Education Santé spécial Inégalités de santé

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Education Santé spécial Inégalités de santé
COMMUNIQUE DE PRESSE
Education Santé
spécial Inégalités de santé
Education Santé, le mensuel belge au service des
intervenants francophones en promotion de la santé,
sort en ce mois de mai un numéro consacré à la réduction
des inégalités sociales de santé.
Le numéro (32 pages) est intitulé « Tout va bien ». Ironie à l’heure où
les inégalités sociales de santé se creusent. Pourtant, ces inégalités
sont de mieux en mieux documentées. Des leviers existent pour les
réduire, comme en témoigne la vingtaine d’articles qui composent la
revue. Ils sont signés par des experts francophones qui ont participé à
la Rencontre francophone internationale sur les inégalités sociales de
santé qui a eu lieu à Québec en novembre 2008.
Cette revue sera largement diffusée parmi les acteurs professionnels
et les décideurs du monde francophone (en Amérique, en Europe et en
Afrique) grâce aux efforts conjoints d’organisations québécoises et
belges, soutenus par la Fondation Roi Baudouin.
A commander (gratuitement) dès maintenant auprès de l’Observatoire de la
Santé du Hainaut au 065 87 96 14 ou via le courriel :
[email protected]
A lire sur www.educationsante à partir du 20 mai.
Contacts presse :
Au Québec : Catherine Hébert
Réseau de recherche en santé des populations du Québec
Tél. : +1 418 656 2131
Courriel : [email protected]
En Belgique : Véronique Janzyk
Observatoire de la Santé du Hainaut
Tél. : +32 65 87 96 04
Courriel : [email protected]
1.
Communiqué de presse - Education Santé spécial Inégalités de santé
Inégalités sociales de santé : le terme renvoie à ces iniquités de santé creusées
par l’appartenance à une catégorie sociale. Les études sont concluantes : qu’il s’agisse de
morbidité, d’espérance de vie ou de qualité de vie, il existe une corrélation entre l’état de
santé d’un individu et divers facteurs liés à la position sociale, le revenu, le niveau
d’instruction, l’emploi, le lieu de résidence, etc. Ces facteurs sont appelés « déterminants
sociaux de la santé ». Les inégalités sont flagrantes entre pays, entre le Nord et le Sud,
mais elles existent aussi au sein des pays, voire entre régions d’un même pays ou au
sein même d’une région.
La recherche et l’action sur ces inégalités débordent du seul champ de la santé et
concernent aussi le fonctionnement global de la société ; les rapports de force, les
différences selon le genre, la structure de distribution des revenus, l’accessibilité aux
services, etc. Le défi qui se pose actuellement consiste donc à faire progresser la
connaissance sur les façons dont elles se construisent et influencent l’état de santé des
populations. Défi qui en engendre un autre : agir pour réduire les inégalités sociales de
santé. L’OMS a déterminé des principes pour l’action. Des pays se sont engagés dans des
plans de réduction de ces inégalités. Les initiatives se multiplient mais les réponses
globales restent insuffisantes.
La prise de conscience collective de l’ampleur du problème est faible, l’action est
complexe et l’engagement parfois bien frileux.
MOTEURS HISTORIQUES DE L’ACTION SUR LES DETERMINANTS DE SANTE
Un détour par l’histoire peut aider à la compréhension. C’est au 19ème siècle que les
premiers travaux structurés sont publiés sur le sujet par Louis Villermé en France (sur la
mortalité dans les différents quartiers de Paris), Edwin Chadwick en Angleterre (sur les
bénéfices de la propreté publique), Rudolf Virchow en Allemagne (qui prescrit
démocratie, éducation, liberté et prospérité) et Friedrich Engels pour qui les solutions
viendront de la prise de conscience et des combats collectifs du prolétariat (un
empowerment avant la lettre).
En schématisant, les moteurs historiques de l’action sur les déterminants sociaux
de la santé sont :
• le développement des connaissances et la prescription de remédiations
structurelles ;
• les luttes et les revendications ouvrières ;
• les expérimentations sociales ;
• l’intérêt économique.
