Zibeline n° 101 en PDF

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Zibeline n° 101 en PDF
101
MENSUEL CULTUREL
& CITOYEN DU SUD-EST
DU 12.11.2016 AU 10.12.2016
2€
JOURNALZIBELINE.FR
société Le retour de l’Action Française
Politique culturelle Inégalités territoriales des financements
2€
au programme Aflam, Dansem, Explicit, Chants de Noël
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NOËL
DANS LES
THÉÂTRES
Musique, danse,
théâtre, humour...
dans une pochette !
LESTHEATRES.NET
ROSSINI
Quatuor de la Chambre
Philharmonique
–––
MUSIQUE DE CHAMBRE
EGLISE DES RÉFORMÉS • 2.12
CENDRILLON
Malandain Ballet Biarritz
–––
DANSE • GRAND THÉÂTRE • 9-10.12
DINO FAIT SON
CROONER
Shirley fait sa crâneuse
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MUSIC-HALL • GYMNASE • 13-18.12
IL EST DIFFICILE
D’ATTRAPER
UN CHAT…
Christophe Honoré,
Tommy Millot
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THÉÂTRE • JEU DE PAUME • 13-14.12
CHOIR OF ST.
JOHN’S COLLEGE
Byrd, Taverner
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CLASSIQUE • GRAND THÉÂTRE • 20.12
LES FESTES
D’ORPHÉE
ORCHESTRE
FRANÇAIS DES
JEUNES
Marc-Antoine Charpentier,
André Campra
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CLASSIQUE • GRAND THÉÂTRE • 15.12
CHŒUR HYSOPE
JESSYE NORMAN
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David Zinman, Marc Coppey
Notre monde qui chante !
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CL ASSIQUE • EGLISE SAINT JEAN
DE MALTE • 21.12
Bruno Rastier
CLASSIQUE • GRAND THÉÂTRE • 22.12
–––
JAZZ WORLD • GRAND THÉÂTRE • 16.12
Aix-en-Provence
Marseille
JE U DE PAU M E
GYMN ASE
G R A N D T HÉ ÂTRE BERN A RDIN ES
L E S T H E AT R E S . N E T
08 2013 2013
* Pour l’achat d’une pochette cadeau, dans la limite des stocks disponibles
e
ba
NOVEMBRE
DÉCEMBRE
2016
CULTURE ET SOCIÉTÉ
Mensuel payant paraissant le deuxième samedi du mois
Édité à 30 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé
Édité par Zibeline
BP 90007 13201 Marseille Cedex 1
Dépôt légal : janvier 2008 ISSN 2491-0732
Imprimé par Riccobono
Imprim’vert - papier recyclé
Crédit couverture : © Alouette sans tête
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Directrice de publication & rédactrice en chef
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CINÉMA
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06 82 84 88 94
06 20 42 40 57
06 86 94 70 44
Élise Padovani
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Polyvolants
Chris Bourgue
[email protected]
Maryvonne Colombani
[email protected]
06 03 58 65 96
06 62 10 15 75
Marie-Jo Dhô
[email protected]
Gaëlle Cloarec
[email protected]
06 72 95 39 64
Marie Godfrin-Guidicelli
[email protected] 06 64 97 51 56
Jan Cyril Salemi
[email protected]
Franck Marteyn
[email protected]
[email protected]
Maquettiste
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06 19 62 03 61
WRZ-Web Radio Zibeline
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Directrice Commerciale
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La régie
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[email protected] 06 22 17 07 56
Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy,
Frédéric Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau,
Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo,
Thomas Dalicante, Marion Cordier, Marie Michaud
Administration
Catherine Simon
[email protected]
Houda Moutaouakil
[email protected]
04 91 57 75 11
La capitale,
la province
et la guerre
Voilà que la presse nationale s’intéresse à la culture à Marseille.
Télérama y fait ses États Généreux, Le Monde publie un article
sur nos théâtres, l’Express enchaîne... Intérêt soudain pour la
Province ? On le souhaite : les journalistes culture nationaux ont
du mal à sortir de la capitale. Il faut dire que les journaux sont
pauvres, et comptent leurs frais de déplacement, et les piges de
leurs correspondants. Se pencher sur la vie culturelle provinciale
nécessiterait pourtant un regard moins surplombant...
Quand sera-t-il question de l’inégalité des financements entre
Paris et les Régions ? Ce déséquilibre, aux conséquences si
importantes pour la vie culturelle, n’est jamais commenté par
les spécialistes, les observateurs, le ministère. L’article du
Monde ne parle pas un instant des financements, et
presque pas de théâtre : il donne une impression
globale et subjective, parle du cou de Macha
101
Makeïeff, rapporte des on-dit quant à ses mises
en scène, qu’il n’a visiblement pas vues. Mais il
n’aborde jamais la question des moyens de production,
et de diffusion.
Pourtant les journaux nationaux savent ce que signifie la
contrainte économique, et espèrent trouver en province des
lecteurs potentiels, et des annonceurs culturels. Des marchés.
Les provinciaux intéressent lorsqu’ils payent : l’État finance
mal la décentralisation culturelle et a baissé les dotations aux
collectivités locales, mais il collecte égalitairement des impôts qui
profitent inégalitairement à Paris. Voit-il le désarroi qui s’empare
des régions pauvres de France ? Centrés sur leur champ de
vision immédiat, les médias et ceux qui nous gouvernent ne
comprennent pas davantage ce qui se passe au sud de notre
mer. Savent-ils que la COP22 a lieu cette année à Marrakech ?
Et que le dérèglement climatique reste tout aussi crucial qu’il y
a un an, lorsque tant de moyens ont été mobilisés pour recevoir
le monde à Paris ? Quant à la souffrance humaine... Plus de 500 000 personnes sont
mortes en Syrie, mais ils comptent et répartissent quelques centaines
de réfugiés et de migrants, obsédés par des considérations de
politique intérieure. Qu’en est-il de l’égalité que proclame notre
devise républicaine ? Qu’en est-il de notre humanité commune ?
ÉDITO
RETROUVEZ ZIBELINE SUR JOURNALZIBELINE.FR
AGNÈS FRESCHEL
NOVEMBRE
79,254
NOVEMBRE 2016
SAISON 2016 // 2017
THÉÂTRE
18 / 11 / 16
18 / 11 / 16
© Laurent Weyl Argos
79,254
CRÉATION
2016
création 2016
av ec le s out ien de l’O N D A
SUR
POINTES
t arif s : 1 5 / 1 0 / 5 / 3 €
durée ± 1 h3 0 / ≥ 14 a ns
JEU. 24 & VEN. 25 NOVEMBRE 2016 > 20h30
VOYAGE À TOKYO
d’après le film de Yasujiro Ozu
EMIO GRECO
PIETER C SCHOLTEN
Dorian Rossel / C ie STT
JEROEN
VERBRUGGEN
© Alwin Poiana
« Avec l’éblouissant Yoshi Oïda en chef de troupe,
Dorian Rossel relève le défi de porter au théâtre une
des œuvres majeures du cinéma d’Ozu. »
Patrick Sourd / Les Inrocks
« C’est simple et lumineux. Avec beaucoup de tendresse
et d’humour triste. »
Fabienne Pascaud / Télérama
RÉSA 04 91 327 327
fnacspectacles.com
SAISON 16/17
25, 26 NOV. 2016
À L’OPÉRA DE MARSEILLE
sommaire
101
SociÉtÉ
Entretien avec Bassma Kodmani (P.6-7)
L’Action Française (P.8-9)
COP22 (P.10)
Politique culturelle
Entretien avec Isabelle Martin-Bridot,
nouvelle directrice des Hivernales (P.11)
L’inégalité territoriale de la culture (P.12-13)
La COP22 se tient à Marrakech jusqu’au 18 novembre,
Odyssée Ibn Battuta-étape Seyne sur Mer © Gaëlle Cloarec
événements
Conférences à l’EHESS, à Opera Mundi,
à la Villa Méditerranée (P.14-15)
Expo de Lieux publics, une saison à La Marelle (P.16-17)
Dansem, Festiv’anges (P.18-19)
Explicit, Rencontres à l’échelle,
Théâtre du Maquis (P.20-21)
Chants de Noël, les Inovendables (P.22-23)
MuCEM, Grains de sel (P.24-25)
Une nouvelle directrice aux Hivernales, Isabelle Martin-Bridot © Thomas Bohl
critiques
Spectacles, musiques (P.26-33)
Marseille, Montpellier, Aix, Château-Arnoux, Toulon
Festival Explicit à hTh, Montpellier, spectacle Schönheitsabend © Karolina Miernik
AU PROGRAMME DU MOIS
Musiques (P.34-38)
Spectacles (P.39-65)
Exposition La Traversée, consacrée
à Johan Creten au CRAC de Sète,
Johan Creten - Odore di femmina ©
Gerrit Schreurs
cinéma [P.66-71]
Arts visuels [P.72-78]
Martigues, Nîmes, Marseille, Sète, Montpellier,
Aix, Hyères, Brignoles
livres [P.80-86]
6
société
Une solution politique en Syrie
BASSMA KODMANI, PERSONNALITÉ ACTIVE DE L’OPPOSITION SYRIENNE*,
EXPLIQUE À ZIBELINE LA SITUATION POLITIQUE EN SYRIE, ET EN EUROPE...
Zibeline : Comment appréhendez-vous l’avenir
de la Syrie ?
Bassma Kodmani : Il y a bien trop d’acteurs aujourd’hui en Syrie, qui ont englouti la
demande initiale, non-violente, d’une aspiration
populaire à la fin de la dictature, de l’état policier
et corrompu. Nous avons besoin que tous les
membres de la communauté internationale
concernés par ce conflit signifient à ceux
qui soutiennent ce régime criminel qu’il ne
pourra pas perdurer. Cet engagement sérieux
est indispensable pour parvenir à un processus
politique et aboutir à une Syrie unie. Notre
priorité est cette solution politique, et le soutien
à l’opposition syrienne modérée.
Cela implique-t-il une intervention armée
plus soutenue ?
Pour l’heure, nous avons un camp, c’est-àdire le régime soutenu par la Russie et l’Iran,
qui joue le tout militaire et ne donne aucune
perspective à une discussion politique. Face
à une telle détermination, il est nécessaire
d’utiliser des moyens de pression pour que
le processus politique devienne possible. Il y
a des instruments de menaces : l’utilisation
de la force, et une utilisation effective en cas
de violation de tout accord. Ces moyens sont
malheureusement nécessaires pour qu’une
avancée sur le terrain politique devienne
possible. Que ce soit pour un cessez-le-feu
ou un accord de paix, nous avons besoin de
garanties, qui ne peuvent venir ni du régime,
ni de la Russie, mais d’une diplomatie plus
coercitive.
Vous n’avez pu vous rendre en Syrie depuis
deux ans. Quels échos avez-vous de la vie au
quotidien dans votre pays ?
La situation est insupportable, elle s’aggrave
dans toutes les régions, y compris celles tenues
par le régime d’Assad. Sans compter l’enfer
que vivent les populations bombardées tous
les jours. Dans les zones contrôlées par l’Etat
Islamique (EI), ceux qui le pouvaient ont fui.
Ceux qui sont restés n’avaient nulle part où
aller et sont soumis en attendant une issue.
Mais ils ne pourront pas prendre l’initiative de
se révolter tout seuls, la solution doit venir de
l’extérieur. Le régime a des rapports avec l’EI.
Nous, en tant qu’opposition syrienne, nous
n’en avons aucun. C’est une force qui s’est
© Public Domain
développée à la faveur du chaos et qui doit être
éradiquée. Il faut, dans ces zones, remplacer le
chaos par une gouvernance légitime.
Dans le cadre de la reconstruction du pays,
seriez-vous prêts à dialoguer avec Assad ?
Non. Le compromis avec Assad s’est révélé
impossible. La solution passe par un plan
de transition démocratique, dans lequel le
départ d’Assad est programmé et se passe de
manière contrôlée et, je l’espère, pacifique. Il
faut qu’ensuite nous puissions juger le criminel : le scénario de l’Irak ou de la Libye est à
éviter absolument. Si Assad part violemment,
la violence risque fort de continuer.
Pour mener à bien cette transition, pourriez-vous y associer des proches du régime ?
Dans le cas d’un départ négocié, je pense que
oui. Des membres du gouvernement, ou du
système Assad, ceux qui ne sont pas compromis
dans les crimes monstrueux, pourront faire
partie d’un gouvernement de transition.
Quelle est votre position sur le sort des réfugiés
en Europe ?
© Public Domain
7
André G
illes
©
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Pourquoi, à votre avis, une telle attitude ?
Le sort que connaissent ici les réfugiés est
symptomatique de sociétés relativement
insensibles à ce qui se passe ailleurs, avec des
gouvernements qui se renvoient la responsabilité les uns aux autres. Cela révèle que les
pays riches ne sont pas en mesure de faire
davantage, ni pour remédier aux causes d’origine
ni pour accueillir les réfugiés. L’Europe est face
à une instabilité structurelle, qui va au-delà des
réfugiés syriens, mais elle évite d’y faire face.
Cela impliquerait des mesures indispensables,
de politiques économiques cohérentes, une
organisation du codéveloppement. Cela fait
des décennies que l’Europe s’en gargarise sans
rien faire. Aujourd’hui, elle est confrontée à
l’arrivée de ces populations sur son territoire
et ne veut toujours pas traiter le problème à
la hauteur requise.
a
av
G
Bassma Kodmani © Arab Reform Initiative (ARI)
Il faut, en préalable, avoir à l’esprit que les
pays voisins accueillent un grand nombre de
réfugiés syriens. Au Liban, ils représentent près
de 30% de la population, en Jordanie 20%.
Ils sont 0,5% à tenter d’arriver en Europe et
28 pays ne sont pas décidés à les accueillir au
prétexte d’une capacité d’absorption. C’est
surprenant, car ces pays européens ont bien
plus de moyens ! C’est une question de droits
de l’homme, l’Europe tourne le dos aux valeurs
qu’elle porte.
Comment avez-vous réagi au démantèlement
brutal du bidonville de Calais ?
Quand on connaît une situation comme à
Calais, on est déjà dans le « trop tard ». C’est
la démonstration que les pays se tournent le
dos au lieu de coopérer. Le démantèlement
était brutal, mais pourquoi en arriver là ? Le
Royaume-Uni est autant à blâmer que la France
et l’attitude des Britanniques a été très égoïste.
Les riches pays du Golfe pourraient accueillir
des réfugiés. Pourquoi ne le font-ils pas ?
Ces pays ne se prétendent être ni des démocraties, ni des protecteurs des droits de l’homme.
Ils auraient les moyens d’accueillir des réfugiés,
sans les faire vivre par la charité et pourraient
certainement leur fournir du travail. Mais ils
font des choix sans aucune considération de
questions morales. Nous souhaitons ardemment
qu’il en soit autrement, mais nous n’attendons pas grand chose de leur part. Il faudrait
aussi que l’Europe dans son dialogue avec ces
pays-là, parle d’autre chose que de contrats
et de considérations commerciales.
PROPOS RECUEILLIS PAR JAN-CYRIL SALEMI
*Bassma Kodmani est directrice de l’Initiative pour
une Réforme Arabe, organisation fondée en 2005
pour favoriser un ensemble d’évolutions afin de
tendre vers la démocratie dans les pays arabes.
Elle est l’une des représentantes de l’opposition dans
la délégation pour les négociations de paix dans son
pays. Elle vit désormais principalement en France.
Bassma Kodmani sera l’invitée des
Rencontres d’Averroès le 12 novembre
à La Criée, Marseille
rencontresaverroes.com
Ciao, l’ami !
Sobre, bref, sans « gnangnan », c’est ce qu’aurait voulu notre collaborateur, André Gilles, disparu bien trop
tôt mercredi 26 octobre 2016 après une longue maladie.
Il a lutté jusqu’au bout, comme il l’a toujours fait contre les injustices de la vie. Il aimait le latin et le grec,
l’archéologie, la littérature, la bonne bouffe… et le cinéma.
Agrégé de lettres classiques, professeur au collège Georges Brassens de Marignane, formateur en pédagogie
du cinéma, à sa retraite, il n’y a même pas 3 ans, il nous a rejointes et a mis sa plume au service de la rubrique
cinéma de Zibeline. Et cela a été un pur bonheur de travailler avec ce bon vivant toujours à l’écoute, souriant,
généreux, plein d’humour, qui n’hésitait pas parfois à se moquer gentiment des nos « travers de nanas » ! Il parlait
turc, grec et avait entrepris d’étudier l’italien ; il a rêvé jusqu’au bout de pouvoir retourner en Sicile au printemps ; il n’en aura pas eu
le temps. On se sent un peu orphelines, à la rubrique cinéma. Nous n’hésitons pas à l’écrire, espérant que ce n’est pas trop « gnangnan ‘
pour notre collaborateur et ami, André.
ANNIE GAVA ET ÉLISE PADOVANI
La rubrique cinéma est en deuil, la rédaction de Zibeline aussi. Nous avons eu un grand plaisir à découvrir la gentillesse et l’humour
d’André, et le décalage léger, bienveillant, qu’il introduisait lors de nos réunions, et dans ses chroniques. Notre collaboration aura été
trop courte, et son sourire amusé restera présent dans nos mémoires.
AGNÈS FRESCHEL
8
société
DEPUIS 2014, LA SECTION PROVENCE DE L’ACTION FRANÇAISE S’EST INSTALLÉE DANS UN LOCAL
EN PLEIN CŒUR DE MARSEILLE. DANS LE QUARTIER POPULAIRE DE LA PLAINE, CE MOUVEMENT
ROYALISTE ET NATIONALISTE TIENT RÉGULIÈREMENT DES RÉUNIONS ET SA PRÉSENCE PROVOQUE
POLÉMIQUES ET TENSIONS
«
National royalisme
Tout ce qui est national est nôtre » « Nationalisme intégral, royalisme social ». Ces
devises trônent en tête de page sur le
site Internet de l’Action Française (AF). Le
mouvement naît à la fin du XIXe, dans les
remous de l’Affaire Dreyfus. Radicalement
anti-dreyfusarde et antisémite, l’AF édite la
Revue d’Action Française, où ces idées sont
relayées ainsi qu’un nationalisme exacerbé.
Très rapidement, l’AF prend une voie royaliste,
sous l’influence de Charles Maurras, que
les militants appellent encore aujourd’hui
« Maître ». Maurras (1868-1952) est un écrivain,
élu à l’Académie Française, qui fut
lors de l’Occupation un fervent
soutien du régime de Vichy. Sa
doctrine, le nationalisme intégral,
est le socle politique de l’AF, qui
réprouvait cependant en 1943 « toute
résistance à l’occupant ».
« Nous combattrons, comme nous le fîmes
toujours, cette anarchie cosmopolite qui
remet à des étrangers de naissance ou
de cœur le gouvernement de la France,
l’anarchie universitaire qui confie
l’éducation des jeunes français à des
maîtres barbares, les uns juifs, d’autres
protestants » Ces mots sont extraits
d’un texte de 1908, cosigné Maurras
et une douzaine de personnes. Il
parut dans le journal de l’AF, devenu
alors à parution quotidienne. « À
bas la République ! Et, pour que vive
la France, vive le Roi ! », conclut la
tribune.
CAMELOTS DU ROI
L’idéologie de l’AF, dans la foulée d’autres
courants et ligues d’extrême-droite, fut florissante jusqu’au début des années 30. Le 6
février 1934, une manifestation à l’appel de
ces diverses organisations tourna à l’émeute
sanglante et faillit faire basculer la République. Les Camelots du Roi, militants et
vendeurs du journal de l’AF, sont les piliers
du mouvement. Le site de l’AF use encore
du terme, précisant : « La vente du journal à la
criée, depuis lors, a toujours été la tâche essentielle
des Camelots du Roi. Elle contribue à la diffusion
des idées royalistes dans le grand public, mais elle
est aussi l’école du militantisme. »
En 2016, l’un des fondamentaux de l’Action
Française reste ses actions de propagande.
Depuis les années 30, la situation a nettement
évolué. La fleur de lys pour emblème, l’attachement au catholicisme, l’idéologie nationaliste
et monarchiste demeurent. Mais les Camelots
du XXIe siècle ont adapté leurs méthodes,
médiatique et à produire du contenu à l’usage
des réseaux sociaux.
STRATÉGIES DE
COMMUNICATION
Ce terrain virtuel est un enjeu majeur pour
répandre l’idéologie et, par ricochet, toucher
un public jeune, connecté en permanence sur
ces réseaux. Les comptes Facebook ou Twitter de
l’AF Provence sont alimentés quotidiennement,
de manière méthodique et très professionnelle,
alternant posts d’opinions et relais des actions
menées par le mouvement. L’imagerie y est soignée, met en avant
une affirmation clanique (« Esprit de
clan » est l’un des slogans utilisés),
reprenant certains « street codes », et
appuyant une logique de territoire
voire de guérilla urbaine (« La rue
est à nous », mentionne une affiche,
ou « Mauvais garçons mais bons compagnons. Toujours prêts à défendre leur
local, leur rue, leur pays », indique
un tweet illustré d’une image (une
quinzaine d’hommes alignés, visiblement prêts à faire le coup de poing)
tirée d’une vidéo de la réunion de
rentrée à la rue Navarin. Ce film
de trois minutes, conçu comme
un clip, use de ces références :
images en noir et blanc, saccadées,
caméra inclinée, plans serrés sur des
militants casqués, occupant la rue
pour protéger l’assemblée d’une
Tweet de l’AF © X.DR
centaine de sympathisants de l’AF,
installés sur des chaises au milieu
de la chaussée. « Et, pour que vive
faisant d’internet et des réseaux sociaux l’un la France, vive le Roi ! », scandent-ils à la fin
des axes essentiels de leur communication. de la vidéo.
Et si l’AF a connu une longue période de Une certaine violence est donc revendiquée par
creux, elle est de nouveau en plein essor. En l’AF, mais les militants marseillais assurent qu’il
particulier la section Provence, l’une des plus s’agit de réagir aux menaces qu’ils rencontrent
actives. Ces derniers mois, elle affiche une dans le quartier. Leur local est en effet réguprésence marquée, multiplie les coups d’éclats, lièrement la cible d’attaques, dégradations ou
cherchant à la fois à atteindre une visibilité tags, que l’AF attribue systématiquement aux
9
Local de l’Action française © Jan Cyril Salemi
« antifa ». Dans cette partie de la ville, populaire
et métissée, on s’accommode mal de la présence
d’un mouvement qui affirme son hostilité aux
immigrés, son refus du mariage homosexuel ou
son opposition à l’avortement. « Ils représentent
des valeurs que l’on rejette » explique-t-on à
l’Action Antifasciste Marseille, qui relaye
également des témoignages d’agressions commises par des personnes fréquentant le local de
la rue Navarin. Et met au défi de prouver que
le collectif est l’auteur des actes dont l’accuse
l’AF. « Ils ont beaucoup d’ennemis, pas que nous,
et ils le savent très bien. » Tandis que du côté
de l’AF, on nie toute violence perpétrée par
des militants. Ces troubles, de plus en plus
fréquents, ont conduit des voisins à se regrouper
(Collectif rue Navarin) pour alerter sur la
situation et le député de la circonscription,
Patrick Mennucci, a demandé fin octobre au
maire de Marseille de procéder à la fermeture
administrative du local.
RÉSEAUX D’EXTRÊME-DROITE
L’AF refuse d’être cataloguée à l’extrême-droite,
assure ne soutenir aucun parti, tient en apparence un discours social, avec références
marxistes, « on a beaucoup plus en commun avec
les antifa que ce qu’ils veulent le croire ». Dans
la réalité, il en va tout autrement.
À Marseille, les connexions avec le Front
national sont connues. Les militants AF précisent simplement qu’il s’agit d’affinités avec
une personnalité, Stéphane Ravier, non pas
avec le parti. Tout comme ils admettent une
proximité de vues avec la ligne de Marion
Maréchal Le Pen, mais pas celle de Florian
Philippot, notoirement homosexuel. « S’il
avait été le candidat à la mairie de Marseille, on
ne l’aurait pas soutenu. »
Malgré ces prises de distance avec l’appareil du
FN, l’AF joue un rôle de satellite des frontistes.
Il s’agit aussi pour le FN de former des jeunes :
le parti est celui qui compte le plus de candidats
de moins de 30 ans. Il est relativement aisé
pour un jeune militant de gravir les échelons et
d’être en situation éligible. L’AF est ainsi une
sorte de sas, où il est possible de suivre une
formation idéologique, s’aguerrir, voire laisser
parfois quelques débordements s’exprimer,
sans que cela retombe sur le FN.
Officiellement, le parti de la famille Le Pen
se tient à l’écart des groupuscules d’extrême-droite. En coulisses, et parfois plus
ouvertement, les ramifications sont actives.
Lors des municipales de 2014 à Marseille, des
membres de l’AF étaient présents sur la liste
Ravier, et très impliqués dans sa campagne.
Le site de l’AF relaye une vidéo de France
3 où le maire des 13-14, salue « les militants
exemplaires de l’Action Française » se disant
« très heureux et très fier de ces jeunes gens ».
Le local de la rue Navarin a été acquis via
une Société Civile Immobilière, nommée Le
Cochonnet, où figurent des proches du Bloc
Identitaire (deux membres des Antigones,
le mouvement de femmes identitaires) ou
un candidat FN à Marseille revendiquant
ouvertement le « Blood and Honour » (Sang
et Honneur). Cette devise héritée des jeunesses
hitlériennes est associée aujourd’hui à un label
de musique néo-nazie, spécialisé dans le RAC
(Rock Anti-Communiste).
La rhétorique de communication privilégiée
par l’AF -« on est plus proches de Mélenchon que
de Sarkozy ou Hollande »- est incompatible avec
ce qu’est réellement ce mouvement. Dans
un monde en perte de repères, où les valeurs
progressistes peinent à s’exprimer, où les idées
radicales deviennent banales, où le discours de
gauche est discrédité, l’AF s’engouffre dans
une brèche, déjà ouverte sur plusieurs autres
fronts. Le modèle de société que souhaitent
ces divers courants ne laisse place à aucune
ambiguïté.
JAN-CYRIL SALEMI
10 société
Odyssée Ibn Battuta-étape Seyne sur Mer © Gaëlle Cloarec
Souquez !
R
appelez-vous, c’était il y a un an, à Paris1 :
la COP21 s’achevait, l’État d’urgence
ayant assigné à résidence les militants
de l’environnement les plus remuants, et
Laurent Fabius, épuisé par une négociation
intense, annonçait un accord juridiquement
contraignant. 195 pays s’engageaient sur le
papier contre le réchauffement climatique.
Ratifié en septembre par les deux plus gros
pollueurs au monde, la Chine et les USA, et
par le troisième, l’Inde, un mois plus tard, le
texte vise à contenir la hausse des températures
moyennes sous le seuil de +2°C par rapport
au niveau préindustriel.
LES ENJEUX DE LA COP22
La COP22 aura lieu du 7 au 18 novembre
au Maroc : à l’heure où nous écrivons ces
lignes, elle n’a pas encore commencé, mais
tout le monde espère que cette édition de la
conférence, organe de décision suprême de
la Convention-cadre des Nations Unies sur
les changements climatiques, sera celle des
applications concrètes. Un glissement massif
des capitaux, abandonnant les énergies fossiles
pour encourager les renouvelables ; un réel
effort pour rééquilibrer l’investissement des
pays riches, les plus énergivores, face aux pays
du Sud, les plus impactés par le réchauffement
; la prise en compte de la problématique spécifique aux espaces maritimes, élément clé de
l’équilibre climatique.
LE PAYS ACCUEILLANT
Les délégations des 197 Parties concernées (197
États -dont le dernier intégré, la Palestine- et
LA 22E CONFÉRENCE DES PARTIES, DITE COP22, BAT SON PLEIN À
MARRAKECH JUSQU’AU 18 NOVEMBRE, DANS LE BUT DE LIMITER
LES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE À L’ÉCHELLE MONDIALE,
ET DONC LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE. LA SOCIÉTÉ CIVILE
CROIT DE MOINS EN MOINS À SON EFFICACITÉ ET S’AUTONOMISE
l’Union Européenne) se rassembleront à Marrakech. D’aucuns se réjouissent : après un pays
occidental cossu comme la France, il est bon
qu’un pays du Maghreb, dont les côtes et les
zones désertiques sont déjà frappées de plein
fouet par la hausse des températures, reçoive la
Conférence. Reste que sa situation particulière
n’est pas anodine : le Maroc est un royaume
autoritaire, proche des pays du Golfe, et sa
politique environnementale est loin d’être
exemplaire.
ODYSSÉE IBN BATTÛTA
Comme lors des précédentes COP, d’innombrables ONG et collectifs écologistes
convergeront vers le site, espérant influer sur
les débats. Mais cette année, de manière plus
prononcée encore, la société civile entend
conjuguer luttes environnementales et sociales.
C’est l’objectif premier de l’Odyssée des
Alternatives Ibn Battûta2, une initiative qui
relie à la voile Barcelone et Tanger, organisant
à chaque étape, avec les structures locales,
des forums et mobilisations centrées sur la
justice climatique. Le 22 octobre, l’Odyssée s’est
arrêtée à La Seyne-sur-Mer, pour une journée
d’échanges avec les équipages participants,
des projections, débats et nombreux ateliers.
RELIER LES PEUPLES
Si la présidence marocaine se réunit avec la
société civile pendant la COP22 afin « d’élaborer
ensemble un agenda pour le climat commun »,
annonce le site officiel, ladite société civile
n’est pas forcément convaincue. Certes, les
grosses ONG, rompues au lobbying, jouent
le jeu volontiers. Mais nombre des plus petites
structures et des activistes n’attendent rien ou
pas grand chose des grands organismes. Pour
Jean Ronan Le Pen, de la plate-forme Océan
& Climat, « Les institutions sont devenues un
obstacle. La FAO par exemple n’aborde la question
maritime que par la « pêche durable », mais l’enjeu
ne se limite pas à ça ! ». Comme le souligne
Hervé Paris, du collectif Altercarto (usages
citoyens des données statistiques), « Nous, on
s’en fiche de la COP, ce qu’on veut c’est se mettre
en réseau, et creuser le débat sur le changement
de modèle productiviste : il est en latence mais il
n’a jamais eu lieu ».
ESPÉRER
L’escale de l’Odyssée à la Seyne-sur-Mer n’était
pas dénuée d’espoir. On y a vu de jeunes adolescents issus des quartiers très populaires de
Martigues présenter fièrement le film qu’ils ont
réalisé sur l’écocitoyenneté. Avec l’association de
scientifiques Les Petits Débrouillards, ils ont
entre autres fabriqué leur propre station d’étude
de la qualité de l’air : on ne leur en contera plus.
À Gabès, l’étape suivante, ce sont les initiatives
populaires face à la pollution industrielle, un
ravage en Tunisie, qui prendront le relais.
GAËLLE CLOAREC
1
2
Lire notre article consacré à la COP21 dans Zibeline n°91
Ibn Battûta : explorateur berbère (1304-1377)
Pour aller plus loin :
cop22.ma
odysseeibnbattuta.org
ocean-climate.org
altercarto.fr
lespetitsdebrouillardspaca.org
politique culturelle 11
Les Hivernales changent de tête
ISABELLE MARTIN-BRIDOT EST OFFICIELLEMENT NOMMÉE À LA DIRECTION DES HIVERNALES - CENTRE DE
DÉVELOPPEMENT CHORÉGRAPHIQUE D’AVIGNON. DONT ELLE ÉTAIT LA DIRECTRICE DÉLÉGUÉE DEPUIS LE
DÉPART, MOUVEMENTÉ, D’EMMANUEL SÉRAFINI. PORTRAIT D’UNE FEMME DE TERRAIN...
Zibeline : Quel a été votre parcours jusqu’à
cette prise de direction ?
Isabelle Martin-Bridot : Je viens de l’enseignement de la danse, et j’ai commencé en
2000 à travailler à Uzès Danse, pour rejoindre
dès 2004 le Centre de Développement Chorégraphique d’Avignon, en tant que chargée
de communication. Emmanuel Sérafini m’a
ensuite nommée secrétaire générale, et j’assure
depuis janvier 2016 la direction par intérim.
Votre nomination a-t-elle fait l’unanimité ?
Je me suis sentie portée par une équipe en
demande, par les collectivités territoriales et
surtout par un conseil d’administration qui m’a
nettement encouragée. Pour le ministère cela
a été plus compliqué : ils ne me connaissaient
pas. Mais la Ville et le Département ont été
très actifs en ma faveur.
Les Hivernales sont-elles sorties des difficultés
financières qui ont abouti au licenciement
d’Emmanuel Sérafini, et qui existaient du
temps d’Amélie Grand ?
On en était sorti après le départ d’Amélie
Grand mais on a replongé l’année dernière.
En 2016 on a commencé à résorber le déficit.
L’exercice n’est pas fini mais je peux d’ores
et déjà vous dire qu’on a fait un grand pas et
que le bout du tunnel est en vue.
Et votre lieu, le théâtre des Hivernales, parviendrez vous à le conserver ?
À ce niveau tout reste à faire ! Notre bail court
jusqu’en 2020 et je suis assurée pourtant que
les collectivités ont à cœur de nous aider dans
notre recherche d’un lieu de spectacle.
Votre projet artistique diffère t-il du précédent ?
Il s’agit de maintenir le positionnement du
CDC, qui est un lieu de référence chorégraphique. Cependant, sans renoncer à notre
exigence artistique, je voudrais ouvrir davantage les Hivernales sur la ville, proposer des
spectacles hors de plateau, en extérieur... Après
2017 le Festival se décalera en partie, pour
rendre possible la venue des Avignonnais,
en particulier de la jeunesse, des étudiants,
des lycéens, mais aussi des entreprises avec
lesquelles nous tissons des liens. Je voudrais
également sortir la danse des remparts d’Avignon, aller en périphérie, mais aussi en milieu
rural. J’ai un projet avec Uzes danse, qui a un
studio mobile et amène la danse hors de la
Isabelle Martin-Bridot © Thomas Bohl
ville, sur tous les chemins.
Allez-vous continuer à travailler toute l’année,
ou vous concentrer sur le Festival de février ?
Non, nous voulons poursuivre les rencontres
régulières et créer du lien autour de la pratique.
Nous avons dorénavant -c’est un conventionnement du ministère pour tous les CDC- des
artistes associés pour trois ans : Naif production
(Sylvain Bouillet, Mathieu Desseigne et Lucien
Reynes ndlr) ont à cœur de travailler avec des
amateurs, leurs créations s’en nourrissent. Je
crois vraiment que c’est par la pratique que
la danse s’approche et se transmet.
Les Hivernales sont traditionnellement très
liés à la pratique, et les stages d’Amélie Grand
ont fait le CDC...
Oui, mais il faut repenser leur fonctionnement. Aujourd’hui ce type de stage est proposé
partout, et les amateurs ne traversent plus la
France pour venir en stage de vacances. Nos
ateliers de pratique sont pour les habitants, Naif
Production est issu du territoire d’Avignon,
et cela a du sens.
Allez-vous conserver l’Eté des Hivernales ?
Oui, bien sûr. Cela va dépendre du lieu, il faudra
peut être revoir le format si nous n’avons plus
le théâtre, mais il faut absolument que la danse,
dans l’énergie du Festival d’Avignon, montre
sa vitalité. C’est un temps de visibilité pour
les compagnies chorégraphiques régionales,
et les accompagner est l’une de nos missions.
Pouvez-vous nous révéler quelques temps
fort du festival de février ?
Avec plaisir ! Nous commencerons au Palais
des Papes ! Avec Yvan Alexandre, juste après
la création de sa pièce à la Conciergerie. Naïf
production créera la Mécanique des Ombres. Il y
aura aussi Christian Rizzo, directeur du Centre
chorégraphique National de Montpellier, un
voisin avec qui nous voulons créer des liens,
et le Ballet National de Marseille, pour les
mêmes raisons ! Il y aura aussi du hip hop
avec Amala Dianor, la pièce écologique de
Frank Micheletti (Kubilai Khan Investigation
ndlr), et une belle déambulation de Sébastien
Ly dans la Collection Lambert. Pour la plus
grande ouverture esthétique possible, dans
un esprit de partage, et un désir d’exigence.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL
hivernales-avignon.com
12 politique culturelle
SOMMES-NOUS ÉGAUX DEVANT L’OFFRE CULTURELLE ? LES FINANCEMENTS PUBLICS DE LA
CULTURE NE CONCERNENT PAS ÉQUITABLEMENT TOUS LES FRANÇAIS, DANS UN PAYS OÙ LA
CENTRALISATION FAIT LOI, ET SYSTÈME
Citoyen culturel de deuxième
et troisième zones
L
’Arcade, agence régionale des arts du spectacle, s’apprête à publier son rapport régulier
(tous les deux ans) sur les financements
de la culture 2014 en Provence-Alpes-Côte
d’Azur. Une étude qui permet, entre autres, de
comparer les financements publics des collectivités : l’État, la Région, les 6 Départements,
et un panel de 28 Intercommunalités et 93
Communes. Les chiffres qui en découlent
sont mis en perspective territoriale.
SYSTÈME DE COMPENSATION
En région PACA, les équilibres territoriaux
sont subtils. Les chiffres datent de 2014,
soit avant les élections régionales, départementales et municipales, mais ils n’ont pas
notablement changé, sauf sur 2 points : le fort
désengagement du Conseil départemental des
Bouches-du-Rhône qui depuis 2014 a baissé
le budget culture d’au moins 20%, et l’a de
plus concentré sur Marseille ; le rééquilibrage
des dépenses de la Région, en particulier vers
les Alpes-Maritimes, sous dotées par rapport
aux Bouches-du-Rhône lors des mandatures
précédentes : Michel Vauzelle parlait d’équité
par le développement culturel des territoires
défavorisés, Christian Estrosi veut l’égalité
des dépenses culturelles, quel que soit le niveau
de vie des habitants.
Pour ce qui est des communes, celles des
Alpes-Maritimes, plus riches que les autres,
investissent davantage dans la culture ; il n’en
est pas de même dans le Var où, à l’exception
notable de Toulon, les budget culturels des
communes sont particulièrement bas, pour
un département où le niveau de vie est élevé ;
mais c’est dans les Alpes de Haute-Provence
et les Hautes-Alpes que le financement des
communes est au plus bas, et entraîne avec lui
une très faible implication de l’État et de la
Région : il est en effet difficile d’abonder au
fonctionnement d’équipements quand les villes
qui les abritent ne le font pas. Les communes de
Vaucluse, en dehors d’Avignon, sont elles aussi
très en dessous de la moyenne des communes
en France, mais l’État et la Région finançant
les festivals d’Avignon et d’Orange, l’effet
d’entrainement du peu d’engagement des
communes, et du Département de Vaucluse,
est moins net.
Quant aux Bouches-du-Rhône, elles bénéficient de la prime au centre : les équipements
à vocation régionale ou nationale y sont plus
nombreux, et de fait mieux financés, par
les collectivités et l’État. En particulier les
festivals (Aix et Arles). Mais malgré la plus
forte implication de l’État et de la Région, la
dépense par habitant y demeure moins forte
que dans les Alpes-Maritimes, les communes y
dépensant moins. Ce fait, constaté en 2014, sera
certainement accentué en 2016 avec la baisse
du Conseil départemental et le rééquilibrage
du Conseil régional.
L’effet de centralité s’exerce donc, globalement,
en région PACA : dans chaque département,
la ville centre est la mieux financée (Avignon,
13
Toulon et Nice), les Alpes restant dans leur périphérie montagneuse, et les Bouches-du-Rhône,
avec leurs 2 millions d’habitants, possédant
plusieurs centres (Aix, Arles et Marseille) et
faisant office de capitale culturelle régionale
multitêtes.
