la transmission de pensée

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la transmission de pensée
La transmission de pensée
K. KEPHREN
LA
TRANSMISSION
DE PENSÉE
Si nous devions rejeter tout ce que nous
ne pouvons expliquer, il resterait bien
peu de chose en vérité, et encore,
resterait-il quelque chose ?
GREGORY
© www.club-positif.com, 2005, pour la présente édition
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La transmission de pensée
Table des matières
K. KEPHREN.......................................................................................1
PRÉFACE ...................................................................5
EXPÉRIENCE I ................................................................................12
EXPÉRIENCE II.......................................................14
EXPÉRIENCE III .............................................................................18
EXPÉRIENCE IV .....................................................19
EXPÉRIENCE V ...............................................................................21
EXPÉRIENCE VI .....................................................22
EXPÉRIENCE VII ............................................................................22
EXPÉRIENCE VIII ..................................................23
EXPÉRIENCE IX..............................................................................23
EXPÉRIENCE X ......................................................26
EXPÉRIENCE XI .....................................................27
EXPÉRIENCE XII ...................................................28
EXPÉRIENCE XIII...........................................................................29
EXPÉRIENCE XIV..................................................37
EXPÉRIENCE XVI ..................................................38
EXPÉRIENCE XVII..........................................................................39
EXPÉRIENCE XVIII ...............................................39
EXPÉRIENCE XIX..................................................40
ANALYSE GÉNÉRALE DES
EXPÉRIENCES .......................................................42
Sur les différentes manières de transmettre
une pensée ................................................................42
Précautions à prendre pour la vérification
des expériences.......................................................42
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La transmission de pensée
Sur les conditions de température convenant
aux expériences.......................................................43
Choix des opérateurs et des sujets.................44
Sur l'état de santé des sujets .............................44
Sur la variabilité des succès ...............................45
De la déperdition nerveuse entraînée par les
expériences ...............................................................48
Rapport entre le sujet et l'opérateur................51
Sur l'extériorisation et la réceptivité
nerveuses ...................................................................52
Sur la façon de penser..........................................57
Sur l'extériorisation propre à chaque
personne .....................................................................60
Rapport entre le caractère et le rayonnement
vital ................................................................................61
Rapport entre le tempérament et le
rayonnement vital ....................................................62
Façon psychique de chaque personne de se
manifester ...................................................................62
Sur la coloration du fluide ....................................63
Phénomènes inattendus se produisant au
cours des expériences ..........................................64
CONCLUSIONS ................................................................................65
Existence du rayonnement vital ........................65
Le sensitif....................................................................65
Le non-sensitif ..........................................................69
Action curative du rayonnement nerveux sur
l'organisme qui le produit .....................................70
La transmission de pensée est un
phénomène constant .............................................86
Inconscient et conscient .......................................89
Rôle de l'inconscient dans la vie instinctive 92
Rôle de l'inconscient dans la vie
sentimentale ..............................................................98
Rôle de l’inconscient dans la vie intellectuelle
.......................................................................................101
Rôle de l'inconscient chez l'enfant et chez le
vieillard .......................................................................103
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Rôle de l'inconscient chez la femme et chez
l'homme .....................................................................105
Rôle de l'inconscient dans l'activité de
l'artiste et du scientifique....................................107
Sur le rôle à laisser à l'inconscient dans les
méthodes de travail ..............................................117
Inconscient et morale ..........................................123
Inconscient et éducation ....................................129
Inconscient et libre arbitre .................................134
CONCLUSION............................................137
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PRÉFACE
La transmission de la pensée sans parole et sans signe
visible, comme beaucoup d'autres phénomènes psychiques,
n'est pas encore entrée dans le domaine réservé de la
science. La plupart des gens cultivés ou non, en parlent avec
un sourire moqueur et traitent avec pitié ceux qui font mine
d'y ajouter foi. Aussi peu nombreux sont ceux qui ont le
courage d'avouer qu'ils croient à sa possibilité, et, rares,
ceux qui osent affirmer hautement qu'ils sont convaincus de
sa réalité.
Cependant, en un siècle où, journellement, on reçoit,
par télégraphie sans fil, des messages venus de l'autre côté
de la terre et où l'on soigne les malades à l'aide de rayons
que les yeux ne peuvent voir, mais qui traversent les corps
opaques et ont une action puissante sur les tissus, il semble
que la télégraphie et la communication volontaire d'une
image ou d'un désir, sans contact et même à de grandes
distances, devraient apparaître comme les faits les plus
naturels qui soient. Pourtant, il n'en est rien. Des docteurs,
des savants nient encore que des cerveaux puissent exprimer
leurs pensées à d'autres cerveaux sans l'aide de l’ouïe ou de
la vue ; ils nient encore que les êtres possèdent le pouvoir de
pénétrer les sentiments et les émotions de ceux qui se
trouvent dans leur voisinage immédiat ou sont éloignés
d'eux, grâce à des sortes d'antennes nerveuses qui dépassent
la surface de leurs corps et sont douées d'une sensibilité
particulière.
Cette hostilité vient, en partie, de ce que beaucoup de
personnes s'imaginent voir, dans ceux qui étudient les
phénomènes de transmission de pensée, des occultistes, des
théosophes ou des spirites plus ou moins déguisés. C'est là
une erreur qu'il convient de rectifier. Il n'est nullement
besoin, pour concevoir comme possible ou pour expliquer
les rapports invisibles qui s'établissent constamment entre
les humains, de faire intervenir des influences
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extraordinaires, des entités étranges ou les caprices des
trépassés. L'action des parties les plus électriques, si je puis
m'exprimer ainsi, de notre organisme y suffit. Et les
défenseurs des échanges subtils d'esprit à esprit ne désirent
qu'une chose : c'est de leur voir prendre la place qui leur
revient dans l'armée des faits courants, contrôlables et
contrôlés.
Un des grands arguments employés contre l'existence
de la transmission de la pensée sans signes et sans paroles et
d'un lieu à un autre, est qu'aucune théorie satisfaisante n'a
encore pu l'expliquer. Un tel raisonnement ne saurait suffire
à faire nier d'emblée et sans enquête sa réalité ; car tous les
phénomènes, sans exception, ont été découverts avant la loi
qui les régissait. Les humains ont connu l'obscurité, le vent,
les éclipses, avant d'avoir pu en déterminer les causes et les
effets. Mais cette ignorance n'empêchait pas l'obscurité, le
vent et les éclipses d'être pour eux des sources de sensations
et d'impressions dont ils ne pouvaient mettre en doute la
force et la précision.
Tous les hommes, sauf un nombre infime d'aveugles,
voient la clarté du jour : c'est pourquoi l'humanité entière
s'est mise d'accord pour proclamer la splendeur de la
lumière. Dans le domaine des relations psychiques, au
contraire, la plupart sont aveugles et quelques-uns
seulement ont reçu de la nature le don de la sensibilité. Il
résulte, de cette disproportion entre les sensitifs et les nonsensitifs, la lutte implacable qui dure depuis des siècles
entre ceux qui croient à l'existence du rayonnement vital
parce qu'ils le perçoivent avec la même netteté que ceux qui
ont des yeux normaux perçoivent les rayons du soleil, et
ceux qui n'y croient pas parce que leurs sens psychiques
sont trop peu affinés pour leur permettre de prendre
conscience des courants impondérables qui s'échappent
d'eux ou qui leur viennent de l'extérieur.
Ce combat sans issue, entre ceux qui sentent et croient
et ceux qui ne sentent pas et nient, ne pourra prendre fin que
le jour où des instruments pourront enregistrer, à n'importe
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quel moment du temps, les émissions cérébrales ou astrales
des individus. Jusque-là il en sera toujours qui crieront :
« Admirez l'éclat de l'astre du jour », tandis que d'autres leur
répondront : « De quel astre étincelant nous parlez-vous
donc ? Il n'est autour de nous que ténèbres et que nuit. »
L'objection la plus fréquente des incrédules, et ils sont
nombreux contre la réalité des phénomènes, est qu'ils sont
trop extraordinaires pour qu'on y croie sur la foi d'autrui, et
chacun déclare qu'il ne peut les admettre sans les avoir
constatés « de visu proprio ». Mais comprendre ainsi une
science de faits, c'est condamner ceux qui l'étudient au
même travail que celui du tombeau des Danaïdes ou de la
toile de Pénélope : quand les faits seront-ils acquis si c'est
toujours à recommencer ? (1)
Ces réflexions de M. Gasc Desfossés sont l'expression
même de ma pensée. En effet, combien de connaissances ne
nous inculque-t-on pas, en chimie, en physique, en
astronomie, auxquelles nous croyons spontanément, sans
jamais songer à en vérifier ou à en constater, de nos yeux, la
réalité. Mais, dès que l'on parle de transmission de pensée
sans l'aide de mots ou de gestes, tout change. Les visages se
tendent avec hostilité, des sourires de dédain ou de pitié
courent sur les lèvres, et tous les raisonnements, toutes les
affirmations de ceux qui, longuement et patiemment ont
expérimenté, se heurtent à une obstination pour le moins
injustifiée et extraordinaire.
Nombreux sont ceux pourtant sans – des anciens sur
lesquels nous n'avons que des renseignements imprécis –
qui, après de laborieuses et persévérantes observations, sont
arrivés à se convaincre que des relations invisibles
permanentes existent entre les humains, et ont acquis la
certitude que la sensibilité ne s'arrête pas aux limites du
corps, qu'elle le dépasse, se répand alentour et peut s'étendre
à toute l'atmosphère terrestre. Mais il semble que, dans ce
domaine, tous les efforts du passé soient vaine et que,
comme le disait le texte cité plus haut, il faille toujours tout
recommencer.
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La transmission de pensée
Ce n'est pourtant pas que les ouvrages de ceux qui ont
étudié ces questions et les ont résolues par l'affirmative
manquent d'esprit de prudence, de méthode et d'impartialité.
Ceux qui se sont donnés la peine de les lire ont pu s'en apercevoir. Car si l'on rencontre l'exaltation, la violence et
l'absence de raisonnement c'est, presque toujours, dans les
pages des négateurs des phénomènes psychiques qui
prennent trop souvent le dédain, la moquerie ou les
affirmations méprisantes pour des arguments. Et ce n'est pas
parce qu'ils écrivent :
Que la question de la lecture de pensée, de la lucidité,
de la double vue est jugée et jugée définitivement (2).
Qu'elle l'est en effet. Aucun argument péremptoire n'a
encore été émis contre la transmission impondérable de la
pensée, si aucune théorie péremptoire n'est encore venue
l'étayer. D'ailleurs quel est le savant qui oserait affirmer
qu'un problème scientifique est résolu définitivement.
Depuis que le monde est monde, nous ne voyons en
œuvre que les cinq sens, et notre sensibilité est suffisamment
armée par ce luxe d'organes récepteurs pour que nous
n'ayons aucune raison de supposer un sixième sens ou
d'autres encore, établissant de mystérieuses relations
fluidiques (3).
À ceci, il est facile d'objecter que, depuis que le monde
est monde, les hommes – sentant l'insuffisance de leur cinq
sens pour expliquer certaines de leurs impressions ou de
leurs sensations qui, à l'évidence, n'en dépendaient pas –
ont, au contraire, supposé l'existence d'un sixième. Sans
doute est-ce cette perception plus ou moins confuse qu'ils
avaient des énergies invisibles de l'Univers qui les a
conduits à imaginer l'existence des dieux : sans elle, les
religions auraient été vouées à la mort dès leur berceau.
Qu'est-ce que le sens mystique, sinon ce sens qui, par
des voies encore inexpliquées, perçoit au-delà de la matière
une cité moins tangible, moins visible que celle dans
laquelle le corps voit se dérouler son éphémère existence.
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La transmission de pensée
Toutes les religions, et surtout les plus anciennes – comme
si, en vieillissant, l'Humanité perdait peu à peu la sûreté de
son instinct – ont mis au premier plan les activités
insaisissables du monde, prêchant le silence, la méditation et
l'isolement qui sont, en effet, les conditions essentielles
pouvant permettre aux énergies nerveuses de s'évader de
leur prison tangible, de communiquer avec les courants
psychiques des autres hommes et de prendre contact avec
l'essence des choses. Car, depuis les premiers âges, les
vivants ont porté en eux la certitude qu'il était des fluides
qui les entouraient, les traversaient, ne cessaient d'emplir
l'espace et d'y exercer leur influence. Et c'est parce que cette
certitude repose sur des faits réels que les affirmations
méprisantes où les raisonnements simplistes de quelques
négateurs qui, pour la plupart ont peu ou pas expérimenté,
ne parviennent pas à l'ébranler.
Mais, pendant que les esprits qui se croient forts
écrasent de leur dédain ceux qu'ils considèrent comme des
victimes de leur crédulité, des chercheurs continuent
patiemment à creuser le sillon d'un long et modeste labeur.
Et c'est à la suite de ces travailleurs, de ces conquérants de
la vérité que, délibérément et sans crainte des moqueries ou
des sarcasmes, je viens aujourd'hui me placer. Cet ouvrage
n'a d'autre but que d'apporter une modeste pierre à l'édifice
qui, en dépit des sceptiques, se construit lentement au cours
des siècles ; car tous ces pouvoirs, toutes ces énergies,
encore mal étudiés, mal définis, que nous portons en nous,
appartiendront sans nul doute à la science de l'avenir.
Deux années de patientes recherches et d'expériences
assidues, conduites avec méthode et dans l'unique but de me
rendre compte si, oui ou non, il existait en nous un
rayonnement pouvant dépasser notre forme matérielle, sentir
et agir en dehors d'elle, m'ont convaincue qu'il existait en
effet. C'est cette conviction que je veux exprimer ici, non
pour la communiquer à d'autres, car, je le sais, c'est
impossible, et le doute persiste toujours là où l'on n'a pas,
soi-même, expérimenté, mais pour apporter des faits à ceux
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qui tentent d'expliquer par des théories les phénomènes
psychiques, ce que mes connaissances personnelles ne me
permettent pas de faire.
C'est du grand nombre de documents fournis par ceux
qui, sincèrement et sans parti pris de négation ou
d'affirmation, cherchent à forcer le mystère dans son repaire
et tentent de lui arracher quelques-uns de ses secrets que
naît un jour la vérité qui s'impose à tous.
Ceux qui penseraient trouver dans les pages qui vont
suivre, non du merveilleux – car tout est merveilleux, depuis
la germination d'une graine jusqu'au fonctionnement de la
plus quelconque de nos cellules – mais du surnaturel, feront
mieux de cesser à l'instant leur lecture. Mais que ceux qui
travaillent et luttent pour la science les lisent. Ils y trouveront, je l'espère, des suggestions utiles. Et, peut-être
entreverront-ils, grâce à elles, la possibilité de faire mieux et
d'aller plus avant dans la contrée encore un peu voilée mais
au sol ferme et dur dans laquelle j'ai aventuré mes pas.
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PREMIÈRE PARTIE
Les personnes qui ont participé aux expériences
Le mieux que je puisse faire maintenant est de vous
présenter les personnes qui ont pris part aux expériences que
je vais relater.
1° E... – Santé vigoureuse. Vie intérieure mobile et
nuancée, mais parfaitement disciplinée par un esprit
pondéré, positif et clair en tout ce qui concerne les choses de
l'intelligence. Très sensible au rayonnement psychique. Est
à la fois très bon opérateur et très bon sujet ;
2° M. L... – Hérédité nerveuse. A souvent, en causant,
de véritables absences. Malgré cela grand sens positif et
organisme vigoureux. Elle a un très fort rayonnement et
s'extériorise beaucoup, ce qui fait d'elle un excellent
opérateur ;
3° H... – Très nerveuse mais peu influençable. Elle
s'extériorise facilement, est un bon opérateur mais un sujet
moyen ;
4° M... – Tempérament apathique. A souvent une
impression de dispersion de sa personnalité dans l'espace.
Vive imagination. Très suggestible. Elle peut être endormie
facilement. Est un opérateur médiocre mais un assez bon
sujet ;
5° G... – Tempérament extraordinairement calme. Est
au-dessous de la moyenne comme puissance vitale. N'a
aucune imagination. Elle ne connaît des phénomènes
psychiques que ce que je lui en ai dit, et les trouve aussi
naturels que la lumière ou le vent. Est mauvais opérateur
mais bon sujet ;
6° B... – Bonne santé. Grande sensibilité psychique.
Grand sens critique ; elle s'analyse parfaitement bien.
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Rayonnement nerveux moyen mais très égal. Elle est bon
sujet et opérateur moyen dans les expériences à échéance
immédiate. Au contraire, dans les essais de longue durée,
elle a une forte activité invisible ;
7° Moi. – Bonne santé. Extrêmement mobile dans le
domaine des sensations et des sentiments, mais très
pondérée et très logique dans celui de l'intelligence. Je crois
savoir bien m'analyser, pratiquant sur moi-même, depuis des
années, l'auto-observation. Je suis un opérateur et un sujet
très inégal suivant les jours.
EXPÉRIENCE I
Ordonner mentalement le sujet en plaçant les mains
sur ses omoplates
Mon premier essai fut celui, classique, d'attirer à moi le
sujet en plaçant les mains sur ses omoplates. Cela est facile
et réussit en général vite et bien, même avec des sensitifs
moyens. Mais en raison de son uniformité cette expérience
présente peu d'intérêt. Aussi, dès le début de mes études
psychiques, l'ai-je compliquée en ordonnant mentalement au
sujet de tomber, soit en avant, soit à gauche ou à droite. Au
bout de peu de jours le sujet sentait de façon presque
immédiate et absolument claire l'ordre que cherchait à lui
transmettre l'opérateur.
Les résultats obtenus étaient excellents. J'avais, d'une
part, la certitude de ne manifester ma volonté à mon sujet
par aucun tressaillement de mes doigts ; d'autre part la
progression continue de la sensibilité du sujet dans la
perception de la pensée qui lui était communiquée m'incitait
à croire que, s'il n'avait perçu le mouvement voulu par
l'opérateur que par des indications musculaires, il en aurait
saisi la direction aussitôt, ce mode de sensation lui étant
familier.
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Quelques doutes
Cependant des doutes me restaient quant à la
possibilité de transmission d'un désir par seule voie
nerveuse ; car des mouvements imperceptibles peuvent se
produire dans les membres de l'opérateur sans qu'il s'en
aperçoive, et la sensibilité cutanée du sujet peut se
développer et devenir plus consciente d'influences légères
qui viennent l'affecter.
Dans de telles conditions il m'était impossible de
vérifier si un rayonnement quelconque jouait un rôle dans
les expériences que je renais de tenter. Aussi décidai-je de
les reprendre, sans contact.
Ordonner mentalement le sujet en plaçant les mains à
quelques centimètres de ses omoplates
Le sujet devait se tenir debout, passif, les yeux clos,
tandis que l'opérateur, les mains à une vingtaine de
centimètres de ses omoplates, faisait le geste de le
repousser, de l'attirer ou de l'entraîner à droite ou à gauche.
Les premiers essais de ce genre donnèrent des résultats
irréguliers. Le sujet sentait nettement le rayonnement des
mains de l'opérateur, mais ne parvenait qu'avec assez de
peine à sentir la direction qu'il cherchait à lui imprimer.
Cependant, après une ou deux semaines d'entraînement
journalier, le sujet obéissait à la volonté de l'opérateur, ainsi
transmise, à peu près aussi exactement que lorsqu'elle lui
était communiquée par le contact de ses paumes contre son
dos.
Espace augmenté entre l'opérateur et le sujet
Ce résultat était extrêmement intéressant, mais je
voulus le parfaire encore, et j'augmentai l'espace qui séparait
le sujet de l'opérateur, cela jusqu'à une distance de plusieurs
mètres. Au bout de quelques jours d'efforts l'ordre était
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La transmission de pensée
perçu aussi exactement que précédemment. Enfin, cessant
de tendre les mains dans la direction du sujet, l'opérateur
pensa seulement à l'influencer par son rayonnement
invisible, et, avec une proportion de réussites légèrement
moindre, les mêmes effets qu'auparavant se produisirent.
Note. – Un jour, me préparant à attirer ma sœur qui
était debout, passive et les yeux clos devant moi et me
tournant le dos, j'eus soudain l'idée de jouer du piano sur
elle et fit, dans l'air le geste de faire courir les doigts sur un
clavier. Elle s'écria aussitôt avec étonnement : « Que fais-tu
donc, il me semble que tu joues du piano sur mon dos, je
sens tes doigts se mouvoir sur moi comme si j'étais un
clavier. » Cette expérience non prévue a une plus grande
valeur de démonstration que les autres, car, alors,
l'attention expectante du sujet ne pouvait jouer aucun rôle.
EXPÉRIENCE II
Ordonner mentalement le sujet en plaçant la main sur
une de ses épaules puis à quelques centimètres
Ma seconde expérience consista à poser la main sur
une des épaules du sujet et à le conduire, sans aucun
mouvement volontaire, jusqu'à un des sièges de la pièce.
Au bout de peu de jours, la réussissant parfaitement, je
réduisis le contact de l'opérateur avec le sujet à un seul
doigt ; puis cet effleurement fut supprimé, la main placée à
quelques centimètres de l'épaule, et, enfin, l'ordre fut
transmis par la seule volonté qu'avait l'opérateur de se
rendre psychiquement auprès du sujet et de le conduire par
l'épaule, avec sa propre main invisible jusqu'au point de la
chambre choisi par lui.
Au bout de quelques semaines d'entraînement le sujet
obéissait correctement aux suggestions ainsi faites. Le
mieux, pour donner au lecteur une impression exacte de la
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marche et des résultats de mes expériences, est de les relater
telles qu'elles sont inscrites sur mes fiches.
Guider mentalement le sujet vers un siège choisi
Je copie donc :
Fiche, mars 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet.
1er essai.
– Résultat exact.
2e –
–
–
3e –
–
–
4e –
–
–
5e –
– E... se dirige d'abord vers le siège
auquel je pense, puis s'assoit à côté. Je lui déclare qu'elle
s'est trompée. Elle se remet au milieu de la pièce et, cette
fois, va s'asseoir directement sur le siège voulu.
6e –
– Résultat exact.
7e –
–
–
8e –
–
–
9e –
–
–
Fiche, 28 mars 1917. – M. L..., opérateur ; E..., sujet
(La pièce où nous sommes contient 7 sièges.)
M. L... pense mentalement à faire asseoir E... sur un
des sièges de la pièce. E... réussit aisément toutes les
expériences. Elle sent comme une main dont les doigts
s'impriment sur son dos et son épaule et la guident vers le
siège choisi.
Fiche, 27 mars 1917. – M. L..., opérateur ; Moi, sujet
Cinq fois de suite M. L... pense mentalement me
conduire vers un siège. J'y vais sans hésiter. Je la sens très
fortement.
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La transmission de pensée
Fiche. 27 mars 1917. – H..., opérateur ; Moi, sujet.
H..., la main à 10 centimètres environ de mon épaule,
me conduit aisément où elle veut.
Même expérience avec les mains de H... à 10
centimètres environ de mes omoplates. Je sens son
rayonnement mais ne peut percevoir où il me conduit.
D'ailleurs H... avoue qu'elle ne peut concentrer sa pensée.
Lorsque des personnes qui ne participent pas à
l'expérience arrivent
Fiche, 28 mars 1917. – M. L..., opérateur ; E... et moi,
sujets.
M. L... pense à nous conduire toutes deux sur le même
siège, puis sur des sièges différents ; 8 essais successifs
réussissent parfaitement.
Note. – Deux personnes entrent dans la chambre où
nous expérimentons. Dès ce moment nous ne pouvons plus
du tout sentir M. L...
Résultats parfaits
Fiche, 31 mars 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet.
Plusieurs tentatives faites pour conduire E... à un siège
donné réussissent parfaitement.
Fiche, 1er avril 1917. – Moi, opérateur ; E... sujet.
Plusieurs essais faits pour faire asseoir E... sur des
sièges donnés donnent des résultats parfaits.
Cette sèche citation de notes peut paraître fastidieuse.
Cependant je l'ai crue nécessaire pour montrer que les essais
de transmission par seule concentration mentale donnaient,
après entraînement, des résultats sensiblement égaux à ceux
que donnent ceux que l'on fait avec contact.
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La transmission de pensée
Cette même expérience de conduire mentalement le
sujet à un siège donné à été tentée encore : d'abord d'une
chambre à l'autre, ce qui a donné des résultats identiques à
ceux obtenus lorsque l'opérateur et le sujet se trouvaient
dans la même pièce, et ensuite l'opérateur étant distant du
sujet de 1 kilomètre environ. Je copie mes notes y ayant
trait.
Ordonner mentalement et à distance à une heure
convenue
Fiche, 31 mars 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet.
(Dans la chambre 7 sièges, dont un très grand sofa.)
Étant à la maison je concentrai ma pensée, à l'heure
convenue entre nous, pour conduire E... jusqu'au sofa et la
faire s'asseoir au milieu.
Contrôle. – À l'heure indiquée E... se met debout au
milieu du bureau, ferme les yeux et reste passive. Au début
elle sent assez mal ; puis, tout à coup, elle sent mes mains se
poser sur ses épaules et la tirer vers le sofa. Plusieurs fois
elle se remet au milieu de la chambre et, chaque fois, elle se
sent tirée fortement vers le sofa. À peine assise elle sent que
je l'enfonce sur ce siège avec mes mains fluidiques. Et,
toujours, elle s'assied au centre du sofa, ce qui est mon désir.
Expérience avec une personne sans entraînement
Fiche, avril 1917. – M. L..., opérateur ; Moi, sujet.
À l'heure convenue M. L... pense, d'abord, à me faire
asseoir sur le sofa, ensuite sur un fauteuil, et enfin à me faire
prendre un livre sur la table et à le poser à terre. Ce dernier
acte n'était nullement prévu, vu que nous n'avions encore
jamais fait d'essais de ce genre.
Contrôle. – À l'heure indiquée je me mets debout, en
état passif au milieu du bureau.
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La transmission de pensée
1° Je fais d'abord un tour dans la chambre et vais
m'asseoir sur le sofa ;
2° 6 fois de suite, je me remets au milieu de la pièce et
retourne sur le sofa ;
3° Je me dirige vers le fauteuil pensé, je m'y arrête
mais sans m'y asseoir ;
4° Je suis ensuite attirée vers la table, puis ne perçois
plus rien de précis.
Comme on peut le voir, cette dernière expérience
tentée avec une personne sans entraînement, a donné des
résultats flous, mais non, à proprement parler, incorrects. M.
L... voulait me faire asseoir sur le sofa, je l'ai fait ; elle
voulait me conduire sur un fauteuil, ce que je n'ai pas
entièrement accompli puisque tout en m'étant rendue auprès
de lui je ne m'y suis point assise ; et enfin si je n'ai pas pris
de livre sur la table pour le poser à terre comme elle le
désirait, du moins ai-je partiellement obéi à sa volonté,
puisque je suis allée jusqu'à la table. Aussi, pour si
imparfaite qu'elle ait été, cette expérience n'en est-elle pas
moins instructive en ce qui concerne la transmission de
pensée à distance.
EXPÉRIENCE III
Conduire mentalement le sujet vers une place précise
L'opérateur se mettait dans un endroit quelconque de la
pièce, immobile et muet. Le sujet, debout, passif et les yeux
clos, au milieu de la chambre, devait se laisser conduire vers
la place où il se sentait attiré.
Remarque : Cette expérience n'est pas concluante
quant à la transmission de pensée par voie impondérable,
parce qu'on peut toujours invoquer qu'un craquement
imperceptible du plancher ou le murmure de la respiration
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La transmission de pensée
ou tel autre bruit léger peut guider le sujet dans sa
recherche. Cependant, ayant été moi-même sujet fort
souvent dans ce genre d'expériences, je puis certifier que
lorsque je me rendais vers l'opérateur je n'étais pas du tout
guidée par des bruits (car lorsque je percevais le moindre
heurt, le moindre frémissement ou le moindre souffle
j'arrêtais aussitôt l'expérience), mais parce que je sentais
dans l'espace une sorte de courant, ténu mais perceptible à
ma force nerveuse attentive, qui venait à moi et m'attirait
vers le point de la salle où se trouvait celui ou celle dont la
volonté m'influençait.
EXPÉRIENCE IV
Suggérer mentalement au sujet un acte quelconque
Les mains sur les omoplates du sujet, l'opérateur devait
suggérer à ce dernier un acte quelconque : prendre un livre,
l'ouvrir et le mettre sur un autre meuble, jouer du piano, se
mettre à la fenêtre, etc. Au bout de quelques jours les
résultats obtenus étaient immédiats et parfaits. Je reproduisis
ensuite ces mêmes expériences par la seule concentration de
pensée.
Pour donner une idée de nos résultats par ce dernier
procédé, je copie le texte de quelques-unes des fiches que
j'ai sous les yeux.
Fiche, 26 mars 1917. – M. L..., opérateur ; E... et moi,
tour à tour sujet.
M. L... assise dans un coin de la pièce nous suggère
mentalement des actes à accomplir. E... et moi, recevons les
suggestions, debout, passives et les yeux clos.
Sur trente essais successifs, un seul échec.
Ces mêmes expériences reprises, l'opérateur étant dans
une chambre et le sujet dans l'autre donnent des résultats
aussi excellents.
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La transmission de pensée
Note. – M. L... a une puissante extériorisation et est un
opérateur de premier ordre.
Fiche, 27 mars 1917. – M. L..., opérateur ; Moi, sujet.
M. L... me commande mentalement des actes et des
gestes. Je la sens très bien et tous nos essais ont un plein
succès.
Fiche, 7 janvier 1928. – B..., opérateur ; R... (4 ans),
sujet.
B... assise pense à ce qu'elle
veut suggérer à R...
R... est passif, les yeux
fermés, debout au milieu de
la chambre. (Ce jeu l'amuse
beaucoup.)
1° B... veut que R... aille
s'asseoir sur un coussin ;
Après quelques instants
d'hésitation R... accomplit
cet acte.
2° B... veut que R... ouvre la
porte de l'alcôve ;
R... va vers la porte de
l’alcôve et ouvre celle qui
est à côté.
3o B... veut que B... aille
prendre le pierrot qui est sur
le divan ;
À peine B... a-t-elle pensé
que H... lui déclare ce qu'elle
attend de lui et le fait.