Les résultats seront effectivement au rendez-vous : conditions de vie améliorées,
réglementation du travail, allongement de la durée de vie, accès aux soins de santé. Une
illusion médicale va se faire jour : celle qu’un accès généralisé aux soins de santé peut
réduire les inégalités sociales de santé. Une illusion que viendra démentir le rapport de
Douglas Black, commandité par le gouvernement britannique en 1980. Il faudra encore
deux décennies de recherches, colloques et publications pour que ce problème fasse
l’objet de plans nationaux, loin d’être généralisés en Europe. On en trouve au RoyaumeUni, aux Pays-Bas et en Suède, pays où travaillent les chercheures et chercheurs les plus
actifs dans ce domaine. Leurs travaux ont démontré que les inégalités sociales de santé
ont tendance à s’aggraver à peu près partout en Europe.
2.
Communiqué de presse - Education Santé spécial Inégalités de santé
COMMENT AGIR ?
L’Organisation mondiale de la Santé compte depuis 2005 une Commission des
déterminants sociaux de la santé. Sa réflexion s’est concrétisée dans le rapport
« Combler le fossé en une génération ». Le problème, dans toute son ampleur, y est
décrit et des principes et des pistes pour l’action y sont proposés :
•
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•
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améliorer les conditions de vie quotidienne ;
lutter contre les inégalités dans la répartition des ressources ;
mesurer l’ampleur du problème ;
impliquer les populations ;
évaluer l’action.
Les chaînes causales dans la construction des inégalités sociales de santé sont
complexes. Ces chaînes relient les facteurs individuels aux facteurs de lieux de vie euxmêmes en relation avec l’organisation de la société. Les trajectoires de vie des individus
traversent cet environnement lui-même changeant. Une action efficace implique donc un
travail multisectoriel, coordonné et à portée structurelle. Pas simple. Une autre difficulté
réside dans la capacité d’obtenir une mobilisation sociale à la hauteur d’enjeux dont
l’opinion publique ne perçoit pas bien l’ampleur en termes d’équité.
SUCCESS STORY
La Suède met en place des politiques publiques riches d’enseignements. Elle
soutient le développement global des jeunes enfants. Elle investit dans le soutien aux
habiletés parentales pendant la grossesse et l’enfance. Elle accorde des congés
parentaux de longue durée, dont les pères peuvent se prévaloir. Elle offre un système
préscolaire de qualité. L’un des indicateurs de réussites de ces programmes ? Le taux de
participation au marché de l’emploi des mères suédoises monoparentales affiche très peu
de différence avec celui des mères vivant en couple.
Ce numéro d’Education Santé livre aussi les réflexions de spécialistes sur les
inégalités de santé dans le milieu scolaire et la petite enfance, les rapports avec
l’environnement, l’engagement citoyen et les partenariats. De nombreuses
références (données chiffrées et rapports) accessibles sur le net sont
présentées.
3.
Communiqué de presse - Education Santé spécial Inégalités de santé
Quelques chiffres ?
La situation économique et les territoires
Le Hainaut affiche une surmortalité de 20 % par rapport à la moyenne belge. Soit 1800 décès par an.
La mortalité prématurée (avant 65 ans) y est de 35 % supérieure à la mortalité prématurée belge.
Dans le Hainaut, 17 % des hommes de plus de 15 ans déclarent être des gros fumeurs
(20 cigarettes ou plus par jour) contre 11 % dans le Brabant wallon.
Le niveau d’enseignement
Parmi les personnes en excès de poids en Région wallonne, on trouve deux fois plus de personnes
ayant au plus un diplôme de l’enseignement primaire par rapport aux personnes diplômées de
l’enseignement supérieur.
En Wallonie, 54 % des adultes ayant un diplôme de l’enseignement primaire ne pratiquent pas au
moins une fois par semaine une activité physique de loisir contre 21 % chez les personnes avec un
niveau d’enseignement élevé. Cette tendance s’observe également en Région bruxelloise et en
Région flamande.
