Extrait du livre

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Activité de substitution
A
Activité
de substitution
Se lécher le flanc ou la queue, se gratter
l’oreille ou grignoter, constituent chez
le chat les activités de substitution les
plus communes. On parle aussi d’activités substitutives ou de remplacement
(traduction de l’anglais displacement
activities). Elles se manifestent lorsque
le chat est stressé (v stress, anxiété).
Le léchage d’une zone du corps est une
activité substitutive classique chez le chat.
Mieux comprendre
Une activité de substitution est un
comportement qui se manifeste
quand l’individu ressent un conflit
généré par deux motivations opposées.
La dite activité n’a pas de relation
directe avec le problème, elle permet
juste de diminuer la tension émotionnelle induite par ce conflit.
Prenons l’exemple d’un chat qui
ressent un conflit de motivation du
type « j’ai envie d’y aller, mais j’ai
peur ». Le stress induit augmente
tant que le problème « j’y vais ou
je fuis ? » n’est pas résolu. Le chat se
lèche alors le flanc, comme si cela lui
permettait de gagner du temps, le
toilettage n’ayant évidemment aucun
rapport avec le fait d’aller ou non vers
ce qui l’attire.
La forme que prend l’activité de
substitution dépend de l’individu.
Stressé, tel chat « préférera » se lécher
le bout de la queue tandis que tel
autre aura plutôt tendance à se jeter
sur la nourriture. Toutes ces activités
de substitution présentent malgré
tout un point commun : elles sont
apaisantes. Manger ou toucher son
corps (en se léchant, pour un chat)
calme en effet tout un chacun, quelle
que soit l’espèce concernée.
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A
A
Activité de substitution
Agressions
Plus les stress sont nombreux, plus
le chat produit des activités substitutives. Ainsi, les chats anxieux,
très souvent stressés, produisent de
plus en plus ce type d’activités, qui
deviennent aussi plus intenses avec
le temps. L’animal finit par passer
le plus clair de son temps à se lécher
ou à manger : l’activité substitutive
s’est transformée en trouble obsessionnel compulsif ou TOC, signe
d’une grande souffrance psychique
(v souffrance, alopécie, boulimie, TOC).
psychotropes anxiolytiques ou antidépresseurs permettra de diminuer sa
souffrance et de le soigner, la durée
du traitement étant d’au moins 6 mois
(v psychotropes, antidépresseurs,
anxiolytiques).
Bien agir
Affection
Adrénaline
(v hormones, neurotransmetteur,
stress)
Le chat est assurément capable d’affection, comme tous les mammifères. Il
suffit pour s’en convaincre d’observer une mère chatte s’occupant de
ses chatons, deux chats se toiletter
mutuellement ou encore un chat
se frotter contre les jambes de son
maître quand celui-ci rentre le soir…
(v maternage, allomarquages, marquage facial).
L’affection entre la mère et ses chatons
(on parle alors d’attachement) est
nécessaire au bon développement des
petits : sans elle, le chaton, s’il survit,
souffrira de troubles du développement (v attachement). L’affection
est aussi ce qui soude la relation
entre un chat et son maître. En effet,
même si les chats sont avant tout
territoriaux, les relations affectives
qu’ils entretiennent avec ceux qui les
entourent demeurent indispensables
à leur bien-être (v socialisation,
territoire).
v votre chat se lèche la queue ou
les flancs après que vous lui avez
interdit de monter sur la table ?
C’est normal ! Il s’apaise et retrouve
ainsi son équilibre émotionnel après
cette petite frustration. Ce comportement est aussi banal que lorsque
vous vous grattez la tête quand vous
êtes contrarié.
v si votre chat passe une grande
partie de son temps à se lécher,
au point de faire disparaître les poils
sur une partie de son corps, ou prend
du poids parce qu’il mange de plus
en plus, s’il se gratte le cou au point
d’avoir induit une plaie qui ne cicatrise pas, probablement souffre-t-il
d’une grave anxiété, voire d’une
dépression (v alopécie, boulimie,
se gratter ) . Il doit être pris en
charge médicalement, les mesures
apaisantes de type phéromones ou
compléments alimentaires risquant
d’être inefficaces. L’administration de
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Il ne semble pas acceptable de parler
d’un excès d’affection ou d’amour de
la part d’un maître pour son chat, sauf
si le maître ne respecte pas l’animal.
