L`astronomie dans l`éducation et la culture

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L`astronomie dans l`éducation et la culture
L’astronomie dans
l’éducation et la culture
L’astronomie dans l’éducation la formation des enseignants
Etat des lieux
L’astronomie est enseignée à tous les
niveaux à l’Université, du DEUG au DEA, et
nos établissements y sont très impliqués.
L’information correspondante est donnée
dans la partie du rapport de prospective se
rapportant à l’enseignement, nous ne la
rappelons donc pas ici, pas plus que
l’ensemble des cours d’astrophysique
destinés aux étudiants. Mais nos
établissements participent aussi à la
formation des enseignants du primaire et
du secondaire car l’astronomie fait partie
des programmes scolaires (cycles 2 et 3,
classes de 4ème, 2ème et 1ère) et elle est
souvent utilisée dans les «parcours
diversifiés» proposés au collège.
Nous nous intéressons ici principalement
aux cours d’astrophysique destinés aux
enseignants du primaire et du secondaire,
pour lesquels la demande est importante,
surtout depuis l’introduction de notre
discipline dans les programmes de
physique et SVT. Ceux-ci sont donnés dans
plusieurs IUFM dans le cadre de la formation
initiale ou continue. Des universités d’été
sont également proposées chaque année
par le C LEA (Comité de Liaison Enseignants
Astronomes) et l’Observatoire de ParisMeudon.
Historiquement, le CLEA a été la première
organisation à fédérer, en 1976, les
enseignants et astronomes qui souhaitaient
avoir une démarche pédagogique pour
promouvoir
l’astronomie
dans
les
établissements scolaires (voir site Web :
http://www.ac-nice.fr/clea/). Dès cette date,
le CLEA a organisé chaque année des
universités d’été réunissant 40 à 100
participants et créé des documents
pédagogiques qui sont régulièrement
diffusés dans les établissements scolaires.
Ses membres organisent également chaque
année, en relation avec les IUFM ou
Rectorats, des stages dans les académies
d’Aix-Marseille, Clermont-Ferrand, Créteil,
Dijon, Lyon, Nice, Orléans, Poitiers, Rennes,
La Réunion, Strasbourg, Toulouse et
Versailles. Son journal, « Les Cahiers
Clairaut », qui vient de fêter son centième
numéro
(4
numéros/an)
propose
régulièrement des expériences à réaliser en
classe, des articles scientifiques et
historiques. Ses numéros spéciaux, adaptés
aux différents programmes scolaires,
fournissent aux enseignants des documents
qui ont été repris dans plusieurs pays
européens. Le C LEA participe à l’EAAE
(European Association for Astronomy
Education) et 5 enseignants du CLEA font
partie des organisateurs des Ecoles d’été
organisées depuis 1997 en Europe par
l’EAAE.
Selon les recommandations du rapport
« Pour une rénovation du dispositif de
formation des enseignants » et les souhaits
de la Commission des Présidents
d’Universités, il apparaît nécessaire de
développer la culture scientifique des
enseignants et futurs enseignants du
premier et du second degré. On pourra ainsi
lutter plus efficacement contre la
désaffection des jeunes pour les matières
scientifiques, d’autant que l’astrophysique
conserve un pouvoir de fascination que
nous devons exploiter pour ramener les
jeunes vers la physique en général.
C’est un des buts poursuivis au travers des
projets développés notamment par
l’Observatoire de Paris qui visent à ce que
l’ensemble des professeurs des écoles, des
collèges et des lycées puissent avoir accès à
une formation à l’astronomie et à
l’astrophysique. Les projets mis en œuvre
grâce au statut d’EPST de l’Observatoire de
Paris ne pourront être pérennisés qu’en
s’appuyant sur une collaboration de
l’ensemble des observatoires astronomi-
Groupe de réflexion IV.1 :
L’astronomie dans
l’éducation et la culture.
Composition : Ph. Chauvin,
F. Durret, M. Marcelin
(coordinateur),
A.L. Melchior, D. Proust,
Y. Viala.
On trouvera en annexe les
textes : « Liste des actions
entreprises en matière
d’éducation en astronomie par
établissement de recherche » et
« Liste des actions entreprises
en matière de diffusion de
l’astronomie par établissement
de recherche ».
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• L’astronomie dans l’éducation et la culture
ques et des laboratoires de la discipline.