4° B... veut que R... se rende
près du mannequin ;
R... le fait aussitôt.
5° B... veut que R... prenne le R... le fait aussitôt.
pot de fleurs qui est sur la
table ;
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La transmission de pensée
6° B... veut que H... prenne
un vase en argent qui est sur
une table et le lui donne ;
R... déclare qu'il doit prendre
un objet (hésitation)... un
vase... et ne sent pas
davantage.
B... voyant que R... est fatigué arrête là les expériences.
EXPÉRIENCE V
Découvrir le chiffre pensé par l'opérateur
L'opérateur devait mettre le doigt de la main droite sur
l'épaule du sujet en pensant à un chiffre que ce dernier
devait découvrir.
Les premiers essais donnèrent des résultats irréguliers.
Mais après quelques jours d'entraînement, le sujet disait
sans hésitation le chiffre pensé par l'opérateur.
L'expérience fut faite ensuite sans contact, par la seule
fixation du regard de l'opérateur entre les omoplates du
sujet. Les succès ainsi obtenus furent des plus intéressants.
Fiche, 1917. – Moi, opérateur ; A... et H..., sujets.
A... et H... sont debout devant moi, l'un à 5 mètres et
l'autre à 10 mètres de moi. Ils sont tournés dans le même
sens que moi.
Je fixe les omoplates de celui qui est le plus près de
moi et pense à leur communiquer à tous deux le chiffre 3.
Au bout de 3 à 4 secondes environ, tous deux dessinent
correctement un 3 avec leurs dos, mais l'un le trace dans le
bon sens et l'autre à l'envers. Tous deux déclarent sans
hésiter, que je pense à un 3.
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La transmission de pensée
Note. – Ni l'un ni l'autre n'ont jamais fait aucune
expérience.
EXPÉRIENCE VI
Décrire la nature et la taille d'un objet sans le voir
Un objet étant placé par l'opérateur à 10 centimètres
environ du dos du sujet, ce dernier, debout, passif et les
yeux clos, devait décrire la nature et la taille de cet objet.
Mais cette expérience nous semblant devoir nécessiter un
très long entraînement, nous ne l'avons pas poursuivie.
EXPÉRIENCE VII
Trouver ce que l'opérateur est en train de penser
Ayant les mains sur les omoplates du sujet, l'opérateur
pensait à un objet ou à un animal ; le sujet devait dire lequel.
Voici quelques notes prises pendant la durée de ce
genre d'expérience.
Fiche, 13 avril 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet.
Côté E
Côté Moi
1° Chien
C’est un chien
2° Chameau
C’est un animal très gros qui
marche lourdement, sans doute un
éléphant
3° Perroquet
C’est un oiseau mais je ne puis dire
lequel
4° Chat
C’est un chat
5° Cygne
C’est un oiseau qui marche
lentement, avec un air fier, content
de lui
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La transmission de pensée
6° Cheval
Je sens mal et ne peux rien dire
E... se sent lasse
Remarque. – Les réflexions du sujet sont, bien que
souvent incomplètes, extrêmement intéressantes à cause du
rapport étroit qui existe entre elles et les qualités ou défauts
de l'animal pensé.
Ces mêmes expériences faites sans contact entre
l'opérateur et le sujet, ont donné des résultats à peu près
identiques.
EXPÉRIENCE VIII
Se mettre psychiquement près du sujet
L'opérateur pensait à se mettre psychiquement soit
devant, soit derrière ou soit à gauche ou à droite du sujet
debout, passif et les yeux clos.
Remarque. – Un jour, au cours d'une expérience de ce
genre, tentée en société, entre moi et une des personnes
présentes, un des assistants, secrètement, tenta, lui aussi de
venir fluidiquement auprès de moi. Je déclarai aussitôt, avec
étonnement, que j'avais l'impression de sentir contre moi la
lutte de deux forces à peu près égales, dont l'une ne
parvenait pas à vaincre l'autre. La personne qui avait pensé
en cachette avoua alors qu'elle avait aussi voulu envoyer son
double invisible auprès de moi, et me témoigna sa
stupéfaction que j'aie pu ainsi déceler son dessein.
EXPÉRIENCE IX
Décrire un parcours pensé par l'opérateur
L'opérateur, les mains sur les omoplates du sujet,
suivait dans sa pensée un parcours que devait décrire, à
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La transmission de pensée
mesure, le sujet.
Au bout de peu de jours cette expérience était
parfaitement réussie. Elle fut alors reprise, sans contact,
l'opérateur se tenant debout derrière le sujet ou restant
simplement assis. Les résultats ainsi obtenus furent, h peu
de chose près, aussi précis que les précédents.
Je copie quelques fiches concernant ce genre de
transmission.
Fiche, 12 avril 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet
(Aucun contact).
Réponse exacte.
1° Je pense à sortir de la
chambre, où nous nous
trouvons et à aller m'asseoir
dans un fauteuil de la salle
à manger ;
Réponse exacte.
2° Je pense à sortir de la
chambre, à ouvrir la porte
de l'appartement, à
descendre l'escalier et à
m'arrêter à la porte d'allée ;
3° Je pense à ouvrir un
placard déterminé (à la
maison il y en a 34), à
prendre mon chapeau, à le
mettre devant la glace, à
ouvrir le tiroir d'en haut de
la commode, à le refermer,
à sortir, à aller sur le cours
Morand en prenant
l'avenue, à monter chez H.
H... et à m'étendre sur son
E... suit exactement à
mesure tout le trajet que je
suis dans ma pensée, de
même qu'elle me décrit
avec précision tous les actes
qui ont précédé ma sortie.
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La transmission de pensée
sofa ;
4° Je pense à prendre mon E... suit exactement le trajet
chapeau dans le placard, à que parcourt ma pensée.
le mettre, à sortir, à suivre
le cours Morand, puis la
place Morand, à m'engager
sur le quai, à traverser le
pont du Collège, à suivre la
rue de la République, la rue
des archers et à aller chez
J... ;
E... sent parfaitement ma
Je pense à m’habiller, à
pensée et décrit très bien
sortir, à suivre la place
Morand, à traverser le pont ces actes successifs.
Morand, à passer sous le
passage du théâtre, à
monter à l’Hôtel de Ville, à
entrer au service de C..., à
lui serrer la main, à aller au
vestiaire et à me mettre à la
fenêtre qui donne sur la
place.
Même expérience, E..., opérateur ; Moi, sujet.
1° E... pense à prendre son
manteau, à s’habiller, à
sortir, à suivre le cours
Morand, puis le cours
Vitton, à monter chez R...,
puis à sonner et à repartir
parce qu’elle ne trouve
personne ;
Je suis exactement à mesure
ce parcours
2° E... pense à sortir, à suivre Je prends la rue Lafont au
la place Morand, à traverser lieu de la rue Puits-Gaillot
le pont, à arriver à la place
pour me rendre au Musée.
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La transmission de pensée
de la Comédie, à s’engager Tout le reste est exact.
dans la rue Puits-Gaillot, et à
monter au Musée.
EXPÉRIENCE X
Dire où se trouve l'opérateur sans le voir
L'opérateur cherchait à se faire voir au sujet dans un
point quelconque de la pièce dans laquelle ils se trouvaient.
Fiche, 15 août 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet
1° Je pense à m’appuyer sur E... me sent et me voit faire
le dos de E..., puis à
exactement ces différentes
m’éloigner et à aller
actions.
m’asseoir sur le sofa jaune ;
2° Je pense à tourner autour
d’E..., à passer à sa gauche,
à m’y arrêter quelques
secondes et à aller vers la
porte.
E... sent et voit très bien tous
ces mouvements.
VARIANTE
Trouver la personne imaginée par l'opérateur
L'opérateur imaginait une personne connue d'elle et du
sujet, et se la représentait immobile dans un point de la
chambre ou y évoluant. Le sujet devait dire ce qu'il voyait.
Fiche, 5 mars 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet
(d'abord non prévenue de l’expérience).
J'imagine, assis sur un des sièges de la chambre, M.
X... que connaît E... Au bout de une à deux minutes E... me
déclare avec étonnement qu'elle croit voit M. X.,. sur la
chaise où, précisément je me le représentais assis. Je songe
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La transmission de pensée
alors à faire se lever M. X... et à le faire évoluer à travers la
chambre. Chacun des mouvements que j'imagine sont
décrits avec exactitude par E....
Ça marche aussi avec une personne non entraînée
Fiche, mars 1917.
Une de nos amies, M... (non entraînée), vient nous
voir. Nous tentons avec elle quelques expériences. Nous
nous représentons successivement plusieurs personnes de sa
connaissance et les imaginons près de nous, sans qu'elle
parvienne à rien voir ni à rien sentir. E... la prie alors d'être
l'opérateur et de penser elle-même fortement et clairement à
quelqu'un, Deux essais tentés réussissent parfaitement.
Fiche, 13 mars 1917.
H... (non entraînée) pense à une de nos amies
communes et la situe à côté d'elle. E... presque aussitôt, dit
le nom de la personne à laquelle H... pensait et décrit sa
place avec exactitude.
Je pense ensuite à M. Z... et l'imagine en un point
déterminé de la chambre. H... me dit aussitôt qu'elle voit M.
Z... dans l'endroit de la pièce où je l'imaginais.
EXPÉRIENCE XI
Décrire une personne imaginaire
L'opérateur pensait à une personne imaginaire que le
sujet devait décrire. Je n'ai fait que deux ou trois
expériences de ce genre qui, du reste, ont donné des
résultats intéressants.
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La transmission de pensée
EXPÉRIENCE XII
Se faire sentir et se faire voir mentalement
L'opérateur devait se faire sentir et voir au sujet qui se
trouvait dans une pièce voisine.
Fiche, 12 août 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet.
E... étant dans une salle éloignée de la mienne, je pense
que je me rends au lieu où elle se trouve et que je m'assois
sur l'un des sièges.
1° Je pense à m'asseoir sur le E... me voit occuper cette
place.
banc, vers la fenêtre ;
2° Je pense à m'asseoir en
face d'E..., vers la porte ;
E... me voit à l'endroit pensé.
3° Je m'assois vers la
deuxième fenêtre ;
E... me voit en cet endroit.
4° Je pense à aller
m'accouder sur la table d'E...
et à me soulever légèrement
pour tendre la tête vers elle.
E... m'a vue m'accouder sur
la table, mais au lieu de ma
tête elle a vu mon bras
gauche se pencher vers elle.
Fiche, 16 août 1917. – Moi, opérateur ; E..., sujet.
E... et moi sommes dans deux bureaux séparés par une
vingtaine de mètres.
1° Je pense à m’asseoir sur Des personnes venues juste à
la banquette de la pièce
ce moment, font oublier à E...
dans laquelle se trouve E... ; que nous tentions une
expérience. Mais, soudain,
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La transmission de pensée
étant en train de causer, elle
lève les yeux vers le siège ou
j'imagine me trouver et elle
m'aperçoit, avec, sur le visage,
une expression de
mécontentement qui lui rappelle que je devais venir me
manifester à elle.
2° Je pense à m’asseoir sur E... a l'impression de sentir
un des sièges mais ne puis mal, et se trompe eu effet.
parvenir à concentrer ma
pensée ;
3° Je pense à me mettre
contre E... et à lui toucher
la tête et la figure ;
E... me sent devant elle, vers la
table. Elle pense que je dois
être sur sa tête, car elle y sent
des souffles ainsi que sur son
visage.
EXPÉRIENCE XIII
Se faire sentir ou suggérer un acte à distance
L'opérateur devait chercher à faire sentir sa présence
ou à suggérer un acte au sujet qui était éloigné de lui et ne
savait pas qu'il tentait sur lui une expérience.
Fiche, 6 août 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet (non
prévenue). À 1 kilomètre de distance.
À 16 heures moins 20, étant à X..., E... pense pendant 4
minutes qu'elle est devant moi. Elle a d'abord la sensation
que je ne la vois pas, puis elle a soudain l'impression que je
sens vaguement sa présence. Elle me sent assise.
Contrôle, – À ce moment-là je faisais moi-même une
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La transmission de pensée
expérience qui retenait fortement mon attention. À 16
heures moins 20, j'ai eu soudain la sensation d'être gênée
pour concentrer ma pensée et de me heurter à une force
contraire qui me contraint d'arrêter mon essai. Mais je n'ai
pas songé à E...
Ordonner mentalement le sujet à regarder l'heure
Fiche, 8 août 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet (non
prévenue).
Dès 9 heures du matin, E...
À 10 heures, je pense
songe qu'elle fera à 11 heures subitement qu'E... a dû tenter
une concentration pour se
une expérience.
faire sentir à moi qui me
trouve à 1 kilomètre de là.
À 11 heures moins 10, elle
cherche à me faire songer à
elle et veut que je regarde
l'heure.
À 11 heures, je regarde
plusieurs fois de suite, sans
raison, la pendule.
Fiche, 6 mars 1917. – Moi, opérateur ; E sujet (non
prévenue).
À 9 heures ½, E... sent un sou
Variante. – 9 heures ½. Je
pense à rendre visible pour
E... qui se trouve à
1 kilomètre de là, une
personne connue d'elle,
désirant qu'elle sente un
souffle froid sur son visage et
qu'elle regarde l'heure.
Se faire sentir à distance
Fiche, 21 septembre 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet
(non prévenue).
À 11 heures moins 20, E...
À 11 heures moins 1/4, je
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La transmission de pensée
fait une concentration pour
me faire penser à elle.
pense tout à coup à E... bien
que mes pensées soient
dirigées dans un tout autre
sens.
Elle éprouve la sensation de Mon cerveau semble se vider
réussir et s’arrête de penser à et je ne puis m'empêcher de
11 heures moins 10.
la voir devant moi. Au bout
de quelques moments je ne
sens plus aucune influence.
Fiche, septembre 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet
(non prévenue).
À une heure déterminée, E...
cherche à se faire sentir à
moi qui suis en un autre
point de la ville.
À l'heure de sa concentration
je suis en train de chercher un
mot sur le dictionnaire. J'ai
d'abord l’impression d'un
vague malaise, la sensation de
ne plus pouvoir fixer mon
attention sur ce que je fais.
Finalement j'éprouve une
forte certitude de présence et,
tout à coup, je vois E... à mon
côté. Je note l'heure qui, après
vérification, concorde
exactement avec celle de son
expérience.
Lorsque la concentration n'est pas totale
Fiche, 18 septembre 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet
(non prévenue).
Je n’ai rien senti, étant
À 12 heures moins 25, E...
occupée à causer avec
essaye de me faire penser à
elle. Mais elle a de la peine à plusieurs personnes.
concentrer sa pensée et croit
que je suis occupée.
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La transmission de pensée
À 12 heures 20, elle s'arrête
de songer à moi.
Toucher le front du sujet à distance
Fiche, 1925. – Moi, opérateur ; B..., sujet (non
prévenue). À 1 kilomètre de distance environ.
1° Un soir, avant de me
coucher, je pense à
concentrer ma pensée sur
E... pour qu’elle me sente lui
caresser le front. Je pense un
quart d’heure environ.
B... qui était au lit à l’heure de
ma concentration, a eu tout à
coup la sensation très forte de
ma présence. Elle croyait
avoir mon visage contre son
visage et a senti mes lèvres
sur son front.
2° Le lendemain je tente la
même expérience.
Aucun résultat.
Attirer mentalement le sujet à venir sur place
Fiche, 29 décembre 1918. – Moi, opérateur ; E..., sujet
(non prévenue). D’une pièce à l’autre.
E... occupée à un travail
urgent qui demande toute
son attention, éprouve tout à
coup le vif désir de venir
auprès de moi. Elle s’étonne
de cette pensée en un pareil
moment. Elle s’efforce de la
chasser de son esprit. Mais
elle renaît obstinément sous
À peine me suis-je arrêtée de
toutes sortes de formes.
vouloir qu’elle arrive.
Enfin elle se donne à ellemême mille bonnes raisons
de quitter son travail et de
venir auprès de moi, ce
Je concentre ma pensée sur
E... pendant un quart d’heure
je lui suggère mentalement de
venir me voir. Au bout de ce
temps j’arrête ma
concentration, croyant que
mes efforts ont été sans
action.
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La transmission de pensée
qu’elle finit par faire.
Se faire sentir à distance
Fiche, 22 avril 1927. – B..., opérateur ; Moi, sujet (non
prévenue). Séparées l’une de l’autre par 1 kilomètre
environ.
À minuit, B... pense à venir
se mettre psychiquement à
côté de mon lit et veut que je
la sente.
À minuit et quart, venant de
me coucher, je sens sur la
droite de mon front un fluide
doux, mais net et très
électrique. Je m’efforce de
sentir d’où il vient mais ne
découvre pas la personne qui
me l’envoie.
Fiche, 24 avril 1927. – Moi, opérateur ; B..., sujet
(non prévenue). À 1 kilomètre de distance.
Au milieu de la nuit, à 1
heure environ, B... a été
réveillée, me sentant contre
elle, entre ses bras, lui
donnant la même sensation
de réalité que si j’y étais
En pleine nuit, je me réveille
tangible et vivante. Elle
en effet et pense à B...,
pense aussitôt que je fais une
comme je le désirais. Au
expérience. Elle me sent
bout d’un instant, je sens son
ainsi pendant 10 minutes
fluide arriver sur moi, ce qui
environ et se rendort
me donne la certitude de la
calmement.
réussite de mon expérience.
Je pense à peu près 10
minutes
Je songe, en m’endormant, à
me réveiller à 2 heures du
matin, pour aller vers B...,
l’embrasser et me mettre tout
à fait contre elle.
Aux environs de 7 heures 1/2
du matin, je sens tout à coup
venir à moi la pensée de B...
se rappelant ce qu’elle a senti
En se réveillant, B... a, en
effet, pensé à moi, à son
réveil nocturne, et a désiré
me communiquer ses
33
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La transmission de pensée
la nuit, et voulant me le dire. impressions.
Fiche, 13 Mars 1917. – Moi, opérateur ; B..., sujet (non
prévenue). À 1 kilomètre de distance.
À 11 heures, venant de me
coucher, j’appelle plusieurs
fois mentalement B...
À 11 heures ¼, B... a pensé à
moi, mais sans songer que je
faisais une expérience.
Et, en m’endormant, je songe Elle a bien dormi la nuit.
que j’irai la réveiller dans la
nuit.
Fiche 6 octobre 1917.
À 22 heures, E... et moi étant couchées, sentons des
souffles glacés sur notre visage. E... sent des souffles froids
sur son front et sur ses joues ; moi, je sens un courant qui
me pénètre par le front et par l'estomac. Nous nous
communiquons ces impressions que nous éprouvions depuis
un moment avant de nous en être parlé. Mais nous ne
pouvons identifier ce fluide.
Au bout d'un quart d'heure environ l'influence
disparaît. Nous inscrivons sur notre cahier l'heure et la
marche du phénomène.
Se faire sentir à 800 kilomètres
Contrôle. – Au retour d'Allemagne de F..., qui y était
prisonnier, nous compulsons son livre de notes et constatons
avec le plus vif intérêt que le 6 octobre 1917, à l’heure
indiquée sur notre propre cahier, il a fait une concentration
pour se faire sentir à nous. La distance qui nous séparait
alors de lui était de 800 kilomètres. Nous ne connaissions
pas la qualité de son fluide, n’ayant encore jamais
expérimenté avec lui.
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La transmission de pensée
Se faire sentir à 2 kilomètres
Fiche, 1918. – Moi, opérateur ; G..., sujet pour la
première fois. À 2 kilomètres de distance.
G... que je vois quelques
jours après me déclare
aussitôt que je suis allée lui
faire une visite nocturne.
Elle m'indique le jour exact.
Je lui demande ce qu'elle a
senti, ce à quoi elle me
Cinq jours après notre
répond qu'elle a été réveillée
rencontre je décide de tenter
au milieu de la nuit par
une expérience. Je me réveille
l'appel de son nom répété
à 2 heures du matin, et, par
trois fois et très rapidement.
trois fois et très rapidement, je
Elle me dit, en outre, avoir
l'appelle mentalement par son
entendu ouvrir la porte de sa
prénom et me rendors
chambre et des pas venir
aussitôt.
jusqu'à son lit. Lui ayant fait
la remarque que, peut-être,
elle avait été effrayée, elle
me dit avec le calme le plus
serein : « Oh ! non, puisque
je savais que c'était vous. »
Je dis un jour à G... que je
vois environ toutes les trois
semaines, que j'irai me
manifester à elle une nuit. Je
la prie de noter ce qu'elle
sentira.
Une seconde expérience
tentée ultérieurement n’a
donné aucun résultat. Mais la
précision de la réussite de la
première était très
intéressante.
Fiche, 19 février 1917. – H..., opérateur ; E... et moi,
sujets. À 1 kilomètre environ de distance.
Nous nous entendons avec
H..., que nous voyons tous
les quinze jours, pour tenter
une expérience à distance.
Elle devra venir se
Le soir de ce même jour, E...
et moi nous nous endormons,
calmement, sans rien
attendre, convaincues que H...
ne choisira pas cette première
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La transmission de pensée
manifester à nous une nuit.
nuit pour venir nous visiter.
Vers 2 heures du matin,
chacune de notre côté et sans
nous le dire, nous sommes
réveillées par des
craquements absolument
inusités se produisant dans le
plancher, comme si des pas
ne cessaient de traverser la
chambre de long en large.
Nous nous sentons dans un
état d’angoisse bizarre et
songeons qu’H... a dû choisir
cette nuit-là pour faire son
expérience de transmission.
En vain nous essayons de
nous dire que nous nous
trompons et que nous
sommes suggestionnées par
notre conversation de la
veille. Notre étrange état
persiste et nous essayons sans
résultat de lutter contre lui.
Ce n’est qu’après une heure
environ que tous les
phénomènes cessent et que
nous nous retrouvons sans
transition dans notre état
normal.
H... se couche le soir de
notre rencontre, ne désirant
aucunement tenter
l’expérience ce jour-là, parce
qu’elle trouve que ce serait
trop près de notre
conversation, ce qui rendrait
moins probant les résultats
obtenus.
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La transmission de pensée
Mais, au milieu de la nuit
elle se réveille et ne peut
s'empêcher de penser qu'elle
veut se faire sentir à nous.
Elle s'endort en pensant
fortement qu'elle est dans
notre chambre et nous
réveille. Une autre
expérience faite quinze jours
après a donné des résultats
identiques. Même réveil
complet, mêmes bruits de
pas, même angoisse bizarre
qui nous étreint et contre
laquelle nous luttons sans
pouvoir la vaincre.
Le lecteur trouvera peut-être que j'ai trop insisté sur ces
expériences. Je l'ai fait à dessein parce qu'elles se
rapprochent beaucoup du type des transmissions
involontaires qui se produisent constamment dans la vie
courante. Mais ces dernières passent presque toujours
inaperçues parce que l'on ne sait pas ou que l'on ne peut pas
rapprocher la sensation ou l'impression que l'on a ressentie
de la cause qui l'a produite. Ainsi un grand nombre de
phénomènes intéressants restent inconnus, faute de certaines
comparaisons nécessaires à leur mise en lumière.
EXPÉRIENCE XIV
Trouver la place de la main de l'opérateur
L'opérateur mettait sa main à 15 centimètres environ
d'un point quelconque du corps du sujet qui devait, étant
debout et les yeux clos, déclarer où et comment il la sentait.
Au bout de quelques semaines d'entraînement le sujet
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La transmission de pensée
disait avec exactitude la place de la main de l'opérateur.
EXPÉRIENCE XV
Trouver la partie du corps visée par l'opérateur
L'opérateur pensait à toucher psychiquement une partie
du corps du sujet.
Au Bout de quelques semaines d'entraînement, le sujet
éprouvait à la partie visée par l'opérateur une sensation de
froid, de chaud ou de titillation, suivant les cas. La partie du
corps visée par l'opérateur était attirée par lui.
Fiche, 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet.
E... pense à attirer mon
estomac.
Je me sens l’estomac enflé.
E... pense à mon estomac
mais sans vouloir l'attirer.
Je me sens l'estomac
concave.
Nous répétons cette expérience un certain nombre de
fois avec un égal succès. E... me transmet sa pensée tantôt
étant debout, tantôt étant assise ou couchée.
Moi, opérateur ; E..., sujet.
Mêmes résultats, avec cette différence qu’E... sent des
courants rentrant ou sortant de son estomac au lieu
d'éprouver comme moi à cet organe une sensation d'enflure
ou d'aplatissement.
EXPÉRIENCE XVI
Décrire l'état moral transmis par l'opérateur
L'opérateur, les mains sur les omoplates du sujet
cherchait à lui transmettre un état moral. Au bout d'un
certain temps d'entraînement, le sujet sentait parfaitement
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La transmission de pensée
l'état moral communiqué et en décrivait les nuances
particulières à chaque opérateur.
Fiche, 1917. – E..., opérateur ; Moi, sujet.
1° Orgueil dédaigneux
Je me redresse. Je sens que je
dois mépriser l’humanité.
2° Bonté bête
Je m’écrie : « quel sentiment
mesquin. Je me sens bête,
stupide, molle. »
3° Colère
Cela c’est la colère !
Reprise sans contact, cette expérience a donné des
résultats intéressants et probants.
EXPÉRIENCE XVII
Trouver la carte pensée par l'opérateur
L'opérateur, les mains sur les omoplates du sujet,
pensait à un des trois habillés du jeu de carte. Le sujet devait
trouver lequel. Cette expérience faite de nombreuses fois
avec contact et sans contact ont toujours donné une
proportion très élevée de succès.
EXPÉRIENCE XVIII
Trouver l'objet ou le lieu pensé par l'opérateur
L'opérateur mettant la main droite sur la tête du sujet
devait penser à un objet ou à un lieu que ce dernier devait
sentir.
Fiche, 11 mars 1917. – Moi, opérateur ; M..., sujet.
1° Je pense à la statue de
Carnot sur la place de la
République. Pendant toute la
Au bout de deux secondes,
M... s'écrie qu'elle voit une
foule et beaucoup de rues. À
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La transmission de pensée
durée de l’expérience, je ne
prononce pas un mot ;
la troisième seconde elle
déclare qu'elle voit un
carrefour avec un monument. À la cinquième elle
dit : « C'est le monument
Carnot ! »
2° Je pense à une tasse ;
M... voit un objet petit dont
elle ne définit pas tout
d’abord la forme. Puis, au
bout d’un instant, elle
déclare que c’est une tasse.
3° Je pense à une plante verte M... devine plus lentement,
qui est sur la table.
mais elle finit cependant par
me dire que je pense à la
plante qui est sur la table.
Quelques autres expériences de même genre tentées
avec d'autres personnes ont donné des résultats moins
précis, mais manifestant cependant que le cerveau du sujet
travaillait dans le sens de l'image <?>mentalement par
l'opérateur.
EXPÉRIENCE XIX
La pensée de l'opérateur se mêle dans l'esprit du sujet
L'opérateur mettait la main sur la tête du sujet qui
faisait de l'écriture automatique. J'ai pu me rendre compte
par cette espèce d'expérience que la pensée de l'opérateur se
mêle plus ou moins nettement, suivant les cas, au travail
inconscient de l'esprit du sujet.
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La transmission de pensée
Ordonner mentalement le sujet d'être calme et de
s'endormir
Je termine cette première partie en copiant une fiche
relative à une expérience occasionnelle de transmission que
j'ai faite, parce qu'elle est d'une précision telle que l'on ne
peut vraiment invoquer le hasard pour l'expliquer.
Fiche, septembre, 1917.
B... est au lit dans la même chambre que moi. Au
milieu de la nuit je l'entends se tourner, s'agiter, ne dormant
pas. Il me vient alors à l'esprit de tenter une expérience.
Sans faire un mouvement qui puisse manifester que je suis
réveillée je lui ordonne mentalement d'être calme, très
calme et de s'endormir. Je parle lentement et fortement dans
mon esprit.
Au bout de quelques secondes B... m'appelle
doucement et la conversation suivante s'engage :
– K... tu me parles ?
– Oui, que t'ai-je dit ?
– Tu m'as dit de rester calme, très calme et de m'endormir.
Je n'ai pas besoin de dire au lecteur ma stupéfaction
devant le résultat de mon expérience. B... ne m'aurait pas
mieux entendue si je lui avais parlé à haute voix.
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La transmission de pensée
DEUXIÈME PARTIE
ANALYSE GÉNÉRALE DES EXPÉRIENCES
Sur les différentes manières de transmettre une
pensée
La transmission de pensée peut se faire par deux
centres nerveux différents : celui du cerveau et celui de
l'épigastre. Dans le premier cas la pensée transmise est
perçue directement, sans modification ni sans adjonction de
sensations fluidiques d'aucune sorte. Dans le second cas, au
contraire, la perception de l'image suggérée se fait
lentement, par degrés, et ne parvient à la conscience
qu'après une suite de transformations de la vie psychique du
sujet.
Ce second procédé de transmission semblerait devoir
être rejeté puisqu'il est plus lent et moins précis que le
premier et qu'il exige une assez grande dépense nerveuse.
Cependant c'est sur lui qu'ont porté mes recherches, non par
suite d'une volonté définie de me diriger dans cette voie,
mais, simplement, parce que la qualité de ma sensibilité m'a
fait, dès mes premières expériences, percevoir la pensée des
autres sous cette forme particulière. Et comme ce mode de
transmission et de réceptivité permettait de saisir, dans une
certaine mesure, la naissance, le développement et les fins
de nos activités instinctives et affectives, et que, d'autre part,
ils avaient été assez peu explorés, je me suis attachée à en
découvrir les lois.
Précautions à prendre pour la vérification des
expériences
Quelles sont les précautions à prendre pour la
vérification des expériences ?
D'abord il faut se défier de ceux avec lesquels on
opère, même si ce sont des parents ou des amis, et, aussi, il
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La transmission de pensée
faut se défier de soi. La fraude, lorsqu'elle existe, peut n'être
qu'à demi consciente ou même tout à fait inconsciente.
Le désir de voir réussir une expérience peut suffire à en
vicier les résultats en entraînant l'opérateur à y introduire
des expressions de visage ou des gestes involontaires qui
peuvent guider le sujet et l'éclairer sur la qualité de la
pensée à percevoir ; des déductions erronées peuvent aussi
être tirées de phénomènes trop hâtivement interprétés ; enfin
il est de nombreux points sur lesquels l'attention doit se fixer
constamment pour empêcher toute intrusion de l'imagination
dans un domaine qui doit être rigoureusement réservé à la
clarté et à la logique scientifiques.
