement nerveux À toutes les époques et chez tous les peuples, on a fait du printemps le symbole de l'amour et non sans motif. Le printemps en effet, pour des raisons qu'on ne peut encore expliquer, augmente le capital nerveux de tous les êtres, ce qui entraîne, même chez les moins sensitifs, une bien plus grande extériorisation fluidique : d'où cette sensation de plénitude et d'exaltation que procure toujours la prise de conscience de la partie immatérielle du monde. En chimie, il est des corps qui s'attirent et fusionnent dès qu'ils sont en présence et d'autres qui ne peuvent jamais se mêler. Il en est de même pour les sexes. Tel homme et telle femme s'atteindront en dépit de tous les obstacles et goûteront l'un par l'autre les plus ardentes joies de l'amour, alors que tels autres ne retireront de leur rapprochement le 93 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée plus étroit que répulsion et haine, comme si, au moment même où ils s'efforcent le plus parfaitement se fondre, quelque génie invisible s'attachait à les séparer. Mais, exception faite de ceux chez lesquels la sensibilité inconsciente est très développée, les humains mesurent mal et ressentent peu à l'ordinaire ces attractions et ces répulsions de leurs énergies impondérables. Le printemps, augmentant leur rayonnement nerveux et l'extériorisant, les rend sensibles à ces affinités électives qui existent entre eux et certains de leurs frères ou sœurs humains ; d'autre part, cette surcharge de force vitale dont ils sont devenus les hôtes les oppresse. Aussi, dès que se présente une occasion favorable, le désir naît en eux avec facilité et, en quelque sorte, d'une façon mécanique et nécessaire. L'amour attire l'amour Dès qu'un être s'est aperçu de l'attraction qu'exerce sur lui un autre être, il souhaite lui plaire à son tour, le posséder et, sans cesse, il « pense » à lui. Hors, je l'ai dit au cours de ces pages, une idée ancrée dans l'esprit mobilise la partie fluide du corps, en prépare extérieurement l'activité, et penser fortement à quelqu'un c'est l'attirer. Aussi a-t-on pu dire avec vérité que « l'amour attirait l'amour ». En effet, nulle concentration volontaire n'égale en régularité, en intensité et en durée la concentration involontaire de celui qui aime et tend ses énergies immatérielles vers l'objet qu'une sympathie spontanée et irrésistible lui a d'abord fixé. Nuit et jour et jusque pendant son sommeil il y songe, et l'appelle, et le vent, tentant, sans le savoir, avec toute sa force nerveuse extériorisée, de le faire vibrer à l'unisson avec lui. Lorsqu'un homme et une femme s'aiment, ce qui établit forcément entre eux le rapport nécessaire aux échanges nerveux, ils sont déjà mêlés et fondus ensemble par toutes leurs vibrations invisibles, même s'ils sont éloignés l'un de l'autre. Aussi n'est-il pas rare qu'ils sentent mutuellement leurs désirs, leurs idées, et, si ce sont des sensitifs, jusqu'aux 94 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée caresses qu'ils se donnent par la pensée. Ils sont déjà animés d'un même rythme vital et, psychiquement, un seul être ; ils se pénètrent jusqu'aux arcanes d'eux-mêmes et se communiquent jusqu'à leurs frémissements d'âme les plus secrets ; ils se connaissent comme il leur était impossible de se connaître avant de s'aimer, et comme il leur sera impossible de se connaître après qu'ils auront cessé de s'aimer. Chacun d'eux est comme s'il était aussi l'autre. C'est pourquoi l'amour leur donne cette sensation de renouvellement, d'élargissement de leur vie intérieure, et ce n'est pas là une illusion, car ils se sont vraiment enrichis de la personnalité de l'autre. On a coutume de dire que l'amour est aveugle. Non, psychiquement parlant, l'amour confère à ceux qu'il choisit pour victimes une clairvoyance et des pouvoirs de perception de l'impondérable que, sauf les sensitifs, les humains ne possèdent pas à l'état normal. Naturellement plus il est profond, ardent, plus il monte des sources mêmes de celui qui l'éprouve, plus il anime son inconscient, plus il l'extériorise, et plus il le dote aussi d'une connaissance subtile et nuancée des énergies invisibles. L'amoureux voit l'inconscient de celle qu'il aime Ce que l'amoureux voit de celle qu'il aime c'est, non ses traits, non ses expressions ou ses gestes visibles, mais son inconscient, c'est-à-dire ses mouvements intimes, prolongements des rêves de ses ancêtres et cet amalgame de tendances innées et d'aspirations multiples qui constituent le noyau de toute créature humaine ; il voit son fond, ce qu'elle a en elle d'immuable, d'unique et d'absolument personnel. Mais lorsqu'il cesse d'aimer, cette faculté de vision interne disparaît et, de nouveau, il ne découvre plus d'elle que ce qu'elle a de purement matériel et, dans son existence visible, de passager et de conventionnel. Alors il accuse l'amour de l'avoir abusé, de lui avoir montré des trésors là où il n'y avait que poussière, au lieu de le remercier de lui avoir 95 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée accordé, ne fût-ce que pour un moment, la possibilité de voir l'essence même d'une âme. Lorsqu'un homme et une femme sont unis corporellement Mais jusqu'à ce que l'homme et la femme qui s'aiment se soient unis corporellement, ils ne sont que deux cellules vibrantes réunies en une seule et sont limitées à l'échange de leurs énergies fluidiques. Ce n'est qu'au moment où, charnellement mêlés ils se perdent l'un dans l'autre en un même frémissement, qu'ils se relient aux courants universels complices et auteurs de leur embrassement. Alors ils deviennent la proie de l'espace et sentent passer en eux un flux torrentiel et dévastateur qui entraîne leur volonté et triomphe de leurs résistances ; ils sont une cellule du Tout, agissent pour lui, de concert avec lui, et, en retour de cette soumission à ses volontés il les fait participer à son ivresse créatrice. Seulement, cette fusion de deux humains enlacés avec les palpitations et les remous du monde ne peut s'effectuer que si l'amour qui les réunit repose sur des affinités réelles de leur moi vibratoire. À une étreinte sans élan, d'habitude ou que n'a pas suscité une attraction forte et spontanée, nul dieu ne préside ni ne participe ; mais à celle qui se noue dans la folie d'une sauvage véhémence, tous les esprits de la Nature s'associent et collaborent. C'est pourquoi plus l'être est primitif, c'est-à-dire rattaché encore aux puissances générales, plus, en amour, il est traversé par les courants de l'espace. Microcosme, il reflète alors le macrocosme et, dans cette minute où il s'abandonne à l'esprit invisible qui l'anime, rien de ce qui touche à l'Univers ou à ses frères ne peut vraiment lui être étranger. Lorsqu'on trompe l'instinct Je ne puis terminer ce chapitre sans dire quelques mots des continents qui, essayant de tromper l'instinct, se voient 96 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée condamnée, par excès de fluide vital, au déséquilibre causé par une trop grande et trop constante extériorisation nerveuse. Cette extériorisation détermine chez eux une exacerbation de la sensibilité qui les conduit à ressentir, dans leur double invisible, ce qu'ils devraient normalement éprouver dans leur forme matérielle. Toute énergie naturelle qui ne trouve pas à s'utiliser sur le plan qui lui est propre tend a s'exercer sur celui qui lui est immédiatement supérieur. L'instinct sexuel ne trouvant pas chez les chastes de possibilités de réalisation normale se subtilise et s'en va chercher, par la voie de l'inconscient dans le monde impondérable, les éléments nécessaires à sa satisfaction. Les mystiques qui se sont condamnés à la vie solitaire ont tous manifesté à des degrés divers ces phénomènes de sensibilité transposée. Sans doute les sensations qu'ils relataient (d'ordre d'ailleurs purement amoureux, quoi que puissent dire ou écrire leurs défenseurs) n'étaient-elles que l'écho de celles d'autres humains que leur masse nerveuse extériorisée et affamée d'amour les mettait à même de percevoir et de ressentir. Il y aurait là une étude intéressante à entreprendre, à laquelle on pourrait adjoindre celle du succubat et de l'incubat, si souvent controversés, considérés par les uns comme une folie et par les autres comme une possible réalité. Les impressions de présence et d'enlacements invisibles que disent ressentir certaines personnes ont certainement pour siège l'inconscient, et pour moyen l'extériorisation nerveuse. Il ne faut pas oublier que, pour le sensitif, toute pensée, tout désir forts dirigés volontairement contre lui ou même qui, par hasard, le traversent de leurs ondes, sont véritablement tangibles, et qu'entre le monde fluidique et celui de la matière il n'y a pour lui qu'une différence de degré. À la lumière de cette connaissance il n'est pas difficile de comprendre que tout être qui songe intensément à posséder un sensitif se rend aussitôt à lui perceptible, et cela à n'importe quelle distance, sous forme d'attouchements ou de contacts parfaitement délimités qui peuvent même agir sur lui, dans de certains cas, avec assez de force pour déterminer en lui des réactions organiques. 97 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Mais j'en ai dit assez sur ce sujet délicat pour aiguiller peut-être des chercheurs dans une voie encore mal connue, mais que je crois féconde, et je vais, sans plus tarder, parler de l'activité de l'inconscient dans la vie sentimentale. Rôle de l'inconscient dans la vie sentimentale Comme je viens de le montrer, l'inconscient joue un rôle important sur le plan de l'instinct ; sur celui du sentiment l'action qu'il exerce est si prépondérante et si continue que l'on peut dire qu'il est l'activité sentimentale elle-même. L'instinct de l'homme ne fait appel à l'aide de l'inconscient qu'à des moments particuliers et pour des buts personnels ; ses sentiments, au contraire, qui sont constamment actifs en lui et en dehors de lui, ont l'inconscient pour terrain et pour arme, et, s'ils sont souvent aussi égoïstes, ils peuvent être, à l'occasion, désintéressés et même, parfois, nettement altruistes. Ils représentent l'élément impondérable et pourtant sensible et palpitant de l'être humain, comme l'écrit M. Bazaillas : Le côté mystérieux et obscur des sentiments tient donc à ce que le commentaire conscient, l'exégèse à laquelle nous les livrons, est bien loin d'en épuiser le fond ; car ce fond réside dans les premiers mouvements de la vie, dans la contraction ou le relâchement d'une activité primordiale, dans le groupement d'instincts organiques incompris et dans la répercussion sur le sens vital et sur l'imagination (25). Les sentiments : mystérieux En fait, les sentiments paraissent mystérieux parce que toute logique, telle que la conçoit l'intelligence, en est exclue. Dans le domaine affectif, l'individu ne porte plus ses jugements d'après des raisonnements bien déduits et laborieusement construits, mais bien sous forme de conclusions immédiates tirées de perceptions directes et 98 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée inconscientes des cas à examiner ; et ses déterminations ne sont pas motivées par de savants calculs, mais par mille circonstances intérieures et extérieures