Santé et droits humains
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Santé et droits humains
SPECIAL 163 Santé et droits humains 2 SANTÉ ET DROITS HUMAINS Table des matières Abréviations 3 L’importance de l’approche des droits humains pour la santé et le développement/cadre institutionnel 4 La politique allemande de développement et sa contribution au soutien des droits humains dans le domaine de la santé 5 Lignes directrices d’une approche axée sur les droits humains dans le domaine de la santé Le droit à la santé Principes des droits humains Égalité des sexes 7 7 7 8 La nécessité d’un engagement renforcé – champs d’action et défis Champs d’action Développer des systèmes de santé équitables Vaincre les lois et les pratiques discriminatoires Vaincre la stigmatisation des personnes malades Renforcer les droits des patients/patientes Promouvoir les processus de planification et de décision participatifs Prouver les contributions en faveur de la réalisation du droit à la santé Perspective 9 10 10 11 12 12 13 14 15 SANTÉ ET DROITS HUMAINS 3 Abréviations BMZ Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Économique et du Développement (BMZ) CEDAW Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Convention on the Elimination of all Forms of Discrimination against Women) CIM Centre pour la migration et le développement international CRC Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant (Convention on the Rights of the Child) DED Service de développement allemand EU Union européenne GFATM Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme (Global Fund to Fight Aids, Tuberculosis and Malaria) GTZ Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit VIH/SIDA Virus de l’immunodéficience humaine / syndrome d’immunodéficience acquise (Human Immunodeficiency Virus / Acquired Immunodeficiency Syndrome) ICESCR / PIDESC Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels / „Sozialpakt“ (International Covenant on Economic, Social and Cultural Rights) ICCPR / PIDCP Pacte international relatif aux droits civils et politiques (International Covenant on Civil and Political Rights) CIPD / ICPD Conférence internationale sur la population et le développement (International Conference on Population and Development) CIDPH / ICRPD Convention internationale des droits des personnes handicapées (International Convention on the Rights of Persons with Disabilities) InWEnt Internationale Weiterbildung und Entwicklung gGmbh KfW Kreditanstalt für Wiederaufbau OMD / MDGs Objectifs du Millénaire pour le développement (Millennium Development Goals) HCDH / OHCHR Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme (Office of the High Commissioner for Human Rights) SWAp Approche sectorielle (Sector-Wide Approach) TRIPS Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (Agreement on Trade-Related Aspects of Intellectual Property Rights) OMS / WHO Organisation mondiale de la santé (World Health Organization) 4 Le présent document informe sur la position de la politique allemande de développement vis-à-vis de l’approche des droits humains en matière de santé dans la coopération au développement. SANTÉ ET DROITS HUMAINS Il vient compléter le concept sectoriel1 et sert de base de discussion dans la collaboration avec les partenaires nationaux et internationaux. L’importance de l’approche des droits humains pour la santé et le développement/cadre institutionnel Une approche axée sur les des droits humains consiste à orienter de façon très explicite la politique de développement vers des engagements conformes aux droits humains suivant les conventions des droits de l’homme internationales et régionales et les principes des droits humains « non-discrimination/égalité des chances », « obligation de rendre des comptes/transparence » et « participation/renforcement de la capacité d’action (empowerment)». Elle reprend l’idée d’émancipation de la coopération au développement qui voit et encourage2 tous les hommes à être sujets et acteurs de leur propre développement. Il y a d’un côté les « groupes cibles » et les « personnes démunies » qui ont des revendications légales et de l’autre côté, les organisations gouvernementales partenaires qui ont des obligations envers ces personnes. Les droits humains offrent un cadre de référence obligatoire sur le plan juridique et légitimé au 1 BMZ (2009). Sektorkonzept 183 Gesundheit in der deutschen Entwicklungspolitik. La stratégie du BMZ en matière de santé. 2 Pour l’approche des droits de l’homme au sein de la coopération allemande au développement (EZ) voir BMZ (2008). Entwicklungspolitischer Aktionsplan für Menschenrechte 2008 – 2010. Pour les organisations des Nations unies voir (2003). Stamford Statement on the Human Rights-Based Approach to Development Cooperation. Towards a Common Understanding among the United Nations Agencies. niveau international pour la mise en place d’une politique et de stratégies de santé. Font partie des droits humains essentiels pour le secteur de la santé d’une part les droits économiques, sociaux et culturels, lesquels sont inscrits dans le pacte social (ICESCR), en particulier le droit au meilleur état de santé physique et mental (en abrégé : droit à la santé). Cependant, le pacte social régit aussi des droits humains qui sont liés aux droits fondamentaux de la santé, à savoir le droit à un niveau de vie convenable, le droit à l’alimentation, le droit à l’eau et le droit à l’éducation. D’autre part, le pacte civil contient également des droits humains qui concernent aussi bien la santé individuelle (par ex. le droit à la vie et à l’intégrité physique) que la politique de santé et sa mise en place aux différents niveaux (par ex. droit de participation et le droit d’être écouté). D’autres conventions sur les droits humains mettent en place le droit à la santé