L`expression de l`aspect grammatical dans le domaine nominal : le
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L`expression de l`aspect grammatical dans le domaine nominal : le
L’expression de l’aspect grammatical dans le domaine nominal : le cas de en plein Naction * Pauline Haas ** Introduction Comme les verbes, certains noms ont un emploi prédicatif dans lequel ils sont pourvus de propriétés aspectuelles qu’on peut décrire à l’aide de traits binaires tels que dynamique / statif, télique / atélique, duratif / ponctuel (cf. entre autres, Kenny, 1963/[1994] ; Vendler, 1967 ; Van de Velde, 1995 ; G. Gross, 1996 ; Kiefer, 1998 ; Huyghe & Marín, 2008 ; Haas, 2009 ; Heyd & Knittel, 2009). Outre l’aspect lexical, les verbes sont également soumis à un aspect grammatical qui, en français, est principalement porté par les temps verbaux et permet d’envisager une situation dans son déroulement ou au contraire comme un tout. En termes (néo)guillaumiens, il s’agit de l’opposition « global / sécant » Wilmet (1970, 1980)2, dans les études slaves, il s’agit de l’opposition « perfectif / imperfectif »3 : * [1] Pierre (se promena / s’est promené) dans les bois (aspect global) [2] Pierre (se promenait / est en train de se promener / se promène) dans les bois (aspect sécant) Je remercie Danièle Van de Velde et Marie-Laurence Knittel pour leurs remarques qui m’ont permis d’améliorer ce travail, ainsi que Marc Wilmet pour ses explications concernant la genèse des termes « sécant » et « global ». ** EA Grammatica, université d’Artois. 2 On trouve chez Guillaume les expressions « vision sécante » et « vision globale » (1929/ [1984]), mais l’auteur n’applique pas cette opposition à l’aspect grammatical, terme qu’il réserve à l’opposition temps simples / temps composés / temps surcomposés. C’est Wilmet qui emploiera la dichotomie global / sécant au niveau aspectuel (1970, 1980) afin de distinguer l’aspect grammatical de l’aspect lexical pour lequel il emploie les termes perfectif / imperfectif. 3 Les termes perfectif / imperfectif ont été ensuite repris dans des études portant sur d’autres langues que les langues slaves pour décrire des notions très différentes. L’observation de l’utilisation faite de ces termes dans quelques grammaires et travaux portant sur le français suffit à donner un aperçu du flou régnant. Ainsi, Grevisse (1936/[1993]), Comrie (1976) ou R. Martin (1971) emploient perfectif et imperfectif pour désigner l’aspect grammatical (emploi sans doute hérité des études slaves), alors que Wilmet (1970), Arrivé et alii (1986), Leeman-Bouix (1994), Riegel et alii (1994/[1999]) ou Aslanides (2001) utilisent ces termes pour opposer les procès téliques aux procès atéliques, ce qui relève de l’aspect lexical. L’incertitude qui entoure dès lors les termes perfectif / imperfectif me fait leur préférer la terminologie global / sécant qui offre l’avantage d’être univoque, mais l’inconvénient d’être moins usuelle. Les noms, dépourvus de conjugaison, ne sont a priori pas concernés par l’aspect grammatical4. Néanmoins, il est connu que certaines locutions peuvent jouer dans le domaine nominal le rôle de marqueur d’aspect grammatical. C’est le cas de en cours de ou en voie de qui ont fait l’objet de plusieurs études (Anscombre, 2007 ; Do-Hurinville, 2010). Une autre locution fonctionne également comme un marqueur d’aspect grammatical : en plein. En cours de et en voie de marquent l’aspect sécant (ou duratif) mais ne peuvent sélectionner comme argument nominal qu’un nom dénotant une action télique (ou délimitée) et durative de type accomplissement5, e.g. en voie de démocratisation, en voie de disparition, en cours de réparation, alors que en plein peut être suivi d’un nom de lieu (en pleine forêt), d’un nom d’état (en plein désarroi) ou d’un nom d’action (en plein déménagement). Ce travail portera sur la structure N1 est en plein N2 lorsque N2 dénote une action, c’est-à-dire un nom prédicatif d’aspect lexical dynamique. Je défendrai l’hypothèse selon laquelle en plein Naction est le pendant nominal de être en train de Vinf, autrement dit que en plein est un marqueur d’aspect grammatical sécant de type « progressif ». Après avoir décrit dans la première partie les (in)compatibilités aspectuelles de en plein avec quelques-unes des autres marques aspectuelles de l’énoncé (en particulier le temps de la copule être et les prépositions pendant et depuis), la deuxième partie établira une comparaison entre l’emploi de la préposition simple en et de la locution en plein, ce qui permettra d’affiner la description sémantico-aspectuelle de en plein. Enfin, dans la dernière partie, les hypothèses seront confrontées à l’usage par le biais de l’étude d’une centaine d’énoncés attestés. 4 Ferret, Soare & Villoing (2009) ont néanmoins montré que certains suffixes expriment l’opposition grammaticale perfectif / imperfectif. Elles proposent d’analyser la règle de suffixation en –age comme donnant une vision imperfective [sécante] de la situation et la règle de suffixation en –ée comme impliquant une vision perfective [globale] de la situation. On peut également mentionner les travaux de Knittel et ceux de Iordachioaia & Soare portant sur la pluralisation des nominalisations complexes. Knittel lie l’aspect grammatical [± perfectif] à la présence d’une projection du nombre dans la structure syntaxique des nominalisations (à paraître) ; Iordachioaia & Soare montrent qu’en roumain les nominalisations de type "infinitif" sont sous spécifiées pour l’aspect grammatical alors que celles du type « supin » sont imperfectives (2008). 5 Do-Hurinville (2010), comme Anscombre (2007), précise qu’être un accomplissement n’est pas une condition suffisante pour suivre en cours de ou en voie de. Anscombre (2007 : 65) ajoute que en voie de peut prendre un argument nominal de type achèvement, à condition qu’il s’agisse d’un achèvement étirable (e.g. remporter la victoire). 