Un excellent moyen, pour éviter les causes d'erreur, est
de noter par écrit, toutes les fois que cela est possible, le
détail de l'essai qu'on vient de tenter ; un autre est de ne
choisir systématiquement que des collaborateurs dont la
moralité et la clairvoyance intelligente vous semblent
suffisantes. Agir ainsi est éviter une grosse perte de temps et
bien des déboires. D'ailleurs lorsqu'on s'astreint, comme je
l'ai constamment fait, à être tour à tour opérateur et sujet, la
fraude devient impossible.
Sur les conditions de température convenant aux
expériences
La qualité de chaleur, d'humidité ou de froid de l'air a
sur les expériences une action qui n'est pas négligeable ;
mais, ayant expérimenté chaque jour pendant deux années
sans tenir compte de la température, j'ai cru constater que ce
qui reporte surtout c'est l'état de dépression ou de santé de
l'opérateur et du sujet. Si l'un et l'autre sont bien disposés,
on peut avoir, même avec un temps pluvieux, des
expériences excellentes ; de même, par un temps sec, s'ils
sont peu rayonnants, on n'obtient presque rien. Cependant,
d'une façon générale, il semble bien que la chaleur et la
sécheresse soient favorables à l'émission nerveuse.
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La transmission de pensée
Choix des opérateurs et des sujets
Il est hors de doute que la qualité et la quantité des
succès obtenus sont en raison directe de l'excellence des
opérateurs et des sujets. Il convient donc, avant de se lancer
dans des expériences régulières, de bien étudier les facultés
de ceux qui acceptent de s'y prêter.
Il est des personnes dont la sensibilité est nulle et qui
ne peuvent percevoir les courants psychiques : elles sont à
éliminer aussitôt ; d'autres sont capables d'être bon opérateur
ou bon sujet dans de certaines expériences et ne peuvent
rien réaliser dans d'autres : il convient donc, après essai, de
les utiliser pour leur particularité ; enfin d'autres peuvent
émettre et recevoir avec une égale facilité le fluide nerveux
et peuvent être employées avec avantage dans tous les
genres d'essais. Le mieux est de s'entraîner régulièrement
avec deux ou trois personnes qui manifestent les qualités
requises et se prêtent à l'expérimentation, non par pure
bonne volonté, mais dans un réel esprit de recherche, et sont
douées de l'esprit critique voulu.
Sur l'état de santé des sujets
On a souvent voulu représenter les gens susceptibles
d'être des sujets comme étant forcément des malades.
Pour que la suggestion réussisse, écrivent MM.
Binet et Feré, il faut que le sujet se trouve spontanément
ou soit jeté artificiellement dans un état de réceptivité
morbide (4).
Je proteste contre cette assertion. Tout être se trouve, et
plusieurs fois par jour, dans un état de passivité astrale et
mentale tout à fait suffisant pour pouvoir percevoir une
pensée venue de l'extérieur. Il est facile par
l'expérimentation d'en acquérir la preuve. Et l'on ne peut
appeler morbide, je pense, un état que tous les individus ou
presque tous les individus réalisent spontanément et
constamment. Et il n'est nullement nécessaire, pour
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La transmission de pensée
enregistrer une idée qui passe, d'avoir une tare nerveuse
quelconque ni d'être un candidat à l'hystérie. Les sensitifs
sont nombreux et la plupart n'ont aucun affaiblissement
cérébral ni physiologique. Mes expériences m'ont permis de
constater la sensibilité psychique chez des êtres parfaitement
forts et normaux.
Je terminerai ce paragraphe par ces lignes de M.
Dubois (5) :
Il fallait évidemment renoncer à faire de la suggestion
un symptôme de maladie, à la considérer comme l'indice
d'un état d'hystérie avéré ; il faut reconnaître franchement
que l'homme sain est assez suggestible pour accepter en
plein jour, en quelques secondes la suggestion du sommeil.
Sur la variabilité des succès
On ne peut produire les expériences psychiques à
volonté. Les phénomènes nerveux sont soumis, avant tout, à
des dispositions personnelles d'humeur, de santé et
d'extériorisation qu'il n'appartient malheureusement pas aux
humains de diriger ni de créer. Mais pour ceux qui
expérimentent journellement deux remarques importantes
s'imposent :
a) Ou le sujet et l'opérateur sont mal disposés, auquel
cas la proportion des succès reste de 0 à 2 sur 10 ;
b) Ou le sujet et l'opérateur se sentent rayonnants et
bien disposés et la moyenne des succès est de 8, 9 et 10 sur
10.
La réussite des expériences dépend de l'état
d'émission et de réceptivité de l'opérateur et du sujet
Ce fait, que j'ai constamment observé pendant mes
deux années de recherches, montre que la non-réussite des
expériences ne dépend pas de la non-existence des
phénomènes étudiés, mais presque essentiellement de l'état
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La transmission de pensée
d'émission et de réceptivité de l'opérateur et du sujet. De
plus, en dehors des circonstances personnelles présidant aux
expériences, les courants électriques et magnétiques
artificiels ou naturels qui traversent l'espace apportent
certainement aussi des modifications importantes aux
courants infiniment plus faibles émanés des humains.
On ne s'étonne pas que la transmission des messages
par T. S. F. soit souvent très imparfaite à cause des
perturbations apportées dans les ondes hertziennes par les
orages ou par d'autres causes plus obscures. Pourquoi donc
voudrait-on que la transmission de pensée par ondes
nerveuses soit, en toute circonstance, parfaite et ait la
régularité et la précision d'une opération mathématique ? Il
y a dans les organismes et dans les fluides qu'ils sécrètent
une variabilité, un imprévisible et un nuancé que l'on ne
rencontre pas dans les abstractions. La matière vivante
réagit constamment à l'ambiance, reçoit le choc de mille
mouvements intérieurs plus ou moins confus et
inexplicables ; aussi ne peut-on réglementer ni ordonner à
volonté les phénomènes dont elle est le siège. Il ne sert à
rien de se révolter contre ce fait. Il est infiniment plus
profitable de les étudier avec soin lorsqu'ils se manifestent
avec clarté et facilité.
Les résultats dépendent de l'intelligence, du
tempérament et de la sensibilité des expérimentateurs
Il est un autre point important à noter : c'est que les
expériences, suivant qu'elles sont faites par les uns ou par
les autres, donnent des résultats tout à fait variables. Ces
résultats dépendent avant tout de l'intelligence, du
tempérament et de la sensibilité de ceux qui expérimentent.
À cela nul ne peut rien. Là où les uns découvrent un trésor,
les autres ne rencontrent que des bruines. Tant que les
humains ne seront pas tous physiquement et
intellectuellement pareils il n'en pourra être autrement.
L'opérateur communique à son sujet, par voie invisible,
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La transmission de pensée
ses opinions, ses désirs et ses espérances ; ce qui revient à
dire que chaque opérateur obtient de préférence de ses sujets
ce qu'il en souhaite ou en attend. Celui qui ne croit qu'à la
suggestion ne trouve que suggestion dans ses expériences ;
celui qui ne croit qu'au rayonnement vital ne découvre à
chaque pas que des preuves du rayonnement vital, etc., etc.
Les faits restent les mêmes, seulement ils se présentent à
chaque expérimentateur sous le jour particulier de sa
mentalité et de ses croyances. D'où la confusion apparente
des conclusions de ceux qui ont étudié ces questions :
confusion qui, malheureusement, entraîne l'incrédulité du
plus grand nombre.
Mais ces divergences ne touchent pas à l'essence des
phénomènes en cause. Chacun les regarde à travers un verre
de couleur différente, voilà tout, et l'objet contemplé reste le
même, continuant à s'offrir, immuable, à l'intelligence des
chercheurs.
La confiance est très importante
Puis, il y a le rôle énorme que joue la confiance dans
l'extériorisation fluidique. Celui qui a pu constater, comme
je l'ai fait, le rapport étroit qui existe entre l'émetteur et le
récepteur, sait que penser que le sujet ne peut pas réaliser
une expérience est le mettre dans l'impossibilité de la faire
avec succès. C'est ce qui explique que des gens tels que M.
Berheim aient pu expérimenter pendant des années sans
pouvoir obtenir une seule preuve de l'existence du
rayonnement vital qui, pourtant, est aussi réel que la lumière
du jour.
Le fait de croire à la possibilité d'un phénomène donne
immédiatement à la masse nerveuse l'attitude expansive
nécessaire à sa production, tandis que la crainte ou le doute
ou plus encore la certitude qu'il ne peut exister crée dans la
personnalité psychique un état d'inquiétude, de retrait et
d'activité négative qui l'empêche absolument de se manifester. Ainsi en ce domaine, comme en tous les autres
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La transmission de pensée
d'ailleurs, ce que l'on obtient est en raison directe de la foi
qu'on y apporte. C'est là une loi naturelle contre laquelle il
serait vain de s'élever et le plus sage est de s'y adapter. Et il
est bon de dire ici « qu'avoir la foi » ne veut nullement dire
être atteint d'aveuglement, de bêtise ou de manque d'esprit
critique, selon qu'on le croit communément.
Ceux qui ne pourront jamais expérimenter la
transmission de pensée
Enfin, outre les opérateurs qui ont des préventions
contre de certains phénomènes et sont, de ce fait, conduits à
ne jamais pouvoir les connaître, il y a ceux qui, par
constitution, ne sauront jamais concentrer leur pensée ; ceux
qui ont trop peu de fluide pour être en mesure de
l'extérioriser et de le rendre actif au dehors et ceux auxquels
il manque le sens psychique. À ceux-là, et quelles que soient
leur bonne volonté et leur persévérance, le monde de la
transmission impondérable est fermé.
Tout le monde ne naît pas athlète, homme de science
ou artiste ; de même tout le monde ne naît pas avec des nerfs
capables d'utiliser le rayonnement vital ou de percevoir
l'émanation immatérielle des corps.
De la déperdition nerveuse entraînée par les
expériences
Si l'on veut tenter des expériences de transmission avec
chances de succès, il faut avant tout que l'opérateur et le
sujet aient un rayonnement psychique calme et fort.
« Mais, nous demandera le lecteur, il y a donc des
jours où l'on est plus ou moins bien disposé? » Assurément ;
le corps est plus ou moins bon conducteur du fluide, et le
dégagement du fluide est plus ou moins actif, selon l'état
général dans lequel se trouve l'organisme et
particulièrement selon l'état nerveux (6).
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La transmission de pensée
Ainsi parle excellemment M. Gasc Desfossés. En effet,
il n'est pas d'opérateur et de sujet qui n'aient éprouvé, d'un
jour à l'autre ou même quelquefois d'une heure à l'autre des
variations très grandes de leur état d'émission ou de
réception nerveuse. Le moindre arrêt dans la digestion, le
moindre afflux de sang au cerveau, la moindre crainte ou la
moindre émotion ou la moindre joie modifient le
rayonnement de la sensibilité psychique qui, pratiquement,
ne possède pas deux instants de suite la même intensité.
Cette intensité est plus ou moins stable suivant les
personnes, mais elle n'est jamais constante. La vivacité ou la
lenteur, la force ou la pauvreté des sentiments et des pensées
en règle à chaque moment du temps l'expansion ou la
rétractation, la puissance ou la faiblesse. Or, les expériences
psychiques utilisent et dépensera le capital nerveux de
l'opérateur et du sujet ; c'est pourquoi, mal comprises et mal
dirigées, elles peuvent entraîner des troubles graves tels que
la neurasthénie, l'hystérie ou les névroses de toutes sortes.
La fatigue après les expériences
M. Ochorowicz décrit comme il suit cette fatigue
spéciale qui suit les expériences trop prolongées ou faites en
état de trop faible rayonnement vital :
Mais il y a encore un autre genre de fatigue qu'on ne
peut connaître qu'après une longue pratique du
magnétisme. C'est aussi un épuisement et même un
épuisement plus durable que celui que procure une émotion,
mais il a un autre caractère. Je le nommerai un épuisement
externe, car on a alors la même sensation que si la surface
du corps était fatiguée principalement. On a, dans les mains
surtout, une sensation très ennuyeuse d'une sécheresse mate
et désagréable ; nos propres mains ne nous plaisent pas,
elles nous gênent. La surface du corps nous paraît vide, ce
n'est pas nous qui dominons ce milieu ambiant, c'est lui qui
nous presse, qui pèse sur nous. Et cet épuisement, s’il est dû
à une cause importante, ne se dissipe que difficilement (7).
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La transmission de pensée
Précautions à prendre en cas de fatigue
Cette sensation d'épuisement particulier se fait sentir
après toutes les expériences prolongées, de même qu'après
celles même courtes, qui ont été faites en état de faible
rayonnement vital. Il convient donc :
1° De ne jamais faire des expériences en état de
fatigue, que cette fatigue soit physique ou nerveuse ;
2° D'arrêter les expériences dès que cette lassitude bien
comme des opérateurs et des sujets se fait sentir ;
3° D'abandonner les essais dès que l'on a constaté que,
pour une cause connue ou inconnue, les conditions
d'expérimentation sont mauvaises. Un astronome ne
s'obstine pas à braquer son télescope sur les étoiles les jours
de pluie, sûr qu'il serait d'avance de ne rien voir ; de même
celui qui étudie les phénomènes psychiques doit s'abstenir
d'expérimenter dès qu'il s'aperçoit que les conditions sont
défavorables. Par contre on peut multiplier les expériences
quand l'état de l'opérateur et du sujet sont favorables ;
4° De faire des exercices respiratoires si, pour des
causes diverses la fatigue est survenue, afin de récupérer la
force perdue et de combler le déficit fluidique qu'a entraîné
momentanément de trop grands efforts psychiques.
Lorsqu'ils sont pratiqués régulièrement les exercices
respiratoires donnent aux sensitifs une sensation
d'allégement du poids du corps, de diminution de la
matérialité. Cette action est au contraire peu ou pas sensible
sur les non sensitifs ;
5° De faire des expériences courtes et coupées par de
fréquents repos, la tension nerveuse que demande, soit
l'émission, soit la réception d'une pensée fatiguent assez
rapidement l'opérateur et le sujet. Évidemment il entre dans
la durée possible des expériences une question
d'entraînement et de résistance personnelle ; mais il est
toujours mieux, entre deux procédés, de choisir celui qui
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La transmission de pensée
donne les meilleurs résultats avec la moindre dépense vitale.
Condition indispensable au maintien de l'équilibre des
énergies de l'organisme
Un entraînement psychique bien conduit donne un
accroissement de vitalité, une augmentation des forces
physiologiques et intellectuelles ; mais pour que ce résultat
puisse être atteint, il est absolument nécessaire d'être tour à
tour sujet et opérateur : c'est là une condition indispensable
au maintien de l'équilibre des énergies de l'organisme.
L'étude de notre personnalité immatérielle n'est à aucun
degré un amusement ou une futilité. Il faut y apporter sans
cesse de la mesure et la plus grande attention. Les
expériences psychiques, je le répète, entraînent une
déperdition de matière nerveuse qui peut amener plus
rapidement qu'on ne le pense, et si l'on n'y prend garde, un
affaiblissement et des troubles qui intéressent le corps tout
entier. Car cette sorte de capital nerveux qui nous est donné
par la Nature n'est pas inépuisable. Il se dépense, soit sur le
plan matériel, soit sur le plan sentimental, soit sur celui de
l'intelligence et il faut, dans l'intérêt de la santé, savoir
l'économiser et le répartir avec sagesse.
Rapport entre le sujet et l'opérateur
Pour que la transmission d'une sensation, d'un
sentiment ou d'une pensée puisse avoir lieu entre deux
personnes il faut qu'il y ait entre elles une sorte de similitude
vibratoire. Les incrédules rient toujours lorsqu'on parle de
l'état de rapport nerveux qui doit nécessairement exister
entre deux individus qui veulent communiquer ensemble
psychiquement ; cependant il est on ne peut plus réel et
nécessaire. Il est indéniable qu'il s'établit entre l'opérateur et
le sujet une sorte d'harmonie impondérable qui leur permet
de se pénétrer d'une manière étroite bien qu'invisible. Ce
rapport existe spontanément entre de certains organismes
qui se trouvent avoir entre eux une certaine communauté
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La transmission de pensée
naturelle de résonances psychiques ; entre d'autres, au
contraire, il n'est que dissemblances ou oppositions et il faut
créer artificiellement la sympathie nécessaire avec plus ou
moins de peine, suivant les différences qui séparent les deux
systèmes nerveux à accorder.
Tous ceux ou presque tous ceux qui ont expérimenté
s'accordent à reconnaître que l'application des mains sur les
omoplates ou les passes descendantes ou la prise du regard
créent momentanément ou de façon durable cette sorte
d'harmonie particulière nécessaire à la transmission d'une
impression, d'un désir ou d'une volonté d'un individu à un
autre. L'affection ou la vie en commun peut également la
faire naître.
Voici un autre procédé pour établir le rapport entre le
sujet et soi que préconise M. Ochorowicz.
Pour établir le rapport, on rappelle le sujet
mentalement, on l'attire, c’est-à-dire on attire son attention
par un effort qui, faisant vibrer les particules de... je ne sais
quoi, se propage et atteint un galvanomètre suffisamment
sensible (8).
Il n'est pas étonnant, d'ailleurs, que deux pensées qui
veulent se communiquer de l'une à l'autre un message soient
obligées d'abord d'apprendre le même langage. Cela est
nécessaire dans le monde de la parole et l'est aussi dans
celui des vibrations psychiques.
Sur l'extériorisation et la réceptivité nerveuses
Côté opérateur. – L'opérateur qui cherche à transmettre
une pensée ou à faire accomplir un acte à un sujet doit être
musculairement détendu et son esprit doit être calme. S'il
emploie pour cette transmission la voie astrale (qui est celle
dont j'ai constamment fait usage au cours de mes
expériences) il a assez rapidement la sensation qu'une partie
impondérable, invisible, mais très active et très vivante de
lui-même se déplace, moins tiède ou froide suivant la
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La transmission de pensée
qualité fluidique de la personne avec laquelle il
expérimente. Cette masse lui parait être aussi pondérable
que le rayonnement d'un poêle, le souffle d'une brise ou un
courant électrique léger ; et que l'opérateur soit près de lui,
dans une chambre voisine ou à des kilomètres de distance,
elle lui est perceptible sous la même forme et avec la même
intensité. Cette impression de contact fluidique est plus nette
dans sa région épigastrique qu'en aucun autre point de son
corps.
Puis, s'il continue à analyser ses mouvements
intérieurs, il sent ce fluide pénétrer dans ses tissus, dans ses
nerfs et les envahir d'une façon plus ou moins persistante. Il
éprouve aussi une légère oppression, une sorte de poids sur
la poitrine qui l'incite à respirer plus profondément. Il lui
semble que quelque chose a été modifié dans son rythme
vital et (s'il est suffisamment sensitif et entraîné) il s'aperçoit
que la partie immatérielle de lui est attirée vers l'opérateur.
Le courant attractif entre l'opérateur et le sujet
Ainsi parle M. Ochorowicz de ce courant attractif qui
se crée entre l'opérateur et le sujet dont il a aussi constaté
l'existence au cours de ses expériences avec des sujets
endormis :
Il existe en magnétisme un phénomène peu étudié par
les hypnotiseurs, quoique déjà mentionné par M. P. Richer :
celui de l'attraction dite « magnétique ». Il suffit
d'approcher la main du bras du sujet endormi pour
qu'aussitôt ce bras se porte dans la direction de la main et
suive tous ses mouvements. Quoique l'aimant provoque le
même phénomène, il ne faut pas se laisser prendre par des
analogies. Cette attraction n'a rien de commun avec
l'attraction du fer par l'aimant (9).
J'ai pu constater nombre de fois cette attraction d'un
corps par un autre corps entre des individus parfaitement
éveillés. Mes expériences m'ont permis de noter deux cas
dans lesquels elle se produit. Le premier est celui où une
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La transmission de pensée
personne tend volontairement sa pensée vers une autre en
vue de l'influencer ; le second, celui où deux êtres mis en
présence se trouvent avoir entre eux une similitude de
vibrations psychiques.
Si le sujet continue à prêter une scrupuleuse attention
aux mouvements impondérables qui se produisent en lui il
constate que la masse nerveuse tend à prendre une forme,
une attitude ou une direction, suivant ce qu'attend de lui
l'opérateur. Cette forme, cette attitude ou cette direction, qui
n'avait été d'abord imprimée qu'à sa personnalité
immatérielle, se communique progressivement à son corps
qui s'y adapte plus ou moins étroitement, accomplissant
ainsi parfaitement ou d'une manière incomplète ce qu'a
désiré de lui celui à la volonté duquel il s'est
momentanément soumis.
La sensation selon l'idée transmise par l'opérateur
Dans le cas où, par exemple, il reçoit l'idée d'un animal
(exp. 7), il sent son double fluidique prendre par sympathie
psychique la grosseur, l'allure et la position de cet animal
telles que se les représente et les sent l'opérateur. Autrement
dit, il a l'impression physique de devenir l'animal pensé. S'il
s'agit d'un quadrupède il éprouve le besoin de marcher à
quatre pattes ; si, au contraire, il s'agit d'un oiseau, il croit
avoir un corps effilé, battre des ailes et s'élever dans les airs.
Lorsque l'opérateur pense à le conduire à un siège (exp. 2),
il sent son double fluidique partir dans la direction du siège,
se retourner, s'abaisser et s'asseoir tout comme l'eût fait son
corps de matière ; si c'est un chiffre qui lui est suggéré, il
sent sa masse nerveuse dessiner ce chiffre dans l'espace, si
son corps est en état de passivité suffisante il est entraîné par
ce mouvement et le trace à son tour. Ainsi l'opérateur peut-il
contrôler d'une manière visible la façon dont sa pensée est
perçue par le sujet.
On peut souvent constater que le sujet écrit très exactement avec son dos le chiffre pensé, mais qu'il faut un temps
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La transmission de pensée
plus ou moins long à son esprit pour pouvoir interpréter le
mouvement fluidique et corporel qu'il exécute. Si sa forme
matérielle obéit rapidement et exactement à l'impulsion
invisible qui est en lui, il retrouve l'équilibre dont il jouissait
avant le début de l'expérience et qu'avait momentanément
rompu la pensée extérieure qui l'avait pénétré ; si, au contraire, il perçoit mal l'influence et ne se soumet
qu'imparfaitement à l'ordre reçu dans l'invisible il éprouve
une sorte de tiraillement intérieur qui lui vient de la
dissociation entre ses énergies fluidiques, devenues la proie
d'une volonté étrangère, et le rythme de son corps qui, soit
par manque de passivité ou par suite d'une résistance
involontaire, ne peut se plier aux ordres de cette volonté ou
refuse de s'y soumettre. Si ce tiraillement persiste il peut
devenir très pénible.
Pour que les expériences fournissent ce qu'on attend
Pour que les expériences fournissent les éléments
d'appréciation qu'on est en droit d'en attendre je signale qu'il
est absolument nécessaire que, tout en restant
musculairement et fluidiquement passif, le sujet analyse au
passage avec le plus grand soin et tout haut, les impressions
et les sensations dont il est le siège, notant leur qualité, leur
espèce, leur durée et l'ordre de leur succession. Ce n'est
qu'en procédant ainsi qu'on peut entreprendre avec fruit
l'étude des phénomènes de transmission de pensée sans
contact et parvenir à déceler la manière dont les idées
pénètrent, d'abord dans la sensibilité générale, puis
envahissent l'inconscient et, de là, par une suite de
développements, entrent, par la voie cérébrale, dans la zone
lumineuse de la conscience. Au bout de quelques mois
d'entraînement, s'il est suffisamment sensitif et lorsqu'il est
bien disposé, le sujet manifeste, par ses réflexions, qu'il
reflète dans sa propre sensibilité les élans et les défaillances
de la pensée de l'opérateur ; élans et défaillances qu'il
perçoit sous la forme d'une augmentation ou d'une
diminution de la quantité de fluide perçu. Chaque jet
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La transmission de pensée
cérébral lui donne un choc et chaque arrêt de volonté est
pour lui comme un allégement du poids invisible qui
l'opprime. Ce phénomène, au cours de mes expériences n'a
jamais souffert d'exception.
M. Ochorowicz a fait la remarque :
Que la transmission est sensiblement favorisée lorsque
deux personnes, capables de bien concentrer leur pensée,
agissent à la fois, et lorsque l'une, pense à l'aide des images
visuelles et l'autre à l'aide des sons des mêmes images
prononcées mentalement (10).
N'ayant jamais porté mon attention sur ce point
particulier, je n'ai jamais constaté que les manières
différentes de penser de deux opérateurs essayant de
communiquer ensemble leur volonté à un même sujet
augmentent leur action sur lui. J'ai seulement noté que, dans
ce cas-là, le sujet accusait toujours une augmentation
notable de la quantité de fluide perçu.
Sensations au début et après plusieurs entraînements
Au début des essais de transmission de pensée, les
sensations éprouvées par le sujet sont élémentaires et
vagues, même si l'opérateur a les mains sur ses omoplates
ou s'il a avec lui un contact quelconque. Mais, peu à peu,
son attention étant portée sur elles, elles se nuancent, se
précisent et après quelques mois d'entraînement, elles se
rapprochent par leur netteté des sensations ordinaires.
Au cours des expériences, le sujet sent souvent aussi
sur son visage ou sur ses mains des souffles légers ou forts,
chauds ou froids. Ils sont en quelque sorte la manifestation
matérielle de la pensée qui vient le frapper. Ils ont cette
particularité d'être d'une espèce spéciale et invariable pour
chaque opérateur, ce qui fait qu'ils représentent la
personnalité invisible qui cherche à transmettre un désir ou
une volonté, ce qu'il porte en lui de psychiquement unique
et immuable.
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La transmission de pensée
Les souffles ressentis pendant la transmission de
pensée
Beaucoup d'auteurs ont signalé l'existence de ces
souffles que ressentent les assistants au cours des séances de
matérialisation. Dans les expériences de transmission de
pensée, ils se manifestent également et semblent se produire
chaque fois qu'il y a dégagement de force nerveuse.
M. Ochorowicz (11), qui les a aussi remarqués lorsqu'il
soignait magnétiquement ses malades, les attribue à la
chaleur dégagée par les mains de l'opérateur. Je ne suis pas
de son avis, les ayant souvent ressentis sur mon front ou sur
mon visage avec la plus parfaite netteté, même lorsque je
recevais la pensée d'un opérateur qui se trouvait à plusieurs
kilomètres de moi ou à de très grandes distances, et que
j'étais seule dans une chambre parfaitement close.
Sur la façon de penser
Comment faut-il penser pour que les représentations
mentales soient actives et agissent en dehors de l'organisme
qui les produit ?
Pour qu'une pensée puisse se transmettre à d'autres
cerveaux il faut qu'elle soit claire, persistante et forte. C'est
seulement à ce prix qu'elle éveille et condense les courants
nerveux de l'organisme et qu'elle les conduit au but que leur
fixe la volonté.
Concentrer sa pensée sur une idée définie
Mais rien n'est plus difficile que de penser uniquement
et longtemps à une idée définie. Le cerveau a une activité
propre qu'il est très malaisé d'entraver et plus malaisé encore
de discipliner.
Dès que l'on essaye de maintenir son esprit sur une
seule image – car pratiquement tout désir, toute volonté,
toute conception se représentent à l'activité mentale sous
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La transmission de pensée
l'apparence d'images – on s'aperçoit que toutes sortes de
formes, de lignes, de couleurs sans cesse changeantes, sans
cesse dissociées et renaissantes viennent entourer, troubler
et parfois effacer le sujet de méditation que l'on avait
choisi ; et ce n'est qu'au prix d'un pénible effort qu'on
parvient à le ressaisir et à le maintenir solidement installé
dans le cerveau.
Ce manque de stabilité de l'esprit se manifeste de
même au cours des expériences. Ainsi, lorsqu'on veut
conduire mentalement le sujet vers un siège donné, on
s'aperçoit si l'on s'observe attentivement que, souvent, au
lieu de lui faire suivre le chemin le plus direct pour s'y
rendre, la pensée l'y guide au contraire par la voie la plus
longue ou la plus fantaisiste.
Les désirs instinctifs et profonds
Je me hâte de dire que ce phénomène ne se produit pas
toujours et que sa fréquence ou sa rareté dépend étroitement
du tempérament et du caractère de l'opérateur. Mais, de
toute façon, si la volonté consciente et les énergies
intérieures sont en parfait accord sur le but à atteindre, elles
diffèrent fréquemment en ce qui concerne les moyens à
employer pour arriver jusqu'à lui. Et, fait à retenir : chaque
fois qu'il y a conflit entre elles, le sujet obéit toujours aux
puissances inconscientes. Ce qui revient à dire que les
volontés nées de notre logique et de notre raison n'ont
qu'une faible action en dehors de nous et que notre vie
réalisée, avec ses événements, ses succès ou ses défaites est
le reflet des désirs instinctifs et profonds qui prennent leur
source dans les parties les plus obscures de nous. Seuls ils
ont un pouvoir réalisateur, seuls ils sont capables d'assurer
et d'extérioriser notre rayonnement vital, d'agir sur d'autres
êtres, de modifier le milieu humain au sein duquel nous
vivons et, peut-être aussi, d'animer les courants de la Nature.
Mais s'il ne rentre pas dans les puissances de l'homme
de réduire absolument sa pensée en esclavage, du moins
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La transmission de pensée
peut-il, dans une certaine mesure et par un entraînement
approprié, apprendre à la diriger et à l'asservir.
L'état de mon esprit, pendant la télépathie, nous dit M.
Ed. Abramowski, était une sorte d'autosuggestion qui, après
le premier effort pour obtenir une représentation intense,
devenait une concentration passagère de l'attention, une
sorte de monoïédisation à peu près stable, que je n'avais pas
besoin de soutenir par l'action de ma volonté (12).
Pour réussir la transmission de pensée
En effet, pour bien transmettre une pensée, il faut se
mettre en état de passivité active, ce qui veut dire que toute
la partie matérielle de soi doit être calme et aussi détendue
que possible, tandis qu'au contraire la force nerveuse libérée
agit librement et suivant ses moyens propres en vue de
réaliser le but qu'on lui a, au départ, fixé.