L’adage « Qui trop embrasse, mal
étreint » prend toute son importance
avec le chat : on ne force pas un chat
à faire des câlins sous peine de voir se
dégrader les relations qu’on entretient
avec lui.
Certains chats paraissent en manque
d’affection, recherchant sans cesse la
compagnie, réclamant constamment
des caresses, souffrant de rester seul. Ils
souffrent d’hyperattachement, trouble
généralement associé à l’évolution
d’une anxiété (v hyperattachement).
de la queue), les oreilles plaquées
(piloérection). Il crache et avance en
sautillant vers l’intrus, de côté, comme
un crabe. L’objectif : le repousser aux
limites de son territoire ! Attention,
une attaque est toujours possible : le
chat fond alors sur l’intrus et le mord
violemment, toujours dans le but de
l’éjecter.
v l ’ agression par irritation .
Le chat souffle, crache, griffe, voire
mord (mais rarement violemment).
Il paraît agacé, irrité… La raison de
ce comportement ? Il cherche à mettre
à distance l’individu qui s’approche
un peu trop près de lui ou à couper
le contact avec celui qui le touche.
v l’agression par peur. Terrorisé
comme le serait un animal sauvage
traqué, le chat hurle et mord violemment l’individu qui l’accule, comme
pour « sauver sa peau », allant même
parfois jusqu’à uriner ou déféquer
en même temps. Lorsqu’il agit ainsi,
c’est le signe d’un stress majeur, il
est dans un véritable état de peur,
de panique.
v l’agression de prédation. Elle
est d’un autre ressort. Le chat se tapit,
il est à l’affût, immobile. Dès que sa
« proie » se rapproche (il peut s’agir
d’une souris, d’une mouche mais aussi
du mollet !), il fonce dessus, la mord
et la gratte avec ses pattes arrière.
Dans ces moments où il « chasse »,
votre chat ne fait plus la distinction
entre « vraie et fausse » proie, tout
ce qui passe à sa portée est alors bon
à prendre, sachez-le pour éviter les
déconvenues ! (v attaquer, chasser).
Agressions
Si doux habituellement, votre chat
devient tout à coup agressif : suivant
les cas, il feule, griffe, s’agite, mord ou
crache ! S’il agresse, c’est sans doute
que lui-même s’est senti agressé, soit
physiquement par un autre individu
(humain ou animal), soit parce que
son territoire a été brusquement remis
en cause. Selon les cas, vous devrez
apporter des réponses différentes
à cette agressivité, signe fréquent
d’anxiété.
Mieux comprendre
Chez le chat, on distingue quatre
types d’agression possibles :
v l’agression territoriale. Le chat
se dresse sur ses pattes, s’arc-boute,
le poil hérissé (notamment les poils
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A
A
Agressions
Agressions
circonstances qui perturbent l’équilibre émotionnel d’un chat. En perdant ses repères olfactifs, il devient
anxieux (v territoire, anxiété de
déterritorialisation). L’utilisation
de phéromones (Feliway®) l’aide à se
« réinstaller » dans son « nouveau »
territoire (v phéromones).
- au-delà de ces premières causes, si
vous identifiez précisément celles qui
entraînent de l’agressivité chez votre
chat, essayez bien sûr au maximum
de les éviter.
Remarque : Vous pouvez administrer à votre chat en première intention des compléments alimentaires
apaisants tels que l’Antixane®, du
Zylkène® ou des croquettes Calm®
de Royal canin® (riches en alphacasozépine, une protéine de lait)
si l’agressivité de votre chat a
v
toujours existé et/ou que les premiers
gestes évoqués ci-dessus n’ont induit
aucun changement notable, vous devez
consulter un vétérinaire comportementaliste. Il analysera avec vous la
situation pour trouver la cause exacte
de cette agressivité et prescrira à votre
compagnon un traitement adapté pour
l’aider à mieux vivre avec vous, donc à
être moins agressif : un complément
alimentaire ou/et des phéronomes apaisantes Feliway® dans un premier temps,
puis si nécessaire des psychotropes : la
fluoxétine (Reconcile®), en particulier
si l’agressivité de votre chat se double
d’hyperactivité, de boulimie ou d’autoagressions, la sélégiline (Selgian®) ou la
clomipramine (Clomicalm®) surtout
s’il est peureux.