qu'il ne peut expliquer avec son esprit, mais que sa sensibilité nerveuse perçoit avec rapidité et précision. Aussi, pour paraître fantasque, si on la considère superficiellement, la logique du sentiment est-elle aussi implacable que celle de l'intelligence ; seulement elle est d'une espèce plus nuancée, plus subtile. Les facteurs émotifs, dit M. Jastrow, pénètrent plus profondément que les facteurs intellectuels dans les fibres de notre être ; moins apparents qu'eux, ils représentent quelque chose de plus conscient (26). L'élément affectif est le plus proche de nous Il est certain, et je crois que personne ne songe à le contester, que l'élément affectif est celui qui nous semble le plus proche de nous et le plus véritablement vivant. Cette impression n'est pas fausse. Notre vie sentimentale fait partie intégrante de ce qui est en nous le plus sensible et le plus vibrant ; et nos énergies affectives représentent véritablement notre plan matériel subtilisé, comme elles constituent le point d'appui matériel de l'esprit. J'ai dit, dans le chapitre précédent, que l'instinct non satisfait sur son plan tentait de s'exercer sur le plan supérieur ; de même le sentiment qui ne trouve pas sa satisfaction dans son domaine naturel se subtilise pour parvenir à s'assouvir. Sur le terrain de l'instinct, l'homme utilise peu l'extériorisation de sa force nerveuse et seulement occasionnellement ; sur celui du sentiment il use constamment de ce mode de perception de l'impondérable qui le met en communication avec les autres humains ; mais si, par suite d'une soif sentimentale non satisfaite il gravit un échelon de plus de la subtilité, il s'extériorise davantage encore et se trouve ainsi en communication avec les forces générales et les courants de la Nature. Il a atteint le plan 99 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée mystique qui lui confère le pouvoir de percevoir les radiations de toutes les créatures vivantes aussi bien que celles des objets et des astres. Ce plan est l'extrême aboutissant de l'activité affective. L'extériorisation extrême L'état d'extériorisation extrême que requièrent ces rapports fluidiques étroits avec l'Univers est nécessairement celui qui demande la plus grande passivité du corps et du cerveau. C'est la région la plus aiguë de la sensibilité intuitive. Aussi le mysticisme n'est-il nullement un état inférieur, et l'intelligence devrait plutôt, bien souvent, lui envier ses pouvoirs. Tous les sentiments ne demeurent pas exclusivement sur leur plan naturel. Enclavés entre le monde de la matière et celui de l'esprit, ils leur empruntent souvent des éléments. Aussi en est-il qui ont le caractère de réactions physiologiques, et d'autres qui sont presque totalement privés de fluide astral. Par exemple telle bonté sera presque animale et se bornera à la pitié momentanée : sorte de réflexe charnel éveillé par la vue d'un être souffrant ou malheureux, tandis que telle autre ne sera que la conséquence d'un raisonnement et ne portera en elle aucun élément émotif vibrant ou sensible. La première, bien que sans durée, touche et émeut ceux vers lesquels elle se penche ; la seconde, pour si sage et si durable qu'elle soit, et pour si actives que puissent être ses manifestations, est dépourvue de parcelles tangibles, elle est froide, immatérielle et ne fait vibrer ni les nerfs, ni le cœur de ceux qu'elle oblige. Quant à celle qu'alimente normalement l'inconscient, elle est légère, pénétrante et exerce son action de loin comme de près ; mais elle agit plus par sa douceur et sa régularité que par sa chaleur et sa force. Ainsi, de tous les sentiments, ceux qui ont une base instinctive puissante sont, en bien ou en mal, communicatifs ; ceux, au contraire, qui prennent leur source 100 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée dans la cérébralité restent enfermés dans l'être et ne peuvent se communiquer. Mais, quels que soient les emprunts qu'ils puissent faire aux plans voisins, leur domaine naturel est l'inconscient, cette sorte de champ électrique dont chaque organisme est le noyau et qui, suivant la puissance et la longueur des ondes qu'il dégage et la rapidité ou la lenteur des vibrations qu'il émet, peut exercer son influence sur un plus ou moins grand nombre d'individus, et à de plus ou moins grandes distances. C'est pourquoi le plan sentimental reste la voie la plus constante et la plus certaine des relations invisibles entre les humains. Rôle de l’inconscient dans la vie intellectuelle Si l'inconscient est le maître de l'instinct et l'égal du sentiment, il n'est que le serviteur de l'intelligence. Le premier acte de l'esprit est de prendre conscience des perceptions et des réactions de l'inconscient, le second de les organiser logiquement et le troisième de communiquer à d'autres les résultats de ses efforts d'analyse et de classification. Or, dans ces trois opérations il en est deux, la première et la dernière, qui demandent expressément l'aide de l'inconscient. Dans la première, l'inconscient apporte à l'intelligence des éléments d'observation et d'analyse et, dans le dernier, il se ressaisit de ceux d'entre eux qu'elle a choisis pour les amalgamer, les enrichir d'images et de combinaisons, et, surtout, pour les charger de l'énergie active nécessaire à leur durée et à leur expansion. Mais cette collaboration entre le conscient et l'inconscient, entre le mental et l'astral est plus ou moins constante et étroite suivant les individus. Chez les uns, la raison et la sensibilité se prêtent constamment appui et ne peuvent exister l'une sans l'autre ; chez les autres, il existe entre elles comme une ligne de démarcation causée, soit par le tempérament de l'individu, soit par l'éducation, soit par la volonté. Mais l'intelligence, qui ne se sert que de ses propres ressources et qui se borne à délimiter suivant un ordre rigoureux des phénomènes ou des idées n'est douée d'aucun 101 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée apport fluidique. Or, nous avons vu que le fluide vital a une sorte de consistance et rayonne de la chaleur. Il en résulte que l’intelligence qui en est dépourvue est froide, au sens concret de ce mot, qu'elle ne se communique aux autres qu'avec peine et que, en tous cas, elle attire peu et convainc difficilement. Elle est comme un squelette qui, étant privé de larynx et de bouche, voudrait néanmoins parier et se faire entendre des hommes par des mots. De plus, l'intelligence qui est limitée à ses propres forces est pauvre, parce qu'elle n'a à sa disposition que des données théoriques, c'est-à-dire mortes des phénomènes. Plus un esprit est vaste, pénétrant et communicatif, plus il se nourrit de l'inconscient, plus il lui emprunte de nuances, de sensibilité et de force rayonnante. Il a alors pour terrain d'activité et pour solide appui les formes et les courants innombrables du monde qui alimentent, réchauffent et animent ses raisonnements et ses conceptions, leur communiquant cette palpitation vivante et inimitable de ce qui est. C'est de l'inconscient que l'intelligence a surgi au cours des âges ; c'est de son sein qu'elle s'est échappée, et elle ne peut conserver sa force et ses moyens d'action que si elle reste reliée à lui et si elle utilise ses énergies fluidiques. La transmission de la pensée par voie cérébrale pure est encore embryonnaire chez la plupart des individus, et le langage astral est le seul jusqu'à présent qui soit commun à tous, que tous comprennent et par lequel tous soient touchés. L'imagination Mais par quelle voie et à l'aide de quel intermédiaire l'intelligence communique-t-elle avec le rayonnement nerveux ? L'intelligence est maintenue en rapport avec le plan astral par l'imagination. L'imagination peut être considérée comme le degré supérieur et déjà intellectualisé du monde affectif et comme le degré inférieur et encore fluidique du monde mental. En 102 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée effet, elle peut affecter une double forme : elle peut être passive ou active. Passive elle est la perception devenue consciente des courants et des images qui traversent l'inconscient ; active elle prend l'énergie fluidique de l'inconscient pour la modeler en formes nouvelles qui construisent dans l'impondérable ce que l'intelligence édifiera ensuite avec de la matière. Pour s'exercer, l'une a besoin de la passivité du corps et de l'esprit, ce qui montre ses liens étroits avec le domaine sentimental ; l'autre doit se ramasser sur elle-même et se concentrer, ce qui la rattache nettement au domaine mental. Ainsi, grâce à cette faculté au double visage, le sentiment et la cérébralité peuvent se joindre. L'être humain n'est fait, depuis la partie la plus dense et la plus visible de lui-même, jusqu'à la plus subtile et la plus invisible, que d'une série ininterrompue d'échelons. Dans la nature, il n'est pas de transformations brusques, ni de heurts ; et dans la créature, comme partout ailleurs, il n'est qu'une impressionnante et magistrale continuité. Rôle de l'inconscient chez l'enfant et chez le vieillard L'activité inconsciente résume à elle seule toute l'existence de l'enfant. Il a en lui une surabondance de fluide nécessaire à sa croissance, et ce fluide sans cesse déborde de lui, le maintenant en contact étroit avec la vie générale. Par les antennes de sa force nerveuse extériorisée il perçoit des impressions, des sensations et des visions qui alimentent son imagination et ses premiers raisonnements. Son activité intérieure n'est qu'une perpétuelle réaction aux ondes, aux vibrations et aux courants immatériels qui viennent l'assaillir. Tout est pour lui lumière et mouvement puisqu'il perçoit les agents internes et intimes de tout ce qui l'entoure. Il se laisse entraîner, cellule consentante, au rythme immense du tout. Il vit, il frémit, il respire les souffles venus 103 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée de tous les coins du monde ; c'est pourquoi ses joies et ses chagrins, mêlés aux forces universelles et augmentés par elle, le prennent tout entier. Et pour lui tout est espérance puisqu'il voit et sent partout le renouvellement des choses. L'être âgé ne reçoit plus aucun élément du dehors Au contraire, chez l'être chargé d'ans il n'est plus d'énergie rayonnante. Au cours des années, son inconscient a vu se diminuer son capital fluidique et, finalement, il s'est replié et n'existe plus qu'à l'éclat d'un faible noyau sensible encore, mais étouffé sous les muscles et la chair alourdis. Aussi le vieillard, ne recevant plus aucun élément du dehors, ne peut plus se nourrir que de son propre fond, des souvenirs qu'il a gardé d'un autre âge. Bien que vivant encore, il n'a plus que des liens desserrés et peu nombreux avec l'espace ; il est, par rapport au tout, comme une cellule déjà desséchée qui ne tient plus du corps que par une attache fragile qu'un rien peut rompre et réduire à néant. Pour lui, tout est déjà stagnation puisqu'il ne peut plus percevoir que l'apparence solide des objets. Il ne porte plus en son cœur que des regrets nés des réminiscences confuses et voilées d'une époque où, dans sa poitrine et dans son âme, il entendait encore tous les chants d'oiseaux et voyait se dérouler les visions du printemps. Il