Les troubles de l`imagerie motrice dans la maladie de Parkinson
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Les troubles de l`imagerie motrice dans la maladie de Parkinson
La maladie de Parkinson Professeur Emmanuel Broussolle Service de Neurologie D Hôpital Neurologique Pierre Wertheimer Université Claude Bernard Lyon I France Définition Affection dégénérative du Système Nerveux Central intéressant essentiellement les neurones dopaminergiques de la voie nigro-strié, responsable de troubles moteurs (akinésie, hypertonie crantée, tremblement de repos et altération des réflexes posturaux) Aspects épidémiologiques 1. Prévalence : concerne environ 100 000 personnes en France (60 millions d’habitants) 2. Sexe ratio: un peu plus d'hommes que de femmes 3. Age de début : en moyenne entre 55 et 65 ans, mais peut être précoce (avant 40 ans) ou tardif (après 75 ans). 4. Evolution sur 10-15 ans sans traitement Historique sur le plan clinique 1. 1817: Sir James Parkinson décrit la "paralysie agitante » 2. 1872: Charcot étudie le tremblement et la rigidité et propose le nom de maladie de Parkinson 3. Années 1920: nombreux cas de syndromes parkinsoniens suite à l’encéphalite épidémique de von Economo. => Meilleure description des symptômes (Froment: rigidité; Wilson: akinésie) Historique sur le plan anatomique 1919: Tretiakoff montre que le processus lésionnel se situe dans la partie profonde du cerveau, au niveau du tronc cérébral, dans une région du mésencéphale appelée locus niger ou substance noire, avec perte neuronale, dépigmentation et réaction gliale NORMAL PARKINSON La raréfaction des neurones de la substance noire Les corps de Lewy 1. Première description par Lewy en 1912 dans le n. basal de Maynert 2. Plus tard, mise en évidence dans les neurones restants de la substance noire de patients décédés de maladie de Parkinson 3. Inclusions éosinophiles intraneuronales arrondies avec une zone centrale dense acidophile, entourée d’un halo périphérique La découverte de la voie dopaminergique nigrostriée 1. 1952: Révolution des neuroleptiques en psychiatrie (Delay et Deniker). Effets secondaires possibles: syndrome parkinsonien 2. 1954-1958: Travaux de Carlsson sur la réserpine; découverte de la dopamine; la réserpine est un dépléteur en dopamine dans le cerveau et peut entraîner un syndrome parkinsonien et dépressif réversibles 3. 1960-1965: Effondrement des taux de dopamine dans le cerveau de patients parkinsoniens, notamment dans le striatum et la substance noire (Hornykiewicz) 4. Années 60-70: Mise au point des méthodes d’histofluorescence par Falk et Hillarp, permettant de marquer les neurones et de tracer les voies catécholaminergiques (Dalhström et Fuxe): noradrénergiques, adrénergiques, puis dopaminergiques => 1) identification de la voie dopaminergique nigrostriée; 2) confirmation de sa dégénérescence dans la maladie de Parkinson LA SYNAPSE DOPAMINERGIQUE DANS LE STRIATUM Lien avec les neurones cholinergiques du striatum Evolution des idées sur le plan pharmacologique 1880: Charcot traite les patients avec de la scopolamine (substance qui se révélera plus tard un anticholinergique) 1913: Guggenheim isole la L-Dopa (L 3-4-dihydrophénylalanine) à partir des haricots, fèves 1949: à la suite de la mise en évidence de l’acétylcholine dans le cerveau, recherche de médicaments anticholinergiques de synthèse (trihexyphénidyle, puis d’autres), qui améliorent le tremblement et la rigidité des patients 1960-1968: Mise en évidence de l’effet thérapeutique de la L-Dopa (précurseur de la dopamine) sur les signes parkinsoniens dont l’akinésie (Birkmayer et Hornykiewicz; Barbeau; Cotzias) 1970 à 2000: découverte des récepteurs dopaminergiques, notion d’agonistes et d’antagonistes dopaminergiques; médicaments agonistes; inhibiteurs MAO-B, et COMT; antiglutamates (amantadine) Peut-on visualiser de nos jours le processus lésionnel par des méthodes in vivo ? 2 3 4 5 1 1: Substance noire 2: Noyau caudé 3: Putamen 4: Pallidum 5: Noyau sous-thalamique LES GANGLIONS DE LA BASE L’imagerie par résonnance magnétique (IRM) du cerveau est normale dans la maladie de Parkinson La tomographie par émission de positons (TEP) LA SYNAPSE DOPAMINERGIQUE DANS LE STRIATUM EXPLORATION DE LA DÉGÉNÉRESCENCE DE LA VOIE NIGRO-STRIÉE IN VIVO PAR TOMOGRAPHIE PAR EMISSION DE POSITONS ET LA [18F]-DOPA Quels sont les facteurs en cause et quel est le mécanisme conduisant à la dégénérescence ? Hypothèses étiologiques ? 