et à la protection contre la discrimination à l’égard des groupes défavo- 5 SANTÉ ET DROITS HUMAINS risés, notamment les enfants (CRC), les femmes (CEDAW) et les personnes handicapées (ICRPD). Les droits humains légitimés au niveau international constituent la base pour les accords régionaux relatifs aux droits humains, comme par exemple le protocole sur les droits des femmes en Afrique (protocole de Maputo) de 2006 ou le protocole additionnel à la convention américaine relative aux droits humains (protocole de San Salvador) de 1999. Droits humains et santé sont en corrélation l’un avec l’autre. Les causes de morbidité et de mortalité dans les pays en développement –sous-alimentation, accès insuffisant à de l’eau potable salubre, conditions de vie et de travail dangereuses pour la santé, manque d’éducation et exclusion d’un grand nombre de personnes pauvres et défavorisées des principaux services de santé – sont le résultat d’un non-respect des engagements relatifs aux droits humains. À l’inverse, le respect des droits humains contribue à améliorer l’état de santé d’une société, en particulier des groupes défavorisés. En même temps, la santé constitue une condition impérative à la défense des autres droits humains et à la participation à la vie sociale, économique et politique. L’importance des droits humains pour les objectifs de développement en rapport avec la santé est soulignée dans bon nombre de déclarations et de conventions internationales, comme par exemple dans le programme de la conférence internationale sur la population et le développement tenue au Caire en 1994 (CIPD) et dans la déclaration d’engagement des Nations unies sur le VIH/ SIDA (2001). La déclaration du Millénaire de 2000, sur laquelle sont basés les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), met l’accent sur le fait que les Objectifs du Millénaire pour le développement s’inscrivent dans un contexte de mise en œuvre de tous les droits humains. La politique allemande de développement et sa contribution au soutien des droits humains dans le domaine de la santé En ratifiant tous les principaux accords relatifs aux droits humains, la République fédérale d’Allemagne s’est engagée à participer activement à la réalisation des droits humains. Le plan d’action 2008 – 2010 pour les droits humains du BMZ vient étayer son engagement politique en faveur d’un renforcement ciblé, systématique et intersectoriel des droits humains dans le cadre de la politique allemande du développe- ment. L’approche axée sur les droits humains inscrite dans le plan d’action exige une orientation explicite autour des normes et des éléments fondamentaux des droits humains, ainsi qu’autour des principes essentiels en matière de droits humains. Cette approche met l’accent sur les causes structurelles de la discrimination et de l’exclusion sociale en raison du sexe, de l’âge et de l’appartenance sociale et/ou ethnique3 3 BMZ (2008). Entwicklungspolitischer Aktionsplan für Menschenrechte 2008 – 2010. 6 SANTÉ ET DROITS HUMAINS L’approche axée sur les droits humains est extrêmement importante à tous les niveaux d’intervention et pour tous les principaux thèmes abordés par la coopération au développement dans le secteur de la santé – développement de systèmes de santé, lutte contre les maladies infectieuses transmissibles et le VIH/SIDA, santé et droits en matière de sexualité et de procréation. Les possibilités d’action ressortent principalement dans les domaines suivants : ● Faire des droits humains relatifs à la santé un thème dans les dialogues politiques avec les partenaires et les donateurs ; soutenir les gouvernements partenaires dans la mise en œuvre des engagements résultant de conventions et d’accords interna- tionaux ainsi que des recommandations relatives au droit à la santé, en particulier pour renforcer les droits des femmes et des groupes défavorisés, énoncées par les organes conventionnels des Nations unies et de l’Envoyé spécial des Nations unies ; ● Promouvoir les capacités des gouvernements partenaires pour la mise en place d’un système de santé qui garantit les normes et principes des droits humains ; ● Promouvoir le dialogue entre les institutions gouvernementales et la société civile quant à la réalisation progressive du droit à la santé. Principaux éléments du droit à la santé Disponibilité Établissements et services de santé opérationnels en nombre suffisant et principaux médicaments ; présence d’eau salubre et d’installations sanitaires adéquates. Accessibilité Accessibilité sans discrimination aux établissements et services de santé pour tous : l accès physique et sûr pour tous, y compris les personnes et les groupes handicapés (souffrant d’un handicap) ; l accessibilité financière pour tous, notamment pour les personnes et groupes défavorisés ; l droit de rechercher, d’obtenir et de répandre des informations concernant des questions de santé en respectant la confidentialité des données à caractère personnel. Acceptabilité Tous les établissements, biens et services de santé doivent respecter les principes d’éthique médicale et, dans la mesure où elles ne sont pas contraires aux droits humains, les valeurs culturelles de la population concernée. Qualité Qualité scientifique et médicale appropriée, y compris un personnel qualifié, des médicaments homologués et un équipement médical adéquat Exemples d’obligations gouvernementales à l’égard du droit à la santé Obligation de respect l l Obligation de protection l l Obligation de garantie l l Reconnaître le droit d’accès aux installations et services de santé à tous les groupes. S’abstenir de prendre des mesures qui réduisent l’accès aux moyens de contraception. Réguler et contrôler le secteur privé de façon à ce que les prestataires de soins de santé privés respectent le fondement du droit à la santé. Combattre les pratiques traditionnelles dangereuses, comme par exemple les mutilations génitales et les violences sexuelles liées au genre. Planification et mise en œuvre d’une politique de santé qui garantit des soins de santé de base et qui est accessible également aux personnes et groupes défavorisés. Mise en place de systèmes d’assurance sociale comprenant des soins aux populations pauvres. 