Pressions rapidement variables
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Pressions rapidement variables
Pressions rapidement variables par Jean-Claude GODEFROY Ancien Chef de Subdivision, Direction de la Physique à l’ONERA L’auteur étant décédé avant l’impression de l’article, les épreuves ont été relues par Pierre TOUBOUL Directeur du Département Mesures Physiques (DMPH) à l’ONERA 1. Mesure des pressions instationnaires en milieu gazeux par la voie optique ................................................................................... 2. Mesure de pressions instationnaires par capteurs ........................ — 3 3. 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 Capteurs à membrane ............................................................................ Comportement en régime dynamique ...................................................... Capteurs à jauges extensométriques ........................................................ Capteurs capacitifs ...................................................................................... Capteurs à fibres optiques .......................................................................... Capteurs à réluctance variable ................................................................... Capteurs à courants de Foucault................................................................ Domaine couvert par les capteurs à membrane....................................... — — — — — — — — 4 4 5 6 6 6 7 7 4. 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 Capteurs à élément sensible ................................................................ Généralités ................................................................................................... Capteurs piézorésistifs ................................................................................ Capteurs piézoélectriques........................................................................... Capteurs magnétostrictifs........................................................................... Capteurs photoélastiques ........................................................................... Domaine couvert par les capteurs à élément sensible............................. — — — — — — — 8 8 8 8 9 9 10 5. 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 Étalonnage dynamique des capteurs ................................................. Généralités ................................................................................................... Étalonnage en régime périodique de capteurs pris séparément ............ Étalonnage en régime transitoire de capteurs pris séparément ............. Étalonnage d’un ensemble de capteurs .................................................... Domaine couvert par les dispositifs d’étalonnage dynamique ............... — — — — — — 10 10 10 14 15 16 Références bibliographiques ......................................................................... — 16 R 2 090 - 2 L a nécessité de détecter des pressions rapidement variables est sans doute apparue au moment de la naissance de la téléphonie et, presque aussitôt, leur mesure s’est imposée pour la mise au point des premières machines thermiques. Les capteurs étudiés et développés pour la téléphonie étaient déjà des transducteurs de pression. Au fil du temps, la mesure des pressions rapidement variables (ou instationnaires) s’est étendue aux trois domaines : gaz, liquides et solides. Il n’existe pas de frontière précise permettant de définir où s’arrêtent les pressions lentement variables et où commencent les pressions rapidement variables ; cependant il est admis que les phénomènes périodiques ayant une fréquence supérieure à quelques hertz peuvent déjà être considérés comme rapidement variables. ■ Les quelques exemples qui suivent illustrent le besoin constamment croissant d’augmenter la connaissance des fluctuations de pression. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 090 − 1 PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES _____________________________________________________________________________________________________ Pour les gaz on peut citer : — en acoustique, la prise de son, l’étude des nuisances dues au bruit ; — en thermodynamique, l’étude des moteurs à explosion ou à combustion et des turbomachines ; — en aérodynamique, l’étude des phénomènes donnant naissance à des vibrations de structure ou des instabilités en mécanique du vol ; — en détonique, l’étude des explosifs. ● Pour les liquides on citera : — en acoustique sous-marine, le sonar ; — en hydraulique, l’étude de la cavitation des hélices, l’étude des phénomènes transitoires dans les conduites d’eau ou de pétrole. ● Pour les solides on peut citer l’étude des phénomènes transitoires créés par le passage des véhicules dans le sous-œuvre des routes, sur les supports des rails de chemin de fer et sur les appuis des ouvrages d’art. On voit que la plupart des besoins se situent dans le domaine des fluides. ● ■ Actuellement, les mesures de pression sont le plus souvent effectuées à la paroi, en un point, et ne donnent que peu d’informations sur l’écoulement du fluide. Le souhait actuel est de pouvoir explorer l’écoulement sans le perturber. Pour ce qui concerne l’écoulement lui-même, des moyens optiques, qui sont encore plus proches du laboratoire que du domaine industriel, sont en cours de développement pour l’analyse des trajectoires, des vitesses, des pressions et des températures qui caractérisent l’écoulement du fluide. À la paroi, des peintures piézosensibles, permettent une vue d’ensemble des phénomènes. De telles peintures présentent, lorsqu’elles sont illuminées par un laser, un rendement de fluorescence qui est fonction de la pression d’oxygène. Ces moyens, associés aux capteurs qui jouent le rôle de référence, concourent à la validation des modèles informatiques qui, à terme, contiendront l’ensemble des connaissances acquises. ■ Après un aperçu des possibilités offertes par les dispositifs optiques et du type de résultats obtenus, le présent article met l’accent sur la spécificité des capteurs de pression instationnaire (par rapport aux capteurs statiques) et sur le problème de leur étalonnage. 1. Mesure des pressions instationnaires en milieu gazeux par la voie optique ■ Les procédés optiques sont des méthodes d’imagerie. On peut citer la strioscopie et la vélocimétrie laser [1], qui mettent en œuvre deux faisceaux croisés, et utilisent la lumière diffusée par les poussières ou des aérosols (diffusion de Mie) restant dans l’écoulement. Elles permettent de connaître les vitesses. Avec la tomographie laser [2], on obtient une imagerie de Rayleigh, qui utilise la lumière diffusée par les molécules, sans modification de longueur d’onde. Enfin, avec la diffusion Raman [3] [4], il y a modification de la longueur d’onde de la lumière diffusée, du fait de l’excitation des molécules. Le signal émis dépend de la nature des molécules et permet donc de les identifier. ■ Les pressions instationnaires dans l’écoulement peuvent être déterminées par la tomographie laser. Cette méthode utilise la rela- R 2 090 − 2 tion de thermodynamique suivante, qui lie la température d’un gaz et sa pression : p = n0kT avec (1) p pression, n0 nombre de molécules par unité de volume, k constante de Boltzmann (k = 1,38 · 10−23 J · K−1), T température absolue du gaz. La connaissance de n0 et T permet de déterminer la pression p. L’écoulement gazeux est soumis à un bref rayonnement lumineux (10 ns) qui excite les molécules. À la cessation du rayonnement, les molécules reviennent à un état de moindre énergie en libérant un photon. Cette fluorescence est utilisée pour déterminer n0. Dans l’air, l’oxygène et l’azote sont transparents au rayonnement. Il faut donc introduire, dans l’écoulement, des molécules absorbantes qui permettent d’effectuer la mesure de l’intensité lumineuse induite par la fluorescence. Les hydrocarbures polycycliques, l’iode et, tout particulièrement, l’acétone conviennent bien pour ensemencer l’écoulement [5]. ● La théorie du calcul part de l’équation de Boltzmann qui représente une probabilité de présence et donne le nombre de molécules Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle _____________________________________________________________________________________________________ PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES 2. Mesure de pressions instationnaires par capteurs Laser λ0 Laser λ3 Figure 1 – Schéma simplifié du dispositif expérimental pour la mesure de la pression Caméra 2 Caméra 1 λ 1 , λ2 λ1 Laser 1 λ2 Laser 2 Écoulement Vers électronique de synchronisation Vers dispositif d'acquisition de données Figure 2 – Schéma type d’un dispositif d’imagerie par tomographie laser dans un état d’énergie de rotation donnée, cet état dépendant luimême de la température : n( J ) ( 2 J + 1 )exp ( Ð B ( J + 1 ) ⁄ kT ) = n 0 -------------------------------------------------------------------------B⁄T (2) équation dans laquelle, on a : n0 nombre de molécules total (par unité de volume) de l’espèce dans le milieu étudié, J nombre quantique de rotation, B moment d’inertie de la molécule. L’exponentielle de l’expression représente l’énergie de rotation de la molécule. En