croit être devenu clairvoyant et sage parce que tout lui apparaît avec des contours nets et délimités, alors qu'il est seulement devenu aveugle et qu'il a perdu le sens qui lui permettait de communiquer avec l'invisible. Il se croit enfin dans le domaine de la vérité alors qu'il est seulement enfermé dans celui de l'erreur. Il peut encore argumenter, mais seulement sur des éléments morts, car il ne sent plus, ne perçoit plus ce qui seul pourrait donner à ses raisonnements une base vivante et une énergie transmissible. Il ne peut plus remuer que ces concepts vides : squelettes que n'alimentent plus en chair et en muscles les courants du monde. Enfin il ne sait plus ni vraiment se réjouir ni vraiment pleurer, car ses joies et ses chagrins sont limités à lui-même et n'empruntent plus les 104 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée puissances de l'immensité. Chez l'enfant, l'inconscient est à son maximum de force et d'activité ; chez le vieillard il n'est plus que l'écho très affaibli des vibrations et des ondes sans nombre dont l'espace est constamment empli. Rôle de l'inconscient chez la femme et chez l'homme Je l'ai dit plusieurs fois au cours de ces pages, l'inconscient peut, par la dispersion de ses énergies qu'entraîne la passivité du corps et de l'esprit, prendre un contact direct avec l'univers, être traversé par ses radiations et ressentir en lui ses vibrations invisibles ; ou bien il peut être sculpté puis projeté du dehors sous une forme choisie par le cerveau tendu et concentré. Dans le premier cas, il participe à la vie de l'espace et sent s'agiter en lui le monde ; dans le second il n'est que l'esclave des volontés d'un seul. Ces deux activités étant contraires, il est rare de les rencontrer ensemble, et surtout au même degré, chez un seul individu. Aussi, en tenant compte des exceptions que comporte toute généralisation, on peut affirmer que, soit par suite de son organisation physiologique particulière, soit par éducation, l'inconscient borne chez la femme son activité à la perception de la vie générale. Les conditions d'existence qui, depuis des siècles, lui ont été imposées par la nature et par la société l'ont condamnée à la passivité cérébrale ; aussi ne peut-elle, sans le violenter, étriquer son rayonnement nerveux, puis le modeler et le projeter activement vers l'extérieur. La faculté de construire mentalement et avec logique sur des données détachées de réalité tangible et sensible est encore embryonnaire chez elle. 105 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée L'homme ne voit dans son inconscient qu'un esclave L'homme, au contraire, ne voit dans son inconscient qu'un esclave soumis à ses conceptions et à ses volontés. Accoutumé par hérédité à le retenir en lui et à le réduire en esclavage, il ne connaît guère l'état de relâchement du corps et de l'esprit que procurent de longues heures occupées à des rêveries sans objet. De plus, son cerveau habitué à être le maître ne peut que difficilement accepter la subordination à cette partie de lui qu'il méprise un peu et qu'il croit, à tort, être inférieure à sa raison. Aussi le domaine de l'astral, qui est celui des perceptions infinitésimales, des nuances subtiles et des sensations immatérielles est-il le plus souvent atrophié en lui. Son terrain d'évolution le plus habituel est celui des abstractions et des théories ou celui de l'utilisation directe de la matière. Il peut cérébralement construire à vide et se satisfait aisément avec ses propres conceptions, se créant à luimême son univers mental qui, vu les capacités de l'intelligence humaine, est forcément très limité. La femme, elle, ne conçoit qu'une argumentation établie sur des bases prises dans le sensible et dans le vrai ; de plus, ayant par son extériorisation nerveuse un permanent contact avec la vie universelle et étant ainsi constamment mêlée à l'immense et à l'illimité, elle se trouve à l'étroit dans la contrée aride aux bornes resserrées de la seule raison. Son être intérieur réclame à tout prix de l'air, de l'espace et de la liberté, et ne peut accepter, sans répulsion, les limites de la logique humaine. L'homme et la femme, séparés par des barrières invisibles Le résultat de cette divergence entre les activités psychiques des deux sexes est l'incompréhension notoire qui a toujours présidé à leurs rapports. L'homme et la femme, que le désir ou l'amour rapproche, se voient en effet la plus souvent, dès le premier contact, séparés par des barrières 106 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée invisibles mais infranchissables. La femme demande à l'amour ce qu'il contient de plus psychique, de plus immatériel, ce que l'homme, bien rarement, sait et peut lui donner, sa constitution et ses tendances le conduisant à des solutions rapides et précises sur le plan matériel. D'où le désenchantement profond, incurable et secret que tant de femmes éprouvent dans les échanges amoureux. Quand ce désenchantement ne se produit pas, c'est que l'activité physiologique et par suite psychique de la femme se trouvent ressembler, par quelque point, à celles de l'homme ou que la sensibilité nerveuse de l'homme se rapproche par la qualité, le nuancé et la délicatesse, de celle de la femme. Mais cela est le cas le plus rare. Aussi peut-on assister d'une manière constante, entre les amants et les époux, à la naissance et au développement du classique malentendu qu'ont mis en relief les littérateurs de tous les temps et de tous les peuples. Mais si, jusqu'en ces dernières années – en France du moins – la femme ne possédait que le plan moyen du sentiment et de l'intuition, l'éducation actuelle, qui la pousse vers le sport et les études, tend à rapprocher sa vie inconsciente de celle de l'homme. Arrivera-t-elle ainsi à détruire en elle la dispersion de ses énergies astrales qui semble être une des conditions de son organisme et de ses fonctions de reproductrice ? L'avenir le dira. Rôle de l'inconscient dans l'activité de l'artiste et du scientifique Le rôle de l'inconscient dans l'art est considérable, car sa perception des courants et des vibrations de l'univers en fait pour l'artiste la source même de l'inspiration. L'intelligence livrée à elle-même ne peut que tirer des conclusions sur ce qui est. Elle ne crée pas, n'a aucune 107 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée chaleur ni aucun frémissement émotif, et lorsqu'elle veut se manifester aux autres et les toucher il lui faut emprunter, au moins pour un moment, les forces sentimentales par lesquelles, seulement, les hommes peuvent se deviner, se pénétrer et se comprendre en s'unissant fluidiquement dans l'invisible. Aussi l’œuvre d'art, qui a pour essentielle mission d'émouvoir à l'aide de formes, d'images ou de sons, doit contenir dans ses moindres parties cette vie rayonnante émanée de l'inconscient ; vie qui possède le pouvoir d'imprégner les objets et les êtres, de demeurer en eux, manifestant seulement sa présence par l'attrait particulier et indéfinissable dont elle les pare. Le pouvoir des substances nerveuses impondérables Plus une mélodie, une statue, un tableau ou un livre ont été formés et contiennent de substance nerveuse impondérable, plus ils sont marqués de ce cachet personnel et génial qui ne peut ni s'apprendre, ni se répéter, et plus aussi ils résistent à l'action destructive du temps. Telles phrases musicales sans complications ni apprêt touchent et font vibrer jusqu'à l'âme, tandis que telles autres aux harmonies compliquées ou formées de mots choisis et rares laissent indifférent. Les unes ont jailli des profondeurs de l'inconscient de leur auteur, elles sont chaudes, émues et ressuscitent – par cette voie particulière que les savants ne peuvent encore expliquer – en ceux auxquels elles s'adressent, les impressions subtiles gaies ou douloureuses de celui qui, en les fixant sur le papier, a versé en elles comme un parfum mystérieux son fluide vital extériorisé ; les autres ne sont que des sonorités et des paroles vides et mortes qui ne rayonnent pas alentour. C'est bien la vie émotionnelle, la vie passionnelle dans toute sa brutalité, qui nous apparaîtra cette fois comme étant le véritable principe de l’œuvre d'art. Vie passionnelle et qui constituera au-dedans de nous comme un art immédiat, dont celui auquel on donne habituellement ce 108 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée nom apparaîtra comme une sorte de reflet, une ombre, une image infidèle. Et c'est donc à l'intensité même de la vie que l'on demandera le secret de la vie esthétique (27). ................................................................................................. S'il est un caractère de cette œuvre (l’œuvre d'art) qui m'apparaisse comme primordial, c'est bien cette « correspondance » que Baudelaire a magnifiée. Non pas seulement en vertu d'une synesthésie incontestable, entre les divers sens, mais aussi entre le monde de la chair, tout vivace et immédiat, et celui de l’intelligence, non point détache abstraitement sous prétexte d'épuration, mais incarné entre le monde intérieur qu'on appelle l'âme et le monde extérieur qu'on nomme les choses (28). Ainsi parle M. Segond. En effet, l'artiste puise les éléments de son œuvre dans sa vie passionnelle, reflet et écho de tout ce qui existe dans l'univers, et il les transmet à d'autres à l'aide des couleurs, des sons ou du langage suivant ses tendances particulières ; mais, toujours, il introduit dans ses réalisations de la substance véritable des choses, des créatures et de lui-même. Un homme peut travailler pendant des années, s'il ne possède ce pouvoir d'extériorisation nerveuse qui lui permet de communiquer directement et intimement avec le monde et avec ceux qui l'entourent, il ne pourra acquérir qu'une technique et n'enfantera que des productions froides et sans lumière ; car les qualités essentielles à toute production artistique sont l'émotion de la vie. L'artiste doit d'abord être un sensitif Quel que soit le domaine dans lequel s'exerce son activité, l'artiste doit d'abord être un réceptif : un sensitif dont les perceptions nerveuses nuancées et multiples sont le trésor dans lequel il puise lorsque, saisi par l'inspiration, il éprouve le désir de mettre au jour un enfant de son esprit. Plus il est grand, plus les échanges entre son inconscient et son conscient sont nombreux et constants. Son inconscient 109 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée propose, son conscient trie, dispose, ordonne, et, finalement, l’œuvre d'art, née d'un désordre et d'un tumulte intérieurs, prend corps, se précise et s'extériorise, transportant à son tour les parcelles vivantes dont elle a été tissée et nourrie. Mais le premier jaillissement des idées heureuses a lieu dans l'inconscient. Je me sens forcé de laisser déborder de tous côtés les flots d'harmonie provenant du foyer de l'inspiration. J'essaie de les suivre, je les reprends passionnément ; de nouveau ils m'échappent et disparaissent parmi la foule de distractions qui m'entourent. Bientôt je ressaisis l'inspiration avec ardeur ; ravi, j'en multiplie toutes les modulations et au dernier moment je triomphe de la première pensée... écrivait Beethoven. Peut-on mieux exprimer le phénomène