Dans la lignée du CLEA, on peut citer le projet
international « Hands On Universe » qui se
développe en France sous l’appellation « L’Univers à
portée de main ». Ce réseau d’échanges rassemble, à
l’échelle nationale, des universitaires et chercheurs
appartenant à différents laboratoires de l’Université
Pierre et Marie Curie ainsi que des chercheurs
d’autres laboratoires et universités (Strasbourg,
Toulouse/CSR, Marseille, ...) et des enseignants du
secondaire de différentes villes (Paris, Cognac, Le
Mans, etc.). Il s’agit d’un projet de diffusion des
connaissances scientifiques destiné à l’enseignement
secondaire.
On notera aussi que des chercheurs de notre
discipline sont impliqués, comme consultants dans
l’opération « La main à la pâte « (voir site Web
http://www.inrp.fr/lamap) qui a été lancée en 1996, à
l’initiative du professeur Georges Charpak, prix Nobel
de physique 1992, et de l’Académie des Sciences. Elle
vise à promouvoir au sein de l’école primaire une
démarche d’investigation scientifique.
Par ailleurs, on notera que nos établissements sont
régulièrement sollicités, depuis 1995, pour aider les
étudiants des classes préparatoires pour leur TIPE
(Travail d’Initiative Personnelle Encadré) et, depuis
2000, les élèves de première et de terminale pour leur
TPE.
Enfin, on notera la participation de plusieurs
observatoires aux stages organisés dans le cadre du
diplôme d’astronomie du C NED.
On trouvera en annexe quelques exemples (la liste
est loin d’être exhaustive!) de ce qui se fait dans nos
établissements en matière d’éducation en
astronomie, et plus particulièrement pour la
formation des enseignants du secondaire.
L’information la plus détaillée à ce sujet provient de
l’Observatoire de Paris-Meudon et le texte s’y
rapportant reprend presque intégralement le rapport
de Christian Balança, Françoise Roques et Yves Viala.
Conclusion et propositions
La plupart de nos établissements ont des activités
d’enseignement d’astrophysique importantes. Une
fraction non négligeable de cet enseignement est
destinée aux enseignants ou futurs enseignants du
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primaire et du secondaire, elle est donc
particulièrement importante si on veut donner une
place de choix à l’astrophysique dans le dispositif
général de l’éducation. On peut ainsi espérer attirer
davantage de jeunes vers la physique en général et
enrayer l’érosion des effectifs constatée actuellement
dans les D EUG scientifiques.
Les journées de la SF2A, en juin 2002, ont permis de
réunir pour la première fois les acteurs de
l’enseignement de l’astronomie au niveau national
pour faire le point, notamment sur les besoins des
IUFM et le projet de Campus Numérique. Un résultat
concret de cette réunion est la réalisation (en cours)
d’une page Web, sur le site de la SF2A, regroupant
l’ensemble des actions en cours sur la formation et
l’enseignement.
Quelques propositions :
Permettre aux acteurs de la formation des
enseignants du primaire et du secondaire de se
réunir régulièrement pour coordonner leurs
actions (par le biais d’une action spécifique par
exemple). C’est ce que fait déjà le CLEA, une fois par
an, mais il ne rassemble pas tous les acteurs de ce
domaine.
Introduire davantage de travaux pratiques liés à
l’astrophysique dans l’enseignement secondaire
(construction de cadran solaire, observation du ciel,
traitement des images, etc.) voire même primaire
(avec la réalisation de maquette du système solaire
par exemple) afin de lutter contre la désaffection des
étudiants pour les études scientifiques. A cet égard,
les propositions du CLEA et le projet « L’Univers à
portée de main » (composante française de « Hands
On Universe ») sont des exemples à suivre qui
méritent un large soutien.
Coordonner l’action des chercheurs avec celle
des enseignants qui oeuvrent dans le cadre du
CLEA et de « L’Univers à portée de main ».
Financer des stages de type St Véran pour
enseignants durant les petites et grandes
vacances scolaires. A voir avec le M EN.
Organiser des stages de formation pour les
enseignants
dans
les
observatoires
ou
établissements scolaires (stages de type I UFM).
Encourager les rencontres chercheurs-élèves
dans les écoles.
Diffuser largement les nombreux travaux
pédagogiques déjà réalisés (CLEA, « L’Univers à
portée de main «, Observatoire de Paris).
Accueillir davantage les écoles dans les
observatoires (de jour mais aussi de nuit).
La diffusion de l’astronomie
auprès du grand public et des scolaires
Etat des lieux
L’astronomie est une science qui passionne le grand
public. La beauté des images d’objets célestes et
l’aventure spatiale contribuent largement à cet
engouement.