fait, les molécules de l’écoulement se trouvent dans plusieurs états d’énergie de rotation J = 0, J = 1, 2, 3, 4 etc. Pratiquement, on envoie deux nappes de rayonnement laser superposés de longueurs d’onde différentes, par exemple λ0 et λ3, et on mesure la fluorescence induite (figure 1). Deux longueurs d’ondes suffisent. On a en effet, pour deux états, un système de deux équations de Boltzmann à deux inconnues et l’on obtient simultanément n0 et T. Le dispositif expérimental comporte, pour mesurer la fluorescence, deux caméras disposées de chaque côté de la nappe laser. Elles peuvent aussi être situées du même côté à condition que leurs angles de visée permettent l’exploration de la même zone dans l’écoulement (figure 2). ■ Les capteurs destinés à la mesure des pressions rapidement variables peuvent être classés en deux groupes : — les capteurs à membrane (§ 3) ; — les capteurs à élément sensible (§ 4). ● Dans les capteurs du premier groupe, le terme « membrane » est utilisé dans un sens très large, de manière à regrouper tous les capteurs constitués d’un corps d’épreuve sur lequel agit la pression et dont on mesure la déformation ; ce corps d’épreuve est, dans la majorité des cas, une membrane. Les divers types de capteurs de ce groupe se distinguent donc entre eux essentiellement par les moyens utilisés pour mesurer la déformation traduisant la pression appliquée. Ce groupe comprend : — les capteurs à jauges extensométriques ; — les capteurs capacitifs passifs ou actifs ; — les capteurs à fibres optiques ; — les capteurs à réluctance variable ; — les capteurs à courants de Foucault. Cette liste est, dans le cadre de cet article, volontairement limitée, mais représente la majeure partie des types employés de nos jours. ● Dans les capteurs du second groupe, une propriété physique (autre que la déformation) de l’élément sensible varie sous l’effet de la pression que subit cet élément du fait de son élasticité. La grandeur physique sensible à la pression et dont la variation constitue le signal de sortie du capteur peut être, suivant le matériau, la polarisation électrique de ce matériau, sa perméabilité magnétique, sa résistivité électrique, sa polarisation optique, etc. Seuls les différents types correspondant aux propriétés énumérées précédemment ont été retenus ; ce sont : — les capteurs piézorésistifs ; — les capteurs piézoélectriques ; — les capteurs magnétostrictifs ; — les capteurs photoélastiques. ■ Indépendamment du groupe auquel ils appartiennent, les capteurs destinés à la mesure des pressions rapidement variables peuvent se présenter sous trois formes différentes : — les capteurs de pression différentielle ; — les capteurs de pression relative ; — les capteurs de pression absolue. Ces derniers capteurs sont beaucoup plus rarement utilisés en dynamique qu’en régime statique ou très lentement variable. ■ Une autre particularité importante est encore à signaler, sans qu’elle soit spécifique d’un groupe donné, c’est l’aptitude offerte par certains principes de mesurer ou non la composante continue de la (ou des) pression d’entrée. Le fait qu’un capteur passe, ou ne passe pas, la composante continue introduit des différences que l’on peut classer en trois niveaux : — celui de la caractérisation métrologique ; — celui de la mesure ; — celui de l’étalonnage. ● La caractérisation d’un capteur dynamique présente deux différences principales par rapport à celle d’un capteur statique : — d’une part, certaines caractéristiques complètement passées sous silence pour un capteur statique sont indispensables à évaluer pour un capteur dynamique ; — d’autre part, pour un capteur purement dynamique, certaines caractéristiques métrologiques perdent totalement leur sens ou bien elles ne sont plus discernables de manière indépendante et sont alors incluses avec d’autres sous une nouvelle forme. La première différence est bien illustrée par la nécessité d’évaluer, pour un capteur dynamique, les réponses en amplitude et en phase, Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 090 − 3 PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES _____________________________________________________________________________________________________ en fonction de la fréquence, ou encore de connaître la sensibilité du capteur aux grandeurs induites, et par conséquent étroitement corrélées au signal, par la pression. Par exemple, les fluctuations de température accompagnant nécessairement les fluctuations de pression dans un milieu gazeux peuvent avoir une influence non négligeable sur le signal de sortie des capteurs miniatures dont la membrane ou l’élément sensible a une très faible inertie thermique. La seconde différence réside dans le fait que l’on ne peut plus utiliser, pour un capteur ne passant pas la composante continue, les définitions admises pour les capteurs passant cette composante [6]. Certaines d’entre elles n’ont plus d’intérêt, comme par exemple l’erreur de zéro, l’erreur de mobilité, l’erreur de répétabilité ; d’autres ne sont plus directement discernables, comme par exemple l’erreur d’hystérésis et même, en toute rigueur, l’erreur de linéarité. En effet, l’erreur d’hystérésis, si elle existe, se trouve incluse dans le caractère non linéaire éventuel de la réponse en phase en fonction de la fréquence ; de même, l’erreur de non-linéarité doit être remplacée par une caractéristique de distorsion du signal de sortie en fonction du niveau et de la fréquence de la pression mesurée. ● Au niveau de la mesure, le fait qu’un capteur réponde ou non en continu ne constitue pas en soi une qualité ou un défaut, mais l’exploitation du signal de sortie doit tenir compte de l’allure de la courbe de réponse en basse fréquence, même dans le cas où les lentes évolutions de la pression sont étrangères au phénomène physique que l’on veut mesurer. L’analyse spectrale du signal, utilisée dans les méthodes de traitement du signal, réalise, d’une manière très commode à interpréter, l’extraction du signal utile contenu dans le signal brut issu du capteur [7]. Dans le cas de la mesure de fluctuations de pression dont l’amplitude est faible devant celle d’une pression continue supportant ces fluctuations, l’utilisation d’un capteur purement dynamique permet souvent de réduire considérablement l’étendue de mesure que doit posséder la chaîne de mesure et d’acquisition de données associée au capteur. ● Pour l’étalonnage, on conçoit que le problème est nettement plus simple pour un capteur capable de passer la composante continue ; il peut alors être étalonné par les moyens classiques utilisés pour les capteurs statiques et l’étalonnage dynamique consiste à déterminer seulement l’allure de la fonction de transfert en fonction de la fréquence. Cette allure étant connue, le calibrage de la sensibilité s’obtient par continuité avec la valeur préalablement déterminée à la fréquence nulle. La seule difficulté à surmonter consiste à s’assurer qu’il n’y a pas de phénomènes singuliers pouvant se produire entre la fréquence nulle et la fréquence la plus basse pour laquelle l’allure du module de la fonction de transfert a été déterminée. À l’opposé, lorsqu’un capteur ne passe pas la composante continue, le problème de l’étalonnage dynamique se pose dans son intégralité. Malgré les moyens dont on dispose, ce type d’étalonnage recèle un certain nombre de difficultés expérimentales et réclame généralement beaucoup de soins dans l’exécution et beaucoup de prudence (ou d’esprit critique) dans l’interprétation des mesures effectuées. Les remarques précédentes sont à l’origine de la large part consacrée dans le présent article à la méthodologie de l’étalonnage dynamique, ainsi qu’à la description des principaux moyens permettant de le réaliser. Cependant, la plupart des principes utilisés pour la construction des capteurs de mesure des pressions rapidement variables sont décrits et classés en deux catégories. Il est intéressant toutefois de signaler que les difficultés présentées par la construction et le développement industriel d’un capteur ne sont généralement pas situées au niveau du choix d’un principe de fonctionnement ou même de l’« invention » d’un nouveau principe faisant appel à un phénomène physique récemment découvert ; par contre, ces difficultés sont toujours situées au niveau de la technologie de fabrication, la technologie prenant ici son sens le plus large, allant par exemple de la méthode d’usinage jusqu’à la méthode d’élaboration des matériaux utilisés. R 2 090 − 4 3. Capteurs à membrane Les capteurs à jauges extensométriques (§ 3.2) et les capteurs capacitifs (§ 3.3) sont les plus fréquemment utilisés. 3.1 Comportement en régime dynamique Une membrane métallique encastrée à sa périphérie dans le corps du capteur subit des déformations élastiques proportionnelles aux variations de la différence des pressions qui s’exercent sur ses deux faces. On peut distinguer deux types de déformation pour une membrane, suivant qu’elle est utilisée en plaque rigide ou en membrane tendue : — dans le premier cas, la force de rappel s’opposant à l’action des pressions est due uniquement aux propriétés élastiques du métal ; — dans le second cas, seulement à la précontrainte que constitue la tension sous laquelle la membrane a été encastrée. On peut définir, pour une plaque d’un métal donné, son énergie de déformation D : 3 Ee D = ----------------------------2 12 ( 1 Ð σ ) avec e (m) épaisseur de la membrane, E (Pa) module d’Young du métal, σ coefficient de Poisson du métal. (3) ■ Dans le cas d’une membrane utilisée en plaque rigide, la déformée y (m) pour un rayon 0 ≤ r ≤ R s’exprime par : 2 2 2 (R Ð r ) y ( r ) = ------------------------- p 64 D avec p (Pa) pression, R (m) rayon de la membrane. Cela conduit à une flèche au centre : 4 R p y ( 0 ) = ----------- . 