CENTRALITÉ PARISIENNE
L’inégalité fondamentale ne réside pas entre les
départements de la région, mais entre régions
et capitale. Le ministère de la Culture, qui
publie chaque année les chiffres clés de répartition entre ses missions, ne produit d’ailleurs
aucun document recensant leur répartition
territoriale. Il est difficile de comparer les
budgets nationaux (composés de financements
de plusieurs ministères et divisés en missions
diverses) et ce qui parvient en PACA : mais
la seule mission culture (hors patrimoine
et musées) répartie pour les 66 millions de
Français leur attribuerait 39€ chacun. Sur un
périmètre identique il reste, pour un habitant
de PACA, 25€. Soit moins de deux tiers, au
mieux, et la Région PACA n’est pas parmi les
moins dotées en France.
Par ailleurs, la dépense par habitant est globalement plus forte en PACA qu’en France :
ce sont les communes qui mettent la main à la
poche, en particulier dans les Alpes-Maritimes,
pour compenser le peu d’engagement de l’État.
Lorsqu’elles sont riches elles y parviennent,
lorsqu’elles sont pauvres, ou manquent d’intérêt
pour la vie culturelle, en particulier depuis la
baisse des dotations d’État, la vie culturelle
est sous financée.
Où va donc cette différence, minimale, de 39
à 25€ ? À Paris. La très grande majorité des
équipements entièrement financés par l’État
sont à Paris, ainsi qu’un bon nombre des équipements nationaux (financés majoritairement
par l’État). Les théâtres privés y bénéficient
d’un fonds dédié, et un tiers des théâtres français sont d’ailleurs en Île de France, qui ne
représente pourtant que 18% de la population.
L’Opéra National de Paris coûte à l’État plus
de 100 millions (0,4 millions pour l’Opéra de
Marseille, 3,7 millions pour l’Opéra National
de Montpellier) et il y construit encore, hier
La Villette et la Philharmonie, et aujourd’hui
« Après la réussite du
projet de la Philharmonie de
Paris, on comprend que la
périphérie devient, en fait,
centrale »
AUDREY AZOULAY LORS DE SA VISITE
AUX ATELIERS BERTHIER
la Cité du Théâtre, qui n’ont pourtant pas de
vocation nationale puisqu’ils ne rayonnent
jamais hors de Paris.
La Cité du Théâtre aux Ateliers Berthier, dans
le 17e arrondissement de Paris, est emblématique de la centralisation Française. Elle est
conçue pour être un nouveau type de bâtiment
culturel, sans qu’il soit question de reproduire ailleurs son modèle. Lors de sa visite, la
ministre de la Culture se réjouissait de lancer
un projet « de périphérie » pour « démocratiser la
culture ». Certes Berthier n’est pas au centre
de Paris, mais il n’est même pas en banlieue,
et la périphérie parisienne est, aux yeux de
82% des Français, fort centrale ! Le rapport
de 2015 du Ministère explique que pour des
établissements parisiens comme l’Odéon
ou Chaillot, « la subvention de fonctionnement
augmente compte tenu des contraintes pesant sur
la gestion de l’établissement, et afin de contenir
l’érosion de leurs marges artistiques et prendre
en compte la croissance tendancielle du coût du
théâtre ». Propos de bon sens, mais que l’on
n’entend jamais dans les DRAC qui doivent
faire face à la même érosion...
Il y a bien, en France, des citoyens culturels
de première zone, à Paris. Et de troisième
zone, dans les Alpes ou le Nord Vaucluse...
AGNÈS FRESCHEL
14 événements
Sciences humaines
L
e cycle de conférences À l’écoute des
sciences sociales, proposé par l’EHESS,
reprend à la Bibliothèque Départementale des Bouches-du-Rhône. La sociologue
Emmanuelle Marchal a publié en 2015
aux éditions de l’École des Hautes Études
en Sciences Sociales un ouvrage intitulé
Les embarras des recruteurs, Enquête sur
le marché du travail. Serge Gruzinski est
historien ; son livre L’Histoire, pourquoi faire ?
est paru la même année chez Fayard. Tous
deux ont donné à Zibeline un avant-goût de
leurs interventions.
Zibeline : Sur quoi travaillez-vous ?
Emmanuelle Marchal : J’analyse les pratiques de recrutement, pour voir dans quelle
mesure elles n’alimentent pas les difficultés du
marché du travail. En m’appuyant sur de très
nombreuses sources : offres d’emploi, entretiens
d’embauches, enquêtes du ministère, plaintes
déposées pour discrimination... On constate
que les recrutements sont des opérations très
incertaines, et que chaque méthode charrie
ses a priori. Il y a des spécificités françaises,
notamment la sélection par le diplôme.
Le taux de chômage
important joue aussi :
de nombreux patrons
ne publient pas d’annonce, car ils reçoivent
trop de réponses ! La
1re source de recrutement est la candidature spontanée, où
l’initiative revient au
candidat, mais en aveugle, car il ne connaît
pas précisément les besoins de l’entreprise.
La plupart des offres mettent l’accent sur le
profil, les conditions à remplir pour candidater,
plutôt que sur les caractéristiques du poste, les
conditions de travail. Beaucoup de travaux sur
la recherche d’emploi conduisent de manière
indirecte à considérer que les problèmes
viennent du chômeur. Mon objectif est de
questionner les démarches des employeurs,
pas seulement les professionnels qui recrutent
directement, mais aussi les intermédiaires tels
que Pôle Emploi ou les cabinets de recrutement.
Serge Gruzinski : Au départ, je suis spécialiste
de l’Amérique Latine, en particulier le Mexique
de la conquête au XVIe siècle. Comment les
civilisations indigènes ont-elles réagi à l’occidentalisation ? Tous les problèmes qui se
sont posés alors résonnent actuellement :
les rapports entre colonisation, religion et
questions d’identités. Je ne fais pas de théorie
de l’Histoire, mais je pense que dans un monde
globalisé, il faut l’enseigner autrement. C’est
un déficit de ne pas s’intéresser aux autres
continents, de même que l’ignorance des
(Co)-locataires
du monde
février, deux nouveaux
philosophes, Myriam
Revault d’Allonnes
et Michaël Fœssel,
tenteront de réconcilier
notre subjectivité avec sa
puissance d’agir. Un beau
programme pour le nouveau partenaire d’Opera Mundi, la Bibliothèque
Départementale des Bouches-du-Rhône.
D’autres dates ponctueront le printemps, à
la rencontre notamment d’une juriste, Valérie Cabanes, d’un sociologue de l’urbain,
Jacques Donzelot, et de Dominique
Bourg, qui rappellera que « Loin des rêves
de transhumanisme et de vie extra planétaire,
c’est sur la Terre qu’il nous faut habiter. »
DR
FP
nouvelle éthique de
cohabitation humains/
animaux à l’anthropocène (rappelons que
selon le dernier rapport
Planète Vivante du WWF,
les populations de vertébrés
ont chuté de 58% entre 1970 et
2012, leur habitat se réduisant en
parallèle comme peau de chagrin).
En 2017, reprise du questionnement avec
Baptiste Morizot, philosophe et épistémologue. Son travail porte plus précisément
sur « ce qui ne veut pas être domestiqué »
(on lira avec intérêt son dernier ouvrage Les
Diplomates. Cohabiter avec les loups sur une
autre carte du vivant, chez Wildproject). Après
son intervention -le 14 janvier, au FRAC-,
Barbara Cassin échangera avec François
Ost -le 17, à l’Alcazar- au sujet de « l’hospitalité
langagière » : toutes les langues de Babel
sont une richesse incommensurable. Le 7
Patrice
Deb
ré
©
B
ien installée auprès du public marseillais
après une première saison très réussie,
Opera Mundi revient en 2016-2017 avec
un nouveau cycle de conférences. Cette fois,
la structure se demande Quel(s) monde(s)
habiter aujourd’hui ?, et s’apprête à mener
sur ce thème, avec une série d’interlocuteurs,
une réflexion passionnante. Chaque génération
humaine n’est-elle pas simple locataire d’un
espace et d’un temps qui lui est transitoirement alloué ? Les conférences ont débuté en
octobre au FRAC PACA, où deux philosophes,
Sophie Gosselin et David Gé Bartoli, invitaient à
moins d’anthropocentrisme. Deux intervenants
très différents seront présents en décembre :
Patrice Debré, professeur d’immunologie
(le 6 à la BMVR Alcazar), et le géographe
Michel Lussault (le 10 au FRAC). Le premier
dévoilera « les mille et une facettes de la vie
en commun de l’homme et des microbes, une
des plus fascinantes énigmes de l’histoire du
vivant ». Le second appelle de ses vœux une
GAËLLE CLOAREC
Opera Mundi, Marseille
07 82 41 11 84 opera-mundi.org
L
e cycle de rencontres, conférences et débats
du mardi à la Villa Méditerranée se
poursuit. En ce mois de novembre, deux
rendez-vous à noter dans l’enceinte du bâtiment marseillais. Premier thème de débat,
le 15 novembre, La Méditerranée n’est plus
une mer occidentale. Richard Labévière,
journaliste, consultant en questions de défense
et de sécurité, et rédacteur en chef du magazine web procheetmoyen-orient.ch, conduira
l’intervention.
Au programme de la soirée, les nouvelles réalités
géopolitiques de l’espace méditerranéen. La
guerre qui ravage la Syrie a accéléré un mouvement de bascule : les puissances occidentales
n’ont plus le monopole sur l’immense mer
intérieure qui couvre Europe, Afrique et Asie.
Les forces russes, particulièrement actives
et incontournables dans le conflit en Syrie,
y ont établi un port militaire à Tartous, où la
Chine a également déployé une base maritime.
Quelles sont les conséquences diplomatiques
et géostratégiques de cette nouvelle donne ?
La soirée du 22 novembre aura un thème
plus resserré : Algérie, rente pétrolifère et
phénomène d’amnésie ne touche pas que les
étudiants, mais l’ensemble de la société, avec
son climat de vie dans le présent.
PROPOS RECUEILLIS PAR GAËLLE CLOAREC
Le recrutement et les dysfonctionnements
du marché du travail
16 novembre
À quoi sert l’Histoire aujourd’hui ?
1er décembre
Bibliothèque Départementale, Marseille
04 13 31 82 00 biblio13.fr
réformes structurelles ? Raouf Boucekkine,
économiste et directeur de l’IMERA (Institut
Méditerranéen de Recherches Avancées)
tiendra une conférence, organisée en partenariat avec l’IMERA, le journal La Tribune,
l’AMSE (Aix-Marseille School of Economics)
et la Commission Economique pour l’Afrique
des Nations Unies. La situation économique
particulière de l’Algérie sera à l’ordre du jour.
Avec plus de 90% de ses revenus d’exportation
liés aux hydrocarbures, l’économie du pays
est l’une des moins diversifiées au monde.
Les conséquences du Printemps Arabe de
2011 et le contre-choc pétrolier de 2014 ont
mené l’Algérie dans une impasse financière.
Quels sont les défis à relever, quelles réformes
structurelles sont à mettre en place, et selon
quel calendrier ? Ces deux soirées débuteront
à 19h, et l’entrée sera libre sur réservation.
POLLY MAGGOO
PRÉSENTE
10 E
EDITION
RENCONTRES INTERNATIONALES SCIENCES & CINÉMAS
J.C.S.
DU 19 AU 26 NOVEMBRE 2016
MARSEILLE
15 & 22 novembre
Villa Méditerranée, Marseille
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WWW.POLLYMAGGOO.ORG - TEL. 04.91.91.45.49
© SABINE ALLARD
langues étrangères. Le désintérêt actuel pour
l’Histoire non-contemporaine est à la fois
terrifiant et extrêmement marquant. Avoir
une mémoire critique c’est avoir une distance
par rapport au présent ! La mondialisation
nous oblige à visiter le XVIe siècle, où tout
a commencé ; l’histoire des religions au
Moyen-âge est fondamentale pour comprendre
l’Islam aujourd’hui. Aller dans les archives,
les bibliothèques, connaître le latin, faire de
la paléographie, c’était le b-a ba quand j’ai
commencé. Aujourd’hui mes étudiants, même
les plus brillants, n’ont pas ces outils. Et ce
16 événements
Galerie en Lieux publics
Prototype des futurs murs d’exposition de la Galerie à ciel ouvert © Lieux publics
L
’espace public appartient à tout le monde,
et Lieux publics s’y intéresse particulièrement. Au point qu’il ouvre « une galerie
d’art urbaine monumentale » et porte un projet
hors champ du spectacle vivant qui est au
cœur de son activité. De quoi nous interroger
sur le fond, la forme et les objectifs.
Le projet est né après 2013 du « désir de
poser un cadre dans l’espace public porté
par plusieurs acteurs culturels des quartiers
nord où nous tissons des liens » rappelle
Jasmine Lebert qui suit le projet depuis
ses balbutiements. Aussi Lieux publics est-il
aujourd’hui producteur d’une galerie à ciel
ouvert conçue avec l’Alhambra, La Gare
franche et l’Apcar*, et qui verra le jour le 2
mars 2017 avec l’exposition Le nord fait le mur,
fruit d’une collecte photographique réalisée
entre février et octobre 2016 à partir d’un
abécédaire écrit par Stéphan Muntaner,
et de 80 ateliers pensés comme « une école
du regard ». L’enjeu étant de ne pas plaquer
la galerie dans la cité mais bien de l’intégrer
grâce à la participation de relais sur le territoire
et la complicité de ses habitants. Des craintes
vite balayées par Jasmine Lebert : « L’idée
maitresse est d’abord de créer des liens et
décloisonner les publics. On a renoncé au
fantasme de poser des œuvres dans l’espace
public, il n’y a pas d’intérêt. Il faut que cela
fasse sens auprès des habitants et que le
projet maille le territoire ». La galerie sera
donc l’aboutissement d’un processus de
réflexion et de travail commun à toutes les
structures installées dans ces quartiers :
établissements scolaires, AP-HM, Agence
de voyages imaginaires, Télémaque, RTM,
centres sociaux, foyers d’hébergement ou
encore entreprises. La Logirem, par exemple,
ne « portera » pas un mur sur sa propriété mais
parrainera celui du centre social La Bricarde
tout proche, car « le plus important est qu’il y
Une saison
de résidences
M
arseille, lundi 17 octobre. Accueillie dans
l’espace exposition de la librairie Maupetit, l’équipe de La Marelle dévoile
son programme de résidences pour la saison
automne 2016-été 2017, en présence de la
plupart des artistes et auteurs intéressés (qui
interviennent pour parler de leurs projets) et
devant un public nombreux. Il faut dire que
ledit programme est alléchant. Et très varié.
Sont invités à « la grande villa », ainsi que la
nomme Laurence Vilaine (lire p 80), des
écrivains chevronnés, tels Sylvie Germain
(qui y termine actuellement une résidence
de deux mois en duo avec le photographe
polonais Tadeusz Kluba) ou le Canadien
Joseph Boyden, mais également de jeunes
auteurs comme l’Equatorien Felipe Troya,
encore jamais publié ; des dramaturges :
Philippe Malone (un ami d’Emmanuel
Darley récemment disparu, auquel il rendra
hommage lors d’une intervention au théâtre
Joliette-Minoterie),
l’Espagnole Berta
Tarrago ; Charline
Collette, lauréate
du premier appel
à projet pour une Sylvie Germain © Tadeusz Kluba
résidence jeunesse
(en partenariat avec Fotokino) ; des bédéistes, le Franco-libanais Joseph Safieddine
et Clément Baloup ; un trio d’écrivains
numériques… Bref, une saison ouverte sur
le monde et sur toutes les formes d’écritures
actuelles.
Dès le début de la rencontre, Sylvie Germain a
rappelé quel cadeau c’était de pouvoir disposer
d’un tel lieu. Et combien cette résidence
lui avait permis de s’aventurer hors des
frontières de sa pratique habituelle. Ce que
donnera cette expérience d’écriture à partir de
photographies, elle l’ignore encore. Car à La
Marelle, sauf dans le cas des appels à projet,
on n’impose rien. Pas de commande précise.
Comme l’a précisé Pascal Jourdana, le
projet se concrétise généralement au fil des
rencontres entre l’équipe et les artistes invités
(qui ont d’ailleurs le loisir d’inviter des amis
ou d’autres artistes). Une résidence, c’est
donc un travail collectif d’accompagnement
et d’échanges. De partenariats également,
avec les structures culturelles, les événements
littéraires et artistiques, les associations…
Ainsi la résidence hors les murs de Clément
Baloup, et son projet de Carnets de L’Est,
qui sera réalisé en partenariat avec Rives et
Cultures et d’autres associations de quartier.
scène conventionnée
pour les expressions
saison iv
2016-2017
contemporaines
ait des croisements ». Soit une quarantaine d’exposants qui
dessineront ensemble un gigantesque parcours artistique
urbain et qui « s’engagent à associer leurs publics et leurs
salariés ». Tous les mois, de mars à juillet 2017, une série de
murs sera inaugurée en présence de tous les participants.
Ouf ! On craignait que les photographies ne soient qu’un
nouvel alibi visuel dans la ville, certes accessibles à tous, mais
dénuées de sens et de contextes.
Après cette phase de lancement participative, Lieux publics
invitera le MuCEM à présenter hors les murs Roman-photos,
de novembre 2017 au printemps 2018, en partenariat avec
l’association Des livres comme des idées. Les trois dernières
expositions restent encore à écrire, car « la direction artistique
est tournante. Lieux publics ne prétend pas choisir un artiste
mais monter avec d’autres structures de nouveaux projets ». La
galerie à ciel ouvert a vocation à s’étendre par effet d’agrégation,
mais aussi dans le temps jusqu’en 2020 pendant Manifesta,
et géographiquement. Après les Aygalades, Marseille devrait
être rapidement contaminée jusqu’à Frais Vallon, Bougainville,
l’Estaque, Sainte Marthe…
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Apcar : Association pour la cité des arts de la rue
*
3 perrault
sinon rien
cendrillon
le petit poucet
le petit chaperon rouge
09 > 16 Décembre 2016
charles perrault / haïm menahem
création / à voir en famille à partir de 8 ans
Lieux publics, Marseille
04 91 03 69 08 lieuxpublics.com
théâtre Joliette-minoterie / 2 place henri verneuil 13002 marseille
04 91 90 74 28 / [email protected] / www.theatrejoliette.fr
VILLE DE LA VALETTE-DU-VAR
Dans le sillon de la mémoire que le bédéiste continue de
creuser, cette nouvelle « BD du réel » se construira à partir de
témoignages des habitants sur leur quartier et son histoire.
Des formes et des projets très divers, qui veilleront à se rendre
visibles de tous les publics : rencontres avec les auteurs, ateliers
d’écriture, spectacles…. À noter également l’expansion, en
2017, du dispositif « Livre Jeunesse en région PACA » : dans le
cadre de ce dispositif initié en 2016, les auteurs, quel que soit
leur ancrage en résidence, se verront proposer des actions à
destination des jeunes de la région.
C’est par un court spectacle que s’est terminée cette foisonnante présentation. Laurence Vilaine est venue lire, en
musique, des extraits de La Grande Villa, qu’elle a rédigé
durant ses deux temps de résidence à La Marelle. Un texte
intime, émouvant, marqué par la douleur du deuil. Et qui
débouchera sur un spectacle musical en collaboration avec
un maître de la musique iranienne. La résidence à La Marelle
continue de porter ses fruits.
Une collection
nomade
Œuvres du Frac
Provence-Alpes-Côte d’Azur
EXPOSITION
du 4 octobre au 23 décembre 2016
Espace d’art Le Moulin
La présentation du programme de résidences
(automne 2016-été 2017) de La Marelle a eu lieu
le 17 octobre à la librairie Maupetit, à Marseille
la-marelle.org
8, avenue Aristide Briand - 83160 La Valette-du-Var
Du mardi au vendredi de 15 h à 18 h
Samedi de 14 h 30 à 18 h 30 et le matin sur rendez-vous - Entrée libre
04 94 23 36 49
[email protected] - www.lavalette83.fr
Conception graphique • www.studio-mcb.com
FRED ROBERT
18 événements
Effet de dansité, Mathilde Monfreux © Nathalie Hoffman
Le sens
des découvertes
Depuis 19 éditions, Dansem nous fait
découvrir la danse contemporaine en
Méditerranée. Une programmation qui
ne manque ni d’ambition, ni de flair...
C
ristiano Carpanini et son Officina officient à Marseille et parviennent depuis
bientôt 20 ans à dénicher, produire et
diffuser des chorégraphes méditerranéens
méconnus, leur offrant un tremplin souvent
décisif. Attentif aux créateurs de la région, de
l’arc méditerranéen et des autres rives, le travail
de production de l’Officina est précieux pour
donner une visibilité, et les moyens de créer,
à des chorégraphes qu’il faut avoir le talent
de découvrir et de soutenir. En particulier
aux femmes, qui peinent davantage encore
à s’exprimer dans l’espace méditerranéen.
On retrouve cette année par exemple Nacera
Belaza et Bouchra Ouizguen, qui furent
à Dansem bien avant d’éclater sur la scène
internationale, Christine Fricker, Manon
Avram et Georges Appaix, acteurs régionaux que l’Officina soutient avec régularité,
et encore Mathilde Monfreux, Danya
Hammoud, Francesca Foscarini, Radouan
Mriziga... Tous sont déjà, il y a longtemps
ou récemment, passés par Dansem. Tous
proposent une danse, ou des installations,
qui parlent de leur rapport au monde, dans
la lenteur ou la saturation, la transe ou le
discours, l’introspection ou la révolte. Peu
d’abstraction ou de danse conceptuelle à
Dansem, mais une urgence à exprimer la
vitalité, la recherche ou la douleur.
Rayonnant sur le territoire (Marseille, Aix, Arles
et Vitrolles), tissant des liens avec les lieux
qui cofinancent les spectacles (Montevidéo, la
Friche, le théâtre d’Arles, le Pavillon Noir, la ville
de Vitrolles...) et travaillant à faire émerger les
Les anges aiment danser
JDC#kids, Mié Coquempot © Benoît Chapon
Pour la 3e année le Klap
Maison pour la danse
programme Festiv’anges,
pour plonger dans l’esprit
d’enfance
F
estiv’anges n’est pas un festival destiné
aux enfants. Ou pas que. Les chorégraphes invités travaillent sur l’enfance,
mais s’adressent à tous. Parlent de danse, la
partagent, la font aimer à ceux qui en sont
éloignés. Les éditions précédentes ont vu
débarquer au KLAP des publics inattendus :
ceux que l’on rencontre habituellement au
spectacle côtoyaient des familles, des petits
groupes en âge scolaire, de toutes les couleurs.
Cette année encore il y aura une pièce dansée
par les élèves du quartier : Pampero, une
version de Zef de Michel Kelemenis, sera
adaptée pour eux, pour qu’ils se laissent
aller dans la liberté du vent qui souffle. Autre
création du directeur des lieux, Rock and
Goal, une pièce ludique pour deux hommes
et deux femmes qui s’emparent des gestes
performants des sportifs pour les amener vers
la fantaisie du mouvement inutile. Créée au
Gymnase, la pièce rayonnera dans la région
(voir p40).
Pour l’ouverture, Fana Tshabalala dansera
en solo une courte pièce qui interroge les
clichés de la force virile (Man) puis Manon
Avram et Thierry Escarmant créeront
No(w) Hope, une pièce danse, texte et arts
visuels, qui cherche l’espoir et l’apaisement à
travers 6 personnalités contrastées, 4 danseurs
et 2 comédiens.
Christophe Haleb proposera un solo d’anticipation (interprète Olivier Muller, à partir
de 13 ans), Retour sur terre, pour imaginer
2030. Anticipation encore avec Kromos, de
Julien Andujar et Audrey Bodiguel, qui
imagine la sélection des candidats au premier
voyage sur Mars... Enfin Mié Coquempot
promènera à Klap et dans les classes du 3e et
13e arrondissement une déambulation autour
du corps, son anatomie, ses possibles, ses âges
(JDC#kids). Festiv’anges sera également au
Massalia, avec Au Pied de la lettre d’Ambra
cycle de conférences - entrée libre
OCtObre 2016 - MAi 2017
créateurs de Méditerranée, l’Officina est essentiellement financée
par la Région, et parvient malgré quelques coupes budgétaires
à maintenir une programmation riche, curieuse et de qualité.
Elle alliera dorénavant ses forces avec Komm’n’act, structure de
production qui comme elle soutient la création contemporaine et la
diffuse lors du Festival Parallèle. Une belle alliance, dans un esprit
de partage et la volonté de maintenir une activité de production
et d’accueil à l’année, avec deux temps forts de monstration lors
des deux festivals.
Pour l’heure, quelques rendez vous à ne pas manquer du 15 novembre
au 3 décembre : les Aïtas de Bouchra Ouizguen, danseuses et
chanteuses berbères aux corps épanouis et à l’énergie joyeuse.
Appaix qui reprend son Protocole de conversation ; Alma Söderberg et ses « petits riens » musicaux, les constructions de Radouan
Mriziga... et puis l’installation de Manon Avram, la discussion avec
Fabien Jannelle, et la projection de Un paese di Calabria, le film
de Shu Aiello sur ce village Calabrais qui s’est reconstruit en
accueillant des migrants... Et puis la fête électro, le 2 décembre,
parce que la danse c’est aussi cela !
QUEL(S) MONDE(S)
HABITER
AUJOURD’HUI ?
Programme comPlet du cycle sur www.oPera-mundi.org
informations : 07 82 41 11 84 / [email protected]
Avec le soutien de
et en partenariat avec
AGNÈS FRESCHEL
Dansem
15 novembre au 3 décembre
Arles, Aix, Marseille, Vitrolles
04 91 55 68 06 dansem.org
Danse
Legacy
Senatore et Loïc Touzé (voir p43).
Les spectacles s’accompagnent de dispositifs qui ne sont pas
qu’un complément, mais la prise en compte d’une nécessité,
et d’un désir, de partage : à partir du 23 novembre, l’installation
FLOW 612 de Daniel Larrieu sera ouverte au Klap avant et après
tous les spectacles, pour découvrir cet objet cinétique à danser
en famille à partir de 3 ans, en cycles de 20 minutes... La danse
se partagera aussi lors du grand bal interactif imaginé par Mié
Coquempot, autour de la musique populaire depuis les années
60 : les mouvements des participants seront capturés et projetés...
Il y aura aussi un atelier Danse à 2 étages le 19 novembre, pour
les parents et les enfants (5€ par personne) autour de Rock and
Goal, un stage et des cours avec Fana Tshabalala (tout public),
une expo de Fotokino sur les murs du Klap, un atelier du regard,
la présence d’Ex Nihilo qui prépare son projet participatif pour
une centaine d’adolescents et de jeunes adultes...
De quoi voir, découvrir, et bouger !
A.F.
Festiv’anges
19 novembre au 13 décembre
Klap, Marseille
04 96 11 11 20 kelemenis.fr
MARDI 6 DÉCEMBRE À 20H30
MERCREDI 7 DÉCEMBRE À 19H30
©Dylan Piaser
Chorégraphie Nadia Beugré
Interprètes Hanna Hedman et Nadia Beugré
Conception musicale et Live Manou Gallo
Nadia Beugré déploie une danse à la force brute.
La Croix
www.theatre-arles.com / 04 90 52 51 51
20 événements
X en XXL à hTh
Schönheitsabend © Karolina Miernik
L
e pari était risqué. Le Festival d’expressions
plurielles du sexuel, EXPLICIT, a pourtant
bien été, pour la première édition l’an dernier,
un véritable succès. Deuxième programmation
cette année, pilotée par Marianne Chargois
et Matthieu Hocquemiller (Cie ACPS) à la
demande de Rodrigo Garcia, directeur de
hTh à Montpellier.
Du 22 au 27 novembre, des spectacles, des
performances, des rencontres, des concerts,
et des films, puisque cette année le cinéma
Diagonal s’associe au projet. Le tout interdit
aux moins de 18 ans.
C’est indiqué dans le programme, il s’agit
de donner voix et espace à des expressions
d’avant-garde. L’appellation, émanant de
ce lieu où les propositions ne sont jamais
consensuelles, n’est pas une accroche pour
communicants culturels. On peut compter sur
l’équipe pour être servis en chocs, découvertes,
et surtout questionnements à propos de ce
qui est « sexuel » aujourd’hui. Les diverses
propositions développent une réflexion engagée
sur le corps, le corps d’aujourd’hui, qui s’affirme
par delà les genres et les règles établies.
Yes we fuck ! (Antonio Centeno et Raùl
de la Moréna), à voir au Diagonal le 24
novembre, est le film qui a reçu le Prix du
meilleur documentaire au Porn Film Festival de
Berlin l’an passé. Qu’est-ce qui serait « normal »
en sexualité ?, interrogent les auteurs.
Le lendemain, avec Extime, le duo pilote d’EXPLICIT présentera une performance mettant
en jeu l’imagerie médicale de pointe. Quoi de
plus intime que la représentation de l’intérieur
des corps ? Il s’agira bien sûr de confronter l’in
et l’ex de la physicalité, à travers une réflexion
sur l’image et la façon de (se) montrer.
Le 26 novembre, un focus autour de Buck
Angel, artiste protéiforme américain (il est
réalisateur, avocat et trans-porn-activiste
international) laissera pénétrer, à travers un
de ses films (Sexing the transman) et un talk
Les Rencontres à l’Échelle connaissent leur 11e édition cette année, « habitée par
des artistes qui auscultent le monde à la lueur des trajectoires migratoires ». Julie
Kretzschmar, directrice de ce festival marseillais, actuellement en résidence au
Burkina Faso, a répondu par mail à nos questions
Artistes et migrations
Zibeline : Est-ce que vous sentez le propos
des artistes avec lesquels vous travaillez se
durcir avec l’actualité ?
Julie Kretzschmar : Non... Pas plus que celui
d’un mouvement plus vaste, qui tente de se
saisir de ce qui traverse et secoue des pans de
la société. Certains artistes, comme beaucoup
d’autres personnes, éprouvent la nécessité de
traduire leur colère, sans essayer de proposer
des voix concordantes, et cela peut exister
jusque dans les formes. Mais non, je ne dirais
pas que les formes se durcissent. Qu’elles
soient poreuses et surtout reçues dans un
contexte qui les transforme, c’est indéniable.
Dans l’interview que vous nous aviez accordée
en 2015, vous disiez « La grande question des
réfugiés, c’est comment, indépendamment
des discours politiques, la société civile va
s’emparer de ça. » Vous percevez des progrès
de ce point de vue-là ?
Mon travail ne me donne pas plus de clefs qu’à
n’importe qui pour avoir voix au chapitre. Mais
j’observe que oui... et que de toute façon, les
seules images et récits qui me parviennent
viennent de la société civile : des personnes qui
travaillent auprès des camps, qui racontent ce
qu’il s’y passe. La question est en partie intacte,
du moins la question de l’impuissance qui est
peut être la nôtre, ou ce que nous identifions
être une limite aux actes citoyens.
Contrairement à d’autres structures qui ont
vu leurs subventions baisser, votre budget est
Decris ravage © Hichem Dahes
maintenu. Vous vous sentez soutenue, dans
votre démarche, au moins à ce niveau-là ?
Je pense que ce qui est soutenu (notre budget
21
Lettres à Madeleine
ANNA ZISMAN
EXPLICIT
22 au 29 novembre
hTh, Montpellier
04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr
n’a pas été amputé, un peu quand même par l’une des collectivités territoriales), ou du moins qui n’est pas fragilisé, c’est que
nous avons démontré que cette programmation rencontrait un
large public, une reconnaissance médiatique et professionnelle,
en prenant le risque de proposer dans des grandes salles des
artistes dont personne ici ne connaît le travail.
Quels sont les spectacles retenus cette année qui vous tiennent
particulièrement à cœur, et pourquoi ?
L’ensemble de la programmation m’anime ! La plupart sont des
créations, la plupart sont donc des projets que j’accompagne
ou montre parce que je suis attachée aux démarches de ces
artistes. Décris Ravage est un spectacle totalement hors norme,
à mon sens, et dans sa forme, et dans son contenu intellectuel
et sensible. Celui d’Omar Abusaada a été créé à Marseille,
avec un accompagnement de notre part sur les questions
administratives et de visa, pour cette équipe syrienne. Mais
tous ceux qui ne sont pas cités me tiennent à cœur : ce n’est
pas une question à poser à un programmateur !
PROPOS RECUEILLIS PAR GAËLLE CLOAREC
Les Rencontres à l’Échelle
15 novembre au 13 janvier
04 91 64 60 00 lesrencontresalechelle.com
Pierre Béziers revient sur les origines du
spectacle Et l’acier s’envole aussi créé en
novembre 2015 par le Théâtre du Maquis
(à lire sur journalzibeline.fr), et programmé
le 9 décembre à La Cité du Livre
Zibeline : Pourquoi avoir travaillé sur la correspondance de Madeleine
Pagès et Apollinaire, et comment y avez-vous eu accès ?
Pierre Béziers : Apollinaire, ça a commencé par le spectacle sur
Alcools (lire la critique sur journalzibeline.fr). Nous avons beaucoup
lu : notre présidente, Catherine Scherer, nous a proposé un recueil
de la correspondance entre le poète et Madeleine Pagès, et Florence
Hautier m’a fait partager son éblouissement pour ces lettres. Nous
avons rencontré Claude Debon, et aussi le neveu de Madeleine,
qui souhaitait « réhabiliter » sa tante, femme solaire, positive -elle
n’a jamais formulé de regrets, et pourtant Apollinaire ne la ménage
pas !-, et cependant négligée dans les biographies officielles. C’est
à lui que nous devons la superbe dernière lettre de Madeleine qui,
rejetée, tente de garder un lien…
Digne du Ne me quitte pas de Brel…
Apollinaire n’a écrit qu’en étant amoureux ! Toujours. Et il y a des
poèmes insérés dans cette correspondance qui sont à tomber à la
renverse. Apparemment Madeleine est la seule avec laquelle il ait
envisagé le mariage, des enfants. Aussi, nous avons mené une double
enquête, chercher les raisons de la séparation et d’autres lettres.
« Je voudrais me faire prêtre » dit-il dans l’une d’elles ; serait-ce une
impuissance inavouée, motif de fuite ?
Un CD en préparation ?
Il paraît en novembre. Ce sont les compositions originales de Martin
(Béziers, ndlr) que l’on retrouve dans le spectacle, sur des textes qui
n’ont jamais été mis en musique, il y a aussi des textes dits. On peut
l’écouter dans sa voiture…
PROPOS RECUEILLIS PAR MARYVONNE COLOMBANI
Le spectacle sera précédé par une conférence, organisée
par la Fondation Saint-John Perse, Guillaume Apollinaire
et Madeleine Pagès, enquête sur une histoire improbable,
animée par Claude Debon et Pierre Béziers.
Et l’acier s’envole aussi
9 décembre
Conférence
7 décembre
Cité du Livre, Aix-en-Provence
04 42 38 94 38 theatredumaquis.com
Et l’acier s’envole aussi © Bernadette Thumerelle
show (traduit en simultané), le monde transgenre et les luttes
affiliées à cette révolution corporelle et philosophique.
Ce même jour, Schönheitsabend, spectacle de Florentina
Holzinger et Vincent Riebeek (Pays-Bas), déclinera en trois
actes un érotisme kitch, provocant et finalement bouleversant,
entre onirisme et brutalité de la confrontation avec le public. Les
créateurs posent en effet la question de la limite : jusqu’où un
artiste doit-il aller pour répondre aux besoins des spectateurs ?
Ils convoquent Shéhérazade, les danseurs des années 1910-20,
et Vaslav Nijinski, interné en 1919 pour schizophrénie. Alors :
les artistes sont-ils fous avant même de monter sur scène, ou le
deviennent-ils à force de lutter contre les attentes démesurées
du public ?
La dernière journée sera thématique : My body is my business,
conférence, film, et performances réalisées par des travailleurs
et travailleuses du sexe, mettra en perspective le vécu et les
fantasmes véhiculés par ce monde encore largement sans
voix, sans visibilité. Un concert de Will Sheridan, artiste
activiste queer de la scène hip-hop new-yorkaise, clôturera
cette deuxième édition pleine de promesses en découvertes
déconcertantes et enrichissantes, où tout est vrai, vécu au plus
profond des chairs.
22 événements
Oasis de Noëls
24 éditions, 6 programmes pour 59 concerts... gratuits !
programmes proposés
cette année -soit 59
concerts dans tous les
département- parviennent
à concilier l’attrait des
musiques populaires
que l’on fredonne avec
une véritable exigence
artistique, une grande
qualité des musiciens,
un esprit de création, et
un soutien aux structures
de production locales.
Sans oublier une grande
variété ! Le Noël Flamenco
d’El cuadro soniquete
célèbre la spiritualité
Barbara Fortuna et Belem © X-D.R
gitane : voix déchirées,
a Nativité chrétienne donnant lieu danse nerveuse et guitare virtuose, au rythme
aujourd’hui à des débauches de consom- du cajon. C’est Barbara Furtuna qui assure
mation écœurantes, les célébrations cette année le Noël Corse, en compagnie de
réjouissantes sont rares. Les Chants de Belem (Didier Laloy à l’accordéon diatonique
Noël produits par le Conseil départemental et Kathy Adam au violoncelle) : le groupe corse
des Bouches-du-Rhône demeurent, depuis sait être le passeur des chants polyphoniques
près de 25 ans, un temps irremplaçable de ancestraux, mais aussi de ses compositions
partage désintéressé, et d’ouverture vers la devenues des tubes.
culture de l’autre. Et quel succès ! Venus des Au Sud encore, le Noël d’Italie par les trois
traditions du monde entier, ils ont rassemblés chanteuses d’Assurd, napolitaines qui font
plus de 20 000 personnes en 2015, et les six revivre les trois Marie bibliques, figures
L
maternelles du pardon. À trois voix, tour à
tour chantant et contant.
Venus de plus loin encore le Noël créole, qui
fusionne jazz et chants sacrés des Caraïbes :
Rara Woulib a rencontré un quartet de jazz,
et Souvnans est né, pour nous emmener de
la Nouvelle Orléans vers Cuba et Haïti.
Retour au pays avec le Noël de Provence
et des Alpes du Sud : le Corou de Berra
interprète des chants populaires de Provence,
des créations contemporaines et des chants
polyphoniques alpins mêlant populaire et sacré,
latin et niçois. Quant au Noël de la Maîtrise,
il fera entendre, en latin et en anglais, des
noëls traditionnels et des œuvres de Benjamin
Britten et John Rutter. Sous la direction de
Samuel Coquard, le chœur d’enfants sera
accompagné de la harpiste Sylvie Laforge.
Guettez les dates, ils passeront près de chez
vous, et venez tôt : il n’est pas rare qu’une
partie du public reste sur le parvis des églises
qui résonnent...
AGNÈS FRESCHEL
Les Chants de Noël
2 au 22 décembre
Département des Bouches du Rhône
culture-13.fr
Les Inovendables n’ont pas de prix
L
es Inovendables n’est pas le
festival marseillais dont vous
entendrez le plus parler. Pas de
tête d’affiche, ni de quatre par trois
sur les murs de la ville. Vous n’aurez
pas non plus à déambuler à travers
un site gigantesque, en tentant de
vous frayer un chemin au milieu d’une
foule éméchée. Les Inovendables
sont hors-circuit. Un événement à
la fois intimiste et défricheur. Décalé
et subversif. Un de ces rendez-vous
essentiels à la diffusion d’artistes bruts,
voire expérimentaux, aux antipodes
de l’uniformisation et de la consommation
culturelles. Cet ovni, on le doit à une famille
inscrite au patrimoine musical phocéen, Léda
Atomica Musique (LAM), qui, depuis 2009,
sous la baguette inventive de Phil Spectrum, orchestre une programmation éprise
d’improvisation et de liberté.
Fouad Didi et Tchoune Tchanelas (25) ; les Selmi Brothers (26) ;
une soirée poésie et musique de
Grèce (2 décembre) ; le punk rock
de Belphegorz et le rockabilly
country de Holy Barrel (3) ; les
univers jazz du Quartet Thierry
Amiot Groove Gang et de Martine R (9) ; le stand-up chantant
de David Lafore (10) ; la création
Petit vivant, oratorio contemporain
d’Alain Aubin (16) ; une soirée de
clôture exceptionnelle pour la sortie
L’homme est bon, mais le veau est meilleur © X-D.R
de l’album de Phil Spectrum et,
Les Inovendables, c’est enfin un lieu à l’image par la même occasion, ses 60 ans avec 60
de la manifestation : le LAM, au 63 rue Saint- interprètes invités (17). Rien que ça !