2 1. En plein : marqueur d’aspect grammatical sécant 1.1. Aspect lexical de N2 Les noms dynamiques pouvant suivre en plein dénotent des situations duratives [3]a, à l’exclusion des noms dénotant des situations ponctuelles [3]b6 : [3] a. Pierre est en plein(e) (balade / communication avec l’étranger / concert /consultation / conversation avec Marie / entraînement / mission / négociation avec le Parlement / prière / randonnée / répétition / réunion / tournage / visite / voyage) b. * Pierre est en plein(e) (annulation / arrivée / assassinat / coupure de courant / découverte / exécution / noyade)7 [4] a. (La / le) (communication avec l’étranger / conversation avec Marie / négociation avec le Parlement / visite / voyage) a duré longtemps b. La (balade/ consultation / mission / réunion / randonnée) a commencé à quatorze heures c. Pendant (la / le / l’) (concert / entraînement / prière / répétition / tournage), il ne faut pas parler Les exemples [4] confirment que les noms listés en [3] sont bien duratifs8. En plein sélectionnent des noms dont l’aspect lexical général est [+ dynamique, + durée]. Étant duratifs, les noms dynamiques qui suivent en plein sont intrinsèquement pourvus d’une structure interne : ils dénotent des situations qui peuvent se déployer dans le temps, se dérouler. 6 Contrairement à en cours de et plus encore en voie de qui sont très restrictifs quant à l’aspect lexical du nom dynamique introduit, en plein prend des arguments nominaux d’aspects variés : en plein jardinage (nom d’activité massif), en pleine promenade (nom d’activité comptable), en plein accouchement (nom d’accomplissement). 7 Les prédicats nominaux ponctuels sont exclus au moins dans l’interprétation où N1 est l’agent de N2. 8 Les tests utilisés pour mettre en évidence la durativité des noms sont des tests classiques de la littérature (cf. entre autres, G. Gross & Kiefer, 1995 ; Godard & Jayez, 1996 ; Kiefer, 1998 ; Anscombre, 2005). Les périphrases aspectuelles (commencer, continuer), ont été majoritairement étudiées et utilisées dans le domaine verbal (cf. Lamiroy, 1987 ; M. Gross, 1999 ; Laca 2005 ; etc.), mais ces analyses sont transposables dans le domaine nominal (cf. Daladier, 1996 ; Peeters, 2005 ; Haas, 2009 : 133-141). 3 1.2. Aspect grammatical de en plein N2 [5] L’averse a surpris Pierre en plein entraînement [6] Le soliste a été interrompu en pleine répétition L’action dénotée par N2 lorsqu’elle est introduite par la locution en plein peut servir de cadre à la survenue d’un autre événement [5] ou être interrompue pendant son déroulement [6]. Autrement dit, la structure interne de la situation dynamique durative introduite par en plein est accessible. Dans le domaine verbal, c’est l’emploi d’un temps sécant, comme l’imparfait, qui présente l’action dans son déroulement, sa structure interne étant par conséquent accessible : [7] Alors qu’il s’entraînait, une averse surprit Pierre L’emploi d’un temps global tel que le passé simple rendrait l’énoncé agrammatical car la structure interne de l’action ne serait plus accessible : [8] * Alors qu’il s’entraîna une averse surprit Pierre La proximité des faits rencontrés dans les domaines verbal [7] et nominal [5]-[6] mène à considérer en plein comme un marqueur de l’aspect sécant imposant au nom une visée sécante, qui permet « la décomposition du donné linguistique en un fragment d’accompli et un fragment d’inaccompli » Wilmet (1970 : 48). Afin de conforter l’analyse de en plein comme marqueur de l’aspect sécant dans le domaine nominal, examinons la compatibilité aspectuelle de cette locution avec quelques autres éléments porteurs d’aspect dans l’énoncé. 4 1.2.1. Aspect de la copule être En plein N étant un prédicat de nature nominale, il peut être nécessaire de faire porter les marques de temps et de personne par le verbe copule être9. On remarque que cette copule ne peut pas apparaître à tous les temps : [9] Pierre est en pleine promenade [10] a. Pierre était en pleine promenade b. ?? Pierre a été en pleine promenade c. ?? Pierre fut en pleine promenade Le présent est un temps sécant, mais comme il ne connaît pas de contrepartie à l’aspect global, qu’il soit autorisé avec en plein ne permet pas de conclure. Seule l’époque du « passé » possède des tiroirs différents pour signifier l’aspect global et l’aspect sécant. Que seul le temps passé sécant (imparfait) soit régulièrement compatible avec en plein N et non les temps passés de visée globale (passé simple et passé composé) est significatif. On peut en conclure que en plein N décrit bien une action selon la visée sécante et réclame que le verbe être copule soit conjugué à un temps n’entrant pas en conflit aspectuel avec lui, c’est-à-dire, un temps lui-même sécant. Concernant cette conclusion, deux remarques s’imposent. La première est qu’on trouve quelques exemples attestés de a été en plein N / fut en plein N. Néanmoins, ces cas restent rares et ne concernent que quelques noms ou font intervenir une subordination10 : [11] a. Le marché de l’immobilier logistique a été en plein essor au 1er trimestre [web] b. Lorsque cette Ecole fut en plein développement, soixante-dix professeurs étaient chargés de l’enseignement annuel de près de trois cents étudiants (…) [web] 9 L’utilisation d’une copule accompagnant le prédicat en plein N n’est pas obligatoire. En effet, lorsqu’une prédication de nature verbale dénote un événement prenant place dans le cours de l’action dénotée par en plein Naction (rapport de subordination), le recours à être devient facultatif : (i) Un coup de tonnerre a interrompu Pierre en plein discours (= alors qu’il était en plein discours) 10 Comme le rappelle Do-Hurinville (2007), être en train de n’est pas compatible avec le passé simple excepté dans certaines subordonnées. Cette remarque peut-être étendue à être en plein Naction. Je me limite ici à l’étude des phrases simples dans lesquelles en plein N exige que le verbe copule être soit conjugué à un temps sécant. 5 La seconde remarque concerne le classement aspectuel du passé composé. Dans son analyse, Wilmet le range parmi les temps sécants (1970 : 49 et 1980 : 57). Néanmoins, il souligne que « la personnalité aspectuelle du passé composé […] s’estompe au fil des siècles » et qu’aujourd’hui l’opposition entre passé composé et imparfait tend à « se fondre dans une opposition plus générale de l’imparfait avec les autres tiroirs passés » (1970 : 357). Ces deux remarques mènent à considérer qu’actuellement, le passé composé est aspectuellement plus proche du passé simple (temps global) que de l’imparfait (temps sécant). Cela est corroboré par les emplois, nombreux, où passé simple et passé composé sont interchangeables sans modification aspectuelle de l’énoncé : [12] Pierre s’entraîna lorsque l’averse commença = Pierre commença à s’entraîner lorsque l’averse commença [13] Pierre s’est entraîné lorsque l’averse a commencé = Pierre a commencé à s'entraîner lorsque l'averse a commencé L’exemple [12] exprime, grâce à la présence d’un passé simple, la concomitance entre le début des deux actions décrites. Le même type d’interprétation est possible avec le passé composé (Knittel, CP). L’analyse