64 D la plus basse des fréquences de résonance étant alors : 1 ,618 D f 1 ≈ --------------- ------2 ρe R avec ρ (4) masse volumique du métal. ■ Dans le cas d’une membrane tendue à une tension T (N/m), la déformée est très différente : 2 2 (R Ð r )p y ( r ) = -------------------------4T soit une flèche au centre : 2 R p y ( 0 ) = ---------4T Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle _____________________________________________________________________________________________________ PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES Boîtier Partie de la membrane non gravée destinée Partie à l'encastrement de la membrane amincie Jauges par gravure extensométriques Pont de quatre Membrane encastrée jauges Partie de la membrane déformée par la pression p Partie de la membrane non déformée Figure 3 – Capteur à jauges extensométriques p Partie de la membrane non déformée et la première fréquence de résonance : 0 ,3827 T f 1 ≈ ------------------- ------- . ρe R (5) Dans les deux cas, on constate que l’obtention d’une fréquence de résonance élevée s’accompagne d’une réduction de la flèche au centre ; on ne peut donc construire des capteurs à membrane ayant une large bande passante que dans la mesure où l’on sait mesurer de très faibles déplacements. Il est à noter que, même dans le cas où l’on utilise une membrane en plaque rigide, on est amené à lui donner une légère tension dans le but d’éviter le phénomène de cloquage dont l’effet se traduit par une non-linéarité lors d’une traversée de zéro. 3.2 Capteurs à jauges extensométriques 3.2.1 Capteurs classiques La figure 3 représente schématiquement la structure de ces capteurs. Les jauges extensométriques le plus fréquemment utilisées sont du type métallique à trame pelliculaire. De plus en plus souvent, les quatre jauges sont fabriquées simultanément sur un même substrat comportant également leurs interconnexions pour former un pont de Wheatstone. Pour un diamètre donné de membrane, les positions respectives des quatre jauges sont déterminées de manière à obtenir la plus grande sensibilité possible. La compensation thermique des jauges est ainsi très bien réalisée, compte tenu du resserrement des tolérances d’appariement des jauges, qui peut être obtenu par la fabrication simultanée des jauges. 3.2.2 Capteurs à membrane de silicium Après avoir été longtemps utilisé uniquement comme substrat de composants électroniques, puis de circuits intégrés de plus en plus complexes, le silicium est devenu l’un des matériaux les plus employés. Avec les techniques de micro-usinage, son emploi s’est étendu aux corps d’épreuve de capteurs et aux microsystèmes [8]. Ainsi, le corps d’épreuve (membrane) peut comporter des éléments actifs diffusés ou déposés tels que les jauges de déformation, mais, également, une association de circuits électroniques intégrés. Ces derniers permettent d’assurer la prise en compte des coefficients d’étalonnage, la compensation de la non-linéarité et les effets des grandeurs d’influence (température, accélération etc.). Ces capteurs sont dits « intelligents ». Ces nouvelles techniques ont ouvert la voie à une miniaturisation poussée et une importante augmentation des bandes passantes. La diminution du diamètre des membranes entraîne une augmentation de leur raideur et donc une diminution de leur déformation sous l’action d’une pression donnée. Pour retrouver une sensibilité compa- Partie de la membrane déformée par la pression p Figure 4 – Membrane amincie et sa déformation rable à celle des capteurs traditionnels, on utilise des jauges extensométriques à semiconducteur piézorésistif, dont le coefficient de jauge est de 20 à 100 fois plus grand que celui des jauges métalliques. Cette augmentation de sensibilité s’accompagne généralement d’une dérive thermique plus importante ; c’est pourquoi les capteurs de pression à jauges semi-conductrices nécessitent l’emploi de circuits de compensation thermique (quelquefois inclus dans chaque capteur). La souplesse des membranes peut, également, être améliorée par des gravures effectuées dans l’épaisseur de celles-ci et obtenues par gravure ionique réactive [9]. La géométrie des amincissements modifie complètement le type de déformation subie par la membrane sous l’effet de la pression. La figure 4 représente schématiquement une telle membrane et sa déformation. Ce type de déformation fait apparaître une concentration des contraintes dans les parties amincies où sont disposées les quatre jauges connectées en pont de Wheatstone. Pour augmenter l’étendue de mesure, les jauges sont disposées d’une manière non conventionnelle, transversalement à la déformation. On montre que, dans ces conditions, la non-linéarité apparaissant entre la variation de résistance d’une jauge et la déformation est de type pair, autrement dit l’erreur de non-linéarité est de même signe quel que soit le sens de la déformée ; or, pour un pont complet, les erreurs de linéarité des jauges individuelles s’additionnent si elles sont impaires et se retranchent si elles sont paires. Avec une telle disposition, une bonne linéarité de réponse est conservée jusqu’à des variations relatives atteignant 5 %, c’est-à-dire dix fois plus que dans les dispositifs classiques où la limite se situe vers 5 x 10−3. Les jauges associées peuvent être directement diffusées dans la membrane, ce qui permet de bénéficier d’un facteur de jauge élevé, ou encore être déposées en couches minces, par pulvérisation cathodique par exemple. Comme dans tous les dispositifs utilisant des jauges extensométriques en pont (ou en demi-pont), il est nécessaire d’adjoindre au capteur deux dispositifs de compensation en température : — un dispositif permettant de conserver l’équilibre du pont dans la gamme de température d’emploi ; — un dispositif permettant de limiter la variation de sensibilité du pont en fonction de la température. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 090 − 5 PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES _____________________________________________________________________________________________________ Rainure permettant Grille d'ajuster de protection l'amortissement (éventuelle) pneumatique Isolant Cavité Membrane Électrode Boîtier encastrée Isolant pneumatique fixe (éventuelle) p Métallisation périphérique annulaire Membrane en silicium Métallisation centrale (circulaire) Corps en verre pyrex Figure 6 – Structure d’une cellule micro-usinée simple Figure 5 – Capteur capacitif 3.3 Capteurs capacitifs Comme pour les capteurs à jauges extensométriques (§ 3.2), on distingue les capteurs traditionnels et les capteurs construits à partir des technologies mises en œuvre pour le silicium et la microélectronique. 3.3.1 Capteurs traditionnels 3.3.1.1 Capteurs passifs ■ De tels capteurs comportent (figure 5) une membrane métallique (ou avec un isolant métallisé sur une de ses faces) formant l’électrode mobile d’un condensateur. La seconde électrode, fixe, est montée dans le boîtier et isolée électriquement de ce dernier. En règle générale, l’électrode fixe, très proche de la membrane, comporte des rainures (ou des trous très petits), de manière à ajuster la résistance pneumatique destinée à amortir les oscillations de la membrane au voisinage de sa fréquence de résonance. ■ Les procédés de mesure de variation de la capacité sont divers. Peuvent ainsi être cités : — la polarisation du condensateur par une tension continue et la mesure soit des variations de tension par un amplificateur électrométrique, soit des variations de charge par un amplificateur de charge ; — l’insertion du condensateur dans le résonateur d’un autooscillateur et la mesure de la modulation de fréquence qui résulte du déplacement de la membrane ; — l’emploi de la technique d’impulsions, qui consiste à amplifier la différence des impulsions transmises par deux diodes sur deux impédances de charge identiques, en série avec le capteur d’une part et une capacité de référence fixe d’autre part ; — l’insertion du condensateur dans un pont d’impédance alimenté par une tension sinusoïdale de fréquence comprise entre quelques kilohertz et quelques mégahertz. Ce dernier procédé nécessite le développement de chaînes électroniques spécialisées dites chaînes capacitives, dont la résolution n’est limitée que par le bruit de l’électronique. 3.3.1.2 Capteurs actifs Certains polymères présentent l’effet électret [10] et un certain nombre de microphones capacitifs utilisant cette propriété de la matière sont apparus sur le marché. Cette propriété se traduit par le fait qu’un matériau peut être chargé électriquement et conserver les charges avec une durée de vie très grande (dix ans à un siècle). La présence de ces charges est équivalente à celle d’une source de force électromotrice (f.