THOMAS DALICANTE
Pierre dans le quartier de la Plaine, à Marseille.
Cette année, on pourra y découvrir L’homme
est bon, mais le veau est meilleur, une propoLes Inovendables
sition de théâtre musical d’El Kabaret (19 26 novembre au 17 décembre
novembre) ; Flamenc’oriental, rencontre entre 04 96 12 09 80 ledaromica.mus.free.fr
La Criée16/17
Théâtre national de Marseille
La
gentillesse
Écriture
Compagnie Demesten Titip
Mise en scène
Christelle Harbonn
8 > 15 décembre
Un théâtre qui mène aux marges
de la société, où les codes
deviennent poésie.
© Macha Makeïeff
www.theatre-lacriee.com
04 91 54 70 54
24 événements
Un café au
MuCEM
Le Musée des Civilisations
de l’Europe et de la
Méditerranée se met à
l’heure du café
La nouvelle exposition
Le MuCEM sent le café ! L’exposition Café In,
qui dure jusqu’au 21 janvier, fleure le robusta
et l’arabica. Las, ce souci du détail et les efforts
de Jean-Michel Djian, son commissaire
général, pour la rendre ludique et attractive
ne font que renforcer un certain malaise. De
la part d’un musée de société, on attendait
autre chose sur un tel sujet : notamment un
traitement de fond de l’histoire du breuvage
noir, souvent douloureuse. On ne peut pas
traiter d’esclavage et du commerce triangulaire de manière anecdotique. L’économie
actuelle du secteur caféicole -le café serait la
seconde ressource naturelle la plus exploitée
au monde, après le pétrole- est bien abordée,
mais sans réel approfondissement, même si
le commerce équitable est évoqué.
Mention spéciale toutefois à la qualité des
documents d’archives, aux dessins spécialement réalisés par Geluck ou à ceux de
Sempé, et particulièrement aux photographies
qui jalonnent l’exposition : l’œuvre de Reza,
remarquable composition réalisée en 2013 dans
le village de Poli Betta en Inde, la fameuse
jeune femme court-vêtue de Cartier-Bresson
en 1969, ou encore Sartre au Café de Flore
en 1945, par Brassaï.
La société Malongo, dont la Fondation finance
un tiers de la manifestation, est omniprésente :
outre le stand de dégustation -payante- dans
le hall du musée, elle propose des ateliers-découverte sur l’art de préparer le café, et on
peut acheter ses machines à expresso rutilantes dans la boutique du fort Saint-Jean...
Le plus intéressant restera probablement
d’assister à l’Université Populaire du
Café, qui se poursuit hors-les-murs dans
divers lieux marseillais : les 12 (baristas), 18
(le café et l’Orient), 19 (disparition des cafés),
et 26 novembre (« cafédomancie ») ; puis les
3 (musique avec Bernard Lubat), 6 (génétique du café) et 10 décembre (caféiculture à
Cuba). Il n’en demeure pas moins qu’on attend
avec impatience l’ouverture de la prochaine
Reza, Inde, Coorg District, village de Poli betta, 9 janvier 2013 © Reza - Webistan
grosse exposition, probablement plus digne
d’un Musée des Civilisations de l’Europe et
de la Méditerranée : ce sera Après Babel,
traduire, avec la philosophe et philologue
Barbara Cassin au commissariat (du 14
décembre au 20 mars).
Autres événements
Le 26 novembre, les États Généreux de la
Culture organisés par le magazine Télérama
s’installent au MuCEM, avec l’ambition de
penser la culture autrement et de proposer
des idées nouvelles à l’approche des présidentielles. Le cinéaste Robert Guédiguian
et le prix Albert Londres 2014 Philippe Pujol
seront présents lors de cette journée invitant
au débat et au « troc culturel ». Les tables
rondes en particulier s’annoncent riches,
portant sur Internet et écrans : en quoi (et
comment) le numérique bouleverse-t-il notre
rapport à la culture ?, et Sortir de l’entre-soi
culturel, faire advenir la diversité, accueillir
l’autre : comment faire plus et mieux ?.
Du 30 novembre au 4 décembre auront lieu
les 4e Rencontres Internationales des
Cinémas Arabes (lire p. 67), et du 9 au 11,
une carte blanche au Festival International
du film ethnographique Jean Rouch. Cette
dernière sera assortie d’une masterclass du
cinéaste Nicolàs Rincón Gille.
Enfin le 10 décembre, on pourra découvrir à
la Belle de Mai le fruit d’une rencontre entre
l’artiste Miguel Palma et une classe du
collège marseillais Versailles. L’exposition
évolutive issue de ce travail collectif, une cité
idéale ou ville rêvée, se tiendra au Centre de
Conservation et de Ressources du MuCEM,
rue Clovis Hugues, jusqu’en mai.
GAËLLE CLOAREC
Retrouvez sur notre WebRadio Zibeline
la Traversée mensuelle du MuCEM, avec
sa Chronique des libraires, et des focus
sur le festival jeunesse En Ribambelle !,
l’exposition Café In, et la journée d’études
sur les rapports entre hommes et femmes
dans une Méditerranée en crise.
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13 mucem.org
Graines
de lecteurs
P
oint d’orgue de l’action menée tout au long de l’année par le
service Ville Lecture de la ville d’Aubagne, Grains de sel,
le festival du livre et de la parole d’enfant revient pour
une 6e édition, en gardant la même formule que l’année dernière,
qui affirmait le rôle essentiel des librairies –celle du lycée d’Aubagne et L’Alinéa de Martigues- et des libraires, pour mettre en
avant la diversité et la richesse de la littérature jeunesse. Ainsi le
Salon Shéhérazade est toujours une librairie géante de 1000 m2,
aménagée en pôles thématiques (manga, beaux-arts, littérature
ados, ouvrages scientifiques, poésie, romans…), dans laquelle se
situe l’Escale Rencontres, haut lieu des rendez-vous animés par
Maya Michalon. C’est là aussi qu’une invitée de marque fêtera
ses 20 ans de création : la maison d’édition indépendante Rue du
monde, en présence de son fondateur, l’auteur Alain Serres, et
de plusieurs de ses grandes signatures (Laurent Corvaisier –qui
réalisera en direct une fresque pour ces 20 ans-, François Place,
Judith Gueyfier, Raphaële Frier et Carl Norac). Plus d’une
vingtaine d’auteurs et d’illustrateurs seront présents à leurs côtés
(et pas des moindres !), parmi lesquels Florence Hinckel, Cécile
Roumiguière, Sabine Tamisier, David Groison, Yves Grevet,
Gaëtan Dorémus, Fleur Daugey, Taï-Marc Le Thanh…
Outre les rencontres, les ateliers, les performances et les expositions (dont la galerie d’images de Rue du monde qui propose 20
œuvres d’illustrateurs « maison ») qui l’émaillent, le festival est
aussi l’occasion de permettre aux plus jeunes la découverte de
spectacles réjouissants. Au Théâtre Comoedia il y en aura pour
tous les âges, certains étant d’ailleurs adaptés d’albums pour la
jeunesse : Caché dans un buisson de lavande, Cyrano sentait bon
la lessive par la Cie Hecho en casa d’après Cyrano de Taï-Marc
Le Thanh, Petit-Bleu et Petit-Jaune par le Théâtre de la vallée
adapté de l’album éponyme de Léo Lionni, ou encore Carmen
Baleine par Les Mille Tours Compagnie d’après Marlène Baleine
de Davide Cali et Sonja Bougaeva…
DO.M.
Grains de sel 2015, Salon Sheherazade © Marc Munari - Ville d’Aubagne
Grains de sel
17 au 20 novembre
Centre-ville d’Aubagne
04 42 18 17 77 grainsdesel.aubagne.fr
26 critiques spectacles
plus de spectacles sur journalzibeline.fr
Que de bonheurs au Merlan ! Un début de saison où il est question
d’enfance, de danse et de filles...
Alice, Pina et Pierre
de ses fantasmes préconçus (Pina Bausch
est méchante et les danseurs vivent un enfer),
reprend des bouts de solos en expliquant
combien son corps vieillissant lui fait mal,
et le soulagement quand elle peut reprendre
son souffle. Drôle, belle, elle offre un voyage à
l’intérieur de la pensée du corps dansant, puis
en vient à son apprentissage, à ce moment
où les formes surviennent et où les regards
reprochent aux petites filles de sortir de
l’enfance...
Un thème qui est au cœur de la création
de Josette Baïz, Alice. Après le succès de
Guest 1 et 2, qui continuent à tourner dans les
lieux les plus prestigieux, et un Oliver Twist
qui explorait plutôt l’univers des garçons,
la chorégraphe et son Groupe Grenade,
composé d’enfants et de jeunes adolescents,
se sont penchés vers l’univers de Lewis Carroll.
Mais ce Pays des Merveilles est exploré par
une ribambelle d’Alice en quête d’une vérité
intérieure, d’une transcendance personnelle,
d’un au-delà d’elles mêmes. Le spectacle est
formidable à plus d’un titre, et surtout parce
que les jeunes danseurs sont d’un niveau
incroyable : techniquement, y compris les
plus jeunes, y compris les plus grands qui ont
vu leurs corps changer récemment. Et cette
jeunesse, comme toujours avec ce groupe
Grenade qui n’en finit pas de se renouveler
et de grandir, ajoute une charge d’émotion
incroyable au spectacle de danse. Ils donnent
tout ce qu’ils sont, sans compter, avec un
plaisir et une fébrilité que leur immense
talent n’entame pas. Alice possède d’autres
qualités encore : une dramaturgie limpide, où
l’on traverse les épisodes -la chute dans le
puits, le gâteau qui fait grandir, l’arrivée de la
Reine- sans aucune difficulté de lecture. Une
scénographie élégante, faite de projections
vidéo sur le rideau et sur le sol, et d’un jeu
d’ombre qui agrandit ou rapetisse les corps.
Un texte de Fred Nevchehirlian qui porte la
quête d’Alice dans l’actualité d’une recherche
de vérité intérieure. Et des moments hip hop
parfaitement maitrisés. Un regret ? Le professionnalisme de ces jeunes danseurs les éloigne
sans doute de ce qui fit le Groupe Grenade,
un métissage des styles, et un détachement
des corps uniformes et des clichés genrés de
la danse classique. Ces jeunes filles, noires
ou blanches, ont toutes les cheveux longs
et tirés, des corps fins qui se ressemblent,
et dansent en ouverture. Formidablement
et avec caractère, mais aussi uniformément.
Mais nul doute qu’à telle école leurs individus
trouveront des voies différentes...
AGNÈS FRESCHEL
Alice © Léo Ballani
B
on, il y a eu la mauvaise surprise de la
Nuit des Taupes de Philippe Quesne :
que le directeur du Centre dramatique
national de Nanterre puisse penser, et mettre
en œuvre avec un des plus gros budgets de
production de France, un spectacle d’une
vacuité si manifeste, est sidérant. Mais à part
cela, que de plaisirs ! La saison a commencé
avec un très précieux spectacle de Céline
Schnepf, Au fond du bois dormant, une adaptation du Petit Poucet dont toute mièvrerie
est absente. Le Petit Poucet s’appelle Pierre
mais est une fille, distante de ses frères qui
vont par paires et ont peur des Bois, qu’elle
apprivoise pour mieux s’affranchir. De la
pauvreté, de la solitude, de l’abandon de ses
parents, et de ses voix intérieures qui l’attirent
vers la maison de l’ogre... Effrayant et beau, le
dispositif scénique transportable recèle des
cachettes et fait fleurir les zones d’ombres.
Les deux comédiennes chantent jouent et
murmurent, les enfants apprivoisent leurs
peurs, et les adultes retrouvent le trouble
qui les a fondés...
Le solo de Cristiana Morganti parle aussi
d’enfance, mais commence par Pina. La danseuse italienne raconte ses années passées
dans la compagnie, répond aux questions
absurdes d’une journaliste qui ne démord pas
Au Fond du Bois Dormant
a été créé les 3 et 4
octobre, Jessica et moi
les 5 et 6 octobre, Alice
les 3 et 4 novembre,
au Merlan, Scène
Nationale de Marseille
27
27
Nicht Schlafen, Alain Platel © Chris Van der Burght
Circulez, y’a tout à vivre !
E
t voilà c’est fini par ici -Hubert Colas a
rangé sa vespa et le motard du Radio Vinci
Park s’est fort malencontreusement cassé
le bras- ça a commencé ailleurs : le festival
« marseillais » des Écritures Contemporaines a
remis en jeu quelques cartes de sa 16e édition
à Montréal, puis se redistribuera à Paris en
décembre et cette ouverture souhaitée reste
l’un des atouts d’ActOral. Cette année encore
Laurent Garbit a enrichi l’identité visuelle
(de celle-là on est preneur) de l’événement
en mélangeant sur le O bouée de sauvetage
le keffieh et le vieux T-shirt, la culotte et la
chaussette dépareillée suggérant peut-être
que le torchon et la serviette sont faits pour
vivre ensemble. Eclectisme et variété ne sont
pas ennemis de l’harmonie et c’est vraiment
quelque chose de cette complexité-là que
cette édition nous a offert : des présents et
des présences (bienvenue aux fantômes de
Toshiki Okada ou aux Courneuviens de
Laurence Vielle), des découvertes piquantes
(Alexander Vantournhout), des complicités
confirmées (Jan Fabre / Anthony Rizzi)
et des rendez-vous manqués (laissons filer
les mauvaises taupes de Philippe Quesne)
de tout cela on a déjà glosé sur le site journalzibeline.fr ; on peut y revenir : souligner le
bonheur de la lecture d’Olivia Rosenthal,
qui révèle avec une mauvaise foi jubilatoire
la perversité de Bambi et l’anorexie suspecte
d’un(e) Bagheera transgenre ; saluer la réussite
du focus sur la création belge avec le point
d’orgue du terrible et puissant Nicht Schlafen
d’Alain Platel, magistral rituel pour dire
le chaos où s’entretissent lieder de Mahler,
polyphonies africaines, corps dansants et
cheval mort de la plasticienne Berlinde de
Bruyckere ; si la légèreté de Miet Warlop
a laissé froid, la « pièce » foutraque et joyeusement loufoque de Benjamin Verdonck
et Peter Ampe aux prises avec rien moins
que les objets, l’espace, le temps, la langue,
le corps, la musique, le cosmos, les quatre
saisons de Vivaldi et la merveilleuse fluidité
du miel, a délicieusement apaisé les yeux
et les oreilles du spectateur tenté par le tri
sélectif ; que nous suggère-t-on alors dans ce
réjouissant We don’t speak to be understood ?
De laisser filer ? De prendre ensemble le large
vers ce qui se présente : le beau et le laid, le
brisé et l’entier, le grognement et la parole
claire, le bancal et le stable ? Compris ! Toutes
oreilles dehors encore -All Ears- et les yeux
pas dans la poche nous avons agréablement
louvoyé aussi avec la performeuse Kate Mc
Intosh qui a donné une leçon subtile de saut
de frontières et de marche en crabe à un
public tantôt objet tantôt sujet ; l’air de rien
(tout un art), la jeune femme -un corps, une
voix, de l’allant- fait subir un questionnaire
intime et interminable à toute une salle captivée et réactive ; on lève la main, le bras, on
se lève, on se tourne, on regarde son voisin
dans les yeux, on s’agace, on résiste puis on
accepte de souffler dans des sachets, de jeter
des billes sur la scène et de tirer des fils qui
bouleversent l’agencement du plateau ; du
son est prélevé puis rendu dans le noir ; on
s’y reconnaît plus ou moins et pourtant on
y était et d’ailleurs on y est, augmenté des
autres ! Processus simple, maîtrisé, fluide qui
offre un peu d’émoi au présent. The Thrill is
not gone et c’est l’essentiel !
MARIE-JO DHÔ
L’exposition The Thrill is gone du
plasticien Theo Mercier, parrain de
cette édition, se poursuit au Musée
d’Art Contemporain de Marseille
jusqu’au 29 janvier 2017 (voir Zib 100).
Le numéro 44 de la revue IF propose un
écho à la programmation du festival.
La 16e édition du festival ActOral a eu lieu
à Marseille du 27 septembre au 15 octobre
et à Montréal du 25 octobre au 5 novembre
28 critiques spectacles
Viva Massilia Afropéa
P
© Fred Robert
ari tenu pour Eva Doumbia. La manifestation qu’elle a imaginée, et qui s’est tenue
à La Friche Belle de Mai et au cinéma Le
Gyptis durant tout un weekend, a attiré un
public nombreux. La foule se pressait dans
le grand hall de la Cartonnerie où se tenait le
salon « mode et beauté » Boucles d’ébène, mais
aussi dans les divers lieux de rencontres et de
spectacles, dans une atmosphère détendue
et festive, propice à tous les échanges, à tous
les mélanges.
Samedi 29 octobre. La première rencontre,
intitulée L’appartenance afropéenne, réunit
autour de Pascal Jourdana trois générations d’artistes, qui s’expriment dans des
genres littéraires différents. Elle s’ouvre sur
une performance de la slameuse d’origine
camerounaise Silex. Celle-ci, dans une
profération dont les formules font souvent
mouche (et sont très applaudies), évoque
tous les moments où, en tant que noir, « on
prend des claques », lorsqu’on est obligé de
tenir les bras écartés dans un magasin par
exemple, pour bien montrer qu’on n’a rien
pris, ou lorsqu’on lit les livres d’histoire… ce
qui ne l’empêche pas de finir sur une note
positive, un texte scandé de « je veux », reflet
des aspirations de la jeunesse afropéenne
à plus de fraternité. Après la performance,
place au dialogue entre les trois auteurs. Se
sentent-ils afropéens (terme popularisé en
France par l’auteure Léonora Miano) ? À
cette question, la Guadeloupéenne Maryse
Condé répond clairement non. Incroyable
Maryse Condé qui a tenu à être là, bien que
très affaiblie. De son fauteuil roulant, et avec
son franc-parler habituel, elle affirme ne pas
se reconnaître dans ce terme (dans celui de
« créolité » non plus au demeurant), qui « perpétue la distinction » et lui semble « réducteur ».
Elle fait sienne la phrase d’Edouard Glissant :
« J’écris en face de toutes les langues du
monde. » Le Malgache Jean-Luc Raharimanana la reprend lui aussi à son compte, lui
qui revendique que nous soyons tous « faits de
fragments » -Fragments est d’ailleurs le nom
qu’il a donné à la collection de textes qu’il
édite-, et insiste sur la nécessité d’« arrêter
de compartimenter » les gens, les genres,
les pratiques artistiques. Un bon moment
Un réservoir de talents à suivre
V
enues de Marseille, Istres, Toulon, Avignon, Aix-en-Provence, La Seyne-sur-Mer,
Mouans-Sartoux et Nice, dix-sept compagnies ont trouvé à Klap - Maison pour la danse
une fenêtre de visibilité durant Question
de danse. L’occasion d’avant-premières et
de découvertes, mais aussi de retrouvailles
avec des talents repérés au Festival de danse
de Cannes, aux Rencontres de la danse de
Châteauvallon ou au festival Constellation
à Toulon.
À Marseille donc, Sébastien Ly (Cie Kerman), Simonne Rizzo (Ridzcompagnie)
et Éric Oberdorff (Cie Humaine) ont
choisi de présenter un instant « T » de leur
création avec le risque induit par la notion
même de projet en cours. Le public prend
le fil d’une pensée en devenir, se l’approprie
et imagine la suite, ou projette sur elle ses
propres attentes. Ce qui, justement, fait le sel
de leurs propositions. Découvert en 2009 au
Pavillon Noir, Éric Oberdorff a depuis accompli
un parcours sans faute. Pour Question de
danse, il s’est prêté au jeu et a présenté,
Scarlett, Arthur Perole © Nina Flore Hernandez
après cinq semaines de travail, un extrait
déjà structuré de ce que sera demain Mon
corps palimpseste : un duo au phrasé ample
contrebalancé par les riffs du guitariste et
l’agilité de la plasticienne-tricoteuse pour dire
la mémoire des corps et des gestes sans cesse
réécrite. Arthur Perole (CieF) a transformé
l’ébauche de Scarlett présentée il y a un an à
Châteauvallon en un spectacle parfaitement
écrit qui joue sur la montée en puissance du
29
30 bougies pour MOD !
de parole libre, que des lectures d’élèves de l’ERAC sont
venues ponctuer, et que Jean-Luc Raharimanana a clos
sur une très envoûtante lecture musicale de ses textes.
Ne reste plus qu’à courir à l’IMMS, à trouver de haute
lutte une place pour le spectacle mis en scène par Eva
Doumbia avec 6 élèves de l’École Régionale d’Acteurs
de Cannes (ERAC), autour d’extraits de deux textes de
la grande romancière américaine Toni Morrison. Qu’il
s’agisse d’un contexte ancien, le XVIIe siècle pour A mercy,
ou plus récent, les années 1950 pour Home, c’est l’Amérique
des laissés-pour-compte que Toni Morisson dépeint. Une
succession de courtes scènes alternant avec des résumés
et quelques brèves lectures, des chants et beaucoup de
musique facilitent la lisibilité ; la scénographie dépouillée
est très efficace et les jeunes acteurs habités par des rôles
forts. Un très beau travail.
Les propositions les plus diverses se sont succédé pendant
ces deux jours de fête, de danse en conférence, de théâtre
en défilé de mode, d’atelier en séance de cinéma. Preuve
de la présence afropéenne sur tous les fronts de la culture.
Et de sa superbe énergie.
FRED ROBERT
Massilia Afropéa s’est déroulé les 28, 29 et 30 octobre
à La Friche Belle de Mai et au cinéma Le Gyptis (Marseille)
S
ous la houlette de Josette Pisani, une vingtaine d’artistes ont fêté le
30e anniversaire de Marseille Objectif Danse. C’est en 1987 qu’un
groupe de danseurs marseillais avait conçu une structure pour accueillir
des créations et initier tous les publics à l’art trop méconnu de la danse
contemporaine. Ils ont partagé avec différents invités une Carte libre pour une
mosaïque de créations. La première proposition est celle d’Haïm Menahem
qui, avec un humour délicieux, évoque l’univers de trois figures mythiques
de la danse contemporaine : Merce Cunningham, Trisha Brown et Pina
Bausch. Moment magique : Haïm extirpe de sa chemise une combinaison
de satin, Pina est là soudain !
La soirée prend ensuite une tournure de rétrospective has been qui nous
laisse parfois sur notre faim. En chair et en os ou par le truchement de
vidéos se succèdent dans le désordre Daniel Larrieu, Georges Appaix,
les groupes Dunes et n+n Corsino avec des films des années 80, les
deux inséparables de Grand magasin, Geneviève Sorin à l’accordéon
et Jean-Marc Montera à la guitare, les lectures de Liliane Giraudon et
Jean-Jacques Viton, poètes bien connus de Marseille… Décalage encore
avec la prestation de Pierrette Monticelli et ses complices des Bernardines
-désormais retraités- Mireille Guerre et Alain Fourneau, sur un texte
de Suzanne Joubert.
On retiendra la présence du danseur suisse Foofwa d’Imobilité (Danseur
exceptionnel 2013) qui surprend avec un extrait (trop court) de sa chorégraphie Utérus, pièce d’intérieur de 2014. On applaudit le phrasé et la voix
du séduisant Yves-Noël Genod qui subjugue le public par une lecture
terriblement habitée des premières pages d’À la recherche du temps perdu.
Marc Tompkins clôture la soirée avec Witness, émouvant solo créé en 1992
en hommage à son compagnon Harry Sheppard qui venait de décéder. Une
soirée nostalgique nuancée d’humour qui augure, espérons-le, une ère nouvelle.
CHRIS BOURGUE
Pièces courtes s’est donné les 14 et 15 octobre au
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
geste et de la création sonore pour explorer et questionner
la figure de la Muse. Quant à Nans Martin, découvert
en showcase à Cannes, il s’est délesté du poids d’une
construction académique pour mettre sa radicalité dans
un double duo. Un de ceux qui font de la danse un acte de
résistance : éloge de la lenteur et du détachement dans le
premier, exploration des limites du corps dans la répétition
et l’énergie combattive dans le second. Gestuelle surprenante enfin des trois jeunes danseurs/acrobates de NaïF
Production, aux corps anonymes, aux visages cachés
par un voile noir sous une capuche. Au début immobiles
au sol, ils semblent s’en extraire avec difficulté. Un bras,
un pied se soulèvent et retombent lourdement. Le corps
glisse, une main attrape le genou pour le ramener sous le
torse, comme si les membres étaient paralysés. Peu à peu
les corps échappent au sol comme à de la glu, se libèrent.
Tout se joue sur le poids, l’équilibre et la confiance. C’est
réglé au cordeau. On est séduit.
Bref, la danse en région s’enrichit de plus en plus d’étoiles
montantes et Question de danse est l’un de ses tremplins.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI ET CHRIS BOURGUE
Question de danse s’est déroulé du 1er au 21 octobre
à Klap - Maison pour la danse, Marseille
Witness, Marc Tompkins
© Jean-Louis Badet
30 critiques spectacles
Variations sur l’Enfer
© Marc Ginot.
A
nnonce sonore :
« Scène 1 : Et la
lumière fût »
Tout s’éteint. Noir
total. Trois bonnes
minutes. Quelqu’un
toussote. C’est le
début d’une cascade
de toux rocailleuses
de début d’automne,
et surtout le prétexte
pour évacuer la gêne
qui s’installe. Puis
la salle s’apaise. On
attend. Sagement.
Deux phares blancs
trouent l’obscurité.
Une camionnette
pénètre sur la
scène. Le véhicule
manœuvre, l’odeur de gasoil monte dans les
rangs. On s’évente, on tousse cette fois pour
de vrai. Sensation intense de claustrophobie.
Le monde ne s’est pas créé en un jour, c’est
bien connu, la route sera longue. La lumière
est bien là : les phares, et une image vidéo,
projetée sur l’aile de la camionnette. Un
homme tout en cuir, des clous, un masque
qui lui colle à la peau, hurle des aigus distordus dans un micro. Voilà la vision biblique
de Markus Öhrn et Pär Thörn, artistes
suédois dont cette proposition largement
iconoclaste est la première collaboration. En
70 scènes, chacune jouée une unique fois, ils
vont refondre les Cinq Livres de Moïse : un
parcours déjanté dans le texte de l’Ancien
Testament, qui commence dans l’habitacle
de cette camionnette. To Walk the Infernal
Fields ancre l’origine du monde dans une
atmosphère délétère et effrayante. Tout cela
aurait bien mal commencé, n’augurant rien
de bon pour la suite, pour nous, pauvres
humains (spectateurs) du monde d’aujourd’hui.
Impossible de ne pas penser à une chambre
à gaz. L’odeur persiste. L’homme tape sur les
parois. Il est filmé en direct depuis l’intérieur
de la camionnette. Il sort, titube. Sifflements
de fumigènes.
Et le rideau tombe brusquement. La lourde
fumée continue de monter au-dessus du public.
C’est un nuage. Les éléments naturels semblent
finalement bien cléments, comparés à la folie
humaine qui éclot ici.
La création des animaux constitue la scène
2. Camionnette toujours. Elle sera l’élément
récurrent des 70 scènes à venir. Des animaux
en peluche. Des masques de gorille, zèbre et
lapin. Fornication. Un vrai chien clouté hante
le plateau. Musique noise. Décidément rien
ne s’arrange en enfer.
La suite sera à voir en décembre à hTh (lire
p 64), puis dans d’autres lieux encore secrets,
dans les points du globe ayant survécu à
l’Apocalypse.
ANNA ZISMAN
To Walk the Infernal Fields scènes 1 à 7
a été joué du 5 au 7 octobre à hTh,
Montpellier
Théorème de la vertu ?
de Christelle Harbonn, Demesten Titip
-anagramme d’identité et de temps-, passe
La Gentillesse au crible, s’interrogeant dans
ce nouvel opus sur cet axe autour duquel
s’articulent ses projets théâtraux, l’identité
à l’épreuve du temps. Écriture collective,
digression devenue art... Une histoire simple
en apparence met en scène cinq protagonistes,
une mère et ses deux filles dont une adoptée,
un père spectral, et un solitaire
qui, malgré ses réticences de
misanthrope, devient portier
de la maisonnée. Lorsqu’un
visiteur inconnu arrive pour
faire connaissance, l’équilibre
bascule, à l’instar de celui de
la famille du film de Pasolini Théorème. Intrusion
de l’inconscient, passages
fantasmés, où la nudité
même reste masque… Plus
que la gentillesse (malgré le
© Ronald Reyes
L
a gentillesse, apanage des « gentils », a-telle conservé sa hauteur aristocratique ?
Piètre privilège originel du terme, lorsque,
dans L’idiot de Dostoïevski ou La conjuration
des imbéciles de John Kennedy Toole, cette
qualité rend les personnages inadaptés à la
vie en société, boucs émissaires désignés,
scandaleux dans leur inconséquence, grotesques et tragiques à la fois… La compagnie
plaidoyer de la mère), la méchanceté ouvre
de vastes plaisirs dont le remords fait partie.
La troupe, complice, s’en donne à cœur joie
dans ce détournement des repères, nimbée
d’un clair-obscur propice à toutes les suppositions. Sans doute, la pièce doit mûrir encore
un peu afin de trouver sa véritable tension
dramatique…
MARYVONNE COLOMBANI
La Gentillesse a été créée
les 13 et 14 octobre au 3bisf,
à Aix-en-Provence
à venir
8 au 15 décembre
La Criée, Marseille
04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com
31
À bonne école
«
L’école, c’est l’un des derniers endroits
où tout le monde se croise. » Amélie
Chamoux et Laurent EyraudChaume, les deux comédiens, créateurs de
8h30, rue des Ecoles, sont partis de ce constat
simple. Après plusieurs mois de travail, dont
une résidence de création au Théâtre Durance
de Château-Arnoux, leur spectacle tout neuf
prend son envol. Passée l’avant-première à
Gap, c’est à Durance que la compagnie Le
Pas de l’Oiseau a fait déployer ses ailes à
son poussin. Pendant un peu plus d’une heure,
l’univers de l’école se révèle au plus juste, à
la fois cage étriquée et horizon de liberté.
L’entrée en scène se fait au son d’une voix
de petite fille qui énonce les « métiers » de la
classe, responsable du tableau, des cartables
ou ramasseur de copies. Puis une immense
palette de personnages défile, incarnés par
les acteurs. Tous deux ont beaucoup pratiqué
le conte. Ils donnent à leur théâtre-récit des
allures de conte du réel d’une grande justesse.
Avec pour seul décor un grand caisson en bois,
le spectacle offre une véritable immersion dans
l’école, sans concession, mais avec humour
et poésie. Les instits, les enfants, les parents,
la directrice, la cantinière, l’inspecteur, tous
s’enchaînent dans une galerie de portraits qui
mêle subtilement la caricature et le réalisme.
La course folle du matin pour être à l’heure
avant la sonnerie de 8h30, le préfabriqué provisoire qui sert de salle de classe depuis 25
ans, la maîtresse idéaliste, celle un peu blasée,
l’instituteur aux méthodes alternatives, tout
peut évoquer un souvenir au spectateur. Venu
de l’enfance ou de sa vie de parent. Rempli
de trouvailles visuelles simples et efficaces
-une cravate dessinée qui fait apparaître un
ministre ou deux petites lumières dans le
noir qui deviennent des yeux-, le spectacle
file doucement vers une fantaisie utopique
et révolutionnaire, où chacun pourrait enfin
donner sa vision de l’école idéale.
© Rolland Plenecassagne
JAN-CYRIL SALEMI
8h30, rue des Ecoles a été créé
les 2 et 3 novembre à La Passerelle, à
Gap, puis joué les 4 et 5 novembre
au Théâtre Durance
à Château-Arnoux/Saint-Auban
Marionnettes pour tous !
À
cheval sur les vacances de la Toussaint,
le festival des arts de la marionnette et
de l’objet En Ribambelle ! est revenu
à Marseille. L’édition 2016 s’est répartie
dans trois lieux, le MuCEM ayant rejoint le
théâtre Massalia et La Criée, piliers de
cette manifestation jeunesse qui se développe
depuis trois ans. Et le public suit : les salles
étaient souvent pleines à craquer.
Pour lancer les festivités, un grand moment
dû à la Cie Le Montreur, venue de Lyon, a
quasiment fait déborder le Forum au sous-sol
du MuCEM. Il faut dire que Louis-Do Bazin,
manipulateur de première classe, a l’art de
tenir une salle en haleine, devançant « les
futures normes en vigueur dans l’Éducation
Nationale : un instituteur pour 250 élèves ».
Son année scolaire concentrée en 45 minutes
a remporté tous les suffrages, des plus petits
ravis de donner vie à une marionnette, prêtée
pour la leçon, aux adultes, titillés par des
touches d’humour qui leur étaient spécialement destinées.
Proposer ainsi un spectacle avec plusieurs
niveaux de lecture harmonieusement articulés
Cie Le Montreur © G.C.
n’est pas chose facile. La compagnie Ladgy
Prod s’en est moins bien tirée, avec son adaptation du livre pour enfants Plouf !, grand
succès de Philippe Corentin à l’École des
Loisirs. Pour ceux qui ne connaissent pas
l’ouvrage -et bien des spectateurs étaient
âgés de deux ans à peine- il n’est pas facile
de se représenter le système de poulie qui fait
tout le sel de cette histoire d’animaux tombés
dans un puits. Cela ne les a pas empêchés
de découvrir avec plaisir les marionnettes en
objets transformés :
un nez de cochon
bricolé avec une
prise électrique, un
loup à tête de scie,
un ventre rond fait
avec une boîte de
bonbons...
Quant au festival
En Ribambelle !, il
s’est poursuivi avec
bien d’autres propositions pour tous les
âges, et si l’on en
croit ses organisateurs, pourrait développer
d’autres partenariats sur le territoire marseillais,
lors des prochaines éditions.
GAËLLE CLOAREC
Le festival En Ribambelle ! a eu
lieu du 26 octobre au 8 novembre
au Théâtre Massalia, à La Criée
et au MuCEM (Marseille)
32 critiques musiques
plus de musiques sur journalzibeline.fr
Fiesta avant, pendant, tout le temps
4
2 000 spectateurs
ont franchi le
ponton du Dock
pour sa 25e Fiesta
des Suds. Un équipage multicolore et
intergénérationnel,
venu plonger dans
l’océan des musiques
actuelles du monde.
Bien sûr, il y avait les
poids lourds. Ou plutôt
les gros cargos, au vu
de la scénographie de
l’édition. Thiéfaine,
Louise Attaque,
Skip&Die vs Lindigo © Johanna Tzipkine
Cassius en tête. Ils
étaient attendus et n’ont pas déçu. Il y a eu de trente ans. Entre des titres plus récents,
aussi les invités dont on ne pouvait que se teintés parfois de blues rock, les très attendus
réjouir de leur participation à ce joyeux quart Loreleï ou Alligator 427, toujours prégnant
de siècle : Jeanne Added, Deluxe, Smokey d’actualité, ont nourri ce beau moment de
Joe and the Kid, Moussu T. Il y eut enfin communion.
les découvertes et coups de cœur, celles et Dans un tout autre style, les Aixois Deluxe
ceux que la Fiesta peut encore s’honorer de installaient une ambiance de folie où l’auditoire,
provoquer. Ce fut vrai pour The Dizzy Brains, considérablement rajeuni, accompagnait de
Skip&Die vs Lindigo, Swan Ink ou PinkNoColor. sauts à pieds joints les beats soutenus de
Loin des clichés d’un dinosaure sur le retour, l’électro-groove funky. Le show tant visuel que
Hubert-Félix Thiéfaine a rassemblé une sonore de Liliboy et sa bande moustachue
foule immense devant la scène extérieure. aux tenues délirantes fut électrisant et inventif,
Festif et résolument rock, le Vixi Tour XVII véritable diffuseur de déhanchés et d’énergie.
du jurassien fut l’occasion de retrouver l’au- Ils sont jeunes, provocateurs et subversifs.
teur de La fille du coupeur de joint, dans une The Dizzy Brains, révélation des dernières
version dépouillée, comme un présent d’amis Transmusicales de Rennes, ont bousculé les
amateurs de rock garage et au-delà. Guitare
et basse saturées, voix d’une agressivité sensuelle, les Malgaches ont abordé la situation
politique de leur pays sans oublier d’évoquer
une autre de leur préoccupation : le sexe.
La rencontre entre les Hollando-Sud-Africains
de Skip&Die et les Réunionnais de Lindigo
accoucha d’une création électropicale aux
accents maloya. La douzaine de musiciens
est menée par l’artiste plasticienne et chanteuse sud-africaine Cata.Pirata pour un set
exaltant, digne d’un carnaval de rythmes sans
frontières mais pas sans racines.
Belles surprises locales, Swan Ink et Pink No
Color explorent des sentiers électro pop rock
divergents. Pourtant, le duo d’Aubagnaises
minimaliste comme le quintette marseillais
aérien errent dans des univers à la fois sensibles et décoiffants où le chant nuancé ou
obsédant accompagne des compositions
léchées ou enragées.
Une Fiesta des Suds considérée par beaucoup
comme un grand cru. Il faut dire que son
before officiel, la soirée Global Local, a placé
la barre bien haut grâce aux shows de Siska
et surtout Anthony Joseph.
THOMAS DALICANTE ET FRÉDÉRIC ISOLETTA
La Fiesta des Suds s’est déroulée
du 19 au 22 octobre,
précédée par la soirée Global Local,
le 15, au Dock des Suds, Marseille
Âme généreuse !
E
n coréalisation, la Cité de la Musique de
Marseille et Les Voies du Chant proposaient, le 21 octobre, dans le cadre de
le 13e édition de festival De Vives Voix, un
programme de chansons intitulé L’Anima
Lotta : des reprises arrangées, compositions,
rendant hommage à Rosa Ballistreri (19271990), chanteuse sicilienne lancées par Dario
Fo qui était devenue, dans les années 1970,
une icône dans la sphère communiste, mêlant
folklore et engagement politique, social...
Emmenés par une forte personnalité, Carine
Lotta, artiste animée, généreuse, à la voix
ensoleillée et rocailleuse, combinant à l’instar
du blues une force de conviction et une fragilité
sous-jacente, les musiciens qui l’accompagnaient ont livré un concert d’une belle tenue,
enrobant les textes chantés en sicilien d’une
pâte sonore originale, au moyen d’un savant
© Aurelie Fernando
métissage de styles. C’est le peuple de Sicile
qu’on a dépeint, celui d’hier et d’aujourd’hui,
sa langue, son âme à la fois violente et tendre,
ses ambiguïtés, son amertume... et au-delà
une condition humaine universelle, populaire. Tout un univers perceptible qu’on a
perçu, au-delà des mots, dans des
pulsations obstinées, syncopées, des
crescendos puissants et expressifs,
dans les sonorités de mandole (Malik
Ziad) basculant d’un côté à l’autre
de la Méditerranée, d’un tuba festif
(Daniel Malavergne) rappelant
les fanfares traditionnelles, les percussions pétillantes, englobantes
et coloristes de la batterie (Luca
Scalambrino), dans les ritournelles
de flûtes ou les envolées jazz d’un
saxophone virtuose (Lamine Diagne) ! Un moment fort, vibrant, sensible, à
fleur de peau…
JACQUES FRESCHEL
L’Anima Lotta a été donné le 21 octobre
à la Cité de la musique, Marseille
33
Des loups au goûter…
C
e dimanche d’octobre à l’Opéra de Toulon,
le menu était alléchant ! L’Orchestre
symphonique de l’Opéra de Toulon
réactivait, sous la baguette de Raoul Lay,
le répertoire des Contes symphoniques.
Deux opus au programme dominical : le
désormais « classique » Pierre et le loup
composé par Sergueï Prokofiev en 1936, et
l’indémodable La Chèvre de monsieur Seguin
d’Alphonse Daudet composé en 1999 par le
jeune compositeur français Olivier Penard.