7 SANTÉ ET DROITS HUMAINS Lignes directrices d’une approche axée sur les droits humains dans le domaine de la santé en place des engagements relatifs aux droits humains et, le cas échéant, aussi dans les rapports. Le droit à la santé Principes des droits humains La coopération au développement axée sur les droits humains dans le domaine de la santé s’appuie avant tout sur le droit à la santé (Pacte social, art. 12) qui englobe les éléments fondamentaux de la santé, comme par exemple l’accès à l’eau salubre. Toutefois, d’autres droits inscrits dans le Pacte social et civil, comme le droit à l’alimentation, le droit au travail, le droit à la participation ainsi que le principe d’égalité, sont primordiaux pour le domaine de la santé. Comme tous les droits humains, le droit à la santé repose sur des principes définis et structurés, autour desquels s’oriente la coopération au développement dans le domaine de la santé. Voici les implications pratiques de ces principes des droits humains : ● La coopération allemande au développement utilise des méthodes et des stratégies en vue d’analyser et de surmonter progressivement la discrimination structurelle et le partage inégal du pouvoir, lesquels compromettent la santé d’individus et de groupes – notamment des femmes et des enfants – et compliquent leur accès aux services et informations de santé (principe de non-discrimination/égalité des chances). ● La coopération allemande au développement encourage la participation de toutes les parties prenantes, en particulier des groupes défavorisés et marginalisés, à des processus de décision relatifs à la santé au niveau local et national. Cela implique également une sensibilisation de la population sur ses droits, cela étant une condition préalable importante pour exiger une politique de santé axée sur les droits humains (principe de la participation/renforcement de la capacité d’action). ● La coopération allemande au développement renforce les capacités d’organismes gouvernementaux, rend compte de la mise en œuvre et des résultats de sa politique de santé en ce qui concerne ses engagements relatifs aux La substance (« éléments fondamentaux ») du droit à la santé a été établie par la Commission des Nations unies, laquelle contrôle la mise en œuvre du Pacte social, dans ses remarques générales n° 14 de 20004. En ratifiant le Pacte social, les États se sont engagés à respecter le droit à la santé, à le garantir et à le protéger contre toute atteinte par des tiers (le fameux « triple engagement »). Le Pacte social reconnaît que de nombreux États ne disposent que de ressources limitées et prévoit par conséquent une réalisation progressive des droits économiques, sociaux et culturels. Les États parties doivent cependant prendre des mesures concrètes et utiliser au mieux les moyens dont ils disposent pour garantir le droit à la santé pour tous. Ils devront régulièrement informer les organes conventionnels des Nations unies de leur état d’avancement. En raison de l’attachement de la République fédérale au Pacte des droits humains, la coopération allemande au développement devra aider les pays partenaires lors de la mise 4 Nations unies (2000). Observation générale n° 14 du Comité sur les droits économiques, social et culturels sur le droit au meilleur état de santé susceptible d’être atteint, art. 12 du PIDESC. E/C.12/2000/4, 4.7.2000. 8 SANTÉ ET DROITS HUMAINS droits humains et présente de façon transparente l’allocation des ressources dans le secteur de la santé (principe de l’obligation de rendre des comptes/transparence). Ces principes sont également connus dans la « bonne gouvernance » ; une approche axée sur les droits humains renforce les efforts pour une « bonne gouvernance » dans le secteur de la santé dans la mesure où le programme de « bonne gouvernance » découle des droits humains.5 Égalité des sexes L’égalité des sexes est inscrite dans toutes les conventions des droits de l’homme et les moyens pour y parvenir sont au centre de la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). L’égalité des sexes est un objectif en soi de la politique allemande du développement. La discrimination à l’égard des femmes est, dans beaucoup de pays, une cause structurelle de violences et 5 BMZ (2009). Förderung von Good Governance in der deutschen Entwicklungspolitik. BMZ Konzepte 172 d’abus et porte atteinte à la santé des jeunes filles et des femmes. Souvent, les femmes ne peuvent pas décider librement de leurs relations sexuelles, ni décider du nombre et du moment pour avoir des enfants, ni décider de prendre des médicaments en cas de complications lors de l’accouchement. Souvent, elles n’ont pas accès aux informations et aux services de santé en ce qui concerne la reproduction. Les droits en matière de sexualité et de procréation font partie des droits humains universels, raison pour laquelle leur reconnaissance et leur protection font également partie de la politique allemande de développement dans le domaine de la santé. Leur mise en œuvre implique un changement dans les rapports au pouvoir et juridiques, lequel changement s’accompagne d’un encouragement de la participation sociale, économique et politique des femmes6. En outre, dans de nombreuses sociétés, le droit humain à une information sur la santé adéquate, différenciée selon le genre, y compris à une explication sur le rôle du patriarche, n’est pas suffisamment garanti. 