é.m.) à l’intérieur du diélectrique ; dans ces conditions, la mesure des variations de tension (ou de charge) apparaissant R 2 090 − 6 aux bornes du condensateur est effectuée comme dans le premier procédé (§ 3.3.1.1), mais sans qu’il soit nécessaire de disposer d’une tension de polarisation. La f.é.m. piégée par un capteur à électret est couramment de l’ordre de 200 V. De tels microphones sont essentiellement constitués d’une membrane de polymère polarisé, tendue au-dessus d’une cavité réalisée dans un corps soit métallique, soit métallisé. La cavité peut prendre la forme d’un nid d’abeille ; on obtient alors un microphone multicellulaire. La membrane tendue au-dessus des cellules et au contact des parois des alvéoles se comporte comme un ensemble de membranes élémentaires. Sa bande passante des capteurs multicellulaires peut atteindre facilement 100 kHz. 3.3.2 Capteurs obtenus par micro-usinage Un exemple de capteur simple est donné figure 6 [11]. Deux capacités sont formées entre la membrane et la métallisation centrale, d’une part, entre la membrane et la métallisation annulaire, d’autre part. La variation de capacité se produit essentiellement au niveau de la métallisation centrale. L’insertion des deux capacités, dans un pont par exemple, permet d’obtenir une compensation efficace des dérives d’origine thermique. Nombre de capteurs peuvent être obtenues par micro-usinage [12], en associant, comme pour les capteurs à jauges (§ 3.2.2), des propriétés physiques et des concepts de composants électroniques, le matériau de base restant le silicium [13] [14]. 3.4 Capteurs à fibres optiques Pour la mesure de pressions variables dans les solides, on utilise la modification des propriétés optiques d’une fibre sous l’effet des déformations du solide ou du corps d’épreuve, déformations liées aux variations de pression. Une telle fibre comporte le plus souvent un capteur de type Fabry-Perot [15]. Il existe aussi un type de capteur à membrane sous laquelle une fibre émettrice envoie un faisceau lumineux. Ce faisceau se réfléchit sous la membrane et est capté en partie par une fibre réceptrice [16]. Les déplacements de la membrane induisent une modulation de lumière qui peut être détectée en extrémité de fibre réceptrice. 3.5 Capteurs à réluctance variable Les capteurs à réluctance variable utilisent la variation de l’inductance d’une bobine montée dans un circuit magnétique à entrefer Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle _____________________________________________________________________________________________________ PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES Bobines montées en série Remplissage destiné à réduire le volume mort Armatures Conduits d'arrivée des pressions Bobine active Bobine de référence Membrane Membrane encastrée Boîtier Figure 8 – Capteur à courants de Foucault Figure 7 – Capteur à réluctance variable variable. La figure 7 représente le schéma d’un capteur de pression différentielle de ce type. La flexion de la membrane sous l’effet de la différence des pressions appliquées sur chacune de ses faces entraîne des variations de signe contraire sur les entrefers des circuits magnétiques de chacune des bobines. En général, la perméabilité magnétique du matériau constituant les armatures et la membrane est suffisamment élevée pour que l’on puisse considérer que la réluctance du circuit de chaque bobine est déterminée par celle de son entrefer. Dans ces conditions, l’inductance de chacune des bobines est inversement proportionnelle à l’épaisseur e de son entrefer ; pour un déplacement ∆e de la membrane, les inductances s’expriment sous la forme : K L 1 = ----------------- ; e + ∆e Pression (Pa) Capteurs à jauges extensométriques 1010 108 106 104 102 Capteurs à reluctance variable Capteurs à courants de Foucault 1 10–2 10–4 10–2 10–1 1 K L 2 = ---------------- . e Ð ∆e Capteurs capacitifs 10 102 103 104 105 106 107 108 109 Fréquence (Hz) Figure 9 – Domaine couvert par les capteurs à membrane L’expression de la variation relative des deux inductances est alors : ∆L 1 ------- = --L 2 1 ∆e L2 Ð L1 -. ------------------ = --- -----2 e L2 + L1 (6) Cette relation montre bien la proportionnalité entre le déplacement de la membrane et la variation relative des deux inductances. D’une manière générale, les matériaux magnétiques utilisés pour construire ces capteurs (les ferronickels par exemple) ont une résistivité pas suffisamment forte pour empêcher les courants de Foucault d’apparaître dans la membrane et dans le noyau des deux armatures ; dès lors, l’application d’une pression différentielle fait également apparaître une variation relative ∆R/R de la résistance apparente des bobinages. Suivant le traitement du signal réalisé par la chaîne de mesure associée au capteur, le signal électrique de sortie peut être ou non influencé par cette variation relative du terme réel de l’impédance des bobines. La bobine de référence a pour but de présenter une impédance de même nature, mais dont la résistance correspond à celle de la bobine active lorsque la membrane est au repos. Cette bobine de référence, non indispensable au fonctionnement de principe, permet de faciliter l’extraction du signal utile en connectant les deux bobines en demipont ; elle assure, par ailleurs, une symétrisation du circuit électrique, qui étend considérablement le domaine d’emploi de ces capteurs vers les hautes températures. Certaines réalisations permettent un fonctionnement à plus de 800 ˚C. Le principe ainsi décrit fait apparaître la relation non linéaire existant entre la variation de résistance et le déplacement de la membrane ; néanmoins, sous réserve d’utiliser des membranes très raides, ce qui permet d’obtenir des fréquences propres très élevées, les déplacements observés peuvent être suffisamment faibles pour que l’on puisse assimiler la variation vraie à sa tangente dans toute l’étendue de mesure. Dans certains cas, la chaîne électronique de mesure associée au capteur contient un dispositif de linéarisation permettant d’étendre le domaine d’emploi du capteur. 3.6 Capteurs à courants de Foucault Les capteurs à courants de Foucault utilisent la variation de résistance apparente présentée par une bobine lorsque cette dernière est couplée à une plaque conductrice jouant le rôle de spire secondaire en court-circuit. La figure 8 représente le schéma d’un tel capteur. Lorsque, sous l’effet de la pression, la membrane se rapproche de la bobine active, le couplage de celles-ci augmente et la résistance présentée par la bobine diminue. 3.7 Domaine couvert par les capteurs à membrane La figure 9 représente, dans un espace pression-fréquence, le domaine couvert par l’ensemble des capteurs à membrane. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 090 − 7 PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES _____________________________________________________________________________________________________ 4. Capteurs à élément sensible 4.1 Généralités Le paragraphe 3 décrit les capteurs à membrane pour lesquels une membrane est soumise aux vibrations forcées induites par les variations de pression ; ces capteurs diffèrent donc les uns des autres par la méthode utilisée pour transformer en signaux électriques les déformations de leur membrane. Il convient de ranger dans la catégorie des capteurs à élément sensible tout capteur dans lequel un élément (quartz, verre, nickel, etc.) voit l’une de ses propriétés physiques (piézoélectricité, biréfringence, résistivité électrique, perméabilité magnétique, etc.) varier avec la déformation et la variation de pression. On distingue les capteurs conventionnels discrets et les capteurs à structure mince qui sont généralement mis en place sur des profils de faible épaisseur. ■ Dans les capteurs conventionnels, une membrane séparatrice peut être disposée entre le milieu et l’élément sensible. La membrane séparatrice transmet les variations de pression à l’élément sensible, mais peut altérer les propriétés dynamiques des capteurs. ■ Les capteurs constitués de films minces sont, le plus souvent, rapportés par collage sur le corps d’épreuve dont on souhaite ne pas modifier les caractéristique mécaniques. ■ Les capteurs en couches minces sont constitués de dépôts de matériaux superposés (couche isolante, électrodes, élément sensible) réalisés directement sur le corps d’épreuve par un procédé approprié (pulvérisation cathodique en atmosphère raréfiée, couches dites « épaisses » obtenues par sérigraphie au moyen de pâtes déposées au travers d’un masque et traitées thermiquement). à des contraintes mécaniques orientées par rapport aux axes cristallographiques [17]. Pour les cristaux naturels, il s’agit de quartz, de sel de seignette ou de la tourmaline. Seul le quartz est encore largement utilisé. ■ On a maintenant plutôt recours aux matériaux synthétiques pour constituer les éléments sensibles. ● Pour les éléments sensibles massifs, on peut distinguer : — les cristaux naturellement piézoélectriques : • cristaux ioniques tels que SiO2, A,PO4, A,N, TeO2, T,3VS4, Bi12GeO20, T,3TaSe4 ; • cristaux semi-conducteurs tels que CdS, CdSe, AsGa ; — les matériaux ferroélectriques ; — les céramiques PZT [Pb(ZrxTi1−x)O3]... ● Pour les éléments sensibles minces, on citera : — les polymères tels que le difluorure de polyvinylidène (PVDF) et les copolymères [18]. Ce sont des matériaux pseudo-piézoélectriques dont la structure se modifie sous l’effet de la pression et qui manifestent, alors, des propriétés piézoélectriques ; — des matériaux cristallins déposés en couches minces tels que les céramiques PZT et le nitrure d’aluminium A,N. Il convient de préciser que les matériaux déposés en couches minces ne doivent pas être polluants, ni pour l’enceinte de dépôt, ni pour l’équipement de pompage. Le nitrure d’aluminium n’est pas polluant ; les matériaux contenant du cadmium, du sélénium, du plomb etc. peuvent, eux, être polluants. ■ Les matériaux piézoélectriques présentent des propriétés pyroélectriques qui peuvent influencer grandement la qualité de la mesure de pression. En effet, dans un écoulement aérodynamique, par exemple, les variations de pression sont toujours accompagnées de variations de température. 