traditionnelle du passé composé comme marqueur de l’aspect sécant repose en partie au moins sur l’aptitude du passé composé à exprimer la conséquence dans le présent d’une action passée (cela correspond à l’aspect porté par le present perfect en anglais), ce qui semble en accord avec la définition de l’aspect sécant comme l’aptitude à exprimer « l’incessant passage de ce qui n’est pas encore à ce qui est » (R. Martin 1971 : 75). Pourtant, il existe une différence nette entre l’imparfait et le passé composé. Alors que l’imparfait se décompose en une part d’accompli et une part d’inaccompli qui sont de même nature – il marchait se décompose en ‘de la marche accomplie’ et ‘de la marche inaccomplie’ au moment passé qui sert de référence –, il n’en va pas de même au passé composé où la part d’accompli, rejetée dans le passé, correspond à l’action dénotée par le verbe alors que la supposée part d’inaccompli n’est plus de nature actionnelle – il a marché se décompose en 6 ‘de la marche accomplie’ et ‘une conséquence (subséquence) dans le présent’ qui n’est pas de la marche mais un état résultant ou une conséquence logique de la marche. Cela a d’ailleurs été remarqué par R. Martin qui précise qu’avec le passé composé « on glisse facilement du sens aspect accompli au sens de conséquence » (1971 : 386), il ajoute que « souvent on utilise le passé simple pour les passés les plus anciens et passé composé pour les plus récents » (1971 : 387)11. Ces observations ne conduisent pas l’auteur à une réanalyse de l’aspect grammatical porté par le passé composé. Enfin, Anscombre (2007 : 55-56) signale que la forme progressive n’est compatible qu’avec l’aspect inaccompli (dans sa terminologie, l’inaccompli correspond grosso modo à l'aspect sécant) et ne peut se conjuguer au passé composé, indiquant par là que le passé composé n’est pas un inaccompli. Pour toutes ces raisons, je range le passé composé parmi les temps d’aspect global au même titre que le passé simple avec lequel il entre éventuellement, mais pas nécessairement, en opposition temporelle (passé ancien vs passé récent), cette opposition étant vraisemblablement d’origine aspectuelle : le passé composé, contrairement au passé simple, permettant d’exprimer la subséquence d’une action passée dans le présent. 1.2.2. En plein et l’aspect imminentiel Comparons : [14] Pierre partit en promenade à 14 heures 11 L’analyse de l’opposition passé composé / passé simple selon le critère passé récent / passé ancien (cf. entre autres, Imbs, 1960 ; R. Martin, 1971) a été contestée. Selon Weinrich elle provient en grande partie de la « règle des 24 heures » proposée par Henri Estienne au XVIème siècle selon laquelle il faut utiliser le passé simple pour raconter les faits passés dont on est séparé par au moins une nuit et employer le passé composé pour les faits passés inclus dans la journée. Cette règle a connu un succès certain, beaucoup d’auteurs classiques la respectant. Or, les auteurs classiques sont considérés comme des modèles, on assiste alors à un enchaînement : la théorie des 24 heures (fausse selon Weinrich, 1964 : 291ss) crée un usage reconnu qui devient la règle. Même en rejetant l’opposition temporelle qui règlerait le rapport entre passé simple et passé composé pour adopter le point de vue de Weinrich, selon lequel passé simple et passé composé s’opposent du point de vue du registre – le passé simple serait (avec l’imparfait) le temps du passé raconté (temps du récit) alors que le passé composé serait le temps du passé commenté (temps commentatif) (1964 : 92-94) –, il demeure que la distinction entre ces deux temps ne relève pas de la dichotomie aspectuelle sécant / global. 7 [15] * Pierre partit en pleine promenade à 14 heures Le verbe partir sélectionne la phase qui précède immédiatement l’action et n’est compatible qu’avec une action présentée comme une étendue bornée au moins à gauche. Le complément de temps précise la localisation temporelle de la borne initiale. En [14], le sémantisme du verbe partir et le complément de datation en à se combinent pour donner à l’énoncé l’aspect imminentiel12. Le sens imminentiel porté par partir s’accompagne d’une interprétation finale de en N. En effet, l’énoncé [14] signifie que Pierre est parti ‘pour se promener’, ce qui n’est pas surprenant : on retrouve ici l’interprétation de but bien connue de partir + Vinf (e.g. partir pêcher signifie ‘partir (pour / dans le but) de pêcher’). En [15], l’emploi de en plein rend l’énoncé agrammatical. Si en plein est bien un marqueur d’aspect sécant, cette agrammaticalité trouve son explication dans la contradiction aspectuelle qu’il y a entre la visée ‘en cours de déroulement’ de l’action nominale imposée par en plein et l’aspect imminentiel13. Si on supprime le complément de datation qui force la lecture imminentielle de partir, l’exemple [15] devient grammatical mais change de sens, et signifie que Pierre a quitté la promenade alors qu’elle était en cours : [16] # Pierre est parti en pleine promenade L’exemple [16] montre qu’il n’y a pas en soi d’incompatibilité entre en plein et le verbe partir, mais on retrouve le cas, déjà présenté dans l’énoncé [5], d’un événement (ici, un 12 L’imminentiel est à notre connaissance assez peu évoqué en français. Il peut néanmoins être considéré comme faisant partie des « aspects de phases » qui désignent « la dimension se rapportant aux phases objectives de l’action désignée par un verbe » Coseriu (1980 : 22). Cependant, certains linguistes considèrent que l’imminentiel relève du temps et non de l’aspect : « le caractère d’un fait qui se produira incessamment ou qui s’est produit récemment nous paraisse relever du temps expliqué et non du temps impliqué » R. Martin (1971 : 53). Dans la perspective guillaumienne, qui est celle de R. Martin, le temps impliqué correspond à la catégorie de l’aspect et le temps expliqué à celle du temps. Je parlerai d’aspect imminentiel dans la mesure où il y a désignation d’une phase et afin de ne pas séparer l’imminentiel de l’inchoatif, du progressif et du terminatif, qui sont reconnus comme aspects. Néanmoins, l’objection de R. Martin n’est pas infondée. Cependant, seul importe ici que le sens imminentiel entre en contradiction avec l’aspect sécant, son statut d’aspect ou de temps n’étant pas crucial dans cette analyse. 13 Que cette incompatibilité aspectuelle ne se produise pas dans l’énoncé [14] où c’est la préposition simple en qui est employée laisse supposer que, dans cet énoncé, en N est d’aspect global, cf. analyse aspectuelle de en N au §2.3. 