6 Pour plus de détails sur les droits sexuels et dgénésiques : BMZ (2008): Sexuelle und Reproduktive Gesundheit und Rechte, Bevölkerungsdynamik. BMZ Spezial 148. 9 SANTÉ ET DROITS HUMAINS La nécessité d’un engagement renforcé – champs d’action et défis Comme dans les pays industrialisés, on observe dans les pays en développement des différences quant à l’état de santé de groupes de population donnés en raison d’un préjudice structurel ou d’une discrimination et d’un manque d’égalité des chances. Le sexe, l’éducation, l’appartenance ethnique ou religieuse, l’origine et le lieu du domicile sont les facteurs les plus fréquents en corrélation avec une pauvreté extrême, une marginalisation socioculturelle et un accès inégal aux informations et services de santé. Il s’agit souvent de discriminations multiples et combinées les unes aux autres ou d’une discrimination à plusieurs dimensions comme le montrent les exemples suivants :7 ● La moitié de la population rurale au Mozambique doit marcher plus de 30 minutes pour trouver de l’eau potable salubre et utilise par conséquent souvent des sources d’eau dangereuses pour la santé. ● Sur les trois milliards de personnes qui vivent dans les villes, un milliard vit dans des bidonvilles. Dans les bidonvilles de Manille, jusqu’à 39 % des enfants âgés de 5 à 9 ans sont atteints de la tuberculose, soit deux fois plus que la moyenne du pays. 7 Les exemples suivants reposent sur les données des organismes suivants: OMS, Commission on Social Determinants of Health (2008). Closing the gap in a generation. Health equity through action on the social determinants of health. Final Report; UNICEF (2008). The State of the World´s Children 2008. Child Survival; OMS (2007). Maternal Mortality 2005: Estimates developed by WHO, UNICEF, UNFPA and the World Bank; OMS (2007). Fact Sheet: Health of indigenous peoples; Nations unies (2008). Redefining AIDS in Asia. Crafting an Effective Response. Report of the Commission on AIDS in Asia.; BMZ 2006. Entwicklungszusammenarbeit mit indigenen Völkern in Lateinamerika und der Karibik. BMZ Konzept 139; GTZ/DED 2007. Évaluation des contraintes de développement et des potentialités des Batwa dans le District de Nyaruguru. Rapport Final ; Nations unies, Secrétariat de la Convention relatives aux droits des personnes handicapées (2008). Fact Sheet on Persons with Disabilities; OMS (2003). International Migration, Health and Human Rights. ● Tous les ans, environ 500 000 femmes meurent en raison de complications pendant l’accouchement, presque toutes (99 %) dans les pays en développement. Les femmes qui sont pauvres et qui appartiennent à une minorité ethnique n’ont pas de formation scolaire et/ou s’alimentent insuffisamment, la plupart vivent dans des zones rurales et présentent par conséquent un risque considérablement plus élevé de mourir à la suite d’un accouchement. Ainsi, en Indonésie, la mortalité maternelle parmi les femmes pauvres est trois à quatre fois plus élevée que chez les femmes aisées. ● Dans de nombreux pays asiatiques, les personnes toxicomanes ainsi que les hommes et les femmes offrant des services sexuels présentent un risque élevé de contracter le VIH/sida. Dans certains pays, la criminalisation des rapports sexuels entre personnes du même sexe ou pour de l’argent fait que ces personnes n’utilisent pas, ou que très rarement, les services de consultation et les moyens de contraception par peur des représailles. ● Approximativement 370 millions de personnes d’origine indigène vivent dans 70 pays dans le monde. Leur état de santé se distingue de façon très caractéristique de l’état de santé des groupes non indigènes. Au Rwanda par exemple, le taux de mortalité infantile parmi les groupes de population indigènes des pygmées Batwa est presque deux fois plus élevé que la moyenne du pays. 10 SANTÉ ET DROITS HUMAINS ● 10 % de la population mondiale vivent avec un handicap. Une personne sur cinq vivant dans la pauvreté absolue est atteinte d’un handicap. 90 % des enfants souffrant d’un handicap ne vont pas à l’école. Seuls 45 pays disposent de lois qui interdisent la discrimination en raison d’un handicap. ● Dans le monde, il y a environ 200 millions d’émigrés, parmi eux plus de 9 millions de réfugiés. Dans de nombreux pays, ces derniers n’ont qu’un accès extrêmement limité aux informations et aux services de santé. Souvent, ils vivent et travaillent dans des conditions précaires et insalubres. Les femmes émigrées sont en outre souvent victimes d’exploitation et de violence sexuelles. Une approche axée sur les droits humains dans le domaine de la santé nécessite une orientation de la politique et des systèmes de santé vers l’objectif suivant : améliorer l’accès aux services et aux informations de santé à l’ensemble de la population, c’est-à-dire en particulier aux groupes de population extrêmement pauvres et défavorisés, et permettre des conditions de vie saines. Champs d’action Développer des systèmes de santé équitables Le développement d’un système de santé équitable, qui s’adapte en particulier aussi aux droits et besoins des groupes défavorisés, est une priorité de la coopération allemande au développement dans le domaine de la santé8. Mais cela n’est possible que si, lors de la planification des programmes de santé, il a été entrepris une analyse de la situation qui identifie les groupes non couverts ou sous-approvisionnés ainsi que les causes 8 BMZ (2009): Sektorkonzept 183 Gesundheit in der deutschen Entwicklungspolitik. structurelles de ce sous-approvisionnement. Pour cela, il est, d’une part, nécessaire de prendre en considération les principaux éléments socio-économiques et socioculturels d’une bonne santé et d’un état pathologique, et d’autre part de regarder quels sont les groupes qui sont systématiquement exclus des processus de développement