de l'éclosion des premiers mouvements intérieurs de l'inspiration que discipline et utilise ensuite la raison ? L'artiste a besoin d'une puissante énergie fluidique Mais comme, pour pouvoir rendre perceptibles à d'autres les images, les sensations et les impressions qu'il porte en lui, l'artiste a besoin d'une puissante énergie fluidique, cela revient à dire que celui qui n'a qu'une pauvre extériorisation nerveuse ne peut réaliser que des œuvres faibles et sans durée. Elles peuvent être parfois perceptibles au petit nombre de ceux qui se trouvent vibrer synchroniquement avec elles, mais elles demeurent étrangères aux foules qu'il leur est impossible de guider et de modeler à leur gré. Celui-là seul atteint à la gloire qui porte en lui la faculté de créer autour de lui des ondes psychiques assez fortes pour pénétrer et influencer tous les individus. Alors il impose son rythme intérieur à tous ceux qui sont placés dans la sphère de son activité, c'est-à-dire à tous ceux vers 110 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée lesquels est dirigée sa volonté. Le cas de l'acteur Cette action peut surtout être étudiée directement dans le cas de l'acteur. L'acteur n'est pas qu'un pantin imitateur ; il est aussi un créateur, en ce sens qu'il lui faut redonner psychiquement une forme, des visages et la vie aux personnages qu'il est chargé d'incarner. Il lui faut les modeler, les sculpter dans la matière fluidique et leur communiquer une telle intensité de vibrations, une telle précision de lignes qu'ils puissent devenir perceptibles aux sens psychiques de ceux qui le regardent jouer. À cela la seule technique ne saurait suffire. Certes, les mouvements classiques et les ficelles de métier que l'on enseigne aux acteurs ont bien peur effet, sans qu'ils le sachent, d'extérioriser leurs forces nerveuses, de rendre leurs gestes magnétiques et leurs paroles suggestives. Mais cela n'est point assez. Il faut, avant tout, qu'ils aient en eux une source généreuse de fluide astral, il faut qu'ils possèdent ce rayonnement vital vigoureux et nuancé à la fois que rien ne remplace, et cette sensibilité particulière de perception qui leur fait puiser dans les âmes et dans les cœurs de ceux qui aiment, jouissent et souffrent les éléments émotifs et vivants de leur art. Et ce sont ces éléments vrais qu'ils font ensuite passer dans leurs attitudes et dans leurs inflexions, redonnant ainsi aux personnages ce caractère spécifique sans lequel ils ne sauraient être ni touchants, ni psychologiques. Plus un acteur a de talent ou de génie, plus il reproduit dans chacun de ses regards, dans chaque nuance de sa voix et même dans chacun de ses silences des rythmes qu'il a puisé dans la Nature et dans l'Univers. Car le silence et l'immobilité de l'acteur ne sont point rides. Pendant que son corps semble inerte et sans pensée apparente, sa force nerveuse vibre intensément, s'échappe de lui et crée autour de lui des ondes de sensibilité qui agissent sur ceux qui l'entourent, éveillant en eux l'émotion ou l'état d'esprit qu'il 111 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée désire leur communiquer. Chaque artiste est unique Mais l'émission nerveuse de chaque personne a une qualité vibratoire particulière. C'est pourquoi, si l'on peut imiter les gestes et les intonations d'un acteur et son style même, on ne peut reproduire l'extériorisation fluidique plus ou moins puissante ou subtile qui donne la vie à ses gestes, à ses intonations et à son style, et qui constitue l'essence même de son art, ce qu'il a d'essentiellement personnel et d'inimitable. Et l'émotion qu'il nous donne ne peut nous être procurée de même par un autre, car elle ne naît que de la parfaite concordance entre l'activité de son conscient, de son inconscient et de son corps. Acteurs à action passive et acteurs à influence active Il est deux catégories d'acteurs nettement distinctes : ceux à action passive et ceux à influence active. Les uns prennent et entraînent le public par le rayonnement astral que suscite leur émotion même, et cela avec une faible activité cérébrale ; les autres agissent mentalement par la tension consciente de leur pensée. Les premiers émeuvent parce qu'ils communiquent avec leurs auditeurs par la voie de l'inconscient ; les seconds se font seulement admirer car leur art est purement intellectuel : il projette, s'impose, mais n'attire pas ni ne réchauffe. Cependant, si la puissance vibratoire de l'artiste joue un rôle important dans ses succès, il n'en reste pas moins que la base des échanges entre un acteur et ceux qui l'écoutent sont les affinités naturelles qui existent entre lui et eux. Aussi plus l'artiste a une façon de vibrer qui ressemble à celle du plus grand nombre, c'est-àdire qui porte en elle des variétés nombreuses de sentiments humains, plus il est goûté et applaudi. Par contre, celui dont l'inconscient a un rythme trop uniforme, trop différent de la normale ou très particulier peut difficilement être compris et admiré. C'est ce qui explique que tant d'artistes, même 112 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée parmi les plus grands, aient été discutés et le soient encore. Ceux qui retrouvent en eux leur propre sensibilité les comblent d'éloges, les autres crient à l'incompréhensible et les condamnent. L'œuvre littéraire Il en est de même pour l'œuvre littéraire. Tel mot, telle phrase ne reprennent le sens en eux mystérieusement enfermé qu'au moment où, lus par un être qui vibre à l'unisson avec eux, toute leur lumière ou toute leur ombre leur est restituée. La valeur et la portée d'une expression ne peuvent être perceptibles pleinement qu'à ceux qui l'ont portée en eux, vécue et sentie comme l'a portée, vécue et sentie celui qui l'a extériorisée par l'écriture. Pour cette raison les chefsd'œuvre les plus incontestés ont trouvé, de leur temps et après eux, des détracteurs qui, ne pouvant que les comprendre et non percevoir en eux la vie palpitante qu'ils contenaient, les trouvaient froids et sans intérêt. Le débat récent, engagé par M. l'abbé Brémond sur la « poésie pure », qui a mis aux prises les sensitifs et les non sensitifs, a fait ressortir avec force les divergences totales qui existent entre ceux dont la vie intérieure prend sa base dans l'inconscient et ceux dont l'activité est purement mentale. M. l'abbé Brémond qui, à l'évidence, appartient à la première catégorie, sent avec la plus absolue certitude (et c'est lui qui a raison contre ses contradicteurs qui sont des aveugles psychiques) « que les mots n'agissent pas seulement et d'abord en vertu de leur beauté propre, pittoresque ou musicale » et que « nous nous offrons à ces vibrations fugitives, si exquises d'ailleurs que soient leurs caresses, non pour goûter le plaisir qu'elles donnent, mais pour recevoir le fluide mystérieux qu'elles transmettent (29). On pourrait appliquer à ceux qui essayaient de lui 113 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée démontrer sa prétendue erreur, cette phrase de M. Benda : On ne remarque pas toujours assez que le dédain à l'égard d'une faculté de l'esprit coïncide avec le fait qu'on ne la possède pas (30). Et, en fait, ils ne sont vraiment, auprès de celui qu'ils traitent de visionnaire, que de pauvres infirmes psychiques aux perceptions inconscientes inexistantes qui essayent de parler d'une lumière qu'ils n'ont jamais même entrevue, et dont jamais il ne leur sera donné de sentir la chaleur ni de contempler les rayons. L'extériorisation permanente vécue par Baudelaire Je ne puis me retenir de citer quelques lignes de Baudelaire qui montrent parfaitement l'extériorisation permanente dans laquelle vit l'artiste et, spécialement, le poète. Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu'il peut à sa guise être lui-même et autrui. Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans le personnage de chacun. Pour lui seul, tout est vacant (31). Celui-là seul qui épouse facilement la foule connaît des puissances fiévreuses dont seront éternellement privés l'égoïste, fermé comme un coffre, et le paresseux, interné comme un mollusque. Il adopte comme siennes toutes les professions, toutes les joies et toutes les misères que la circonstance lui présente (32). ................................................................................................. Ce que les hommes nomment amour est bien petit, bien restreint et bien faible comparé à cette ineffable orgie, à cette sainte prostitution de l'âme qui se donne tout entière, poésie et charité, à l'imprévu qui se montre, à l'inconnu qui passe (33). On ne saurait mieux faire sentir le perpétuel contact qui 114 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée existe entre l'artiste et tous les autres êtres, et cette mobilité extrême, cette réceptivité constante de sa masse nerveuse qui peut percevoir avec la plus grande facilité les innombrables courants de l'espace ; réceptivité grâce à laquelle il éprouve jusqu'en ses fibres les plus intimes la fraternité de la créature, non seulement avec tous les humains, mais aussi avec les animaux, les plantes et tout ce qui est inanimé. Le scientifique a aussi besoin de son inconscient La vraie poésie est plus vraie que la science, parce qu'elle est synthétique et saisit dès l'abord ce que la combinaison de toutes les sciences pourra tout au plus atteindre une fois comme résultat. L'âme de la Nature est devinée par le poète, le savant ne sert qu'à accumuler les matériaux pour sa démonstration (34). Malgré ces lignes d'Amiel, qui pourraient faire croire que l'inconscient, si nécessaire à l'artiste, doit être presque inemployé par le scientifique, il n'est pas inutile à ce dernier. Il est vrai qu'il l'utilise moins souvent et moins complètement que l'artiste ; cependant il met aussi en œuvre les matériaux qu'il lui apporte et emploie ses pouvoirs constructifs. Car l'inconscient reste pour tous les vivants le noyau, le foyer central et actif d'où monte toute véritable flamme. Et il n'est pas d'homme de science, fût-il un mathématicien, qui ne doive à son intuition, c'est-à-dire à son activité inconsciente la partie la plus personnelle et la plus géniale de son œuvre. Presque toutes les découvertes ont été dues, non au calcul, mais à une soudaine illumination, à une perception immédiate de certains rapports existant entre des phénomènes parfois très éloignés en apparence : illumination et perception qui naissaient soit au cours du sommeil, soit brusquement, alors que le cerveau semblait être occupé ailleurs. De même, plus d'un savant a vu se solutionner et se résoudre inconsciemment des questions et 115 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée des problèmes qu'il étudiait vainement depuis longtemps. Différence entre l'artiste et le scientifique Au point de vue de la création, c'est-à-dire de l'idée ou de la conception géniale du point de départ, le scientifique et l'artiste agissent donc de même. Mais, là où ils diffèrent, c'est dans l'utilisation qu'ils font des éléments qui leur sont apportés par l'inconscient. Le premier les soumet, aussitôt qu'il en a pris conscience, à une analyse rigoureuse et à un travail logique de comparaison et de déductions, tandis que le second les ordonne suivant un