8 départ) localisé à l’intérieur de l’intervalle de référence de la situation dénotée par en plein Naction. Partir n’a plus de valeur imminentielle, ce qui explique que la phrase devienne acceptable dès lors que la visée sécante imposée par en plein n’entre plus en conflit avec les autres marques aspectuelles de la phrase. 1.2.3. * En plein N pendant x temps Il est à première vue surprenant que l’aspect sécant nominal ne soit pas compatible avec les compléments de durée introduit par pendant : [17] * Pierre était en pleine promenade pendant deux heures En [17], le temps de la copule est sécant et n’entre pas en contradiction avec l’aspect porté par en plein. L’agrammaticalité de cet exemple provient bien de l’adjonction d’un complément de durée en pendant, puisque son remplacement suffit à rendre l’énoncé grammatical : [18] Pierre était en pleine promenade quand l’averse s’est mise à tomber La préposition pendant fonde un complément de durée qui prend la forme d’un intervalle fermé à gauche et à droite et qui doit être entièrement occupé par l’action qu’il mesure (Berthonneau, 1989 : 681)14. Dans le domaine verbal, l’imparfait et un complément de durée introduit par pendant ne sont pas entièrement incompatibles : [19] ? Pierre se promenait pendant deux heures [19] n’est pas une phrase agrammaticale, mais l’interprétation la plus naturelle est de faire une lecture habituelle du type ‘pierre se promenait deux heures chaque soir’. L’aspect sécant, en présentant l’action en cours de déroulement, ne considère pas ses éventuelles limites, autrement dit, l’aspect sécant exprime « un intervalle ouvert à ses deux extrémités » Wilmet (1980 : 59). La conséquence est qu’une action présentée selon cet aspect ne permet pas 14 Est laissé de côté l’autre emploi temporel de cette préposition qui consiste à utiliser pendant + quantité et qui permet de localiser un procès à l’intérieur de l’intervalle ainsi obtenu sans qu’il y ait recouvrement nécessaire (e.g. Pierre a téléphoné (trois fois) pendant la matinée) (Berthonneau, 1989 : 639ss). 9 couvrir (sans déborder) l’intervalle fermé impliqué par pendant. L’itération permet de donner à l’action se promener une durée exacte de deux heures. L’imparfait utilisé en [19] n’exprime donc pas l’aspect sécant mais l’aspect itératif. Reste à savoir pourquoi la lecture itérative qui est possible dans le domaine verbal et rend compatibles imparfait et complément de durée en pendant n’est pas disponible dans le domaine nominal, l’énoncé [17] n’autorisant pas une telle interprétation. L’aspect sécant verbal peut revêtir diverses formes. Outre les temps présent et imparfait, cet aspect peut être porté par la forme progressive. Il s’agit d’un aspect sécant particulier puisqu’en plus de présenter l’action de manière sécante, le progressif renforce la vision « en cours » de l’action en localisant métaphoriquement le sujet à l’intérieur du déroulement de l’action, ce qui, selon Jespersen (1924/[1971]), est la métaphore à l’origine du sens progressif. Or, l’aspect sécant progressif est incompatible avec les compléments de durée introduits par pendant : [20] * Pierre (est / était) en train de se promener pendant deux heures L’aspect sécant progressif, comme en plein, n’autorise pas de lecture itérative et l’incompatibilité entre l’intervalle ouvert fondé par cet aspect et l’intervalle fermé requit par l’emploi de pendant demeure15. Par conséquent, on peut se demander si l’aspect sécant porté par en plein ne serait pas plus proche dans sa signification du progressif être en train de que des temps présent ou imparfait, en plein N et être en train de Vinf étant tous deux incompatibles avec les compléments de durée introduit par pendant16. 15 Wilmet signale à ce sujet que « être en train de + infinitif interdit au présent et à l’imparfait toute acception "gnomique" ou "habituelle" » (1980 : 59). 16 Un argument distributionnel rapproche encore en plein N et être en train de Vinf : être en train de Vinf, comme en plein N (cf. §1.2.1.), se conjugue très préférentiellement à des temps sécants : (i) (est / était )en train de Vinf (ii) ?? (fut / a été) en train de Vinf 10 1.2.4. * En plein N depuis x temps Il existe néanmoins des différences distributionnelles entre le progressif verbal et en plein N : [21] ? Pierre était en train de se promener depuis deux heures quand l’orage a commencé [22] * Pierre était en pleine promenade depuis deux heures quand l’orage a commencé Contrairement à ce qui a été observé avec les compléments de durée introduits par pendant, il n’y a pas d’incompatibilité forte entre l’aspect progressif et le complément de temps introduit par depuis comme en atteste [21]17. La préposition depuis ne fonde pas un intervalle fermé (comme c’était le cas de pendant), mais fixe le premier point d’un intervalle ouvert à droite qui doit, sur le mode continu ou discontinu être occupé par l’action (Berthonneau, 1993)18. L’aspect progressif porté par être en train de est par conséquent compatible avec les compléments en depuis : l’action exprimée à l’aspect progressif (i.e. dont l’intervalle de référence est ouvert à gauche et à droite) est compatible avec l’intervalle ouvert à droite fondé par depuis. Le fait que l’intervalle de référence de depuis soit fermé à gauche n’est pas problématique car cette borne est identifiable grâce à la mesure exprimée par deux heures qui permet de calculer le positionnement de la borne gauche fermée de l’intervalle de depuis en soustrayant deux heures au repère T0 correspondant au point d’énonciation (ou à sa transposition dans le passé). Par ailleurs, il y a adéquation entre la borne droite ouverte de l’intervalle de référence de l’action au progressif et de l’intervalle représentant depuis x 17 Certains locuteurs jugent la combinaison de être en train de avec depuis peu naturelle (d’où l’attribution d’un point d’interrogation à l’énoncé [21]). Néanmoins, la plupart des locuteurs interrogés, y compris ceux qui trouvent [21] étrange, jugent [22] entièrement inacceptable. Les intuitions des locuteurs natifs se vérifient dans l’usage. Alors qu’on trouve sur la toile des exemples nombreux combinant être en train de et un complément de temps introduit par depuis, les exemples associant en plein Ndyn et depuis sont rares, voire inexistants. 