ou qui sont susceptibles de l’être. Avec une approche axée sur les droits humains, la politique allemande de développement renforce son approche de développement de systèmes de santé. Elle améliore ainsi les soins de base pour toutes les personnes, en particulier pour les femmes et les groupes de population défavorisés, et encourage un accès égalitaire aux services de santé. Cela inclut la mise en place de systèmes de sécurité sociale, y compris d’assurances maladie, pour les pauvres9. Des mesures destinées de façon ciblée aux groupes défavorisés, par exemple dans le domaine de la santé reproductive et des droits des jeunes, peuvent s’avérer judicieuses suivant le contexte. Ces dernières doivent être accompagnées d’initiatives visant à ouvrir le système de santé existant aux groupes défavorisés. Les programmes qui se révèlent être fructueux se distinguent par une sorte d’imbrication des différentes mesures : les capacités des organismes de soins et du personnel de santé sont soutenues, les infrastructures de base nécessaires sont aménagées et en même temps les différentes communes sont habilitées à reconnaître et à supprimer les barrières d’accès pour les personnes pauvres et défavorisées. Ainsi, la mise en place soutenue par la politique allemande de développement d’une campagne de prévention soutenue par la commune pour la santé des mères dans deux provinces indonésiennes a conduit à une nette augmentation du nombre d’accouchements encadrés par des pro- 9 BMZ (2009). Sektorkonzept 183 Gesundheit in der deutschen Entwicklungspolitik. BMZ (2002) Promouvoir une sécurité sociale et des systèmes de sécurité sociale dans les pays en voie de développement. 11 SANTÉ ET DROITS HUMAINS fessionnels parmi les femmes pauvres. Le concept repose sur un dialogue au sein des communautés sur les droits de la femme, sur une large explication des risques liés à la grossesse et à la naissance, sur une organisation locale pour transporter les femmes pauvres présentant des complications au moment de l’accouchement, ainsi que sur une collaboration entre les sages-femmes ayant reçu une formation dite traditionnelle et celles ayant reçu une formation moderne et qui travaillent au sein des organismes de santé. Vaincre les lois et les pratiques discriminatoires Les lois et pratiques discriminatoires compromettent l’accès à beaucoup d’hommes et de femmes aux services de santé et portent en outre atteinte à la perception de leurs droits humains. Font partie de ces pratiques les législations qui autorisent les unions précoces et forcées ou qui accordent aux femmes moins de droits qu’aux hommes dans le mariage. En ce qui concerne la santé et les droits sexuels et génésiques, ces pratiques discriminatoires concernent en particulier les jeunes filles et les femmes, les jeunes gens non mariés, les personnes atteintes d’un handicap ainsi que les personnes appartenant à des minorités sexuelles. Les violences liées au genre et les pratiques traditionnelles dangereuses sont, bien qu’entre-temps interdites dans de nombreux pays, des pratiques sociales encore courantes. Dans certains pays, l’accès aux jeunes non mariés aux informations sur la santé sexuelle est interdit par la loi, dans d’autres pays les jeunes filles enceintes sont exclues de l’école. Dans quelques pays, les femmes ne sont pas autorisées à se faire prescrire des moyens de contraception par des centres de santé publique sans le consentement de leur mari. Les rapports sexuels entre personnes du même sexe sont encore punis dans de nombreux endroits et sont, bien que répandus, bannis de la société. La discrimination liée au genre est l’une des formes les plus courantes de violation des droits humains. Dans beaucoup de sociétés cependant, les personnes appartenant à des minorités ethniques et religieuses, les personnes d’origine indigène, les réfugiés et les émigré(e)s ainsi que les personnes souffrant d’un handicap se voient attribuer un statut social inférieur et se voient interdire toute participation égalitaire à la vie publique. Cette discrimination réelle, souvent aussi légale, a des conséquences négatives sur l’accès de ces personnes aux informations et aux services de santé. Trop souvent ce type de discrimination n’est dénoncé qu’en situations de crise et de conflit, par exemple quand des personnes appartenant à des minorités sont victimes de violence ou sont exclues. La coopération allemande au développement dans le domaine de la santé contribue, par les mesures suivantes, ainsi que par des mesures de prévention, à vaincre la discrimination : ● Dans les dialogues et les conseils politiques, faire de l’inégalité d’accès des minorités aux services de santé un thème récurrent – en se basant entre autres sur des sources conformes aux droits humains. ● Sensibiliser les acteurs du système de santé, aux différents niveaux, sur les droits et discriminations existantes subies par les groupes de population indigènes et d’autres minorités. ● Prendre en considération les notions de maladie et de guérison spécifiques à la culture lors de l’élaboration et de la mise en place des programmes de santé et encourager l’association de méthodes thérapeutiques biomédicales et indigènes pour les soins fournis dans les villages 10. 10 voir BMZ (2006). Entwicklungszusammenarbeit mit indigenen Völkern in Lateinamerika und der Karibik. BMZ Konzepte 139. 