rythme défini qu'il porte en sa sensibilité psychique et auquel tache de les soumettre le plus étroitement et le plus exactement possible son intelligence. Dans ses recherches, le scientifique cherche avant tout l'exact et le vrai, tandis que l'artiste cherche le beau. Mais, pour si différents qu'apparaissent d'abord les termes employés pour définir les buts de l'homme de science et ceux de l'homme de l'art, ils sont très proches l'un de l'autre en ce sens que la beauté, pour mériter ce nom, doit traduire de certains rythmes, de certaines harmonies prises dans l'Univers ; elle est donc vraie, elle a une base dans le réel et, même, sa perfection est en raison directe de la proportion de vérité quelle contient et dont elle est la visible expression. Aussi la seule divergence profonde qui sépare le scientifique de l'artiste est que le premier éprouve constamment le besoin de disséquer tout ce qui s'offre à son intelligence, tandis que le second n'en ressent d'autre que d'ordonner les formes, les couleurs ou les tons que sa sensibilité nerveuse apporte à son esprit. L'analyse est l'arme bienfaisante du savant ; elle est l'arme meurtrière de l'artiste, parce qu'elle brise en lui tout élan et dissocie les éléments émotifs qui ne peuvent naître que d'une coordination spontanée d'éléments fluidiques ; coordination qui peut-être constatée, sentie, mais qui ne peut être produite à volonté ni être disséquée. On dissèque un 116 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée cadavre ; on ne peut disséquer ce qui est vivant. Mais, pour être aux deux pôles extrêmes de la vie intellectuelle, l'artiste et le scientifique doivent laisser à leur inconscient le rôle primordial ; c'est en lui qu'ils doivent l'un et l'autre puiser s'ils veulent pouvoir nourrir et rendre féconde l'activité de leur cerveau. Sur le rôle à laisser à l'inconscient dans les méthodes de travail Chaque réalisation requérant des qualités particulières et chaque personne ayant des facultés d'une espèce définie, il est de toute évidence qu'il n'est pas qu'une méthode de travail. Un travail manuel ou corporel demande surtout un déploiement d'énergie musculaire, une production artistique, un effort astral et une déduction scientifique, une activité mentale. Mais que l'œuvre à accomplir soit matérielle ou qu'elle dépende du sentiment ou de l'esprit, un même principe demeure : il faut laisser à l'inconscient une part de collaboration infiniment plus importante que celle qu'on lui concède généralement. On ne saurait trop dire et redire que toute concentration, que toute activité cérébrale annihile momentanément ou de façon durable, suivant qu'elle est passagère ou constante, l'extériorisation passive de l'inconscient. Aussi les facultés de perception nerveuse sontelles en raison inverse de la tension mentale ; et le développement intellectuel est-il, en principe, la négation de la prise de contact directe avec l'univers. Mais, comme je l'ai déjà expliqué, la base de toute production, la source à laquelle doit s'abreuver l'intelligence est précisément l'extériorisation nerveuse. Il est donc absolument nécessaire de lui conserver sa spontanéité et sa vigueur. Cependant, par une sorte d'effort inverse, au lieu de puiser dans cette multitude d'éléments que lui apporte sans 117 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée cesse la partie impondérable et invisible de lui et qui lui permettraient de bâtir un palais, l'homme s'acharne à vouloir construire, avec sa seule raison, de pauvres demeures qui suffisent à peine à le satisfaire et lui demandent un énorme labeur. Collaborer avec son inconscient Au lieu de dédaigner cet hôte invisible qu'il porte en lui et de repousser son aide, il ferait mieux de lui tendre une main fraternelle, car il pourrait lui rendre d'inestimables services. Grâce à lui, il pourrait conquérir le pouvoir de travailler plus vite et mieux que lorsqu'il n'utilise que sa logique et sa raison ; grâce à lui, il pourrait recevoir de l'univers des intuitions, des compréhensions spontanées sans lesquelles son intelligence est nue et morte, et des élans d'inspiration qui vivifieraient ses raisonnements et ses conceptions. Celui qui veut travailler avec profit doit donc mettre toute son attention à le bien connaître et à en comprendre les facultés, afin de mieux utiliser ses ressources qu'il ne fait généralement. Il doit savoir que s'il veut compter sur son assistance et sur son obéissance il doit lui formuler avec précision ce qu'il attend de lui. Il est une phrase célèbre sur laquelle on devrait souvent méditer : « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. » Ce qui revient à dire, en langage psychique, que l'idée que délimite et visualise bien la pensée agit fortement sur l'inconscient qui, ensuite, travaille seul et apporte au conscient le mot juste et vivant par lequel il pourra la traduire. Ce qui est exact pour le style l'est aussi pour toutes les autres manifestations de l'activité humaine. Lorsque le cerveau imagine un beau son, par exemple, les forces fluidiques se mobilisent instantanément pour que la voix le produise de la façon la plus simple, la plus aisée et la plus 118 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée parfaite, et cela sans que celui qui l'émet ait à songer aux moyens musculaires qu'il emploie pour le faire résonner. Songer aux procédés matériels à choisir pour arriver à un but est arrêter l'action inconsciente qui tend toujours à adapter étroitement les gestes, les attitudes et les actes du corps aux fins que lui fixe la volonté. Nous avons vu que les influences subconscientes sont aussi indispensables que les efforts conscients, qu'il s'agisse des sphères les plus hautes ou les plus basses de l'esprit. Une grande partie de l'admiration que l’on accorde aux grandes actions humaines, aux productions du génie, est en réalité un hommage rendu à la subconscience. ................................................................................................. Chacun possède des facultés plus puissantes que celles qu'il emploie consciemment, intentionnellement ; c'est là un fait que l'on a toujours fait entrer dans les différentes conceptions que l'on s'est formé du génie ; ce que le génie a d'incompréhensible, on l'attribue à l'inspiration, à l'action des forces naturelles, aidée pourtant de l'expérience ; on le représente comme indifférent aux moyens, oublieux du pourquoi et du donc, mais pénétré de l'importance de sa mission et abandonnant les tâches humbles aux esprits moins grands qui sont obligés de mettre péniblement en œuvre les ressources qu'ils ont à leur disposition (35). Ces remarques de M. Jestrow à propos du génie sont vraies aussi, bien qu'à un degré moindre, pour tous les individus, il y a dans l'homme des forces puissantes et des énergies certaines qu'il méprise et repousse dans l'ombre, alors qu'elles ne demanderaient qu'à lui épargner de vains et multiples efforts. Mon inconscient est mon ami Pendant des années, j'ai travaillé comme tout le monde, m'efforçant de faire intervenir en chacune de mes occupations mon attention logique et ma raison. À la suite 119 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée de mes expériences, qui m'avaient conduite à une opinion différente sur les méthodes de travail, j'ai libéré mon inconscient de ses entraves, je me suis efforcée de puiser en lui le plus largement possible et de lui abandonner avec confiance la meilleure part de l'effort lorsque j'avais une tâche à entreprendre. L'ayant ainsi traité en ami, il n'a cessé de me rendre les plus grands services, et je puis dire que, dans tous les domaines, il m'a permis d'atteindre à un rendement supérieur à celui que m'avait permis de réaliser ma seule intelligence, et cela avec beaucoup moins de peine. La tension intellectuelle fatigue, l'activité inconsciente, parce que libre et spontanée n'entraîne aucune lassitude ; et, grâce aux pouvoirs dont elle dispose, peut bien davantage. Il faut donc la choisir de préférence. Les pensées, les songes de tout l'univers lui appartiennent ; pourquoi l'homme voudrait-il se contenter seulement de ceux que son cerveau limité élabore ? Le génie est précisément celui qui, par les antennes invisibles de son inconscient est mis en rapport avec ce que sentent, conçoivent et pensent les autres hommes, ce qui lui permet de faire des raisonnements et des déductions dont le sens profond échappe au vulgaire. Travailler inconsciemment L'être humain éprouve, il est vrai, une sorte de révolte à s'abandonner à l'action en apparence incohérente de son inconscient qui, en effet construit à sa manière, non pas logiquement, mais suivant des lois qui paraissent fort étranges à la raison. J'ai pu observer sur moi-même que ses procédés de réalisation ne sont nullement en accord avec ceux que prône et affectionne l'intelligence. Un travail que j'ai toujours fait inconsciemment, et parce qu’inconsciemment avec la plus grande facilité, est le déchiffrage musical. Pendant longtemps, je l'ai exécuté sans chercher à analyser le processus d'enregistrement de mon esprit. À la suite de mes recherches psychiques, j'ai voulu me rendre compte de quelle façon je lisais la musique inconnue de moi. Cette observation me fit constater, avec 120 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée étonnement, que mon inconscient employait pour cette lecture les moyens les plus baroques, enregistrant ici un accord, deux mesures plus loin un autre accord, une note à la basse, un trait à l'aigu, puis, par une sorte de synthèse si rapide que je ne pouvais en saisir le mécanisme, restituant au morceau le groupement exact de ses parties et sa ligne intégrale. J'essayai ensuite de déchiffrer logiquement, en prenant conscience de chaque son de la pièce que j'avais sous les yeux, et en les considérant mentalement dans l'ordre où les avait écrits le compositeur ; il me fut alors impossible de jouer une seule mesure sans faute, même lorsqu'il s'agissait de pages musicales de la plus grande simplicité. De même lorsque, au piano, je veux faire un trait en pensant aux mouvements que mes doigts doivent exécuter, je joue gauchement et mal ; si au contraire, je me représente ce trait jusqu'à la sensation et que j'abandonne mes mains à leurs propres moyens, c'est-à-dire à la direction de mon inconscient, elles le réalisent sans difficulté. Ce phénomène n'a rien qui me soit particulier. Des amis auxquels j'ai conseillé de travailler en diminuant la tension consciente et en libérant les énergies nerveuses, ont retiré de cette méthode les mêmes avantages que moi. Je signale qu'elle donne des résultats excellents, aussi bien dans les travaux matériels que dans les travaux intellectuels. Principe à observer Le principe à observer est le suivant : avoir dans l'esprit une représentation claire du but à atteindre afin d'animer et d'intéresser les couches inconscientes, et ensuite être indifférent aux moyens qu'emploiera le corps ou la pensée pour le réaliser. Et cette indifférence doit être à base de confiance dans les facultés particulières de notre double fluidique ; car il ne faut pas croire, comme le dit Maxwell, ...que la conscience impersonnelle soit incapable de toute opération intelligente. Il n'en est rien, et