18 R. Martin analyse depuis comme un marqueur imperfectif. Il précise qu’ « en français moderne, […], depuis, employé prépositivement, s’allie presque exclusivement à des temps grammaticaux imperfectifs (PR, IMP) ou à des temps construits à l’aide d’un auxiliaire imperfectif (PC, PQP) et pris dans le sens de l’accomplit […] » (1971 : 225). Il explique la concordance forte entre depuis et les temps grammaticaux imperfectif par le fait que depuis « définit une période de temps par référence à une limite initiale, dans une visée imperfective d'éloignement […] » (1971 : 226). 11 temps : rien n’est dit, ni par l’aspect, ni par le complément de temps, sur la fin de l’action se promener. On peut se demander pourquoi, si en plein exprime bien un aspect sécant progressif, [22] est agrammatical. Qu’est-ce qui empêche l’intervalle de référence de être en plein N2 d’être compatible avec celui de depuis deux heures comme c’est le cas pour être en train de Vinf ? La réponse à cette question nécessite de s’attarder sur une opération particulière qu’effectue en plein et qui n’est pas présente avec en train de (cf. §2.1et §2.4). Afin de la mettre en évidence, comparons l’emploi de en plein avec celui de la préposition simple en (cf. §2.2 et §2.3). 2. En plein vs en En plein est formé à partir de la préposition simple en qui peut, comme en plein, avoir un argument nominal dénotant une action. Après avoir repris les conclusions de travaux antérieurs portant sur le sémantisme de en plein, seront comparés les emplois de la préposition en et de la locution en plein dans des énoncés où l’argument nominal est un nom d’action et où le sujet a un référent humain. 2.1. Le fonctionnement sémantique de en plein Dans de précédents travaux, l’adjectif plein présent dans la locution en plein a été analysé comme un « marqueur de centrage », expression empruntée à Franckel & Lebaud (1991 : 58)19. Plein opère un « centrage » dont la nature dépend de la nature du nom introduit : [23] Pierre est en pleine forêt [24] Pierre est en pleine félicité [25] Pierre est en pleine promenade 19 Je ne peux reprendre ici l’ensemble des analyses ayant mené à la caractérisation de plein comme marqueur de centrage. Pour les détails, cf. Haas (2009, 2011). 12 Le terme « centrage » signifie ‘mettre au centre’, mais il ne s’agit pas d’un centre au sens géométrique, Pierre peut être dit « en pleine forêt » même s’il n’est pas au centre exact de celle-ci, il suffit en fait qu’il soit dans la forêt et certainement pas en vue de la lisière. Le centrage dont il est question consiste à placer le sujet au centre (relatif) du lieu, de l’état ou de l’action dénotée par N220. Dans le cas où le nom dénote un lieu [23] le centrage est spatial, Pierre est localisé spatialement à l’intérieur de la forêt, plein suggère également qu’il se trouve à un endroit touffu de la forêt et non dans une clairière, quand bien même cette dernière constituerait le centre géographique de la forêt. Dans le cas où le nom dénote un état [24], le centrage est intensif, être en pleine félicité réfère à un paroxysme de l’état de félicité. Enfin, dans le cas où le nom dénote une action [25], le centrage est temporel et intensif, être en pleine promenade signifiant à la fois que l’on n’est ni au début ni à la fin de la promenade, mais également que le sujet est à un moment particulièrement intense de l’action qu’il accomplit (cf. une expression comme la fête battait son plein). Le rapport entre centrage intensif et centrage temporel varie (dominance de l’un ou de l’autre) en fonction du sémantisme propre de chaque nom d’action (cf. [29] pour un exemple où le centrage intensif domine). Le fait que en plein Ndyn sélectionne un point à l’intérieur de l’action présentée dans son déroulement – point repérable par sa position temporelle centrale et son intensité forte – explique l’impossibilité d’adjoindre un complément de durée en depuis, puisqu’un point, dépourvu d’étendue temporelle, ne saurait être compatible avec l’expression d’une durée (cf. [22] reprit en [26]) : [26] * Pierre était en pleine promenade depuis deux heures quand l’orage a commencé 20 Sur la proximité de plein avec la notion de centre, voir l’aperçu étymologique proposé par Do-Hurinville (2008 : 3) ainsi que son analyse en plein suivi de noms spatiaux (ibid : 6-7). 13 Que plein sélectionne un point à l’intérieur de l’intervalle ouvert de référence de l’action dénotée par N2 est confirmé, d’une part, par la possibilité d’adjoindre un complément de datation ponctuel introduit par la préposition à [27] et, d’autre part, par la possibilité, déjà mentionnée, d’interrompre une situation décrite par en plein N2 [28] : [27] Pierre était en pleine promenade à 14 heures [28] Le Président a été interrompu en plein discours par des jets de tomates Enfin, le point particulièrement intense que plein sélectionne dans le déroulement de l’action en cours décrite par en plein N2 permet d’expliquer qu’il existe quelques cas où en plein et depuis sont compatibles contrairement à ce qui est attendu : [29] ? Pierre et Marie étaient en pleine conversation depuis plus de deux heures quand ils s’aperçurent qu’ils avaient fréquenté la même école élémentaire Dans cette phrase, plein signifie ‘grande’ avec une interprétation intensive (être en grande conversation avec quelqu’un vs. * être en grande promenade cf. [26]). Autrement dit, en [29], ce qui domine l’interprétation c’est l’opération de centrage intensif opérée par plein et non l’expression de l’aspect sécant progressif (qui demeure néanmoins puisque Pierre et Marie, s’ils sont ‘en grande conversation’ sont bien ‘en train de discuter’). L’interprétation intensive que en plein exalte avec certains noms d’actions seulement permet de lever les contraintes de sélection entre en plein et depuis x temps. On peut résumer ainsi le rôle sémantique de en plein lorsque cette locution introduit un nom d’action : - (i) en plein est un marqueur de l’aspect grammatical sécant (vision ‘en cours de déroulement’ de l’action) - (ii) en plein sélectionne un point à l’intérieur de l’action en cours Le point (i) est un préalable indispensable au point (ii), puisque la sélection d’un point à l’intérieur du déroulement d’une action suppose que l’on ait effectivement accès à la structure 14 interne de cette action, c’est-à-dire qu’elle soit présentée selon l’aspect sécant. C’est pourquoi, la caractérisation première de en plein est bien de porter un aspect sécant (probablement progressif) et secondairement d’opérer un centrage temporel et intensif mettant en relief un point de l’action21. 