1. Cause infectieuse (Parkinson post-encéphalitique) 2. Cause toxique (facteur de l’environnement) 3. Cause génétique (15 à 25% de cas familiaux) L’intoxication au MPTP (Langston et al., 1983) •1979: Premier cas de syndrome chez un étudiant de Californie Parkinsonien juvénile • 1983: Identification de la cause: intoxication accidentelle par l’utilisation de drogues illicites (mépéridine; proches des opiacés), préparées clandestinement; présence d’un sousproduit, le MPTP (1-méthyl-4-phényl-1,2,3,6-tétrahydropyridine), puissant neurotoxique sélectif des neurones dopaminergiques • Depuis 1983: Plusieurs dizaines de cas, mais pas d’autre foyer d’épidémie; études épidémiologiques: 5-10% des Parkinson pourraient être favorisés par l’exposition ou utilisation d’insecticides, pesticides, herbicides • Nombreux travaux: Etudes du mécanisme d’action du MPTP; modèles animaux de Parkinson (dont les primates) Mécanisme d’action du MPTP Formes génétiques de la maladie de Parkinson • Formes autosomiques dominantes (famille italoaméricaine de Contursi) • Formes autosomiques récessives (décrites au Japon puis ailleurs) • De 1996 à 2003: découverte de 10 locus (PARK1 à 10) • Identification de 4 gènes: •α-synucléine (protéine présente dans les corps de Lewy) •Parkine •UCH-L1 •DJ1 Physiopathologie de la dégénérescence des neurones dopaminergiques 1- Facteur déclenchant ? => Génétique (âge jeune) et environnemental (plus avancé) 2- Stress oxydatif avec augmentation de la production de radicaux libres: • déficit complexe I de la chaîne respiratoire mitochondriale • augmentation de la teneur en fer 3- Peroxydation lipidique 4- Mort neuronale (apoptose) RETENTISSEMENT DE LA DÉGÉNÉRESCENCE SUR LES CIRCUITS DES GANGLIONS DE LA BASE 2 3 4 5 1 1: Substance noire (SNc et SNr) 2: Noyau caudé (striatum) 3: Putamen (striatum) 4: Pallidum (GPe, et Gpi) 5: Noyau sous-thalamique (STN) Organisation des ganglions de la base en circuits parallèles et convergeants Représentation somatotopique dans le thalamus (Hassler) (noyaux ventrolatéral et ventrocaudal) Organisation des ganglions de la base en circuits parallèles et convergeants ⇒ Un cerveau dans le cerveau (ou le système des poupées russes) Bases du traitement de la maladie de Parkinson Traitement médical de la maladie de Parkinson: Restaurer la transmission dopaminergique Traitement médical de la maladie de Parkinson: 1)- Précurseur de la dopamine qui restaure les taux de dopamine cérébrale: => la L-Dopa + inhibiteur de la Dopa-décarboxylase périphérique 2)- Limiter la dégradation de la L-Dopa et de la dopamine => ICOMT et IMAO-B 3)- Médicaments qui stimulent directement les récepteurs dopaminergiques => agonistes dopaminergiques 4)- Corriger le déséquilibre entre neurones dopaminergiques et cholinergiques => anticholinergiques 5)- Autres: amantadine (Mantadix ®) Evolution de la maladie de Parkinson sous traitement au long cours par la L-Dopa 1. Amélioration initiale franche sous L-Dopa 2. Période de lune de miel (« honey moon ») 3. Aggravation de l’akinésie, rigidité, tremblement 4. Apparition de fluctuations des performances motrices sous Dopa- thérapie (akinésie de fin de dose, dyskinésies) 5. Apparition de signes axiaux peu Dopa-sensibles, de signes végétatifs, troubles psychiatriques, déclin cognitif Evolution des signes Dopa- et non Dopa-sensibles Les effets de longue et de courte durée de la L-Dopa (Muenter et Tyce, 1971; Shoulson et al., 1975; Fahn, 1982) Effet de longue durée (long duration response) Effet de courte durée (short duration response) Les limites du traitement dopaminergique au long cours (notamment dans les formes à début précoce) La renaissance du traitement chirurgical de la maladie de Parkinson Schéma Ganglions de la base (Alexander, 1990) Chirurgie sous cadre stéréotaxique, anesthésie locale position des électrodes par radiologie, électrophysiologie, et évaluation clinique per-opératoire Les techniques et les cibles de la chirurgie stéréotaxique 1. Lésions par thermocoagulation: (abandonnées progressivement) - Thalamotomie - Pallidotomie -Sub-thalamotomie 2. Stimulation cérébrale profonde: - stimulation thalamique (Benabid et al., 1986) - stimulation pallidale (Siegfrid et al., 1992) - stimulation du noyau sousthalamique (Pollak et al. 1993) La stimulation du noyau sous-thalamique peut être envisagée chez certains patients fluctuants on-off sous L-Dopa en bon état général, de moins de 70 ans Contrôle IRM post-opératoire de l’emplacement des électrodes Mise en place sous anesthésie générale du stimulateur Puis réglage des conditions de stimulation avec un programmateur CONCLUSIONS SUR LA MALADIE DE PARKINSON •1)- situation clinique de plus en plus fréquente du fait du vieIllissement de la population •2)- résultats encore insatisfaisants pour les troubles de marche et d’équilibre et la prévention des chutes et de leurs complications •3)- progrès thérapeutiques ces dernières années grâce à la chirurgie, mais aussi pour les troubles psychiques; nouveaux traitements pour les troubles intellectuels •4)- avenir : thérapies favorisant les processus de régénérescence: greffes neuronales dans le striatum (tissu mésencéphalique); infusion intrastriatale de facteurs de croissance tel le GDNF; thérapie génique; implantation de cellules souches
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