les événements montrent que la conscience impersonnelle ou 121 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée subconscience, comme on l'appelle ordinairement, est capable d'accomplir avec une grande perfection les actes intellectuels les plus compliqués sans que la conscience personnelle en soit avertie (36). Avoir la joie est nécessaire Autant que possible aussi, et que l'on ait en vue un travail scientifique ou une création littéraire, picturale ou musicale, il faut avoir en soi une joie, une exaltation qui entraîne l'inconscient à adopter la tâche entreprise et à travailler dans le sens de sa réalisation. Et aussi, et surtout, celui qui veut travailler avec profit doit savoir être oisif, c'est-à-dire réserver chaque jour un temps plus ou moins long au relâchement physique et mental. Ce n'est qu'au prix de fréquentes et régulières rêveries sans objet que l'on conserve ses facultés de percevoir le monde invisible et ses énergies intérieures créatrices. Comme l'a écrit Amiel : Il faut savoir jeter par-dessus bord tout son bagage de soucis, de préoccupations et de pédanterie ; se refaire jeune, simple, enfant, vivre de l'heure présente, reconnaissant, naïf, heureux ; oui, il faut savoir être oisif, ce qui n'est pas la paresse. Dans l'inaction attentive et recueillie, notre âme efface ses plis, se détend, se déroule, renaît doucement comme l'herbe foulée par le chemin, et, comme la feuille meurtrie de la plante, répare ses dommages, redevient neuve, spontanée, vraie, originale. La rêverie, comme la pluie des nuits, fait reverdir les idées fatiguées et pâlies par la chaleur du jour (37). La passivité : une condition nécessaire La passivité est une condition nécessaire à la conservation de ses facultés psychiques. Mais pour qu'elle soit profitable et productrice, il faut qu'elle alterne avec des périodes de concentration. Expansion et condensation, abandon et reprise de soi, 122 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée conquête du monde et approfondissement de la conscience : tel est le jeu de la vie intérieure, la marche de l'esprit microcosmique, le mariage de l'âme individuelle avec l'âme universelle, du fini avec l'infini, d'où naît le progrès intellectuel de l'homme (38). Ce qu'il faut rechercher avant tout c'est le parfait équilibre entre les facultés d'expansion et de concentration. Il n'est pas d’œuvre vraiment forte, harmonieuse et vivante qui ne porte en elle ces deux éléments. Quels que soient les pouvoirs de l'activité inconsciente, elle ne saurait supprimer la nécessité d'acquérir une technique indispensable à toute production sérieuse ; mais ce dont il faut se pénétrer, c'est que la technique n'est que l'instrument et que la puissance créatrice, l'inspiration reviennent sans partage à l'inconscient. Inconscient et morale Beaucoup s'imaginent que la morale a été créée de toutes pièces par les hommes en vue de réglementer et de discipliner leurs faiblesses. Si on envisage la morale dans le détail de ses applications, cette opinion est exacte, car alors elle n'est plus qu'une série d'obligations plus ou moins mal adaptées à la nature humaine mais nécessaires au maintien de l'ordre dans la société. Mais si – s'élevant au-dessus de ses formes passagères et arbitraires, qui, d'ailleurs, varient d'un pays à l'autre et d'une époque à une autre époque – ou la considère dans ses grandes lignes, on s'aperçoit qu'elle plonge des racines profondes dans des phénomènes naturels qui ont essentiellement trait à l'activité de l'inconscient ; on constate, en outre, que de l'obéissance plus ou moins complète que l'individu apporte à ses ordres dépend sa conservation et son développement. Dans le sens ordinaire qu'on donne à ce mot, « être moral » consiste à se mettre en accord avec les tendances du milieu humain dans lequel on évolue ; dans son sens psychique et supérieur, il signifie s'adapter aux volontés de 123 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée l'Univers et conquérir de ce fait son meilleur équilibre physiologique, nerveux et intellectuel. Par opposition « être immoral » est se mettre en opposition avec la Nature et, par suite de cette lutte inégale, perdre ses facultés fluidiques et s'affaiblir sur tous les plans. Ainsi s'exprimait à ce sujet le vieux sage chinois : L'homme d'une vertu supérieure persévère invariablement dans le milieu ; l'homme vulgaire, ou sans principes, est constamment en opposition avec ce milieu invariable (39). La haute lumière de l'intelligence, qui naît de la perfection morale ou de la vérité sans mélange, s'appelle vertu naturelle ou sainteté primitive. La perfection momie qui noir de la haute lumière de l'intelligence s'appelle instruction ou sainteté acquise. La perfection morale suppose la haute lumière de l'intelligence ; la haute lumière de l'intelligence suppose la perfection morale (40). L'intelligence et le sens moral sont inséparables En effet, l'intelligence véritable ne peut exister sans avoir pour compagnon le sens moral, comme le sens moral ne peut subsister sans le soutien de l'intelligence. J'ai dit plus haut que le sens courant de l'expression « être moral » signifiait l'adaptation de l'individu aux volontés d'un groupe. Cette adaptation se fait automatiquement. Toute personne qui se trouve placée dans un milieu dont les idées et les mœurs sont différentes de celles qu'elle porte en elle et dont elle a eu l'habitude, en éprouve d'abord une gêne profonde. Et cette gêne ne vient en aucune façon de la qualité morale supérieure de la nouvelle société dans laquelle il lui faut désormais vivre. Évidemment un homme vicieux et dissolu ressent, lorsqu'il est condamné à vivre dans un cercle de gens purs et honnêtes, un embarras et une angoisse qui lui font douter de la valeur des principes qui ont jusque là guidé ses actes ; mais, de même, l'honnête homme qui se voit contraint de 124 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée vivre longtemps au milieu d’êtres aux mœurs dissolues est peu à peu gagné par les habitudes et les pensées nouvelles dont il voit l'application autour de lui et, au bout d'un certain temps, il finit par perdre confiance dans les raisons qui ont servi de guide à son existence dans le passé. La raison de ce phénomène est que lorsque l'inconscient d'un homme ne vibre plus à l'unisson des inconscients environnants, il se met à souffrir de ce désaccord. Je l'ai dit au cours de ces pages, toute attitude nerveuse vigoureuse et constante tend à imposer son rythme et sa forme aux individus plus faibles qui l'approchent. De même et davantage, lorsque de nombreux individus s'unissent en un rythme commun, ce rythme se multiplie de la force particulière de chacun de ceux qui la composent, et devient une sorte de courant invisible mais puissant contre lequel une créature isolée ne peut résister. La morale supérieure Mais dès qu'il s'agit de la morale supérieure, de celle qui a pour base les courants de la Nature, il n'en va plus de même. Celle-là ne demande pas l'avis des hommes, elle est immuable dans ses principes et s'impose à eux comme une nécessité d'où dépend leur conservation ou leur mort. Elle leur apprend que l'égoïsme est le resserrement sur soi des facultés nerveuses rayonnantes et la privation des pouvoirs qu'elles comportent ; que le doute, fût-il léger ou passager, arrête l'émission des énergies immatérielles actives du corps ; que le scepticisme est une force destructive dans le monde de la matière subtile ; que la violence est une décharge nerveuse brusque qui détermine des troubles physiologiques ; que la sensualité transforme la qualité du fluide, l'alourdit et le rend pareil à une masse épaisse sans mobilité et sans action pénétrante, et que la débauche tarit les sources vitales elles-mêmes : Elle leur enseigne encore que la persévérance est essentiellement constructive, même et surtout dans le monde impondérable ; 125 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée que l'enthousiasme multiplie les forces nerveuses créatrices ; que la bonté et l'amour donnent le pouvoir d'émettre de puissantes ondes invisibles qui imprègnent et attirent ceux qu'elles touchent, et enfin que la foi est le sentiment qui confère à l'être humain la plus complète extériorisation fluidique et les plus grands pouvoirs d'influence qu'il puisse posséder sur les créatures et sur les courants de l'espace. Ainsi la morale supérieure ne demande rien à l'homme qui n'ait sa raison d'être. Et c'est parce que ses ordres sont rationnels qu'ils sont invariables, et parce qu'ils sont invariables que les prophètes de tous les pays et de tous les temps les ont enseignés et prêchés à leurs disciples. Ils savaient – l'ayant appris de leurs ancêtres ou l'ayant découvert par de patientes recherches – que c'est seulement en obéissant à ce qui est noble et désintéressé que l'homme atteint à son développement complet. La morale et les religions Les religions anciennes enseignaient la morale à leurs adeptes sous la forme scientifique ; les religions plus récentes ont supprimé les éléments logiques qui étaient le soutien solide et l'explication positive des préceptes qu'elles s'attachent à répandre. Et, au lieu de garder aux pratiques vertueuses l'étiquette véritable qu'elles méritent et qui est « nécessité et utilité », elles leur ont donné celle de « devoir » qui n'a qu'une signification assez vague, et qui, en tous cas, n'a aucune valeur scientifique. D'où l'attraction modérée que les humains éprouvent pour elles. Celui qui a pris conscience des raisons profondes qui motivent l'exercice de la vertu et des bienfaits qu'on peut en retirer s'y soumet avec plaisir, dans la mesure où son caractère et son tempérament le lui permettent ; tandis que celui qui ne voit en lui qu'une contrainte conventionnelle éprouve à lui obéir une invincible répugnance. Ainsi, en supprimant de la morale les éléments psychiques qui 126 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée doivent la soutenir, on détruit chez les êtres le goût et le désir de l'adopter. Et qu'on ne dise pas que donner à la morale des raisons scientifiques est la rabaisser et la rendre intéressée. On n'a jamais rabaissé un acte parce qu'on lui donnait une base rationnelle ; et quant au fait de lui fixer un but intéressé, je crois vraiment que la religion chrétienne a été la première à employer ce procédé, puisque, en échange des contraintes qu'elle impose à l'homme ici-bas, elle lui promet une éternelle félicité. Ces deux arguments que peuvent employer les défenseurs de l'enseignement actuel de la morale sont donc sans valeur. La vérité ne perd rien de sa beauté à être dévoilée. Aussi faut-il dire et redire sans crainte que les pensées habituelles « ... sont des aimants qui attirent les choses qui leur sont semblables et que, personne ne peut attirer à soi des choses qui ne sont pas de même nature que lui (41). » Notre morale habite dans notre inconscient profond Il ne faut pas hésiter non plus à répéter que ce qui, dans le domaine moral, rayonne autour de nous, ce ne sont pas nos pensées volontaires nées de la raison, mais seulement celles qui habitent dans les profondeurs de notre inconscient. Vouloir être bon, droit, juste ne suffit pas, non plus qu'il ne suffit pas de faire les