construire le corps flottant

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construire le corps flottant
L’enseignement de la natation au cycle 2
Construire le corps flottant, une priorité
Un peu de théorie : Du terrien au nageur
Il faut du temps, de nombreuses expériences sensori-motrices.
La construction du nageur s’opère suivant deux étapes logiques et chronologiques :
- la construction du corps flottant : Il faut permettre à l’élève de déconstruire ses
représentations / l’eau (cf les peurs de l’élèves). Cette étape se caractérise par
l’acceptation de ne rien faire !
Il faut prendre le temps nécessaire (souvent étape rapide pour aller vers le « sérieux « : les
déplacements). Lui expliquer ne sert pas plus que de lui mettre une ceinture ou lui donner
une planche, qui lui permet de flotter artificiellement en laissant intactes ses
représentations, ses inhibitions et ses peurs.
« L’utilisation massive d’accessoires tend à contourner les difficultés, à masquer la réalité
des problèmes au demeurant simples à résoudre dès lors qu’ils sont objectivement identifiés.
Elle fausse par ailleurs les relations authentiques de l’homme et de l’eau. » (Raymond
Catteau Devenir meilleur nageur à l’école)
Ne pas prendre le temps de construire cette étape n’empêchera peut-être pas le savoir
nager mais sera coûteuse d’un point de vue énergétique et rendra difficile le parcours de
grandes distances ou l’investissement d’un autre milieu aquatique
- la construction du corps projectile intégrant des solutions ventilatoires pour nager
plus loin et éventuellement plus vite.
Ces deux étapes doivent précéder et rendre plus aisée la construction du corps
propulseur. Le temps passé aux 2 premières étapes sera largement regagné lorsqu’on
abordera la dernière.
Tant qu’on peut observer des réactions de réflexe de réchappe lors du saut dans l’eau ou
en situation de nage au cycle 3, c’est que l’impression de chute n’est pas passée et qu’elle
sera un obstacle au progrès. Elle trahit un manque de confiance dans l’eau qui entrave
l’apprentissage correct des techniques de nage.
Prendre conscience de ce phénomène ne clôt en rien la prise en compte des angoisses
aquatiques mais permet de mettre en évidence ce qu’il ne faut pas faire : permettre à
l’élève d’accepter l’immersion !
« Ce n’est pas en bardant l’enfant de conseils ou de flotteurs que l’on résoudra ce
problème : il faut plutôt lui permettre de résoudre la question de son équilibre dans l’eau,
lui permettre des explorations motrices dynamiques du milieu aquatique afin qu’il puisse
construire son nouvel espace d’action. Et ces explorations passent par la capacité à
s’immerger volontairement. » M. Quévrieux
Pierrette Hazelart
CPC Etaples
janvier 2011
Quelles sont les grandes peurs de l’élève / milieu aquatique ?
-
se remplir d’eau : l’eau va rentrer partout à l’intérieur de mon corps
couler : si je lâche le bord ou la planche je vais couler
ne pas remonter : si je vais au fond, l’eau va me garder
Comment dissiper les craintes de l’élève ?
L’imaginaire, le jeu sont essentiels. Ils permettent de dissiper les craintes.
Y contribuent également le fait de prendre le temps d’en parler en classe, de présenter ce
qu’on va y faire, de maintenir un climat positif grâce à l’encadrement
Les choix pédagogiques pour le cycle 2
Etre capable de se propulser par les bras en position horizontale, ce qui nécessite
d’être capable de maintenir son équilibre par l’action des jambes et de conserver
son visage dans l’eau
→des situations motrices visant à favoriser l’autonomie, à permettre des adaptations
individuelles, faciles à évaluer pour induire des transformations durables et stables
Choix de 7 « idées-forces» :
- Accepter l'apnée
- Prolonger l’immersion avec l’apnée
- Apprendre à gérer une succession d'apnées
- Accepter l'immersion complète
- Comprendre le rôle de la tête
- L’élève doit vivre l’expérience de la remontée passive (sécurité affective).