Bien agir
D’une manière générale, adaptez
votre attitude en fonction du type
d’agression que présente votre chat,
mais surtout du contexte dans lequel
il agresse.
v si c’est la première fois qu’il
agresse, et si cette attitude est en
rapport avec une situation nouvelle
(nouveau chat, déménagement, personne inconnue…), éloignez votre
chat de ce qui le stresse et le rend
anxieux. Au mieux, placez-le pendant
une heure dans un endroit calme,
avec un peu de nourriture, de l’eau
et sa litière, le temps qu’il retrouve
son calme (v stress, cohabitation,
déménagement, territoire).
v si ce n’est pas la première fois
que votre chat est agressif, faites
le point sur les circonstances qui
génèrent chez lui de l’anxiété, et donc
de l’agressivité. En voici quelquesunes, parmi les plus courantes :
- la faim, qui constitue un facteur de
stress indéniable. Donnez à manger
souvent à votre chat, ou laissez-lui
des croquettes à volonté.
- les conflits, qui augmentent l’anxiété
et donc aggravent les troubles du
comportement. Votre chat ressent très
bien si l’ambiance générale est tendue.
Si vous avez tendance à crier, ou à le
réprimander souvent, tentez déjà d’être
vous-même plus calme, vous constaterez inévitablement un apaisement
aussi chez votre chat (v réprimande).
- un déménagement, des changements de meubles, la rénovation
d’un appartement, qui sont autant de
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La prédation est-elle ou non une agression ?
Du point de vue de la proie, la prédation est évidemment perçue comme une agression.
Toutefois, selon les éthologues, on ne peut pas parler « d’agression de prédation »
puisque la notion d’agression implique que les protagonistes soient en interaction
et communiquent avant de se battre, par des modifications de postures et des
vocalisations (v agression). Or, lors d’un comportement de prédation, le prédateur
ne cherche en rien à communiquer avec sa proie dans la mesure où il doit la
surprendre pour l’attraper plus facilement, la tuer et la manger (v prédation).
Si la proie résiste et se bat avec lui, c’est pour se défendre, non pour communiquer
(v agression par peur). Le terme est cependant utilisé largement par les vétérinaires
pour désigner ce type d’agressions.
Agression de « prédation »
chez un chat anxieux : il se jette
sur le mollet de sa maîtresse
comme s’il s’agissait d’une proie.
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A
A
Agression de prédation
Agression par irritation
Agression
de prédation
Dans certaines situations, le chat
souhaite rester au calme : il est fatigué
ou craint qu’on le contraigne ou qu’on
lui fasse du mal. Dans ces momentslà, si l’on s’approche, ses pupilles se
dilatent, il baisse les oreilles, crache…
Lorsque cela ne suffit pas, il lance
sa patte pour griffer celui qui s’est
risqué trop près. Toutes ces menaces
ont pour objectif de faire s’éloigner
l’individu gênant, de le mettre à distance, on parle alors d’agression de
distanciation.
v l’agression de rupture. Elle se
produit dans deux situations classiques :
le chat est caressé, il ronronne puis
stoppe brusquement ses ronronnements et commence à remuer la queue :
agacé, il mord alors la main dont il ne
supporte plus le contact (syndrome
du chat caressé mordeur) et cherche à
se sauver. Lors de soins médicaux, de
brossage, ou quand on lui coupe les
griffes, il est fréquent que le chat, irrité
par ces contacts, parfois douloureux,
cherche à se dégager en mordant.
Entre chats, l’agression de distanciation est courante. Elle se produit
généralement lorsqu’un chat ne souhaite pas être dérangé par un autre : en
crachant lorsque celui-ci s’approche,
le premier chat indique clairement
ses intentions de rester seul. Mais
l’agression de rupture peut être également observée, par exemple quand
deux chats se toilettent mutuellement
(v allomarquage, lécher). Il est
fréquent alors que l’un des deux
chats rompt le contact au bout d’un
Au sens large, l’agression de prédation
décrit le comportement du chat qui se
met à l’affût puis se jette soudainement
sur sa « proie » pour la mordre.
Dans le jeu, cette séquence comportementale est fréquente : le chat se cache,
il se rassemble, piétine sur place, les
pupilles dilatées, puis bondit soudain
sur la peluche ou la balle (v jeu).
Si le chat souffre d’un déficit d’autocontrôle (v syndrome Hs-Ha) ou
d’anxiété en milieu clos ( v syn drome du tigre), ce type d’agression est plus fréquent. Dans ce cas,
les « proies » visées sont les mollets
des personnes qui marchent et c’est
généralement en soirée qu’elles sont
plus fréquentes (v hypervigilance).