2.2. Aspect lexical En et en plein ont en commun de pouvoir sélectionner un argument nominal dénotant une action : [30] Pierre est (en / en plein(e)) (balade / communication avec l’étranger / concert /consultation / conversation avec Marie / entraînement / mission / négociation avec le Parlement / prière / randonnée / répétition / réunion / tournage / visite / voyage) L’aspect lexical général exigé par en et en plein est le même, le nom d’action doit être [+ duratif]. Néanmoins, alors que en plein accepte de se combiner avec n’importe quel type de noms d’action duratif (cf. §1.1), en a une distribution beaucoup plus restreinte : [31] a. Pierre est (*en / en plein) jardinage, ne le dérange pas b. De temps en temps Internet s'arrête et redémarre aussitôt mais c’est très énervant surtout quand on est en pleine navigation sur le Web [web] [32] a. Pierre est (*en / en pleine) réparation de ta voiture, va lui offrir un verre d’eau b. Le docteur d’urgence de Zermatt nous a indiqué qu’une femme est en plein accouchement et perd beaucoup de sang [web] [33] Pierre est (en / en pleine) réunion, il est inutile d’essayer de lui téléphoner Parmi les noms d’actions, la préposition en ne sélectionne que les noms d’activités comptables, c’est-à-dire des noms dont l’aspect est [+ duratif, + délimité, + homogène]. En [31], jardinage et navigation, qui sont des noms d’activités massifs (du jardinage vs *un 21 L’incompatibilité de en plein avec les compléments de durée en pendant, d’abord imputée à la contradiction qui existe entre aspect sécant et l’intervalle fermé requit par pendant, est peut-être due à la sélection d’un point par en plein. Ces deux phénomènes étant liés, il ne semble pas nécessaire de trancher entre ces deux explications qui se cumulent. 15 jardinage), sont exclus par défaut de la propriété [+ délimité]22 et en [32], réparation et accouchement, qui sont des noms d’accomplissements, sont exclus par défaut d’homogénéité (les accomplissements incluent dans leur structure interne un telos, ce qui fait d’eux des prédicats hétérogènes). 2.3. Aspect grammatical La locution en plein présente l’action selon une visée sécante. Qu’en est-il de la préposition simple en ? Notre propos n’est pas de dresser un tableau complet des emplois extrêmement variés que peut avoir la préposition en suivie d’un nom d’action, ce point mériterait une étude à part entière, mais uniquement de faire quelques remarques sur l’aspect grammatical de en. Il semble que la préposition simple en n’impose pas de restriction de conjugaison à la copule être : [34] a. Marie est en randonnée b. Pierre (fut / a été) en promenade toute la matinée c. Le président était en discussion avec le juge quand vous avez téléphoné d. Les musiciens seront en répétition à cette heure-là Selon que le temps de la copule est sécant ou global, l’action dénotée par le nom sera présentée selon l’aspect sécant ou global, comme le suggèrent les paraphrases suivantes où le prédicat nominal a été remplacé par le prédicat verbal correspondant : [35] a. Marie est en train de randonner b. Pierre (se promena / s’est promené / # se promenait) toute la matinée c. Le président (discutait / * discuta) avec le juge quand vous avez téléphoné d. Les musiciens répèteront à cette heure-là 22 Plusieurs études ont montré que les noms en relation morphologique avec des verbes d’activités ne forment par une classe homogène, notamment selon le critère massif / comptable (Van de Velde, 1995 ; Flaux & Van de Velde, 2000 : 100-103 ; Heyd & Knittel, 2009). A propos des conséquences de ce critère sur l’aspect lexical des noms d’activités cf. Haas & Huyghe (2010). A propos des restrictions de sélection de en vs en plein sur l’aspect lexical du nom d’action argument cf. Haas (2009 : 212-243). 16 La préposition en, contrairement à en plein, n’impose aucune visée aspectuelle à son argument nominal. L’aspect grammatical dépend des autres marqueurs aspectuels utilisés, notamment du temps de la copule (quand elle est présente). En l’absence de copule prenant en charge l’aspect grammatical, il semble que le locuteur ait tendance à conférer à en N un aspect qui permette une interprétation cohérente de la phrase. Reprenons l’exemple [14] : [36] Pierre partit en promenade à 14 heures L’utilisation de en plein est interdite dans ce contexte en raison d’un conflit aspectuel entre l’aspect sécant porté par en plein et l’aspect imminentiel porté conjointement par partir et à 14 heures (cf. §1.2.2). Rien de semblable ne se produit en [36], ce qui conduit à conclure que en N est soit perçu selon une visée globale, soit sans visée du tout. Sans tenter de trancher ce point, il est cependant remarquable que en plein N marque toujours l’aspect sécant alors que en N peut s’interpréter selon l’aspect sécant ou global (et peut-être neutre) en fonction du contexte. 2.4. Explications à la lumière du fonctionnement de en plein Il s’agit à présent de vérifier si le fonctionnement sémantique de en plein (cf. §2.1) permet d’expliquer les différences d’emploi entre en Naction et en plein Naction tant sur le plan de l’aspect lexical que de l’aspect grammatical. Du point de vue de l’aspect lexical, en plein a une distribution plus large que la préposition simple en. L’opération de centrage qu’opère plein (opération, rappelons-le, qui ne peut se produire que parce que en plein présente la situation de manière sécante) permet d’expliquer la levée des restrictions aspectuelles pesant sur le nom argument de la préposition simple en. En effet, en plaçant le sujet humain agentif au cœur de l’action qu’il accomplit, en plein rend non pertinente les questions de délimitation et d’homogénéité. Le sujet, ainsi placé au « centre » de l’action, ne peut plus percevoir la présence (ou l’absence) de délimitation de 17 l’action (les noms comme jardinage sont acceptés), ni la présence (ou l’absence) d’un telos rendant la situation hétérogène (les noms comme accouchement sont acceptés). Du point de vue de l’aspect grammatical, la souplesse d’emploi de la préposition simple en explique sa présence dans des contextes où la locution en plein, amenant avec elle une visée sécante, est exclue : [37] a. Pierre était (en / * en pleine) promenade pendant deux heures b. Pierre était (en / * en pleine) promenade depuis ce matin c. Pierre est parti (en / * en pleine) promenade à 14 heures Dans ces exemples, il y a conflit entre la vision ‘en cours de déroulement’ de l’action dénotée par en plein N et les autres marques d’aspect. Inversement, certains contextes sont réservés à en plein : [38] a. Le directeur a été interrompu ( ?? en / en pleine) réunion par un coup de fil inopiné b. Il est impossible de sortir ( ?? en / en pleine) réunion sans se faire remarquer23 Dans ces exemples, en