12 SANTÉ ET DROITS HUMAINS ● Association de programmes de santé lors de la réforme des dispositions légales discriminatoires avec d’autres programmes et projets, par exemple sur le genre ou la bonne gouvernance. Aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en développement, les gens s’imaginent encore que les droits humains sont apparus dans la culture ouest-européenne et qu’ils ne peuvent par conséquent pas s’appliquer à d’autres sociétés. Les cultures sont toutefois des systèmes complexes et dynamiques. Dans chaque culture il y a des valeurs et des traditions qui sont compatibles avec les droits humains, et des valeurs et des traditions qui légitiment le déni, l’atteinte ou la violation des droits humains. Pour aider à faire valoir les droits humains dans un contexte comme celui-ci, la coopération au développement axée sur les droits humains doit comprendre cette diversité, apprendre à connaître et à comprendre les différents acteurs et leurs demandes, et les intégrer autant que possible dans une politique de santé basée sur les droits humains. Cela demande une approche de communication sensible à la culture qui doit être particulièrement mise en valeur dans la coopération au développement et dans les discussions relatives aux droits humains.11 Vaincre la stigmatisation des personnes malades Dans beaucoup de pays, certaines maladies infectieuses, comme par exemple le VIH/sida, la tuberculose ou la lèpre, sont encore stigmatisées. Les personnes atteintes de ces maladies sont souvent considérées comme un danger et perdent la reconnaissance sociale de leur famille et de leur communauté. Les causes de cette stigmatisation 11 Voir la discussion internationale sur la culture et les droits de l’homme en rapport avec la politique de population et la santé UNFPA (2008). État de la population mondiale 2008. Lieux de convergence : culture, genre et droits de la personne état de la population mondiale 2008 état de la population mondiale 2008. sont la méconnaissance et la peur de ces maladies, associées à des préjugés vis-à-vis de comportements qui ne correspondent pas aux normes traditionnelles de la société. En raison de cette discrimination sociale et économique, les femmes malades ont la plupart du temps peu de possibilités de se défendre contre ce phénomène. La stigmatisation est souvent la cause de pratiques sociales discriminatoires ou également de décisions juridiques qui renforcent la marginalisation de personnes déjà défavorisées.12 Vaincre la stigmatisation et la discrimination est une condition importante pour le succès des programmes de lutte contre les maladies. Pour ce faire, il faut aborder la question des craintes et des préjugés sociaux dans le contexte culturel et dans le contexte de la maladie ; les droits humains sont alors d’une aide précieuse. Dans la lutte contre le VIH/sida, la politique allemande de développement aide, dans de nombreux pays, les gouvernements partenaires, la société civile et le secteur privé à vaincre cette stigmatisation des personnes atteintes du VIH/sida par le biais de plaidoyers, d’explications et de formations dans les organismes de santé, mais aussi au domicile et au travail des malades. Ainsi, avec le soutien de la politique allemande de développement, le conseil national musulman de la Tanzanie a adopté, en 2007, des lignes directrices en ce qui concerne le VIH/ sida, et se positionne ainsi comme une institution religieuse importante pour la reconnaissance des droits humains et contre la stigmatisation des personnes atteintes du VIH/sida. Renforcer les droits des patients/patientes Dans bon nombre de pays, la coopération au développement technique et financière d’Allemagne 12 Hunt, Paul (2007): Neglected Diseases: A human rights analysis. OMS/ Programme spécial de recherche et de formation concernant les maladies tropicales (TDR) parrainé par l’UNICEF/le PNUD/la Banque mondiale/l’OMS. SANTÉ ET DROITS HUMAINS soutient le développement et la garantie de la qualité des services de santé. Les approches déjà existantes en faveur du développement de la qualité des soins (quality of care) sont renforcées et étendues par une prise en compte systématique des éléments fondamentaux du droit à la santé et des principes des droits humains, comme la participation et la non-discrimination. Le personnel de santé ainsi que les patients et patientes se voient expliquer et sont sensibilisés aux différents droits et devoirs qui découlent des droits humains. Médiateurs, institutions nationales des droits humains, organisations sociales civiles et syndicats professionnels médicaux peuvent alors jouer un rôle important – ce sont en effet eux les principaux intermédiaires pour expliquer aux patients/ patientes ainsi qu’au personnel de santé leurs droits et devoirs et contribuer ainsi au développement et à l’application d’une éthique médicale. Dans la perspective des droits humains, il est particulièrement important de permettre aux usagers de recourir à leur doit à l’information. Cela nécessite une information et une communication relatives aux questions de santé qui soient adaptées, tant du point de vue de la forme que du point de vue du langage, aux besoins de groupes défavorisés, par exemple des personnes souffrant d’un handicap. Les chartes relatives aux droits humains peuvent être un instrument efficace pour inscrire le droit des usagers à prendre une décision en toute connaissance de cause ainsi qu’à un traitement respectueux et confidentiel. Pour avoir des conséquences positives sur la pratique des soins, ces chartes doivent être rédigées en prenant en compte les droits et les devoirs des usagers ainsi que des autres principaux acteurs et doivent prévoir des systèmes de médiation et de réclamations. Ainsi, le ministère de la Santé au Cambodge a élaboré, avec l’aide de la politique allemande de développement, une charte des droits des patients en collaboration avec des associations professionnelles du secteur de la santé, 13 des organisations syndicales ainsi que des organisations non gouvernementales du secteur de la santé et des droits humains. Un renforcement de la conscience des droits et devoirs des personnes chargées des soins, du personnel de santé et des usagers des services de santé a conduit, dans les deux provinces où