Toute personne qui veut transmettre une pensée doit se
pénétrer de ce fait que toute activité musculaire, toute contraction physique, morale ou intellectuelle entrave
l'émission du rayonnement vital. De plus la représentation
mentale de l'idée à communiquer doit être claire, régulière et
prolongée. Alors elle transforme et sculpte la masse
nerveuse fluidique de l'opérateur en une image plastique et
vivante qui s'échappe de lui et devient sensible à d'autres
humains, mais à des degrés divers, suivant qu'ils sont ou non
des sensitifs et qu'ils sont ou non capables de percevoir avec
précision les courants impondérables.
Dans mes premières expériences je m'imaginais guider
le sujet par l'épaule et le conduire pas à pas, rectifiant à
mesure mentalement ses erreurs de direction. Ce procédé est
utile en ce qu'il permet de noter le rapport étroit qui existe
entre les jets de volonté de l'opérateur et les mouvements
réceptifs du sujet ; mais, en ce qui concerne la totalité de
l'expérience, le mode de pensée le plus parfait est celui qui
consiste à voir le sujet aussi vivant, tangible et réel que
possible à la place où il doit aller, et dans l'attitude de l'acte
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La transmission de pensée
à accomplir.
C'est cette manière de faire à laquelle, après de
nombreux essais, je me suis arrêtée, la considérant comme
la plus rapide. M. Ochorowicz est arrivé, en opérant, il est
vrai, sur des sujets endormis, à des conclusions contraires.
Pour moi, j'ai constamment constaté que cette méthode était
à préférer à toutes les autres quant à l'excellence du résultat
à obtenir.
Sur l'extériorisation propre à chaque personne
Il va sans dire qu'il n'est pas deux personnes dont
l'activité intérieure présente la même intensité ni les mêmes
caractéristiques ; il n'en est pas deux qui conçoivent et
surtout « sentent » de même une représentation mentale. Car
n'oublions pas que, dans la transmission d'une pensée par
voie astrale, il s'agit avant tout de sensations et non de
relations abstraites de cerveau à cerveau.
Il y a les gens qui pensent timidement, en hésitant, avec
de constants arrêts et de constantes rétractations fluidiques ;
ceux-là n'ont qu'une action nulle ou presque nulle sur
l'extérieur. Il en est dont la pensée est douce, constante, pas
très intense, mais active cependant par sa ténacité et sa
régularité. D'autres ont une pensée vigoureuse mais
capricieuse et fantasque, qui n'a qu'une action inégale et
fugitive sur le milieu ; leurs élans psychiques sont puissants
mais sans cesse changent, ce qui détruit leur efficacité.
D'autres ont des concepts mentaux tortueux qui agissent
lentement et par détours au dehors, les conduisant cependant
aux buts qu'ils se proposent. Puis il y a les forts dans le
domaine invisible, ceux qui joignent à un riche capital
nerveux une pensée calme, continue et opiniâtre ; ils
dominent toujours le milieu dans lequel ils sont placés et,
partout, réussissent. Enfin il y a les éternels vaincus, ceux
dont les représentations cérébrales sont vagues, diffuses et
comme dissociées, et ne peuvent les conduire à aucune
réalisation parce qu'elles ne savent pas sculpter la matière
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La transmission de pensée
psychique.
Rapport entre le caractère et le rayonnement vital
J'ai constaté au cours de mes recherches qu'il existait
un rapport entre le caractère et les qualités ou défauts
fluidiques des individus. Qu'est-ce en effet que le caractère
sinon la façon de réagir de notre vie psychique aux
excitations extérieures. Suivant les personnes, les réactions
sont violentes ou douces, énergiques ou faibles, rapides ou
lentes, régulières ou heurtées ; et à chacune de ces nuances
particulières correspond une émission nerveuse spéciale.
J'ai été conduite par mes essais à penser que le
caractère dépendait de la quantité de fluide vital contenu
dans les corps et de la nature de son écoulement.
Le coléreux, par exemple, à un corps qui fournit et
surtout concentre trop d'énergie vitale ; aussi, par moment,
elle l'oppresse, surcharge ses nerfs qui, sous la plus légère
excitation, la projettent au dehors par l'explosion de la
colère.
L'apathique, au contraire, a une trop faible sécrétion
nerveuse. Aussi, ne suffit-elle pas à nourrir ses muscles qui
n'aiment pas à se mouvoir.
Le calme doit son humeur égale et heureuse à
l'équilibre constant qui existe entre l'accumulation de son
fluide et sa dépense.
Le nerveux, l'impressionnable est, celui dont le capital
nerveux varie constamment, suscitant en lui des alternatives
d'énergie et de paresse, d’exubérance et de mélancolie. Parfois il se sent comme vidé et parfois il a l'impression de
déborder.
J'ai constaté sur moi-même, et cela sans aucune
exception que, la tristesse, la lassitude morale ou physique
correspondaient à un déficit nerveux, tandis que la joie et le
courage coïncidaient avec un fort dégagement magnétique.
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La transmission de pensée
Celui qui expérimente régulièrement peut facilement faire
cette observation ; ce qu'il n'arrive pas à découvrir ce sont
les raisons très obscures qui président aux modifications
quelquefois rapides de la puissance émissive de l'organisme.
Le chagrin, les insuccès et la maladie ont sur lui une action
affaiblissante non douteuse ; mais il est beaucoup d'autres
causes de dépression psychique qu'il est impossible de
déceler et de découvrir.
Rapport entre le tempérament et le rayonnement
vital
J'ai remarqué encore que la qualité du fluide vital et le
tempérament étaient étroitement liés.
Si la quantité de fluide vital de chaque individu varie
constamment, son rythme a une sorte d'invariabilité, et c'est
ce mode invariable qu'il affecte chez chaque personne qui
révèle le tempérament.
J'ai été conduite par mes observations à classer
grossièrement les fluides de la façon qui suit :
1° Fluide léger, transparent, très peu épais :
cérébralité ;
2° Fluide plus chaud, dense, mais doué encore de
légèreté : sentimentalité ;
3° Fluide lourd, opaque lent à se mouvoir et ne pouvant
rayonner loin : sensualité.
De ces trois qualités de fluide, celui qui semble le plus
détaché des lois de l'espace est le fluide cérébral.
Façon psychique de chaque personne de se
manifester
Enfin chaque être se manifeste aux autres
psychiquement d'une façon particulière. Les uns se
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La transmission de pensée
traduisent par une sensation de courant pénétrant une
certaine partie de la tête, les autres par des souffles sur le
front ou sur la face.
Je me suis demandée, sans jamais faire de recherches à
ce sujet, si percevoir ainsi les pensées est la résultante d'un
rapport qui s'établit entre celui qui influence et celui qui est
influencé ou si le point du cerveau auquel le sujet éprouve
une impression correspond au point du cerveau qui émet
chez l'opérateur. Il y aurait là une étude intéressante à faire.
Sur la coloration du fluide
Certains chercheurs ont cru reconnaître que chaque
impression, sentiment ou pensée, donnait au fluide une
coloration particulière ; coloration que peuvent percevoir les
sensitifs. Pour ceux que ces questions intéressent, je signale
l'étude faite par M. J. Stenson Hooker, dans The Lancet,
numéro de novembre, 1905, et dans Les Annales des
Sciences psychiques, 1906, p. 315.
N'ayant fait aucune expérience dans ce sens, je n'ai pas
d'opinion personnelle sur ce sujet.
Voici la liste des couleurs que M. Hooker suppose être
données au fluide vital par les différents sentiments :
Violence et passion ..= Rouge foncé.
Bonté ................................= Rayons roses.
Ambition ..........................= Orange.
Pensée ...............................= Bleu.
Art et Raffinement ...........= Jaune.
Dépression ........................= Rayons gris.
Dégradation ......................= Brun sale.
Dévotion ...........................= Bleu clair.
Progrès .............................= Vert clair.
Maladie .............................= Vert foncé.
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La transmission de pensée
Phénomènes inattendus se produisant au cours
des expériences
Au cours des expériences il se produit parfois des
phénomènes inattendus que l'on ne peut expliquer et qui
demanderaient à être étudiés avec soin.
Par exemple, dans le cas de l'expérience 5, le sujet
sentait sa masse nerveuse dessiner le chiffre suggéré parfois
à l'endroit et parfois à l'envers, alors que l'opérateur n'avait à
aucun degré la sensation d'avoir modifié sa représentation
mentale.
D'ailleurs l'essai relaté qui consistait à agir à la fois sur
deux personnes, dont l'une sentit le chiffre que je voyais
mentalement à l'endroit et l'autre à l'envers, montre bien que
la façon de penser de l'opérateur n'est pour rien dans ce
phénomène. Des cas de ce genre seraient à étudier
longuement et avec soin.
Un autre phénomène curieux est le suivant. Si l'on
imagine faire intervenir dans une expérience une tierce
personne absente, le sujet, qui ignore cette intervention,
accuse aussitôt une modification dans la qualité et la
quantité du fluide perçu. De même si, un jour, se sentant un
pauvre rayonnement, on pense à emprunter celui d'un ami,
le sujet, qui avait d'abord accusé la faiblesse première de
l'émission, annonce aussitôt son augmentation, sa
transformation et déclare qu'il sent beaucoup mieux la
pensée de l'opérateur.
Cela est étrange. En face de cas de ce genre on peut se
demander si la personne dont on a appelé le fluide à soi a
éprouvé, de ce fait, une impression quelconque et si elle
s'est sentie appauvrie nerveusement. Peut-être aussi
augmente-t-on sa quantité de fluide vital par la confiance
que l'on a dans le fait qu'elle va, en effet, s'accroître ? Je n'en
sais rien, n'ayant pas cherché à éclaircir ce point. Mais si
l'explication qu'on peut donner de ces singularités, est
encore à découvrir, les phénomènes eux-mêmes, j'ai pu le
constater, ne peuvent être mis en doute.
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La transmission de pensée
Que ceux que ces problèmes intéressent tentent de leur
donner une solution.
CONCLUSIONS
Existence du rayonnement vital
Les expériences que j'ai faites m'ont conduite à cette
conviction absolue que nous portons en nous une sorte de
double invisible, formé d'une matière fluide, mais palpable
pourtant, qui est sans doute une émanation du corps
physique ou, tout au moins, dépend de la qualité de sa
matière, et est aussi fixe, pour chaque individu, que la
couleur de ses cheveux ou les lignes de son ossature. Elles
m'ont, en outre, entraînée à croire que ce double agit sur
l'organisme auquel il est attaché, qu'il rayonne autour de lui
et s'en éloigne parfois à de grandes distances (car la distance
ne joue aucun rôle dans les transmissions psychiques, voir
expérience 13, fiche octobre 1917) et qu'il influence la
partie immatérielle des autres êtres, l'attirant, la repoussant,
l'incitant à sentir d'une certaine façon ou à se diriger vers un
but défini.
Je vais étudier successivement ces différents pouvoirs
de notre personnalité invisible. Mais, auparavant, je veux
dire quelques mots sur les deux grandes catégories d'êtres
qui composent la société humaine : je veux dire les sensitifs
et les non sensitifs.
Le sensitif
Qu’est-ce qu’un sensitif ?
Un sensitif est celui pour lequel les impressions
morales ont un caractère de consistance et se rapprochent
beaucoup, par la qualité et l'intensité des sensations
matérielles.
Un regard malveillant est pour lui un heurt réel, reçu
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La transmission de pensée
dans une partie de lui qu'il ne peut définir, mais qui lui
parait être de beaucoup la plus sensible de sa personnalité.
Un mot méchant creuse dans son être invisible une blessure
qu'il sent tangible, dont la place reste sensible et dont la
cicatrice ne peut jamais être complètement effacée.
Le sensitif a l'impression de dépasser constamment les
bornes de son corps et de n'être pas délimité dans l'espace.
S'il pose ses regards sur un objet il sent qu'il n'en prend
pas seulement conscience abstraitement, mais qu'il le
touche, le palpe et le pénètre avec ce second lui-même dont
il perçoit l'existence avec la certitude la plus absolue. De
même, lorsqu'il se trouve auprès d'un être, il se met à vibrer
à l'unisson avec lui ; il ressent et partage son état instinctif,
sentimental et mental du moment, traversé qu'il est par ses
courants vitaux qui lui imposent leur rythme et le
transforment. Il croit alors se dépersonnaliser, prendre un
caractère, des tendances, des émotions et des pensées
différentes de celles qu'il éprouve ordinairement.
Les formes, les couleurs, les odeurs et les sons causent
aussi dans son fluide nerveux des perturbations immédiates
et profondes.
Tout est source de perceptions sensorielles pour le
sensitif
Pour lui, tout est source de perceptions sensorielles,
bien que n'affectant pas directement la surface de son corps ;
et qu'il s'agisse de sentiments ou d'idées ils se présentent à
lui d'une manière sensible : ils ont une température, une
densité, un parfum. Ils lui donnent l'impression de traverser
sa chair et de modifier jusqu'à sa vie intérieure la plus
intime. Le soleil, la pluie, le vent ne sont pas non plus
extérieurs à lui comme pour la plupart des hommes : ils font
partie inhérente de lui parce qu'ils sont unis à lui par des
liens invisibles qui imposent à son système nerveux leur
mode vibratoire. Enfin l'état électrique de l'atmosphère
modifie considérablement son humeur, l'activité de ses
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La transmission de pensée
organes et le cours de ses pensées. En un mot, il frémit au
moindre souffle et se meut et s'agite, sans cesse assailli par
mille courants divers.
Le sensitif n'est ni malade ni un fou
On a souvent prétendu que le sensitif était le jouet de
sensations imaginaires. Mes expériences ont pu me
convaincre qu'il n'en était rien, comme elles convaincront de
même ceux qui les reprendront avec soin. Le sensitif n'est ni
un malade, ni un fou. Il est seulement un être dont les
perceptions psychiques sont beaucoup plus délicates et plus
nuancées que celles des autres individus, parce que la partie
immatérielle de lui est très extériorisée. La plupart des
humains n'ont qu'une sensibilité nerveuse peu affinée et qui
s'éloigne rarement de son support matériel. Celle du sensitif
au contraire (pour des raisons encore inconnues) est
continuellement tendue autour de lui comme des antennes
invisibles qui lui permettent de prendre des choses et des
vivants un contact à la fois direct, intime et total. Aussi ses
vues sont-elles souvent plus justes que celles de ceux qui ne
basent leurs jugements que sur la réflexion, bien que sa
logique et sa raison n'interviennent jamais dans ses
déductions premières.
Raisonner est ne pouvoir prendre connaissance d'une
personne ou d'un objet que détail après détail ; sentir est en
pénétrer d'un seul coup toutes les parties, extérieures et
intérieures.
Avantages du sensitif
Il va sans dire que de sa sensibilité particulière le
sensitif retire de nombreux avantages. Il est guidé par des
sympathies et ses antipathies spontanées, comme par une
boussole qui lui indique les écueils à éviter et les ports à
rechercher. Il fait, non de la psychologie morte – construite
avec les seuls éléments cérébraux et, par-là, réduite à la
stagnation et à l'immobilité cadavérique des définitions
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La transmission de pensée
abstraites – mais de la psychologie vivante, qui, en face de
chaque cas se replace comme devant l'inconnu, afin de
pénétrer par sensation directe ce que ce cas a d'absolument
unique et d'inimitable.
Le sensitif ignore aussi la sensation de limites ou de
distance puisque sa sensibilité ne connaît ni l'épaisseur des
murailles qu'elle traverse aisément, ni l'espace qu'elle
franchit en moins d'un instant. Et, par le seul fait de ce
pouvoir particulier de perception qu'a mis en lui la Nature, il
reçoit des plantes, des créatures et de l'air des sensations
multiples et sans cesse renouvelées qui enrichissent sa vie
instinctive, sentimentale et cérébrale, leur communiquant à
chaque moment du temps les mille mouvements et les mille
reflets de tout ce qui vit et de tout ce qui est inanimé.
Inconvénients du sensitif
Mais si le sensitif jouit de tous ces avantages il éprouve
aussi de sa trop grande facilité à vibrer de nombreux
inconvénients. D'abord la mobilité de ses impressions est
extrême ; il ne peut, sans effort, rester longtemps fixé à un
même sentiment ou conserver en son esprit un même sujet
de méditation, étant constamment sollicité par des
attractions et des répulsions nouvelles.
Change-t-il de milieu, il découvre en lui-même un
étranger dont il ne reconnaît plus les désirs, les aspirations,
ni l’âme. On peut dire que sa vie intérieure est le lieu de
rencontre de personnalités multiples, diverses et, souvent
même, contradictoires. Mais l'instabilité des sensations et
des impressions conduit à l'instabilité de la pensée et à celle
de l'action : défaut grave. Puis ces réactions trop vives que
suscitent, chez le sensitif, les moindres gestes, les moindres
paroles, comme aussi les couleurs, les formes ou les sons lui
sont aussi de continuelles causes de malaise, de souffrance ;
enfin son existence est un combat perpétuel engagé entre les
influences sans nombre qui, à toute heure, le traversent et
tentent de l'asservir, et son moi qui, lui, tente désespérément
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La transmission de pensée
de conserver sa liberté.
Le non-sensitif
Qu'est-ce qu'un non-sensitif ? Un non-sensitif est celui
dont la masse nerveuse est d'une espèce peu vibrante et reste
limitée à la périphérie de son corps. Ne pouvant, comme le
sensitif, recevoir en lui les reflets ou entendre les échos de la
vie universelle, il ne possède, à peu de chose près, que son
bagage héréditaire et ses propres impressions qui, faute
d'aliment, sont peu nombreuses, peu variées et peu intenses.
En général, il a l'esprit assez borné ; il ne croit qu’à ce
qu'il voit et, surtout, qu'à ce qu'il touche, car, en effet, pour
lui ne peut exister et n'existe sous forme de perception que
ce que peuvent contempler ses regards et ce que peuvent
saisir ses mains. On peut dire qu'il est une sorte d'aveugle de
la sensation subtile. Comme il ne peut percevoir ni refléter
les sentiments et les idées qui continuellement traversent
l'espace, il n'a que des opinions et des convictions rigides ;
sa vérité lui parait être la seule qui ait quelque valeur, il veut
l'imposer à tous et en est lui-même l'esclave.
S'il est intelligent, il peut se développer mais seulement
dans le sens des spéculations abstraites. Tout ce qui
demande de la précision, de la logique ou du raisonnement
lui est aisé ; mais le sphère de l'art, de la création sensible et
vivante qui, pour émouvoir et toucher doit être faite de
parcelles de matière invisible et d'éléments palpitants
arrachés aux êtres qui aiment, jouissent et souffrent, il ne
peut être qu'impuissant.
Comparaison entre le sensitif et le non-sensitif
Vu du dehors, le sensitif et le non-sensitif se
ressemblent comme deux frères ; vu du dedans, ils sont
aussi différents qu'il est possible. L'un est un riche qui porte
en lui le monde, l'autre est un pauvre qui, où qu'il aille,
n'emporte jamais avec lui que lui-même.
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La transmission de pensée
Et comment pourrait-on considérer comme pareils,
celui pour lequel il n'existe ni murailles, ni espace ; pour
lequel les corps et les objets ne sont que l'apparence visible
et inerte des forces impondérables qui les asservissent ; pour
lequel chaque éclair de prunelles, chaque geste et chaque
parole recèle un frémissement d'âme ; pour lequel tout n'est
que contacts légers et fluides dans l'invisible ; qui, d'un seul
élan de sa pensée, s'envole en un instant partout où
l'emportent sa volonté, ses désirs ou ses songes, et qui, à
toute heure, sent tressaillir en sa poitrine la vie même de
l'univers, et cet autre qui, en tout lieu, en tout temps, et quel
que soit le point de la terre ou du ciel où se dirigent ses
regards, ne peut jamais voir ni découvrir que son moi.
On peut dire encore que le sensitif est celui qui, par
sensation, perçoit directement les phénomènes de la Nature
et les propose ensuite à l'étude du non-sensitif qui en
détermine lentement et péniblement les lois.
Ainsi depuis des siècles il était d'usage de dire que le
rouge, l'orangé, le jaune étaient des couleurs chaudes. Tous,
sauf les sensitifs qui, eux, les sentaient effectivement telles,
croyaient que c'était là une simple forme de langage. Or, on
sait maintenant, scientifiquement, que ces couleurs sont en
effet les plus chaudes du spectre, au sens concret de ce mot.
Ce que t'intuition des sensitifs avait perçu sans effort a
demandé des années de patientes recherches pour être
contrôlé par la science raisonnable. Et combien d'autres
exemples de même ordre ne pourrait-on pas citer. Un seul
suffit. Le lecteur pourra faire lui-même les autres
rapprochements nécessaires.
Action curative du rayonnement nerveux sur
l'organisme qui le produit
Si, comme je l'ai déjà dit au chapitre de la déperdition
nerveuse entraînée par les expériences, l'état de santé ou de
maladie augmente ou diminue le rayonnement vital, le
rayonnement vital peut aussi, en bien ou en mal, modifier le
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La transmission de pensée
fonctionnement des organes. Car, par une voie et des
moyens que la science est encore impuissante à expliquer, la
vie physiologique et la vie psychique réagissent
constamment l'une sur l'autre ; et si l'imagination et la
volonté sont dans une large mesure sous la dépendance du
corps, de même le corps est soumis aux fluctuations de
l'imagination et de la volonté.
Dans ces perpétuels échanges qui tendent à équilibrer
et à unir en une action unique et harmonieuse le rythme de
notre forme visible et celui de nos énergies invisibles, l'un
peut, prendre parfois le pas sur l'autre, l'entraîner et le
contraindre à s'adapter à son mode vibratoire. Ainsi toute
maladie tend à affaiblir le capital nerveux comme toute idée
de santé détruit, dans la mesure de sa clarté et de sa
persistance, les altérations de l'organisme.
L'influence du moral sur le physique
J'ai pu constater de nombreuses fois sur moi-même
l'influence d'une mauvaise digestion sur la force et la qualité
de mon émission nerveuse, comme j'ai pu aussi me rendre
compte que, par un effort psychique, je pouvais augmenter
l'activité de mon estomac ou ralentir les battements de mon
cœur.
L'influence du moral sur le physique est d'ailleurs si
connue que MM. Liebault, Berheim et beaucoup d'autres
docteurs l'ont utilisée dans la cure des maladies, basant sur
elle des traitements entiers.
Mais si beaucoup demeurent d'accord sur l'existence du
phénomène, chacun l'explique à sa façon. Pour ce qui me
concerne, je suis arrivée à me convaincre que, par une
succession de causes et d'effets ignorés, l'idée de santé étant
fortement ancrée dans le cerveau, la masse nerveuse
plastique se transforme, prend l'apparence et l'état psychique
à elle imprimés par la représentation mentale et après plus
ou moins de temps, y adapte le corps qui voit sa circulation
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La transmission de pensée
se rétablir dans ses parties malades et des courants vitaux les
traverser à nouveau avec régularité et vigueur.
Cette explication n'a rien de particulièrement parfait et
ne montre aucunement par quels moyens les trois plans de
l'être humain, en partant du plus subtil pour descendre
jusqu'au plan matériel agissent ainsi les uns sur les autres :
là comme ailleurs la cause première échappe à toute
investigation ; mais elle a du moins le mérite de rester dans
le domaine de la matière, car le fluide nerveux, que tout
sensitif perçoit avec autant de netteté qu'une toile d'araignée
posée sur la main, n'a rien qui sorte du domaine du concret
et, pour ainsi dire, du mesurable.
L'influence de l'esprit sur le fluide nerveux
Jusqu'à présent ce fluide n'est perçu que par
l'organisme humain, c'est-à-dire d'une façon irrégulière ;
plus tard, sans doute, son existence sera décelée par des
instruments. Alors tomberont les préventions injustifiées
dont, jusque-là, on a voulu l'entourer.
Mais ayant constaté moi-même de façon certaine
l'influence de l'esprit sur la matière, je considère qu'il est de
toute utilité, dans la mesure où cela est possible pour
chacun, d'apprendre à diriger l'attitude et le rythme de son
double impondérable, en vue de pouvoir modifier le plus
largement possible, quand cela est nécessaire, son
organisme dans le sens de la santé.
Notre santé dépend de notre état d'esprit
Car si se voir mentalement bien portant est déjà le
devenir, se croire malade est déjà offrir un terrain favorable
à la maladie.
« J'ai vu, dit M. Ochorowicz, des cas de choléra
produits uniquement sous l'influence d'une idée, en dehors
de toute action épidémique (13). »
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La transmission de pensée
Le rythme vibratoire moléculaire de la maladie n'est
pas celui de la santé. Tout le monde sait qu'il est des
moments où le corps est absolument réfractaire à la
réceptivité d'éléments microbiens, tandis qu'à d'autres il leur
offre un asile merveilleusement préparé à les recevoir. Pour
fuir un mal il convient donc de se mettre dans la situation la
plus défavorable à son installation en nous. Dans un grand
nombre de cas, la simple représentation claire et constante
de l'état de santé suffit.
« Ainsi, diront certains en lisant ces lignes, il suffit de
se croire en bonne santé pour éviter la maladie. Il n'était pas
besoin d'écrire un chapitre pour énoncer une idée aussi
simple. »
Il est vrai, ma conclusion apparaît quelque peu
enfantine. Mais puisqu'elle correspond à la réalité pourquoi
l'aurais-je transformée ? En donnant ainsi à un phénomène
très important un aussi banal visage j'ai l'air, il est vrai, de le
réduire à niant. Il n'importe ! La vérité est toujours nue et
sans apprêts ; seule l'erreur est obligée de se parer et de se
travestir.
Influence curative du rayonnement vital d'un
organisme sur les organismes proches ou éloignés
Contrairement à ce que croient beaucoup de docteurs,
disciples de MM. Liebault et Bernhein, qui s'imaginent que
le malade seul peut agir sur lui-même, il existe une action
nerveuse curative qui peut s'exercer d'un individu sur un
autre individu.
Je sais les sourires que suscitent autour d'eux ceux qui
osent émettre une semblable opinion ; cependant je
l'émettrai, après tant d'autres, avec courage, parce que je me
sois convaincue par des faits de sa réalité. Mais comme les
expériences de ce genre qu'il m'a été donné de faire moimême ou de voir faire autour de moi ne touchent pas au
sujet particulier de cet ouvrage, je n'en parlerai pas dans ces
pages. Peut-être les livrerai-je au public dans un autre livre.
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La transmission de pensée
J'en dis seulement quelques mots ici parce que, somme
toute, la transmission d'une volonté, d'un désir, d'une
sensation ou d'un acte et celle d'un état tel que celui de la
santé sont, par beaucoup de points, analogues.
Dans la transmission d'une pensée, un rythme
vibratoire est transporté d'un système nerveux à un autre
système nerveux. Dans la transmission de la santé, il se joint
peut-être à ce transport de vibrations un certain apport de
fluide vital qui nourrit le malade en déficit psychique, et
l'aide à réparer ses désordres organiques. Mais sur ces points
délicats, je ne veux pas aujourd'hui m'appesantir, car ce
serait sortir du cadre que j'ai adopté. J'ai seulement voulu
signaler que les deux communications invisibles d'être à être
dont je viens de parler ne sont pas aussi éloignées l'une de
l'autre qu'on pourrait l'imaginer au premier abord, et que,
étudier l'une est être, tôt ou tard entraîné à étudier l'autre.
Action volontaire du rayonnement nerveux d'un
individu sur celui d'un autre individu, proche ou éloigné
Quoi qu'en puissent penser nombre d'incrédules,
l'influence volontaire d'un individu sur un autre individu
existe. Et je ne veux pas parler ici de l'influence par
suggestion verbale ou par production du sommeil
hypnotique ou magnétique, mais seulement de celle qui peut
s'exercer sans contact, sans paroles et de loin aussi bien que
de près sur une personne parfaitement éveillée.
Si une pensée est dirigée vers un être avec constance et
régularité, elle modifie – comme je l'ai déjà expliqué dans
un précédent paragraphe – d'abord son rythme vital, puis ses
sentiments, puis ses pensées et tend à les faire se rapprocher
peu à peu de l'état moral et mental de l'émetteur.
Suggestion sans paroles et sans contact
Parlant de la suggestion sans paroles et sans contact,
M. Richet s'exprime ainsi :
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La transmission de pensée
1° La pensée d'un individu se transmet sans le secours
de gestes extérieurs à la pensée d'un individu placé près de
lui ;
2° Cette transmission se fait à des degrés divers chez
les divers individus ; elle est aussi éminemment variable
chez les mêmes personnes ;
3° Cette transmission est en général inconsciente en ce
sens qu'elle agit plutôt sur l'intelligence inconsciente que
sur l'intelligence consciente de l'individu qui perçoit et de
l'individu qui transmet.
Je fais seulement cette remarque, dont m'ont
convaincue mes expériences, que la pensée se transmet d'un
être à un autre sans le secours de gestes non seulement
lorsqu'ils sont proches l'un de l'autre, mais aussi à n'importe
quelle distance. Cela est un point extrêmement important.
D'ailleurs, si la transmission de pensée, sans signes visibles,
existe de près, il n'est pas plus étrange ni plus extraordinaire
qu'elle puisse exister de loin.
L'idée suggérée agit avec plus ou moins de force
suivant la vigueur fluidique de celui qui l'émet et les facultés
réceptives de celui auquel elle est envoyée. Mais, comme
l'ont fait remarquer MM. Binet et Ferré : « Le nombre des
sujets est immense (14). » J'ajouterai même que presque
tous les hommes sont suggestifs, si l'on envisage la
suggestion mentale ; seulement, ils le sont à un degré plus
ou moins élevé.
Tout homme est influençable
Je dis que tout homme est, à mon avis, influençable en
ce qui concerne la suggestion mentale, et voici pourquoi :
1° Parce que, n'étant pas prévenu de la suggestion qui
lui est faite, le sujet ne songe pas à se défendre contre elle ;
2° Parce que la suggestion pénètre en lui par les
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La transmission de pensée
couches inconscientes de son esprit et n'apparaît à sa
conscience que comme une pensée naturelle, adaptée à lui et
montée des profondeurs de son être, si bien qu'il la croit son
bien propre et lui obéit volontiers. (Expérience 13 ; fiche, 20
déc. 1918.)