- L’élève doit acquérir la coulée ventrale
- Il faut construire au plus vite une propulsion à l’avant centré sur les sensations
perçues. (contrairement aux pratiques de donner la priorité au « moteur arrière), ce qui
implique une tenue appropriée de la frite sous les bras pour avoir les mains vides
Le matériel : Il doit faciliter les acquisitions et ne pas l’empêcher d'en construire de
nouvelles.
La frite : elle doit être tenue sous les aisselles pour libérer les bras, le plus près possible de
l’axe médian ; sur le dos, la planche ou la frite sur le ventre
L’élève doit expérimenter le matériel (frite, planche) .
Les lunettes : apprendre à les mettre ou à les réajuster, l’expérience montre qu’elles ont été
un levier important. Encore faut-il qu’il puisse s’en passer ultérieurement.
Les aménagements du bassin : sous la forme de parcours
Ils doivent permettre des réponses différentes, modifiés rapidement, simplement.
Pierrette Hazelart
CPC Etaples
janvier 2011
Les étapes pour construire le corps
flottant
Entrer dans le petit bain et accepter
d’immerger le corps et la tête
Se déplacer dans le grand bain à la surface de
l’eau grâce à des appuis solides
« S’horizontaliser » à la surface de l’eau
grâce à des appuis solides, puis mouvants
Accepter de perdre momentanément les
appuis solides pour vivre la remontée passive
(entre 1,5 et 2 fois la taille de l’élève, en
apnée) : faire verbaliser les sensations par les
élèves
Sauter dans la grande profondeur
Ressentir l’équilibre horizontal ventral puis
dorsal
(si possible d’abord dans la PP, puis
réinvestir dans la GP)
Pierrette Hazelart
CPC Etaples
Situations possibles (avec variables)
Jeux du type « arroseur arrosé », pêcheurs
poissons, course aux trésors
Se déplacer le long de la goulotte
Variables :
- doucement, vite, avec le moins
d’appuis possibles, en tournant sur
soi-même, sous forme de jeu « le chat
et la souris »,
- la partie du visage immergée,
- en s’éloignant du bord pour
contourner un obstacle : un tapis, une
cage, entre 2 cordes, 2 perches vers la
ligne d’eau (le milieu du bassin), vers
l’avant, vers l’arrière
- sur un appui mouvant : une main sur
la goulotte, une autre sur la frite ou la
planche
Descendre au fond du bassin à l’aide d’un
support matériel (perche, échelle, corps d’un
camarade,
cage ...) pour séjourner longtemps et essayer
d’y rester longtemps
Variables :
- la partie du corps à poser au fond du bassin,
- la profondeur qu’il faut matérialiser
(couleur de barreau, de ruban
- le temps
- se laisser remonter sans aide
- réaliser un parcours en immersion entre 2
perches
Glisser d’un toboggan en PP et s’immerger,
sauter assis en GP en tenant une perche, pour
atteindre une perche, accroupi puis debout, se
laisser remonter passivement, pour aller à …
- A partir d’un appui solide (bord, cage,
camarade) et d’une position horizontale, se
lâcher et tenir de plus en plus longtemps
(situation du brancardier)
- Idem à partir d’un appui fuyant (frite,
planche)
- Se laisser glisser pour rejoindre un appui
solide puis fuyant (vers la fusée, la torpille)
janvier 2011
Changer d’orientation du corps à la surface
de l’eau : passer d’un équilibre vertical à un
équilibre dorsal en passant par un équilibre
vertical
→comprendre l’action de la tête, savoir
ramener les genoux à la poitrine, travailler
l’action des jambes
Pierrette Hazelart
CPC Etaples
Rechercher différents équilibres avec la frite :
en MP, à califourchon, réaliser un sur-place
en avant, en arrière, tourner, avancer, rester
Enchaîner différents équilibres sans la frite
janvier 2011