la mise en œuvre de la charte a été soutenue, à une amélioration de la qualité des soins, ce qui a conduit en contrepartie à une plus forte demande pour ces services. Promouvoir les processus de planification et de décision participatifs La politique allemande de développement soutient dans beaucoup de pays partenaires une mise en place participative des stratégies nationales en termes de santé et de lutte contre la pauvreté. La participation d’individus, y compris de groupes défavorisés, à des processus de décision publics au niveau local, régional et national est une condition essentielle pour que cette dernière soit intégrée à la mise en place de la politique de santé. En encourageant les processus de décentralisation dans le secteur de la santé, on favorise nettement la participation de représentants et représentantes de groupes défavorisés au niveau d’organes de décision locaux, par exemple les comités de santé de la circonscription ou du village. Les organisations sociales civiles qui informent la population de l’importance des droits humains pour leurs conditions de vie et qui permettent à cette dernière de réaliser ces droits en participant à l’élaboration de processus administratifs locaux, peuvent être des intermédiaires importants. En outre, un dialogue entre les institutions gouvernementales et les acteurs de la société civile permet un large débat social sur les priorités relatives aux droits humains de la politique nationale de santé, ainsi que sur les allocations et l’utilisation des moyens budgétaires dans le secteur 14 SANTÉ ET DROITS HUMAINS de la santé. Un tel dialogue implique d’avoir recours à des débats publics allant au-delà des institutions de santé, par exemple le parlement ou les médias, et de promouvoir les initiatives de la société civile. Il y a en attendant dans beaucoup de pays des initiatives qui, lors de l’analyse du budget, se réfèrent explicitement à des normes relatives aux droits humains, y compris aux éléments fondamentaux du droit à la santé, ce qui permet un débat transparent sur les priorités budgétaires et – suivant le contexte politique – peut influer sur l’attribution de moyens en faveur de la santé de groupes défavorisés. Dans quelques pays africains et asiatiques, le droit à la santé fait de plus en plus l’objet de discussions sociopolitiques publiques. C’est ainsi qu’en 2004 fut entamée par le People’s Health Movement India une campagne en faveur des soins de santé. Dans bon nombre de réunions locales et régionales ainsi que dans le cadre de conférences nationales, on débat publiquement sur les carences en matière de droits humains et sur le potentiel de la politique de santé indienne. La campagne a contribué, entre autres, au fait que le gouvernement indien a adopté une nou- velle stratégie de santé pour améliorer les conditions de santé dans les régions rurales et sous-approvisionnées (National Rural Health Mission). Prouver les contributions en faveur de la réalisation du droit à la santé Pour déterminer l’avancement dans le cadre de la réalisation progressive du droit à la santé, on a besoin d’un système de contrôle subtil qui prouve les effets de la politique et des programmes de santé sur les individus, en particulier sur les femmes et les groupes de populations pauvres et défavorisés. Les éléments fondamentaux du droit à la santé et les principes des droits humains constituent la base pour déterminer les effets. Pour recenser ces effets ainsi que pour compléter les indicateurs des MDG, nous disposons de lignes directrices et d’indicateurs qui ont été mis au point par le Rapporteur spécial pour la santé et par le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et harmonisés par d’autres organisa- Questions clés pour déterminer les effets ● Dans quelle mesure l’état de santé, en particulier des femmes et des populations pauvres, défavorisées et particulièrement touchées par la maladie, s’est-il amélioré ? ● Dans quelle mesure l’accès aux services de santé s’est-il amélioré, en particulier pour les femmes et les groupes pauvres et défavorisés ? ● Dans quelle mesure la qualité des services de santé s’est-elle améliorée à la fois sur le plan médical qu’en ce qui concerne l’adéquation au genre et socioculturelle ? ● Dans quelle mesure le niveau d’information, en particulier des femmes et des groupes pauvres et défavorisés, s’est-il amélioré en ce qui concerne les questions de santé et dans quelle mesure ces personnes ontelles pris conscience de leurs droits ? ● Dans quelle mesure la participation de groupes pauvres et défavorisés à la planification, la mise en œuvre et le contrôle de mesures relatives à la santé s’est-elle renforcée sur le plan institutionnel ? ● Dans quelle mesure les mécanismes de reddition des comptes et de réclamations ont-ils été renforcés et sont-ils utilisés ? 15 SANTÉ ET DROITS HUMAINS tions des Nations unies13. La politique allemande de développement contribue à mieux déterminer les effets des droits humains en aidant les ministères de la santé et autres institutions dans les pays partenaires à recueillir les données relatives à la santé en fonction de facteurs de discrimination et à les rendre accessibles à la population. Ainsi, la coopération allemande au développement au Kenya a, au moyen d’une consultation politique, contribué à ce que lors de rapports publiques sur la santé, toute inégalité soit indiquée de façon systématique et subtile, également en ce qui concerne l’allocation de moyens. L’institution nationale des droits humains (Kenyan National Commission for Human Rights) est également associée à ce processus. La proportion dans laquelle les données désagrégées, dans le système d’informations de santé habituel, peuvent être consultées doit – même du point de vue des droits humains, être soigneusement estimée. Suivant le