La façon dont l'idée suggérée fonctionne
Je ne puis me retenir de citer quelques lignes de M.
Abramowski qui expriment excellemment la façon dont
l'idée suggérée, d'abord reçue et enregistrée par
l'inconscient, monte et pénètre dans les couches de la
conscience.
Dans la description des faits recueillis par l'enquête
mentionnée, on peut remarquer, comme un trait assez
fréquent, une certaine symbolisation de l'événement qui
arrive à la conscience du sujet par cette mystérieuse voie
(de l'inconscient) et, d'un autre côté, le fait qu'on reçoit
souvent la nouvelle de cet événement sous l'aspect d'un
pressentiment inquiétant. La nouvelle reçue se limite le plus
souvent à cet état purement affectif du pressentiment ; mais
dans d'autres cas l'état affectif se développe en certaines
images hallucinatoires de différents sens qui reproduisent
partiellement ou d'une manière symbolique seulement le fait
lointain réel (15).
Et, plus loin :
Nous avons rappelé alors comme preuve de cette
hypothèse le caractère psychologique le plus fréquent du
processus télépathique, dont la première phase présente le
plus souvent un état émotif et concentré sur un point de
repère quelconque. L'objet du pressentiment est d'abord
indéterminé, inconnu pour la pensée ou bien très vague ; on
sait seulement, jusqu'à un certain degré, qu'il ne peut-être ni
ceci, ni cela, et surtout, on reconnaît facilement que ce n'est
pas un état ordinaire d'inquiétude et d'énervement se
rapportant également à tous les objets. Dans cette
inquiétude ou tristesse qu'on ressent sans aucune cause
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La transmission de pensée
déterminée et réelle, on reconnaît quelque chose de précis,
un objet particulier qui se recèle dans l'émotion éprouvée,
de la même manière qu'on ressent le genre de l'oublié dans
les lacunes de la mémoire, surtout lorsque c'est un oublié
plus intense ou bien encore de la même manière qu'on
possède un rêve émotif après qu'il s'est déjà évanoui dans la
conscience. Ce n'est que plus tard que le pressentiment
télépathique commence à s'intellectualiser : dans le sommeil
ou pendant la veille, dans les moments hypnoïques
passagers d'une rêverie ou d'une fatigue apparaissent
soudainement des images très claires et qui sont reconnues
par le sujet tout de suite en ce qui était pressenti (16).
Dans la télépathie involontaire de la part de l'émetteur
et du récepteur, dans la communication d'une volonté à un
sujet consentant, comme dans la transmission volontaire
d'une sensation ou d'un acte à accomplir à un individu non
prévenu, la marche de la pensée suggérée dans la vie
psychique de celui qui la reçoit est la même.
Sensations pendant une suggestion venue de
l'extérieur
Lorsqu'une personne réceptive devient l'objet d'une
volonté étrangère, elle éprouve à l'afflux fluidique de cette
volonté une sensation de malaise, de gêne indéfinissable et
comme un lent envahissement de son être. L'activité de son
cerveau lui semble se ralentir ; elle a de la peine à conserver
son attention à l'occupation commencée, et, peu à peu, sans
qu'elle sache comment et après une sorte de vide de la
conscience, elle se trouve plongée dans une rêverie vague et
sans objet. Si elle est entraînée à sentir les courants
psychiques, elle reconnaît aussitôt à cet alanguissement et à
cette torpeur particulière qu'elle est la proie d'une suggestion
venue de l'extérieur ; si, au contraire, elle ne sait rien des
lois de l'influence astrale, elle sent grandir en elle une
sourde angoisse, un « état d'inquiétude et d'énervement » –
comme le dit très bien M. Abramowski dans les textes cités
plus haut – dont elle ne peut s'expliquer la cause. Et cette
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La transmission de pensée
mélancolie étrange qui s'est emparée d'elle s'accuse de plus
en plus à mesure que croit et s'affirme la dissociation entre
son corps physique, son corps psychique et sa pensée ;
dissociation créée par la volonté de celui qui cherche à agir
sur elle, et qui, si elle se prolonge, peut devenir
extrêmement pénible.
Alors quatre cas peuvent se présenter :
l° Ou l'idée suggérée demeure inconnue et inutilisée
dans son inconscient ;
2° Ou elle traverse fugitivement ses réflexions ;
3° Ou elle apparaît à son esprit avec continuité,
s'imposant à son attention, mais y demeurant à l'état d'image
mentale ;
4° Ou elle se fixe en lui, l'obsède dans toutes les parties
de sa vie sensible et le conduit à l'acte désiré.
Les raisons de l'insuccès d'une suggestion
Dans le cas où une suggestion astralement faite
n'atteint pas son but, les raisons principales en sont :
1° Ou que le sujet était trop peu réceptif au moment de
la transmission ;
2° Ou que la concentration de l'opérateur a été trop
courte ou trop faible ;
3° Ou que l'idée suggérée était trop en opposition avec
les idées habituelles du sujet, ce qui revient à dire que l'état
de rapport, de communauté d'espèce de fluide nécessaire à
toute transmission de pensée n'existait pas entre l'organisme
émetteur et l'organisme récepteur ;
4° Ou que le récepteur avait une force psychique plus
grande que celle de l'émetteur.
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La transmission de pensée
Pour percevoir et recevoir les courants fluidiques
En effet, pour percevoir et recevoir les courants
fluidiques, il faut se trouver en état de passivité psychique,
je ne dis pas de passivité mentale, car elle a peu
d'importance en ce qui concerne l'enregistrement astral de
l'image suggérée, mais de passivité sentimentale et
musculaire, si je puis m'exprimer ainsi.
Tout être actif corporellement et surtout
sentimentalement est en mauvais état de réceptivité
inconsciente. La lecture, la rêverie au contraire sont les états
les plus favorables à la transmission par les couches
impondérables.
Il n'est pas besoin d'expliquer pourquoi une
concentration trop courte ou trop faible ne peut arriver à son
but. Par contre il faut insister sur ce fait que l'idée suggérée
ne parvient à l'esprit du sujet et surtout n'est acceptée par lui
que lorsqu'elle est en accord avec ses sentiments et ses
convictions ou que, tout au moins, elle ne s'en éloigne pas
trop. Si elle en est très différente elle doit faire un énorme
effort, d'abord pour faire vibrer son double fluidique en
communion avec elle, et ensuite pour passer, par une suite
de nombreuses associations mentales, du plan de
l'inconscient à celui du conscient. Une heure, des jours ou
des semaines, suivant les résistances ou les divergences
rencontrées, peuvent alors devenir nécessaires à l'apparition
de l'idée dans la pensée du récepteur. Mais comme le
laboureur abandonne au sol avec confiance le grain qu'il
vient d'y déposer, sûr de le voir germer et grandir, de même
celui qui sème une idée doit, avec une confiance pareille,
l'abandonner au sourd travail d'éclosion de ses énergies
invisibles.
Ce qu'il faut retenir
Le fait intéressant à retenir est que, pour ce qui
concerne du moins la transmission d'une image, d'une
sensation ou d'un désir sous la forme astrale où je l'ai
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La transmission de pensée
étudiée, cette image, cette sensation ou ce désir n'arrivent
clairement à la conscience que par une série de
représentations, plus ou moins analogues à celle qui a été
suggérée, qui se multiplient et s'agglomèrent suivant les lois
ordinaires d'association de l'esprit.
Rien n'est brusque dans la transmission de pensée
astrale. Après une longue digestion de l'inconscient qui
apporte au conscient les éléments qui lui conviennent et sont
en tous points adaptés à elle, l'image émise par le penseur
réapparaît vivante et semblable à elle-même dans le cerveau
du sujet, et cela d'une façon si naturelle qu'elle ne peut
l'étonner.
Une pensée transmise mentalement s'impose
directement à celui qui la reçoit, communiquée astralement
elle doit d'abord être acceptée par son inconscient et, en
quelque sorte, lui devenir fraternelle.
M. Ochorowicz s'exprime ainsi sur ce phénomène :
Maintenant, à part la transmission immédiate, il existe
une transmission lente et retardée. L'état du sujet peut ne
pas permettre une communication directe (à cause de la
pression des idées qui l'occupent, ou bien à cause de
l'engourdissement du cerveau), mais la communication
s'effectue tout de même insensiblement et l'idée perçue en
cachette apparaît d'une façon inattendue dans une
expérience suivante ou en dehors des expériences.
Et, plus loin :
Pour expliquer ce fait, autant que possible il faut se
rappeler notre distinction de deux couches inconscientes,
l'une forte qui se manifeste somnambulisme, l'autre faible,
opprimée par celle-ci, soustraite à notre en investigation
directe, mais qui peut à un moment propice reconquérir son
droit d'action. Il paraît que dans cette dernière couche, les
transmissions sont plus faciles, et même qu'elles ont lieu
très souvent sans pouvoir nous donner une preuve évidente
de leur existence. C'est le domaine des « sensations
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La transmission de pensée
imperceptibles » de Leibniz. Elles ne peuvent pas se
manifester immédiatement. Mais si on leur donne le temps
nécessaire pour miner les couches supérieures, elles vont
reparaître à la surface (17).
Ce mode de transmission d'états physiologiques,
moraux ou intellectuels est celui qui se manifeste
constamment dans les transmissions courantes et
involontaires. C'est pourquoi il échappe à l'attention et à
l'observation de la plupart des gens qui ne veulent concevoir
une communication possible d'être à être que si elle
apparaît, dans ses manifestations, immédiate et d'emblée
parfaite. Une telle transmission, qui est la transmission
mentale, n'a aucun intérêt pratique et ne saurait former ces
liens multiples, étroits et si essentiellement malléables qui
unissent les individus entre eux ; car si chaque idée
extérieure qui venait les frapper apparaissait spontanément
et clairement à leur esprit, elle leur semblerait tellement
différente de leur moi qu'ils en concertaient aussitôt la
nature étrangère et la rejetteraient sans même prendre la
peine de la considérer. Mais la Nature, plus sage, a voulu
qu'un intermédiaire invisible et plastique enchaîne les
phénomènes sans brutalité et que, n'étant qu'une cellule d'un
tout auquel il tient et dont il dépend par toutes ses énergies
les plus subtiles et les plus profondes, l'homme puisse
garder l'illusion d'être à lui-même son propre centre et de
posséder la liberté.
Influence involontaire, mais puissante du désir
Mais, à côté du cas de transmission volontaire d'une
sensation, d'un sentiment ou d'une idée d'un être à un autre,
il y a l'influence involontaire des pensées persévérantes,
autrement dit du « désir ».
Que les humains le veuillent ou non, leurs images
mentales et, par suite, leurs vibrations nerveuses habituelles
agissent constamment autour d'eux et tendent à s'imposer
avec plus ou moins de force aux organismes environnants,
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La transmission de pensée
suivant qu'ils ont une extériorisation puissante ou faible ; ce
qui revient à dire que le nombre et l'importance des succès
et des défaites qui se succèdent au cours de leur vie donnent
la mesure et la qualité de leurs représentations cérébrales et
de leur émission astrale.
Ceux qui portent dans les circonvolutions de leur
cerveau des visions claires et tenaces, et dans leurs nerfs un
fluide vigoureux, possèdent les plus sûrs éléments de la
réussite, quels que soient les buts qu'ils se proposent ; car,
dans le monde psychique comme dans le monde de la
matière, le succès n'est pas dévolu aux plus droits ni aux
plus purs, mais aux plus forts et aux plus résistants.
Le désir
Le désir, l'aspiration qui, tout à tour, font souhaiter
atteindre un objet ou un autre, un but ou un autre but, enfin
la réalisation quelconque d'un projet, portent en eux des
énergies actives considérables. Mais il y a deux sortes de
désir : le désir en quelque sorte mental qui naît de la volonté
raisonnable et s'impose à nous sans avoir un véritable lien
de parenté avec notre moi intime, et celui qui n'a pas été
commandé, qui monte des antres les plus secrets de nous,
des besoins mystérieux de notre instinct, des élans de notre
vie affective, des courants héréditaires, en un mot de nos
sources vitales elles-mêmes : sorte d'écho affaibli des
volontés du monde, sorte de pressentiment de notre destin.
Le désir mental demande une tension constante et fatigante de notre conscience pour le maintenir en nous et ne
dispose que de peu de force pour nous mener à la conquête
d'un but convoité ; car nos puissances nerveuses ne sont pas
des esclaves que nous pouvons soumettre à volonté ; elles
ont leur logique et leurs fins propres, et, lorsqu'il leur plaît,
elles refusent de servir nos volontés raisonnables qui ne sont
pas en accord avec elles. L'autre désir, au contraire, à cause
de sa spontanéité et parce qu'il s'adapte étroitement à notre
tempérament et à notre caractère, émeut sans effort nos
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La transmission de pensée
activités vitales ; il les mobilise et les utilise toutes, dès sa
naissance, et leur donne leur maximum d'expansion et
d'activité créatrice en nous et hors de nous. Il développe
notre intuition, nous met en communication avec ceux qui
nous approchent ou même qui sont éloignés de nous,
modifiant leurs pensées et leurs rives ; enfin, par des voies
inconnues, il met en œuvre toutes les forces impondérables
utiles à la réalisation de ce que nous désirons. Ainsi les
événements qui nous arrivent ne sont autre chose que la
troupe devenue vivante de nos désirs profonds, car ceux nés
de notre raison demeurent presque toujours des étrangers en
nous et ne peuvent nous conduire ni bien loin, ni bien haut.
Pour m'exprimer sous une autre forme, je pourrais dire
que le désir logique est celui de la conscience, tandis que le
désir spontané est celui de l'inconscient qui, seul, peut
utiliser les courants du monde puisqu'il communie sans
cesse avec eux. Et lorsqu'il y a conflit entre l'un et l'autre,
comme dans les grandes poussées animales, affectives ou
mystiques de la passion ou de la religion, c'est le dernier qui
toujours l'emporte, sinon dans les faits, du moins dans l'âme
au sein de laquelle ils ont combattu.
L'action du désir
Je ne puis mieux traduire l'action du désir au dehors de
nous que par ces lignes de M. Orison Swett Mardem.
Il y a une puissance créatrice formidable dans la
concentration continuelle de l'esprit sur un désir, une
ambition. Cette concentration développe un merveilleux
pouvoir pour attirer, pour créer les choses après lesquelles
nous soupirons (18).
Quand nous commençons à désirer une chose de tout
notre cœur, nous créons un lien entre cette chose et nous,
lien d'autant plus fort que notre désir est plus ardent et
notre effort pour l'atteindre plus intelligent (19).
Les aspirations de nos âmes, les désirs de nos cœurs,
83
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La transmission de pensée
sont bien autre chose que les rêves de notre imagination. Ce
sont des prophéties, des prédictions, des avant-coureurs des
choses qui peuvent devenir des réalités (20).
Ce que nous désirons ardemment, ce que nous nous
efforçons d'atteindre, tend à devenir une réalité. Notre idéal
est l'esquisse qui précède la réalité, la substance des choses
qu'on espère (21).
« Tout ceci, diront les sceptiques et surtout les
ignorants, n'est que verbiage, et les phrases que vous venez
de nous citer ne sont que des mots que ne soutient aucune
réalité positive. »
Mes expériences m'ont démontré qu'il n'en était point
ainsi, et qu'effectivement tout désir monté des profondeurs
de nous avait une action sur le monde extérieur, qu'il modifiait plus ou moins profondément la vie psychique des
personnes aptes à en percevoir les effluves, les incitant a
réaliser ce à quoi nous aspirions. J'ai vérifié l'existence de ce
phénomène des centaines de fois, d'abord pendant mes deux
années de recherches, et, ensuite, dans la vie courante.
Dans de pareils cas, notre inconscient semble vraiment
posséder un don de double vue qui lui fait toucher
exactement à travers l'espace les personnes qui peuvent être
utiles à la réalisation de ce que nous souhaitons. Je crois
cependant qu'il n'y a là qu'une apparence de choix. Notre
sensibilité nerveuse rayonne vraisemblablement tout autour
de nous, mais ne perçoivent ses vibrations et notre sorte
d'appel psychique que ceux qui ont en eux des pensées ou
des sentiments de l'ordre de ceux que nous émettons.
D'ailleurs je ne cherche à établir aucune théorie. Je
signale simplement les faits que j'ai de nombreuses fois
constatés.
Triage des pensées venues de soi et de celles
venues de l'extérieur
Mais alors, dans cet univers en miniature que chacun
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La transmission de pensée
de nous représente, est-il possible de délimiter les pensées
qui nous appartiennent en propre de celles qui nous viennent
de l'extérieur ? À ceci, je réponds sans hésiter : « Oui, cela
est dans une certaine mesure possible. » Certes, il est en
nous des profondeurs que nous ne pouvons atteindre, il est
des mouvements si ténus, si fugitifs que jamais nous ne les
pouvons déceler. Mais s'il ne nous est pas donné de porter la
lumière dans les moindres recoins de notre temple intérieur,
du moins nous est-il permis de l'y faire luire dans beaucoup
de ses détours que nous laissons ordinairement dans
l'ombre. S'habituer à sentir la pensée volontaire d'un autre
est se préparer à percevoir la pensée involontaire de tous ;
apprendre à reconnaître le procédé d'intrusion des idées
venues de l'extérieur, c'est se rendre capable de noter en soi
le passage des courants psychiques connus, je veux dire de
ceux qui nous viennent de nos proches, de nos amis ou de
ceux avec lesquels nous avons expérimenté et dont nous
connaissons le rayonnement.
Mais à l'identification de quelques pensées volontaires
ou involontaires venues d'autres cerveaux jusqu'à nous doit
se borner notre ambition. Certes, les courants de tous ordres,
humains, électriques, magnétiques ou autres qui viennent
nous frapper se comptent par milliers. Mais si, à leur
passage en nous, nous éprouvons une joie ou une gêne
obscure, en tout cas nous ne pouvons les cataloguer ni les
différencier. Une vie entière d'entraînement ne nous
conférerait pas ce pouvoir. Dans la limite des rayonnements
connus, au contraire, ce n'est qu'une question de patience et
de temps.
Et cette perception des pensées invisibles qui viennent
frapper en amies ou en ennemies aux portes de notre esprit
est loin, malgré ses imperfections, d'être négligeable. Elle
nous permet d'aller plus avant dans la connaissance de nousmêmes, d'analyser mieux les mobiles qui nous font agir, de
développer d'une façon plus complète nos facultés
intellectuelles et de mesurer avec plus d'exactitude nos
possibilités et nos pouvoirs humains.
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La transmission de pensée
La transmission de pensée est un phénomène
constant
Il découle des paragraphes que je viens d'écrire que la
transmission de pensée sans parole, sans contact et sans
signes visibles est un phénomène constant. Seulement,
comme presque tout le monde ignore les lois d'influence des
êtres les uns sur les autres, ceux qui pensent ignorent
l'activité invisible de leur système nerveux et ceux qui
reçoivent leur pensée ignorent qu'ils sont capables de la
percevoir. Ainsi, ni les uns ni les autres n'analysant les
phénomènes dont ils sont les auteurs ou les objets, mille
sensations, mille sentiments, mille rêves passent pour eux
inaperçus, et, de ce fait, demeurent inutilisables.
Bien que nous ne nous en apercevions pas, à toute
heure du jour et même pendant notre sommeil, par le seul
fait que nous existons et rayonnons du fluide vivant, nous
agissons sur ceux qui nous entourent et même sur ceux qui
sont éloignés de nous ; et, de même les autres, sans le savoir
davantage, exercent sur nous une perpétuelle action. Et cette
action est d'autant plus forte qu'elle vient de nos désirs
inconscients qui, comme je l'ai dit précédemment, ont une
puissance de transmission beaucoup plus grande que celle
de nos volontés conscientes.
À chaque instant du temps nous sommes assaillis par la
foule multiple et dense des aspirations, des conceptions et
des rêves de tous les vivants, et aussi par celle des courants,
et des radiations de l'espace que nous acceptons ou rejetons
suivant nos possibilités de réaction et selon la qualité de nos
vibrations nerveuses, plus ou moins éloignées de celles qui
viennent nous frapper et tentent de nous pénétrer et de s'imposer à nous.
Notre existence consiste en une lutte sans fin engagée
entre les forces universelles et nos énergies intérieures. De
cette lutte, nous sortons tour à tour vainqueur ou vaincu,
mais sans que nous puissions nous enorgueillir de notre
victoire ou nous reprocher notre défaite, car, dans un cas
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La transmission de pensée
comme dans l'autre, nous demeurons complètement
ignorants des influences qui nous ont fait agir : les
suggestions auxquelles nous obéissons venant à nous par la
voie de notre inconscient et n'apparaissant à notre conscient
que comme un désir tout formé, adapté, semble-t-il, à nos
aspirations et à nos volontés.
L'influence permanente
Cette influence permanente qu'exercent les hommes les
uns sur les autres nous apparaît avec une rare vigueur
lorsque, ayant reconnu l'existence des courants nerveux,
nous avons appris à délimiter dans une certaine mesure les
désirs et les pensées qui viennent de nous et celles qui nous
arrivent du dehors. Nous sommes alors stupéfaits de devoir
constater que ce que, jusque-là, nous avions considéré
comme le bien le plus intimement et le plus vraiment nôtre,
est précisément la partie la plus mouvante et la plus
impersonnelle de nous.
Ce qui nous appartient ce sont ces quelques idées
logiques, synthèse péniblement élaborée de quelques
phénomènes entrevus. Notre moi, c'est cette fixité que nous
essayons de garder à nos sentiments et à nos conceptions,
fixité qu’heureusement il n'est pas en notre pouvoir de
maintenir, car tout se qui se rapproche de l'immobilité se
rapproche aussi de l'état de mort. Notre moi enfin est ce
point de nous, qui tente de se libérer de ses invisibles
chaînes, de s'isoler et d'échapper à l'emprise universelle.
Mais, quoi qu'il fasse, l'homme plonge encore par de
puissantes racines dans le réservoir d'énergie du monde. Il y
est relié par toute sa vie nerveuse qui, malgré lui, tressaille
et vibre aux souffles impondérables qui le traversent.
Révolté il se redresse ! Qu'est-ce que la terre, et les astres, et
les cieux auprès de sa consciente volonté ? Mais le danger
apparaît ou la passion déchaîne en lui son orage ou la mort
frôle sa chair tremblante et ce en est fait de sa raison : son
moi s'envole, se déchire et se disperse, emporté par les
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La transmission de pensée
courants impétueux de la Nature triomphante. Quoique son
orgueil veuille lui faire croire, il n'est pas un centre, mais
seulement une cellule du grand corps que représente la
famille humaine, laquelle n'est à son tour, qu'une cellule du
corps plus vaste de l'Univers.
L'union immatérielle
Toutes les créatures sont reliées entre elles par les liens
subtils mais combien forts de leur fluide nerveux. Et si cette
union immatérielle avec les êtres et les choses les rend
esclaves, elle leur confère aussi un merveilleux pouvoir :
celui de percevoir en elles l'écho de tout ce qui existe, de
posséder dans leur vie intérieure vibrante la terre, les astres
et les nues, comme aussi tout ce qui dépasse leurs
connaissances d'aujourd'hui et que leur raison ne soupçonne
pas encore.
Et qu'est-ce que la grande famille des vivants sinon un
perpétuel échange d'influences, un équilibre instable qui
s'établit sans cesse entre les tendances et les volontés de
ceux qui la composent, une sorte de creuset dans lequel se
rencontrent, se séparent ou s'amalgament, à chaque instant
du temps, tous les sentiments, tous les désirs et tous les
rêves des hommes, suivant des lois de répulsion et
d'attraction encore un peu mystérieuses, mais qui,
vraisemblablement, seront les notions élémentaires des
générations de demain.
Note. – Si au cours de ces pages je n'ai pas parlé des
expériences de M. de Rochas sur l'Extériorisation de la
sensibilité ce n'est pas parce que je les ignore ni parer
qu'elles ne se rapportent pas à mon sujet, mais parce
qu'elles ont été faites uniquement avec des sujets endormis.
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TROISIÈME PARTIE
Inconscient et conscient
L'inconscient, nous dit M. Ochorowicz, peut être
considéré presque comme un gouvernement secret, souvent,
sinon toujours plus puissant que celui qui sous le nom de
Moi I règne à la lumière du jour, mais ne gouverne pas
(22).
Cette définition, bien que parfaitement exacte, demeure
quelque peu théorique et n'explique point quelles sont les
sources, les moyens d'action et les pouvoirs de l'inconscient.
Mes deux années d'expériences m'ont convaincue que
l'inconscient est cette masse fluide, vibrante et
essentiellement plastique que secrètent nos nerfs et que
contient, sans cependant le retenir en ses bornes, le corps.
Ses moyens d'action sont sa mobilité et son extensibilité qui
lui permettent de dépasser la forme de matière qu'il habite et
de s'en éloigner beaucoup lorsqu'il lui plaît ; et ses pouvoirs
consistent en ses possibilités de communiquer son propre
rythme à la partie impondérable des autres humains et de
recevoir de tout ce qui existe, créature ou matière, des
courants et des ondes qui le font communier d'une manière
subtile avec tout l'Univers.
Des sphères célestes jusqu'à la mousse ou au
coquillage, la création entière nous est alors soumise, vit
dans notre sein et accomplit en nous son œuvre éternelle,
avec la régularité du destin et l'ardeur passionnée de
l'amour (23).
Ces lignes d'Amiel, relatant les impressions qu'il avait
ressenties dans certaines de ses rêveries, ne sont point des
formes de langage au sens indéfini et incertain, mais des
mots recouvrant et contenant en eux, comme une essence
cachée douée de magiques vertus, une réalité psychique.
Elles ne font que relater l'activité de l'inconscient qui peut se
répandre aussi loin que peut l'imaginer l'esprit, se mêler à la
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La transmission de pensée
vie profonde des créatures et des objets et recevoir en lui
toutes les pensées, toutes les images et toutes les vibrations
impondérables du monde.
L'inconscient ne peut se fixer
Mais ces pensées, ces images et ces vibrations qui sans
cesse se heurtent, se fondent ou se séparent à travers
l'espace, sont en perpétuelle recherche d'équilibre et,
constamment, s'agitent et se transforment. De même
l'inconscient qu'ils animent et modifient ne peut se fixer ;
aussi n'est-il autre chose qu'un continuel effort d'adaptation,
qu'une suite de perceptions plus ou moins précises et plus ou
moins fugaces des énergies sans nombre qui composent
l'Univers.
Auprès de ce puissant miroir sur la surface duquel se
jouent comme des fantômes les doubles immatériels des
objets et des êtres, auprès de cette sensibilité subtile qui
possède le pouvoir de s'adapter aux frémissements multiples
du monde, que peut-être le conscient ?
Le conscient donne une fixité
Le conscient, dans l'homme, est cet effort permanent
de synthèse, dont l'action principale est de donner une sorte
de fixité à ce qui, en lui, est perpétuellement mouvant, une
sorte d'apparence particulière à ce qui est essentiellement
impersonnel et universel ; il est cette partie de lui qui,
péniblement retient, agglomère et fixe quelques-unes des
innombrables lumières qui, sans cesse, passent et repassent
dans son inconscient, afin de se constituer un moi défini qui
demeure pareil à lui-même à travers le temps. En d'autres
termes, l'inconscient est ce qui, en lui, sans cesse se modifie,
et le conscient ce qui, sans repos, cherche à se fixer.
Et de même que cette dernière (la vie inconsciente)
tend à exprimer dans un état de conscience et dans notre
subconscience le milieu cosmique entier, de même l'autre
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La transmission de pensée
tâche continuellement de manifester dans les états subjectifs
de l'individu tout le milieu humain qui l'entoure (24).
Le conscient ne peut saisir qu'une image ou qu'une
conception à la fois
Mais l'inconscient qui ressent en lui la palpitation et le
mouvement incessant des choses, l'inconscient qui peut contenir en lui tous les contraires ne peut souffrir la stabilité qui
l'étrique et l'appauvrit. Par contre, le conscient ne peut saisir
qu'une image ou qu'une conception à la fois et ne peut la
conserver qu'au prix d'un effort d'attention qui le met dans
l'impossibilité de rien percevoir d'autre que son objet. De
même, tout ce qui développe les pouvoirs de l'inconscient
(passivité totale du corps et de l'esprit) est précisément ce
qui appauvrit le conscient ; comme tout ce qui augmente le
conscient (concentration mentale) diminue ou supprime les
facultés de perception de l'inconscient. De cette opposition
entre ces deux éléments de sa personnalité est née la lutte
que l'homme a vu se dérouler en lui entre son instinct, ses
sentiments et son intelligence, depuis le jour où, de son
inconscient, a surgi la première lueur de sa conscience.
Car son inconscient n'est pas seulement cet état
d'équilibre instable établi entre les courants de l'espace et
lui ; il a encore une volonté propre qui, souvent, se
manifeste à lui en de brefs éclairs et, dans ses moments de
terreur, de fureur ou de passion, se dresse en lui en maître,
réduisant momentanément son conscient en esclavage et lui
dictant ses inspirations et ses élans. Alors, délivré des
chaînes de sa raison, échappé de la gangue étroite dans
laquelle il était enfermé, l'homme devient plus grand que
lui-même, il sent s'agiter en lui un oiseau aux vastes ailes,
au vol puissant qui l'emporte soudain dans des régions
inconnues que la seule logique ne lui permettait ni
d'imaginer, ni de percevoir, ni d'atteindre.
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La transmission de pensée
L'inconscient : le plus sûr allié
Que cela lui plaise ou non, l'inconscient est un hôte
avec lequel il lui faut compter et dont il lui faut accepter la
présence. Dans tous les domaines de son activité il joue un
rôle extrêmement important, comme je vais le montrer dans
les chapitres suivants. S'il le traite avec égards, s'il lui
accorde sa confiance, il devient son plus sûr allié ; si, au
contraire, il le considère avec mépris et tente d'entraver son
activité, tôt ou tard il se venge et devient son plus dangereux
ennemi. Il doit donc lui réserver dans son existence la part
qui lui revient, s'efforcer de le comprendre et accepter, sans
orgueil, sa collaboration.
Rôle de l'inconscient dans la vie instinctive
Quel est le rôle de l'inconscient dans les manifestations
de l'instinct ?