Le trait d’union entre pièce du répertoire et
composition contemporaine séduisit l’assistance, généreuse en applaudissements, car
si la musique la toucha au cœur, la mise en
voix de Renaud-Marie Leblanc la tint en
haleine. Enjouée, cajoleuse, féroce, timide,
elle embrassa avec ferveur le méli-mélo des
sentiments des héros, de Pierre le courageux
à l’intrépide Blanquette. Le corps à l’affût de
la musique, sans fausse note, on aurait dit que
Renaud-Marie Leblanc contait les histoires
en se léchant les babines. Se dandinant d’un
pied sur l’autre comme le canard, mimiques
à point nommé mais pas trop, hochant la tête
en mesure à l’approche du chat, croisant les
bras de GrandPapa mécontent tandis que les
Orchestre de l’Opéra de Toulon © Olivier Pastor
cordes annoncent le danger… Dans un jeu
moins imagé, le comédien se mit légèrement
en retrait de l’orchestre (avec piano cette fois)
au service de l’écriture musicale d’Olivier
Penard, toute en nuances : bucolique dans
les instruments à vent, tragique dans les
sanglots des violons, fraîche et claire dans
les carillons et les xylophones, dramatique
dans les percussions. Au point de croire
Blanquette bien vivante, gambadant librement au sommet de la montagne en fête !
C’est dire si la complicité était totale entre
l’Orchestre national de l’Opéra de Toulon, le
chef d’orchestre et le récitant.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Pierre et le loup et La Chèvre de monsieur
Seguin ont été joués le 29 octobre
au GTP, à Aix, et le 30 octobre
à l’Opéra de Toulon, sur une
proposition du Festival de Musique
de Toulon et sa région
Treizatlantique !
© Marie-Anne Baillon
L
es valises sont prêtes, les voix chauffées
aux vocalises, les programmes imprimés,
huilés... C’est que le lendemain Musicatreize embarque pour une tournée américaine à New York et Boston ! Dans l’attente,
en guise d’avant-première marseillaise, les
douze chanteurs font vibrer les murs de la
Salle Musicatreize au gré des dissonances en
quarts de ton d’un opus de François Paris,
de ses effets lumineux, à l’image des néons
qui constituent l’œuvre plastique de Martial
Raysse dont la musique s’inspire : Quelques
éléments pour dire quelque chose de simple et
doux. Une « french touch » bientôt doublée d’un
« classique » de l’ensemble vocal, Swan Song de
Maurice Ohana qui conserve, trente ans après
sa création, toute sa force expressive. Cette
espèce de « requiem ironique sur sa propre
mort » est dirigée pour l’occasion par deux
jeunes chefs prometteurs : Chloé Dufresnes
et Hoviv Hayrabedian. Le versant américain
de l’affiche propose un autre « requiem », cette
fois dédié à la Nature, aux espèces disparues...
Elegy and Observation d’Eric Casalow fera
dialoguer avec brio, outre-Atlantique, les
douze voix expertes conduites par Roland
Hayrabedian et une texture électronique. On
termine avec une messe originale de James
Primosch pour une création en France ! Mass
of the Day of Saint Thomas Didymus adopte
une forme ancienne qui met en regard un
groupe soliste, chantant en latin, puisant dans
des sources grégoriennes et un chœur en
anglais. Ce dernier commente les cinq parties
de l’ordinaire liturgique en y agrégeant une
dimension moderne et singulière : celle du
doute !
JACQUES FRESCHEL
12 voix des deux mondes a été donné le 2 novembre,
Salle Musicatreize à Marseille
34 au programme musiques marseille bouches-du-rhône var
Orchestre philharmonique
de Marseille
Festival de Saint-Victor
Un programme propre à souligner la riche
palette de l’Orchestre Philharmonique
de Marseille que celui-ci : exubérante
gaité et interlude délicat de L’ouverture du
Carnaval d’Anton Dvorák, thème du roman
grec de Longus, Daphnis et Chloé avec la
deuxième suite pour orchestre de Maurice
Ravel commandée par Diaghilev pour les
Ballets Russes, œuvre concertante éblouissante
qu’est la Rhapsodie sur un thème de Paganini
de Rachmaninov, servie par le piano virtuose
de Fang Yuang. Enfin, un Concerto pour
percussions de Li Biao, à la tête de l’orchestre
pour cet exceptionnel concert !
Pour plaire à Odette, André, dit Dédé, achète
à M. Chausson un magasin de chaussures,
ignorant que ce dernier est l’époux de sa belle
et que cet achat arrange bien ses affaires…
L’opérette en mode de vaudeville d’Henri
Christiné, sur un livret d’Albert Willemetz,
fut créée en 1921 avec Maurice Chevalier. Elle
revient à l’Odéon sous la direction de Bruno
Membrey et Grégory Benchenafi dans le
rôle-titre. On pourra reprendre en chœur le
célèbre Dans la vie faut pas s’en faire ! de
cette œuvre alerte qui suggère, égrillarde,
qu’il suffit de trouver chaussure à son pied.
Grégory Benchenafi © Franck Laguilliez
18 novembre
Opéra de Marseille, Marseille
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Brice Montagnoux © X-D.R.
© VdM
Dédé
Concerts Beethoven
Lawrence Foster © Marc Ginot
26 & 27 novembre
Odéon, Marseille
04 96 12 52 74 odeon.marseille.fr
17 & 24 novembre et 1er décembre
Abbaye de Saint-Victor, Marseille
06 51 16 63 78
saintvictorfestival.wixsite.com/50ans
Sept Miserere
Marie Galante
Sur les cinq concertos pour piano et orchestre,
pas moins de trois de Beethoven seront
donnés à l’auditorium du Pharo, sous la
houlette de Lawrence Foster, interprétés
par l’Orchestre Philharmonique de Marseille et le pianiste à la poésie subtile Inon
Barnatan. Seront joués les Concertos n°2, 3
et 4, qui permettront de goûter l’évolution du
compositeur, depuis les échos de l’influence
mozartienne à l’expression du romantisme.
Le Festival des Musiques Interdites
Marseille propose une programmation à
l’année et permet de découvrir des pépites
souvent ignorées. Ainsi, Marie Galante ou l’Exil
sans retour, associant le roman de Jacques
Deval et la musique de Kurt Weill (dont
quatre chants inédits présentés grâce à la
Kurt Weill Foundation de New York), sera
donné à La Criée, avec la superbe soprano
Émilie Pictet, la comédienne Irène Jacob,
le baryton Jean-Christophe Maurice, la
basse Frédéric Leroy, et les musiciens de
l’Orchestre Philharmonique de Marseille
sous la houlette du pianiste Vladik Polionov,
le tout mis en espace par Michel Pastore.
1er & 2 décembre
Opéra de Marseille, Marseille
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
23 & 24 novembre
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
04 91 54 70 54
Les concerts du Festival de Saint-Victor,
concoctés par la dynamique association Les
Amis de Saint-Victor, continuent d’enchanter l’abbaye romane par leur programmation éclectique. Violoncelles (Geneviève
Teullières-Sommer, Marine Rodallec,
Jean-Florent Gabriel) et violon (Mohamed
Hiber) s’accorderont au piano d’Évelina
Pitti pour interpréter Bloch, D’Ollone, Dutilleux, Fauré, Haendel, Schubert, Britten (17
nov) ; puis viendront Messiaen, Landowski,
Suaguet, Dutilleux et Guérinel que jouera
l’orgue de Brice Montagnoux aux côtés de
l’Ensemble du Cefedem-sud (24 nov) ; enfin,
les organistes Jean Guillou et Jean-Baptiste
Monnot vous entraîneront au rythme de
danses, fugues et fantaisies (1er déc).
Deux ensembles vocaux professionnels de
Marseille fusionnent -l’Ensemble Hymnys,
dirigé par Bénédicte Pereira et l’Ensemble
Calisto, dirigé par Jean-Christophe Filiolen Chœur de Chambre de Provence, pour
nous présenter un chant polyphonique d’une
rare qualité. Dix voix soli a capella tisseront
un programme qui exige rigueur, sensibilité et virtuosité, avec des pièces de Purcell,
Sweelinck, Hassler, Croce, Trombetti, Lhéritier,
Allegri (dont le Miserere très redouté tant il
est complexe !). Émotions riches pour ces
pièces au somment de l’art polyphonique !
18 novembre
Église Notre Dame, La Ciotat
20 novembre
Église Saint-Charles, Marseille
07 60 69 59 34
35
Orchestre de chambre
de Lausanne
Trio Wanderer
Donné en création mondiale au conservatoire
d’Aix en juillet 2015 (lire sur journalzibeline.
fr), Horae quidem cedunt de Michel Petrossian, composition pour douze voix a capella
(commande de l’ensemble Musicatreize),
s’ordonne en triptyque sur les images du film
en noir et blanc du poète et cinéaste arménien
Artavazd Pelechian, Les Saisons (1972). Les
musiques de Vivaldi et de V. Kharlamenko sous
la direction sobre de Roland Hayrabédian
emportent les mots du long poème tournoyant
qui rappelle le rythme des saisons et l’histoire
du peuple arménien.
Décidément les dimanches de la Chapelle du
Méjan connaissent des moments musicaux
précieux ! Le 11 décembre, c’est au tour du
Trio Wanderer (Jean-Marc Phillips-Varjabédian, violon, Raphaël Pidoux, violoncelle,
Vincent Coq, piano) ; il se glissera dans les
partitions subtiles de Haydn (Trio avec piano
n°32 en la majeur), Mendelssohn (Trio pour
piano, violon et violoncelle n°1 en ré mineur)
et Schubert (Trio n°2 en mi bémol majeur).
15 novembre
GTP, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
Percussions
La musique répétitive et tournoyante de
Steeve Reich et celle de Minoru Miki
s’invitent au Foyer de l’Opéra de Marseille
puis sous le Chapiteau Circoscène de la
Seyne-sur-Mer (dans le cadre du Festival
d’automne organisé par les artistes enseignants du Conservatoire TPM), servies
par l’Ensemble Polychronies (Bernard
Boellinger, Bernard Pereira, Mathieu
Schaeffer, Florent Fabre). De New York à
Chicago, Music for Pieces of Wood, Marimba
Phase (Steeve Reich) ou Marimba Spiritual
(Minoru Miki) envoûteront les auditeurs.
© Marco Borggreve
Ensemble Ad Fontes
Considérée comme une « aristocrate de
l’ivoire », la pianiste Élisabeth Leonskaja
apportera au GTP la finesse et l’élégance de son
jeu, qui sait se dépouiller de tout académisme
au profit d’une interprétation inspirée, tout
en nuances. La Fantaisie en sol mineur op.77
de Beethoven, la Sonate pour piano en sol
majeur D 894 de Schubert et la Grande Sonate
en sol majeur op.37 de Tchaïkovski auront
le bonheur de se retrouver sous ses doigts.
30 novembre
GTP, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
En guise de cadeau du calendrier de l’avent,
Jan Heiting dirige l’Ensemble Ad Fontes
pour l’interprétation de l’un des chefs-d’œuvre
du compositeur Benjamin Britten, Saint
Nicolas. La partition écrite pour une géométrie
variable et des chanteurs de tous âges et de
tous niveaux, narre l’histoire de ce saint qui
a les qualités du Père Noël. De l’humour, des
mystères, dans une instrumentation subtile
et riche, et le texte d’Éric Crozier pour ce
conte intemporel.
© Bertrand Périsson
25 novembre
Chapiteau Circoscène, La Seyne-sur-Mer
04 94 93 34 29 conservatoire-tpm.fr
11 décembre
Le Méjan, Arles
04 90 49 56 78 lemejan.com
Élisabeth Leonskaja
© Jean-Paul Bourgois
19 novembre
Foyer de l’Opéra, Marseille
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Le jeune chef Joshua Weilerstein, à la tête
depuis deux ans de l’Orchestre de Chambre
de Lausanne, dirigera ce bel ensemble sur
un programme vaste et éclectique, qui nous
fera voyager entre la Symphonie n°60 en do
majeur de Joseph Haydn, les Ramifications
pour orchestre de Ligeti et la Symphonie
n° 3 en mi bémol majeur, dite Rhénane, de
Schumann. Entretemps, Renaud Capuçon
se sera glissé parmi les musiciens pour la
sublime sérénade de Bernstein.
© François Sechet
7 décembre
Musicatreize, Marseille
04 91 00 91 31 musicatreize.org
© X-D.R.
Horae quidem cedunt
2 décembre
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
36 au programme spectacles bouches-du-rhône var vaucluse hérault
Baptiste Trotignon
Conversations baroques
En coréalisation avec Salon, Festival
international de musique de chambre
de Provence, le Théâtre Armand reçoit un
immense artiste de jazz, le pianiste Baptiste Trotignon. Rares sont les pianistes
de formation classique qui se glissent avec
autant d’aisance dans le monde du jazz. Le
piano fluide, élégant, de celui qui joua le rôle
de Rydell (jeune pianiste de jazz) dans le
film d’Alain Corneau Le Nouveau Monde
(1995), lui a valu le Grand Prix de la Ville de
Paris lors du concours international Martial
Solal en 2002. Privilège que de l’entendre
seul sur scène !
12 novembre
Théâtre Armand, Salon-de-Provence
04 90 56 00 82 festival-salon.fr
© Nemo Perrier Stefanovitch
L’opéra de JanáČek, composé sur un livret
de Vincence Cervinka, inspiré de la pièce
du dramaturge russe Alexandre Ostravski,
L’Orage, narre la lente destruction d’une jeune
femme, Katia Kabanova. Sa belle-mère autoritaire, Kabanicha, domine son fils et méprise sa
belle-fille. Katia est aimée secrètement par le
jeune et tendre Boris… Les ingrédients sont
prêts pour que la tragédie se mette en place…
sous la houlette de Jean-Yves Ossonce dans
une mise en scène de Nadine Duffaut et
Christina Carvin dans le rôle-titre.
Johann Sebastian Bach, Georg Friedrich
Haendel, Georg Philipp Telemann, que rêver
de mieux dans le cadre d’un concert baroque !
L’ensemble baroque en résidence Les Ombres
offre aux côtés du Petit Concert Baroque
(duo spécialiste de la transcription pour deux
clavecins) une version inédite du répertoire
baroque pour orchestre en formation de
musique de chambre. Le concerto, conversation par nature, dialogue avec aisance par
la grâce de ces deux formations.
3 décembre
Corum, Montpellier
04 67 601 999
opera-orchestre-montpellier.fr
Christina Carvin © X-D.R
© Fabrice Neddam
Katia Kabanova
La Bohème
27 & 29 novembre
Opéra du Grand Avignon
04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr
Nuit américaine
25 novembre
Opéra de Toulon
04 94 93 55 45
festivalmusiquetoulon.com
Aurore Boréale
© Opéra 2001
Non, il ne s’agit pas d’un festival de cinéma,
ni d’un hommage à François Truffaut, mais
du Festival de Musique de Toulon qui
s’installe dans l’écrin de l’Opéra pour un
programme consacré à de grands compositeurs
d’outre-Atlantique. On entendra le délicat
Blue Cathedral de Jennifer Higdon, le virtuose
Concerto pour violon en ré majeur opus 35
d’Eric Wolfgang Korngold, Hesitation Tango
de Samuel Barber, The Chairman Dances
de John Adams, ou encore On the Town (3
dances) de Leonard Bernstein. Christophe
Poppen dirige l’Orchestre symphonique
de l’Opéra de Toulon et Renaud Capuçon
livre ses lumineuses interprétations…
Les compositeurs du grand nord sont à
l’honneur dans ce programme au nom si
poétiquement évocateur. Et la littérature laisse
des échos au cœur de leurs œuvres ; les aventures d’Aladdin se lovent dans les partitions
de C.F.E. Horneman et son An adventure
Overture for Orchestra : on suit les aventures
de Peer Gynt de Grieg, d’après le personnage
d’Ibsen, on s’évade dans les brumes avec la
Symphonie n°3 en ut majeur opus 52 de Jean
Sibelius. L’Orchestre national de Montpellier
Languedoc-Roussillon conquiert les frimas
sous la houlette de Thomas Søndergård.
Le Quartier Latin, de jeunes artistes, une
délicieuse fleuriste qui n’a plus d’allumettes…
et les amours du poète Rodolfo et Mimi
commencent… passion, destin contraire,
mort… L’opéra de Puccini La Bohème ne cesse
d’émouvoir. La jeunesse et l’insouciance se
fanent, et leur souvenir se cristallise dans le
souvenir d’airs joyeux ou tendres. Martin
Mázik dirige les solistes, Chœurs et Orchestre
de la Compagnie Lyrique Opéra 2001, dans
une mise en scène de Roberta Mattelli.
25 & 26 novembre
Opéra Comédie, Montpellier
04 67 601 999
opera-orchestre-montpellier.fr
27 novembre
Scène nationale de Sète et
du Bassin de Thau, Sète
04 67 74 66 97 theatredesete.com
7 déc > 19h
Les saisons / Horae quidem cedunt...
Ensemble Musicatreize, direction Roland Hayrabedian
Musique Michel Petrossian, film Artavazd Pelechian,
scénographie Toni Casalonga
La belle équipe - 2016
musique et cinéma en partenariat avec l’union culturelle française des arméniens de France (ucFaF marseille Paca)
Musicatreize
.org
2016-2017
saison
Salle Musicatreize, 53 rue Grignan 13006 Marseille • 04 91 00 91 31 • [email protected] • tarifs 15 / 12 €
Saison 2016-2017
Danse-cirque engagé
dites à ma mère
que je suis là
marionnette
anywhere
marionnette
anywhere
théâtre de l’entrouvert
24 + 25 nov 19:00
théâtre de l’entrouvert
24 + 25 nov 19:00
conférences décalées
conférences décalées
l’atlas de l’anthropocène
cIE etat d’uRgencevertical détrour — frédéric ferrer
Création 19:00
du 29 nov au 03 déc
expérience œnolo-ludique
l’atlas de l’anthropocène
vertical détour — frédéric ferrer
du 29 nov au 03 déc 19:00
expérience œnolo-ludique
savoir enfin qui nous buvons
savoir enfin qui nous buvons
théâtre d’objets
théâtre d’objets
le poisson soluble
14 déc 16:00
le poisson soluble
14 déc 16:00
sébastien barrier
09 + 10 déc 19:00
motteS
LUN 14, MAR 15
expérience
œnolo-ludique
NOVEMBRE
À 19Hc’est un métier
nourrir l’humanité
art & tça
15 déc 19:00 + 16 déc 21:00
Renseignements & centre
réservations
culturel rené char
04
92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
sébastien barrier
09 + 10 déc 19:00
l’atl
verti
d
savo
motteS
théâtre documentaire
nourrir l’humanité c’est un métier
art & tça
15 déc 19:00 + 16 déc 21:00
centre culturel rené-char
infos résa 04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
04160
Château–arnoux
Saint–auban
nourr
1
ce
38 au programme musiques bouches-du-rhône hérault
Peedu Kass Momentum
Alejandra Ribera
Nouveau venu dans le paysage musical marseillais, le festival Les Innovants fait la part
belle à des artistes émergents, à la nouvelle
scène musicale, aux musiques actuelles mais
aussi à celles qui s’adressent à un public plus
jeune. Au programme : le groupe de rap rock
La Canaille, emmené par son fondateur Marc
Nammour ; le rappeur et slameur Iraka ; le
rock électro de Nord ; le trio Massy Inc (ex
Tante Hortense). Le dernier jour, l’après-midi
sera consacré au jeune public avec Hansel
et Gretel mis en chansons par Catherine
Vincent (dès 6 ans) et, pour les plus jeunes,
Plouf Plouf d’Abel Croze et Nicolas Cante.
Découverte en 2015 avec son disque La Boca,
la canadienne Alejandra Ribera, qui vit à
Paris, fait escale au Forum de Berre. Écossaise
par sa mère et argentine par son père, elle
chante des textes personnels imprégnés de
ses racines, d’une voix profonde et suave,
qui joue sur des contrastes qui la font passer
de la rage à la fragilité. Une pop-folk toute
personnelle qui n’est pas sans rappeler parfois
Joni Mitchell, Rickie Lee Jones ou encore
Lhasa. À ne rater sous aucun prétexte !
2 au 4 décembre
Espace Julien, Marseille
04 91 24 34 10 espace-julien.com
Dans le cadre du festival Jazz sur la ville, la
Cité de la musique accueille le trio estonien
qui joue du jazz contemporain avec un son
clair et une fraîcheur nordique regorgeant
d’intensité rythmique. Formé par Peedu Kass
à la basse, Kristjan Randalu au piano et
Toomas Rull à la batterie, le groupe a déjà
gagné la reconnaissance des passionnés
de jazz !
© Kristina Wagenbauer
La Canaille c ©. Bousquet.
© Kaupo Kikkas
Les Innovants
18 novembre
Cité de la musique, Marseille
04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com
04 42 10 23 60
25 novembre
Forum de Berre
forumdeberre.com
La Mal coiffée
Concert pour le temps présent
© Marc Oriol
Fred Nevchehirlian convoque deux icônes
sacrifiées du XXe siècle, Marilyn Monroe
et Kurt Cobain. À partir de leurs écrits -sur
les femmes, leurs conditions et leurs désirs,
le succès et ses travers, les addictions ou
l’injustice-, il nous livre un dialogue fantasmé
de ces deux étoiles filantes (shooting stars).
Dans un « live concept » entre concert littéraire,
lecture musicale et poème rock, où l’on croise
aussi Rimbaud, Van Gogh, Arthaud, Pasolini,
de Staël...
Originaire du Minervois, dans l’Aude, ce quintet
de femmes réinvente depuis 2003 un chant
polyphonique où la poésie et la langue occitane
sont indissociables de l’expression populaire.
Dans leur dernier album paru en 2014, L’embelinaire (menteur magnifique qui réenchante
le monde), le groupe mêle sa polyphonie à la
poésie malicieuse de deux grandes figures de
la littérature languedocienne, Jean-Marie
Petit et Léon Cordes, mise en musique par
Laurent Cavalié.
Thierry Balasse, déjà accueilli au Théâtre
Molière pour un concert initié autour de la
Face cachée de la lune de Pink Floyd en 2014,
revient avec la recréation instrumentale, avec
l’aide du compositeur, d’une œuvre majeure
de l’histoire de la musique électronique :
la Messe pour un temps présent de Pierre
Henry, conçue dans les années 60 pour le
Ballet Béjart est présentée sur scène pour
la 1re fois. Avec sa Cie Inouïe, il propose
aussi d’autres facettes de la musique du
compositeur : Envol, pièce pour orchestre
de haut-parleurs, et Fusion A.A.N, création
écrite pour l’occasion, qui crée des ponts
avec les musiques d’aujourd’hui.
Concert pour un temps présent © Patrick Berger
Shooting stars
© X-D.R
2 décembre
Cité de la musique, Marseille
04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com
18 novembre
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
29 novembre
Scène nationale de Sète
04 67 74 66 97 theatredesete.com
Karamazov
© Victor Tonelli
Monter les Frères Karamazov au
théâtre relève d’un défi inhumain.
Jean Bellorini a choisi justement
la démesure, et à la création lors du
Festival d’Avignon le froid dans la
carrière Boulbon n’aidait pas à se
concentrer durant 5 heures. Dans le
confort de la Criée, avec une version
légèrement resserrée mais toujours
enthousiaste, nul doute que la folie
de Dostoïevski saura captiver...
04 91 54 70 54
18 au 27 novembre
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
3+
ans
Histoire universelle de Marseille
\/
Dans le cadre de la Semaine de la laïcité, le collectif Manifeste Rien joue
à nouveau son adaptation théâtrale
de l’ouvrage d’Alèssi Dell’ Umbria
(éditions Agone), Histoire universelle
de Marseille, remontant jusqu’à la
création de la ville pour en comprendre
le concept fondamental de cité, et son
passé tumultueux. Seule sur scène,
Virginie Aimone incarne cette
résistance marseillaise qui craint de
voir son destin lui échapper au profit
d’ambitions aussi bien financièrement
que sociologiquement rentables,
maniant l’humour comme une arme
de résistance politique au formatage.
© Manifeste Rien
Marionnette
9 décembre
Atelier Canopé, bd. d’Athènes, Marseille
06 80 50 42 23 manifesterien.over-blog.com
Traviata, vous méritez un avenir meilleur
© Pascal Victor
Marie Duplessis, courtisane morte de
tuberculose en 1847, inspira Alexandre
Dumas fils et sa Dame aux Camélias, et
à Verdi l’un de ses plus beaux opéras,
la Traviata. Benjamin Lazar (à la mise
en scène), Florent Hubert (pour les
arrangements musicaux) et Judith
Chemla (dans le rôle-titre) s’emploient
« à remettre l’opéra au théâtre d’où
il est venu », faisant se côtoyer sur
scène chanteurs et instrumentistes,
voix parlées et chantées.
04 91 54 70 54
6 & 7 décembre
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
40 au programme spectacles
bouches-du-rhône vaucluse gard alpes
Le Fond de l’air effraie,
Chansons climatiques
& sentimentales
Que se passerait-il si le vote blanc devenait
majoritaire ? La fable politique écrite et mise
en scène par Maëlle Poésy a des allures de fin
du monde diluvienne, mais aussi de printemps
nouveau. Créée au festival d’Avignon par
une bande de jeunes acteurs enthousiastes,
elle dit à la fois leur grande méfiance de la
politique, et leur volonté de renouer avec
l’idée d’un avenir.
Compositeur, poète, metteur en scène et performeur, Jacques Rebotier crée au Théâtre
Joliette-Minoterie un drôle de Tour de parole,
comme on dirait un Tour de chant. Avec le
quatuor à cordes de musiciennes-parlantes
Pamela constitué sur mesure, il a détourné
en parole et musique douze chansons, tirées
de tous les répertoires ou originales. Cette
création marque la clôture des dix-huit de
résidence de la compagnie voQue qu’il a
fondée.
© Jean-Louis Fernandez
© Benoit Cambillard
Ceux qui errent
ne se trompent pas
17 au 19 novembre
Le Gymnase, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
04 92 52 52 52
Dans le cadre de Festiv’anges (voir p 16),
Michel Kelemenis crée au Gymnase une
pièce ludique pour tout public, rapprochant
le sport et la danse, montrant comment le
plaisir du corps vient à la fois de la performance physique et de l’amour esthétique du
geste. Pour quatre danseurs : deux couples,
forcément ! Une création qui sera ensuite
en tournée à Aix, au Thor, à Martigues, à
Istres... et à Lyon.
13 décembre
Auditorium Jean Moulin, Le Thor
04 90 33 96 80 auditoriumjeanmoulin.com
By heart
Apprendre par cœur, lorsque la vieillesse,
ou l’oppression politique, vous interdisent
de lire... Tiago Rodrigues met en scène
l’histoire d’une vielle femme et celle du poète
Boris Pasternak menacé du goulag. Il s’agit
pour les volontaires dont il orchestre les mots
d’apprendre, de dire, assis, simplement, pour
retrouver confiance dans la force inaliénée
des mots, et les chemins de la mémoire...
13 décembre
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
Directrice d’une agence de casting au sommet
de sa carrière, Vera décide de fusionner avec
une importante agence anglaise. C’est le début
de la descente aux enfers de ce personnage
cynique merveilleusement interprété par Karin
Viard. Elise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo
mettent en scène cette tragi-comédie drôle
et grinçante qui n’est autre qu’une terrible
critique de la société libérale.
29 novembre au 3 décembre
Le Gymnase, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
04 66 36 65 10
7 au 9 décembre
Théâtre de Nîmes
theatredenimes.com
© Magda Bizarro
© Tristan Jeanne-Vales
Vera
© Agnès Mellon
3 au 9 décembre
Pavillon Noir, Aix
04 42 93 48 14 preljocaj.org
16 au 19 novembre
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr
25 au 27 novembre
Le Gymnase, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
Rock & Goal
22 et 23 novembre
Le Gymnase, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
Dans son troisième spectacle, Sophia Aram
continue à déployer avec talent son humour
corrosif pour lutter contre la bêtise ambiante.
De son écriture affûtée, elle s’interroge sur l’état
d’un débat public traversé par des idéologies
et une actualité parfois dramatique, dont les
sujets ne peuvent que nourrir sa verve ! Sa
liberté d’expression sans concession est plus
que jamais nécessaire pour décortiquer les
comportements de notre époque.
1er au 3 décembre
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr
L'OFFICINA PRÉSENTE
© Cendrillon, Georges Méliès
Le co-directeur du théâtre Joliette-Minoterie se lance dans la téléréalité, vrai
ou faux ? Vrai, mais à sa manière :
certes Haïm Menahem monte
un plateau de télévision sur scène,
cependant les concurrents sont des
personnages bien connus des enfants
depuis moult générations... Le Petit
Chaperon Rouge, Cendrillon et le
Petit Poucet en lice, c’est un gage
d’inventivité et de fraîcheur ! L’enjeu est de remporter le titre du meilleur conteur,
sans tricher, et sans massacrer les textes de Charles Perrault.
Tout public à partir de 8 ans.
15 NOVEMBRE 3 DÉCEMBRE
Marseille Aix-en-Provence Arles Vitrolles
2016
3 Perrault sinon rien
DANSE CONTEMPORAINE EN MÉDITERRANÉE
9 au 16 décembre
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr
Voyage à Tokyo
© Laurent Weyl-Argos
En 1953, Yazujirō Ozu réalise un
chef-d’œuvre du cinéma japonais,
décrivant à travers l’histoire d’un
couple de retraités le délitement
du système familial traditionnel. Le
franco-suisse Dorian Rossel et la Cie
Super Trop Top, dont l’esthétique
« préfère les vides que les pleins »,
s’emparent de son scénario minimaliste et délicat pour le transposer
au théâtre. À noter, la présence dans
cette création 2016, aux côtés d’interprètes occidentaux, d’un acteur
nippon prestigieux : Yoshi Oïda.
À partir de 14 ans.
24 & 25 novembre
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
22 novembre
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 lagarance.com
Pluie
On connaît la Cie Un château en Espagne pour son travail approfondi sur les
contes. Ici c’est aux tout-petits que Céline Schnepf s’adresse, dans ce spectacle
musical empreint de poésie, pour les moins de 6 ans. Une comédienne (Gaëlle
Mairet) et un musicien (Frédéric Aubry) investissent la scène du Merlan avec
un dispositif simple mais ô combien évocateur : deux ventilateurs et des feuilles
mortes suffisent à invoquer les joies de l’automne et la nostalgie du temps qui
passe. Gratuit sur réservation.
26 novembre
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
www.dansem.org
42 au programme spectacles marseille
Grand remix...
Barouf
© J. Evariste
Revisiter une pièce de Maurice Béjart façon
rave party, ce n’est pas si impertinent que
cela en a l’air, le chorégraphe ayant signifié
son goût pour les musiques électroniques
dès 1967, lorsqu’il présenta cette œuvre au
Festival d’Avignon, avec des danseurs vêtus
de jeans. Sa Messe pour le temps présent est
ici reprise par Hervé Robbe et les artistes
de l’École Supérieure du CNDC d’Angers.
Le spectacle est suivi d’Icare, une reprise
également, mais d’une chorégraphie de Claude
Brumachon, par Benjamin Lamarche, véritable homme-oiseau.
Grand remix de la Messe pour
le temps présent + Icare
1er & 2 décembre
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
18 novembre
Théâtre Toursky, Marseille
04 91 02 58 35 toursky.fr
Du piment dans les yeux
Le mariage de Figaro
8 & 9 décembre
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
Rythme endiablé, situations cocasses, quiproquos, rebondissements aussi inattendus
qu’invraisemblables, échanges d’identités,
pantomimes, verve langagière, la pièce que
l’on évoque toujours par Le mariage de Figaro
mérite bien son titre complet, La folle journée
ou Le mariage de Figaro. On aura le plaisir
d’applaudir ce chef-d’œuvre de Beaumarchais,
dénonciation de privilèges archaïques, mais
pas que, et d’une toujours troublante actualité
dans sa satire d’une société inégalitaire, dans
la mise en scène de Jean-Paul Tribout.
« God-dam » !
25 novembre
Théâtre Toursky, Marseille
04 91 02 58 35 toursky.fr
Toute reprise chorégraphique est une nouvelle
création ; ainsi, le danseur étoile, fondateur
du Ballet d’Europe, Jean-Charles Gil recrée
Barouf. Inspiré par les attentats de Boston,
le spectacle évoque tous les séismes qui
peuvent parcourir la vie humaine, exil, ruptures,
passions mortes, tremblements de terre…
deux mondes s’unissent, celui de Spiky The
Machinist, Dj en live, et celui des danseurs
Jorge Calderon et Simon Kuban. Ballet
et improvisations musicales se conjuguent
en une pièce fascinante qui nous apprend
à toujours revenir debout.
2 décembre
Théâtre Toursky, Marseille
04 91 02 58 35 toursky.fr
© Philippe Genty
Paysages intérieurs
© Emmanuelle Sales
© Nicolas Maisse
Rien que le titre fait mal ; la Cie AnteprimA
annonce la couleur, en traitant d’exil à partir
de faits réels. Inaya fuit la guerre, Mohamed
aspire à une vie meilleure : tous deux quittent
l’Afrique et, en route pour l’Europe, leurs
chemins se croisent. Antonella Amirante a
choisi de mettre en scène cette histoire pour
donner un visage aux milliers de personnes
anonymes qui chaque jour risquent leur peau
pour franchir les frontières.
Une rencontre avec les artistes est prévue à
l’issue de la représentation du 8 décembre.
Nominée aux Molières pour le Meilleur
Spectacle 2015, l’adaptation par Marcel
Duhamel du roman de Steinbeck Des souris
et des hommes arrive au Toursky pour une
unique représentation, servie avec une verve
époustouflante par une troupe de dix acteurs
étonnants de justesse, dans une mise en scène
de Jean-Philippe Evariste et Philippe
Ivancic. Lennie, colosse à l’enfantine et terrifiante innocence, George, si frêle et protecteur,
parcourent les grands espaces californiens et
l’impossible démesure de leurs rêves.
© Jean Barak
© Ava du Parc
Des souris et des hommes
Fidèle au Toursky, Philippe Genty revient
avec sa nouvelle création, Paysages intérieurs, mise en espace et en jeu de son livre
éponyme (véritable « odyssée personnelle »)
paru chez Actes Sud en 2013. « Donner corps
et images à l’ouvrage d’une vie » constitue
le propos, voyage intérieur où marionnettes,
danse, musique, images suivent spéculations,
rêveries et loufoqueries potaches. Un « poème
virtuel » confondant de beauté et de trouvailles
fantastiques !
9 décembre
Théâtre Toursky, Marseille
04 91 02 58 35 toursky.fr
bouches-du-rhône
var
spectacles au programme
43
Au pied de la lettre
Sur pointes
Le Massalia poursuit son partenariat avec
Klap - Maison pour la Danse, à l’occasion
de ce hors-les-murs emmené par La Zouze.
Retour sur terre est une création 2016 de
Christophe Haleb, qui projette son interprète, Olivier Muller, en 2030. La planète est
alors peuplée d’adolescents en armes, « pour
mieux s’emparer du monde comme d’un
jardin magnifique ». Danger et idéalisme ont
toujours constitué les ingrédients de base de
l’adolescence, et d’ici une quinzaine d’années,
il n’y a pas de raison que cela change...
Pour les 14 ans et plus.
Au XVIIIe siècle, on soulevait les danseurs
grâce à des câbles pour leur permettre de
quitter le sol, et acquérir une légèreté aérienne
inusitée. Plus tard sont venus les chaussons à
pointes, autorisant pirouettes et sauts. Loin de
considérer le travail sur pointes comme une
pratique figée par la tradition, Emio Greco
et Pieter C. Scholten avec Momentum et
Jeroen Verbruggen avec Pointless affirment
l’importance métaphysique de cette prouesse
technique... qui rapproche les danseurs classiques des cieux, dit-on.
© Frederic Iovino
Retour sur terre
La petite casserole d’Anatole
9 & 10 décembre
Massalia hors-les-murs à Klap, Marseille
04 95 04 95 75 theatremassalia.com
Décidément cette histoire d’un petit garçon qui
trimbale une casserole encombrante inspire
les créateurs ! Publiée par l’auteur jeunesse
Isabelle Carrier aux éditions Bilboquet, elle
a été adaptée au cinéma par Éric Montchaud,
et a remporté le très mérité prix du public
au Festival d’Annecy en 2014. Le Massalia
accueille à son tour cette touchante métaphore
du handicap, sous la forme d’un spectacle
de marionnettes adapté aux enfants de trois
ans et plus, avec Marjorie Currentin et
Dominique Cattani.
25 & 26 novembre
BNM à l’Opéra de Marseille
04 91 32 73 27 ballet-de-marseille.com
Six Rennes
© Cyrille Louge
© Yves Humel
Los Abrazos
04 95 04 95 75
2 & 3 décembre
Massalia, Marseille
theatremassalia.com
30 novembre
Le Rocher, La Garde
04 94 03 58 62 ville-lagarde.fr
Six Rennes... Elle commence bien, pour qui
aime les jeux de mots, cette Sirène et midi
net de décembre ! Et comme c’est le mois
approprié pour retrouver le goût des jeux
d’enfant, Le Bazar Palace plonge les doigts
dans une montagne de Kaplas, ces planchettes
de bois dont on fait traditionnellement des
constructions dignes de la Tour de Pise, au pied
du sapin de Noël. Dérivée d’un spectacle de
rue bien plus long, la dernière Sirène de 2016
en garde l’esprit : traiter sans en avoir l’air
de « l’effondrement du modèle ». Ho ho ho !
7 décembre
Parvis de l’Opéra
Lieux Publics, Marseille
04 91 03 81 28 lieuxpublics.com
Le tango, maîtrise formelle embrasée par
l’ardeur des sens, ne se conçoit qu’à deux.
Ximena Zalazar Firpo et Willem Meul
rejouent l’infinie ritournelle des corps désirants,
qui tour à tour s’attirent et se retirent. Une
batteuse (Vanesa Garcia) et un bandéoniste
(Lysandre Donoso) les accompagnent à la
perfection, dans ce spectacle tenu à distance
des clichés du genre, non dénué d’humour,
ni de tendresse.
© Michel Demas
23 au 26 novembre
Massalia hors-les-murs à Klap, Marseille
04 95 04 95 75 theatremassalia.com
© A. Poiana
Le Massalia a passé commande à deux
chorégraphes, qui articulent leurs différents
univers dans un même programme pour le
jeune public. À Klap - Maison pour la danse,
les enfants de 6 ans et plus découvriront une
pièce de Loïc Touzé consacrée au mythe
d’Ulysse, l’exilé aux racines profondes, puis
l’œuvre d’Ambra Senatore, directrice du
Centre National Chorégraphique de Nantes.
Celle-ci s’appuie sur un auteur phare de la
littérature jeunesse italienne, Gianni Rodari,
dans un spectacle « où le mouvement rencontre
la parole ».
30 novembre
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
44 au programme spectacles bouches-du-rhône var hérault
Un nouveau départ
30/40 Livingstone
Jeanne pour l’instant
Drolatique personnage que cette Jeanne,
vieille femme cabotine, qui donne son avis
sur tout, partage ses gâteaux avec le public,
teste comment ça fait si on est mort, revient
sur sa vie et se refuse à suivre les injonctions du metteur en scène… Le spectacle
en gestation depuis plus d’un an trouve sa
version définitive (mais avec Jeanne, on peut
s’attendre à tout !) au Bois de l’Aune. Nicole
Choukroun incarne une Jeanne loquace et
déjantée, sous le regard agacé et pourtant
bienveillant de Claire Massabo. Une création
désopilante de l’Auguste Théâtre.
15 novembre
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 88 71 74 80 aixenprovence.fr
Est-ce l’explorateur écossais qui cartographia
la vallée du Zambèze et baptisa les chutes
majestueuses de ce fleuve Victoria en l’honneur
de la Reine ? Le docteur Livingstone de la pièce
de Sergi López et Jorge Picó, anthropologue
sportif et loufoque, est absorbé par la quête
d’un animal légendaire à corne qui pourrait
être lui… Métaphysique et clowneries se
conjuguent dans ce spectacle où les pitreries
ont plus de profondeur qu’il ne le semble !