contexte, la question du statut marital ou de l’appartenance ethnique auprès de groupes de population qui doivent être atteints, par exemple les jeunes non mariés, peut empêcher de demander des services de santé. Dans tous les cas, les données relatives à la santé doivent toujours être recueillies en respectant le côté privé ; le cas échéant, d’autres formes de rassemblement de données devront être soutenues. mains et le non-respect des engagements relatifs aux droits humains continuent de porter atteinte à la santé des femmes et des groupes de population pauvres et défavorisés. Une approche axée sur les droits humains contribue de façon décisive à améliorer l’état de santé d’une société, et ainsi à réduire la pauvreté. Pour qu’une approche axée sur les droits humains soit systématiquement inscrite, il est possible d’avoir davantage de synergies entre la coopération au développement et le système de protection des droits humains. La coopération allemande au développement dans le secteur de la santé contribue, par les mesures suivantes, à utiliser de façon plus intense que jusqu’à aujourd’hui les mécanismes nationaux, régionaux et internationaux des droits humains ● Reprendre les conseils relatifs à la santé et spécifiques au pays des organes conventionnels de protection des droits humains internationaux et régionaux dans le dialogue politique avec les gouvernements partenaires, dans les accords des donateurs et lors de l’élaboration des documents stratégiques, ● Dialogue plus intense avec le rapporteur spécial des Nations unies en faveur du droit à la santé sur le plan international et national, par exemple par un dialogue avec les gouvernements partenaires et autres donateurs à l’occasion de visites du rapporteur spécial dans les pays partenaires de la coopération allemande au développement, ● Promouvoir les capacités des gouvernements partenaires et les aider à s’acquitter auprès des organes conventionnels de protection des droits humains des Nations unies de leur obligation de présenter des rapports sur la mise en place des conven- Perspective Beaucoup de programmes de coopération dans le domaine de la santé ont – sans établir de rapport explicite avec le droit à la santé ou avec le système de protection internationale des droits humains – contribué de façon réelle à améliorer l’accès et la qualité des services de santé. Toutefois, dans de nombreux pays, les violations des droits hu 13 Nations unies (2008). Report on Indicators for Promoting and Monitoring the Implementation of Human Rights. 6 juin 2008, HRI/ MC/2008/3. 16 SANTÉ ET DROITS HUMAINS tions relatives aux droits humains qu’ils ont eux-mêmes ratifiées, ● ● ● Promouvoir les capacités des organisations sociales civiles et les aider à participer au processus de rapports régionaux et internationaux, par exemple par le biais de rapports parallèles ou d’analyses budgétaires relatives aux droits humains ciblées pour la politique de santé, Promouvoir les capacités des institutions nationales des droits humains afin qu’elles surveillent les droits sociaux, économiques et culturels, en particulier le droit à la santé. Orientation systématique des financements des collectivités, dans le secteur de la santé, vers les droits humains par : ■ Un dialogue ouvert entre les donateurs et les partenaires des commissions SWAP sur la réalisation des droits humains relatifs à la santé, ■ Une plus forte participation des structures parlementaires, locales et sociales civiles aux commissions donateurs-partenaires et une transparence quant aux partenaires et pays donateurs sur ces processus d’accord, ■ L’utilisation d’une approche axée sur les droits humains lors des évaluations conjointes (joint reviews) des progrès faits dans le domaine de la santé.14 À tous les niveaux d’action, il est en outre important d’être bien conscient de la corrélation qui existe entre la santé et les droits humains et de continuer à développer les capacités des acteurs gouvernementaux et de la société civile pour la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des stratégies et des programmes de santé basés sur les droits humains.15 14 Cf. Pour de plus amples détails, voir OCDE/CAD (2008). Lier droits de l’homme et efficacité de l’aide pour obtenir de meilleurs résultats sur le plan du développement : expérience pratique dans le secteur de la santé. Rapport de l’Équipe de travail sur les droits de l’homme du réseau OCDE-DAC sur la gouvernance (GOVNET) par Claire Ferguson. 15 InWEnt a développé conjointement avec l’OMS un cours en ligne « Santé et droits de l’homme » qui s’adresse au personnel qualifié des ministères de la santé, au personnel de l’OMS et autres organisations des Nations unies, organisations non gouvernementales et organisations des droits de l’homme. Le cours a contribué, dans certains pays, à renforcer la coopération entre les institutions de santé et les institutions des droits de l’homme Publié par Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Économique et du Développement Siège à Bonn Dahlmannstraße 4 53113 Bonn ALLEMAGNE Tél. + 49 (0) 228 99 535 - 0 Fax + 49 (0) 228 99 535 - 3500 Siège à Berlin Stresemannstraße 94 10963 Berlin ALLEMAGNE Tél. + 49 (0) 30 18 535 - 0 Fax + 49 (0) 30 18 535 - 2501 [email protected] www.bmz.de Rédaction Martina Metz Division 311 Education; santé; politique démographique (jusqu’au mois d’avril 2009) Ilse Worm GTZ Sektorvorhaben Menschenrechte Jutta Wagner Division 114 Information et éducation en matière de politique de développement; Responsable Dr. Simon Koppers, Joachim Schmitt Division 311 Edu cation; santé; politique démographique Klaus Krämer Division 114 Information et éducation en matière de politique de développement; Traduction Layout et dessin Mise à jour Tazir International Services Weiterstadt Typo-Druck GmbH, Bonn Juillet 2009