4.3.2 Réalisation 4.3.1 Principes ■ Dans les capteurs à élément sensible massif, l’élément piézoélectrique se présente sous la forme d’un disque circulaire dont l’épaisseur est au plus égale à son diamètre. Chacune des faces planes de l’élément est métallisée, de manière à disposer de deux électrodes aux bornes desquelles sont mesurées soit les variations de tension, soit les variations de charge électrique. La face arrière repose sur une enclume dont le matériau, la forme et les dimensions sont déterminés de manière telle que les ondes qui y sont engendrées par les variations de la pression à mesurer soient absorbées. La face avant est souvent protégée par une membrane métallique séparatrice. ● Signalons que l’on peut augmenter la sensibilité d’un capteur piézoélectrique soit en empilant plusieurs pastilles, soit en réalisant un amplificateur pneumatique en jouant sur l’importance de la surface de la membrane qui transmet l’effort à l’élément sensible. Dans les deux cas, l’augmentation de la sensibilité qui en résulte est obtenue au prix d’une réduction de la bande passante du capteur. ● Il est à noter également que, dans les cristaux piézoélectriques, en particulier dans le quartz, une autre propriété physique varie avec la contrainte appliquée : c’est la fréquence de résonance. Ainsi, il est possible de réaliser un auto-oscillateur à quartz dont les variations relatives de fréquence sont proportionnelles à la pression à mesurer. Toutefois, cette propriété est moins « sensible » et, par conséquent, plus difficile à détecter avec une bonne résolution. Son emploi présente cependant un intérêt dans le cas où l’on désire mesurer la composante continue de la pression ; néanmoins, la bande passante utile est un peu réduite par rapport à celle dont on peut disposer dans le cas de l’utilisation de la piézoélectricité directe. Les capteurs piézoélectriques utilisent la propriété que possèdent certains cristaux de se polariser électriquement lorsqu’ils sont soumis ■ Les capteurs à structure mince présentent l’intérêt de ne pas perturber les écoulements. Un même support peut comporter plusieurs capteurs obtenus simultanément lors de l’élaboration. La 4.2 Capteurs piézorésistifs Les capteurs piézorésistifs sont plus spécialement utilisés dans le domaine de la détonique. Ils sont destinés à mesurer des ondes de choc (compression suivie d’une détente) créées par des explosifs puissants, des impacts de projectiles lancés à grande vitesse, des faisceaux de lasers de puissance ou de sources pulsées d’électrons dont l’énergie est focalisée sur une cible. Ces capteurs sont généralement constitués soit de fils, soit de dépôts en couches minces de matériaux dont la résistivité électrique varie sous l’effet d’une variation de pression. Les matériaux le plus couramment utilisés sont le manganin, le carbone et l’ytterbium. La variation de la résistivité, et par suite de la résistance, d’un fil ou d’un ruban déposé est évaluée à partir de la variation de tension mesurée aux bornes de l’élément piézorésistif sensible parcouru par un courant constant pendant toute la durée du phénomène à observer. 4.3 Capteurs piézoélectriques R 2 090 − 8 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle _____________________________________________________________________________________________________ PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES Métallisations supérieures déterminant le nombre de capteurs et leur surface Barreau magnétostrictif Élément sensible (couche mince ou polymère) Bobine Membrane transmettrice Boîtier Métallisation inférieure commune Couche isolante déposée ou film de colle (pour les polymères) Corps d'épreuve Figure 11 – Capteur magnétostrictif Figure 10 – Vue schématique en coupe d’un capteur à structure mince fronté au rapport capacité utile à la capacité totale qui nuit à la résolution de la mesure. représentation schématique en coupe de la figure 10 illustre cette possibilité. On note l’avantage de pouvoir réaliser les connexions en prolongeant les métallisations, formant les électrodes, sous forme de bandes étroites vers la périphérie du corps d’épreuve où les raccordements aux câbles de mesure sont effectués. Toutefois, il faut tenir compte de la capacité réalisée des connexions (y compris les câbles). La capacité du capteur peut alors être inférieure à celle des connexions et minimiser le signal utile. L’implantation de capteurs comportant un film souple se fait par collage sur le corps d’épreuve (film mince de colle époxy ou polyimide). Lorsque la surface est gauche, il convient de prendre une contreforme du corps d’épreuve par moulage (résine silicone par exemple). Le capteur est alors appliqué sur le corps d’épreuve, puis collé sous pression au moyen du moule réalisé. 4.3.3 Exploitation Les principes des dispositifs électroniques associés à ces capteurs sont au nombre de deux. ■ Premier principe On emploie un dispositif adaptateur d’impédance, c’est-à-dire un électromètre à très haute impédance d’entrée (1010 Ω pour un transistor à effet de champ à jonction ; 1016 Ω pour un transistor à effet de champ à grille isolée). Les développements de la micro-électronique hybride permettent d’obtenir une miniaturisation suffisante pour loger cet adaptateur dans la périphérie du corps d’épreuve et de disposer ainsi d’un signal issu d’un générateur à basse impédance (1 000 Ω, ou moins) facilitant son transport jusqu’aux moyens d’acquisition de données conventionnels, tout en améliorant le rapport de la capacité utile à la capacité totale (§ 4.3.2). ■ Second principe On emploie un amplificateur de charge. S’il s’agit d’un circuit intégré monolithique pouvant loger dans la périphérie du corps d’épreuve, comme dans le premier principe, le transport du signal est grandement facilité (sortie d’amplificateur à basse impédance). S’il s’agit d’un amplificateur d’instrumentation de laboratoire, on peut éliminer l’effet de la capacité de liaison du câble allant du capteur à l’entrée de l’amplificateur. On se retrouve cependant con- Quel que soit le procédé utilisé, les câbles placés entre le capteur et l’entrée du circuit électronique doivent être « antistatiques ». Il faut éviter le plus possible l’apparition de charges induites par les mouvements et déformations involontaires des câbles. 4.4 Capteurs magnétostrictifs Ces capteurs utilisent la variation de perméabilité magnétique d’un barreau de métal ferromagnétique soumis à une contrainte. Cet effet se manifeste plus particulièrement dans les alliages binaires ou ternaires Fe, Ni, Co à grains orientés et traités thermiquement. La figure 11 représente le schéma d’un tel capteur. L’application d’une pression sur la membrane soumet le barreau à une contrainte de compression. La variation de perméabilité magnétique qui en résulte introduit une variation de l’inductance de la bobine. La mesure de la variation de cette inductance peut être effectuée par les différents moyens classiques, dont les deux principaux font appel l’un à la modulation d’amplitude (utilisation d’un pont d’impédance) et l’autre à la modulation de fréquence (utilisation de la bobine dans un circuit oscillant). En principe, ce type de capteur est sensible à la composante continue de la pression, mais l’importance de l’influence de la température sur la perméabilité du barreau magnétostrictif rend souvent impossible l’exploitation de cette composante dans le signal de sortie. Un autre inconvénient, inhérent aux propriétés physiques mises en jeu, est l’augmentation de l’hystérésis magnétique avec la fréquence des variations de pression mesurées. 4.5 Capteurs photoélastiques Les capteurs photoélastiques utilisent le phénomène de biréfringence induite dans un matériau amorphe transparent (verre, silice fondue) par une compression uniaxiale. La figure 12 représente la constitution schématique d’un tel capteur. La pression incidente exerce un effort de compression sur l’élément sensible et module ainsi sa biréfringence induite. Un faisceau lumineux monochromatique dirigé suivant l’axe xx’ traverse successivement deux nicols croisés calés à ± 45˚ par rapport à l’axe de la compression ; l’élément sensible introduit un retard de marche ∆ proportionnel à la contrainte et une lame cristalline introduit une autre différence de marche ∆0. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 090 − 9 PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES _____________________________________________________________________________________________________ Vis de réglage de précontrainte Élément sensible : Boîtier parallélépipède en silice Pression (Pa) 1010 109 Capteurs piézorésistifs 108 7 10 Capteurs 106 piézo105 électriques 4 10 103 102 10 1 Capteurs photoélastiques 10–1 10–2 10–3 10–4 10–2 10–1 1 10 102 103 104 105 106 107 108 Fréquence (Hz) Cale d'uniformisation de la contrainte Nicol polariseur Nicol polariseur x x' Lame cristalline à biréfringence naturelle Membrane piston transmettant l'effort Figure 12 – Capteur photoélastique La mesure de l’intensité lumineuse transmise I est effectuée par un photomultiplicateur : 2 π ( ∆ + ∆0 + δ ) I = I 0 sin ---------------------------------λ Capteurs magnétostrictifs (7) Figure 13 – Domaine couvert par les capteurs à élément sensible La fonction de transfert est obtenue après acquisition du signal du capteur au moyen d’un analyseur de spectre, puis par traitement par transformée de Fourier. λ longueur d’onde, I0 intensité lumineuse incidente, ■ L’étalonnage proprement dit nécessite l’utilisation d’une source génératrice de fluctuations de pression et d’un capteur étalon. δ différence de marche initiale réglée par la vis de précontrainte. Aux basses fréquences (f < 1 kHz), il est possible d’utiliser un pistonphone. Ce réglage de δ par la vis permet, pour une mesure de pression donnée, de placer le point d’inflexion de la caractéristique sinusoïdale au voisinage de la valeur moyenne du signal, de manière à disposer de la plus grande sensibilité et de la meilleure linéarité possibles. Aux fréquences plus élevées, il est nécessaire d’utiliser un tube à choc pour effectuer un étalonnage en régime transitoire. avec Quoiqu’une traversée de zéro soit possible, puisque la précontrainte n’est jamais nulle, ce type de capteur n’est utilisé que pour mesurer des surpressions permanentes ou rapidement variables ; par ailleurs, il est particulièrement bien adapté aux mesures nécessitant une grande étendue de mesure. 4.6 Domaine couvert par les capteurs à élément sensible La figure 13 représente, dans un espace pression-fréquence, le domaine couvert par l’ensemble des capteurs à élément sensible. 5. Étalonnage dynamique des capteurs 5.1 Généralités ■ La caractéristique la plus importante à connaître pour un capteur de pression dynamique est sa fonction de transfert. Le module de cette fonction représente l’évolution de la sensibilité du capteur en fonction de la fréquence, alors que sa phase permet de connaître le déphasage existant entre le signal de sortie du capteur et une pression idéalement sinusoïdale de fréquence donnée. R 2 090 − 10 Des générateurs piézoélectriques sont en cours d’étude pour les étalonnages dans le domaine des fréquences élevées. Dans tous les cas, une attention particulière doit être portée aux phénomènes de propagation mis en jeu. 5.2 Étalonnage en régime périodique de capteurs pris séparément 5.2.1 Pistonphones Ce sont des générateurs de pression sinusoïdale se superposant à la pression ambiante, généralement la pression atmosphérique. ■ La variation de pression est obtenue à partir d’une variation de volume créée par le déplacement d’un piston dans un cylindre. Deux types de pistonphones sont utilisés. ● Le premier type délivre une pression d’amplitude donnée sur une seule fréquence. Il est utilisé principalement pour vérifier, sur une fréquence donnée, la sensibilité d’un capteur de pression intégré dans le montage expérimental dans lequel il doit fonctionner. Le piston est actionné par un moteur électrodynamique dont le fonctionnement est bien adapté à la fréquence généralement utilisée (250, 400 ou 1 000 Hz). ● Le second type permet de disposer de toutes les fréquences contenues dans un domaine spectral donné. Il est plus spécialement utilisé pour la mesure de la courbe de réponse d’un capteur. Le mouvement de translation du piston peut être assuré soit par un système bielle-manivelle, soit par un système à came. Le domaine de fréquence utile s’étend de 0,05 à 250 Hz. La limite basse fréquence est imposée par l’imperfection de l’étanchéité cylindre-piston, alors que la limite haute fréquence est liée à la vitesse de Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle _____________________________________________________________________________________________________ PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES Moteur électrique à vitesse variable Manivelle Ressort Orifice de montage des capteurs Piston à étalonner Came Cylindre Bielle Figure 14 – Pistonphone à entraînement bielle-manivelle La figure 14 représente schématiquement un pistonphone à entraînement bielle-manivelle et la figure 15 un pistonphone à entraînement par came [19]. Chemise de rubis Piston rotation maximale du moteur, ainsi qu’à la tenue mécanique de l’équipage mobile. Cavité de couplage Figure 15 – Coupe transversale montrant le principe de fonctionnement d’un pistonphone à entraînement par came ■ Une brève investigation peut être conduite pour un pistonphone du type à entraînement bielle-manivelle (figure 14). Ce dispositif d’étalonnage peut, en effet, être considéré comme absolu, car il est possible de calculer avec une bonne précision la pression engendrée, à partir de la connaissance de l’environnement et des dimensions de l’instrument. La fonction de transfert reliant la variation de pression ∆p à la variation du volume ∆V créée par le mouvement du piston peut se mettre sous la forme [20] : ∆ p ( γω ) γ j ω ⁄ ω0 Ð p 0 ------------------------ = --------- --------------------------------------------------------------------------------∆ V ( γω ) V0 j ω ⁄ ω0 jω ------ + 3 ( γ Ð 1 ) ----------------------------- Ð 1 ω0 th j ω ⁄ ω 0 avec volume moyen de la cavité située entre le piston mobile et le capteur à étalonner, γ = Cp /CV quotient des capacités thermiques massiques du gaz à pression et à volume constants, pulsation de référence donnée par la relation : S 2 λ ω 0 = ---------- ---------3 V 0 ρC p 1,2 1,0 amplitude – 170° V0 ω0 1,3 a pression ambiante, variable symbolique de Laplace, ∆V Vo 1,4 1,1 (8) p0 jω 1,5 ∆p po – 175° – 180° 10–1 1 10 b (9) 102 103 phase 104 105 w /w0 Figure 16 – Amplitude et phase de la fonction de transfert [relation (8)] dans laquelle S est la surface totale des parois de la cavité, ρ et λ la masse volumique et la conductivité thermique du gaz. La fonction de transfert (8) est utilisable pour toutes les cavités cylindriques dont le rapport diamètre/longueur est compris entre 0,4 et 2,5. La figure 16 représente l’amplitude et la phase de la fonction de transfert (8). On remarque que la transition entre le régime isotherme en basse fréquence et le régime adiabatique en haute fréquence est relativement étendue puisqu’elle s’étale sur au moins quatre décades de fréquences. Capteur à structure mince Zone sensible ■ L’étalonnage d’un capteur à structure mince peut être réalisé au moyen de ce type de pistonphone, dont on a déposé le fond et qui a été mis en appui sur le capteur (figure 17). Il est également possible de déporter le pistonphone. On a alors recours à une « ventouse » appliquée fortement sur le capteur à étalonner et reliée pneumatiquement au pistonphone (figure 18). On doit s’assurer de bonne transmission de la pression p, eu égard Plaque plane support (rigide) Figure 17 – Étalonnage d’un capteur à structure mince au moyen d’un pistonphone Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 090 − 11 PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES _____________________________________________________________________________________________________ Tube Microphone à calibres Couvercle Adaptateur 1/2" Batterie Ventouse Support Capteur à structure mince Pistonphone Figure 18 – Étalonnage d’un capteur à structure mince au moyen d’une ventouse Haut-parleur Système d'homogénéisation de la pression Masse de réglage Microphone de référence Circuit imprimé Figure 20 – Vue en coupe d’un calibreur industriel avec microphone de référence Volume frontal Résistance d'égalisation Volume arrière Diaphragme métallique Élément fléchissant en céramique Membrane Capteur de référence Orifice destiné à recevoir le capteur à étalonner Résonateur de Helmoltz Culasse et pièce polaire magnétiques Bobine mobile Aimant permanent Culasse et pièce polaire magnétiques Oscillateur stabilisé à diode Zener Figure 21 – Chambre de compression Figure 19 – Vue en coupe d’une source sonore étalon industrielle 5.2.3 Chambre de compression au volume de la ventouse, aux dimensions de la liaison pneumatique et à la fréquence de travail. Il faut également veiller à supprimer tout phénomène vibratoire parasite au niveau du support du capteur. Dans le cas des capteurs à structure mince, on doit toujours rester sensible aux effets thermiques engendrés par le pistonphone. 