gestes extérieurs que ces sentiments demandent. Il faut que la partie fluide de nous soit emplie, saturée jusqu'à en déborder de bonté, de droiture et de justice. Nos sentiments de bienveillance ou d'amour ne répandent des ondes autour de nous, et ne touchent et n'attirent ceux sur lesquels ils s'épandent que s'ils partent du centre impondérable de notre moi. On pardonne le mal qu'a pu vous faire celui qui porte en ses retraites invisibles la source active et cachée de la tendresse et du dévouement ; on n'arrive même pas à aimer celui qui vous comble de biens par seul désir mental de vous rendre 127 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée service ou de vous obliger. Il en est de même de la beauté de la vie intérieure au sujet de laquelle Maeterlinck a écrit ces lignes à la fois si poétiques et si vraies : Une pensée presque belle que vous nourrissez en ce moment vous éclaire comme un vase transparent (42). On s'étonne quand certains hommes nous disent qu'ils n'ont jamais rencontré de laideur véritable et qu'ils ne savent pas encore ce qu'est une âme basse. Mais cela n'est pas étonnant : ils avaient commencé. C'est parce qu'euxmêmes étaient beaux les premiers qu'ils appelaient à eux toute beauté qui passait, comme un phare appelle les navires des quatre coins de l'horizon (43). Lorsque notre rayonnement vital est puissant En effet, toute la vie morale se résume psychiquement ainsi : plus notre rayonnement vital est puissant, plus nous entraînons ceux qui nous approchent à éprouver vis-à-vis de nous les sentiments que nous éprouvons pour eux. Aussi n'avons-nous jamais que des amitiés et des amours qui nous ressemblent et que nous méritons. Sur ce terrain de l'invisible, justice complète est rendue à chacun. À celui qui lance autour de lui des ondes de bonté est rendue de la bonté en quantité équivalente, comme celui qui n'émet que des vibrations d'égoïsme et de haine ne rencontra chez autrui qu'égoïsme et que haine. Le héros développe chez ceux qui l'entourent les germes d'héroïsmes qu'ils portent en eux, et le criminel suscite dans ceux qu'il côtoie des instincts de cruauté pareils aux siens. Être moral Aussi « être moral », avoir l'âme haute et peuplée de généreuses pensées est, tout simplement, agir au mieux de ses intérêts les plus directs et les plus sûrs. C'est pourquoi – 128 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée et quoi qu'en pensent beaucoup qui considèrent la morale comme un bagage encombrant et inutile et comme un vestige de superstitions passées – celui qui se soumet aux lois de la vertu supérieure est à la fois le plus intelligent, le plus sage et le plus fort ; car là ce qui compte n'est pas l'apparence mais le fond. On a coutume de dire que le vice l'emporte sur la vertu, et la pratique semble souvent donner quelque vraisemblance à cette affirmation ; mais ce n'est là qu'une illusion. Certes le vice qui connaît les énergies qu'il utilise est plus fort que la vertu paresseuse et ignorante. Si les vertueux mettaient à réaliser leurs volontés et à atteindre leurs buts la même tenace persévérance que les méchants et les pervers en mettent à réaliser et à atteindre les leurs, ils verraient, avec surprise, pencher de leur côté le plateau de la puissance. Mais le plus souvent, vertu est synonyme de bêtise et de faiblesse, c'est pourquoi l'assertion que j'exprimais plus haut semble avoir quelque vérité. La réalité est qu'à opiniâtreté égale et à conscience pareille des facultés et des courants invisibles mis en oeuvre, la vertu triomphe du vice, parce qu'elle a à sa disposition les pouvoirs constructeurs et créateurs de l'inconscient, tandis que le vice et le mal ne possèdent que ceux de la négation et de la destruction. Inconscient et éducation L'éducation se présente sous deux formes : celle que l'individu reçoit du milieu social dans lequel il vit et celle qu'il reçoit de ses parents et de ses maîtres. Celle qu'il reçoit du milieu est faite entièrement d'échanges inconscients entre lui et ceux qui l'entourent. Car l'influence de l'ambiance n'est pas seulement, selon qu'on le croit généralement, l'effet de la suggestion de gestes et de paroles constamment vus et entendus, mais encore l'action puissante, quoique invisible des courants fluidiques qui ne cessent d'unir les hommes entre eux. 129 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Dès que plusieurs personnes vivent ensemble ou se groupent pour former une société, il s'établit entre elles un rythme immatériel qui est en quelque sorte la synthèse des vibrations particulières mises en présence. Et ce rythme prend une activité proportionnelle au nombre des gens assemblés. Aussi peut-on dire que, sauf dans des cas très rares, un être isolé ne peut pas résister aux ondes impondérables du milieu dans lequel il se trouve placé et que, tôt ou tard, il est entraîné par elles. Mais si l'action du groupe sur l'individu est spontanée et inévitable, celle de l'éducateur est volontaire et affecte une forme déterminée. Il convient donc de choisir avec soin le maître que l'on donne à l'enfant, et cela d'autant plus qu'il ne suffit pas qu'un précepteur ou un professeur enseigne des doctrines nobles et élevées à celui qui est confié à ses soins. S'il ne les porte aussi dans sa vie profonde comme des amies vivantes et chères, elles seront sans action sur l'enfant ; car les échanges d'inconscient à inconscient sont beaucoup plus constants et étroits que beaucoup ne l'imaginent, et le rayonnement nerveux est plus actif et pénètre plus profondément dans l'être que les paroles. On ne le craint pas parce qu'on ne voit pas son sourd et continuel travail ; mais il existe néanmoins et son activité s'alimente aux sources mêmes des énergies impondérables de l'homme. Un éducateur doit avoir des aspirations claires et belles Il faut donc, autant que possible, qu'un éducateur ait des aspirations claires et belles, afin qu'à ce contact bienfaisant, les enfants augmentent et magnifient leur vie intérieure. L'éducateur se trouve constamment en face de deux catégories d'enfants : les sensitifs et les non-sensitifs. Les uns et les autres ont des réactions tout à fait différentes en face des événements, des choses et des êtres. Les premiers sont les timides, les craintifs ; les seconds les triomphateurs 130 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée dans les réalités positives. Au premier abord, le sensitif semble être plus facilement éducable, parce que plus aisément influençable. C'est là une trompeuse apparence. Subissant avec force et immédiatement l'état d'esprit et la volonté de ceux qui l'approchent et des milieux qu'il traverse, il n'est en fait sous l'emprise de personne, puisque ses impressions sont essentiellement changeantes et fugitives. Il est donc au contraire très difficile d'exercer sur lui une action durable. Par contre, celui dont la masse nerveuse est lente à se mouvoir et à subir les empreintes conserve longtemps le rythme vibratoire qu'on est parvenu à lui imprimer. Et s'il est plus long à convaincre, ses convictions, une fois acquises, sont plus tenaces et plus indéracinables. Mais qu'il ait à instruire des sensitifs ou des non sensitifs, le principe dont doit être pénétré tout éducateur est qu'il faut, avant tout, respecter l'activité inconsciente de l'enfant et, plus encore, l'utiliser au maximum. Il ne doit jamais oublier : ...qu'il n'y a que les vérités entrées dans cette dernière région, devenues nous-mêmes, devenues spontanées et involontaires, instinctives et inconscientes, qui soient réellement notre vie, c'est-à-dire plus que notre propriété (44). ...et que, si l'on veut faire accepter à l'enfant des vérités, les lui faire aimer et les incorporer à sa vie morale, il faut les faire entrer en lui, non par la voie de la raison, mais par celle de son sentiment, de son inconscient. Bien éduquer l'enfant L'enfant est avant tout extériorisation nerveuse, c'est-àdire qu'il prend connaissance du monde et des choses par la voie directe de sa sensibilité fluidique ; aussi, pour se faire comprendre de lui et pour l'intéresser il faut, autant que possible, se mettre sur son plan et lui parler son langage. C'est pourquoi, la femme dont en général la perception de l'extérieur est du genre de la sienne, est son éducatrice, la 131 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée meilleure, du moins pendant ses premières années. Elle le comprend mieux que l'homme, se met plus facilement à son niveau psychique et s'adresse à lui beaucoup plus par la transmission nerveuse spontanée que par le raisonnement et la logique. Elle s'adapte aisément à ce qu'il a de primesautier et, en apparence, d'illogique. Et ce que demande précisément l'enfant c'est de la matière impondérable sentimentale, malléable, et fluide, et chaude qui parle à son cœur et non à son cerveau. L'homme déduit, la femme sent et aime. C'est pourquoi elle apporte dans ses enseignements cette variété et cette douceur qui ravissent l'enfant et le font travailler sans fatigue. Mais lorsqu'il a passé le premier âge, il est bon qu'il passe sous une direction masculine qui lui apprenne l'exercice des facultés de la logique et de la raison. Ne jamais supprimer l'extériorisation nerveuse et les perceptions impondérables du sensitif Si l'on voulait faire de l'éducation comme on fait de l'élevage, c'est-à-dire d'une manière rationnelle, il serait nécessaire de faire des classes différentes pour les sensitifs et les non-sensitifs. À chaque estomac on donne des aliments appropriés ; pourquoi n'agitait-on pas de même pour l'esprit ? Cela n'est guère possible, malheureusement. Mais ce dont, en tous cas, l'éducateur doit être pénétré, c'est qu'il ne faut pas vouloir annihiler ou supprimer, même sous le prétexte de lui préparer une existence plus positive et plus semée de succès, l'extériorisation nerveuse et les perceptions impondérables du sensitif ; car ce sont elles qui ont toujours été le foyer des intelligences supérieures et du génie. Il faut seulement apprendre à l'enfant à en connaître les lois et à les discipliner afin qu'il puisse en retirer tous les bienfaits possibles. Il faut lui dire que son imagination n'est pas seulement un monde de chimères vaporeuses, inutiles ou dangereuses, mais une faculté constructrice de premier ordre ; que sa sensibilité nerveuse est un pouvoir et non une faiblesse, puisque c'est par elle qu'il peut prendre un contact 132 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée intime et profond avec les êtres et les objets ; enfin il faut lui faire prendre conscience de son état de suggestibilité, lui montrer comment agissent sur lui les volontés extérieures et comment il doit s'y prendre, non seulement pour affaiblir les mauvais effets de sa soumission aux courants fluidiques qui l'assaillent, mais encore pour en tirer profit. Le sensitif et le non-sensitif n'ont pas la même méthode de travail Lorsque l'éducateur devra soumettre des enfants à une méthode de travail, il devra ne pas oublier que le nonsensitif utilise surtout sa raison et sa logique, et le sensitif son inconscient. Au non-sensitif convient donc un programme précis et des heures régulières d'activité intellectuelle. Le sensitif que l'on contraint à une activité positive