La plupart des observatoires et laboratoires
d’astrophysique répondent à cette demande du
public, par des opérations ponctuelles, de type portes
ouvertes, notamment lors de la traditionnelle « Fête
de la Science », mais aussi par des actions plus
continues, avec l’organisation régulière de
conférences données par les chercheurs ou des
séances d’observations du ciel, organisées le plus
souvent avec l’aide d’associations d’astronomes
amateurs. Les visites des groupes scolaires et du
public sont assez souvent gérées par des associations
(Comité de Liaison Enseignants-Astronomes à ParisOrsay, Andromède à Marseille, Parsec à Nice) ou des
établissements spécialisés (Centre d’Astronomie à
St Michel l’Observatoire pour l’OHP, Haute-Pyrénées
Tourisme Environnement pour le Pic du Midi) avec
des installations spécifiques dans les observatoires
ou à proximité de ceux-ci. Les Planétariums jouent un
rôle croissant dans cette perspective, en relation avec
les astronomes (exemples de Strasbourg, de Vaulxen-Velin/Lyon, de Marseille), et en unissant leurs
savoir-faire dans le cadre de l’APLF (Association des
Planétariums de Langue Française, créée en 1989,
siège à l’Observatoire de Strasbourg). Les chercheurs
y interviennent comme conseillers scientifiques ou
comme conférenciers.
Par ailleurs, de nombreux chercheurs interviennent, à
titre individuel, en donnant des conférences dans le
cadre d’écoles, d’universités du temps libre, de
maisons de la culture ou d’associations diverses et
variées. Un certain nombre d’entre eux écrivent ou
collaborent à l’écriture d’ouvrages d’astronomie pour
le grand public. On notera également l’intervention
des chercheurs pour de nombreuses interviews pour
des journaux, radios ou télévisions locales,
principalement en fonction de l’actualité
astronomique. Enfin, les établissements de recherche
astronomique sont régulièrement sollicités par le
public pour des demandes de renseignements, par
courrier, téléphone ou e-mail. Ces interventions
(conférences, interviews, renseignement du public)
ne sont pas détaillées par établissement dans la liste
qui suit, puisqu’on les retrouve partout. De plus, il est
difficile de les quantifier car l’information à ce sujet
est rarement complète dans les rapports d’activité
des
établissements.
Un
certain
nombre
d’établissements se sont récemment dotés de
services spécifiques de diffusion des connaissances
(comme SDC à Lyon, UNICOM à Paris, etc.). La SF2A
(Société Française d’Astronomie et d’Astrophysique)
soutient et stimule toutes ces activités de diffusion.
Cette association d’astronomes professionnels
contribue au rayonnement de l’astronomie en France,
elle participe à diverses manifestations comme « Les
rencontres du Ciel et de l’Espace », le « bar des
sciences », donne des conférences à La Villette,
parraine des manifestations d’astronomes amateurs,
répond aux demandes de conférences et animations
par un fichier de conférenciers spécialisés, etc.
On retiendra enfin le cas particulier des missions
d’observation des éclipses totales de Soleil qui sont
souvent l’occasion d’actions internationales (ateliers,
colloques, conférences, réunions) avec un volet grand
public. De tels évènements pourraient être mis
davantage à profit pour le développement de la
coopération lorsque ces éclipses sont observées
depuis des pays en voie de développement.
On trouvera en annexe un récapitulatif (non
exhaustif !) de ce qui se fait en la matière dans les
établissements pour lesquels nous avons pu avoir de
l’information.
Interprétation
Compte tenu de la multiplicité des actions de
diffusion menées dans les établissements de notre
discipline, il est rare qu’un chercheur ne s’implique
pas, à un moment où un autre, dans la diffusion des
sciences en direction du grand public. Ceux qui le
font régulièrement, sous forme notamment de
conférences et de contributions à des articles ou des
ouvrages de vulgarisation, doivent représenter en
gros un quart des chercheurs (on compte aussi
quelques ITA particulièrement actifs dans ce
domaine). Enfin, on peut considérer qu’il y a environ
un chercheur sur dix qui consacre une partie
significative de son temps à la diffusion des sciences
(de l’ordre de 25 % de son activité, ou plus) avec, par
exemple, des implications fortes dans des
associations d’astronomes amateurs ou des
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• L’astronomie dans l’éducation et la culture
fonctions de conseil auprès de musées, planétariums
ou centres spécialisés dans la diffusion tels que les
CCSTI ou autres.
Enfin, on notera que les données quantitatives que
nous avons pu obtenir sur les nombres de
publications dans les journaux ou les revues
destinées au grand public, d’interviews pour la radio
ou la télévision, ou même de conférences pour le
grand public et les scolaires, sont difficiles à exploiter
car les laboratoires disposent rarement de données
complètes à ce sujet (quand ils en ont). D’ailleurs,
même les chercheurs concernés en ont rarement une
liste exhaustive. L’information la plus détaillée à ce
sujet a été fournie par l’IAP, avec une étude sur les
trois dernières années. Elle permet de constater, par
exemple, que 10 % des chercheurs du laboratoire
(4 sur 38) fournissent à eux seuls 40 % de l’ensemble
des actions de vulgarisation répertoriées, et 16 %
(6 sur 38) en fournissent 56 %.