5.2.2 Calibreurs acoustiques Ces appareils portatifs permettent l’étalonnage précis des microphones. Il s’agit : — de sources sonores étalons ; la figure 19 en donne un exemple [19] ; — de calibreurs comportant en plus un microphone de référence ; la figure 20 en donne un exemple [19] ; — enfin, de systèmes de calibration par réciprocité donnant un étalonnage en niveau très précis (± 0,05 dB) [19]. R 2 090 − 12 La chambre de compression est constituée d’une cavité de faible dimension dont le volume (de l’ordre de 1 cm3) est modulé par l’ensemble moteur – membrane d’un haut-parleur. Le capteur à étalonner peut être monté sur la paroi de la cavité, à côté d’un capteur de référence destiné à mesurer la pression instantanée régnant dans la cavité. La figure 21 représente schématiquement le dispositif. L’emploi d’un tel dispositif, dont l’encombrement et la masse sont réduits, est plutôt réservé au contrôle du calibrage d’un capteur qu’à son étalonnage proprement dit. Bien que la fréquence propre de l’équipage mobile soit en général élevée (≈ 15 kHz par exemple), le domaine de fréquence où l’utilisation du dispositif est commode sur le terrain est souvent situé au-dessous de 1 kHz. La forme très compliquée de la cavité comprise entre la membrane et le chapeau porte-capteur est responsable de variations relativement importantes du niveau de pression engendré, en fonction de la fréquence et en fonction du point où la mesure est faite. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle _____________________________________________________________________________________________________ PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES dont l’amplitude crête est au plus égale à 10 % de la tension de polarisation. Les forces électrostatiques qui agissent sur la membrane du capteur sont assimilables à celles qui résulteraient de l’application d’un champ de pression p suivant la formule : Orifice de mise en place du capteur de référence et du capteur à étalonner Cavité Cavité tournante tournante Orifice d'admission Corps cylindrique Cavité tournante Rotor Cavité tournante ε0 E0 ∆ E p = -------------------2 d avec Orifice d'échappement a b c Figure 22 – Générateur de créneaux 5.2.4 Générateur de créneaux Les générateurs de créneaux de pression se distinguent de la plupart des générateurs périodiques par la forme trapézoïdale (se rapprochant le plus possible d’un rectangle idéal) du signal engendré. Leur réalisation pratique se présente sous diverses formes, l’une d’entre elles est schématisée sur la figure 22. Dans la position de la figure 22 a, la cavité C1 est déjà sous pression lorsqu’elle passe en regard de l’orifice O où sont disposés les capteurs, la position 22 b représente la fin de la durée du palier de pression, et la position 22 c montre la mise à l’air libre de la cavité C1, alors que la cavité suivante C2 est déjà comprimée par le gaz admis. Les générateurs de créneaux sont utilisés principalement pour étalonner les capteurs ne passant pas la composante continue ; ils permettent en effet de déterminer aisément la fréquence de coupure basse par l’examen de la décroissance des paliers du signal de sortie du capteur. Dans le domaine des fréquences élevées, ces générateurs ne dépassent pas 1 ou 2 kHz mais, par un traitement de signal approprié, des comparaisons entre capteur à étalonner et capteur de référence peuvent être faites sur les harmoniques 3 et 5 de la fréquence fondamentale des créneaux, ce qui permet d’étendre la limite haute fréquence vers 5 à 10 kHz. 5.2.5 Excitateur électrostatique L’appareil est schématiquement représenté sur la figure 23. Il se compose essentiellement d’une grille métallique que l’on peut porter, par l’intermédiaire de la borne de connexion, à un potentiel différent de celui du capteur à étalonner dont on dispose la membrane le plus près possible de la surface supérieure du revêtement isolant de la grille. Le potentiel appliqué se compose d’une haute tension continue (de 100 à 1 000 V), additionnée d’une tension sinusoïdale Borne de connexion Revêtement isolant (10) ε0 permittivité du vide (valable dans l’air ambiant), E0 tension de polarisation, ∆E tension crête de l’excitation, d distance constante séparant la grille conductrice de la membrane du capteur éprouvé. L’excitateur électrostatique est réservé à l’étalonnage des capteurs à grande résolution, comparable par exemple à celle des microphones de prise de son. Ce dispositif est très commode d’emploi, car il permet de soumettre le capteur en essai à une pression simulée rigoureusement indépendante de la fréquence. Il présente cependant deux inconvénients : — il ne permet de simuler que de très basses pressions (30 µbar au maximum) ; — il ne permet pas un étalonnage absolu, car les formes et les dimensions du capteur à tester distordent le champ électrostatique, dès lors la pression effectivement simulée n’est pas rigoureusement celle donnée par la formule (10). 5.2.6 Cavités résonnantes Les cavités résonnantes sont utilisées pour engendrer des pressions sinusoïdales dont la moyenne est la plupart du temps égale à la pression atmosphérique. Elles se présentent sous la forme d’un tube cylindrique dont une des extrémités est fermée par un piston ; la position du piston permet de régler la fréquence propre de la cavité. La figure 24 représente le schéma d’un tel dispositif. Le jet créé par le générateur est annulaire et turbulent, il constitue ainsi un générateur de bruit dont le spectre est étalé sur un large domaine de fréquence, qui excite la cavité sur sa fréquence de résonance. Le mode de vibration peut être choisi en agissant, d’une part, sur l’écartement entre le tube et le générateur, d’autre part, sur la pression de l’air comprimé d’alimentation. L’utilisation d’une cavité résonnante permet de tirer avantage du facteur de surtension (de l’ordre de 10) et ainsi de créer, d’une manière très simple, des amplitudes de pression relativement importantes (350 mbar). En contrepartie, pour bénéficier de l’amplitude maximale, il est nécessaire de diposer le capteur à étalonner, ainsi d’ailleurs que le capteur de référence, à une position, le long de la génératrice du cylindre, variable avec la fréquence. Compte tenu de l’encombrement de plus en plus important nécessité pour l’obtention des basses fréquences, les dispositifs usuels ne descendent pas au-dessous de 50 Hz. Grille métallique Corps support isolant Figure 23 – Excitateur électrostatique Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 090 − 13 PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES _____________________________________________________________________________________________________ Genérateur de jet Tube Capteur à étalonner Arrivée d'air comprimé Piston mobile Figure 24 – Cavité résonnante 5.3 Étalonnage en régime transitoire de capteurs pris séparément 5.3.1 Généralités Pour étendre le domaine utile vers les hautes fréquences ou vers les hautes pressions, il n’est plus possible de continuer à employer une excitation en régime harmonique. Fort heureusement, les études en aérodynamique ont permis de créer le tube à choc. Ce générateur a la particularité de délivrer des échelons de pression dont le temps de montée est extrêmement court (voisin de 100 ns), aussi l’analyse de Fourier de la réponse du capteur permet-elle d’obtenir des informations valables sur la fonction de transfert de ce capteur, jusqu’aux fréquences correspondant aux bandes passantes les plus élevées que l’on sache atteindre. Les études encore en cours visent à augmenter le niveau de pression atteint par les tubes à choc actuels pour les porter de 20 bar à 1 000 bar si possible. Indépendamment des tubes à choc, d’autres types de générateur à haut niveau de pression (jusqu’à 5 000 bar) ont été développés, mais leur domaine spectral est plus limité ; il s’agit principalement des enceintes à ouverture rapide et des bombes closes. 5.3.2 Tubes à choc Les tubes à choc comportent deux chambres à section constante séparées par une membrane. La chambre haute pression contient le gaz moteur et la chambre basse pression le gaz de travail. Fréquemment, un seul type de gaz (air ou azote sec) est utilisé pour les deux fonctions. La théorie fine du fonctionnement d’un tube à choc est trop complexe pour être exposée dans cet article, elle est décrite dans les références [21] [22]. La figure 25 représente le dispositif. En simplifiant à l’extrême le fonctionnement, ce dernier peut être décrit de la façon suivante (la chambre basse pression étant à la pression p0 et la chambre haute pression à p0 + ∆p) : — au moment où le percuteur crève la membrane séparatrice, une onde de choc d’amplitude ∆p/2 part de la membrane et se propage vers le fond de la chambre basse pression avec une célérité voisine de celle du son ; — à l’instant où elle atteint le fond, l’onde se réfléchit en doublant d’amplitude ; les capteurs situés sur le fond sont alors soumis à un échelon de pression d’amplitude approximative ∆p et de durée limitée par l’arrivée de l’onde de détente provenant de l’autre extrémité du tube (cette durée est donc étroitement liée à la longueur totale du tube). L’application d’un tel signal de pression permet en principe de déterminer une grande partie de la fonction de transfert, en amplitude et en phase, du capteur essayé, car le temps de montée de l’échelon est très inférieur à la microseconde et, pour les tubes de quelques mètres de long, la durée du créneau de pression est de l’ordre de 20 ms. Le domaine spectral utile s’étend approximativement, dans ces conditions, de quelques centaines de hertz à environ 1 MHz. Les niveaux de pression atteints par les tubes à choc sont limités, vers le bas, à environ 100 mbar et, vers le haut, à 20 bar. La limite basse n’est pas à caractère théorique et peut donc être abaissée ; elle est liée au fait qu’une onde de choc n’est créée que si le déchirement de la membrane est suffisamment rapide. Le tube à choc est le plus souvent utilisé pour mesurer la forme de la fonction de transfert d’un capteur, le calibrage en amplitude étant obtenu par l’emploi d’un capteur de référence. Il est à noter toutefois que le développement de la théorie du fonctionnement permet de calculer avec une précision de l’ordre de 2 % l’amplitude de l’échelon créé par un tube de construction soignée ; il est donc possible, dans cette fourchette de précision, de considérer le tube à choc comme un moyen absolu d’étalonnage. 