8 & 9 décembre
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 88 71 74 80 aixenprovence.fr
6 décembre
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
Slava’s Snowshow
Blanc rouge noir
Non, il ne s’agit pas d’un remake de Blanche
Neige au teint blanc aux lèvres rouges et aux
cheveux noirs ! Blanche, la page à commencer,
rouge, l’amour, et noir pour la fin… La création
de la compagnie belge De KOE, Blanc Rouge
Noir, sous-titrée Le relèvement de l’Occident,
et portée par trois acteurs déjantés, (beauté
divine (forcément), grand prof et petit teigneux), parcourt l’histoire du monde et de
l’art en un catapultage du temps hallucinant.
25 & 26 novembre
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 88 71 74 80 aixenprovence.fr
© A. Lopez
3 décembre
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
17 & 18 novembre
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 88 71 74 80 aixenprovence.fr
© Koen Broos
Quand une working girl rencontre un sans
abri, à quoi faut-il s’attendre ? Dans la vraie
vie, probablement pas à grand chose, mais rien
n’interdit l’optimisme aux modernes auteurs
de fictions. Poussée par sa fille adolescente qui
lui assène qu’elle n’a pas de cœur, Catherine
décide d’inviter le SDF grelottant devant
sa porte à leur dîner de Noël. Une romance
d’aujourd’hui signée Antoine Rault, aux
éditions Albin Michel, adaptée par Christophe
Lidon au théâtre.
© Olivier Quero
© Karine Letellier
Vouloir se faire enterrer avec son perroquet
empaillé a les relents flaubertiens d’Un cœur
simple… Corinne conserve son perroquet afin
qu’il l’accompagne lors du dernier voyage,
alors que Didier, campé sur son échelle double,
rêve d’espaces intergalactiques et construit
une soucoupe dans son jardin. Sur le mode
du magazine de télévision Strip-tease, Paul
Pascot campe ces deux personnages (luimême et Florine Mullard) bercés d’une folie
douce avec une tendresse mâtinée d’ironie…
© David Ruano
La soucoupe et le perroquet
Apporté par une tempête de neige, le clown
Slava Polunin décline une poétique magie.
Grotesque dans sa barboteuse jeune et ses
pantoufles rouges, il traverse le monde en
poussant une énorme boule de neige. Créatures
improbables, araignées géantes et bulles de
savon hantent la scène, aux côtés d’autres
clowns étranges. Pas un mot, l’influence du
mime Marceau est là, ainsi que la sensibilité
de Chaplin. À partir de 8 ans.
23 au 27 novembre
GTP, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
30 novembre au 4 décembre
La Cigalière, Sérignan
04 67 32 63 26 lacigaliere.fr
45
Vocazione all’Asimmetria
Le cas Blanche-Neige
Les versions du conte populaire de Cendrillon
abondent depuis l’antiquité. En constantes,
la petite pantoufle qui ne peut aller qu’à une
seule (le plus souvent orpheline et maltraitée)
et un prince, beau, évidemment, qui en tombe
amoureux et la sauve… Ajoutez une bonne
fée (ce peut même être Léonard de Vinci dans
Ever After de Andy Tenant)… Le chorégraphe
Thierry Malandain (Ballet de Biarritz)
s’inspire du conte pour nous faire assister à
la naissance d’une étoile… Accomplissement
poétique qui laissera le public en suspend !
La Cie Criatura est en résidence au théâtre
Vitez depuis déjà un an et offre une étonnante
adaptation des mots cruels de Howard
Barker dans une traduction de Cécile
Menon. Écriture crue et tragique, fellinienne
en puissance, qui livre une image duelle du
personnage de Blanche Neige, fantasmée et
fatale, unissant les contraires, le grotesque et
le tragique. La transgression devient le maître
mot de ce texte mis en scène par Carole
Errante, explorant toutes les limites et se
refusant uniquement à la basse médiocrité.
© Ilaria Costanzo
Cendrillon
9 & 10 décembre
GTP, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
29 & 30 novembre
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
04 42 93 48 14 preljocaj.org
© Caroline Victor
© Olivier Houeix
Francesca Foscarini et son complice
Andrea Costanzo Martini jouent entre
soli et duos de l’altérité, de la confrontation
avec l’autre qui est aussi une approche de soi.
Chacun se révélant à travers la constitution
d’un « nous » possible. Cette esthétique de la
rencontre se fonde sur la pensée du philosophe
Emmanuel Levinas, qui y voit l’élaboration
de l’essentiel, de l’absolu. La philosophie
devient danse, grâce à ces deux danseurs
exceptionnels.
Hamlet de Jex Pire
1er & 2 décembre
Théâtre Vitez, Aix-en-Provence
04 13 55 35 76 theatre-vitez.com
© Gadi Dagon
Composition pour cinq danseuses, le spectacle
de Noa Sadur se base sur des compositions
chorégraphiques de Nao Eshkol, qui travailla durant les années cinquante en Israël
et inventa un système qui permet de noter
les évolutions du corps humain dans l’espace et dans le temps grâce à des symboles
graphiques, le Eshkol-Wachman Movement
Notation (EWMN). Variations de rythmes,
géométrie mouvante des corps, rendent cette
œuvre magique et fascinante.
24 au 26 novembre
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
04 42 93 48 14 preljocaj.org
© Philippe Ordionni
Entropy
Trust
Comme la tragédie finit mal par nature,
autant se plonger dans l’ambiance tout de
suite. On se retrouve au cimetière, avec deux
fossoyeurs (Pascale Karamazov et Sophie
Zanone) qui narrent, miment, chantent, jouent,
commentent l’histoire de Hamlet. Flûte et
accordéon accompagnent et soulignent
l’évocation sur des musiques composées
par les deux actrices qui adaptent et mettent
en scène la pièce shakespearienne avec clarté
et humour, la rendant accessible aux enfants
à partir de huit ans. Un beau moment de
Mômaix avec la Cie Fluid Corporation !
En résidence de création au théâtre Vitez,
la Cie La Paloma présente une étape de
travail de son nouveau spectacle Trust, dont
la première est prévue en novembre 2017 au
Théâtre Joliette-Minoterie (co-producteur).
Rachel Ceysson et Thomas Fourneau
conjuguent leurs voix pour la lecture d’un
texte de Falk Richter. Évocation du monde
jusqu’à l’épuisement. Que devient-on alors
que tout est régi par la mondialisation du
système financier, que les moyens de communication se multiplient… autant de masques
qui éludent toute vraie communication…
Humour et violence pour raconter la perte
des repères… et se retrouver ?
22 novembre
Théâtre Vitez, Aix-en-Provence
04 13 55 35 76 theatre-vitez.com
9 décembre
Théâtre Vitez, Aix-en-Provence
04 13 55 35 76 theatre-vitez.com
46 au programme spectacles bouches-du-rhône
Passion simple
Inconnu à cette adresse
Les ATP d’Aix ont le talent de dénicher des
pépites… Ainsi, le spectacle Passion simple
d’Annie Ernaux, mis en scène par Jeanne
Champagne, interprété avec une pertinente
sensibilité par Marie Matheron. Exploration
de la passion, de l’attente, du désir… Les mots
disent jusqu’au vertige douleurs et fulgurances,
pudeur et érotisme. « À partir de septembre
de l’année dernière je n’ai rien fait d’autre
qu’attendre un homme : qu’il téléphone et
qu’il vienne chez moi » (Annie Ernaux).
© X-D.R
14 & 15 novembre
ATP Aix (au Théâtre des Ateliers),
Aix-en-Provence
04 42 26 83 98 atp-aix.net
À l’instar des nuits de Shéhérazade, le conte
dansé par la Cie Al Sharkiat s’inscrit dans
la lignée des 1001, ici, danses de l’Orient…
Noms de légendes, porteurs de rêves, à la suite
de l’éternel marin Sinbad, aux innombrables
aventures. La chorégraphe Nathalie Diebold
nous fait voyager dans les différents pays du
Moyen Orient, par le biais de leurs danses. Le
récit fantastique se mêle aux pas des danseurs,
chatoiement des costumes et des mots…
© Artcomart
© Benoite Fanton
Les 1001 danses d’Orient
19 novembre
Maison du Peuple, Gardanne
04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr
Les extravagances
extraordinaires…
19 lettres pour raconter la montée du nazisme.
Correspondance (étalée du 12 novembre 1932
au 3 mars 1934) imaginée par Kathrine
Kressmann Taylor en 1938, prémonitoire,
tragique, magistrale ; Max Eisenstein, célibataire, d’origine juive, est associé à Martin
Schulse, allemand, marié, père de trois enfants,
dans un commerce de tableaux à San Francisco. Martin retourne à Munich en 1932 et les
deux amis d’enfance entretiennent alors une
relation épistolaire… Mais Martin gravit les
échelons du parti nazi… une terrible histoire
de trahison et de vengeance interprétée par
Francis Lalanne et Dominique Pinon,
dans une mise en scène de Delphine de
Malherbe.
Pièces détachées
Mât chinois, trapèze, équilibres, jonglerie…
vous l’avez deviné, il s’agit de cirque et de la
meilleure facture avec la Cie ABS production. Les numéros s’orchestrent dans une
mise en scène théâtralisée, où les prouesses
s’enchaînent. On rit, on frémit, on s’exclame,
devant les tours des onze personnages qui
entraînent petits et grands dans leur univers
poétique et déjanté. Et c’est gratuit ! (dans
le cadre de la tournée CPA).
04 42 87 75 00
18 novembre
Espace NoVa, Velaux
espace-nova-velaux.com
Ce spectacle de danse jazz contemporain se
joue des apparences, dénonce avec humour
la bêtise de l’intolérance, vue par un Candide
venu d’une autre galaxie, alien naïf pour lequel
les remuements de l’âme humaine sont autant
de mystères. C’est drôle, rocambolesque, et
beau, grâce aux danseurs exceptionnels de
la Cie La Licorne d’Alain Gruttadauria.
Les extravagances extraordinaires
d’un extraterrestre
18 novembre
Maison du Peuple, Gardanne
04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr
© X-D.R
© X-D.R
© Caroline Coste
Résister c’est exister
2 décembre
Maison du Peuple, Gardanne
04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr
Il est seul en scène et se multiplie en une
vingtaine de personnages, de ceux qui osent
ou ont osé dire non, depuis les Résistants et
les Justes de 1940. François Bourcier rend
vie aux témoignages qui jalonnent l’histoire,
celle qui passe par les résistances, les refus,
nés de la compassion, de la solidarité, de
convictions fortes… Sous ses airs de clown
naïf, le comédien interpelle les consciences.
Une exceptionnelle performance qui nous
renvoie à nous-mêmes !
04 42 87 75 00
24 novembre
Espace NoVa, Velaux
espace-nova-velaux.com
47
Un Poyo Royo
Knee Deep
La Cie Double D offre une belle et délicate
adaptation du conte d’Andersen, et apporte
à l’histoire tragique de cette enfant qui grelotte dans la rue, une émouvante poésie. La
comédie musicale composée sur le livret
d’Anthony Michineau vous embarque
dans les volutes de la musique de Julien
Salvia, pour un voyage onirique où la petite
fille croise des personnages étranges comme
Monstro Falco, des pirates, une voyante, mais
surtout retrouve sa grand-mère prisonnière
du cruel Fragotov… à voir en famille !
Ils sont quatre acrobates, qui multiplient les
défis et prouesses pour réinventer, avec leur
corps comme seul langage, des numéros de
cirque que l’on croit connaître depuis toujours !
Au diable les codes du cirque traditionnel,
les artistes australiens de la Cie Casus nous
font frissonner dès qu’ils s’emparent d’un
trapèze, qu’ils s’enroulent autour d’une corde
ou décident de marcher sur des œufs… En
égarant délicieusement nos sens, ils renouvellent la piste avec grâce et poésie.
Annulé l’an passé pour cause de blessure,
le spectacle d’Alfonso Barón et Luciano
Rosso est à nouveau programmé aux Salins !
Dans les vestiaires d’une salle de sport,
deux hommes se préparent, se jaugent, puis
tentent d’entrer en contact… Sans un mot,
avec beaucoup d’humour et d’énergie, les
deux danseurs, acrobates et performeurs
argentins, se livrent à un combat de coqs.
À moins qu’il ne s’agisse plus simplement
d’expérimenter toutes les façons de créer
des relations humaines.
Les Aiguilles et l’opium
Une nuit de 1949… Tandis que Miles Davis
quitte Paris, Juliette Greco et le be-bop, Jean
Cocteau laisse derrière lui New York et le
désenchantement que la ville lui inspire. 40
ans plus tard, à Paris, un comédien québécois
en pleine rupture amoureuse vient doubler
un documentaire sur l’idylle impossible entre
le jazzman afro-américain et la chanteuse
française. Des injections d’héroïne de l’un
aux vapeurs d’opium de l’autre naissent des
divagations poétiques, que Robert Lepage
met en scène avec beaucoup d’inventivité,
d’humour et de poésie.
23 & 24 novembre
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
Collection secrète #1
© X-D.R
« Laissez-vous tenter par le mystère… » Que
voilà une proposition pour le moins intrigante !
C’est celle de Frank Micheletti et la Cie
Kubilaï Khan, qui nous accompagneront
pendant un an, lors de cinq Collections
secrètes, pour percer les secrets de Martigues,
de ses lieux, de ses habitants. Ces moments
artistiques et conviviaux vous seront dévoilés
au tout dernier moment, par sms ou courriel,
après inscription auprès de la billetterie du
théâtre…
18 & 19 novembre
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
© Jeremy Ghislain
2 décembre
Espace NoVa, Velaux
espace-nova-velaux.com
6 décembre
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
Aglaé
Une femme parle, d’elle, du monde et se
livre sur son métier, un « métier comme les
autres » selon ses mots. Aglaé est prostituée,
depuis toujours et à 70 ans encore. Le texte de
Jean-Michel Rabeux, qu’il met en scène, a
été écrit à l’issue de rencontres avec « Aglaé »,
une Dame, avec majuscule, qui touche, agace,
fait rire, bouleverse, dégomme nos préjugés
et interroge nos certitudes. La comédienne
Claude Degliame interprète ce personnage
infiniment humain.
Réservé aux plus de 16 ans.
© Loic Djim @ unsplash.com
04 42 87 75 00
© Evelina Paolina
La petite fille aux allumettes
3 décembre
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
8 au 10 décembre
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
48 au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse var
La Place Royale
ou l’amoureux extravagant
Le Printemps est encore loin
En coproduction avec le Théâtre Andrei
Muresanu, la Cie L’Egregore revient sur la
Roumanie du temps de Ceaucescu. Deux
sœurs voient leur destin affecté par la dictature,
chacune à sa façon. Comme toujours chez
Ivan Romeuf, politique et théâtre s’entremêlent : l’une est auteure, l’autre actrice, la
première s’exile dans une illusion de liberté
pour fuir la censure, la seconde demeure et
se compromet avec le pouvoir.
04 90 85 00 80
Sortie d’usine
12 novembre
Le Balcon, Avignon
theatredubalcon.org
25 novembre
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
theatre-semaphore-portdebouc.com
Ils sont jeunes, beaux et amoureux. Alidor
et Angélique s’aiment passionnément, mais
c’est justement cette passion dont veut se
défaire Alidor, épris avant tout de sa liberté et
prêt à tout pour la retrouver. Il fait alors une
proposition déconcertante à son meilleur ami
et alter ego Cléandre… François Rancillac
met en scène cette œuvre de jeunesse de
Corneille qui questionne l’identité et l’altérité,
sujets ô combien intemporels !
© Arnaud Ledoux
Comment va le monde ?
© Christophe Raynaud de Lage
Écrit et joué par Nicolas Bonneau, ce
spectacle est un petit bijou. Lors d’un long
collectage, il a recueilli la parole d’ouvriers
avant d’en faire une pièce de théâtre. Sur
scène il est à la fois l’auteur et les personnages,
fait vivre des hommes et des femmes qui
d’emblée pensaient ne rien avoir à dire. Sans
misérabilisme ni jugement, avec beaucoup de
pudeur et de tendresse, il leur donne corps,
ainsi qu’aux machines, et rend hommage à
son père qui un jour a quitté « son » usine,
fatigué « d’être pris pour un con ». Suivi à 21h
de la projection du film De Mémoire d’ouvriers
de Gilles Perret.
04 42 10 23 60
8 décembre
Ciné 89, Berre
forumdeberre.com
Thierry Malandain /
Ballet de Biarritz
2 décembre
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
theatre-semaphore-portdebouc.com
Nocturnes © Olivier Houeix
Seule chez elle un soir de réveillon, une femme
soliloque avec rage. Anéantie, déchirée par
la vie, elle laisse remonter à la surface de ses
pensées la douleur des souvenirs et son lot de
culpabilité, évoque les drames et deuils qui ont
jalonnés sa vie, mais aussi son exaspération
face à l’idée d’un bonheur sans faille imposé
par un monde encore aujourd’hui dominé par
les hommes. Hélène Fillières met en scène
ce texte sublime et bouleversant de Simone
de Beauvoir, joué par Josiane Balasko.
J.Balasko et H.Fillières © Charles Mignon
© Jean Barak
La Femme rompue
En voilà une bonne question ! Sol, le clown-clochard-philosophe imaginé par le comédien
et humoriste québécois Marc Favreau dans
les années 50, est toujours debout, qu’on se
le dise ! Ses textes à la fois naïfs, poétiques et
humoristiques ont inspirés Michel Bruzat,
Théâtre de La Passerelle, qui les met en
scène, et Marie Thomas qui les interprète
avec gourmandise. Elle incarne ce personnage
qui ne cesse de bousculer nos certitudes avec
sensibilité, fantaisie et désinvolture.
29 novembre
La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21 scenesetcines.fr
25 novembre
La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21 scenesetcines.fr
29 novembre au 3 décembre
Jeu de Paume, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
Trois des pièces du chorégraphe sont au
programme de cette soirée : Nocturnes, ballet
pour 22 danseurs, se présente comme une
fresque traduisant les langueurs de l’amour
et le passage du temps ; La Mort du cygne,
où trois danseuses évoquent la puissance
et la grâce d’un oiseau chargé de symboles,
dont celui de la lumière ; Estro, enfin, ballet
pour 20 danseurs rythmé par l’Estro armonico
opus 3 et le Stabat Mater de Vivaldi.
8 décembre
La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21 scenesetcines.fr
49
Le poisson belge
Yatra
Sur scène, quatre comédiens répètent une très
libre adaptation du Comte de Monte-Cristo,
un homme à qui tout souriait et qui, trahi,
se retrouve emprisonné, s’évade, et veut se
venger. Voilà pour l’histoire que tout le monde
connaît, mais qui prend une autre tournure
dans la variation qu’en donne la Cie Belge
du Chien qui tousse ! Une adaptation très
particulière, hilarante, qui revisite les codes
du théâtre pour les remettre au goût du jour.
Andrés Marin, danseur sévillan iconoclaste,
poursuit sa relecture de la tradition flamenca,
sans la dénaturer ou la ridiculiser, bien au
contraire : avec Yatra (qui signifie voyage en
sanscrit), il part aux sources mythiques de son
art, l’Inde du Nord, avec un détour par le hip
hop et la troupe de Kader Attou, pionnier
du genre en France. Le tout emporté par le
souffle de l’Ensemble Divana, formation
de musiciens traditionnels du Rajasthan !
© Christophe Vootz
Monte-Cristo
© Nicolas Joubard.
Thomas Jolly reprend, avec la Cie La Piccola Familia, sa première mise en scène,
dans une nouvelle distribution. Dans cette
courte pièce de Marivaux, une fée, amoureuse
d’Arlequin et voulant se faire aimer de lui,
le séquestre. Mais c’est sans compter sur la
force et l’innocence des sentiments qu’il va
nourrir pour une belle bergère… La violence
des émotions, le chaos que l’amour peut
provoquer nourrissent cette fantaisie.
6 décembre
La Garance, Cavaillon
15 novembre
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 93 40 53 00
16 & 17 décembre
Théâtre de Grasse
theatredegrasse.com
04 42 56 48 48
22 novembre
L’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
19 novembre
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
Si ça se trouve, les poissons
sont très drôles
Silence
© X-D.R
Arlequin poli par l’amour
04 42 11 01 99
© Arte y movimiento
15 au 19 novembre
Jeu de Paume, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
18 & 19 novembre
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99 scenesetcines.fr
9 décembre
Théâtre de Fos
scenesetcines.fr
04 42 56 48 48
14 novembre
L’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
Élise et Jean vivent ensemble depuis 65 ans.
Leurs silences disent tout de cette vie d’amour
infini partagée jusqu’à la maison de retraite.
Ensemble ils ont tout traversé, inséparables
depuis la première rose immergée par Jean
dans un verre sur la table du petit déjeuner…
Mais voilà que la mémoire d’Élise s’en va voir
ailleurs, là où la parole n’a plus lieu d’être.
Par le biais de marionnettes hyperréalistes,
la Cie belge Night Shop Théâtre donne
à voir et à entendre, par-delà les mots, une
lumineuse déclaration d’amour.
Une danseuse espiègle déambule dans un
monde peuplé de poissons des plus loufoques.
Elle évolue dans un aquarium, au milieu des
poissons volants et des méduses, avec une diva
des mers et un poisson-chat… Dans l’univers
conçu par la Cie Ouragane, la danse, la vidéo
et les objets marionnettiques s’entremêlent
pour créer un voyage surréaliste où tout est
possible, y compris défier les lois de la gravité !
Pour tous dès 18 mois.
04 42 56 48 48
16 novembre
L’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
© Gilles Destexhe-Province de Liege
© Noemi Nguyen
Marc Lavoine (Grande Monsieur mélancolique) et Géraldine Martineau (Petit fille
lunaire) se glissent comme deux poissons
dans l’eau dans la pièce déroutante de Léonore Confino mise en scène par Catherine
Schaub. Drôle, loufoque, délicate : c’est
émouvant de voir ces deux êtres en former
peut-être qu’un…
29 novembre
Espace 233, Istres
04 42 56 48 48 scenesetcines.fr
50 au programme spectacles bouches-du-rhône var
Pédagogies de l’échec
La Possible impossible maison
BaDaBoum
© Cleps
© iFou pour Le Polle Media
© Vlatka Horvat
Les quatre musiciens et acrobates de la Cie
Gondwana jouent de tout et s’amusent d’un
rien ! Ils font de leurs souvenirs le prétexte idéal
à un déchaînement de situations burlesques
ou poétiques, au cours desquelles, à l’endroit
ou à l’envers, sur un fil ou à vélo, ils font
chanter accordéon, guitare, saxophone et des
instruments magiques de l’Ouest africain…
L’immeuble dans lequel ils travaillent s’est
effondré mais peu importe, la marche des
affaires faisant loi il faut continuer… Alain
Timár met en scène une pièce inédite de
Pierre Notte, avec Olivia Côte et Salim
Kechiouche dans les rôles titres. Entre
comédie absurde et vaudeville cynique, la
pathétique dégringolade a lieu, révélant « la
vanité de l’action et des rôles imposés ».
04 42 56 48 48
Ogre es-tu ?
© Jérôme Bousquet
Le Mariage de Figaro
04 42 56 48 48
6 décembre
L’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
04 90 52 51 51
Trompeur est le titre, car c’est d’ogresse dont
il s’agit dans ce spectacle concocté par la Cie
La Paloma ! Si les ogresses des contes de
l’enfance étaient méchantes et horribles à faire
peur, qu’en est-il aujourd’hui ? En prenant
comme point de départ l’album L’ogresse en
pleurs de Valérie Dayre, les comédiennes
convient «l’originelle croqueuse d’enfants,
la mère dévorante, débordante d’amour, ou
la petite fille des temps modernes perdue au
royaume de la consommation »… À partir
de 8 ans.
18 novembre
Espace Robert Hossein, Grans
04 90 55 71 53 scenesetcines.fr
23 novembre
Théâtre d’Arles
theatre-arles.com
La Mort de Danton
François Orsoni met en scène le texte
de Georg Büchner, étonnant de modernité,
qui questionne aussi bien l’engrenage de
la violence que la jouissance du pouvoir.
Dans ce drame historique, il aborde le douloureux avènement de la République, et plus
particulièrement les conflits que vivent les
protagonistes qui y ont participé, et qui
sont en profond désaccord sur la manière
de poursuivre le combat dans lequel ils se
sont engagés. Homme fatigué, à la dérive,
Danton affronte ses doutes…
© X-D.R
2 décembre
L’Olivier, Istres
04 42 56 48 48 scenesetcines.fr
Agnès Régolo met en scène la pièce de
Beaumarchais avec une belle intelligence
du texte, de la scène et des acteurs. Elle
en a gardé la drôlerie mais surtout la force
révolutionnaire, la revendication d’égalité,
de liberté, l’impertinence de cette raison qui
s’impose et va quelque mois après l’écriture
renverser le système monarchique, conservant
à la pièce une incroyable actualité.
10 décembre
L’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
Tombée des dernières pages d’un livre de
mathématiques, une fillette dessinée invite
le public à la suivre dans étrange maison…
L’histoire s’invente alors en direct, avec deux
comédiens qui bricolent le récit en mots et
en sons, au gré des rencontres qu’elle va
faire. Le collectif Forced Entertainment
signe là son premier spectacle pour enfants,
dans lequel la magie visuelle se combine
merveilleusement aux bruitages comiques
pour créer un conte fantastique qui questionne
autant le monde que l’imagination.
29 & 30 novembre
Maison de la vie associative, Arles
04 90 52 51 51 theatre-arles.com
2 & 3 décembre
Le Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
51
Une vie bouleversée
Mademoiselle rêve
À l’occasion d’un cycle de conférences
orchestrées par le Théâtre d’Arles, JeanPaul Curnier, philosophe et écrivain, viendra
débattre avec le public de la place du collectif
dans la société. La première de ces conférences interrogera le «nous», l’intégrant et le
définissant dans une « dimension collective et
politique de la pensée comme action ». Que
voulons-nous vraiment pour notre avenir ?
sommes-nous prêts à améliorer le présent
pour prévoir le futur ?
Mêlant spectacle vivant, avec des objets de
récupération, et film d’animation, Filomène
& Compagnie revisite pour les tout-petits le
cycle de la vie. Dans un jeu proche de celui
du clown, avec humour et douceur, Emilie
Chevrier fait vivre champs, bois, fleurs et
papillons, pluie et vent…
1er décembre
Théâtre d’Arles
theatre-arles.com
Legacy
Pour sa première pièce de groupe, la chorégraphe et danseuse ivoirienne Nadia Beugré,
féministe engagée et déterminée, rend hommage à des femmes africaines puissantes
et émancipatrices qui ont lutté pour leurs
droits et ceux des leurs. Sa danse énergique
reflète ses émotions, ses états d’âme et dit
sa lutte, comme un hymne au courage et
à la liberté. Sur scène, des femmes de tous
horizons participent de cet engagement, avec
la musicienne Manou Gallo et la danseuse
Hanna Hedman.
© Renaud Dupré
Dans le cadre de la 8e édition de De ses battements d’elles conçue par la Cie de l’ambre, le
Théâtre d’Arles accueille la pièce que Roxane
Borgna a créée, et joue, d’après les écrits de
Etty Hillesum, dans une mise en scène
de Jean-Claude Fall. Seule sur scène, la
comédienne aborde le témoignage de cette
jeune juive hollandaise, morte à Auschwitz en
1943 après avoir tenu un journal débordant
de vie, avec l’énergie d’un concert de rock,
entre introspection et performance.
27 novembre
Salle Henri-Rolland,
Saint-Rémy-de-Provence
04 90 92 70 37
mairie-saintremydeprovence.fr
18 novembre
Théâtre d’Arles
06 07 40 57 59
desesbattements.canalblog.com
Le Sacre du printemps
© Anthony Merlaud
© Lucien Sanchez
Sacco et Vanzetti
04 90 52 51 51
6 & 7 décembre
Théâtre d’Arles
theatre-arles.com
Créée à Nouméa en 2012, sur une commande
du Centre culturel Djibaou, la version de
Julien Lestel s’appuie sur la culture traditionnelle mélanésienne (kanak). Outre la
partition originale d’Igor Stravinsky, ce
sont des œuvres du groupe Art Zoyd et de
Philip Glass qui accompagnent ce Sacre,
constitué de deux parties : dans la première
les hommes interrogent l’avenir selon les rites,
dans la seconde une femme est désignée
pour être livrée aux dieux après une grande
danse sacrale.
Dans cette pièce d’Alain Guyard, le tandem
Dau et Catella retrace le scandale judiciaire
des années 20, immortalisé par la chanson
Here’s to you de Joan Baez dont les victimes
furent deux militants anarchistes italiens,
devenus symbole de la lutte contre l’intolérance et la discrimination, et condamnés à la
peine capitale malgré le manque de preuves
formelles. Une tragédie moderne mise en
scène par François Bourcier.
18 novembre
L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence
04 90 92 70 37
mairie-saintremydeprovence.fr
© Jogood
04 90 52 51 51
© Marc Ginot
Que voulons-nous ?
8 décembre
L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence
04 90 92 70 37
mairie-saintremydeprovence.fr
52 au programme spectacles vaucluse
Tel quel !
Migraaants
« On est trop nombreux sur ce putain de
bateau... » C’est le sous-titre de cette pièce,
écrite tout récemment par Matei Visniec et
qui sera créée par Gérard Gélas. Le dramaturge franco-roumain, l’un des plus grands
auteurs contemporains, s’empare du drame
des migrants pour en tirer un texte « taillé
comme un diamant noir », dixit le metteur
en scène. Avec ses sept comédiens, ils vont
recréer en scène cet angoissant « univers de
bouées de sauvetage, de bâches bleues, et
les vagues de la mer en continu. »
© Frédéric Iovino
Nuit
Nous vivons dans un monde de normes.
Aucun âge n’y échappe, pas même l’enfance.
Aucun milieu non plus, et celui de la danse
n’en est pas exempt. Le directeur du Centre
Chorégraphique National de Tours, Thomas
Lebrun, aime à jouer du paraître pour mieux
remettre en question ses diktats. Voici donc
un spectacle de hip-hop qui ne se prend pas
au sérieux, n’hésite pas à recourir aux airs de
crooners des années 50 (C’est magnifique, de
Cole Porter, un régal !), et prône avec humour
l’amour des différences. Dès 7 ans.
Depuis 2001, la Scène Nationale de Cavaillon
propose aux communes alentours une sélection de ses spectacles, en tournée Nomade(s).
Dans celui-ci, les artistes du collectif Le petit
travers, issus du cirque, de la musique ou de
la danse, abordent chacun avec leur spécificité
la discipline du jonglage. Leur thématique est
celle de la nuit, perçue comme un mystérieux
symbole d’infini.
© Ian Grandjean
17 au 27 novembre
Chêne Noir, Avignon
04 90 86 74 87 chenenoir.fr
16 novembre
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 lagarance.com
Le Cadavre encerclé
29 novembre, Les Taillades
30 novembre, Caumont-sur-Durance
1er décembre, Oppède
2 décembre, Noves
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 lagarance.com
L’enfant cachée dans l’encrier
© Cara Slifka
Faire danser les alligators
sur la flûte de Pan
24 au 26 novembre
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 lagarance.com
© iFou pour le Pôle Media
Joël Jouanneau a écrit ce texte pour la radio,
avant de le publier aux éditions Actes Sud,
et ses trouvailles linguistiques ont dû faire
merveille sur les ondes de France Culture.
L’histoire est celle d’un petit garçon, Ellj,
qui s’ennuie dans le château paternel avant
de se découvrir une petite sœur idéale. Il la
délivre de son encrier, et les voilà partis pour
trois jours sur une île « où le temps il s’être
arrêté ». Pour les enfants de 7 ans et plus.
© Manuel Combe
Nous voici dans l’atelier du docteur Destouches, alias Louis-Ferdinand Céline. L’auteur
controversé y vit ses dernières heures. Sans
masquer ses nombreuses zones d’ombres, ni
occulter ses prises de position nauséabondes,
Ivan Morane met en scène la fin de vie de
l’écrivain. Le texte, issu des innombrables
correspondances de Céline et adapté par
Emile Brami, est servi magistralement par
Denis Lavant. Le comédien a été récompensé
d’un Molière en 2015 pour son interprétation.
9 décembre
Auditorium Jean Moulin, Le Thor
04 90 33 96 80 artsvivants84.fr
Mai 1945. La lutte pour l’indépendance de
l’Algérie prend racine à cette période-là. Dix
ans plus tard, les « événements », cette guerre
qui ne dit pas son nom, dureront jusqu’en 1962.
Kateb Yacine, le grand écrivain algérien, a
mêlé la politique à toute son œuvre littéraire.
Son superbe roman, Nejma, est ici adapté
sur scène par Anaïs Cintas. On y côtoie
Lakhdar, leader d’un petit groupe de résistants
à l’occupant française, remplis d’idéaux, de
convictions, et en quête de liberté.
9 & 10 décembre
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51 theatredeshalles.com
53
Hyperlaxe
Pas pleurer
Voici le destin d’une jeune femme qui se
rêvait pilote de chasse. Aux manettes de
cet avion de l’US Air Force, elle vibre de sa
passion. Puis les aléas de la vie, une rencontre,
la maternité, et à l’heure de reprendre son
travail, c’est le pilotage télécommandé d’un
drone qu’on lui propose. Dans sa base, clouée
au sol, elle prend alors une autre conscience.
Ce texte de George Brant est mis en scène
par Gilles David, avec Pauline Bayle à
l’interprétation.
L’œuvre de Lydie Salvayre, prix Goncourt
2014, est ici adaptée par la Cie Ad Hominem,
dans une mise en scène de Denis Laujol.
Marie-Aurore d’Awans est à l’interprétation, aux côtés de la musicienne Malena
Sardi. L’histoire est celle de la mère de la
romancière, Montserrat, contrainte de fuir
la Catalogne espagnole et la victoire des
franquistes pour trouver refuge en France.
Pas pleurer est ce qu’elle répétait à sa fille lors
des bombardements meurtriers des fascistes.
Des mots valables à toute époque, y compris
aujourd’hui.
© Menno de Jong
Clouée au sol
2 & 3 décembre
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51 theatredeshalles.com
Never mind the words
Imaginez une rencontre entre Charlie
Chaplin et Buster Keaton. Peu avant de
quitter définitivement les Etats-Unis pour
l’Europe, Charlot propose à Keaton de jouer
dans Les Feux de la Rampe. La Compagnie
des Mots met en scène cette rencontre.
Fiora Blasi, à l’écriture, la mise en scène
et l’interprétation, accompagnée du regard
extérieur de Luisa Merloni et de Marie
Duprat au piano, proposent cette création.
« Une réflexion sur le comique, le mélange
de rigueur et de lâcher-prise qu’il suppose. »
17 novembre
Théâtre des Doms, Avignon
04 90 14 07 99 lesdoms.be
8 décembre
Théâtre des Doms, Avignon
04 90 14 07 99 lesdoms.be
Trois projets en résidence au Théâtre des Doms
seront présentés lors de cette soirée. « Bienvenue à vos propres funérailles », annonce
la compagnie Josephine Ochsenblut
qui jouera Ni fleurs ni couronnes, « objet
sonore et théâtral » ; Penses-tu qu’avec ces
muscles tu puisses me porter ? demandera
Julie Rouanne, performance mêlant dessin,
vidéo, texte et mouvement ; titre énigmatique
enfin, Looking for the putes mecs, par Diane
Fourdrignier, Anne Thuot et Brandon
Lagaert : en question, l’accès à un service
de prostitution pour les femmes.
Petits crimes conjugaux
Cette pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt,
créée par la Cie Interlude, conte l’histoire
d’un couple, dont l’homme, Gilles, vient brutalement de devenir amnésique. Lisa, son
épouse depuis 15 ans, l’aide à reconstituer
son passé, mais son attitude est ambiguë. Lui
raconte-t-elle toute la vérité ou cherche-t-elle
à profiter de cet accident pour s’inventer un
mari parfait ? Julien Di Tommaso signe la
mise en scène, avec Hélène Lamoureux
et Philippe Gardiol dans les rôles titres.
© X-D.R.
Penses-tu qu’avec ces muscles tu puisses me porter © X-D.R.
Focus performance
© Jeanne Forjonnel
2 & 3 décembre
Théâtre des Carmes, Avignon
04 90 82 20 47 theatredescarmes.com
© Marie-Aurore Ginesta
Cette création est une sortie de résidence
qui sera présentée en avant-première, puis
jouée à Bruxelles à partir de décembre. La
Cie Te Koop invitera le public du Théâtre des
Doms, enclave de la Belgique en Avignon, à
livrer ses retours et impressions sur le spectacle, à la croisée entre danse et cirque. Avec
quelques morceaux de bois pour accessoires,
Nicolas Arnould et Alex Stainier y jouent
en souplesse avec la pesanteur, d’équilibres
en déséquilibres. Sophie Leso signe la mise
en scène.
25 novembre
Théâtre des Doms, Avignon
04 90 14 07 99 lesdoms.be
04 90 85 00 80
25 novembre
Le Balcon, Avignon
theatredubalcon.org
54 au programme spectacles vaucluse alpes var
Shimcheongjeon
Anywhere
Esperluette danse
avec la peau des mots
04 90 85 00 80
3 & 4 décembre
Le Balcon, Avignon
theatredubalcon.org
Nous : mêmes
Le je et le nous. Comment exister sans le regard
de l’autre ? Comment « remplir le je » sans
le miroir du nous ? « Se regarder soi-même
ne suffisant pas, la relation entre je et nous
devient un aller-retour à l’infini. » Carole
Bordes pratique la danse contemporaine,
Auriane Viel est championne de France de
breakdance. De leur rencontre, au sein de la
Cie Emoi, naît une fusion qui « questionne
la construction de notre identité, les thèmes
de l’imitation et la ressemblance. »
19 novembre
Théâtre Golovine, Avignon
04 90 86 01 27 theatre-golovine.com
L’histoire d’Œdipe est bien connue. Celle
de la tragédie grecque originale comme
l’interprétation complexe qu’en a fait la
psychanalyse. Le Théâtre de l’Entrouvert adapte Œdipe sur la route, roman en
forme de « road movie antique » signé Henry
Bauchau. Accompagnée d’Hélène Barreau
à la mise en scène et à l’interprétation, Elise
Vigneron fait d’Œdipe une marionnette de
glace. Incarnant Antigone, elle anime le pantin
qui fond goutte après goutte au gré de son
parcours tourmenté et de ses transformations.
24 & 25 novembre
Théâtre Durance, Château-Arnoux/
Saint-Auban
04 92 64 27 34 theatredurance.fr
Savoir enfin qui nous buvons
Ninika
Entre le blanc hivernal et le rouge de la fleur
qui pointe au cœur du bourgeon à l’amorce
du printemps. La Cie Elirale a choisi ces
deux couleurs pour habiller l’espace scénique
de leur création. Installée en Pays Basque,
la troupe utilise un mot de langue basque
signifiant « bourgeon » pour donner titre à
son spectacle. Chorégraphié par Pantxika
Telleria et adressé au jeune public, il conte
avec finesse et poésie les mutations entre
l’innocence de l’enfance et les découvertes
de l’adolescence.
© Maialen Maritxalar
15 novembre
Théâtre Golovine, Avignon
04 90 86 01 27 theatre-golovine.com
© Angelique lileyre
2016 est l’année France-Corée. C’est dans ce
cadre que le Théâtre du Balcon accueille
la Cie sud-coréenne Yechon, qui présentera
un spectacle tiré d’un conte populaire, La
légende de Shim Chung. L’histoire reprend un
concept confucianiste, HYO, qui signifie « la
dévotion des enfants envers leurs parents ».
Le spectacle, en coréen, surtitré en français,
reprend cette légende traditionnelle en lui
donnant les contours de la modernité et interroge la notion de famille dans nos sociétés
individualistes.