et prolongée sent rapidement s'éteindre en lui ses forces génératrices les plus sûres et les meilleures. Cette richesse, ce monde d'images, de sensations et d'élans qu'il porte en lui s'efface derrière une brume sans cesse grandissante, et sa vie intérieure qui lui semblait n'avoir d'autres bornes que l'infini, se resserre chaque jour et finit par s'arrêter aux limites de son corps. Oiseau aux vastes ailes, son âme se sent alors enfermée dans une cage étroite et sans lumière, d'où elle aspire à retrouver le paradis d'espace et de liberté qu'elle avait l'habitude de parcourir. Aussi, sous peine de faire perdre à l'enfant sensitif les bénéfices de son extériorisation nerveuse, il convient de lui fixer un programme d'études en rapport avec ses tendances particulières. C'est là une question difficile à résoudre, car il faut éviter pour lui l'écueil de la paresse. Pour ses réalisations futures, il est nécessaire qu'il apprenne à se concentrer mentalement, sans quoi tout ce qui vibre et chatoie dans son jardin secret demeurera inutilisé et stérile. Le mieux est de lui éviter les efforts d'attention trop prolongés qui répugnent à sa nature instable et le fatiguent, mais de l'entraîner à profiter au maximum de ses moments d'inspiration et d'élan. De plus la variété des matières doit 133 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée être la qualité maîtresse de l'enseignement qui lui est donné. Ainsi, sans détruire sa sensibilité créatrice, il devient capable de condenser ses impressions, ses perceptions et ses rêves et de les faire naître au monde des réalités tangibles et durables. Ne jamais changer la nature profonde d'un individu Mais il va sans dire que, quels que soient les modes éducatifs employés, on ne change pas la nature profonde d'un individu, non plus qu'on ne peut détruire ses tendances héréditaires ; et, comme l'a écrit très justement M. Bernheim : L'éducation, cependant, quelque suggestif que soit l'éducateur, quelque docile que soit l'enfant ne fait pas ce qu'elle veut. Beaucoup de personnes simplistes et honnêtes croient que l'enfant naît avec un cerveau vierge dans lequel l'éducation sème la bonne ou la mauvaise graine. L'homme serait ce que l'éducation le fait. Les vertus ferment honneur aux éducateurs qui les ont développées, les vices accuseraient une éducation vicieuse. Cette conception que les doctrines religieuses semblent admettre, ne résiste pas à l'observation. L'enfant naît avec un certain fonds moral et psychique atavique (45). Mais si l'on ne peut changer complètement la nature morale d'un enfant ni transformer l'espèce de son rayonnement nerveux, on peut le développer dans le sens de ses qualités naturelles. Seulement, pour que ce développement se fasse dans de bonnes conditions, il faut que l'éducateur utilise constamment et le plus largement possible les facultés perceptives et créatrices de son inconscient. Inconscient et libre arbitre Une fois que l'on a constaté l'existence des rapports 134 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée impalpables, mais combien forts, qui existent entre les humains, rapports qui régissent leur activité nerveuse, modifient leurs sentiments et déterminent leurs conceptions et leurs croyances, la question suivante se pose : Au sein de tant de courants invisibles dont il subit constamment, mais sans le savoir, l'influence, quelle part de liberté est laissée à la créature humaine ? Nulle, probablement. À chaque moment de sa vie, l'homme est la proie de pensées, de désirs et d'élans qu'il croit évidemment lui appartenir, mais qui ne lui en ont pas moins été imposés par l'extérieur. Seulement, comme le dit très bien M. Herzen : De même que la météorologie est encore impuissante à indiquer à l'avance le temps de chaque jour, ainsi la psychologie physiologique n'est pas encore parvenue à la connaissance du rapport constant entre l'organisation spéciale de chaque individu, les influences qui le font agir et les réactions qui en résultent (46). L'homme n'est pas un corps limité à ses bornes visibles Car, même si après un long et patient entraînement, l'homme peut parvenir à délimiter dans une certaine mesure les incitations venues du dehors de celles qui montent des profondeurs de lui, il lui est impossible de saisir au passage celles qui naissent de certaines réactions obscures de ses organes, et celles qui sont des suggestions ancestrales. L'homme n'est pas un corps limité à ses bornes visibles, ni un cerveau entouré de murailles si fortes et si impénétrables que rien n'y puisse pénétrer. Malgré l'apparence dense de sa forme matérielle il est extrêmement poreux, si je puis m'exprimer ainsi, et ne cesse d'être traversé par d'innombrables radiations et vibrations qui transforment sans cesse le rythme de ses énergies nerveuses et déterminent en elles des réactions qu'il ne soupçonne même pas ; et le monde obscur, complexe et mouvant qu'il porte en 135 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée lui recouvre et étouffe la toute petite conscience claire que, dans son orgueil, il croit capable de faire échec aux volontés universelles. Aussi, il est probable que : La liberté de l'individu consiste uniquement à pouvoir réagir à sa manière à lui, selon les tendances, les désirs, les réflexions et les volitions éveillés en lui par le concours des circonstances (47). Il a bien, il est vrai, la sensation d'agir suivant les volontés qu'il se fixe, mais, malheureusement, il ignore tout des causes qui ont fait surgir en sa conscience ces volontés. Le sujet qui réalise l'acte qui lui a été suggéré par une volonté étrangère croit aussi obéir à ses propres déterminations. Pourtant il n'en est rien. De même que les décisions qu'il prend, les gestes et les paroles de l'homme dans la vie courante ne sont que des réactions involontaires et insoupçonnées de son organisme et de sa matière nerveuse aux incitations venues d'autres êtres ou des forces universelles. Qui ne sait que chaque être apporte en naissant dans son inconscient des qualités innées, des vices ou des tares qui le condamnent, dès le premier jour de sa vie, à une certaine ligne de conduite et à un certain ordre d'actions et de croyances. N'est pas criminel ou vicieux qui veut, et chacun de nous est retenu constamment par des barrières morales qui, pour être psychiques, mentales, suppriment néanmoins notre libre arbitre, autant qu'un mur ou la maréchaussée restreignent notre liberté (48). Et, en dehors des influences ancestrales et des contraintes morales qu'elles entraînent, l'homme est enchaîné par les courants de l'espace. Car, qu'il le veuille ou non, et ni plus ni moins que les autres cellules ou les autres corps du monde, il n'est qu'un rouage minuscule d'une immense machine. Il tient par toutes ses énergies 136 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée immatérielles aux autres hommes, aux plantes, aux objets inanimés, comme à tout ce qui est près ou à tout ce qui est loin. Il n'est nulle cloison entre lui et l'espace, et il est probable que si, soudain, il lui était donné de pouvoir contempler l'invisible, il devrait reconnaître que les humains sont si étroitement unis entre eux par leurs rayonnements fluidiques, et qu'ils baignent si parfaitement dans une sorte de matière impondérable qui les relie, qu'ils ne forment véritablement à eux tous qu'un organisme énorme ; et l'Humanité se montrerait à lui comme une sorte de géant dont chacune des cellules est un homme. Alors son vain orgueil, qui le fait se dresser comme un petit dieu ridicule au milieu du décor déployé de la nature, s'évanouirait au souffle de la vérité, et il se verrait enfin tel qu'il est : un pitoyable esclave des énergies prodigieuses de l'Univers. CONCLUSION Peut-être quelques-uns de mes lecteurs trouveront-ils trop hardies certaines des conclusions que j'ai tirées des phénomènes sur lesquels ont porté mes observations, et, même, peut-être mettront-ils en doute la réalité de ces phénomènes. Il est vrai que je n'apporte pour les justifier aucune théorie, cet ouvrage n'étant qu'un compte rendu de constatations. Mais Si nous devions rejeter tout ce que nous ne pouvons expliquer, il resterait bien peu de chose en vérité, et encore resterait-il quelque chose ? D'ailleurs ce que nous appelons nos explications ne sont que des tentatives pour classer les phénomènes et les ranger sous des lois naturelles, dont nous ne savons rien de plus sinon qu'elles existent ou qu'elles nous paraissent exister (49). La science actuelle ne sait pas tout, elle n'a pas tout étudié, tout résolu. Et il n'est pas un homme, fût-il le plus savant, qui ose affirmer qu'il n'est plus rien à découvrir. 137 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée D'ailleurs, ce modeste travail n'a jamais eu pour but de convaincre. Il désire seulement susciter chez certains le désir d'expérimenter à leur tour, et apporter une pierre de plus au monument que l'Humanité, lentement, construit à la vérité. L'extériorisation nerveuse et la transmission de pensée sans contact et à n'importe quelle distance existent. Ceux qui reprendront avec patience les expériences que j'ai faites pourront s'en convaincre. Quant à ceux qui, avec un sourire de dédaigneuse pitié termineront ces pages et fermeront ce livre, je n'en ai cure : « Rira bien qui rira le dernier. » 138 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée Références (1) Magnétisme vital, Gasc. Desfossés, p. 3. (2) Magnétisme et hypnotisme, A. Callerre, p. 239. (3) Psychonévroses, Dubois. (4) Le Magnétisme animal, p. 130. (5) Les psychonévroses, p. 7. (6) Magnétisme vital, p. 74. (7) De la suggestion mentale. Ochorowicz. (8) De la suggestion mentale, p. 334. (9) De la suggestion mentale. (10) De la suggestion mentale. (11) Ibid. (12) Le subconscient normal, p. 365. (13) De la suggestion mentale. (14) Le magnétisme animal, p. 130. (15) Le subconscient normal, p. 346. (16) Ibid, p. 349. (17) De la suggestion mentale. (18) Les Miracles de la Pensée, p. 24. (19) Les Miracles de la Pensée, p. 14. (20) Ibid., p. 1. (21) Ibid., p. 1 (22) De la suggestion mentale, p. 520. (23) Journal intime, p. 49-50, t. I. (24) Le Subconscient normal, p. 361, Abramowski. 139 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée (25) Musique et Inconscience. (26) La subconscience, p. 106. (27) L’esthétique du sentiment, Segond, p. 24-25. (28) Ibid., p. XIII. (29) La poésie pure, p. 25. (30) Belphégor. (31) Le Spleen de Paris. (32) Ibid. (33) Le Spleen de Paris. (34) Journal intime, p. 62, t. I. (35) La subconscience, Jestrow, p. 108. (36) Les phénomènes psychiques, J. Maxwell. (37) Journal intime, p. 52, t. I. (38) Ibid., p. 82, t. l. (39) Doctrine de Confucius (Classiques Garnier), ch. II, p. 3. (40) Ibid. (Classiques Garnier), ch. XXI, p. 56. (41) Les Miracles de la Pensée, O. Swett Mardeu, p. 46-47. (42) Le Trésor des Humbles, p.257. (43) Ibid, p. 258. (44) Journal intime, Amiel, p. 91 t. I. (45) De la suggestion, p. 188. (46) Le cerveau et l'activité cérébrale, p. 187. (47) Le cerveau et l'activité cérébrale, A. Herzen, p. 159. 140 http://www.club-positif.com/ La transmission de pensée (48) Les Psychonévroses, Dubois, p. 54 (49) Lettres sur le magnétisme animal, Gregory. 141 http://www.club-positif.com/