En Wallonie, la consommation de médicaments prescrits diminue lorsque le niveau d'instruction
augmente. En particulier, les personnes peu ou pas diplômées sont, proportionnellement, deux fois
plus nombreuses que celles ayant un diplôme de l'enseignement supérieur à consommer des
antidépresseurs.
En Wallonie : 17 % des personnes les moins diplômées de 15 ans et plus présentent des troubles
dépressifs contre 6 % des personnes les plus diplômées. Ce gradient est significatif dans les
3 régions belges.
20 % des personnes diplômées de l’enseignement primaire déclarent souffrir d’au moins deux
maladies chroniques. Ils ne sont que 5 % pour les diplômés de l’enseignement supérieur.
La filière d’enseignement
On trouve, en Hainaut, 38 % de jeunes fumeurs dans l'enseignement de qualification (technique et
professionnel) contre 13 % des jeunes de l'enseignement de transition (général). Des différences
semblables s'observent également chez les adultes : la proportion de gros fumeurs diminue lorsque
le diplôme augmente.
30 % des jeunes de l'enseignement de qualification consomment quotidiennement des légumes et
43 % des jeunes de l'enseignement de transition.
La profession du père
Chez les jeunes Hainuyers (10-16 ans), dont le père exerce une profession non qualifiée (ouvrier ou
employé), l’excès de poids atteint 23 % des jeunes contre 14 % des jeunes dont le père exerce une
profession qualifiée.
32 % des jeunes Hainuyers consomment des légumes quotidiennement quand le père est ouvrier
non qualifié, 37 % quand le père est employé peu qualifié et 48 % quand le père est cadre ou exerce
une profession libérale.
Les revenus familiaux
En Hainaut, 42 % des jeunes issus d’une famille disposant d’un seul revenu du travail ne pratiquent
aucune activité physique en dehors de l’école alors que cette proportion est de 28 % pour les jeunes
dont la famille bénéficie de deux revenus du travail.
La composition de la famille
Parmi les jeunes Hainuyers de 16 ans, en 2004, 38 % des jeunes issus de famille recomposée et
33 % des jeunes issus de famille monoparentale fument contre 18 % des jeunes vivant avec leurs
deux parents.
4.
Communiqué de presse - Education Santé spécial Inégalités de santé
Ailleurs dans le monde
Des inégalités en rapport avec la profession : « En France, en 2005, le taux annuel de mortalité
précoce par cancer était 10 fois plus élevé chez les ouvriers que chez les cadres et les professions
intellectuelles ».
Des inégalités en rapport avec le revenu : « Au Québec, les jeunes de familles à faible revenu sont 2 à
3 fois plus nombreux à éprouver des troubles de l’apprentissage et 3 à 4 fois plus nombreux à
éprouver des retards scolaires, comparativement aux jeunes des familles plus aisées ».
Des inégalités en rapport avec la situation socio-économique du pays : « En 2000, les accidents de la
circulation ont tué plus d’un million de personnes dans les pays à faible revenu et à revenu
intermédiaire (90 % de la mortalité mondiale due à des accidents de la route) et 127 000 personnes
(10 %) dans les pays à revenu élevé ».
Des inégalités en rapport avec la variation de situation socio-économique au sein d’un pays ou d’une
région : « Une recherche menée dans la région de Québec a révélé un écart dans l’espérance de vie
supérieur à 10 ans entre deux unités de voisinage d’un même territoire ».
La volonté de changer?
Que penser en effet de la position de l’ONU et de ses Objectifs du Millénaire pour le
Développement ? Il faudrait 220 ans pour voir réduite de moitié la population qui vit en dessous du
seuil de pauvreté !
Où se situent vraiment les priorités quand on réalise qu’un maigre 2 % de l’argent consacré au
sauvetage économique des banques aurait suffi pour régler, au niveau mondial, le problème des
bidonvilles ?
Lire page 25 : « Changer les conditions de vie pour l’équité en santé en une génération : faisable,
mais pas pour les timorés », par Mme Monique Bégin, Professeure Université Ottawa, ancienne
Ministre de la Santé Canada.
5.
Communiqué de presse - Education Santé spécial Inégalités de santé