L'instinct rappelle sans cesse à l'homme ses attaches
avec l'univers et lui transmet ses deux plus expresses
volontés : « Lutte jusqu'à la limite de tes forces pour
conserver en toi l'étincelle de vie que tu as reçue de moi »,
et : « Donne le souffle qui emplit tes poumons à d'autres
créatures qui te continueront et te survivront » ; l'inconscient
apporte à l'instinct les éléments et les énergies nécessaires à
l'accomplissement de ces volontés.
Empêcher l'homme de mettre fin à ses jours
L'homme veut-il attenter à ses jours ? Aussitôt son
inconscient met tout en œuvre pour l'empêcher de réaliser
son projet. Mais, par contre, s'il veut protéger et défendre sa
vie il lui prête aussitôt main-forte. Par une extériorisation
soudaine, il lui octroie la faculté de pénétrer jusqu'au cœur
même des choses, il double son énergie, son courage, sa
perspicacité et multiplie la rapidité de ses déductions, si bien
qu'en moins d'une seconde il mesure dans ses moindres
détails et dans ses moindres conséquences la situation
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La transmission de pensée
périlleuse dans laquelle il se trouve, en même temps qu'il
conçoit les moyens les plus rapides et les plus ingénieux
d'en sortir.
Perpétuer la vie
De même, lorsque l'instinct lui commande de perpétuer
la vie, l'inconscient déploie en lui ses plus puissantes
activités ; car, nulle part plus que dans l'amour, il ne
manifeste son existence et ses pouvoirs avec plus de
constance et de force. Il en est véritablement le principal
acteur, l'essence invisible, de sorte que l'on peut dire, bien
que cela semble paradoxal, que l'acte de la reproduction est
le moins matériel qui soit, quoique, en apparence, la matière
y semble jouer le rôle prépondérant. Il n'est pas un des
regards, pas une des caresses, pas un des gestes de l'amour
qui ne porte en lui un sens caché, qui ne soit l'expression
d'un esprit invisible et ne corresponde à une des lois
psychiques de la Nature. Aussi, lorsqu'il aime, l'homme
n'est-il qu'un pantin dont son inconscient tire savamment les
ficelles.
Le printemps augmente le rayonnement nerveux
À toutes les époques et chez tous les peuples, on a fait
du printemps le symbole de l'amour et non sans motif. Le
printemps en effet, pour des raisons qu'on ne peut encore
expliquer, augmente le capital nerveux de tous les êtres, ce
qui entraîne, même chez les moins sensitifs, une bien plus
grande extériorisation fluidique : d'où cette sensation de
plénitude et d'exaltation que procure toujours la prise de
conscience de la partie immatérielle du monde.
En chimie, il est des corps qui s'attirent et fusionnent
dès qu'ils sont en présence et d'autres qui ne peuvent jamais
se mêler. Il en est de même pour les sexes. Tel homme et
telle femme s'atteindront en dépit de tous les obstacles et
goûteront l'un par l'autre les plus ardentes joies de l'amour,
alors que tels autres ne retireront de leur rapprochement le
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La transmission de pensée
plus étroit que répulsion et haine, comme si, au moment
même où ils s'efforcent le plus parfaitement se fondre,
quelque génie invisible s'attachait à les séparer. Mais,
exception faite de ceux chez lesquels la sensibilité
inconsciente est très développée, les humains mesurent mal
et ressentent peu à l'ordinaire ces attractions et ces
répulsions de leurs énergies impondérables. Le printemps,
augmentant leur rayonnement nerveux et l'extériorisant, les
rend sensibles à ces affinités électives qui existent entre eux
et certains de leurs frères ou sœurs humains ; d'autre part,
cette surcharge de force vitale dont ils sont devenus les
hôtes les oppresse. Aussi, dès que se présente une occasion
favorable, le désir naît en eux avec facilité et, en quelque
sorte, d'une façon mécanique et nécessaire.
L'amour attire l'amour
Dès qu'un être s'est aperçu de l'attraction qu'exerce sur
lui un autre être, il souhaite lui plaire à son tour, le posséder
et, sans cesse, il « pense » à lui. Hors, je l'ai dit au cours de
ces pages, une idée ancrée dans l'esprit mobilise la partie
fluide du corps, en prépare extérieurement l'activité, et
penser fortement à quelqu'un c'est l'attirer. Aussi a-t-on pu
dire avec vérité que « l'amour attirait l'amour ». En effet,
nulle concentration volontaire n'égale en régularité, en
intensité et en durée la concentration involontaire de celui
qui aime et tend ses énergies immatérielles vers l'objet
qu'une sympathie spontanée et irrésistible lui a d'abord fixé.
Nuit et jour et jusque pendant son sommeil il y songe, et
l'appelle, et le vent, tentant, sans le savoir, avec toute sa
force nerveuse extériorisée, de le faire vibrer à l'unisson
avec lui.
Lorsqu'un homme et une femme s'aiment, ce qui établit
forcément entre eux le rapport nécessaire aux échanges nerveux, ils sont déjà mêlés et fondus ensemble par toutes leurs
vibrations invisibles, même s'ils sont éloignés l'un de l'autre.
Aussi n'est-il pas rare qu'ils sentent mutuellement leurs
désirs, leurs idées, et, si ce sont des sensitifs, jusqu'aux
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La transmission de pensée
caresses qu'ils se donnent par la pensée. Ils sont déjà animés
d'un même rythme vital et, psychiquement, un seul être ; ils
se pénètrent jusqu'aux arcanes d'eux-mêmes et se
communiquent jusqu'à leurs frémissements d'âme les plus
secrets ; ils se connaissent comme il leur était impossible de
se connaître avant de s'aimer, et comme il leur sera
impossible de se connaître après qu'ils auront cessé de
s'aimer. Chacun d'eux est comme s'il était aussi l'autre. C'est
pourquoi l'amour leur donne cette sensation de
renouvellement, d'élargissement de leur vie intérieure, et ce
n'est pas là une illusion, car ils se sont vraiment enrichis de
la personnalité de l'autre.
On a coutume de dire que l'amour est aveugle. Non,
psychiquement parlant, l'amour confère à ceux qu'il choisit
pour victimes une clairvoyance et des pouvoirs de
perception de l'impondérable que, sauf les sensitifs, les
humains ne possèdent pas à l'état normal.
Naturellement plus il est profond, ardent, plus il monte
des sources mêmes de celui qui l'éprouve, plus il anime son
inconscient, plus il l'extériorise, et plus il le dote aussi d'une
connaissance subtile et nuancée des énergies invisibles.
L'amoureux voit l'inconscient de celle qu'il aime
Ce que l'amoureux voit de celle qu'il aime c'est, non
ses traits, non ses expressions ou ses gestes visibles, mais
son inconscient, c'est-à-dire ses mouvements intimes,
prolongements des rêves de ses ancêtres et cet amalgame de
tendances innées et d'aspirations multiples qui constituent le
noyau de toute créature humaine ; il voit son fond, ce qu'elle
a en elle d'immuable, d'unique et d'absolument personnel.
Mais lorsqu'il cesse d'aimer, cette faculté de vision interne
disparaît et, de nouveau, il ne découvre plus d'elle que ce
qu'elle a de purement matériel et, dans son existence visible,
de passager et de conventionnel. Alors il accuse l'amour de
l'avoir abusé, de lui avoir montré des trésors là où il n'y
avait que poussière, au lieu de le remercier de lui avoir
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La transmission de pensée
accordé, ne fût-ce que pour un moment, la possibilité de
voir l'essence même d'une âme.
Lorsqu'un homme et une femme sont unis
corporellement
Mais jusqu'à ce que l'homme et la femme qui s'aiment
se soient unis corporellement, ils ne sont que deux cellules
vibrantes réunies en une seule et sont limitées à l'échange de
leurs énergies fluidiques. Ce n'est qu'au moment où,
charnellement mêlés ils se perdent l'un dans l'autre en un
même frémissement, qu'ils se relient aux courants universels
complices et auteurs de leur embrassement. Alors ils
deviennent la proie de l'espace et sentent passer en eux un
flux torrentiel et dévastateur qui entraîne leur volonté et
triomphe de leurs résistances ; ils sont une cellule du Tout,
agissent pour lui, de concert avec lui, et, en retour de cette
soumission à ses volontés il les fait participer à son ivresse
créatrice.
Seulement, cette fusion de deux humains enlacés avec
les palpitations et les remous du monde ne peut s'effectuer
que si l'amour qui les réunit repose sur des affinités réelles
de leur moi vibratoire. À une étreinte sans élan, d'habitude
ou que n'a pas suscité une attraction forte et spontanée, nul
dieu ne préside ni ne participe ; mais à celle qui se noue
dans la folie d'une sauvage véhémence, tous les esprits de la
Nature s'associent et collaborent. C'est pourquoi plus l'être
est primitif, c'est-à-dire rattaché encore aux puissances
générales, plus, en amour, il est traversé par les courants de
l'espace. Microcosme, il reflète alors le macrocosme et, dans
cette minute où il s'abandonne à l'esprit invisible qui
l'anime, rien de ce qui touche à l'Univers ou à ses frères ne
peut vraiment lui être étranger.
Lorsqu'on trompe l'instinct
Je ne puis terminer ce chapitre sans dire quelques mots
des continents qui, essayant de tromper l'instinct, se voient
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La transmission de pensée
condamnée, par excès de fluide vital, au déséquilibre causé
par une trop grande et trop constante extériorisation
nerveuse. Cette extériorisation détermine chez eux une
exacerbation de la sensibilité qui les conduit à ressentir,
dans leur double invisible, ce qu'ils devraient normalement
éprouver dans leur forme matérielle. Toute énergie naturelle
qui ne trouve pas à s'utiliser sur le plan qui lui est propre
tend a s'exercer sur celui qui lui est immédiatement
supérieur. L'instinct sexuel ne trouvant pas chez les chastes
de possibilités de réalisation normale se subtilise et s'en va
chercher, par la voie de l'inconscient dans le monde
impondérable, les éléments nécessaires à sa satisfaction. Les
mystiques qui se sont condamnés à la vie solitaire ont tous
manifesté à des degrés divers ces phénomènes de sensibilité
transposée. Sans doute les sensations qu'ils relataient
(d'ordre d'ailleurs purement amoureux, quoi que puissent
dire ou écrire leurs défenseurs) n'étaient-elles que l'écho de
celles d'autres humains que leur masse nerveuse extériorisée
et affamée d'amour les mettait à même de percevoir et de
ressentir. Il y aurait là une étude intéressante à entreprendre,
à laquelle on pourrait adjoindre celle du succubat et de
l'incubat, si souvent controversés, considérés par les uns
comme une folie et par les autres comme une possible
réalité. Les impressions de présence et d'enlacements
invisibles que disent ressentir certaines personnes ont
certainement pour siège l'inconscient, et pour moyen
l'extériorisation nerveuse. Il ne faut pas oublier que, pour le
sensitif, toute pensée, tout désir forts dirigés volontairement
contre lui ou même qui, par hasard, le traversent de leurs
ondes, sont véritablement tangibles, et qu'entre le monde
fluidique et celui de la matière il n'y a pour lui qu'une
différence de degré. À la lumière de cette connaissance il
n'est pas difficile de comprendre que tout être qui songe
intensément à posséder un sensitif se rend aussitôt à lui
perceptible, et cela à n'importe quelle distance, sous forme
d'attouchements ou de contacts parfaitement délimités qui
peuvent même agir sur lui, dans de certains cas, avec assez
de force pour déterminer en lui des réactions organiques.
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La transmission de pensée
Mais j'en ai dit assez sur ce sujet délicat pour aiguiller
peut-être des chercheurs dans une voie encore mal connue,
mais que je crois féconde, et je vais, sans plus tarder, parler
de l'activité de l'inconscient dans la vie sentimentale.
Rôle de l'inconscient dans la vie sentimentale
Comme je viens de le montrer, l'inconscient joue un
rôle important sur le plan de l'instinct ; sur celui du
sentiment l'action qu'il exerce est si prépondérante et si
continue que l'on peut dire qu'il est l'activité sentimentale
elle-même.
L'instinct de l'homme ne fait appel à l'aide de
l'inconscient qu'à des moments particuliers et pour des buts
personnels ; ses sentiments, au contraire, qui sont
constamment actifs en lui et en dehors de lui, ont
l'inconscient pour terrain et pour arme, et, s'ils sont souvent
aussi égoïstes, ils peuvent être, à l'occasion, désintéressés et
même, parfois, nettement altruistes. Ils représentent
l'élément impondérable et pourtant sensible et palpitant de
l'être humain, comme l'écrit M. Bazaillas :
Le côté mystérieux et obscur des sentiments tient donc
à ce que le commentaire conscient, l'exégèse à laquelle nous
les livrons, est bien loin d'en épuiser le fond ; car ce fond
réside dans les premiers mouvements de la vie, dans la
contraction ou le relâchement d'une activité primordiale,
dans le groupement d'instincts organiques incompris et dans
la répercussion sur le sens vital et sur l'imagination (25).
Les sentiments : mystérieux
En fait, les sentiments paraissent mystérieux parce que
toute logique, telle que la conçoit l'intelligence, en est
exclue. Dans le domaine affectif, l'individu ne porte plus ses
jugements d'après des raisonnements bien déduits et
laborieusement construits, mais bien sous forme de
conclusions immédiates tirées de perceptions directes et
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La transmission de pensée
inconscientes des cas à examiner ; et ses déterminations ne
sont pas motivées par de savants calculs, mais par mille
circonstances intérieures et extérieures qu'il ne peut
expliquer avec son esprit, mais que sa sensibilité nerveuse
perçoit avec rapidité et précision. Aussi, pour paraître
fantasque, si on la considère superficiellement, la logique du
sentiment est-elle aussi implacable que celle de
l'intelligence ; seulement elle est d'une espèce plus nuancée,
plus subtile.
Les facteurs émotifs, dit M. Jastrow, pénètrent plus
profondément que les facteurs intellectuels dans les fibres
de notre être ; moins apparents qu'eux, ils représentent
quelque chose de plus conscient (26).
L'élément affectif est le plus proche de nous
Il est certain, et je crois que personne ne songe à le
contester, que l'élément affectif est celui qui nous semble le
plus proche de nous et le plus véritablement vivant. Cette
impression n'est pas fausse. Notre vie sentimentale fait
partie intégrante de ce qui est en nous le plus sensible et le
plus vibrant ; et nos énergies affectives représentent
véritablement notre plan matériel subtilisé, comme elles
constituent le point d'appui matériel de l'esprit.
J'ai dit, dans le chapitre précédent, que l'instinct non
satisfait sur son plan tentait de s'exercer sur le plan
supérieur ; de même le sentiment qui ne trouve pas sa
satisfaction dans son domaine naturel se subtilise pour
parvenir à s'assouvir. Sur le terrain de l'instinct, l'homme
utilise peu l'extériorisation de sa force nerveuse et seulement
occasionnellement ; sur celui du sentiment il use
constamment de ce mode de perception de l'impondérable
qui le met en communication avec les autres humains ; mais
si, par suite d'une soif sentimentale non satisfaite il gravit un
échelon de plus de la subtilité, il s'extériorise davantage
encore et se trouve ainsi en communication avec les forces
générales et les courants de la Nature. Il a atteint le plan
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La transmission de pensée
mystique qui lui confère le pouvoir de percevoir les
radiations de toutes les créatures vivantes aussi bien que
celles des objets et des astres. Ce plan est l'extrême
aboutissant de l'activité affective.
L'extériorisation extrême
L'état d'extériorisation extrême que requièrent ces
rapports fluidiques étroits avec l'Univers est nécessairement
celui qui demande la plus grande passivité du corps et du
cerveau. C'est la région la plus aiguë de la sensibilité
intuitive. Aussi le mysticisme n'est-il nullement un état
inférieur, et l'intelligence devrait plutôt, bien souvent, lui
envier ses pouvoirs.
Tous les sentiments ne demeurent pas exclusivement
sur leur plan naturel. Enclavés entre le monde de la matière
et celui de l'esprit, ils leur empruntent souvent des éléments.
Aussi en est-il qui ont le caractère de réactions
physiologiques, et d'autres qui sont presque totalement
privés de fluide astral. Par exemple telle bonté sera presque
animale et se bornera à la pitié momentanée : sorte de
réflexe charnel éveillé par la vue d'un être souffrant ou
malheureux, tandis que telle autre ne sera que la
conséquence d'un raisonnement et ne portera en elle aucun
élément émotif vibrant ou sensible. La première, bien que
sans durée, touche et émeut ceux vers lesquels elle se
penche ; la seconde, pour si sage et si durable qu'elle soit, et
pour si actives que puissent être ses manifestations, est
dépourvue de parcelles tangibles, elle est froide,
immatérielle et ne fait vibrer ni les nerfs, ni le cœur de ceux
qu'elle oblige. Quant à celle qu'alimente normalement
l'inconscient, elle est légère, pénétrante et exerce son action
de loin comme de près ; mais elle agit plus par sa douceur et
sa régularité que par sa chaleur et sa force.
Ainsi, de tous les sentiments, ceux qui ont une base
instinctive puissante sont, en bien ou en mal,
communicatifs ; ceux, au contraire, qui prennent leur source
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La transmission de pensée
dans la cérébralité restent enfermés dans l'être et ne peuvent
se communiquer. Mais, quels que soient les emprunts qu'ils
puissent faire aux plans voisins, leur domaine naturel est
l'inconscient, cette sorte de champ électrique dont chaque
organisme est le noyau et qui, suivant la puissance et la
longueur des ondes qu'il dégage et la rapidité ou la lenteur
des vibrations qu'il émet, peut exercer son influence sur un
plus ou moins grand nombre d'individus, et à de plus ou
moins grandes distances. C'est pourquoi le plan sentimental
reste la voie la plus constante et la plus certaine des relations
invisibles entre les humains.
Rôle de l’inconscient dans la vie intellectuelle
Si l'inconscient est le maître de l'instinct et l'égal du
sentiment, il n'est que le serviteur de l'intelligence.
Le premier acte de l'esprit est de prendre conscience
des perceptions et des réactions de l'inconscient, le second
de les organiser logiquement et le troisième de
communiquer à d'autres les résultats de ses efforts d'analyse
et de classification. Or, dans ces trois opérations il en est
deux, la première et la dernière, qui demandent
expressément l'aide de l'inconscient. Dans la première,
l'inconscient apporte à l'intelligence des éléments
d'observation et d'analyse et, dans le dernier, il se ressaisit
de ceux d'entre eux qu'elle a choisis pour les amalgamer, les
enrichir d'images et de combinaisons, et, surtout, pour les
charger de l'énergie active nécessaire à leur durée et à leur
expansion. Mais cette collaboration entre le conscient et
l'inconscient, entre le mental et l'astral est plus ou moins
constante et étroite suivant les individus. Chez les uns, la
raison et la sensibilité se prêtent constamment appui et ne
peuvent exister l'une sans l'autre ; chez les autres, il existe
entre elles comme une ligne de démarcation causée, soit par
le tempérament de l'individu, soit par l'éducation, soit par la
volonté. Mais l'intelligence, qui ne se sert que de ses propres
ressources et qui se borne à délimiter suivant un ordre rigoureux des phénomènes ou des idées n'est douée d'aucun
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La transmission de pensée
apport fluidique. Or, nous avons vu que le fluide vital a une
sorte de consistance et rayonne de la chaleur. Il en résulte
que l’intelligence qui en est dépourvue est froide, au sens
concret de ce mot, qu'elle ne se communique aux autres
qu'avec peine et que, en tous cas, elle attire peu et convainc
difficilement. Elle est comme un squelette qui, étant privé
de larynx et de bouche, voudrait néanmoins parier et se faire
entendre des hommes par des mots. De plus, l'intelligence
qui est limitée à ses propres forces est pauvre, parce qu'elle
n'a à sa disposition que des données théoriques, c'est-à-dire
mortes des phénomènes. Plus un esprit est vaste, pénétrant
et communicatif, plus il se nourrit de l'inconscient, plus il lui
emprunte de nuances, de sensibilité et de force rayonnante.
Il a alors pour terrain d'activité et pour solide appui les
formes et les courants innombrables du monde qui
alimentent, réchauffent et animent ses raisonnements et ses
conceptions, leur communiquant cette palpitation vivante et
inimitable de ce qui est. C'est de l'inconscient que
l'intelligence a surgi au cours des âges ; c'est de son sein
qu'elle s'est échappée, et elle ne peut conserver sa force et
ses moyens d'action que si elle reste reliée à lui et si elle
utilise ses énergies fluidiques.
La transmission de la pensée par voie cérébrale pure
est encore embryonnaire chez la plupart des individus, et le
langage astral est le seul jusqu'à présent qui soit commun à
tous, que tous comprennent et par lequel tous soient
touchés.
L'imagination
Mais par quelle voie et à l'aide de quel intermédiaire
l'intelligence communique-t-elle avec le rayonnement
nerveux ? L'intelligence est maintenue en rapport avec le
plan astral par l'imagination.
L'imagination peut être considérée comme le degré
supérieur et déjà intellectualisé du monde affectif et comme
le degré inférieur et encore fluidique du monde mental. En
102
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La transmission de pensée
effet, elle peut affecter une double forme : elle peut être
passive ou active. Passive elle est la perception devenue
consciente des courants et des images qui traversent
l'inconscient ; active elle prend l'énergie fluidique de
l'inconscient pour la modeler en formes nouvelles qui
construisent dans l'impondérable ce que l'intelligence
édifiera ensuite avec de la matière. Pour s'exercer, l'une a
besoin de la passivité du corps et de l'esprit, ce qui montre
ses liens étroits avec le domaine sentimental ; l'autre doit se
ramasser sur elle-même et se concentrer, ce qui la rattache
nettement au domaine mental.
Ainsi, grâce à cette faculté au double visage, le
sentiment et la cérébralité peuvent se joindre. L'être humain
n'est fait, depuis la partie la plus dense et la plus visible de
lui-même, jusqu'à la plus subtile et la plus invisible, que
d'une série ininterrompue d'échelons. Dans la nature, il n'est
pas de transformations brusques, ni de heurts ; et dans la
créature, comme partout ailleurs, il n'est qu'une
impressionnante et magistrale continuité.
Rôle de l'inconscient chez l'enfant et chez le
vieillard
L'activité inconsciente résume à elle seule toute
l'existence de l'enfant. Il a en lui une surabondance de fluide
nécessaire à sa croissance, et ce fluide sans cesse déborde de
lui, le maintenant en contact étroit avec la vie générale. Par
les antennes de sa force nerveuse extériorisée il perçoit des
impressions, des sensations et des visions qui alimentent son
imagination et ses premiers raisonnements. Son activité
intérieure n'est qu'une perpétuelle réaction aux ondes, aux
vibrations et aux courants immatériels qui viennent
l'assaillir.
Tout est pour lui lumière et mouvement puisqu'il
perçoit les agents internes et intimes de tout ce qui l'entoure.
Il se laisse entraîner, cellule consentante, au rythme
immense du tout. Il vit, il frémit, il respire les souffles venus
103
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La transmission de pensée
de tous les coins du monde ; c'est pourquoi ses joies et ses
chagrins, mêlés aux forces universelles et augmentés par
elle, le prennent tout entier. Et pour lui tout est espérance
puisqu'il voit et sent partout le renouvellement des choses.
L'être âgé ne reçoit plus aucun élément du dehors
Au contraire, chez l'être chargé d'ans il n'est plus
d'énergie rayonnante. Au cours des années, son inconscient
a vu se diminuer son capital fluidique et, finalement, il s'est
replié et n'existe plus qu'à l'éclat d'un faible noyau sensible
encore, mais étouffé sous les muscles et la chair alourdis.
Aussi le vieillard, ne recevant plus aucun élément du dehors,
ne peut plus se nourrir que de son propre fond, des
souvenirs qu'il a gardé d'un autre âge. Bien que vivant
encore, il n'a plus que des liens desserrés et peu nombreux
avec l'espace ; il est, par rapport au tout, comme une cellule
déjà desséchée qui ne tient plus du corps que par une attache
fragile qu'un rien peut rompre et réduire à néant. Pour lui,
tout est déjà stagnation puisqu'il ne peut plus percevoir que
l'apparence solide des objets. Il ne porte plus en son cœur
que des regrets nés des réminiscences confuses et voilées
d'une époque où, dans sa poitrine et dans son âme, il
entendait encore tous les chants d'oiseaux et voyait se
dérouler les visions du printemps. Il croit être devenu clairvoyant et sage parce que tout lui apparaît avec des contours
nets et délimités, alors qu'il est seulement devenu aveugle et
qu'il a perdu le sens qui lui permettait de communiquer avec
l'invisible. Il se croit enfin dans le domaine de la vérité alors
qu'il est seulement enfermé dans celui de l'erreur.
Il peut encore argumenter, mais seulement sur des
éléments morts, car il ne sent plus, ne perçoit plus ce qui
seul pourrait donner à ses raisonnements une base vivante et
une énergie transmissible. Il ne peut plus remuer que ces
concepts vides : squelettes que n'alimentent plus en chair et
en muscles les courants du monde. Enfin il ne sait plus ni
vraiment se réjouir ni vraiment pleurer, car ses joies et ses
chagrins sont limités à lui-même et n'empruntent plus les
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La transmission de pensée
puissances de l'immensité.
Chez l'enfant, l'inconscient est à son maximum de force
et d'activité ; chez le vieillard il n'est plus que l'écho très
affaibli des vibrations et des ondes sans nombre dont
l'espace est constamment empli.
Rôle de l'inconscient chez la femme et chez
l'homme
Je l'ai dit plusieurs fois au cours de ces pages,
l'inconscient peut, par la dispersion de ses énergies
qu'entraîne la passivité du corps et de l'esprit, prendre un
contact direct avec l'univers, être traversé par ses radiations
et ressentir en lui ses vibrations invisibles ; ou bien il peut
être sculpté puis projeté du dehors sous une forme choisie
par le cerveau tendu et concentré. Dans le premier cas, il
participe à la vie de l'espace et sent s'agiter en lui le monde ;
dans le second il n'est que l'esclave des volontés d'un seul.
Ces deux activités étant contraires, il est rare de les
rencontrer ensemble, et surtout au même degré, chez un seul
individu. Aussi, en tenant compte des exceptions que
comporte toute généralisation, on peut affirmer que, soit par
suite de son organisation physiologique particulière, soit par
éducation, l'inconscient borne chez la femme son activité à
la perception de la vie générale.
Les conditions d'existence qui, depuis des siècles, lui
ont été imposées par la nature et par la société l'ont
condamnée à la passivité cérébrale ; aussi ne peut-elle, sans
le violenter, étriquer son rayonnement nerveux, puis le
modeler et le projeter activement vers l'extérieur. La faculté
de construire mentalement et avec logique sur des données
détachées de réalité tangible et sensible est encore
embryonnaire chez elle.
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La transmission de pensée
L'homme ne voit dans son inconscient qu'un esclave
L'homme, au contraire, ne voit dans son inconscient
qu'un esclave soumis à ses conceptions et à ses volontés.
Accoutumé par hérédité à le retenir en lui et à le réduire en
esclavage, il ne connaît guère l'état de relâchement du corps
et de l'esprit que procurent de longues heures occupées à des
rêveries sans objet. De plus, son cerveau habitué à être le
maître ne peut que difficilement accepter la subordination à
cette partie de lui qu'il méprise un peu et qu'il croit, à tort,
être inférieure à sa raison. Aussi le domaine de l'astral, qui
est celui des perceptions infinitésimales, des nuances
subtiles et des sensations immatérielles est-il le plus souvent
atrophié en lui.
Son terrain d'évolution le plus habituel est celui des
abstractions et des théories ou celui de l'utilisation directe de
la matière. Il peut cérébralement construire à vide et se satisfait aisément avec ses propres conceptions, se créant à luimême son univers mental qui, vu les capacités de l'intelligence humaine, est forcément très limité. La femme, elle, ne
conçoit qu'une argumentation établie sur des bases prises
dans le sensible et dans le vrai ; de plus, ayant par son
extériorisation nerveuse un permanent contact avec la vie
universelle et étant ainsi constamment mêlée à l'immense et
à l'illimité, elle se trouve à l'étroit dans la contrée aride aux
bornes resserrées de la seule raison. Son être intérieur
réclame à tout prix de l'air, de l'espace et de la liberté, et ne
peut accepter, sans répulsion, les limites de la logique
humaine.
L'homme et la femme, séparés par des barrières
invisibles
Le résultat de cette divergence entre les activités
psychiques des deux sexes est l'incompréhension notoire qui
a toujours présidé à leurs rapports. L'homme et la femme,
que le désir ou l'amour rapproche, se voient en effet la plus
souvent, dès le premier contact, séparés par des barrières
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La transmission de pensée
invisibles mais infranchissables.
La femme demande à l'amour ce qu'il contient de plus
psychique, de plus immatériel, ce que l'homme, bien
rarement, sait et peut lui donner, sa constitution et ses
tendances le conduisant à des solutions rapides et précises
sur le plan matériel. D'où le désenchantement profond,
incurable et secret que tant de femmes éprouvent dans les
échanges amoureux.
Quand ce désenchantement ne se produit pas, c'est que
l'activité physiologique et par suite psychique de la femme
se trouvent ressembler, par quelque point, à celles de
l'homme ou que la sensibilité nerveuse de l'homme se
rapproche par la qualité, le nuancé et la délicatesse, de celle
de la femme.
Mais cela est le cas le plus rare. Aussi peut-on assister
d'une manière constante, entre les amants et les époux, à la
naissance et au développement du classique malentendu
qu'ont mis en relief les littérateurs de tous les temps et de
tous les peuples.
Mais si, jusqu'en ces dernières années – en France du
moins – la femme ne possédait que le plan moyen du
sentiment et de l'intuition, l'éducation actuelle, qui la pousse
vers le sport et les études, tend à rapprocher sa vie
inconsciente de celle de l'homme. Arrivera-t-elle ainsi à
détruire en elle la dispersion de ses énergies astrales qui
semble être une des conditions de son organisme et de ses
fonctions de reproductrice ? L'avenir le dira.
Rôle de l'inconscient dans l'activité de l'artiste et
du scientifique
Le rôle de l'inconscient dans l'art est considérable, car
sa perception des courants et des vibrations de l'univers en
fait pour l'artiste la source même de l'inspiration.