Conclusion et propositions
L’implication des chercheurs, et de certains ITA, dans
la diffusion de l’astronomie auprès du grand public
est forte, non seulement pour des interventions
ponctuelles, de types « portes ouvertes », mais aussi
au dehors de l’établissement, dans des cadres aussi
divers que les écoles, maisons de la culture,
universités du temps libre, associations, cafés des
sciences, etc. Il ne s’agit pas seulement de
conférences
mais
aussi
de
préparations
d’expositions, d’écritures d’articles ou d’ouvrages de
vulgarisation, de fonctions de conseiller scientifique
pour des projets de toutes sortes (muséographie,
audiovisuel, planétarium, etc.).
Malgré cette implication, la place de l’astronomie
dans les média reste relativement modeste en France.
Par comparaison, on peut citer l’exemple de
l’Angleterre où la BBC diffuse, depuis 45 ans, une
émission mensuelle (« The sky at night » de Patrick
Moore) avec des astronomes professionnels.
Devant la désaffection constatée actuellement chez
les jeunes pour les études scientifiques, l’attrait de
l’astronomie est un filon à exploiter pour les ramener
vers la physique (voir section « Etats des lieux »). Il
faut donc commencer cette action le plus tôt
possible, c’est-à-dire au niveau de la diffusion vers le
grand public. A ce sujet, on peut citer comme
exemple la réalisation d’un cd-rom interactif et d’un
film de 25 mn (au standard VHS, réalisé par le CNRS
Images/média)
présentant
les
activités
astronomiques de l’Observatoire Astronomique de
Marseille Provence. Le cd-rom et la cassette, dont la
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réalisation a été financée par le Conseil Général des
Bouches du Rhône à l’occasion du Tricentenaire de
l’Observatoire, ont été distribués gratuitement dans
les collèges du département. Le cd-rom, dont le coût
de fabrication est nettement moindre, a pu être tiré à
4 000 exemplaires et, de ce fait, distribué beaucoup
plus largement vers l’ensemble des établissements
scolaires et le grand public.
La présence de notre discipline sur internet est
importante, mais les sites des laboratoires sont
rarement attractifs. L’astronomie sur le Web est
surtout vue par le public au travers de sites proposés
par des associations d’amateurs, avec une qualité
très inégale.
Faute de moyens et de personnels, les observatoires
qui font visiter leurs installations au public sont de
plus en plus souvent amenés à déléguer cette tâche à
des associations ou à des entreprises spécialisées. De
ce fait les chercheurs risquent de se sentir moins
concernés et de perdre tout contact avec le public qui
est très friand de ce type de contact.
Quelques propositions :
Ouvrir les observatoires régulièrement au
public, ce qui nécessite des structures d’accueil et de
communication.
Informer le public de l’actualité scientifique
(site Web, Cd-rom, films).
Donner une plus large place à l’astronomie dans
les média. Cela passe par la mise en place de cellules
de communication ou de chargés de communication
dans chaque laboratoire et implique des moyens
conséquents. Toujours dans le même but, les sites
Web des laboratoires devraient prévoir de manière
systématique des pages spécifiques destinées au
grand public (beaucoup le font déjà).
N.B. A ce sujet, il faudra profiter du passage de Vénus devant
le Soleil en juin 2004 pour des actions concertées vers les média
et le grand public.
Resserrer les liens avec les astronomes
amateurs. De nombreux contacts existent déjà entre
professionnels et amateurs, le plus souvent à titre
individuel, et il serait bien qu’une interface officielle
permette de valoriser ce type de liens.
A ce sujet, la VIIIème école d’astrophysique d’Oléron
(mai 2003) mise en place par le CNRS a pour thème :
« Outils de l’astrophysique pour une collaboration
professionnels / amateurs efficace «.
Les chercheurs devraient faire davantage appel
aux services de la DIST du CNRS. A ce sujet, les
moyens humains et financiers que l’on trouve
actuellement au niveau des délégations régionales
du C NRS restent bien modestes et ne permettent pas
la mise en place d’une communication digne de ce
nom.
Reconnaître davantage la diffusion des sciences
dans la carrière des chercheurs et des ITA. Pour
inciter les chercheurs et les ITA à s’investir davantage
dans les activités de diffusion des sciences, il faudrait
que cette activité soit reconnue de manière plus
valorisante dans le déroulement de leur carrière.
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