5.3.3 Enceintes à ouverture rapide Les enceintes à ouverture rapide sont utilisées principalement lorsque l’on désire mesurer la courbe de réponse d’un capteur jusqu’à des fréquences très basses (1 Hz ou en dessous), car la longueur qu’il faudrait donner à un tube à choc pour atteindre cet objectif le rendrait irréalisable. En contrepartie, l’ouverture de ces dispositifs, si rapide soit-elle, ne permet pas d’atteindre des temps de montée de l’échelon de pression aussi courts que ceux obtenus avec un tube à choc. Ainsi, le domaine spectral utile n’est pas limité vers les basses fréquences (si ce n’est par la durée consacrée à l’enregistrement de l’expérience), mais il est borné vers le haut à 100 Hz jusqu’à environ 1 kHz suivant l’organe d’ouverture choisi : électrovanne, soupape à commande électromagnétique ou électropneumatique, membrane. Quel que soit l’organe utilisé, toutes les enceintes à ouverture rapide se présentent suivant le schéma de la figure 26. Membrane séparatrice Percuteur Chambre haute pression Capteur à étalonner Chambre basse pression Capteur de référence Figure 25 – Tube à choc R 2 090 − 14 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle _____________________________________________________________________________________________________ PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES Enceinte d'épreuve où règne la pression initiale p1 Organe d'ouverture Capteur à étalonner p1 A p2 B Canalisation de remplissage ou de vidage de la chambre B Chambre sourde Enceinte d'épreuve où règne la pression initiale p2 Canalisation de remplissage ou de vidage de la chambre A Figure 26 – Enceinte à ouverture rapide Charge explosive Capteur à étalonner Haut-parleur ou ionophone Enceinte arrière du haut-parleur Revêtement absorbant Microphone étalon Figure 28 – Chambre sourde Membrane de sécurité Capteur à étalonner Dispositif de mise à feu Masse additionnelle Comme c’est le cas pour tous les moyens d’étalonnage relatifs, un capteur de référence, dont les caractéristiques sont connues dans tout le domaine pression-fréquence du dispositif, est utilisé conjointement avec le capteur à étalonner. La bombe close permet de disposer d’échelons ou d’impulsions dans une gamme comprise entre 100 et 5 000 bar. Le domaine spectral couvert n’est pas très bien défini vers les hautes fréquences, faute de pouvoir disposer de capteurs étalonnés dynamiquement vers les hautes pressions. Vers les basses fréquences, la limite est située aux environs de 5 Hz ; cette limite est essentiellement due à la chute de pression occasionnée par le refroidissement des gaz au contact des parois après l’explosion. Figure 27 – Bombe close Le capteur à étalonner est soumis à un échelon (p1 − p2) qui peut être positif ou négatif ; dans le cas d’un lâcher de pression entre p1 et la pression atmosphérique, la chambre B peut être supprimée. 5.4 Étalonnage d’un ensemble de capteurs Les organes d’ouverture à électrovanne sont simples de conception, mais exigent de réaliser un compromis entre la section et le temps d’ouverture. L’avantage de la soupape est de permettre la réduction du volume de la chambre d’épreuve A, tout en offrant une section d’ouverture importante. Le dispositif à membrane (système comparable à celui utilisé dans les tubes à choc) permet d’atteindre le temps d’ouverture minimal et la section de passage maximale. Dans l’étude de phénomènes aéro-acoustiques, on a besoin, en plus des caractéristiques des capteurs mis en œuvre, de connaître les fonctions de transfert des capteurs convenablement disposés par rapport à la source. On a alors recours à une chambre sourde (ou anéchoïque), représentée schématiquement sur la figure 28. La bombe se présente sous la forme d’une enceinte fermée, dans laquelle est placée une petite charge explosive dont la mise à feu électrique peut être commandée de l’extérieur, comme le montre la figure 27. Une telle chambre est constituée par un local fermé dont les parois intérieures sont revêtues de matériau absorbant se présentant sous une forme géométrique dite en « dents de dragon », dans le but de créer un piégeage des ondes acoustiques. Lorsqu’une telle chambre n’est destinée qu’à l’étalonnage dynamique de capteurs de pression, son volume intérieur utile peut être limité à 1 ou 2 m3. La disposition décrite permet d’obtenir un local isolé du champ de pression sonore existant dans un environnement urbain et de recréer artificiellement, dans un faible volume, l’équivalent d’un espace infini non perturbé. Lors de l’explosion de la charge, la pression à l’intérieur de l’enceinte monte à une valeur qui dépend du volume de l’enceinte (que l’on peut faire varier par l’emploi de masses additionnelles) et de l’importance de la charge. C’est dans de telles chambres que sont étalonnés de façon absolue les microphones étalons destinés à être utilisés comme capteurs de référence. Si la membrane de sécurité est tarée pour éclater à un niveau de pression supérieur à celui qui est atteint dans la bombe, le capteur est soumis à un échelon de pression. Si, au contraire, la membrane est calibrée pour éclater au cours de la montée de pression, le capteur à étalonner est soumis à une impulsion de pression. Les différents capteurs, ainsi que le microphone étalon ou une sortie auxiliaire de la source, seront connectés à un analyseur multivoies qui permettra de connaître les fonctions de transfert souhaitées. 5.3.4 Bombe close La bombe close est un moyen d’étalonnage dynamique assez peu répandu en dehors du domaine de la détonique. Ce moyen permet de créer des échelons de pression de très grande amplitude, mais dont la forme du front de montée est incontrôlable. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 090 − 15 PRESSIONS RAPIDEMENT VARIABLES _____________________________________________________________________________________________________ Liste des mots clés Pression (Pa) Silicium§ 3.2 Capacitif§ 3.3 Électret§ 3.3 Micro-usinage§ 3.3 Réluctance§ 3.5 Foucault§ 3.6 Piézorésistif§ 4.2 SirènesPiézoélectrique§ 4.3 Magnétostrictif§ 4.4 Photoélastique§ 4.5 Étalonnage§ 5 109 Pression 108 Pression§ 1 107 Optique§ 1 6 Laser§10 1 1051 Raman§ 104 2 Capteur§ 103 Membrane§ 3 2 Jauge§103.2 10 1 10–1 10–2 10–3 Distributeurs de créneaux Pistonphones Chambres sourdes (haut-parleur et iophone) Chambres de compression Situation de10 l’article 10 10 1 10 10 10 –2 –1 2 a 3 4 105 106 107 Fréquence (Hz) Pression (Pa) 109 108 107 106 105 104 103 102 10 Pistonphone§ 5.2.1 Calibreur§ 5.2.2 Compression§ 5.2.3 Générateur§ 5.2.4 Bombes closes Excitateur§ 5.2.5 Cavité§ 5.2.6 Enceintes Tubes à choc à ouverture Tube§ 5.3.2 rapide Enceinte§ 5.3.3 Bombe§ 5.3.4 Anéchoïque§ 5.4 1 10–1 10–2 10–3 10–2 10–1 1 dispositifs périodiques N˚ de traité : 670 FigureN˚ 29 –de Domaine couvert: par rubrique 40les dispositifs d’étalonnage N˚ de sous-rubrique : 15 N˚ de volume : R5 5.5 Domaine couvert par les dispositifs d’étalonnage dynamique 102 10 b 103 104 105 106 107 Fréquence (Hz) dispositifs apériodiques Les dispositifs périodiques (figure 29 a) sont plutôt centrés vers les basses pressions, alors que les dispositifs apériodiques (figure 29 b) sont tous situés vers les hautes pressions. La figure 29 représente, dans un espace pression-fréquence, les domaines couverts par les principaux dispositifs d’étalonnage périodiques et apériodiques. Références bibliographiques [1] [2] [3] [4] BOUTIER (A.) et ROYER (H.). – Visualisations et mesures optiques en aérodynamique. Techniques de l’Ingénieur. Traité Mesures et Contrôle. R 2 160, 1998. MILES (R.) et LEMPERT (W.). – Two-dimensional measurement of density, velocity and temperature in turbulent high-speed air flows by UV Rayleigh scattering. Appl. Phys. B 51, 1-7, 1990. ATTAL (B.), DRUET (S.), BAILLY (R.), PEALAT (M.) et TARAN (J.-P.). – Techniques Raman d’études des écoulements et des flammes par Laser. Spectra 2000. Vol. 7, n° 54, 11-1979. DRUET (S.) et TARAN (J.-P.). – Cars spectroscopy. Progress in Quantum Electronics, vol. 7, no 1, 1981, p. 1-72. [8] PERMUY (A.). – Capteurs microélectroniques. Traité Électronique. Techniques de l’Ingénieur E 2 315, 1993. [9] REIMANN (H.). – The concept of Stress Concentration. 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