ne présente pas nécessairement la situation comme étant ‘en cours de déroulement’ ce qui empêche l’action dénotée par en N de servir de situation cadre ou d’être interrompue. Notons que si l’on ajoute un marqueur temporel explicitant le rapport de subordination entre les deux actions, alors l’emploi de la préposition simple en devient possible : [39] a. Le directeur a été interrompu par un coup de fil inopiné alors qu’il était (en / en pleine) réunion b. Il est impossible de sortir quand on est (en / en pleine) réunion sans se faire remarquer L’emploi d’un subordonnant permet de réintroduire la copule être absente en [38]. La présence de la copule à l’imparfait confère l’aspect sécant à en N, ce qui autorise la production d’énoncés comme [39]. Cela confirme que en plein est bien une locution marquée 23 Une étude portant sur l’aspect grammatical de en N devrait revenir sur ce type d’exemples où en N ne peut pas être interprété de manière sécante (en l’absence d’une copule elle-même conjuguée à un temps sécant), alors que dans l’énoncé [36], toujours en l’absence de copule, en N reçoit l’aspect global. Peut-être est-ce là le premier signe d’une affinité plus grande de en N sans copule avec la visée globale plutôt que sécante. 18 du point de vue de l’aspect grammatical alors que la préposition en ne l’est pas. Le fait que en plein N puisse s’employer sans subordonnant est un point commun supplémentaire entre en plein N et être en train de Vinf : [40] Il les a interrompus en train de s’embrasser L’aspect sécant simple (marqué par exemple par un imparfait) ne peut, à lui seul, mettre en rapport de subordination deux prédications : [41] a. * Il les a interrompus s’embrassait b. Il les a interrompu alors qu’ils s’embrassaient On peut donc dire que, même lorsque la copule est à un temps sécant et que par conséquent en N est visé de manière sécante, le sens de l’énoncé n’est pas strictement le même que si l’on emploie en plein N qui marque un aspect sécant plus proche du progressif et qui, de plus, met en relief un point du déroulement de l’action. Afin de confirmer cette analyse, observons le comportement de en N vs en plein N dans une série d’exemples attestés. 3. Etude d’un échantillon d’exemples attestés La question qui a présidé à l’élaboration de cet échantillon d’exemples attestés est de savoir si on emploie indifféremment en N et en plein N. Cette question ne se pose que lorsque en N est visé de manière sécante, c’est-à-dire lorsque la copule être est conjuguée à un temps sécant. C’est pourquoi, tous les exemples retenus contiennent la copule être conjuguée au présent. 3.1. Constitution de l’échantillon Les exemples attestés étudiés forment un échantillon plutôt qu’un corpus dans la mesure où (i) ils sont peu nombreux (97 énoncés) et (ii) ils ne forment pas un tout clos ou motivé par des contraintes posées en amont. Ces phrases ont été trouvées aléatoirement sur la toile, elles sont toutes au présent et contiennent soit le nom réunion soit le nom promenade. 19 promenade réunion total En N 35 22 57 En plein N 11 29 40 Cet échantillon est bien trop réduit pour permettre d’établir des statistiques ou autres données chiffrées qui vaillent de manière générale. Les chiffres avancés sont donnés à titre indicatif et révèlent, au mieux, une tendance d’emploi. 3.2. Analyse de l’échantillon On peut distinguer deux emplois principaux rencontrés dans cet échantillon. 3.2.1. Type d’action (cas A) L’énoncé fait référence à un type d’action. Le propos n’est pas de dire que l’action est en cours, mais de mettre en relation deux situations : la situation type (en N) et une autre situation avec laquelle il existe un lien logique, ce cas de figure concerne 10 des exemples avec en N : [42] Lorsqu’on est en promenade dans la forêt ou à la campagne, il arrive que l’on rencontre des moustiques [web] [43] Quand on est en réunion de famille ou d’amis, je préfère rester silencieux et ne pas parler [web] (= à chaque fois que je suis en réunion de famille, etc.) Cet emploi n’est pas représenté avec en plein N dans notre échantillon. Sans aller jusqu’à dire qu’il est impossible pour en plein N de présenter l’action de manière habituelle, on peut néanmoins constater que en N est préféré dans cet emploi. Si l’on pense, comme le suggère Kleiber (1987), que le sens habituel présente des similitudes avec la notion de stativité (par le biais de la validité permanente exprimée par l’habitude), il n’est pas surprenant que en soit préféré à en plein. En effet, en plein, en soulignant le processus de déroulement actionnel, met 20 en avant la dynamicité de l’action. La préposition simple en permet au contraire de ne pas insister sur la réalisation de l’action laissant la place à une interprétation habituelle, plus stative qu’actionnelle24. 3.2.2. Actions en cours (aspect sécant, cas B) [44] a. Dans l’axe, comme on l’a évoqué plus haut, Xabi Alonso hérite de la surveillance de Messi tandis que Khedira est en promenade aux côtés d’Iniesta tant que celui-ci ne dézone pas [web] b. Maintenant le groupe est en pleine promenade promotionnelle et il passe très bientôt par la Belgique [web] [45] a. Pendant que les employés sont en réunion, le reste de la famille en profite ! [web] b. Maintenant, les musiciens sont en pleine réunion qui sera suivie de l'intercession [web] Ce cas de figure représente 68 énoncés de notre échantillon (40 en plein N + 28 en N). Dès qu’il y a en plein dans une phrase, l’interprétation est sécante (ce qui n’est pas le cas avec en N, cf. cas A ci-dessus). Quand l’action est présentée de manière sécante, on distingue trois possibilités (non exclusives). 3.2.2.1. Action en cours unique (cas B1) En N ou en plein N décrivent une action en cours et il n’y a qu’une prédication dans la phrase : [46] a. Patrick et Colette sont en promenade [web] b. Je suis en pleine promenade à Porte Clichy [web] [47] a. Le "triumvirat" Wouter Beke-Elio Di Rupo-Bart De Wever est en réunion depuis 12h45 dans un lieu tenu secret à la demande du négociateur [web] b. Les responsables d’Arte France sont en pleine réunion de crise pour déterminer les suites à donner à l’affaire Lars Von Trier [web] 3.2.2.2. Action plaçant le sujet dans un « ailleurs » (cas B2) Ces énoncés décrivent une situation dans laquelle le sujet est « ailleurs » : en (plein) N dénote une action en cours (cas B), mais le co-texte indique que l’information importante dans la 24 A propos de l’affinité de en avec les lectures statives, cf. Haas, 2009 : 242-243. 