© Cie Reveïda - photo Rémy Masseglia
© XDR.
© Vincent Beaume
Et si les mots étaient des fruits, qu’on épluche
avec gourmandise ? La Cie Reveïda plonge
avec délice et délectation dans la poésie
culinaire. Olivier Debos joue les clowns
amateurs de poèmes et de cuisine, Delphine
Pouilly danse, chorégraphie et a écrit les
textes. Tous deux présentent ce petit plat
croquant, pour les petits et les grands, dans ce
nouveau rendez-vous des bambini à Golovine,
qui a désormais lieu le samedi.
3 décembre
Théâtre Golovine, Avignon
04 90 86 01 27 theatre-golovine.com
Attention ! Objet artistique hors norme au
programme ! La durée annoncée du spectacle,
5 heures, avec pour précision « possiblement
sans fin », donne le ton. Sébastien Barrier,
conteur et poète passionné, met des mots
dans son vin et nous embarque pour un
voyage-dégustation en territoire vigneron.
Alternant entre sobriété et ivresse, il nous
fait vivre ses rencontres vinicoles : bistrotiers,
artisans, paysans, se succèdent dans une
véritable ode au vin offerte en partage au
public.
9 & 10 décembre
Théâtre Durance,
Château-Arnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34 theatredurance.fr
55
Je brasse de l’air
Rodolphe Dana (collectif les Possédés)
s’empare du texte de Céline avec un amour
de la scène qui donne de la chair à Bardamu.
Il se concentre sur les premiers chapitres,
la Guerre de 14-18 et son horreur, et fait
entendre la force intacte de cette langue si
inventive. Le désespoir de Céline, et de son
personnage, est encore celui de l’effarement
et de la découverte de l’imbécilité sanglante
des hommes, avant que le roman ne plonge
dans l’écœurement désabusé...
04 92 52 52 52
© Jean-Louis Fernandez
Depuis une dizaine d’années, Magali Rousseau fabrique des machines poétiques qu’elle
met à disposition des spectacles des autres.
Dans cette création, elle se met en scène
entourée de toutes ces mécaniques étranges.
Cet univers extraordinaire est accompagné
des trouvailles sonores et musicales de Julien
Joubert qui signe également la création
lumière. Au milieu de ces objets presque
vivants, faits de manivelles, de moteurs, la
jeune artiste nous conte leur histoire qui est
aussi la sienne.
6 au 9 décembre
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
04 92 52 52 52
One day à la Bobitch
Femme non rééducable
© Thomas Quillardet
04 92 52 52 52
2 décembre
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
© P. Briot
Où les cœurs s’éprennent
Du cinéma adapté au théâtre. Thomas
Quillardet s’inspire de deux films d’Eric
Rohmer, Les Nuits la pleine lune et Le Rayon
vert. Assisté de Marie Ménard pour la réécriture, le metteur en scène renouvelle ces
deux œuvres, gommant leur « patine années
80 ». Le propos est de mettre en écho les
héroïnes de ces films, dont l’une recherche
l’indépendance au sein du couple, tandis que
l’autre vise un idéal amoureux. Toutes deux
s’efforcent d’atteindre leur voie personnelle,
en dépit des pressions de leur entourage.
Pour Bobitch, employé modèle de la World
Domination Entreprise (rien d’autre !), l’heure
de la retraite n’est plus très loin. Malgré ses
états de service, la grande entreprise aura tôt
fait de l’envoyer aux oubliettes. Mais un beau
jour, rempli d’imprévus, va tout chambouler.
Boris Arquier, clown de talent, maîtrise
également l’art du bruitage et du beatboxing.
Avec sa Cie Microsillon, il donne vie et espoir
à ce vieux Bobitch qui semblait condamné.
17 & 18 novembre
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
theatre-du-brianconnais.eu
21 au 23 novembre
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
L’histoire d’Anna Politkovskaia, journaliste
qui s’est élevée contre Poutine et la guerre en
Tchétchénie, est celle d’une véritable héroïne.
Le livre de Stefano Massini, à partir de ses
articles, de ses lettres, rend compte de son
trajet, de ses révoltes, de ses faiblesses aussi,
et surtout du courage de celle qui reprend la
lutte alors qu’elle sait qu’elle va en mourir.
De celle qui témoigne, avec obstination, des
exactions de l’armée russe, et de la manipulation lors de la prise d’otages au théâtre de
Moscou. Maud Narboni l’incarne avec une
sensibilité hors du commun, que Vincent
Franchi met en scène sans voyeurisme, mais
jusqu’à l’insoutenable.
© Jérémy F. Marron
04 92 52 52 52
14 & 15 novembre
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
© Julien Joubert
Voyage au bout de la nuit
Spectacle en plein cœur de l’actualité. Le
bidonville géant de Calais, démantelé par le
gouvernement fin octobre, sert de point de
départ à ce spectacle multiforme et engagé.
La Cie Etat d’Urgence est un collectif
d’artistes né autour d’Amanda Da Silva,
chercheuse dans le domaine des migrations
internationales. Pour partager ses travaux,
issus de semaines d’immersion auprès de
migrants à Calais, elle a réuni comédiens,
danseurs, acrobates, vidéastes qui créent
un spectacle intense, témoignage puissant
sur une réalité brutale.
© Martine Cendre
Dites à ma mère que je suis là
15 novembre
théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu
25 novembre
Théâtre Marelios, La Valette-du-Var
04 94 23 62 06 lavalette83.fr
56 au programme spectacles alpes var
La journée Folle #1
Ciel mon placard
C’est à un véritable marathon culturel que vous
convient le Conservatoire et le Théâtre du
Briançonnais. Le 3 décembre, de 11h à 22h,
les élèves et enseignants du Conservatoire
s’emparent de ces deux lieux et les ouvrent
grand au public. L’accès sera entièrement
gratuit pour la première édition de cette
journée découverte. Ecouter de la musique,
voir du théâtre, de la danse, échanger avec
les professeurs, tous, ceux qui enseignent
comme ceux qui apprennent, partageront
leurs passions avec les visiteurs.
Out of the box 1/3
– Foire le boucan
3 décembre
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
theatre-du-brianconnais.eu
© Charlotte Fabre
Entrée libre pour cette forme courte (15
minutes), qui aura lieu dans le hall du
théâtre. Le Conservatoire TPM invite la
Cie Kubilai Khan Investigations à un
nouveau partenariat, inauguré ce soir-là. Avec
pour objectif de « décloisonner et d’activer
des transversalités de pratiques artistiques
pour relancer nos capacités d’imaginations ».
Pour ce premier rendez-vous, mêlant danse,
cirque, musique et arts visuels : découverte
de l’univers marginal de l’artiste aux mille
cordes Louis Soutter.
© Laurent Thurin-Nal
Et après…
25 & 26 novembre
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
Nobody
Ce que le djazz fait
à ma djambe
« Le djazz, c’est l’extase ! » Derrière le bon mot
se cachent aussi les bonnes notes. Jacques
Gamblin, fan inconditionnel de jazz sous
toutes ses formes, du be bop au swing en
allant jusqu’au funk, livre ici sa déclaration
d’amour à cette musique. Dans ce seul-enscène dont il a écrit les textes, il invite en
« double scénique et alter ego » le pianiste
Laurent de Wilde ainsi que cinq autres
musiciens, contrebassiste, batteur, cuivres et
DJ. Entre improvisation, rythme et énergie,
ce spectacle se vit comme une grande fête.
Cyril Teste poursuit son exploration de
l’œuvre politique du dramaturge allemand Falk
Richter en écrivant un scénario inédit sur les
dérives managériales et la déshumanisation
au travail. Immergé dans un dispositif
cinématographique, le public assiste à la
projection d’un film qui se fabrique en direct.
Le collectif MxM explore avec humour et
lucidité la violence d’un système qui nous
grignote…
© Christian Ducasse
9 décembre
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
theatre-du-brianconnais.eu
© Simon Gosselin
© Ernesto Timor
22 novembre
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
« Alors, on dirait que... » Cette formule ouvre
souvent les jeux des enfants, qui déploient
alors un imaginaire que rien ou presque ne
limite. Ce spectacle créé par la Cie des Indiscrets est de ce registre où tout peut arriver.
Musique, théâtre, vidéo, performances, tout
s’enchaîne et s’emmêle, dans une ambiance
plus que loufoque où l’on rit beaucoup. Lucie
Gougat et Jean-Louis Baille signent le
texte. La première le met en scène, le second
l’interprète, aux côtés de Paul Eguisier et
Julien Michelet.
18 & 19 novembre
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
Dans l’univers du vaudeville, le placard sert
communément à dissimuler un amant au
moment opportun. Le titre détourné du « Ciel
mon mari ! », dessine tout un programme !
Ce sont portes qui claquent, quiproquos,
rythme endiablé qui sont convoqués dans
la pièce délirante de Nicole Genovese
qui se joue du théâtre du boulevard, avec
un anticonformisme jubilatoire. Décapant,
cocasse, ludique dans une mise en scène
de Claude Vanessa.
29 novembre & 1er décembre
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
30 novembre
Châteauvallon – Scène
Nationale, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
57
La jubilation
Qu’est-ce exactement que la jubilation ?
Comment la ressent-on, en quelles circonstances s’exprime-t-elle, peut-on seulement
la cerner ? Camille Boitel et Pascal Le
Corre se sont interrogés sur ce thème et en
ont tiré une conférence-spectacle. Constatant
le manque d’études consacrées au sujet , ils
ont décidé de s’en emparer, attirés par cette
« maladie de l’intelligence ». Ils tentent de la
définir avec un postulat de départ : « jubiler
c’est militer pour l’immédiat, l’instantané. »
Réparer les vivants
© Aglaé Bory
L’apparence est celle du magicien à l’ancienne,
style Mandrake. Costume en queue de pie
noir, haut de forme, gants blancs, tout y est.
Gabriella, la charmante assistante à ses
côtés, complète le tableau traditionnel. Mais
sous ses dehors classiques, Julien Maurel,
alias Magic Julius, renouvelle avec finesse
et poésie l’art de l’illusion. Les tours et effets
restent ceux que l’on voit habituellement :
apparitions de colombes, escamotages ou
transformations d’objets. Tout le secret réside
dans la façon de les présenter.
22 & 23 novembre
Châteauvallon – Scène
Nationale, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
Le roman de Maylis de Kérangal est ici
porté à la scène par Emmanuel Noblet. Il
en a réalisé l’adaptation, la mise en scène et
l’interprète seul, accompagné de voix, dont
celle de l’auteure. Créé au Festival d’Avignon
en 2015, le spectacle plonge dans cette course
contre la montre que représente le don d’organes. Une transplantation cardiaque doit être
réalisée. Un cœur tout jeune, celui de Simon,
19 ans, va sauver la vie de Claire, 50 ans.
© Antoine Agoudjian
Anima ardens
Personnage incontournable de la scène chorégraphique belge : Thierry Smits. Avec sa
Cie Thor, il présente ici une pièce pour onze
interprètes, uniquement des hommes. Sur
une création musicale de Francisco Lopez,
tous les danseurs sont nus en scène. Ils vont
pousser les limites de leur corps jusqu’à la
transe, flirtant avec un état où la violence des
émotions devient une libération. Mouvement
tribal et rites chamaniques sont au cœur de ce
spectacle, exclusivement réservé aux adultes.
2 décembre
Châteauvallon – Scène
Nationale, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
04 93 40 53 00
Ça ira (1) fin de Louis
9 au 11 décembre
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
18 novembre
Châteauvallon – Scène
Nationale, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
© Hichem Dahes
Médée poème engagé
L’auteur Jean-René Lemoine revisite le
mythe de Médée la maudite infanticide amoureuse. Dans cet opéra parlé, qu’il a écrit, mis
en scène et dont il est l’interprète, assisté à
la création musicale par Romain Kronenberg, il recompose l’histoire de l’héroïne en
trois mouvements. Le premier est celui de
la passion débordante, sans limite ni morale.
Le second est celui de la fuite et de l’errance
avec Jason. Le dernier conte son retour au
pays, le rejet qu’elle subit et la vengeance
silencieuse de son père.
13 décembre
Théâtre de Grasse
theatredegrasse.com
Spectacle exceptionnel à l’affiche de Châteauvallon. Pendant 4h30, Joël Pommerat et la
quinzaine de comédiens qui l’accompagnent,
explorent en détails la Révolution française.
Les mécanismes, ce qui pousse le peuple à
la révolte, puis toutes les conséquences du
changement de régime, leur impact sur la
vie des hommes et leur lutte pour l’idéal de
démocratie, tout ceci est raconté avec une
vitalité débordante et passionnée. Le spectacle
a été récompensé par trois Molière.
25 & 26 novembre
Châteauvallon – Scène
Nationale, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
© Elisabeth Carecchio
Magic Julius Show
du 7 au 11 décembre
Châteauvallon – Scène
Nationale, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
58 au programme spectacles var
Ô vous frères humains
Pourquoi les poules…
Magnifique adaptation par Danielle Paume
du roman d’Albert Cohen, qu’il publia à 77 ans,
traitant d’un souvenir d’enfance qui le hanta
toute sa vie : traité de « sale youpin » à son
arrivée en France par un camelot marseillais,
il n’oublia jamais. Trois acteurs, cosmopolites,
formidables d’intensité et de justesse, mis
en scène et en espace par Alain Timàr,
incarnent l’auteur offensé à des âges différents
et donnent corps à la solitude engendrée par
l’intolérance, le rejet et la haine. Sensible,
poignant, universel.
© Chloé Lebert.
La musique traditionnelle des Balkans sert
de support à ce duo de clowns farfelus.
Yorg et Itsa, c’est en fait deux musiciens.
S’ils maîtrisent leur art, et celui de la danse,
ils sont parfois rattrapés par leur fantaisie.
Tout à coup, tout s’emballe, tout s’emmêle,
tout se chamboule, y compris l’ordinateur
rigoureux, censé pourtant être un partenaire
fiable. L’humour et le rire deviennent alors leur
meilleur allié pour transmettre leur passion
de ces musiques.
Le titre a de quoi choquer, mais c’est calculé ! La conférence scientifique intitulée
ainsi dissimule en fait un spectacle décalé et
hilarant. Le professeur Jérôme Rougier, de
son vrai nom d’acteur, est directeur de l’Ecole
d’agriculture ambulante. Devant son auditoire,
il évoque la question du droit des poules et
leurs conditions de vie. Mêlant informations
réelles et délirantes, le conférencier passe
de l’absurde à la métaphysique, du rire à
la réflexion.
© X-D.R
23 novembre
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr
3 décembre
Sous chapiteau à l’Ecole
Fragile – Terrain Allio
Théâtre Marelios, La Valette-du-Var
04 94 23 62 06 lavalette83.fr
© Georges Bartoli
Le petit cercle boiteux
de mon imaginaire
Derrière cet étrange titre se cache un spectacle
subtil et rempli de poésie. La Cie Zampanos
conte l’histoire d’un clown, qui essaie simplement d’exister. Difficile pour tous, peut-être
plus encore pour un clown. Michel Gibe s’en
fait l’interprète, accompagné à la mise en scène
par Anne Gibe. Sous un petit chapiteau, où
naviguent les drôles de sculptures mobiles
réalisées par Jean-Louis Garcia, le message
passe, tout en simplicité.
3 & 4 décembre
Sous chapiteau à l’Ecole
Fragile – Terrain Allio
Théâtre Marelios, La Valette-du-Var
04 94 23 62 06 lavalette83.fr
Pourquoi les poules préfèrent
être élevées en batterie ?
14 au 19 novembre
En itinérance dans six communes du Var
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
Le cirque orphelin
Racine par la racine
Etonnant parti pris que celui de la Cie
Alcandre. Pour rendre hommage au grand
tragédien Jean Racine, la troupe choisit de
verser dans la comédie. Et ça marche ! Serge
Bourhis, auteur du texte et de la mise en
scène, accompagné d’une actrice et d’un
acteur, s’amusent du tragique et le tordent
jusqu’au rire. Pastiches de scènes célèbres
ou extraits authentiques, en versions mime
ou comédie musicale, les trois artistes jouent
avec délice, sans jamais trahir l’œuvre ni son
auteur.
9 décembre
Théâtre Marelios, La Valette-du-Var
04 94 23 62 06 lavalette83.fr
© Cinthia Chouinard
© Manuel Pascual
Yorg-Itsa
Sans un mot, tout en manipulation d’objets,
la Cie québécoise des Sages Fous livre ici
un spectacle exceptionnel. Succès planétaire,
primé dans de nombreux festivals, cette création est un véritable bijou. A partir d’un décor
fait de tôles rouillées et d’objets abandonnés,
deux dompteurs de marionnettes donnent
vie à un étonnant cirque. L’univers envoûtant
et poétique de leurs créatures emporte le
public sur les rives du rêve.
19, 22, 24 & 25 novembre
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
59
L’institut Benjamenta
Street Dance Club
Événement à l’affiche des Théâtres en
Dracénie ! La troupe québécoise du Cirque
Eloïze sera en escale pour un rendez-vous
à ne pas manquer. Leurs spectacles font le
tour de la terre, allant de triomphes en triomphes. Cirkopolis ne fait pas exception. Onze
artistes y naviguent à la croisée entre cirque,
danse, théâtre et vidéo, sous la baguette de
Jeannot Painchaud et Dave St-Pierre,
les co-metteurs en scène. La plongée dans
l’univers de leur ville-usine est littéralement
vertigineuse.
Célébration des danses des années folles dans
les clubs de jazz (1920-1930), tels le Cotton
Club ou le Savoy Ballroom, le spectacle Street
Dance Club ne doit pas être pris comme une
simple reconstitution : il inscrit l’esthétique
de cette période dans la danse d’aujourd’hui,
entre les compositions d’Antoine Hervé
qui a su en restituer l’ambiance teintée de
nostalgie et le chorégraphe Andrew Skeels
qui puise aux sources du hip-hop, de la danse
classique et contemporaine, pour une exploration riche. Essentiel et communicatif, le
plaisir de danser !
© Ivan Boccara
Cirkopolis
Bérangère Vantusso met en scène le roman
de Robert Walser avec des marionnettes : les
jeunes gens venus apprendre à être de bons
domestiques sont représentés par des bustes
de pantins interchangeables. Le spectacle,
créé au Festival d’Avignon, est visuellement
fascinant, mais l’enfermement et l’ambigüité
de Walser sont rendus sans en éclaircir le
propos. Que nous raconte-t-il donc sur la
soumission de ce jeune noble attiré par son
maître, et si désireux de servir ?
© Dan Aucante.
3 décembre
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
19 novembre
Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 carreleongaumont.com
© Valérie Remise
La curiosité des anges
Smashed
Mélange 2 temps
Le blanc et l’Auguste, éternel classique du duo
de clowns. Mister P et Mister B reprennent ce
sillon, en y apposant leur griffe. L’un est bien
sûr rêveur et maladroit, l’autre est sévère et
rigoureux. Rien ne les unit en apparence, si
ce n’est la tendre poésie qui émane toujours
de ces Laurel et Hardy sans cesse renouvelés.
Philippe Martz et Bernie Collins incarnent
ces deux personnages universels, alternant
entre théâtre, musique ou manipulations
d’objets pour atteindre notre âme d’enfant.
2 décembre
Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux
04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr
Dans le cadre de son Parcours clown, le Pôle
Jeune Public présente La Curiosité des
Anges, un spectacle ancien (1988 !) toujours
renouvelé, de François Cervantès. Zig et
Arletty, alias Dominique Chevallier et
Catherine Germain, s’y rencontrent, y
posent des questions existentielles avec la
force de leur étonnement sur le monde. Pureté,
naïveté, légèreté, enfance ? Une façon de voir
le monde de côté, qui depuis 28 ans n’a pris
ni ride, ni poids.
6 décembre
Pôle jeune public, Le Revest-les-Eaux
04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr
© Ludovic des Cognets
© Christophe Raynaud de Lage
9 au 11 décembre
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
Jonglerie, danse avec un clin d’œil à Pina
Bausch, une rangée de chaises, de la vaisselle
de porcelaine, une centaine de pommes (rappel
de Newton ?) et une troupe en costards
cravate et robes noires… So british, avec le
rite immuable de la « cup of tea » et un humour
qui n’a rien à envier à celui des Monty Python.
Les neufs jongleurs de la troupe déjantée
Gandini Juggling nous entraînent dans un
spectacle jubilatoire et iconoclaste virtuose !
19 novembre
Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 carreleongaumont.com
60 au programme var gard alpes-maritimes
Les armoires normandes
Ouvert la nuit
Fort du succès de 2014, le Théâtre de Grasse
renouvelle l’évènement avec le concours de la
Cie Dynamo Théâtre qui a mené un cycle
d’ateliers de lectures à haute voix auprès
des lycéens (par Joëlle Cattino et Michel
Bellier), réuni un comité de lecture pour une
sélection de textes dramatiques en vue de la
lecture publique du 26 novembre et formé une
« brigade » d’une vingtaine de lecteurs afin de
compléter les performances de comédiens de
renom. Le marathon de lectures sur le thème
de Babel Méditerranéenne nous attend !
© R. Lebruman
# Hashtag
Désopilant et irrévérencieux à donner des
crampes à vos zygomatiques, les Chiens
de Navarre mettent en scène l’institution
du couple, depuis les premiers émois aux
ruptures, jouent des codes et des clichés avec
jubilation. Dérision jusqu’au mauvais goût,
au 10ème degré, jouissance féroce des mots
et des situations, dans une saine esthétique
de la démesure… Un spectacle au rythme
déjanté mis en scène par Jean-Christophe
Meurisse.
Ce petit croisillon est devenu l’emblème de
la communication virtuelle et des réseaux
sociaux. Mondialisation de comportements
qui nous lient aux écrans de toutes tailles
et oblitèrent notre relation au monde. Le
chorégraphe Riyad Fghani joue de ces
nouveaux modes d’échanges et rappelle ce
qu’est le contact humain. La troupe virtuose
du Pokemon Crew apporte sa vivacité
complice, ses acrobaties, son expressivité,
à cette transcription du monde dans la danse.
Un pur bonheur !
25 & 26 novembre
Théâtre de Grasse, Grasse
04 93 40 53 00 theatredegrasse.com
Oliver Twist
© Alain Rico
3 décembre
Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 carreleongaumont.com
10 décembre
Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 carreleongaumont.com
La Semaine du conte
Les enfants et les plus grands sont gâtés !
La Semaine du Conte du Carré invite trois
conteuses internationales, chacune partagée
entre deux pays, deux cultures, qui apportent
une dimension supplémentaire à leur art. On
retrouvera dans les écoles, l’espace public et au
Carré, les contes québécois de Nadjne Walsh
(Canada/Irlande), les contes d’Orient d’Aïni
Iften (France/Algérie) et l’«en quête-contes
provençaux » du théâtre d’objets d’Elena
Bosco (Italie/France). Embarquement pour
des ailleurs merveilleux…
Du 5 au 9 décembre
Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 04 94 56 77 64
carreleongaumont.com
© X-D.R.
Roi danseur, Louis XIV a professionnalisé,
protégé et codifié les arts. Outils de pouvoir
que la chorégraphe Simone Rizzo observe, sur
une création musicale d’Atone et Mathieu
Calmelet et les danseuses Pauline Brottes,
Claire Chastaing, Haruka Miyamoto.
Une manière d’interroger les relations entre
la culture et le pouvoir… intemporel ! La Cie
Ridzcompagnie sert avec son enthousiasme
et son talent cette exploration des rouages
de l’absolutisme.
© Simonne Rizzo.JPG
© X-D.R.
Louis pi/XIV
19 novembre
La Croisée des Arts,
Saint-Maximin-la-Sainte-Baume
04 94 86 18 90 st-maximin.fr
La jeune et talentueuse danseuse et chorégraphe Bérangère Andreo revient dans sa
ville natale pour une nouvelle adaptation de
Charles Dickens avec l’histoire attachante
d’Oliver Twist. Trente danseurs issus du
Conservatoire National Supérieur de Danse
de Prague, du Bohemia Ballet de Prague, du
Centre Choréa Danse et du Jeune Ballet
Méditerranéen apporteront leur fougue sur
la musique de Rachel Portman.
8 & 9 décembre
Théâtre de Grasse, Grasse
04 93 40 53 00 theatredegrasse.com
61
Tristan et Isolde...
Hyacinthe et Rose
Arthur Pérole interroge le rapport de l’artiste
à son inspiration. La pièce, créée au KLAP, fait
sortir les corps de la pénombre, par bribes,
un membre s’éclairant comme s’il surgissait
de la tourbe... Puis les visages affichent des
expressions, les corps s’approchent, cherchant
dans l’autre à explorer leur propre existence,
au son d’une guitare que les suit... ou les fait
agir ? Un jeune chorégraphe et une compagnie
régionale à découvrir absolument !
Ils sont mariés depuis quarante-cinq ans,
ensemble depuis toujours, mais ne s’entendent
sur rien. Ou presque rien. Une seule chose unit
Hyacinthe le coco bouffeur de curé, et Rose
la catho et fière bigote : l’amour des fleurs.
François Morel se souvient des vacances
passées auprès de ses grands-parents et
dresse le portrait tout en délicatesse de leurs
« vies minuscules », faites de petits bonheurs
et de grandes luttes, de sérieux et de fantaisie.
© Gregory Batardon
Scarlett
22 danseurs du Ballet du Grand Théâtre de
Genève évoluent sur la trame du Tristan et
Isolde de Richard Wagner. Joëlle Bouvier signe une chorégraphie poignante à la
démesure de cet opéra de l’amour fou, dont
la fin tragique est presque une délivrance.
Le dépouillement du plateau et les quelques
accessoires dont s’emparent les personnages
(cordes, planches, bâtons...) relèvent encore
la force du propos.
9 décembre
Théâtre de la Licorne, Cannes
04 89 82 20 95 cannes.com
Tristan et Isolde : Salue pour moi le monde
22 & 23 novembre
Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes
04 66 36 65 10 theatredenimes.com
Et même si je me perds...
Le dramaturge japonais Shiro Maeda est
une star en son pays. Le théâtre de Nîmes
l’accueille pour deux représentations exceptionnelles de cette pièce centrée sur la génération des trentenaires tokyoïtes. À travers
l’histoire d’une jeune femme désorientée
par le monde contemporain, se dessine un
malaise urbain des plus intenses, souligné
brillamment par une mise en scène flirtant
avec le surréalisme.
© Manuelle Toussaint
La femme tondue
16 & 17 novembre
Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes
04 66 36 65 10 theatredenimes.com
© Isabelle Arthuis
© Gotanndadan
29 novembre au 1er décembre
Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes
04 66 36 65 10 theatredenimes.com
Anton Prinner était sculpteur, un mot qui
« n’a pas de féminin » selon cet artiste né femme
au début du XXe siècle. Sa pièce La femme
tondue, publiée à compte d’auteur en 1946,
évoque le sort réservé à celles qui avaient
« fauté » avec l’envahisseur allemand, pendant
la Seconde Guerre mondiale. Emma Morin
met en scène ce cri outragé, véritable poème
de la honte infligée au corps des filles d’Ève.
24 & 25 novembre
Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes
04 66 36 65 10 theatredenimes.com
Extremalism
Les Ballets de Monte Carlo invitent au cours
de leur saison de talentueuses compagnies,
ouvrant leurs portes à des approches et des
esthétiques différentes. Exploration des limites
du corps en mouvement, Extremalism, la
chorégraphie composée par Emio Greco
et Pieter C. Scholten, tend à retrouver
l’évidence simple du geste face aux questionnements du monde en crise. Les danseurs du
Ballet National de Marseille interprètent
avec brio cette œuvre ancrée dans le présent
et ses inquiétudes.
10 décembre
Salle Garnier, Opéra de Monte Carlo,
Monte Carlo
377 97 70 65 20
balletesdemontecarlo.com
62 au programme spectacles gard hérault
Jours étranges
La Cie Hop ! Hop ! Hop ! propose deux
versions d’Alice au Pays des merveilles, la
première pour le jeune public à partir de 6 ans,
la seconde dès 3 ans. Christine Le Berre a
sollicité une danseuse, Florence Casanave,
pour interpréter la fillette, et met en scène
l’auteur de l’histoire lui-même, Lewis Carroll.
Un protagoniste qui tente sans grand succès
de diriger son propre personnage principal :
belle métaphore de l’autonomie de la création...
et de celle des enfants.
L’Art de la comédie
Patrick Pineau met en scène une pièce
d’Eduardo de Filippo, grand auteur populaire
italien. Un directeur de théâtre demande une
aide au préfet, lequel considère les comédiens
comme futiles et superfétatoires... Via une
mise en abîme ingénieuse, entre politique et
dramaturgie, L’Art de la comédie démontre
par A plus B que raconter des histoires est
une nécessité vitale à l’humanité. Si, en plus,
on peut avoir le plaisir de berner un préfet...
© Caroline Ablain
Tout près d’Alice © Didier Martin
De l’autre côté...
Le chorégraphe Dominique Bagouet,
rejouant sa propre adolescence, a composé
cette pièce dans un élan de liberté qui
balayait les souvenirs, les faisant ressurgir
pour chacun d’entre nous, sur l’air fameux des
Doors, Strange Days. Catherine Legrand
revisite avec six danseuses une chorégraphie
pleine de fougue, hommage de la jeunesse
d’aujourd’hui à celle de mai 68.
De l’autre côté d’Alice
7 décembre
Tout près d’Alice
10 décembre
Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes
04 66 36 65 10 theatredenimes.com
25 novembre
Le Cratère, Alès
04 66 52 52 64 lecratere.fr
©.patrick Pineau.
Animal
L’ours qui avait une épée
© Gianluca Foli
© Pascal Holtzer
18 & 19 novembre
Le Cratère, Alès
04 66 52 52 64 lecratere.fr
La bonne nouvelle
Après trois décennies de bons et loyaux services, la Cie Flash Marionnettes, fondée
en 1981 par Corine Linden et Francesca
Sorgato, tire sa révérence avec un « bouquet final » consacré au monde animal. En
remontant 65 millions d’années en arrière,
au temps des dinosaures, jusqu’à nos jours
où l’humanité, prédateur ultime, assiste en
direct à une nouvelle extinction massive des
espèces, quasiment comme si elle n’était
pas concernée.
À partir de 7 ans.
Il y a des précédents : des traders repentis,
des anciens d’HEC qui renient leur credo
libéral, des lobbyistes qui lâchent l’industrie pétrochimique pour se reconvertir dans
l’élevage de proximité. Mais ils sont trop
peu nombreux ! Si seulement cette pièce
pouvait relancer les défections, François
Bégaudeau et Benoît Lambert n’auraient
pas œuvré en vain. Mettant en scène des
technocrates en pleine crise de conscience,
ils proposent une forme de déradicalisation
des plus pertinentes.
Pour 5 dates, le Camion à histoires du
théâtre Lardenois et Cie fait étape en pays
d’Alès, avec ce spectacle destiné au jeune
public à partir de 3 ans. L’ours qui avait une
épée en use bien mal, fauchant une forêt
entière, avant de réaliser que cela pourrait
bien se retourner contre lui ! De quoi éveiller
en douceur le respect de la nature et d’autrui.
Attention jauge très limitée (25 places par
représentation), pensez à réserver.
15 & 17 novembre
Le Cratère, Alès
04 66 52 52 64 lecratere.fr
22 & 23 novembre
Le Cratère, Alès
04 66 52 52 64 lecratere.fr
28 novembre au 2 décembre
Le Cratère, Alès
04 66 52 52 64 lecratere.fr
63
La Belle et la Bête
« 24 : 42 »
ou le souffle du mouflet
Machine de cirque
© Olivier-Houeix
Voilà, ça y est, l’Apocalypse a eu lieu. Quinze
ans plus tard, il n’y a plus grand monde sur
Terre. Mais loin de décourager Vincent
Dubé et ses artistes, l’adversité stimule leur
exceptionnelle capacité de rebondissement.
Et voilà nos courageux circassiens québécois
enchaînant les numéros de haute voltige,
planche coréenne et acrobatie, bien décidés
à découvrir d’autres rescapés.
À partir de 8 ans.
© Sebastien Isaia
Quand le Ballet de Biarritz s’empare de
La Belle et la Bête, rien n’est négligé : ni
les décors, ni les costumes, ni la mise en
scène de Thierry Malandain. Mais bien
évidement, ce qui éclate dans ce bel écrin,
c’est le talent des 22 danseurs interprétant
cette histoire fantastique, « récit initiatique
visant à résoudre la dualité de l’être : la Belle
incarnant l’âme de l’être humain et la Bête
sa force vitale et ses instincts ».
Un aller-retour entre deux pointures : celles du
pied du circacien Fabien Coulon entre ses 4
ans et aujourd’hui. Avec le musicien Olivier
Merlet, autre pointure, pour l’invention sonore
avec objets variés, il entraîne petits et autres
sur le chemin d’un cirque qui détourne les
codes temporels, entretenant le flou, mêlant
enfance et âge adulte. Retrouver son regard
de mouflet : de la vraie magie.
6 & 7 décembre
Le Cratère, Alès
04 66 52 52 64 lecratere.fr
Les Chaises
Marmalade
29 novembre
Le Cratère, Alès
04 66 52 52 64 lecratere.fr
1er décembre
Domaine d’O, Montpellier
0800 200 165 domaine-do-34.eu
Ninet’Inferno
Attention : talent. Des talents qui se répondent,
inspirés par l’inépuisable William Shakespeare. Celui de Mathurin Bolze, l’homme
qui fait vibrer d’émotion les trampolines, celui
de l’acteur Pascal Greggory, enflammé
comme jamais pour un plus jeune que lui, et
celui, magnifié par l’esprit collectif, du quatuor
à cordes Debussy. On doit au metteur en
scène Roland Auzet la confluence de ces
disciplines, au service des immortels Sonnets.
2 décembre
Le Cratère, Alès
04 66 52 52 64 lecratere.fr
Toutes ces chaises sur le plateau, et ces invités
illustres qui n’arriveront jamais… Bernard
Levy décide de monter la pièce de Ionesco
en s’affranchissant de l’absurdité du texte.
Le couple (Thierry Bosc et Emmanuelle
Grangé) navigue entre poésie et détresse de
la grande vieillesse. Et on plonge finalement
dans un certain réalisme.
Un cirque dansé, chorégraphié par la suédoise
Claire Parsons. Elle s’adresse aux tout-petits,
dès deux ans. Sur une musique de Nino
Rota, (tirée du film de Fellini Amarcord),
Moa Westerlund et Viktor Gyllenberg,
maquillés pour se faire des têtes de Giuletta
Masina, jonglent avec les matières, les couleurs,
les sons, dans une atmosphère très cocoon.
Un spectacle joué plus de 300 fois en Suède
depuis sa création en 2013.
© Mats Asman
© Regis Durand De Girard
© Loup-William Théberge
7 au 11 décembre
Théâtre d’O, Montpellier
0 800 200 165 domaine-do-34.eu
17 au 19 novembre
Théâtre d’O, Montpellier
0 800 200 165 domaine-do-34.eu
28 au 30 novembre
Théâtre sortieOuest, Béziers
04 67 28 37 32 sortieouest.fr
10 & 11 décembre
Théâtre d’O, Montpellier
0 800 200 165 domaine-do-34.eu
64 au programme spectacle hérault
To Walk the Infernal Fields
Hearing
Deuxième chapitre, sur les dix prévus, de
l’incursion biblique Heavy metal proposée
par Markus Öhrn (voir critique de la première
partie page 30). La création du monde, inspirée
de celle narrée dans l’Ancien Testament.
Boules Quies fournies à l’entrée, plongée
dans l’angoisse, sensation physiquement
oppressante. Un spectacle dérangeant, suite
de performances au parfum sulfureux.
Fruit de la nouvelle région Occitanie, ce ballet
classique réunit deux grandes institutions : le
Ballet du Capitole de Toulouse et l’Orchestre
National de Montpellier. A la chorégraphie : le
directeur du Capitole et ancienne étoile Kader
Belarbi. À la direction musicale : Philippe
Béran. Le chorégraphe s’attache à maintenir
la pièce dans une actualité empreinte de toute
l’épaisseur des multiples interprétations du
chef-d’œuvre.
© Amir Hossein Shojaei
© Marc Ginot
Giselle
C’est une supposition qui crée toute l’intrigue
de l’auteur iranien Amir Reza Koohestani : une voix d’homme aurait peut-être
été entendue dans un dortoir féminin. C’est
alors une cascade d’accusations, d’intimités
solidaires qui se nouent dans ce texte joué
en persan, surtitré en français. C’est une
mise en scène de la censure entre femme qui
interroge le regard et la surveillance.
1er au 3 décembre
Domaine de Grammont, Montpellier
04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr
15 & 16 novembre
Théâtre de la Vignette, Montpellier
04 67 14 55 98 theatredelavignette.fr
© David Herrero
Allez mourir plus loin
Ste-Jeanne des abattoirs
Titre violent et provocateur, à la hauteur de
l’ambition des deux créateurs. Les portugais
Ana Borralho et João Galante pratiquent
un théâtre ancré dans le contemporain,
bousculant les certitudes bien-pensantes.
Il s’agit ici de questionner l’exil, et « l’accueil »
réservé aux migrants. Sur scène, les corps
sont livrés à des manipulations qui soulagent
ou asservissent. Mais qui prend soin de qui ?
7 au 9 décembre
Domaine de Grammont, Montpellier
04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr
© Soraya Hocine
© Marc Ginot
16 & 17 novembre
Le Corum, Montpellier
0 800 600 740 montpellierdanse.com
Par/ICI
Tout au long de la saison, le Centre Chorégraphique national de Montpellier distille
une programmation née des résidences d’artistes : spectacles, rencontres, films, travaux
en cours… Tuur Marinus inaugure la série
(19 et 29 novembre). Une décomposition du
mouvement proche de la photographie. Sofia
Dias & Victor Roriz vont improviser trois
performances, creusant une réflexion sur le
mot (7, 8 et 14 décembre).
19 & 29 novembre et 7, 8 & 14 décembre
ICI Institut Chorégraphique International,
Montpellier
04 67 60 06 70 ici-ccn.com
Deux sauts dans le temps : celui effectué
par l’auteur, Bertolt Brecht, en inventant
cette nouvelle Jeanne Dark, passionaria des
travailleurs de la viande dans le Chicago des
années 30. Et celui impulsé par la metteure
en scène Marie Lamachère, qui transpose
et décline la lutte entre patrons et ouvriers au
cœur de la violence économique d’aujourd’hui.
Une crise aux accents universels.
7 & 8 décembre
Théâtre de la Vignette, Montpellier
04 67 14 55 98 theatredelavignette.fr
65
Andy’s gone
La Chute
Le chorégraphe Wim Vandekeybus s’intéresse dans sa dernière création à l’impalpable
mais si prégnante sensation amoureuse…
Huit danseurs pour traduire les émotions, une
musique composée par Mauro Pawlowski
et son groupe de rock expérimental dEUS. Sur
scène, la charismatique chanteuse sud-africaine Tutu Puoane distille un envoutant son
soul. Moment intense où toute la palette des
sentiments est mise en corps.
Le célèbre monologue de Jean-Baptiste
Clamence, avocat désenchanté. Jean-Marc
Bourg incarne le personnage créé par Albert
Camus, adapté et mis en scène par Stéphane
Laudier (Cie V-2 Schneider). Une prise de
conscience douloureuse.
© Marc Ginot
Speak low if you speak love…
15 novembre, Aigues Vives
27 novembre MAM, Béziers
2 décembre, Roujan
22 novembre Collège Lucie
Aubrac, Béziers
04 67 28 37 32
2 décembre
Théâtre Molière, Sète
04 67 74 66 97 theatredesete.com
JM Bourg © Marc Guinot
© Danny Willems
Sur un texte de la québécoise M-C Verdier,
Julien Bouffier (Cie Adesso e sempre)
invite, dans le cadre de Collège en tournée,
une Antigone contemporaine à venir à la rencontre des élèves –et autres publics (spectacle
gratuit sur réservation). Les enjeux sont à la
fois modernes et mythiques, l’imaginaire et
la réalité s’allient pour parler d’adolescence.
sortieouest.fr
Souvenirs assassins
Alice et autres merveilles
© Jean Louis Fernandez
© Marie Clauzade
Le plateau est recouvert d’un miroir d’eau.