L'intelligence livrée à elle-même ne peut que tirer des
conclusions sur ce qui est. Elle ne crée pas, n'a aucune
107
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La transmission de pensée
chaleur ni aucun frémissement émotif, et lorsqu'elle veut se
manifester aux autres et les toucher il lui faut emprunter, au
moins pour un moment, les forces sentimentales par
lesquelles, seulement, les hommes peuvent se deviner, se
pénétrer et se comprendre en s'unissant fluidiquement dans
l'invisible. Aussi l’œuvre d'art, qui a pour essentielle
mission d'émouvoir à l'aide de formes, d'images ou de sons,
doit contenir dans ses moindres parties cette vie rayonnante
émanée de l'inconscient ; vie qui possède le pouvoir
d'imprégner les objets et les êtres, de demeurer en eux,
manifestant seulement sa présence par l'attrait particulier et
indéfinissable dont elle les pare.
Le pouvoir des substances nerveuses impondérables
Plus une mélodie, une statue, un tableau ou un livre ont
été formés et contiennent de substance nerveuse
impondérable, plus ils sont marqués de ce cachet personnel
et génial qui ne peut ni s'apprendre, ni se répéter, et plus
aussi ils résistent à l'action destructive du temps.
Telles phrases musicales sans complications ni apprêt
touchent et font vibrer jusqu'à l'âme, tandis que telles autres
aux harmonies compliquées ou formées de mots choisis et
rares laissent indifférent. Les unes ont jailli des profondeurs
de l'inconscient de leur auteur, elles sont chaudes, émues et
ressuscitent – par cette voie particulière que les savants ne
peuvent encore expliquer – en ceux auxquels elles
s'adressent, les impressions subtiles gaies ou douloureuses
de celui qui, en les fixant sur le papier, a versé en elles
comme un parfum mystérieux son fluide vital extériorisé ;
les autres ne sont que des sonorités et des paroles vides et
mortes qui ne rayonnent pas alentour.
C'est bien la vie émotionnelle, la vie passionnelle dans
toute sa brutalité, qui nous apparaîtra cette fois comme
étant le véritable principe de l’œuvre d'art. Vie passionnelle
et qui constituera au-dedans de nous comme un art
immédiat, dont celui auquel on donne habituellement ce
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La transmission de pensée
nom apparaîtra comme une sorte de reflet, une ombre, une
image infidèle. Et c'est donc à l'intensité même de la vie que
l'on demandera le secret de la vie esthétique (27).
.................................................................................................
S'il est un caractère de cette œuvre (l’œuvre d'art) qui
m'apparaisse comme primordial, c'est bien cette
« correspondance » que Baudelaire a magnifiée. Non pas
seulement en vertu d'une synesthésie incontestable, entre les
divers sens, mais aussi entre le monde de la chair, tout
vivace et immédiat, et celui de l’intelligence, non point
détache abstraitement sous prétexte d'épuration, mais
incarné entre le monde intérieur qu'on appelle l'âme et le
monde extérieur qu'on nomme les choses (28).
Ainsi parle M. Segond. En effet, l'artiste puise les
éléments de son œuvre dans sa vie passionnelle, reflet et
écho de tout ce qui existe dans l'univers, et il les transmet à
d'autres à l'aide des couleurs, des sons ou du langage suivant
ses tendances particulières ; mais, toujours, il introduit dans
ses réalisations de la substance véritable des choses, des
créatures et de lui-même. Un homme peut travailler pendant
des années, s'il ne possède ce pouvoir d'extériorisation
nerveuse qui lui permet de communiquer directement et
intimement avec le monde et avec ceux qui l'entourent, il ne
pourra acquérir qu'une technique et n'enfantera que des
productions froides et sans lumière ; car les qualités
essentielles à toute production artistique sont l'émotion de la
vie.
L'artiste doit d'abord être un sensitif
Quel que soit le domaine dans lequel s'exerce son
activité, l'artiste doit d'abord être un réceptif : un sensitif
dont les perceptions nerveuses nuancées et multiples sont le
trésor dans lequel il puise lorsque, saisi par l'inspiration, il
éprouve le désir de mettre au jour un enfant de son esprit.
Plus il est grand, plus les échanges entre son inconscient et
son conscient sont nombreux et constants. Son inconscient
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La transmission de pensée
propose, son conscient trie, dispose, ordonne, et, finalement,
l’œuvre d'art, née d'un désordre et d'un tumulte intérieurs,
prend corps, se précise et s'extériorise, transportant à son
tour les parcelles vivantes dont elle a été tissée et nourrie.
Mais le premier jaillissement des idées heureuses a lieu
dans l'inconscient.
Je me sens forcé de laisser déborder de tous côtés les
flots d'harmonie provenant du foyer de l'inspiration.
J'essaie de les suivre, je les reprends passionnément ; de
nouveau ils m'échappent et disparaissent parmi la foule de
distractions qui m'entourent. Bientôt je ressaisis
l'inspiration avec ardeur ; ravi, j'en multiplie toutes les
modulations et au dernier moment je triomphe de la
première pensée...
écrivait Beethoven. Peut-on mieux exprimer le
phénomène de l'éclosion des premiers mouvements
intérieurs de l'inspiration que discipline et utilise ensuite la
raison ?
L'artiste a besoin d'une puissante énergie fluidique
Mais comme, pour pouvoir rendre perceptibles à
d'autres les images, les sensations et les impressions qu'il
porte en lui, l'artiste a besoin d'une puissante énergie
fluidique, cela revient à dire que celui qui n'a qu'une pauvre
extériorisation nerveuse ne peut réaliser que des œuvres
faibles et sans durée. Elles peuvent être parfois perceptibles
au petit nombre de ceux qui se trouvent vibrer
synchroniquement avec elles, mais elles demeurent
étrangères aux foules qu'il leur est impossible de guider et
de modeler à leur gré.
Celui-là seul atteint à la gloire qui porte en lui la
faculté de créer autour de lui des ondes psychiques assez
fortes pour pénétrer et influencer tous les individus. Alors il
impose son rythme intérieur à tous ceux qui sont placés dans
la sphère de son activité, c'est-à-dire à tous ceux vers
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La transmission de pensée
lesquels est dirigée sa volonté.
Le cas de l'acteur
Cette action peut surtout être étudiée directement dans
le cas de l'acteur. L'acteur n'est pas qu'un pantin imitateur ;
il est aussi un créateur, en ce sens qu'il lui faut redonner
psychiquement une forme, des visages et la vie aux
personnages qu'il est chargé d'incarner. Il lui faut les
modeler, les sculpter dans la matière fluidique et leur
communiquer une telle intensité de vibrations, une telle
précision de lignes qu'ils puissent devenir perceptibles aux
sens psychiques de ceux qui le regardent jouer. À cela la
seule technique ne saurait suffire. Certes, les mouvements
classiques et les ficelles de métier que l'on enseigne aux
acteurs ont bien peur effet, sans qu'ils le sachent,
d'extérioriser leurs forces nerveuses, de rendre leurs gestes
magnétiques et leurs paroles suggestives. Mais cela n'est
point assez. Il faut, avant tout, qu'ils aient en eux une source
généreuse de fluide astral, il faut qu'ils possèdent ce
rayonnement vital vigoureux et nuancé à la fois que rien ne
remplace, et cette sensibilité particulière de perception qui
leur fait puiser dans les âmes et dans les cœurs de ceux qui
aiment, jouissent et souffrent les éléments émotifs et vivants
de leur art. Et ce sont ces éléments vrais qu'ils font ensuite
passer dans leurs attitudes et dans leurs inflexions,
redonnant ainsi aux personnages ce caractère spécifique
sans lequel ils ne sauraient être ni touchants, ni
psychologiques.
Plus un acteur a de talent ou de génie, plus il reproduit
dans chacun de ses regards, dans chaque nuance de sa voix
et même dans chacun de ses silences des rythmes qu'il a
puisé dans la Nature et dans l'Univers. Car le silence et
l'immobilité de l'acteur ne sont point rides. Pendant que son
corps semble inerte et sans pensée apparente, sa force
nerveuse vibre intensément, s'échappe de lui et crée autour
de lui des ondes de sensibilité qui agissent sur ceux qui
l'entourent, éveillant en eux l'émotion ou l'état d'esprit qu'il
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La transmission de pensée
désire leur communiquer.
Chaque artiste est unique
Mais l'émission nerveuse de chaque personne a une
qualité vibratoire particulière. C'est pourquoi, si l'on peut
imiter les gestes et les intonations d'un acteur et son style
même, on ne peut reproduire l'extériorisation fluidique plus
ou moins puissante ou subtile qui donne la vie à ses gestes,
à ses intonations et à son style, et qui constitue l'essence
même de son art, ce qu'il a d'essentiellement personnel et
d'inimitable. Et l'émotion qu'il nous donne ne peut nous être
procurée de même par un autre, car elle ne naît que de la
parfaite concordance entre l'activité de son conscient, de son
inconscient et de son corps.
Acteurs à action passive et acteurs à influence active
Il est deux catégories d'acteurs nettement distinctes :
ceux à action passive et ceux à influence active. Les uns
prennent et entraînent le public par le rayonnement astral
que suscite leur émotion même, et cela avec une faible
activité cérébrale ; les autres agissent mentalement par la
tension consciente de leur pensée. Les premiers émeuvent
parce qu'ils communiquent avec leurs auditeurs par la voie
de l'inconscient ; les seconds se font seulement admirer car
leur art est purement intellectuel : il projette, s'impose, mais
n'attire pas ni ne réchauffe. Cependant, si la puissance
vibratoire de l'artiste joue un rôle important dans ses succès,
il n'en reste pas moins que la base des échanges entre un
acteur et ceux qui l'écoutent sont les affinités naturelles qui
existent entre lui et eux. Aussi plus l'artiste a une façon de
vibrer qui ressemble à celle du plus grand nombre, c'est-àdire qui porte en elle des variétés nombreuses de sentiments
humains, plus il est goûté et applaudi. Par contre, celui dont
l'inconscient a un rythme trop uniforme, trop différent de la
normale ou très particulier peut difficilement être compris et
admiré. C'est ce qui explique que tant d'artistes, même
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La transmission de pensée
parmi les plus grands, aient été discutés et le soient encore.
Ceux qui retrouvent en eux leur propre sensibilité les
comblent d'éloges, les autres crient à l'incompréhensible et
les condamnent.
L'œuvre littéraire
Il en est de même pour l'œuvre littéraire. Tel mot, telle
phrase ne reprennent le sens en eux mystérieusement
enfermé qu'au moment où, lus par un être qui vibre à
l'unisson avec eux, toute leur lumière ou toute leur ombre
leur est restituée.
La valeur et la portée d'une expression ne peuvent être
perceptibles pleinement qu'à ceux qui l'ont portée en eux,
vécue et sentie comme l'a portée, vécue et sentie celui qui l'a
extériorisée par l'écriture. Pour cette raison les chefsd'œuvre les plus incontestés ont trouvé, de leur temps et
après eux, des détracteurs qui, ne pouvant que les
comprendre et non percevoir en eux la vie palpitante qu'ils
contenaient, les trouvaient froids et sans intérêt.
Le débat récent, engagé par M. l'abbé Brémond sur la
« poésie pure », qui a mis aux prises les sensitifs et les non
sensitifs, a fait ressortir avec force les divergences totales
qui existent entre ceux dont la vie intérieure prend sa base
dans l'inconscient et ceux dont l'activité est purement
mentale.
M. l'abbé Brémond qui, à l'évidence, appartient à la
première catégorie, sent avec la plus absolue certitude (et
c'est lui qui a raison contre ses contradicteurs qui sont des
aveugles psychiques) « que les mots n'agissent pas
seulement et d'abord en vertu de leur beauté propre,
pittoresque ou musicale » et que « nous nous offrons à ces
vibrations fugitives, si exquises d'ailleurs que soient leurs
caresses, non pour goûter le plaisir qu'elles donnent, mais
pour recevoir le fluide mystérieux qu'elles transmettent (29).
On pourrait appliquer à ceux qui essayaient de lui
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La transmission de pensée
démontrer sa prétendue erreur, cette phrase de M. Benda :
On ne remarque pas toujours assez que le dédain à
l'égard d'une faculté de l'esprit coïncide avec le fait qu'on
ne la possède pas (30).
Et, en fait, ils ne sont vraiment, auprès de celui qu'ils
traitent de visionnaire, que de pauvres infirmes psychiques
aux perceptions inconscientes inexistantes qui essayent de
parler d'une lumière qu'ils n'ont jamais même entrevue, et
dont jamais il ne leur sera donné de sentir la chaleur ni de
contempler les rayons.
L'extériorisation permanente vécue par Baudelaire
Je ne puis me retenir de citer quelques lignes de
Baudelaire qui montrent parfaitement l'extériorisation
permanente dans laquelle vit l'artiste et, spécialement, le
poète.
Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu'il peut
à sa guise être lui-même et autrui. Comme ces âmes
errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans
le personnage de chacun. Pour lui seul, tout est vacant (31).
Celui-là seul qui épouse facilement la foule connaît des
puissances fiévreuses dont seront éternellement privés
l'égoïste, fermé comme un coffre, et le paresseux, interné
comme un mollusque. Il adopte comme siennes toutes les
professions, toutes les joies et toutes les misères que la
circonstance lui présente (32).
.................................................................................................
Ce que les hommes nomment amour est bien petit, bien
restreint et bien faible comparé à cette ineffable orgie, à
cette sainte prostitution de l'âme qui se donne tout entière,
poésie et charité, à l'imprévu qui se montre, à l'inconnu qui
passe (33).
On ne saurait mieux faire sentir le perpétuel contact qui
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La transmission de pensée
existe entre l'artiste et tous les autres êtres, et cette mobilité
extrême, cette réceptivité constante de sa masse nerveuse
qui peut percevoir avec la plus grande facilité les
innombrables courants de l'espace ; réceptivité grâce à
laquelle il éprouve jusqu'en ses fibres les plus intimes la
fraternité de la créature, non seulement avec tous les
humains, mais aussi avec les animaux, les plantes et tout ce
qui est inanimé.
Le scientifique a aussi besoin de son inconscient
La vraie poésie est plus vraie que la science, parce
qu'elle est synthétique et saisit dès l'abord ce que la
combinaison de toutes les sciences pourra tout au plus
atteindre une fois comme résultat. L'âme de la Nature est
devinée par le poète, le savant ne sert qu'à accumuler les
matériaux pour sa démonstration (34).
Malgré ces lignes d'Amiel, qui pourraient faire croire
que l'inconscient, si nécessaire à l'artiste, doit être presque
inemployé par le scientifique, il n'est pas inutile à ce dernier.
Il est vrai qu'il l'utilise moins souvent et moins
complètement que l'artiste ; cependant il met aussi en œuvre
les matériaux qu'il lui apporte et emploie ses pouvoirs
constructifs. Car l'inconscient reste pour tous les vivants le
noyau, le foyer central et actif d'où monte toute véritable
flamme. Et il n'est pas d'homme de science, fût-il un
mathématicien, qui ne doive à son intuition, c'est-à-dire à
son activité inconsciente la partie la plus personnelle et la
plus géniale de son œuvre.
Presque toutes les découvertes ont été dues, non au
calcul, mais à une soudaine illumination, à une perception
immédiate de certains rapports existant entre des
phénomènes parfois très éloignés en apparence :
illumination et perception qui naissaient soit au cours du
sommeil, soit brusquement, alors que le cerveau semblait
être occupé ailleurs. De même, plus d'un savant a vu se
solutionner et se résoudre inconsciemment des questions et
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La transmission de pensée
des problèmes qu'il étudiait vainement depuis longtemps.
Différence entre l'artiste et le scientifique
Au point de vue de la création, c'est-à-dire de l'idée ou
de la conception géniale du point de départ, le scientifique et
l'artiste agissent donc de même. Mais, là où ils diffèrent,
c'est dans l'utilisation qu'ils font des éléments qui leur sont
apportés par l'inconscient. Le premier les soumet, aussitôt
qu'il en a pris conscience, à une analyse rigoureuse et à un
travail logique de comparaison et de déductions, tandis que
le second les ordonne suivant un rythme défini qu'il porte en
sa sensibilité psychique et auquel tache de les soumettre le
plus étroitement et le plus exactement possible son intelligence.
Dans ses recherches, le scientifique cherche avant tout
l'exact et le vrai, tandis que l'artiste cherche le beau. Mais,
pour si différents qu'apparaissent d'abord les termes
employés pour définir les buts de l'homme de science et
ceux de l'homme de l'art, ils sont très proches l'un de l'autre
en ce sens que la beauté, pour mériter ce nom, doit traduire
de certains rythmes, de certaines harmonies prises dans
l'Univers ; elle est donc vraie, elle a une base dans le réel et,
même, sa perfection est en raison directe de la proportion de
vérité quelle contient et dont elle est la visible expression.
Aussi la seule divergence profonde qui sépare le scientifique
de l'artiste est que le premier éprouve constamment le
besoin de disséquer tout ce qui s'offre à son intelligence,
tandis que le second n'en ressent d'autre que d'ordonner les
formes, les couleurs ou les tons que sa sensibilité nerveuse
apporte à son esprit.
L'analyse est l'arme bienfaisante du savant ; elle est
l'arme meurtrière de l'artiste, parce qu'elle brise en lui tout
élan et dissocie les éléments émotifs qui ne peuvent naître
que d'une coordination spontanée d'éléments fluidiques ;
coordination qui peut-être constatée, sentie, mais qui ne peut
être produite à volonté ni être disséquée. On dissèque un
116
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La transmission de pensée
cadavre ; on ne peut disséquer ce qui est vivant.
Mais, pour être aux deux pôles extrêmes de la vie
intellectuelle, l'artiste et le scientifique doivent laisser à leur
inconscient le rôle primordial ; c'est en lui qu'ils doivent l'un
et l'autre puiser s'ils veulent pouvoir nourrir et rendre
féconde l'activité de leur cerveau.
Sur le rôle à laisser à l'inconscient dans les
méthodes de travail
Chaque réalisation requérant des qualités particulières
et chaque personne ayant des facultés d'une espèce définie,
il est de toute évidence qu'il n'est pas qu'une méthode de
travail.
Un travail manuel ou corporel demande surtout un
déploiement d'énergie musculaire, une production artistique,
un effort astral et une déduction scientifique, une activité
mentale. Mais que l'œuvre à accomplir soit matérielle ou
qu'elle dépende du sentiment ou de l'esprit, un même
principe demeure : il faut laisser à l'inconscient une part de
collaboration infiniment plus importante que celle qu'on lui
concède généralement.
On ne saurait trop dire et redire que toute
concentration, que toute activité cérébrale annihile
momentanément ou de façon durable, suivant qu'elle est
passagère ou constante, l'extériorisation passive de
l'inconscient. Aussi les facultés de perception nerveuse sontelles en raison inverse de la tension mentale ; et le
développement intellectuel est-il, en principe, la négation de
la prise de contact directe avec l'univers. Mais, comme je l'ai
déjà expliqué, la base de toute production, la source à
laquelle doit s'abreuver l'intelligence est précisément
l'extériorisation nerveuse. Il est donc absolument nécessaire
de lui conserver sa spontanéité et sa vigueur.
Cependant, par une sorte d'effort inverse, au lieu de
puiser dans cette multitude d'éléments que lui apporte sans
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La transmission de pensée
cesse la partie impondérable et invisible de lui et qui lui
permettraient de bâtir un palais, l'homme s'acharne à vouloir
construire, avec sa seule raison, de pauvres demeures qui
suffisent à peine à le satisfaire et lui demandent un énorme
labeur.
Collaborer avec son inconscient
Au lieu de dédaigner cet hôte invisible qu'il porte en lui
et de repousser son aide, il ferait mieux de lui tendre une
main fraternelle, car il pourrait lui rendre d'inestimables
services. Grâce à lui, il pourrait conquérir le pouvoir de
travailler plus vite et mieux que lorsqu'il n'utilise que sa
logique et sa raison ; grâce à lui, il pourrait recevoir de
l'univers des intuitions, des compréhensions spontanées sans
lesquelles son intelligence est nue et morte, et des élans
d'inspiration qui vivifieraient ses raisonnements et ses
conceptions.
Celui qui veut travailler avec profit doit donc mettre
toute son attention à le bien connaître et à en comprendre les
facultés, afin de mieux utiliser ses ressources qu'il ne fait
généralement. Il doit savoir que s'il veut compter sur son
assistance et sur son obéissance il doit lui formuler avec
précision ce qu'il attend de lui.
Il est une phrase célèbre sur laquelle on devrait souvent
méditer : « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. »
Ce qui revient à dire, en langage psychique, que l'idée
que délimite et visualise bien la pensée agit fortement sur
l'inconscient qui, ensuite, travaille seul et apporte au
conscient le mot juste et vivant par lequel il pourra la
traduire.
Ce qui est exact pour le style l'est aussi pour toutes les
autres manifestations de l'activité humaine. Lorsque le
cerveau imagine un beau son, par exemple, les forces
fluidiques se mobilisent instantanément pour que la voix le
produise de la façon la plus simple, la plus aisée et la plus
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La transmission de pensée
parfaite, et cela sans que celui qui l'émet ait à songer aux
moyens musculaires qu'il emploie pour le faire résonner.
Songer aux procédés matériels à choisir pour arriver à un
but est arrêter l'action inconsciente qui tend toujours à
adapter étroitement les gestes, les attitudes et les actes du
corps aux fins que lui fixe la volonté.
Nous avons vu que les influences subconscientes sont
aussi indispensables que les efforts conscients, qu'il s'agisse
des sphères les plus hautes ou les plus basses de l'esprit.
Une grande partie de l'admiration que l’on accorde aux
grandes actions humaines, aux productions du génie, est en
réalité un hommage rendu à la subconscience.
.................................................................................................
Chacun possède des facultés plus puissantes que celles
qu'il emploie consciemment, intentionnellement ; c'est là un
fait que l'on a toujours fait entrer dans les différentes
conceptions que l'on s'est formé du génie ; ce que le génie a
d'incompréhensible, on l'attribue à l'inspiration, à l'action
des forces naturelles, aidée pourtant de l'expérience ; on le
représente comme indifférent aux moyens, oublieux du
pourquoi et du donc, mais pénétré de l'importance de sa
mission et abandonnant les tâches humbles aux esprits
moins grands qui sont obligés de mettre péniblement en
œuvre les ressources qu'ils ont à leur disposition (35).
Ces remarques de M. Jestrow à propos du génie sont
vraies aussi, bien qu'à un degré moindre, pour tous les
individus, il y a dans l'homme des forces puissantes et des
énergies certaines qu'il méprise et repousse dans l'ombre,
alors qu'elles ne demanderaient qu'à lui épargner de vains et
multiples efforts.
Mon inconscient est mon ami
Pendant des années, j'ai travaillé comme tout le monde,
m'efforçant de faire intervenir en chacune de mes
occupations mon attention logique et ma raison. À la suite
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La transmission de pensée
de mes expériences, qui m'avaient conduite à une opinion
différente sur les méthodes de travail, j'ai libéré mon
inconscient de ses entraves, je me suis efforcée de puiser en
lui le plus largement possible et de lui abandonner avec
confiance la meilleure part de l'effort lorsque j'avais une
tâche à entreprendre. L'ayant ainsi traité en ami, il n'a cessé
de me rendre les plus grands services, et je puis dire que,
dans tous les domaines, il m'a permis d'atteindre à un
rendement supérieur à celui que m'avait permis de réaliser
ma seule intelligence, et cela avec beaucoup moins de peine.
La tension intellectuelle fatigue, l'activité inconsciente,
parce que libre et spontanée n'entraîne aucune lassitude ; et,
grâce aux pouvoirs dont elle dispose, peut bien davantage. Il
faut donc la choisir de préférence. Les pensées, les songes
de tout l'univers lui appartiennent ; pourquoi l'homme
voudrait-il se contenter seulement de ceux que son cerveau
limité élabore ? Le génie est précisément celui qui, par les
antennes invisibles de son inconscient est mis en rapport
avec ce que sentent, conçoivent et pensent les autres
hommes, ce qui lui permet de faire des raisonnements et des
déductions dont le sens profond échappe au vulgaire.
Travailler inconsciemment
L'être humain éprouve, il est vrai, une sorte de révolte
à s'abandonner à l'action en apparence incohérente de son
inconscient qui, en effet construit à sa manière, non pas
logiquement, mais suivant des lois qui paraissent fort
étranges à la raison. J'ai pu observer sur moi-même que ses
procédés de réalisation ne sont nullement en accord avec
ceux que prône et affectionne l'intelligence. Un travail que
j'ai toujours fait inconsciemment, et parce
qu’inconsciemment avec la plus grande facilité, est le
déchiffrage musical. Pendant longtemps, je l'ai exécuté sans
chercher à analyser le processus d'enregistrement de mon
esprit. À la suite de mes recherches psychiques, j'ai voulu
me rendre compte de quelle façon je lisais la musique
inconnue de moi. Cette observation me fit constater, avec
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La transmission de pensée
étonnement, que mon inconscient employait pour cette
lecture les moyens les plus baroques, enregistrant ici un
accord, deux mesures plus loin un autre accord, une note à
la basse, un trait à l'aigu, puis, par une sorte de synthèse si
rapide que je ne pouvais en saisir le mécanisme, restituant
au morceau le groupement exact de ses parties et sa ligne
intégrale. J'essayai ensuite de déchiffrer logiquement, en
prenant conscience de chaque son de la pièce que j'avais
sous les yeux, et en les considérant mentalement dans l'ordre
où les avait écrits le compositeur ; il me fut alors impossible
de jouer une seule mesure sans faute, même lorsqu'il
s'agissait de pages musicales de la plus grande simplicité.
De même lorsque, au piano, je veux faire un trait en pensant
aux mouvements que mes doigts doivent exécuter, je joue
gauchement et mal ; si au contraire, je me représente ce trait
jusqu'à la sensation et que j'abandonne mes mains à leurs
propres moyens, c'est-à-dire à la direction de mon
inconscient, elles le réalisent sans difficulté.
Ce phénomène n'a rien qui me soit particulier. Des
amis auxquels j'ai conseillé de travailler en diminuant la
tension consciente et en libérant les énergies nerveuses, ont
retiré de cette méthode les mêmes avantages que moi. Je
signale qu'elle donne des résultats excellents, aussi bien
dans les travaux matériels que dans les travaux intellectuels.
Principe à observer
Le principe à observer est le suivant : avoir dans
l'esprit une représentation claire du but à atteindre afin
d'animer et d'intéresser les couches inconscientes, et ensuite
être indifférent aux moyens qu'emploiera le corps ou la
pensée pour le réaliser. Et cette indifférence doit être à base
de confiance dans les facultés particulières de notre double
fluidique ; car il ne faut pas croire, comme le dit Maxwell,
...que la conscience impersonnelle soit incapable de
toute opération intelligente. Il n'en est rien, et les
événements montrent que la conscience impersonnelle ou
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La transmission de pensée
subconscience, comme on l'appelle ordinairement, est
capable d'accomplir avec une grande perfection les actes
intellectuels les plus compliqués sans que la conscience
personnelle en soit avertie (36).
Avoir la joie est nécessaire
Autant que possible aussi, et que l'on ait en vue un
travail scientifique ou une création littéraire, picturale ou
musicale, il faut avoir en soi une joie, une exaltation qui
entraîne l'inconscient à adopter la tâche entreprise et à
travailler dans le sens de sa réalisation. Et aussi, et surtout,
celui qui veut travailler avec profit doit savoir être oisif,
c'est-à-dire réserver chaque jour un temps plus ou moins
long au relâchement physique et mental. Ce n'est qu'au prix
de fréquentes et régulières rêveries sans objet que l'on
conserve ses facultés de percevoir le monde invisible et ses
énergies intérieures créatrices. Comme l'a écrit Amiel :
Il faut savoir jeter par-dessus bord tout son bagage de
soucis, de préoccupations et de pédanterie ; se refaire
jeune, simple, enfant, vivre de l'heure présente,
reconnaissant, naïf, heureux ; oui, il faut savoir être oisif, ce
qui n'est pas la paresse. Dans l'inaction attentive et
recueillie, notre âme efface ses plis, se détend, se déroule,
renaît doucement comme l'herbe foulée par le chemin, et,
comme la feuille meurtrie de la plante, répare ses
dommages, redevient neuve, spontanée, vraie, originale. La
rêverie, comme la pluie des nuits, fait reverdir les idées
fatiguées et pâlies par la chaleur du jour (37).
La passivité : une condition nécessaire
La passivité est une condition nécessaire à la
conservation de ses facultés psychiques. Mais pour qu'elle
soit profitable et productrice, il faut qu'elle alterne avec des
périodes de concentration.
Expansion et condensation, abandon et reprise de soi,
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La transmission de pensée
conquête du monde et approfondissement de la conscience :
tel est le jeu de la vie intérieure, la marche de l'esprit
microcosmique, le mariage de l'âme individuelle avec l'âme
universelle, du fini avec l'infini, d'où naît le progrès
intellectuel de l'homme (38).
Ce qu'il faut rechercher avant tout c'est le parfait équilibre entre les facultés d'expansion et de concentration. Il
n'est pas d’œuvre vraiment forte, harmonieuse et vivante qui
ne porte en elle ces deux éléments. Quels que soient les
pouvoirs de l'activité inconsciente, elle ne saurait supprimer
la nécessité d'acquérir une technique indispensable à toute
production sérieuse ; mais ce dont il faut se pénétrer, c'est
que la technique n'est que l'instrument et que la puissance
créatrice, l'inspiration reviennent sans partage à
l'inconscient.
Inconscient et morale
Beaucoup s'imaginent que la morale a été créée de
toutes pièces par les hommes en vue de réglementer et de
discipliner leurs faiblesses. Si on envisage la morale dans le
détail de ses applications, cette opinion est exacte, car alors
elle n'est plus qu'une série d'obligations plus ou moins mal
adaptées à la nature humaine mais nécessaires au maintien
de l'ordre dans la société. Mais si – s'élevant au-dessus de
ses formes passagères et arbitraires, qui, d'ailleurs, varient
d'un pays à l'autre et d'une époque à une autre époque – ou
la considère dans ses grandes lignes, on s'aperçoit qu'elle
plonge des racines profondes dans des phénomènes naturels
qui ont essentiellement trait à l'activité de l'inconscient ; on
constate, en outre, que de l'obéissance plus ou moins
complète que l'individu apporte à ses ordres dépend sa
conservation et son développement.