21 phrase n’est pas tant la réalisation de l’action mais ce qu’elle implique, en l’occurrence que le protagoniste est absent / dehors (en promenade), occupé / indisponible (en réunion) : [48] a. Caverne de la Sirène (pendant que celle-ci est en promenade), visitons sa caverne…[web] b. Samedi, nous sommes tranquilles, Ulla est en promenade, le jardin est à nous [web] c. Il est en réunion en ce moment. Je peux prendre un message ? d. Dites que je suis en réunion [web] [49] a. Mais Phil, vous voyez bien que ce n’est pas le moment je suis en pleine réunion ! [web] b. Notre altesse sérénissime et vénéré le Prince Slectis est en pleine réunion et ne pourra pas vous recevoir pour le moment [web] c. Mais je comprends qu’il n’est pas vraiment dispo... Il est en pleine réunion et j’entends son avocat qui me donne le bonjour [web] On note que la priorité informationnelle du type « le sujet est ailleurs » est présente dans 20 énoncés avec en et seulement 4 avec en plein. Cet emploi se rapproche de l’interprétation « habituelle » de en N (cf. §3.2.1) en cela que l’action passe au second plan pour laisser une information de nature stative dominer l’interprétation phrastique. Il est prévisible que la locution en plein, qui souligne l’actionnalité de la situation, ne soit pas fréquemment choisie pour signifier que le sujet est ailleurs, occupé, non disponible. 3.2.2.3. Action en cours « perturbée » (cas B3) La totalité des exemples contenant en pleine promenade ou en pleine réunion décrivent une action en cours de déroulement. Dans la moitié des cas (20 énoncés sur 40), un événement ou une action est localisée dans le cours de l’action dénotée par en plein N et vient la perturber : [50] a. Alors qu’ils sont en pleine réunion de crise, deux soldats commencent à parler entre eux de choses et d’autres [web] b. Dublith, le soir, Ed et Al sont en pleine promenade dans les rues quand ils rencontrent un être bizarre qui commence à leur parler de leurs propres secrets [web] c. Sinon je m’imagine souvent comment ça se passerait si je suis en pleine promenade et que je perds les eaux [web] d. C’est en pleine promenade des prisonniers, hier matin à 8 heures, qu’un détenu a été égorgé par deux autres prisonniers à la maison d’arrêt de Lannemezan [web] 22 On trouve également des cas où la situation cadre est dénotée par en N. On note que cela est beaucoup moins fréquent qu’avec en plein (8 des 57 exemples avec en) : [51] Un jour que le roi est en promenade en forêt, accompagné par son ministre, une branche d’un gros arbre casse, tombe sur l’épaule du roi et le blesse [web] Le fait que en plein soit préféré à en lorsqu’on veut décrire une action perturbée par la survenue d’une autre action concorde avec l’analyse de plein comme marqueur de centrage sélectionnant un point saillant du déroulement de l’action. En n’est pas exclu, mais, contrairement à en plein, cette préposition n’inclut pas dans sa structure sémantique de point saillant pouvant accueillir l’événement perturbateur. La préférence d’emploi va naturellement à en plein, locution qui permet de souligner le caractère soudain de l’événement. 3.3. Bilan L’observation de notre échantillon met en évidence que les deux structures être[sécant] en Naction et être en plein Naction, si elles peuvent toutes deux décrire une action en cours de déroulement, présentent des spécificités d’emploi différentes. En N (mais pas en plein N) peut décrire une action habituelle (cas A). De plus, en N a une tendance plus marquée que en plein N à signifier que le sujet est « ailleurs » (cas B2). Dans ces deux emplois, être[sécant] en N ne présente pas l’action selon une visée sécante mais selon l’aspect habituel (cas A) ou met au premier plan une information stative ‘être absent’, ‘être non disponible’ (cas B2). En plein N décrit systématiquement l’action dénotée par le nom comme étant en cours (aspect sécant). Cela confirme que cette locution est un marqueur de l’aspect sécant. De plus, en plein est souvent préféré à la préposition en pour décrire une situation en cours qui va être perturbée par la survenue d’une autre action (cas B3), ce qui confirme que en plein non 23 seulement rend accessible la structure interne de l’action dénotée par le nom mais aussi y sélectionne un point saillant. 4. Conclusion La distribution de en plein Naction avec les autres catégories porteuses d’aspect (temps du verbe copule et prépositions) a permis de mettre en évidence son rôle de marqueur de l’aspect sécant dans le domaine nominal. L’étude d’un échantillon d’exemples attestés confirme que en plein confère de manière systématique une lecture sécante à l’action dénotée par le nom introduit, lecture qui permet à en plein d’opérer un centrage temporel et intensif mettant en relief un point dans le déroulement de l’action. L’existence de ce point saillant favorise l’emploi de en plein N (au détriment de en N) pour décrire une action qui va être perturbée par la survenue d’un événement. La proximité sémantique et distributionnelle de être en plein Naction avec être en train de Vinf permet de préciser que en plein marque l’aspect sécant progressif. Dans cet emploi aspectuel, en plein, fondé à partir de la préposition simple en, n’a plus un sens compositionnel et n’admet pas de modifieur, ce qui sont des signes de grammaticalisation définie comme « un processus qui consiste à convertir graduellement des entrées lexicales pleines en éléments grammaticaux » (Bat-Zeev Shyldkrot, 1999 : 4). Dès lors, on peut se demander s’il ne convient pas de considérer en plein comme une préposition complexe. Néanmoins, la variation morphologique n’ayant pas entièrement disparue (la variation en nombre n’est plus possible mais celle en genre demeure), il semble plus adéquat de considérer en plein comme une locution prépositionnelle en cours (ou en voie) de grammaticalisation. 24 Références ANSCOMBRE J.-C., 2005, « Les deux périphrases nominales un N en train / un N en cours : essai de caractérisation sémantique », in Bat-Zeev Shyldkrot H. & Le Querler N. (éds), Les périphrases verbales, Amsterdam, John Benjamins, p. 103-107. ANSCOMBRE J.-C., 2007, « Les indicateurs aspectuels de déroulement processif : en cours de, en passe de, en train de, en voie de », Cahiers de lexicologie, 90, p. 41-74. ARRIVE M. & GADET F. & GALMICHE M., 1986, La grammaire d’aujourd’hui : guide alphabétique de linguistique française, Paris, Flammarion. ASLANIDES S., 2001, Grammaire du français, Paris, Honoré Champion. BAT-ZEEV SHYLDKROT H., 1999, « Présentation », Langages, 135, p. 3-7. 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