Magnifique trouvaille pour une mise en jeu
du texte de Lewis Carroll par Fabrice
Melquiot, créée par Emmanuel Demarcy-Mota. Tout le monde est là : Alice, aventurière ingénue, le lapin blanc, un couple royal
arborant une bannière de cœur. Mais surtout,
il y a tellement d’invention dans ce classique
pour enfants ! Les adultes devraient demander
la permission d’y aller.
8 & 9 décembre
Théâtre Molière, Sète
04 67 74 66 97 theatredesete.com
Serge Mazzuchini interprète ce qui doit
être le fantasme du comédien : un personnage habité par une kyrielle de personnalités.
Dag Jeanneret (Cie In Situ) orchestre la
multitude de présences et de pensées qui
se bousculent dans la tête de cet homme
imaginé par Serge Valetti. Tempête sous
un crâne : un psychiatre, une vieille dame, un
ébéniste, un marchand d’ours en chocolat…
C’est trop pour un seul homme !
18 au 20 novembre
Théâtre sortieOuest, Béziers
04 67 28 37 32 sortieouest.fr
25 novembre,
médiathèque, Magalas
29 novembre,
médiathèque, Montarnaud
3 décembre,
médiathèque, La Tour-sur-Orb
6 décembre,
médiathèque, Cazouls-lès-Béziers
9 décembre,
médiathèque, Riols
13 décembre,
médiathèque, Maraussan
04 67 28 37 32
sortieouest.fr
Mon cœur é fou
Francis Palanc, Constance Swarztlin-Berberat et Jeanne Tripier sont trois
créateurs d’art brut, celui qui émerge « par
hasard », sans codes, sans professeurs, sans
livres. Se saisissant des écrits de ces trois
représentants majeurs de ce qu’on appelait
« l’art des fous », Sandrine Le Metayer (Cie
Doré) compose une partition pour clowns
« imprévisibles », dans un cabaret où toutes
les folies prennent sens.
2 décembre,
Salle Marcel Roux, Le Bousquet-d’Orb
04 67 28 37 32 sortieouest.fr
66 au programme cinéma vaucluse bouches-du-rhône
plus de cinéma sur journalzibeline.fr
L’humanité en courts
C’est Yolande
Moreau qui sera
l’invitée d’honneur
de la 23 e édition
des Rencontres
Court c’est Court
de Cabrières d’Avignon : l’occasion
de (re)découvrir
l’univers de cette
« géante aux yeux
nus », à travers
plusieurs courts
métrages dont Sept
Sept pièces, s.d.b., cuisine © Ciné-Tamaris
pièces, s.d.b., cuisine,
(À saisir ) d’Agnès Varda ou le documentaire Comme chaque année, des films, variés, courts
qu’elle a réalisé, partie à la rencontre des de Méditerranée, en PACA, films d’animation
réfugiés de Calais, Nulle part , en France. ou fantastiques, documentaires, panoramas
de courts récents, venus de tous les horizons
et un focus sur Les Pays Bas, son humour
particulier et sa poésie.
Durant 5 jours, du 16 au 20 novembre, faites
votre choix parmi la centaine de courts
proposés et ne ratez surtout pas Quelque
chose des hommes de la cinéaste Stéphane
Mercurio, Madam Black d’Ivan Barge, Ghost
Cell d’Antoine Delacharlery, ni Shok de
Jamie Donoughue… Et quand vous aurez
envie prendre l’air, une promenade à travers
le village à voir et écouter, La Solitude, le
Rêve et l’Écran vous est proposée par l’artiste
plasticienne Séverine B.
Atlal
Soirées espagnoles
Association Cinambule, Cabrières d’Avignon
04 90 06 03 22 cinambule.org
L’Egypte à l’Eden
Atlal de Djamel Kerdar © Pascale Ramonda
Le 15 novembre à 20h, soirée Vidéo FID :
projection de Atlal (prix Premier 2016) en
présence du réalisateur Djamel Kerdar,
accompagné de sa productrice Narimane
Mari.
Les jeunes d’un village algérien ravagé dans
les années 90 par les affrontements, sans
travail, qui n’ont d’autre horizon que fuir
le pays, ou croupir sur place, se réunissent
pour parler, boire, rapper, fumer. Atlal veut
dire « ruines » !
04 95 04 44 90
En partenariat avec AFLAM (voir p 69),
weekend de cinéma égyptien à l’Eden de
La Ciotat. Le 25 novembre à 20h30, Clash de
Mohamed Diab. Le 26, deux films de Salah
Abou Seif, réalisateur égyptien disparu il
y a 20 ans, compagnon de route de Naguib
Mahfouz. À 18h, Ton jour viendra, adapté
librement de Thérèse Raquin d’Emile Zola.
À 20h 30, Le Caire 30, d’après le roman La
Belle du Caire de Naguib Mahfouz, dont le
parcours sera présenté par Nivine Khaled,
Conseillère culturelle de l’Ambassade d’Egypte
à Paris et une lecture par Anny Romand.
FID, Marseille
fidmarseille.org
Laïcité
Le 4 décembre à 18h30 à Eden Théâtre, Art et
Essai Lumière propose Les 3 vies du Chevalier en présence du réalisateur, Dominique
Dattola, qui éclaire l’évolution de la liberté de
penser depuis l’Ancien Régime en suivant les
rebondissements d’une affaire emblématique :
l’Affaire n°23 dite « La Barre » ; un procès
arbitraire instruit en France au siècle des
Lumières.
Art et Essai Lumière, La Ciotat
06 64 85 96 40 artetessailumiere.fr/
Le Caire 30 de Salah Abou Seif Le Caire 30 © les films du Caire
04 96 18 52 49
Eden Théâtre, La Ciotat
edencinemalaciotat.com/
Techo y Comida de Juan Miguel de Castillo © Diversa Audiovisual
En partenariat avec CineHorizontes, l’Eden
propose deux soirées espagnoles. Le 16
novembre à 21h, Maman a cent ans en
présence de Carlos Saura, accompagné
d’Emmanuel Larraz, auteur de la première
histoire du cinéma espagnol en langue française. Anna est vivante et mariée à Antonio.
Tous deux reviennent dans la demeure où Anna
fut gouvernante quelques années auparavant
afin de fêter les cent ans de la matriarche de la
famille. Mais l’anniversaire de la grand-mère
va provoquer un conflit familial… Le 22 à 21h,
ce sera Techo y Comida de Juan Miguel
de Castillo qui a obtenu le Grand Prix du
public au Festival de Malaga.
04 96 18 52 49
Eden Théâtre, La Ciotat
edencinemalaciotat.com/
Jeune cinéma syrien
Skin d’Afraa Batous © Raya Yamisha
Le 16 novembre, en partenariat avec Image de Ville et les
Rencontres Internationales des Cinémas Arabes, le Méliès de
Port-de-Bouc propose une soirée sur le jeune cinéma syrien.
À 18h30, un film d’Avo Kaprealian, Houses Without Doors,
qui évoque la fin de la communauté arménienne d’Alep. À
21h15, Skin d’Afraa Batous qui explore les souvenirs de
deux de ses plus proches amis, Hussein et Soubhi, en lutte
pour réconcilier leurs actions politiques et sociales dans des
temps troublés. La projection sera suivie d’un débat avec la
réalisatrice et Delphine Leccas, directrice artistique des RICA.
Cinéma Le Méliès, Port-de-Bouc
04 42 06 29 77 cinemelies.fr
N°licence : 1-1091-602 / 2-102-7568 / 3-109-4105 • ZEFACTORY
Un Noir sous le soleil
Un noir au soleil de Lorenzo Ferrigno © Trina Prod
Le 22 novembre à 18h30, au Comoedia de Miramas, Lorenzo
Ferrigno animera une soirée dédiée au cinéma local où
seront projetés Toril de Laurent Tessier, et son propre film,
Un Noir sous le soleil, l’histoire d’« un petit caïd de quartier
[qui] commandite l’exécution d’un baron de la pègre à un
couple de tueurs à gages inexpérimentés ». Tourné à Berre
l’Etang, « sans tête d’affiche mais avec des vraies gueules
de cinéma », ce premier long métrage prend un ton décalé
pour dire l’odieuse réalité des crimes de sang liés au trafic
de drogue. Le tout nappé d’un blues marseillais des plus
enivrants, composé par Philippe Troisi.
VENDREDI 18 NOVEMBRE - 20H30
CITÉ DE LA MUSIQUE, LA MAGALONE : 245bis, Boulevard Michelet Marseille 9ème
Peedu KASS [Basse], Kristjan RANDALU [Piano], Toomas RULL [Batterie]
Tarifs : 12€/10€
Co-réalisation : Ambassade de la République d’Estonie en France, le Ministère Culture d’Estonie
et la Cité de la Musique de Marseille.
Cinéma Le Comoedia, Miramas
04 90 50 14 74 scenesetcines.fr
Billetterie en ligne : www.citemusique-marseille.com
04 91 39 28 28
68 au programme cinéma bouches-du-rhône
La Méditerranée dans tous ses États
J
’ai 20 ans. Je suis gratuit. Je propose
réflexions et analyses pour comprendre
le monde méditerranéen du Maghreb au
Proche Orient, de la Vieille Europe à l’Anatolie
en passant par les Balkans. Je m’installe à la
Villa Méditerranée, au MuCEM et à l’Alcazar
du 20 au 26 novembre. Qui suis-je ?
Tout le monde l’aura deviné ! Le PriMed (Prix
International du Documentaire et du Reportage
Méditerranéen) dont cette 20e édition s’enrichit d’un partenariat avec CineHorizontes
et amplifie son action en direction des jeunes
lycéens de la Région.
On retrouvera à travers les 24 films en compétition pour 7 prix et une Mention spéciale,
de nombreux thèmes d’actualité. L’occasion,
grâce aux réalisateurs invités, d’approfondir et
de multiplier les points de vue sur des sujets
trop souvent survolés.
Au premier plan la Syrie bien sûr, avec entre
autres une projection-débat destinée à 300
lycéens : Daesh, Paroles de déserteurs réalisé
par Thomas Dandois et François-Xavier
Tregan qui ont approché le réseau clandestin
d’exfiltration des combattants de l’EI. Passé et
présent s’éclairant mutuellement, on reviendra
sur la guerre du Liban (Wheels of war de Rami
Kodeih), sur le massacre de Sabra et Chatilla
(Blind Justice de Baheyyah Al-Nammour),
sur les tensions israélo-égyptiennes (Arabic
Movies d’Eyal Sagui Bezawie et Sara
Daesh, Paroles de déserteurs © ARTE
Tsifroni), et sur le combat, en 1936, 40 ans
avant Simone Weil, d’une Ministre de la jeune
République espagnole pour imposer le droit à
l’avortement (Federica Montseny, l’Indomptable
de J.M Rodrigo). Angélique Kourounis
dans son Aube dorée, une affaire personnelle
nous éclairera sur la montée des fascismes en
Europe et Olivier Toscer nous dira tout sur
les liens entre Berlusconi et la mafia. On parlera
des mutations urbaines du quartier de la Belle
de mai à Marseille dans Murat le géographe
de Samuele Pellecchia, de la métamorphose
de Casablanca sous influence espagnole (La
fabulosa Casablanca de Manuel Horrillo)
et de bouleversement religieux à Naples
(Napolislam d’Ernesto
Pagano). Sans oublier
dans la section art,
Patrimoine et Cultures,
le voyage à faire avec
Aram et Virginia, deux
arméniens de la diaspora
pour recouvrer la richesse
oubliée des chants ancestraux (Chœurs en exil de
Nathalie Rossetti et
Turi Finocchio). Bref,
un itinéraire passionnant pour appréhender
la complexité de cette
Méditerranée fondatrice
et tragique. Le jury présidé par Antoine Sfeir
aura fort à faire !
Ouverture de la manifestation par une journée spéciale Prix du jury, le 20 au MuCEM.
Cérémonie de clôture et de remise des Prix
animée par le parrain de l’édition, Moussa
Maaskri, le 25, dans l’auditorium de la Villa
Méditerranée où les films primés seront projetés
le lendemain.
ÉLISE PADOVANI
PriMed
20 au 26 novembre
Villa Méditerranée, BMVR Alcazar, MuCEM,
Marseille
primed.tv
Goût du Risc
L
es RISC célèbrent cette année
leur 10e édition, en conservant
pour partenaire principal le
cinéma Les Variétés, dont le festival soutient activement l’équipe,
mise en difficulté par son gestionnaire (lire les articles consacrés à ce
sujet sur journalzibeline.fr). Dix ans
de Rencontres Internationales
Sciences & Cinémas, dix ans de I made you i kill you d’Alexandru Petru Badelita
curiosité « pour toutes les images en
du merveilleux » révélera les traces du passé
mouvement » et de goût de la recherche, qui à Berlin, et sur les lieux du tournage de Peau
cette fois encore irriguent une belle program- d’Âne, de Jacques Demy. La remise des prix aura
mation. Sur plus de 600 œuvres émanant du lieu le 26 au même endroit, où vous êtes invités
monde entier, une cinquantaine de courts, à venir fêter « 10 ans de RISC et l’Apocalypse »,
moyens, et longs métrages ont été retenus. avec en prime la projection en avant-première
Ouverture le 19 novembre aux Variétés, donc, du documentaire de science-fiction Homo
en partenariat avec l’École d’Art et de Design sapiens, de Nikolaus Geyrhalter. Entre
Marseille-Méditerranée : les étudiants de l’ES- ces deux dates, de très nombreuses séances
ADMM ont concocté avec À la conquête du sont prévues au cinéma de la Canebière, mais
réel un programme télévisuel complet. En aussi au Muséum d’histoire naturelle,
seconde partie de soirée, une « Archéologie au Gyptis, ou encore à la BMVR Alcazar,
souvent en présence de scientifiques et/ou de
réalisateurs. Le 20 novembre, le jeune public à
partir de 6 ans pourra découvrir une sélection
ludique et pertinente, couronnée d’un goûter.
Le soir aura lieu le 1er Concours de films de
doctorants et post-doctorants de la Région
PACA. Le lendemain, on ne manquera pas
la masterclass proposée par Jean-Marie
Schaeffer, directeur de recherche au CNRS,
spécialiste d’esthétique philosophique et de
théorie des arts, à la BDP13.
Et si vous voulez un avant-goût du festival,
rendez-vous le 15 novembre au Vidéodrome2
pour un Before qui en présentera la programmation détaillée.
GAËLLE CLOAREC
Rencontres Internationales
Sciences & Cinémas
19 au 26 novembre
Divers lieux, Marseille
04 91 91 45 49 pollymaggoo.org
69
Aix, le pays du court
L
e court métrage a la côte ! Après le succès
de Courts Bouillon à Rousset, avec plus de
1000 spectateurs en 4 séances, c’est au
tour du grand frère, le Festival Tous Courts
d’Aix-en-Provence de nous présenter sa 34e
édition du 28 novembre au 3 décembre.
Plus de 200 films issus de 26 pays, dont 50 en
« Compétition Internationale », et de petits
bijoux comme Limbo de Konstantina Kotzamani ou Au bruit des clochettes de Chabname
Zariab. En « Compétition Expérimentale », 30
films aux regards variés et aux expressions
techniques et scénaristiques innovantes, venus
de 18 pays.
Mais Tous Courts, c’est aussi un « Visa pour
l’Algérie », avec des films de Béjaïa. Comment le cinéma peut-il rendre compte de
notre époque ? C’est ce que nous propose le
programme « Migrations », avec Boat people de
Paul Meschùh, Brûleurs de Farid Bentoumi…
Comme chaque année, un film en région
(Ravachol de Bernard Cerf qui interroge
Nouveau pour cette édition, la
soirée « Polar SNCF » où le public
pourra élire le lauréat 2017, peut-être
Premier jour de Yohann Charrin
ou The man from the Council de
Barnaby Southcombe ?
La « Nuit du Court » sera en mode
Road Movie le vendredi 2 décembre:
Limbo, de Konstantina Kotzamani © Sacrebleu Productions
Et on n’oublie pas Marc Ripoll, une
une figure emblématique de l’Anarchie), deux mémoire du court-métrage d’Aix (lire sur
programmes « Motion design » choisis par journalzibeline.fr ) ; Il appréciait Blandine
l’association Motion+ et une soirée ARTE, où on Lenoir (Rosa), Emmanuelle Pretot (La Vie
pourra découvrir Même le vent semble pleurer par volutes). Un hommage lui sera rendu avec
de Jean Gabriel Périot et Manuel de survie les courts qu’il a aimés.
d’un combattant de Wissam Charaf. Sans Une 34e édition très alléchante qui ne pourra
oublier la traditionnelle soirée de l’Institut de que réjouir les amateurs de ces courts voyages
l’image qui permettra de (re)voir J’ai marché en cinéma.
ANNIE GAVA
jusqu’à vous - récit d’une jeunesse exilée de
Rachid Oujdi (lire sur journalzibeline.fr). L’Âge
des sirènes d’Héloïse Pelloquet ou La Laine Festival Tous Courts
Aix-en-Provence
sur le dos de Lotfi Achour font partie de la 04 42 27 08 64
séance « Coups de cœur » des programmateurs.
festivaltouscourts.com/FTC2016/
Dans l’Aflam du réel
Le temps d’Aflam, festival de cinéma arabe
qui rayonne auprès de tous les publics,
est revenu, témoignant d’une actualité
toujours plus brûlante
Q
uatrièmes rencontres internationales...
Chaque année, depuis que ces rencontres
du cinéma arabe existent à Marseille, on
craint qu’elles ne disparaissent, au gré des
changements politiques et des réductions de
budgets. Chaque année elles se renforcent,
malgré les difficultés. Elles sont désormais,
depuis Marseille Provence 2013, non plus
un festival consacré à un cinéma national
chaque année, mais de véritables rencontres
internationales, programmant des films en
exclusivité européenne, organisant des master
classes, des débats avec les réalisateurs, des
conférences et des concours, travaillant toute
l’année auprès des établissements scolaires
pour promouvoir ces cinémas singuliers, qui
nous parlent si vivement des secousses qui
ébranlent les mondes arabes.
Au programme, une master class en partenariat
avec l’EHESS (voir p14), des cafés cinés au
MuCEM dans le cadre de son expo CaféIn
(voir p24) et un peu de répertoire pour rappeler
que le cinéma arabe n’est pas né hier : une
rétrospective Salah Abou Seif (1915-1996),
virtuose de l’âge d’or égyptien, dont les six films
projetés retracent l’invention des sociétés
moyen-orientales (voir À peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid © Shellac copie
p.66). Mais l’essentiel du festival se consacre de Lokman Slim et Monika Bergmann).
aux films sortis ces deux dernières années. Une partie de la sélection s’attache aussi aux
Parce que l’actualité est brûlante, parce que histoires individuelles (À peine j’ouvre les yeux
le cinéma, fictionnel ou documentaire, permet de Leyla Bouzid, We’ve never been kids de
d’appréhender des réalités difficiles à saisir sur Mahmoud Soliman), qui témoignent égalenos écrans d’actualité immédiate.
ment des impasses et des luttes. Et nombres
Les impasses sociales, politiques ou écono- de réalisateurs questionnent leurs origines,
miques sont au cœur de la plupart des films celles de leur famille, en écho avec l’histoire
présentés. Les personnages les contournent, de leurs exils (Houses without doors de Avo
les affrontent, s’y soumettent ou tentent d’en Kaprealian, Algérie du possible de Viviane
sortir. Ainsi Le Puits de Lotfi Bouchouchi, Candidas...).
AGNÈS FRESCHEL
Un assiégé comme moi de Hala Alabdallah, Tunisia Clash de Hind Meddeb, ou Off
the Coast de Mahmoud Safadi mettent en Les itinérances d’AFLAM
Port-de-Bouc au Méliès le 16 novembre,
scène des luttes collectives pour échapper à Marseille au Prado le 24 novembre,
l’oppression. Que le ton soit comique (The La Ciotat à l’Eden le 26 novembre,
sea is behind de Hisham Lasri) ou tragique Marseille à l’Alhambra le 28 novembre,
Arles au Méjan le 29 novembre
(Ennemis intérieurs de Sélim Azzazi), la réalité sociale est toujours fortement présente. AFLAM
L’immigration aussi (Now, end of the season MuCEM, Villa Méditerranée, Variétés,
Gyptis, Miroir (Marseille)
de Ayman Nahle), la prison de Palmyre et 30 novembre au 4 décembre
les tortures du régime des Assad (Tadmor
aflam.fr
70 critiques cinéma
Elles ne cèdereront rien
«
Elles ne cèdereront rien », le teaser
des Rencontres Films Femmes
Méditerranée, l’affirmait, haut et
fort, cette ténacité des Méditerranéennes à
exister dans des sociétés qui ne leur donnent
pas toujours voix et place légitimes, cette
persévérance des réalisatrices à filmer et
des organisatrices à faire vivre depuis 11 ans
cette manifestation, en dépit de son budget
modeste. La programmation 2016 a juxtaposé,
à côté des hommages à Chantal Akerman
et Juliet Berto, des films-champagne tel le
Latin lover de Cristina Comencini, plongée
parodique dans l’histoire du cinéma au bras
d’actrices déjà légendaires, des films coups
de poing tel le dérangeant Pourquoi m’as-tu
abandonné de Hadar Morag, des films-contes
tel Histoire d’une mère de Sandrine Veysset,
des films-voyages tel Birds of September de
Sarah Francis, des films-mémoire sombres
ou solaires, parfois les deux.
Comme toujours, la table ronde organisée à la
Villa Méditerranée, le 11 octobre en partenariat
avec Arte Actions Culturelles autour du film
de Marianna Economou The longest Run,
fut un temps fort, ouvrant le débat sur l’accueil
des Jeunes Migrants en Europe.
La jeune réalisatrice grecque Geneviève
Jacques, Présidente de la Cimade, et le
passeurs pour faire entrer des
clandestins en Grèce, étaient
passibles de 25 ans de prison !
Dès lors elle s’est démenée
pour y entrer, en prison ! Et
son opiniâtreté a payé. Sur
les 10 prisonniers qu’elle a
rencontrés dans l’établissement pénitentiaire de Vólos
qui ne reçoit que ces migrants
mineurs, elle a choisi Jasim
et Alsaleh. Un Syrien et un
Irakien soupçonnés chacun
de leur côté d’avoir « apporté
leur secours à des passeurs ».
On va vivre, jour après jour,
leur attente du procès, dans
l’espace confiné de la cour,
des couloirs, des cellules, dans
l’ennui de la vie carcérale.
On va mesurer leur détresse,
leur impuissance quand, à
l’autre bout du téléphone, ils
entendent la douleur d’une
mère, apprennent la mort
Teaser de Marta Anatra © A.G.
d’amis. On va épouser leurs
angoisses : seront-ils jugés
Directeur de Trajectoires, Alexandre Le comme adultes ou mineurs ? Auront-ils un
Cleve, ont croisé leurs expériences et leurs avocat valable ? Réuniront-ils les papiers
réflexions. L’arrivée de jeunes mineurs nécessaires ? Et le suspense distillé tout au
étrangers non accompagnés en Europe est long de ce compagnonnage ne s’arrêtera
un phénomène qui s’aggrave. La loi impose pas à leur libération. Car ils ne sortent que
d’accorder protection aux jeunes de moins pour se retrouver dans une nouvelle prison,
de 18 ans, mais les autorités dans des dérives quitter la Grèce leur étant interdit, bien qu’il
xénophobes ne la respectent pas toujours, y soit si difficile d’y vivre. « N’oublie pas ce
voyant en eux des étrangers indésirables que tu vaux », dit Alsaleh à Jasim au moment
plus que des enfants perdus, fuyant guerre et où ils se séparent. N’oublions pas ce qu’ils
misère. Des gamins en danger, ayant franchi valent, semble dire la réalisatrice que le public
des milliers de kilomètres, vivant dans des nombreux de la Villa Méditerranée a applaudi.
« jungles », de Calais ou d’ailleurs, réelles et Comme la très belle femme photographiée
métaphoriques, menacés de violences et par Fathia Zemmouri sur l’affiche FFM
d’exactions. Après les frontières géopolitiques, 2016, par bien des côtés ces 11e Rencontres
ils se trouvent confrontés à celles, tout aussi ont déchiré le voile.
ELISE PADOVANI
redoutables de la bureaucratie. Les participants de cette table ronde ont souligné les
limites juridiques des actions citoyennes
individuelles, rappelé la nécessité absolue
d’écouter la parole de ces jeunes gens, de ne
pas « s’habituer » à l’inacceptable et de faire
pression sur l’État pour trouver des solutions.
S’approcher, écouter, comprendre, c’est ce qu’a
fait avec ses moyens de cinéaste Marianna
Economou dans The Longest Run. L’idée de L’édition 2016 des Rencontres Films
ce film, a-t-elle raconté, est née d’un choc. Il y Femmes Méditerranée s’est déroulée
a deux ans, elle a appris que les mineurs étran- du 6 au 23 octobre
gers convaincus d’avoir collaboré avec des à Marseille et en région Paca
71
Retour sur images
A
u lendemain d’un festival aussi riche
que le Festival cinématographique
d’automne de Gardanne, s’installe
une sorte de vide. Du 14 au 25 octobre, les
festivaliers (10% de plus que l’an dernier) ont
connu les affres délectables d’un véritable
marathon, avec plus de 70 films projetés et
la venue des réalisateurs ou des acteurs aux
avant-premières : Emmanuelle Bercot*
pour La Fille de Brest, inspiré du scandale
autour du Mediator, Julie Bertucelli* et
la découverte d’une remarquable poète,
Babouillec, dans Dernières nouvelles du
cosmos, Benoît Jacquot* et Julia Roy* pour
le poétique À jamais, Christian Pabœuf*
compositeur de la musique du ciné-concert
sur L’aurore de Murnau…
Des rencontres
Privilège commun à tous de rencontrer les
artistes. Une journée entière était ainsi consacrée au cinéaste québécois Denis Côté, avec
la projection de documentaires à forte teneur
symbolique (Bestiaire) et de films, Vic et Flo
ont vu un ours, primé au festival de Berlin, et
en avant-première Boris sans Béatrice, qui
se joue des codes, flirte avec le fantastique,
s’amuse d’énigmes. « J’ai encore des caprices
un peu juvéniles comme ça », sourit le cinéaste,
« Boris est un Tantale des temps modernes,
d’ailleurs le recours aux mythes participe
d’un mécanisme de défense de l’écriture pour
l’élever. L’histoire en elle-même n’est pas très
originale, donc j’y ajoute des épices ; ainsi, le
premier ministre est interprété par une icône
du porno gay au Canada ! ». Il ajoute : « Quand
j’écris un film, j’essaie de tourner les coins à
90°, car sinon, je m’ennuie… je veux que ça
ait l’air de la réalité, mais pas vraiment, un
pied à côté du réalisme… »
Documentaire fortement charpenté, La Sociale
de Gilles Perret (auteur du film Les Jours
heureux) retrace les origines de la Sécurité
Sociale, et rend justice à Ambroize Croizat
ministre du Gouvernement provisoire de la
République aux lendemains de la guerre. Un
public militant se passionne alors et nourrit
le débat de commentaires et d’expériences.
rire après des œuvres parfois lourdes (le cinéma
promène son miroir sur les chemins du monde
et ils ne sont pas que fleurs et réjouissances…),
avec Apnée de Jean-Christophe Meurisse,
délicieusement drôle et fantasque. On était
séduits aussi par les deux courts métrages
Inupiluk et Le film que nous tournerons au
Groenland suivis de (sic) Voyage au Groenland
de Sébastien Betbeder. Un bijou d’humour
et d’humanité.
Des prix
Quel incroyable casse-tête pour les différents
jurys ! Le prix du public fut remporté par
Maha Haj et son premier long métrage,
Personnal Affairs, poétiquement drôle dans
sa succession de saynètes familiales. Le prix
Régine Juin, décerné par le jury jeune, fut
Voyages
attribué au déroutant Willy 1er d’un collectif de
Un focus sur le Chili nous entraînait dans la quatre jeunes réalisateurs, Ludovic et Zoran
résistance à la dictature, avec deux films de Boukherma, Marielle Gautier et Hugo P.
Pablo Lorrain, No, où l’on suit la prépara- Thomas, portrait d’un illettré cinquantenaire,
tion du référendum imposé à Pinochet par inadapté et attachant. Les tout petits, les
la pression internationale, et Neruda lorsque moins petits et les plus grands avaient aussi la
le poète du Canto General doit fuir le Chili. charge d’accorder des prix : Promenons-nous
« Le traitement de la lumière dans ces deux avec les petits loups d’Anna Levinson et
œuvres s’inscrit dans les époques évoquées Borja Guerrero pour les premiers, Ma vie
avec une finesse extrême », souligne Cerise de courgette de Claude Barras pour les
Jouinot, directrice du Cinéma 3 Casino et deuxièmes (une pure merveille !), et pour les
maître d’œuvre du Festival. L’esprit des Chiens derniers 600€ d’Adnane Tragha qui a aussi
de Navarre flottait sur le festival, autorisant le animé un atelier film de poche au service
enfance-jeunesse de Gardanne.
Personnal Affairs de Maha Haj © Sophie Dulac Distribution
En clôture, une pépite, inspirée
d’un fait divers, Noces de Stephan
Streker, tragiquement beau et
profond, avec la lumineuse Lina
El Arabi.
MARYVONNE COLOMBANI
*À écouter sur notre
webradio WRZ
Le 28e Festival d’automne
de Gardanne s’est déroulé
du 14 au 25 octobre
72 critiques arts visuels
Photographier
Ponteau
plus d’arts visuels sur journalzibeline.fr
À proximité de Martigues, le site néolithique de
Ponteau constitue un intérêt majeur pour l’archéologie
provençale. Anne Fourès l’a photographié pendant
deux ans et propose sa vision de plasticienne.
A
u troisième
millénaire
avant notre
ère, s’établissait
une communauté villageoise
près de l’actuelle
Martigues.
Découvert en
1948, le site de
Ponteau a fait
l’objet de fouilles
archéologiques
dont le Musée
Ziem restitue
une large part Sans titre, 2013-2015, 42x63cm, tirage pigmentaire sur papier © Anne Fourès
dans ses collections. Anne Fourès, photo- quelques objets sont présentés en vitrine
graphe et archéologue de formation, a suivi avec leur description muséologique, ceux-ci
renvoient à leur représentation photographique
le travail mené de 2013 à 2015.
C’est son regard artistique, davantage que dans le parcours de l’exposition, invitant à
documentaire, porté par la photographie, confronter l’écart entre le réel et son image. À
que le visiteur est amené à découvrir. Si la dimension archéologique, les images d’Anne
Fourès apportent comme une seconde strate
d’interprétation, plasticienne, sensible au plus
proche de la terre et des gestes, des objets, de
la matière, des camaïeux d’ocres. Qu’est-ce
qu’une ombre, une couleur, une matière, un
cadrage, un très grand format « diront » en
plus ? Comment l’approche artistique incite à
une expérience de proximité, à l’intérêt subtil
pour le détail (ce que Daniel Arasse suggérait
pour la peinture) ?
Les plans rapprochés, serrés, reproduisent un
élément parfois à une échelle surdimensionnée,
apportant un maximum de précision jusqu’à la
perte paradoxalement de repères ou d’identification (pointe de silex, dentition de poisson...)
pour suggérer d’autres compréhensions au-delà
du réalisme, de l’objectivité scientifique. Après
les immenses vues immersives du chantier, qui
saura déceler cette mouche sur l’inscription FT
265 ? Dans un domaine de nature scientifique,
Anne Fourès joue sur les différents possibles
de l’acte photographique tout en imprégnant
Echantillons d’Histoire
J
ean-Marc Prévost, directeur de Carré
d’Art, a invité deux artistes internationaux
à produire une exposition bicéphale. La
base d’inspiration est commune : les deux
propositions questionnent et déclinent l’identité
nîmoise.
Anna Boghiguian, artiste égyptienne,
convoque l’histoire de la cité, qu’elle sollicite
depuis ses origines romaines jusqu’à sa récente
actualité. Abraham Cruzvillegas, mexicain,
a prélevé des éléments concrets de la ville,
objets, meubles, restes de chantiers, glanés
au hasard de ses promenades dans Nîmes.
De cette réflexion commune, deux titres
émergent. Promenade dans l’inconscient pour
la première, Autoconstriction approximante
vibrante retroreflexe pour le second. Dommage
qu’ils ne se soient pas accordés sur un titre
générique, qui aurait sans doute apporté un
peu plus de lisibilité à l’ensemble.
Procession
Commençons à droite, dans les trois salles
réservées à Anna Boghiguian. Passons les
cartographies d’oreilles (on apprend dans le
© Abraham Cruzvillegas
texte d’aide à la visite que l’artiste est sourde)
et autres crocodiles naturalisés en référence à
la fondation de la ville arrachée à l’emprise de
Cléopâtre reine d’Egypte. Malgré les signes
identifiables (écouter l’histoire, collectionner les
symboles), l’intention est difficile à cerner. Le
« Passage à la vie » (deuxième salle) présente
au contraire une impressionnante procession
de personnages en papier peint et découpé,
évoquant une multitude de marionnettes
d’Asie du Sud-Est. On pense aussi au roman
graphique de Charlotte Salomon, qui a peint
sa tragique autobiographie en
quelques 800 gouaches tout en
silhouettes détourées et annotées
avant d’aller périr à Auschwitz. On
circule entre les scènes évoquées
par ces farandoles de personnages
debout –ils nous arrivent à la taille.
Entre bande dessinée géante et
théâtre miniature, une histoire
dense et bousculée raconte Nîmes
telle que l’a assimilée l’artiste
égyptienne. Une fresque habitée
et vivante.
Rebuts magiques
À gauche, l’œuvre d’Abraham Cruzvillegas
traverse l’espace, rampe d’une pièce à l’autre.
C’est une immense sculpture, une masse hétéroclite qu’on ne distingue pas tout de suite.
Il faut suivre ce chemin de matelas éventrés,
d’abat-jours déglingués, de parpaings déclassés pour comprendre peu à peu que tout est
lié, les restes, les abandonnés, les moches,
les inutiles. C’est un jeu de domino, où les
éléments se suivent, s’assemblent, parfois ils
73
davantage certaines de ses images de sa propre
subjectivité (plus Karl Blossfeld que fiction
façon Juan Fontcuberta). Elle distille aussi le
temps qui passe dans le dispositif plastique,
comme dans cette œuvre où une main tient
une truelle. Chacun des quinze clichés –ni
simple décomposition du geste, ni chronologie
du travail - suggère l’incessante répétition
de l’acte de gratter le sol avec précaution,
qui mène à la précieuse découverte. De la
matière et du temps, le temps historique, celui
du travail archéologique, du temps comme
composante nécessaire à l’œuvre et au travail
du regardeur qui invente sa propre réécriture à
partir des fragments offerts. Avec ce paradoxe
que l’exposition commence par là où le travail
archéologique se clôt : les réserves du musée
vues dans une immense perspective colorée.
Une expérience à poursuivre à travers le catalogue, plusieurs conférences et rencontres
notamment avec l’artiste le jeudi 12 février.
André Mérian
ou la réalité recomposée
CLAUDE LORIN
Dans la matière du temps
jusqu’au 29 janvier
Musée Ziem, Martigues
04 42 41 39 60 ville-martigues.fr/culturesport-et-loisirs/musee-ziem-1708.html
se chevauchent, d’autres s’échappent pour
se laisser rattraper par un fil de fer qui les
guident vers la suite. Héritier du Readymade
de Duchamp, l’artiste mexicain interroge notre
monde qui consomme et jette, laissant ceux
qui n’ont rien inventer une seconde vie à tous
ces rebuts de la modernité. Vaste terrain d’investigation pour les créateurs d’aujourd’hui,
que d’extraire un sens et une autre vocation
à ce sous texte de notre société.
S’adressant à un groupe d’étudiants des BeauxArts de Marseille venus visiter l’exposition,
A. Cruzvillegas, devant un élément mélaminé
gris demande : « Comment classer tout ça ?
C’est de la matière ? C’est du fait main ? C’est
dégoutant ? » Les élèves notent. « Is it magical,
or is it rectangular ? » Le sourire de l’artiste
en dit long sur la réponse à donner.
ANNA ZISMAN
Promenade dans l’inconscient,
Anna Boghiguian
Autoconstriction approximante vibrante
retroreflexe, Abraham Cruzvillegas
jusqu’au 19 février 2017
Carré d’Art, Nîmes
04 66 76 35 70 carreartmusee.com
Nevermind, André Mérian, Galerie du 5e - Marseille, octobre 2016 © François Moura
O
n avait en mémoire les paysages documentaires d’André Mérian, de larges
travellings urbains déshumanisés et
bétonnés, manifestement photographiés à
distance. On découvre à présent des fragments de paysages et d’architectures, des
objets-structures pris en plans rapprochés
comme pour abolir –sans renier – une pratique passée. L’élément déclencheur de cette
césure date de Marseille 2013, et son travail
de commande sur les sept principaux ports de
la Méditerranée qui a donné lieu à Waterfront
édité par Arnaud Bizalion.
Dès lors André Mérian a eu envie de changer de
bord. Il a aboli la distance physique, mentale et
intellectuelle avec son sujet : il « est » dedans.
Il va même jusqu’à mettre en scène certains
objets, les déplacer, les contextualiser, et jouer
de la frontière entre la réalité et la fiction : fausse
bûche incandescente érigée en sculpture, mur
de briques à angle mort, lit de rivière désolé
ou capot de voiture tronqué.
Invité d’honneur du festival La Photographie
Marseille, il lui réserve la primauté de sa
série Nevermind dans une exposition installée
au cordeau à la Galerie du 5ème. Chaque
cimaise pourrait composer comme un nouveau
paysage mais tel n’est pas le but : le jeu de
confrontation entre les paysages et les objets
prévaut, et le dédale de prises de vues forme
un long ruban formel au fil duquel la nature et
la lumière jouent à cache-cache. Où la lumière
tient le rôle central dans la composition. « Il
n’y a pratiquement pas de hors-champ, je
suis dans l’objet, sur l’objet, près de l’objet »
commente André Mérian, comme il est « dans »
la jungle de Calais tous les mois pour répondre
à une commande du CNAP sur le passage des
migrants. Un thème qui l’habite totalement
et lui fait dire, baissant la voix, « c’est une
leçon de vie ».
L’exposition Nevermind donne envie de découvrir les 18 autres événements programmés
par La Photographie Marseille dans 16 lieux,
tous en libre accès conformément au vœu du
photographe Christophe Asso. Des expositions, des conférences, des signatures, une
carte blanche à Magali Lambert à Rétine
argentique (lauréate du Prix Maison Blanche
2015), et, cette année, un partenariat avec
Street Level Photoworks pour les dix ans du
jumelage Glasgow-Marseille.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Le 26 novembre à 18 heures, André
Mérian commentera son exposition.
Nevermind
15 octobre au 26 novembre
Galerie du 5ème, Marseille
04 96 11 35 00 galerieslafayette.
com/magasin-marseille-st-ferreol/c/
la-galerie-du-5eme
La Photographie Marseille #6, Festival
de photographie contemporaine
13 octobre au 14 janvier 2017
laphotographie-marseille.com
74 critiques arts visuels
La Traversée, consacrée à Johan Creten
Aller – Retour L’exposition
au CRAC de Sète, présente un vaste ensemble de
sculptures en céramique, bronze et résine, dont
à Sète
certaines inédites
«
J’aime que les visiteurs aient à boire
et à manger », annonce Johan Creten
pour introduire son travail. L’artiste
belge est généreux, foisonnant, investi. Il se
livre sans détours face et surtout dans ses
œuvres, il raconte ses errances à travers le
monde, toujours en quête, perméable aux aléas
de la vie et aux mystères de la création. À
l’invitation de Noëlle Tissier, directrice du lieu
et commissaire de l’exposition, La Traversée
propose une rétrospective magnifiquement
agencée. Volumes et couleurs se succèdent et
se répondent d’un espace à l’autre, racontant
une histoire de formes et de matières qui
convoque les mythes, l’inconscient, la mer,
la mère, la guerre.