Dans le sens ordinaire qu'on donne à ce mot, « être
moral » consiste à se mettre en accord avec les tendances du
milieu humain dans lequel on évolue ; dans son sens
psychique et supérieur, il signifie s'adapter aux volontés de
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La transmission de pensée
l'Univers et conquérir de ce fait son meilleur équilibre
physiologique, nerveux et intellectuel. Par opposition « être
immoral » est se mettre en opposition avec la Nature et, par
suite de cette lutte inégale, perdre ses facultés fluidiques et
s'affaiblir sur tous les plans. Ainsi s'exprimait à ce sujet le
vieux sage chinois :
L'homme d'une vertu supérieure persévère
invariablement dans le milieu ; l'homme vulgaire, ou sans
principes, est constamment en opposition avec ce milieu
invariable (39).
La haute lumière de l'intelligence, qui naît de la
perfection morale ou de la vérité sans mélange, s'appelle
vertu naturelle ou sainteté primitive. La perfection momie
qui noir de la haute lumière de l'intelligence s'appelle
instruction ou sainteté acquise. La perfection morale
suppose la haute lumière de l'intelligence ; la haute lumière
de l'intelligence suppose la perfection morale (40).
L'intelligence et le sens moral sont inséparables
En effet, l'intelligence véritable ne peut exister sans
avoir pour compagnon le sens moral, comme le sens moral
ne peut subsister sans le soutien de l'intelligence.
J'ai dit plus haut que le sens courant de l'expression
« être moral » signifiait l'adaptation de l'individu aux
volontés d'un groupe. Cette adaptation se fait
automatiquement. Toute personne qui se trouve placée dans
un milieu dont les idées et les mœurs sont différentes de
celles qu'elle porte en elle et dont elle a eu l'habitude, en
éprouve d'abord une gêne profonde. Et cette gêne ne vient
en aucune façon de la qualité morale supérieure de la
nouvelle société dans laquelle il lui faut désormais vivre.
Évidemment un homme vicieux et dissolu ressent, lorsqu'il
est condamné à vivre dans un cercle de gens purs et
honnêtes, un embarras et une angoisse qui lui font douter de
la valeur des principes qui ont jusque là guidé ses actes ;
mais, de même, l'honnête homme qui se voit contraint de
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La transmission de pensée
vivre longtemps au milieu d’êtres aux mœurs dissolues est
peu à peu gagné par les habitudes et les pensées nouvelles
dont il voit l'application autour de lui et, au bout d'un certain
temps, il finit par perdre confiance dans les raisons qui ont
servi de guide à son existence dans le passé.
La raison de ce phénomène est que lorsque
l'inconscient d'un homme ne vibre plus à l'unisson des
inconscients environnants, il se met à souffrir de ce
désaccord. Je l'ai dit au cours de ces pages, toute attitude
nerveuse vigoureuse et constante tend à imposer son rythme
et sa forme aux individus plus faibles qui l'approchent. De
même et davantage, lorsque de nombreux individus
s'unissent en un rythme commun, ce rythme se multiplie de
la force particulière de chacun de ceux qui la composent, et
devient une sorte de courant invisible mais puissant contre
lequel une créature isolée ne peut résister.
La morale supérieure
Mais dès qu'il s'agit de la morale supérieure, de celle
qui a pour base les courants de la Nature, il n'en va plus de
même. Celle-là ne demande pas l'avis des hommes, elle est
immuable dans ses principes et s'impose à eux comme une
nécessité d'où dépend leur conservation ou leur mort.
Elle leur apprend que l'égoïsme est le resserrement sur
soi des facultés nerveuses rayonnantes et la privation des
pouvoirs qu'elles comportent ; que le doute, fût-il léger ou
passager, arrête l'émission des énergies immatérielles
actives du corps ; que le scepticisme est une force
destructive dans le monde de la matière subtile ; que la
violence est une décharge nerveuse brusque qui détermine
des troubles physiologiques ; que la sensualité transforme la
qualité du fluide, l'alourdit et le rend pareil à une masse
épaisse sans mobilité et sans action pénétrante, et que la
débauche tarit les sources vitales elles-mêmes : Elle leur
enseigne encore que la persévérance est essentiellement
constructive, même et surtout dans le monde impondérable ;
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La transmission de pensée
que l'enthousiasme multiplie les forces nerveuses
créatrices ; que la bonté et l'amour donnent le pouvoir
d'émettre de puissantes ondes invisibles qui imprègnent et
attirent ceux qu'elles touchent, et enfin que la foi est le
sentiment qui confère à l'être humain la plus complète
extériorisation fluidique et les plus grands pouvoirs
d'influence qu'il puisse posséder sur les créatures et sur les
courants de l'espace.
Ainsi la morale supérieure ne demande rien à l'homme
qui n'ait sa raison d'être. Et c'est parce que ses ordres sont
rationnels qu'ils sont invariables, et parce qu'ils sont
invariables que les prophètes de tous les pays et de tous les
temps les ont enseignés et prêchés à leurs disciples. Ils
savaient – l'ayant appris de leurs ancêtres ou l'ayant
découvert par de patientes recherches – que c'est seulement
en obéissant à ce qui est noble et désintéressé que l'homme
atteint à son développement complet.
La morale et les religions
Les religions anciennes enseignaient la morale à leurs
adeptes sous la forme scientifique ; les religions plus
récentes ont supprimé les éléments logiques qui étaient le
soutien solide et l'explication positive des préceptes qu'elles
s'attachent à répandre. Et, au lieu de garder aux pratiques
vertueuses l'étiquette véritable qu'elles méritent et qui est
« nécessité et utilité », elles leur ont donné celle de
« devoir » qui n'a qu'une signification assez vague, et qui, en
tous cas, n'a aucune valeur scientifique. D'où l'attraction
modérée que les humains éprouvent pour elles.
Celui qui a pris conscience des raisons profondes qui
motivent l'exercice de la vertu et des bienfaits qu'on peut en
retirer s'y soumet avec plaisir, dans la mesure où son
caractère et son tempérament le lui permettent ; tandis que
celui qui ne voit en lui qu'une contrainte conventionnelle
éprouve à lui obéir une invincible répugnance. Ainsi, en
supprimant de la morale les éléments psychiques qui
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La transmission de pensée
doivent la soutenir, on détruit chez les êtres le goût et le
désir de l'adopter.
Et qu'on ne dise pas que donner à la morale des raisons
scientifiques est la rabaisser et la rendre intéressée. On n'a
jamais rabaissé un acte parce qu'on lui donnait une base
rationnelle ; et quant au fait de lui fixer un but intéressé, je
crois vraiment que la religion chrétienne a été la première à
employer ce procédé, puisque, en échange des contraintes
qu'elle impose à l'homme ici-bas, elle lui promet une
éternelle félicité. Ces deux arguments que peuvent employer
les défenseurs de l'enseignement actuel de la morale sont
donc sans valeur.
La vérité ne perd rien de sa beauté à être dévoilée.
Aussi faut-il dire et redire sans crainte que les pensées
habituelles « ... sont des aimants qui attirent les choses qui
leur sont semblables et que, personne ne peut attirer à soi
des choses qui ne sont pas de même nature que lui (41). »
Notre morale habite dans notre inconscient profond
Il ne faut pas hésiter non plus à répéter que ce qui, dans
le domaine moral, rayonne autour de nous, ce ne sont pas
nos pensées volontaires nées de la raison, mais seulement
celles qui habitent dans les profondeurs de notre
inconscient.
Vouloir être bon, droit, juste ne suffit pas, non plus
qu'il ne suffit pas de faire les gestes extérieurs que ces
sentiments demandent. Il faut que la partie fluide de nous
soit emplie, saturée jusqu'à en déborder de bonté, de
droiture et de justice. Nos sentiments de bienveillance ou
d'amour ne répandent des ondes autour de nous, et ne
touchent et n'attirent ceux sur lesquels ils s'épandent que
s'ils partent du centre impondérable de notre moi. On
pardonne le mal qu'a pu vous faire celui qui porte en ses
retraites invisibles la source active et cachée de la tendresse
et du dévouement ; on n'arrive même pas à aimer celui qui
vous comble de biens par seul désir mental de vous rendre
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La transmission de pensée
service ou de vous obliger.
Il en est de même de la beauté de la vie intérieure au
sujet de laquelle Maeterlinck a écrit ces lignes à la fois si
poétiques et si vraies :
Une pensée presque belle que vous nourrissez en ce
moment vous éclaire comme un vase transparent (42).
On s'étonne quand certains hommes nous disent qu'ils
n'ont jamais rencontré de laideur véritable et qu'ils ne
savent pas encore ce qu'est une âme basse. Mais cela n'est
pas étonnant : ils avaient commencé. C'est parce qu'euxmêmes étaient beaux les premiers qu'ils appelaient à eux
toute beauté qui passait, comme un phare appelle les
navires des quatre coins de l'horizon (43).
Lorsque notre rayonnement vital est puissant
En effet, toute la vie morale se résume psychiquement
ainsi : plus notre rayonnement vital est puissant, plus nous
entraînons ceux qui nous approchent à éprouver vis-à-vis de
nous les sentiments que nous éprouvons pour eux. Aussi
n'avons-nous jamais que des amitiés et des amours qui nous
ressemblent et que nous méritons.
Sur ce terrain de l'invisible, justice complète est rendue
à chacun. À celui qui lance autour de lui des ondes de bonté
est rendue de la bonté en quantité équivalente, comme celui
qui n'émet que des vibrations d'égoïsme et de haine ne
rencontra chez autrui qu'égoïsme et que haine. Le héros
développe chez ceux qui l'entourent les germes d'héroïsmes
qu'ils portent en eux, et le criminel suscite dans ceux qu'il
côtoie des instincts de cruauté pareils aux siens.
Être moral
Aussi « être moral », avoir l'âme haute et peuplée de
généreuses pensées est, tout simplement, agir au mieux de
ses intérêts les plus directs et les plus sûrs. C'est pourquoi –
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La transmission de pensée
et quoi qu'en pensent beaucoup qui considèrent la morale
comme un bagage encombrant et inutile et comme un
vestige de superstitions passées – celui qui se soumet aux
lois de la vertu supérieure est à la fois le plus intelligent, le
plus sage et le plus fort ; car là ce qui compte n'est pas
l'apparence mais le fond.
On a coutume de dire que le vice l'emporte sur la vertu,
et la pratique semble souvent donner quelque vraisemblance
à cette affirmation ; mais ce n'est là qu'une illusion. Certes le
vice qui connaît les énergies qu'il utilise est plus fort que la
vertu paresseuse et ignorante. Si les vertueux mettaient à
réaliser leurs volontés et à atteindre leurs buts la même
tenace persévérance que les méchants et les pervers en
mettent à réaliser et à atteindre les leurs, ils verraient, avec
surprise, pencher de leur côté le plateau de la puissance.
Mais le plus souvent, vertu est synonyme de bêtise et de
faiblesse, c'est pourquoi l'assertion que j'exprimais plus haut
semble avoir quelque vérité.
La réalité est qu'à opiniâtreté égale et à conscience
pareille des facultés et des courants invisibles mis en
oeuvre, la vertu triomphe du vice, parce qu'elle a à sa
disposition les pouvoirs constructeurs et créateurs de
l'inconscient, tandis que le vice et le mal ne possèdent que
ceux de la négation et de la destruction.
Inconscient et éducation
L'éducation se présente sous deux formes : celle que
l'individu reçoit du milieu social dans lequel il vit et celle
qu'il reçoit de ses parents et de ses maîtres.
Celle qu'il reçoit du milieu est faite entièrement
d'échanges inconscients entre lui et ceux qui l'entourent. Car
l'influence de l'ambiance n'est pas seulement, selon qu'on le
croit généralement, l'effet de la suggestion de gestes et de
paroles constamment vus et entendus, mais encore l'action
puissante, quoique invisible des courants fluidiques qui ne
cessent d'unir les hommes entre eux.
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La transmission de pensée
Dès que plusieurs personnes vivent ensemble ou se
groupent pour former une société, il s'établit entre elles un
rythme immatériel qui est en quelque sorte la synthèse des
vibrations particulières mises en présence. Et ce rythme
prend une activité proportionnelle au nombre des gens
assemblés. Aussi peut-on dire que, sauf dans des cas très
rares, un être isolé ne peut pas résister aux ondes
impondérables du milieu dans lequel il se trouve placé et
que, tôt ou tard, il est entraîné par elles.
Mais si l'action du groupe sur l'individu est spontanée
et inévitable, celle de l'éducateur est volontaire et affecte
une forme déterminée. Il convient donc de choisir avec soin
le maître que l'on donne à l'enfant, et cela d'autant plus qu'il
ne suffit pas qu'un précepteur ou un professeur enseigne des
doctrines nobles et élevées à celui qui est confié à ses soins.
S'il ne les porte aussi dans sa vie profonde comme des
amies vivantes et chères, elles seront sans action sur
l'enfant ; car les échanges d'inconscient à inconscient sont
beaucoup plus constants et étroits que beaucoup ne
l'imaginent, et le rayonnement nerveux est plus actif et
pénètre plus profondément dans l'être que les paroles. On ne
le craint pas parce qu'on ne voit pas son sourd et continuel
travail ; mais il existe néanmoins et son activité s'alimente
aux sources mêmes des énergies impondérables de l'homme.
Un éducateur doit avoir des aspirations claires et
belles
Il faut donc, autant que possible, qu'un éducateur ait
des aspirations claires et belles, afin qu'à ce contact
bienfaisant, les enfants augmentent et magnifient leur vie
intérieure.
L'éducateur se trouve constamment en face de deux
catégories d'enfants : les sensitifs et les non-sensitifs. Les
uns et les autres ont des réactions tout à fait différentes en
face des événements, des choses et des êtres. Les premiers
sont les timides, les craintifs ; les seconds les triomphateurs
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La transmission de pensée
dans les réalités positives.
Au premier abord, le sensitif semble être plus
facilement éducable, parce que plus aisément influençable.
C'est là une trompeuse apparence. Subissant avec force et
immédiatement l'état d'esprit et la volonté de ceux qui
l'approchent et des milieux qu'il traverse, il n'est en fait sous
l'emprise de personne, puisque ses impressions sont
essentiellement changeantes et fugitives. Il est donc au
contraire très difficile d'exercer sur lui une action durable.
Par contre, celui dont la masse nerveuse est lente à se
mouvoir et à subir les empreintes conserve longtemps le
rythme vibratoire qu'on est parvenu à lui imprimer. Et s'il
est plus long à convaincre, ses convictions, une fois
acquises, sont plus tenaces et plus indéracinables. Mais qu'il
ait à instruire des sensitifs ou des non sensitifs, le principe
dont doit être pénétré tout éducateur est qu'il faut, avant
tout, respecter l'activité inconsciente de l'enfant et, plus
encore, l'utiliser au maximum. Il ne doit jamais oublier :
...qu'il n'y a que les vérités entrées dans cette dernière
région, devenues nous-mêmes, devenues spontanées et
involontaires, instinctives et inconscientes, qui soient
réellement notre vie, c'est-à-dire plus que notre
propriété (44).
...et que, si l'on veut faire accepter à l'enfant des
vérités, les lui faire aimer et les incorporer à sa vie morale, il
faut les faire entrer en lui, non par la voie de la raison, mais
par celle de son sentiment, de son inconscient.
Bien éduquer l'enfant
L'enfant est avant tout extériorisation nerveuse, c'est-àdire qu'il prend connaissance du monde et des choses par la
voie directe de sa sensibilité fluidique ; aussi, pour se faire
comprendre de lui et pour l'intéresser il faut, autant que
possible, se mettre sur son plan et lui parler son langage.
C'est pourquoi, la femme dont en général la perception de
l'extérieur est du genre de la sienne, est son éducatrice, la
131
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La transmission de pensée
meilleure, du moins pendant ses premières années. Elle le
comprend mieux que l'homme, se met plus facilement à son
niveau psychique et s'adresse à lui beaucoup plus par la
transmission nerveuse spontanée que par le raisonnement et
la logique. Elle s'adapte aisément à ce qu'il a de primesautier
et, en apparence, d'illogique. Et ce que demande
précisément l'enfant c'est de la matière impondérable
sentimentale, malléable, et fluide, et chaude qui parle à son
cœur et non à son cerveau. L'homme déduit, la femme sent
et aime. C'est pourquoi elle apporte dans ses enseignements
cette variété et cette douceur qui ravissent l'enfant et le font
travailler sans fatigue.
Mais lorsqu'il a passé le premier âge, il est bon qu'il
passe sous une direction masculine qui lui apprenne
l'exercice des facultés de la logique et de la raison.
Ne jamais supprimer l'extériorisation nerveuse et les
perceptions impondérables du sensitif
Si l'on voulait faire de l'éducation comme on fait de
l'élevage, c'est-à-dire d'une manière rationnelle, il serait
nécessaire de faire des classes différentes pour les sensitifs
et les non-sensitifs. À chaque estomac on donne des
aliments appropriés ; pourquoi n'agitait-on pas de même
pour l'esprit ? Cela n'est guère possible, malheureusement.
Mais ce dont, en tous cas, l'éducateur doit être pénétré, c'est
qu'il ne faut pas vouloir annihiler ou supprimer, même sous
le prétexte de lui préparer une existence plus positive et plus
semée de succès, l'extériorisation nerveuse et les perceptions
impondérables du sensitif ; car ce sont elles qui ont toujours
été le foyer des intelligences supérieures et du génie. Il faut
seulement apprendre à l'enfant à en connaître les lois et à les
discipliner afin qu'il puisse en retirer tous les bienfaits
possibles. Il faut lui dire que son imagination n'est pas
seulement un monde de chimères vaporeuses, inutiles ou
dangereuses, mais une faculté constructrice de premier
ordre ; que sa sensibilité nerveuse est un pouvoir et non une
faiblesse, puisque c'est par elle qu'il peut prendre un contact
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La transmission de pensée
intime et profond avec les êtres et les objets ; enfin il faut lui
faire prendre conscience de son état de suggestibilité, lui
montrer comment agissent sur lui les volontés extérieures et
comment il doit s'y prendre, non seulement pour affaiblir les
mauvais effets de sa soumission aux courants fluidiques qui
l'assaillent, mais encore pour en tirer profit.
Le sensitif et le non-sensitif n'ont pas la même
méthode de travail
Lorsque l'éducateur devra soumettre des enfants à une
méthode de travail, il devra ne pas oublier que le nonsensitif utilise surtout sa raison et sa logique, et le sensitif
son inconscient. Au non-sensitif convient donc un
programme précis et des heures régulières d'activité
intellectuelle. Le sensitif que l'on contraint à une activité
positive et prolongée sent rapidement s'éteindre en lui ses
forces génératrices les plus sûres et les meilleures. Cette
richesse, ce monde d'images, de sensations et d'élans qu'il
porte en lui s'efface derrière une brume sans cesse
grandissante, et sa vie intérieure qui lui semblait n'avoir
d'autres bornes que l'infini, se resserre chaque jour et finit
par s'arrêter aux limites de son corps. Oiseau aux vastes
ailes, son âme se sent alors enfermée dans une cage étroite
et sans lumière, d'où elle aspire à retrouver le paradis
d'espace et de liberté qu'elle avait l'habitude de parcourir.
Aussi, sous peine de faire perdre à l'enfant sensitif les
bénéfices de son extériorisation nerveuse, il convient de lui
fixer un programme d'études en rapport avec ses tendances
particulières. C'est là une question difficile à résoudre, car il
faut éviter pour lui l'écueil de la paresse. Pour ses
réalisations futures, il est nécessaire qu'il apprenne à se
concentrer mentalement, sans quoi tout ce qui vibre et
chatoie dans son jardin secret demeurera inutilisé et stérile.
Le mieux est de lui éviter les efforts d'attention trop
prolongés qui répugnent à sa nature instable et le fatiguent,
mais de l'entraîner à profiter au maximum de ses moments
d'inspiration et d'élan. De plus la variété des matières doit
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La transmission de pensée
être la qualité maîtresse de l'enseignement qui lui est donné.
Ainsi, sans détruire sa sensibilité créatrice, il devient
capable de condenser ses impressions, ses perceptions et ses
rêves et de les faire naître au monde des réalités tangibles et
durables.
Ne jamais changer la nature profonde d'un individu
Mais il va sans dire que, quels que soient les modes
éducatifs employés, on ne change pas la nature profonde
d'un individu, non plus qu'on ne peut détruire ses tendances
héréditaires ; et, comme l'a écrit très justement M.
Bernheim :
L'éducation, cependant, quelque suggestif que soit
l'éducateur, quelque docile que soit l'enfant ne fait pas ce
qu'elle veut. Beaucoup de personnes simplistes et honnêtes
croient que l'enfant naît avec un cerveau vierge dans lequel
l'éducation sème la bonne ou la mauvaise graine. L'homme
serait ce que l'éducation le fait. Les vertus ferment honneur
aux éducateurs qui les ont développées, les vices
accuseraient une éducation vicieuse.
Cette conception que les doctrines religieuses semblent
admettre, ne résiste pas à l'observation. L'enfant naît avec
un certain fonds moral et psychique atavique (45).
Mais si l'on ne peut changer complètement la nature
morale d'un enfant ni transformer l'espèce de son
rayonnement nerveux, on peut le développer dans le sens de
ses qualités naturelles. Seulement, pour que ce
développement se fasse dans de bonnes conditions, il faut
que l'éducateur utilise constamment et le plus largement
possible les facultés perceptives et créatrices de son
inconscient.
Inconscient et libre arbitre
Une fois que l'on a constaté l'existence des rapports
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La transmission de pensée
impalpables, mais combien forts, qui existent entre les
humains, rapports qui régissent leur activité nerveuse,
modifient leurs sentiments et déterminent leurs conceptions
et leurs croyances, la question suivante se pose :
Au sein de tant de courants invisibles dont il subit
constamment, mais sans le savoir, l'influence, quelle part de
liberté est laissée à la créature humaine ?
Nulle, probablement. À chaque moment de sa vie,
l'homme est la proie de pensées, de désirs et d'élans qu'il
croit évidemment lui appartenir, mais qui ne lui en ont pas
moins été imposés par l'extérieur. Seulement, comme le dit
très bien M. Herzen :
De même que la météorologie est encore impuissante à
indiquer à l'avance le temps de chaque jour, ainsi la
psychologie physiologique n'est pas encore parvenue à la
connaissance du rapport constant entre l'organisation
spéciale de chaque individu, les influences qui le font agir et
les réactions qui en résultent (46).
L'homme n'est pas un corps limité à ses bornes
visibles
Car, même si après un long et patient entraînement,
l'homme peut parvenir à délimiter dans une certaine mesure
les incitations venues du dehors de celles qui montent des
profondeurs de lui, il lui est impossible de saisir au passage
celles qui naissent de certaines réactions obscures de ses
organes, et celles qui sont des suggestions ancestrales.
L'homme n'est pas un corps limité à ses bornes visibles, ni
un cerveau entouré de murailles si fortes et si impénétrables
que rien n'y puisse pénétrer. Malgré l'apparence dense de sa
forme matérielle il est extrêmement poreux, si je puis
m'exprimer ainsi, et ne cesse d'être traversé par
d'innombrables radiations et vibrations qui transforment
sans cesse le rythme de ses énergies nerveuses et
déterminent en elles des réactions qu'il ne soupçonne même
pas ; et le monde obscur, complexe et mouvant qu'il porte en
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La transmission de pensée
lui recouvre et étouffe la toute petite conscience claire que,
dans son orgueil, il croit capable de faire échec aux volontés
universelles.
Aussi, il est probable que :
La liberté de l'individu consiste uniquement à pouvoir
réagir à sa manière à lui, selon les tendances, les désirs, les
réflexions et les volitions éveillés en lui par le concours des
circonstances (47).
Il a bien, il est vrai, la sensation d'agir suivant les
volontés qu'il se fixe, mais, malheureusement, il ignore tout
des causes qui ont fait surgir en sa conscience ces volontés.
Le sujet qui réalise l'acte qui lui a été suggéré par une
volonté étrangère croit aussi obéir à ses propres
déterminations. Pourtant il n'en est rien.
De même que les décisions qu'il prend, les gestes et les
paroles de l'homme dans la vie courante ne sont que des
réactions involontaires et insoupçonnées de son organisme
et de sa matière nerveuse aux incitations venues d'autres
êtres ou des forces universelles.
Qui ne sait que chaque être apporte en naissant dans
son inconscient des qualités innées, des vices ou des tares
qui le condamnent, dès le premier jour de sa vie, à une
certaine ligne de conduite et à un certain ordre d'actions et
de croyances.
N'est pas criminel ou vicieux qui veut, et chacun de
nous est retenu constamment par des barrières morales qui,
pour être psychiques, mentales, suppriment néanmoins
notre libre arbitre, autant qu'un mur ou la maréchaussée
restreignent notre liberté (48).
Et, en dehors des influences ancestrales et des
contraintes morales qu'elles entraînent, l'homme est
enchaîné par les courants de l'espace. Car, qu'il le veuille ou
non, et ni plus ni moins que les autres cellules ou les autres
corps du monde, il n'est qu'un rouage minuscule d'une
immense machine. Il tient par toutes ses énergies
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La transmission de pensée
immatérielles aux autres hommes, aux plantes, aux objets
inanimés, comme à tout ce qui est près ou à tout ce qui est
loin. Il n'est nulle cloison entre lui et l'espace, et il est
probable que si, soudain, il lui était donné de pouvoir
contempler l'invisible, il devrait reconnaître que les humains
sont si étroitement unis entre eux par leurs rayonnements
fluidiques, et qu'ils baignent si parfaitement dans une sorte
de matière impondérable qui les relie, qu'ils ne forment
véritablement à eux tous qu'un organisme énorme ; et
l'Humanité se montrerait à lui comme une sorte de géant
dont chacune des cellules est un homme.
Alors son vain orgueil, qui le fait se dresser comme un
petit dieu ridicule au milieu du décor déployé de la nature,
s'évanouirait au souffle de la vérité, et il se verrait enfin tel
qu'il est : un pitoyable esclave des énergies prodigieuses de
l'Univers.
CONCLUSION
Peut-être quelques-uns de mes lecteurs trouveront-ils
trop hardies certaines des conclusions que j'ai tirées des
phénomènes sur lesquels ont porté mes observations, et,
même, peut-être mettront-ils en doute la réalité de ces
phénomènes. Il est vrai que je n'apporte pour les justifier
aucune théorie, cet ouvrage n'étant qu'un compte rendu de
constatations. Mais
Si nous devions rejeter tout ce que nous ne pouvons
expliquer, il resterait bien peu de chose en vérité, et encore
resterait-il quelque chose ? D'ailleurs ce que nous appelons
nos explications ne sont que des tentatives pour classer les
phénomènes et les ranger sous des lois naturelles, dont nous
ne savons rien de plus sinon qu'elles existent ou qu'elles
nous paraissent exister (49).
La science actuelle ne sait pas tout, elle n'a pas tout
étudié, tout résolu. Et il n'est pas un homme, fût-il le plus
savant, qui ose affirmer qu'il n'est plus rien à découvrir.
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La transmission de pensée
D'ailleurs, ce modeste travail n'a jamais eu pour but de
convaincre. Il désire seulement susciter chez certains le
désir d'expérimenter à leur tour, et apporter une pierre de
plus au monument que l'Humanité, lentement, construit à la
vérité.
L'extériorisation nerveuse et la transmission de pensée
sans contact et à n'importe quelle distance existent. Ceux qui
reprendront avec patience les expériences que j'ai faites
pourront s'en convaincre. Quant à ceux qui, avec un sourire
de dédaigneuse pitié termineront ces pages et fermeront ce
livre, je n'en ai cure : « Rira bien qui rira le dernier. »
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La transmission de pensée
Références
(1) Magnétisme vital, Gasc. Desfossés, p. 3.
(2) Magnétisme et hypnotisme, A. Callerre, p. 239.
(3) Psychonévroses, Dubois.
(4) Le Magnétisme animal, p. 130.
(5) Les psychonévroses, p. 7.
(6) Magnétisme vital, p. 74.
(7) De la suggestion mentale. Ochorowicz.
(8) De la suggestion mentale, p. 334.
(9) De la suggestion mentale.
(10)
De la suggestion mentale.
(11)
Ibid.
(12)
Le subconscient normal, p. 365.
(13)
De la suggestion mentale.
(14)
Le magnétisme animal, p. 130.
(15)
Le subconscient normal, p. 346.
(16)
Ibid, p. 349.
(17)
De la suggestion mentale.
(18)
Les Miracles de la Pensée, p. 24.
(19)
Les Miracles de la Pensée, p. 14.
(20)
Ibid., p. 1.
(21)
Ibid., p. 1
(22)
De la suggestion mentale, p. 520.
(23)
Journal intime, p. 49-50, t. I.
(24)
Le Subconscient normal, p. 361, Abramowski.
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(25)
Musique et Inconscience.
(26)
La subconscience, p. 106.
(27)
L’esthétique du sentiment, Segond, p. 24-25.
(28)
Ibid., p. XIII.
(29)
La poésie pure, p. 25.
(30)
Belphégor.
(31)
Le Spleen de Paris.
(32)
Ibid.
(33)
Le Spleen de Paris.
(34)
Journal intime, p. 62, t. I.
(35)
La subconscience, Jestrow, p. 108.
(36)
Les phénomènes psychiques, J. Maxwell.
(37)
Journal intime, p. 52, t. I.
(38)
Ibid., p. 82, t. l.
(39)
Doctrine de Confucius (Classiques Garnier),
ch. II, p. 3.
(40)
Ibid. (Classiques Garnier), ch. XXI, p. 56.
(41)
Les Miracles de la Pensée, O. Swett Mardeu, p.
46-47.
(42)
Le Trésor des Humbles, p.257.
(43)
Ibid, p. 258.
(44)
Journal intime, Amiel, p. 91 t. I.
(45)
De la suggestion, p. 188.
(46)
Le cerveau et l'activité cérébrale, p. 187.
(47)
Le cerveau et l'activité cérébrale, A. Herzen, p.
159.
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(48)
Les Psychonévroses, Dubois, p. 54
(49)
Lettres sur le magnétisme animal, Gregory.
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