Johan Creten est l’un des rares artistes
contemporains à pratiquer la céramique, qu’il
sublime depuis 25 ans. Le domaine était en
effet cantonné, on ne sait trop pourquoi, dans
le domaine de l’artisanat, voire du ringard de
mauvais goût. Et pourtant, la terre, la cuisson,
les déclinaisons de couleurs, la magie de la
transformation après passage au four, regorgent
de symboles à explorer… Ne serait-ce que
celui de se confronter à l’acte divin, modelant
ses créations à partir d’une terre mère sans
cesse à réinventer. Ou celui de maitriser le
feu, sur les pas de Prométhée, pour créer de
nouvelles couleurs, de fragiles brillances, à
cuire et à recuire.
Palpitante immobilité
Johan Creten - Odore di femmina © Gerrit Schreurs
La Traversée est un voyage en forme d’aller
et retour. Johan Creten a découvert la ville
de Sète en 1991, lorsque Noëlle Tissier, déjà,
l’invitait à la résidence d’artiste de la Villa
Saint Clair. Il avait produit des œuvres à
découvrir dans un lieu qu’il avait choisi, qu’il
fallait relier en bateau depuis le port jusqu’à
l’ancienne « quarantaine », souvenir des épidémies, craintes et replis historiques, entre
terre et Méditerranée nourricière, inquiétante.
25 ans plus tard, il revient. La Traversée
a depuis pris une amplitude qui rattrape
l’actualité. Aller et retour d’une œuvre à
travers un lieu, l’exposition, ne serait-ce
que par son titre, évoque aujourd’hui des
trajectoires dramatiques, rendant le travail
de Johan Creten prémonitoire.
Une traversée à la fois effrayante et exaltante, qu’on parcourt parmi la soixantaine
de productions de l’artiste, envouté par la
puissance et la vitalité de l’ensemble, entre
sensualité et fragilité.
Il y a quelque chose de très particulier dans
le travail de Creten, qui fait qu’on voudrait
tout toucher, caresser, éprouver. Cela
semble si doux, parfois, et puis combien
ça pèse, est-ce froid, tiède, rugueux ? Tout
est tellement vivant, l’immobilité palpite,
cela bouillonne sous les couleurs, l’élan du
mouvement sculptural invite à imaginer que
Dans tous les sens
Geology 2015 © Haines et Hinterding
D
epuis trois ans, Franck Bauchard, directeur de La Panacée, centre de culture
contemporaine à Montpellier, nous a habitué
à investir l’art par un biais nouveau, souvent
inattendu. Au fil des expositions, ateliers,
rencontres, le public est invité (ce n’est pas
un vain mot, puisqu’ici tout est toujours en
accès libre) à expérimenter –là aussi, le mot
est à comprendre dans son sens littéral :
on touche, on écoute, on interagit avec les
différentes propositions.
Pour clôturer son mandat, avant de passer
la main à Nicolas Bourriaud en janvier
prochain, Franck Bauchard a choisi d’exposer les deux artistes australiens Joyce
Hinterding et David Haines, dont c’est
la première exposition monographique en
France. Ils vivent dans les Blues Montains, un
site naturel exceptionnel, où archéologues,
géologues, physiciens, randonneurs, rêveurs
puisent inspiration et données diverses.
Résonnances magnétiques plonge le visiteur
dans une nuée de sens. Les cinq de la liste
bien connue, et de multiples significations
conceptuelles. De leur investigation à travers
le roc, la plante, les ondes électromagnétiques
artificielles, l’ionosphère, ils nous rapportent
un ensemble de propositions paradoxalement
à la fois foisonnant et aride. Des vidéos, des
installations convoquant le champ magnétique
ambiant, des morceaux de charbon parfumés,
des chemins de graphite (matériau hautement
conducteur) évoquant les peintures aborigènes,
qu’on écoute avec un casque captant les ondes
produites par notre doigt sur l’œuvre… On
peut entendre aussi le langage du soleil, dont
le champ magnétique est diffusé en direct,
avec en sus deux fragrances aux senteurs
75
tout respire. Et c’est très fragile. Un panneau à l’entrée
informe qu’il est interdit de toucher les œuvres. Alors on
tourne autour, scrutant la matière, la mangeant des yeux.
Comme pour rassasier notre envie, l’artiste a prévu des
« points d’observation », inspirés d’un élément emblématique
de Sète. Des bites d’amarrage sont parsemées autour des
différentes pièces. En céramique, on peut les toucher, s’y
asseoir, les faire glisser. Quel plaisir de se fondre dans la
matière…
Un oiseau surplombe du haut de ses 4 mètres la première
salle. Fragile et inquiétant, gracile et sombre, il évoque un
homme qui marche, ses ailes comme un manteau qui bat
le rythme des pas, la tête en avant. On pense à Giacometti,
au Balzac de Rodin aussi.
Le parcours se termine avec deux autres oiseaux monumentaux. Noirs aussi, on les pense en bronze. La feuille de
salle nous apprend qu’ils sont en résine. Ce sont des aigles,
ou peut-être des cormorans ? Les ailes ouvertes pour l’un
recroquevillées pour l’autre, posés sur des socles comme
pour les arrimer à un destin supérieur, ils racontent un
pouvoir déchu, quelque chose qui mine, émeut et menace.
Entre ces deux vigies, des œuvres colorées, dorées même,
illuminent la traversée. Les bustes féminins, composés de
centaines de fleurs modelées une à une par l’artiste, sont
un pan symbolique de son travail. Fleurs-vulves, fragilité,
cavités, multitudes, courbes et méandres, luxe aussi : on
approche au plus près le mystère fascinant de la matière
fécondatrice selon Creten.
ANNA ZISMAN
La Traversée
jusqu’au 29 janvier 2017
CRAC de Sète
04 67 74 94 37 crac.languedocroussillon.fr
d’ozones, interprétations de l’odeur de notre étoile : David
Haines est en effet aussi créateur de parfums.
Beaucoup de choses, donc, à glaner, à attraper au hasard
des sensibilités. On ne comprend pas tout, certaines
œuvres restent hermétiques, mais il règne à la Panacée
une atmosphère de Palais de la Découverte, entre sciences,
spiritualité et magie de l’imperceptible, que les deux artistes
nous permettent d’approcher.
A.Z.
Résonnances magnétiques
jusqu’au 23 décembre
La Panacée, Montpellier
04 34 88 79 79 lapanacee.org
Histoires d’abstractions
R
aconter une histoire avec de l’abstraction. Dire quelque chose qui
nous emmène au fil d’un récit, à
travers des formes qui au premier abord
ne disent rien d’autre que ce qu’elles
nous montrent : des lignes, des couleurs,
des matières qu’on ne peut toucher.
Et surtout, rien de figuratif ; rien qui
puisse nous donner des pistes qu’on
pourrait s’approprier spontanément.
C’est un parcours difficile qui est proposé
au visiteur de la nouvelle exposition
du MRAC à Sérignan, titrée Flatland
/ Abstractions narratives #1 (le deuxième volet sera proposé au Mudam
Luxembourg, en octobre 2017).
Simon Collet, Série E #001. MDF teinté dans la masse,
peinture nitro alkyde, 59,5 x 84 cm.
Les deux jeunes commissaires invitées,
Courtesy de l’artiste.
Sarah Ihler-Meyer et Marianne
Derrien, diplômées du Master II Sciences et Techniques de l’Exposition de
l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, démontrent ici le rôle prééminent,
voire peut-être surplombant, de ces orchestrateurs d’art.
Le texte de la feuille de salle démontre, de façon très limpide et forte, la
volonté de rassembler des travaux (31 artistes sont présentés), tisser des
liens théoriques entre eux, créer du sens d’une œuvre à l’autre. Il est question
ici d’une référence à l’ouvrage de Edwin A Abott, publié en 1884, Flatland,
une aventure à plusieurs dimensions. S’appuyant sur ce récit qui évoque les
aventures d’un carré au pays de la troisième dimension, les commissaires
ont développé une analyse qui « distingue trois procédés de scénarisation
des formes » : la codification, la condensation, et la suggestion. Programme
et discours ambitieux. La déambulation entre les œuvres procure cependant
un sentiment de distanciation. La vision des deux organisatrices est difficile
à cerner, les travaux présentés sont pour le moins arides, on s’accroche aux
notices explicatives comme à un viatique qui devrait sauver le visiteur de
l’abîme d’incompréhension qui menace. Peut-être y a-t-il finalement trop de
pièces, trop de narrations individuelles, justement, des univers personnels qu’on
ne parvient pas à décrypter à travers seulement une seule œuvre par artiste.
Chacun pourtant nous raconte son histoire. En voici deux : Wilfrid Almendra
nous parle de son rapport à la maison pavillonnaire. Il récupère des matériaux
sur les chantiers de construction, et crée des sculptures proches du vitrail,
avec des carreaux de verre colorés, des morceaux de grilles anti-effraction…
Tout un langage qui incarne les rêves et les craintes de nos manières d’habiter.
Simon Collet interroge les codes et couleurs du jeu vidéo, qu’il croise dans
une œuvre sur aggloméré teinté dans la masse, subtils dégradés de roses, bleus,
jaunes, gris, creusés par endroits comme par un ver géant, comme s’il avait
eu recours à l’outil « gomme » sur Photoshop. Télescopage des techniques,
des visuels, des matières, qui replace les références dans le cadre infini du
langage artistique. L’histoire est loin d’être terminée.
A.Z.
Une autre exposition est présentée au MRAC, durant la
même période : l’artiste allemande Andréa Bütner.
Flatland / Abstractions narratives #1
Andréa Bütner
jusqu’au 19 février 2017
MRAC, Sérignan
04 67 32 33 05 mrac.languedocroussillon.fr
76 au programme
arts visuels
Yohanne Lamoulère
Depuis 2009, Yohanne Lamoulère raconte Marseille à travers son
Rolleiflex pour « saisir ses mutations, la vie des rues ». Un travail
largement inspiré par la tradition documentaire qu’elle a poursuivi
en intégrant le dispositif « La France vue d’ici » mis en œuvre par
le festival Images singulières à Sète et Médiapart. Au Merlan, il
trouve un juste écho à la réalité bien que l’artiste voit « aujourd’hui
dans ce travail une certaine utopie ». M.G.-G.
Main basse
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 30 merlan.org
Les Créneaux, juillet 2009 © Yohanne Lamoulère
À l’heure du dessin, #4e temps
La Galerie Servières réunit sous des bannières communes six artistes qui réinventent le
dessin contemporain : dessins au crayon de Marine Pagès et rebus technologiques de Joseph
Sadoune dans « Au delà des territoires », vidéos et ondes sonores de Yoann Ximenes et gravures
de Véronique Duplan dans « Les nouveaux territoires du dessin », pièces de différentes natures
d’Yves Schemoul, dessins et installations de Julien Levy dans « Territoires de l’intime ». M.G.-G.
15 octobre au 17 décembre
Château de Servières, Marseille
04 91 85 42 78 chateaudeservieres.org
Julien Levy, Sans titre (Bureau à secret) 2016, Bois, verre,
graphite sur papier, matériaux divers. Bureau réalisé avec
l’aimable concours de Jérôme Dumetz © jcLett
Nathalie Bujold
Nathalie Bujold est une habituée de Vidéochroniques avec qui elle tisse une collaboration
fructueuse depuis 2002 (projections, conférences, résidences). Pour sa première exposition
monographique marseillaise, Ménage/Montage, l’artiste québécoise expose sa pratique
marquée par une grande diversité de supports et de formats, notamment ses réalisations
vidéos qui portent l’étiquette des Productions de l’Esprit Pratique. M.G-G.
Ménage / Montage
28 octobre au 22 décembre
Vidéochroniques, Marseille
09 60 44 25 58 videochroniques.org
Vue partielle de l’exposition «Ménage/Montage», Nathalie
Bujold, Vidéochroniques 2016 © X.D-R Jeanne Moynot & Anne-Sophie Turion
En résidence au 3bisf depuis janvier 2016, les deux artistes révèlent dans On lâche
rien le background du processus de création : c’est l’envers du décor mis sur le
devant de la scène ! La vie de l’équipe, du personnel de l’hôpital, des patients et des
plasticiennes constituent la matière première de leur création. Là où « la vie intime et
le travail se rencontrent, se désirent, s’esclaffent, bataillent, s’entraident… ». M.G.-G.
On lâche rien
10 novembre au 15 décembre
3bisF, Aix-en-Provence
04 42 16 17 75 3bisf.com
On lâche rien, 3bisf, 2016 © Jeanne Moynot & Anne-Sophie Turion
Camille Vivier
Lauréate 1997 du Festival international de mode et de photographie de Hyères, Camille Vivier revient sur ses pas pour
arpenter le territoire et aller à la rencontre de la jeunesse locale.
Elle a choisi de lui tirer le portrait en argentique, en numérique
et en polaroïd comme pour mieux embrasser sa diversité, son
énergie, son insouciance. Ce travail de commande fait suite
à une longue liste de photographes invités en résidence et
est l’objet d’une publication. M.G-G.
04 98 08 01 98
Les hiéroglyphes îles d’or
Villa Noailles, Hyères
16 octobre au 15 janvier
villanoailles-hyeres.com
Le Sud, 2016 © Camille Vivier
Animalités
Ce sera sa dernière exposition dans ses locaux brignolais. Précédant un avenir nomade, la galerie d’art modeste s’interroge
sur la nature animale. Trois artistes, William Bruet, Marielle
Guilbert et TomaX PouM avancent leur vision respective
selon leur médium d’élection, peinture, dessin ou sculpture. C.L.
Animal ?
jusqu’au 7 janvier
Le bazar du Lézard, Brignoles
04 94 86 01 63 lebazardulezard.com
La vivisection selon William Bruet :Mandril, acrylique sur papier.
Photo : courtesy Galerie du Lézard
78 au programme arts visuels
Instants d’urgence
126 films provenant de 46 pays, performances, lectures, concerts,
conférences, tables rondes, débats (du 10 au 13 novembre), 25
installations vidéo (jusqu’au 4 décembre), dépeignent un Etat d’Urgence Poétique pour cette 29e édition. Samedi 12 : Nuit blanche
jusqu’à l’aube avec lectures/performances et 93 intervenants sous
l’éclairage de la psychanalyse. C.L.
Instants vidéo # 29
jusqu’au 4 décembre
Friche de la Belle de Mai, Marseille
04 95 04 96 24 instantsvideo.com
Ablution, Agnieszka Ewa Braun, 2013 © Courtesy Instants Vidéo
Avec la Belgique
Ces Regards Croisés le sont doublement. Aix-en-Provence invite au dialogue avec
une sélection de photographes belges en commissariat avec Loft Photo 9-46
Gallery de Bruxelles.
La Fontaine Obscure propose aussi chaque année plusieurs Parcours développés
sur le Pays d’Aix avec une trentaine de lieux. Lancement jeudi 17 novembre dès
18h à la Cité du Livre. C.L.
Phot’Aix 2016
Regards Croisés Belgique-Provence
du 17 novembre au 31 décembre
La Fontaine Obscure et divers lieux, Aix-en-Provence
04 42 27 82 41 fontaine-obscure.com
série This is not America © Benjamin Leveaux.jpg
Bernex, Cueco
Comme on le voit peu exposé dans la région, voici une belle opportunité de revoir les œuvres
d’Olivier Bernex, de grands formats inspirés de ses excursions dans le Garlaban tel un
certain philosophe promeneur solitaire. Du peintre de la Sainte Victoire, Henri Cueco se
plaît à en réécrire l’œuvre : Cézanne, son maître à tous (selon Picasso) ?C.L.
Olivier Bernex, Rêver Rousseau
du 19 novembre au 19 février
Henri Cueco, Revoir Cézanne
du 3 décembre au 19 février
04 42 52 88 32
Olivier Bernex, Cosmogonie 2, 13e rêverie, 2013 Acrylique sur toile,
200 x 200 cm Photo Jean-Luc Maby © Olivier Bernex
Musée Granet, Aix-en-Provence
museegranet-aixenprovence.fr
Jeune création
Chaque année La Compagnie propose un grand rendez-vous
avec la jeune création principalement issue des écoles supérieures
d’art. Cette édition 2016 se construit autour de La Cabane, projet
collaboratif de Manu Morvan (promo 2012) aidé de quatre jeunes
en insertion, habitée par les œuvres d’artistes venus des écoles
d’Aix, Marseille, Toulon, Saint Étienne. Soirées les 17 novembre et
10 décembre. C.L.
La Fourmilière
jusqu’au 17 décembre
La Compagnie, Marseille
04 91 90 04 26 la-compagnie.org
La Fourmilière en cours de montage, Manu Morvan/La Compagnie, 2016 © Aurélien Meimaris
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Opération La Marseillaise
80 critiques livres
plus de livres sur journalzibeline.fr
« Vous êtes la voix qui dérange »
C
’est par ces mots qu’Annie
Terrier, directrice des Écritures Croisées, accueille l’invitée d’honneur de la Fête du Livre
2016, Arundhati Roy, célèbre pour
son roman Le dieu des petits riens
(Booker Prize 1997) et ses nombreux
articles et essais.
À ses côtés, dans le jeu délicat de
l’entretien, tour à tour, les journalistes Gérard Meudal et Raphaël
Bourgois mais aussi le polygraphe
Jean-Claude Carrière. Le public
particulièrement nombreux a eu
le privilège de mieux cerner cette Arundhati Roy
auteure qui s’insurge contre la dichotomie que
l’on établit trop souvent entre « écrivain » et
« activiste » : « Autrefois les auteurs écrivaient
sur la société dans laquelle ils vivaient et étaient
considérés comme écrivains, aujourd’hui on
les appellerait des activistes, c’est ridicule ! ».
Le sacre de l’imaginaire
Si les textes combattifs répondent à une
urgence, le roman doit être hors du temps.
Les premiers concernent des sujets précis, le
second, une totalité. « La fiction, c’est la liberté
d’écrire lentement : mon prochain roman, je
l’écris depuis plus de dix ans, comme si je
vivais avec mes personnages, fantômes que
les invités réels parfois dérangent… »
manière toxique. Arundhati Roy
dénonce l’imbrication des grands
trusts qui détruisent et tuent sans
vergogne d’un côté et de l’autre
investissent dans des ONG. Ainsi
Le Festival international de littérature de Jaipur compte des
compagnies minières parmi ses
grands sponsors…
Changer l’idée
du bonheur
© Maryvonne Colombani
À la question d’une possible adaptation
filmique, Arundhati Roy répond par la négative : « Quand vous lisez, vous construisez un
petit film dans votre tête, le livre engendre
ainsi une myriade d’imaginations face au
seul imaginaire imposé par la forme filmée,
comme un colonialisme de l’imaginaire… Je
voulais faire avec mon livre un récit visuel
non filmable. Ainsi, quatre pages pour décrire
une rivière avec des tas de choses très belles
qui seraient absurdes si filmées. ».
Dans un monde toxique
En Inde, « chimère en exercice » (J.C. Carrière),
le système des castes, justifié par la religion
hindouiste, a fusionné avec le capitalisme de
Écrire avec O
l’absence
n le sait, les auteurs en résidence dans
un lieu de travail ne peuvent pas laisser
toute leur vie sur le seuil de la porte. Elle
continue avec celle des autres au dehors.
Laurence Vilaine en a fait l’expérience durant
deux résidences à La Villa des Auteurs, La
Marelle : la première s’est déroulée durant
la maladie de son père qui est décédé avant
la deuxième. Son dernier passage à Marseille
lui permet de renouer avec l’écriture qu’elle
croit un moment lui avoir échappé, grâce à
un cahier sur lequel elle s’est jeté, délaissant
volontairement son ordinateur. À l’épreuve
du deuil elle se soumet aussi à celle de la
natation, « je nage entre les lignes » dit-elle.
Sa solitude dans cette grande maison, les
tomettes du sol, le platane devant la fenêtre,
la nage, lui permettent de remplir son cahier
sans ratures. Elle évoque les conversations
téléphoniques avec son père, puis la dernière
fois où leurs mains étaient mêlées. Elle fait
« Savoir se dire : j’ai assez, vous
rend libre. Le capitalisme vous
oblige à toujours désirer plus ; si vous dites
j’ai assez, vous êtes plus difficile à manipuler.
Il faut changer notre idée du bonheur ». « Pas
un jour, je ne trouve une raison de vivre et
d’être heureuse… À Delhi, tout est tellement
chaotique que naissent des choses imprévisibles et drôles, même les fascistes n’arrivent
pas à marcher au pas ! Il n’est pas judicieux
de penser seulement à une alternative entre
communisme et capitalisme (qui s’appuie sur
la dette), il faut imaginer comment re-calibrer
la pensée du bonheur de l’humanité »…
MARYVONNE COLOMBANI
Écritures Croisées a eu lieu
du 14 au 16 octobre
à la Cité du Livre, Aix-en-Provence
l’expérience de son absence, du vide laissé
par celui qu’elle interroge au-delà de la
mort, trouvant enfin quelques réponses aux
questions de l’enfance. Laissons à Laurence
Vilaine les mots de la fin, ceux qui définissent
sa notion de l’écriture : « Écrire, c’est crier
sans bruit, cracher entre les lignes, aimer
en secret, frissonner beaucoup. »… Et elle a
retrouvé le chemin pour poursuivre l’écriture
de son troisième livre.
CHRIS BOURGUE
Laurence Vilaine était en
résidence d’écriture à La Marelle
- Friche de la Belle de Mai,
Marseille
La Grande villa Laurence Vilaine
Gaïa,8,50 €
Mort d’une insoumise
L
e 7 octobre 2006, il y a dix ans, mourrait assassinée une journaliste
russe. Depuis, le nom d’Anna Politkovskaïa est devenu un
symbole de résistance face au pouvoir autoritaire, partout dans
le monde on célèbre son courage et sa ténacité. Des livres, des
films, des pièces de théâtre lui ont été consacrés, et aujourd’hui
une bande dessinée, ou plutôt un court roman graphique, qui
vient de paraître en France aux Éditions Steinkis. L’excellent
travail de ses auteurs, Francesco Matteuzzi et Élisabetta
Benfatto, est complété par plusieurs témoignages permettant de
comprendre ce qui a conduit cette femme à dénoncer la corruption
et la violation des libertés publiques en Russie, jusqu’à en perdre
la vie. Nulle idéalisation : le sale caractère d’Anna Politkovskaïa
n’est pas éludé. Mais en quelques cases, l’ouvrage, dédié « à ces
journalistes qui choisissent encore de faire leur métier », percute
le lecteur bien plus efficacement qu’un long discours. « Encore ? »
se plaint le rédacteur en chef à qui elle soumet un nouvel article
sur la guerre en Tchétchénie. « Bon sang, Dmitri, Novaïa Gazetta
est le seul journal qui s’oppose au régime de Poutine ! Tu ne peux
pas censurer mes articles ! » répond-elle.
Quelques cases de plus, et l’on réalise la force qu’il lui a fallu pour
interroger inlassablement ses sources, éliminées les unes après
les autres, couvrir des prises d’otages horrifiques, et continuer à
écrire malgré une tentative d’empoisonnement et d’innombrables
menaces. On apprend dans les annexes qu’un ex-agent du KGB,
lui-même assassiné un mois plus tard, affirmait : « On ne peut
pas toucher à une journaliste de son niveau sans l’assentiment
des plus hautes sphères de l’État. Poutine l’a fait assassiner. »
Bilan de ce conflit : des centaines de milliers de morts, 1/5e de la
population Tchétchène.
Certains ont accusé Anna Politkovskaïa de ne pas être une vraie
journaliste, car trop impliquée. La triste conclusion de cet ouvrage
est que ses articles avaient provoqué une baisse du tirage de
son journal, et des abonnements : les lecteurs ne voulaient pas
savoir. Mais au vu de son immense écho à l’échelle mondiale,
qui ne s’épuise pas dix ans après sa disparition, on peut garder
une lueur d’espoir.
GAËLLE CLOAREC
C INEH OR IZON T E S
FESTIVAL DU CINÉMA ESPAGNOL DE MARSEILLE
13 NOVEMBRE
FEST I VA L
IMAG E D E V I L L E
19 NOVEMBRE
P R IM E D
PRIX INTERNATIONAL DU DOCUMENTAIRE
ET DU REPORTAGE MÉDITERRANÉEN
22 AU 26 NOVEMBRE
C INEH O R IZON T E S
FESTIVAL DU CINÉMA ESPAGNOL DE MARSEILLE
27 NOVEMBRE
RE NCON T RES
INTE RNATI ONA LES
DE S C INÉ MA S ARABES
30 NOVEMBRE AU 4 DÉCEMBRE
Anna Politkovskaïa, journaliste dissidente
Francesco Matteuzzi et Élisabetta Benfatto
Éditions Steinkis, 16 €
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
www.villa-mediterranee.org
Villa Méditerranée
Esplanade Robert Laffont (J4)
13002 Marseille
82 critiques livres
Tout ce que vous
avez toujours
voulu savoir…
… sur le sexe féminin, Liv Strömquist le
révèle dans L’Origine du monde, une bande
dessinée documentaire très précise. Vulve,
règles, orgasme, clitoris, questions de genre…,
la bédéiste suédoise passe tout en revue, tambour battant, au fil des chapitres qui composent
cette épatante conférence sur les « organes
féminins ». Liv Strömquist a fait des études de
sociologie ; c’est donc en sociologue qu’elle
s’intéresse d’abord au sujet. En femme aussi
évidemment. Comment se fait-il, par exemple,
que la vulve, largement visible sur les statuettes
du néolithique, ait ensuite été gommée de
toutes les représentations, même celles qui
se prétendent scientifiques ? Pourquoi les
publicités pour les protections féminines
insistent-elles toujours sur leur caractère
discret, sur la fraîcheur qu’elles permettent
de conserver ? Pourquoi la sexualité féminine, d’abord considérée comme une version
(parmi lesquels John Harvey Kellogg, qui n’est
pas seulement l’inventeur des Corn Flakes, et
aussi Saint-Augustin), on est capté. Séduit par
l’intelligence de la scénarisation, la subtilité
des variations graphiques, l’humour surtout,
omniprésent. La honte liée au sexe féminin
et entretenue depuis des siècles n’a rien de
drôle. Mais l’évoquer de cette façon a une
grande vertu pédagogique. Un ouvrage érudit
et engagé, à faire circuler sans modération
parmi les jeunes filles, les femmes, et les
hommes aussi !
FRED ROBERT
moindre de celle de l’homme, puis comme
son contraire, n’est-elle jamais envisagée
comme une entité à part entière ? Toutes ces
questions, et bien d’autres encore, l’auteure
les pose et y répond avec force références et
des arguments plus que solides. A première
vue, la BD peut rebuter : un noir et blanc
quasi constant, des planches envahies de
texte, de nombreuses notes… C’est compter sans l’intérêt immédiat qu’elle suscite.
Dès le premier chapitre, consacré à « ces
hommes qui se sont un peu trop intéressés
à ce qu’on appelle les “organes féminins” »
Liv Strömquist était invitée dans le cadre
d’Automnes en librairies, la manifestation
littéraire organisée du 13 au 15 octobre
par l’association Libraires du Sud.
L’Origine du monde Liv Strömquist
Editions Rackham, 20 euros
Un rêve américain
«
Car l’Eternel, ton Dieu, va te faire entrer
dans un bon pays,[…] où tu mangeras du
pain avec abondance, où tu ne manqueras de
rien… » En exergue à son premier roman Voici
venir les rêveurs, la romancière américaine
d’origine camerounaise Imbolo Mbue a
placé une citation du Deutéronome. Nul
doute que pour ses protagonistes principaux,
Jende Jonga et sa femme Neni, l’Amérique
ressemble à la Terre Promise, à un pays de
lait, de miel et de liberté. Ils ont quitté Limbé
au Cameroun en espérant bien ne jamais y
retourner. Dans leur appartement de Harlem,
malgré l’exiguïté et les cafards, tous les rêves
sont permis. D’autant plus qu’après trois
ans de petits boulots, Jende décroche enfin
le job en or : il devient le chauffeur de Clark
Edwards, l’un des directeurs de Lehman Brothers. Tant pis s’il n’a pas encore de papiers,
du moment qu’il est fiable, ponctuel et discret.
Commence alors une période d’euphorie pour
le couple, qui peut enfin économiser, envoyer
de l’argent au pays, envisager de payer les
études de pharmacie de Neni, et même de
déménager… Sauf que l’action débute en 2007
et que l’effondrement de Lehman Brothers
n’est pas loin. En une succession de courts
chapitres, le roman relate la nouvelle vie des
Jonga puis les désillusions et les difficultés
dans lesquelles le couple de clandestins
s’engloutit peu à peu. Parallèlement Imbolo
Mbue met en scène la famille Edwards, à
l’existence en tous points opposée à celle
des Jonga. Pourtant des liens se tissent entre
les deux familles malgré le fossé social et la
couleur de peau. Mais il ne sert à rien de rêver,
la réalité reprend toujours ses droits, pour
les uns comme pour les autres. Un rythme
soutenu, des dialogues vifs, des personnages
attachants, en particulier ceux de Neni et
de Cindy, la femme de Clark Edwards. Un
premier roman prometteur.
FRED ROBERT
Voici venir les rêveurs Imbolo Mbue
Editions Belfond, 22 euros
Exposition
26 oct. 2016
—23 jan. 2017
Café in
Mucem
Mucem.org
Avec le mécénat
En coproduction avec
Partenaires
Esplanade du j4, 7 promenade Robert Laffont, 13002 Marseille
Vendeur de café par les rues, 1746, gravure, 49,2 × 32,5 cm. Fondation Malongo © François Fernandez Sérigraphie : Lézard Graphique
84 critiques livres
Chaos debout
L
’année 2015 aura commencé le 7 janvier
par le massacre du comité de rédaction
de Charlie Hebdo et se sera achevée sur les
attentats de novembre à Paris. Valérie Manteau, membre de l’équipe de Charlie, y perd
ses compagnons de route. C’est l’histoire de
cette déchirure qu’elle esquisse dans Calme
et tranquille. Que faire de tout ça ? Comment
vivre avec ses morts ? L’unanimité fervente
après le massacre, qui se délite ensuite en
autant de postures fausses ou impuissantes, les
discours ronflants, les invectives, les tenants
du « oui… mais », les polémiques sans fin.
Dans ce fatras se détache, intacte, la complicité tendre et déconnante des amis perdus.
L’autobiographie évite autant les pièges de la
complaisance que ceux du grand témoignage
ou de la petite anecdote : pas de sens à donner
à son histoire, et encore moins à celle d’un
monde qui s’effondre, mais le récit, intime
et passionné, d’un égarement complet : la
narratrice piétine, dérive, se cogne à l’absurdité
indéchiffrable du deuil, celui de sa grand-mère
suicidée à 70 ans après un ultime épisode de
Kohlanta, comme celui de ses amis exécutés.
Moutons
et papillons
D
u haut de son « escaladou » (une nacelle
de camion de déménagement), Nel photographie la Crau, « ces trente kilomètres de
désert. Ces vingt bonnes minutes de vide,
à cent dix à l’heure sur l’autoroute entre
ardente, tantôt désinvolte, drôle ou bourrue,
l’impact exact de la déflagration subie. Avec
comme fils rouges, la tentation suicidaire, où
se mêlent les désirs cathartiques de vie, de
mort et de sexe, et son envers : l’échappée
vers la beauté crépusculaire et menacée
d’Istanbul, pour l’amour de « l’amant turc »
taciturne qu’elle y rejoint, orient donné à sa
désorientation. KO, oui, mais toujours debout.
AUDE FANLO
Lecture musicale le 24 novembre à 19h à
la Librairie l’Histoire de l’œil, Marseille
Entre transes, abandons, révoltes retournées
sur soi et sur son corps, errances nocturnes,
elle s’accroche à l’aide dérisoire de psys plus
ou moins farfelus, aux médicaments et à
l’alcool, aux souvenirs vécus ou littéraires,
à la bienveillance des vivants, à la tendresse
de l’humour noir, au désir et à l’écriture de
ce roman. La chronique trouve dans la fièvre
d’une expression nerveuse, tantôt lyrique et
Salon et Nîmes. A perte de vue du plat. Des
cailloux. Quelques cyprès coupe-vent. Des
bouquets de roseaux le long de la rambarde
métallique. Et presque toujours le mistral... »
Un espace comme oublié, dont il aime contempler l’étendue silencieuse en cadrant pour la
centième fois sa bergerie préférée. Son ami
Matt, lui, réalise à ses moments perdus des
documentaires. Il a l’idée d’en réaliser un
sur l’un des lieux mythiques de la région, la
Chouraskaïa, dite « La Chou », une boîte de nuit
planquée dans une pinède, pas loin d’Arles et
des Saintes-Maries, fermée aujourd’hui après
avoir drainé pendant des décennies tous
les fêtards de la région. Légende, le dernier
roman de Sylvain Prudhomme, n’entraîne
pas aussi loin que Les Grands. Pas d’Afrique
cette fois-ci. Malgré quelques évocations de
Madagascar et une échappée finale dans les
Alpes (où les troupeaux de la Crau partent à
l’estive), l’action reste circonscrite entre Arles
et Avignon, Nîmes et Tarascon. Et pourtant,
une fois encore, on voyage. Dans le temps
surtout. Dans les souvenirs des uns et des
autres. Au fil des entretiens qu’il mène, le
projet de Matt évolue. Car ressurgissent les
silhouettes de deux frères, Fabien et Christian,
Calme et tranquille
Le Tripode, 15 €.
Valérie Manteau
les cousins de Nel, morts tous deux le même
jour. Evoquer leur vie ce sera « revisiter une
certaine liberté des années 1980, un joyeux
je-m’en-foutisme […] à mille lieues de l’obsession contemporaine de la vie saine. » Un
projet de film donc ; et à l’arrivée un roman
qui le raconte, croisant les époques et les
récits, pour tenter de rendre « cette profusion
de vie dont une infime fraction seulement
serait jamais narrée ». C’est toujours cela
que recherche Sylvain Prudhomme. Une fois
de plus, il y parvient avec talent et offre au
lecteur une belle « légende », pleine d’humanité.
FRED ROBERT
Sylvain Prudhomme est venu
présenter son roman à Marseille
lors de la rentrée littéraire de la BDP.
Lire à ce sujet l’article de Marion Cordier
sur notre site journalzibeline.fr
Légende Sylvain Prudhomme
Gallimard, collection L’Arbalète, 20 euros
Kellylee Evans. Photographie : Arnaud Compagne
AIX-EN-PROVENCE 96.2
MARSEILLE 92.8
jazzradio.fr
86 critiques livres
Les Noirs écrivent
L
e livre d’Alain Mabanckou dispense une
curiosité contagieuse qui nous fait découvrir un monde. S’ouvrant sur une carte qui
préfigure des rencontres, cet essai n’a rien de
théorique ou, du moins, ne sépare pas théorie,
anecdote, poésie et plaisir. Le Monde est mon
langage trace les contours d’une littérature
mondiale francophone contemporaine mais
s’affranchit des cadres. L’écrivain nous fait
passer par Pointe Noire (Congo) où il est
né, mais commence à Paris où il enseigne
actuellement au Collège de France, ne parle
pas de cela mais d’une conférence de Le
Clézio où il s’est endormi, file sur le continent
américain... sans faire escale à Boston où il
enseigne la littérature française mais à la
Nouvelle Orléans où il rencontre un sans abri
descendant de Toussaint Louverture... part vers
Haïti, Buenos Aires, Madagascar, Brazzaville,
Douala, Dakar, Conakry... Il y rencontre surtout
des écrivains, francophones toujours, raconte
aussi sa jeunesse, parle de ses lectures, de
ses admirations, et on prend la mesure de
l’ignorance où la France reste la littérature
francophone noire. Loin d’avoir assimilé le
« Tout-Monde » d’Edouard Glissant qui a déjà
20 ans (son explication de la créolisation est
magistrale, et bouleversante), d’avoir compris
ce que signifiait Camara Laye pour un enfant
africain, loin surtout de reconnaître comme
siens les nombreux écrivains qu’il évoque.
Reste, au fil des pages, une attente fébrile
qui demeure déçue : aucune femme, hors les
épouses des écrivains, dans ses pérégrinations.
Mabanckou échappe aux genres littéraires,
mais pas aux aprioris genrés. Marie Ndiaye,
Léonora Miano, Fatou Diomé ne font pas partie
de ses admirations. Comme dans le « bordèle »
flamboyant de Petit Piment, son dernier roman,
le rôle des femmes est assigné. Dommage,
pour qui ouvre un monde, de l’ouvrir à moitié.
AGNÈS FRESCHEL
Le Monde est mon langage
Alain Mabanckou
Grasset, 19 €
Chasse au sorcier
L
’affaire bien connue a défrayé la chronique
dans les années 1630 et le couvent des
Ursulines de Loudun a acquis une certaine
renommée dans la catégorie des lieux où
ne souffle pas forcément l’esprit (encore
que !) mais où souffrent les corps en proie
à une possession démoniaque estampillée :
le célèbre film de Ken Russell ou l’opéra de
Penderecki témoignent de l’évidente plasticité
du diable lorsqu’il pénètre les âmes –on sait
les nommer autrement - des vierges cloîtrées.
Frédéric Gros, spécialiste de Michel Foucault,
professeur à Sciences Po, investit le sujet par
la voie de la fiction romanesque en éclairant
deux figures troubles et troublantes, celle
du curé Grandier, immédiatement désigné
comme grand ordonnateur des troubles, et
surtout celle de la Raison d’Etat incarnée dans
les menées sournoises du cardinal Richelieu.
Éminences grises et éminence rouge mettent
tout en œuvre pour avoir la peau d’un homme
politiquement fort dérangeant –Urbain Grandier, humaniste épicurien prônant le mariage
des prêtres, ami des Huguenots, opposé à
la reconquête architecturale de sa ville – en
orchestrant les dérèglements sensuels de
mère Jeanne des Anges et de ses « filles »
ardentes.
Le roman ne manque pas d’intérêt mais mime
trop souvent les travers des docu-fictions :
dramatisation excessive des séances d’exorcisme, typologie simple des personnages,
descriptions lentes, hyper détaillées, des délires
hystériques ou des supplices infligés au prêtre
victime à la fois de l’Eglise, de l’Etat et de
son propre démon de la liberté. L’auteur fait
feu de tout bois pour saisir le lecteur dans
une théâtralisation presque suffocante : jeu
incessant des points de vue où le futur définitif
du narrateur omniscient côtoie efficacement
le discours indirect libre du personnage en
proie au doute, passages systématiques au
présent de narration, images et paroles qui
claquent et… une jolie histoire d’amour.
Une entreprise narrative totale aux accents
hugoliens auxquels parfois il est difficile
de résister, lestée des charmes et excès du
Baroque, comme pour illustrer ces propos
de l’archevêque de Bordeaux « Les vérités
avec lesquelles nous gouvernons, monsieur,
ne se tiennent pas dans l’intimité muette
des consciences. Ce sont des spectacles. »
Laissons-nous emporter alors… !
MARIE-JOSÉ DHO
Possédées Frédéric Gros
Albin Michel 19, 50 €
Une histoire popUlaire et sensible
de Marseille racontée par des Marseillais
150 photographies,
100 témoignages
Robert Guédiguian - Gérard Leidet
avec Raymond Bizot
Julien Dubois,
Françoise Fontanelli-Morel,
Marie-Noëlle Lhôpital
et Bernard Regaudiat
« J’ai fait des films afin que la mémoire des vaincus ne soit pas égarée, et même, suprême prétention, qu’elle entre dans l’Histoire. J’ai écrit
les lignes de ce livre pour les mêmes raisons car
les photos qu’il contient sont celles des gens qui
peinent, qui n’ont ni faveurs, ni héritage... des
gens de peu».
Robert GUEDIGUIAN
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LA MARSEILLAISE 17-19, cours d’Estienne d’Orves - 13001 MARSEILLE
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