Agression
par irritation
Irrité ou agacé, un chat peut agresser
pour qu’on le laisse tranquille. C’est
ce que l’on appelle l’agression par
irritation. Suivant les circonstances
et l’objectif recherché par le chat —
mettre à distance l’individu qui le
dérange ou rompre le contact —, elle
peut prendre des formes différentes.
Mieux comprendre
On distingue classiquement l’agression de distanciation et l’agression
de rupture :
v l’agression de distanciation.
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Agression par irritation de distanciation
pour tenir à distance un congénère.
moment, en mordant l’autre au cou.
L’anxiété ou la douleur provoquent
parfois des agressions par irritation. Plus
un chat est inquiet (anxieux) ou plus il
souffre, moins il supportera le contact.
C’est notamment le cas des chats mal
socialisés à l’être humain (v syndrome
de privation sensorielle, socialisation) : ils redoutent la proximité de
l’homme, qui représente pour eux une
espèce potentiellement « dangereuse »,
dont il faut rester à distance.
retirez calmement votre main, laissezle s’apaiser, quitte à le laisser partir. Si
vous le contraignez, son agression n’en
sera que plus violente (il mordra plus
fort) mais aussi plus fréquente, par
anticipation de la contrainte. Il est des
moments où votre chat est plus enclin
à faire des câlins qu’à d’autres, où il
préfère dormir seul ou au contraire
chasser : respectez ses rythmes, c’est
un être vivant, pas une peluche ou un
objet sans émotion ou réaction propre
(v caresses et câlins).
Bien agir
v votre chat vous mord lorsque
v votre chat a tendance à vous
vous le soignez ou quand vous
lui coupez les griffes ? Ne le forcez
mordre lorsque vous le caressez
trop longtemps ? Respectez son
pas trop et ne prolongez pas inutilement la séance. Cessez le contact avant
que cela ne dégénère et que votre chat
ne s’énerve. Parlez-lui doucement,
adaptez vos gestes pour éviter de le
seuil de tolérance, il est très variable
d’un chat à l’autre ! Dès que vous
constatez chez lui les premiers signes
d’agacement, cessez vos caresses,
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A
A
Agression par irritation
brusquer. Juste après, proposez-lui
sa friandise préférée, cela l’aidera à
tolérer ces interventions désagréables
(v friandise, récompense). En le
récompensant ainsi, vous le motiverez
également pour la fois prochaine, il
tolérera alors plus facilement cette
épreuve et vous pourrez le manipuler
de mieux en mieux (v habituation).
v votre chat semble toujours
sur la défensive et crache dès
qu’une personne ou un animal
l’approche ? Il est probablement
anxieux. Surtout, n’augmentez pas
son stress : ne le grondez pas quand
il crache et respectez son besoin de
rester à distance. Cherchez plutôt
à l’amadouer, à « l’apprivoiser » en
quelque sorte par des petits plaisirs,
Agression territoriale
pour gagner sa confiance (récompense,
thérapie par le jeu). Parallèlement, il est
important de prendre en charge son
anxiété — qui génère cette sorte de
paranoïa — pour l’aider à se détendre
et permettre qu’il souffre moins.
Agression
par peur
Toujours très violente, l’agression par
peur transforme un chat craintif ou
sensible en véritable furie. Elle touche
souvent des chats souffrant d’un
trouble de l’homéostasie sensorielle
ou d’un syndrome hypersensibilitéhyperactivité, ou encore les chats
souffrant de dysthymie.
Agression par peur : le chat peut attaquer
comme s’il était redevenu sauvage.
en repoussant physiquement votre
chat, soit en plaçant devant vous une
couverture ou une chaise, et isolez-le
dès que possible dans une pièce fermée
pour qu’il se calme et reprenne ses
esprits. Laissez-le au moins une heure
ainsi si c’est possible avant d’ouvrir la
porte. En attendant, soignez-vous si
le chat vous a blessé.
La prise en charge médicale par un
vétérinaire spécialisé en comportement est indispensable pour soigner
cette anxiété et éviter une éventuelle
récidive (v psychotropes, antidépresseurs, anxiolytiques).
Mieux comprendre
La peur correspond à une émotion
intense que l’animal ressent quand
il se perçoit dans une situation fermée, dans une sorte d’impasse dont
il imagine ne pouvoir sortir vivant
qu’en agressant violemment son
« agresseur » pour le faire fuir.
La perte de contrôle qui caractérise
cette agression explique pourquoi les
morsures et les griffures sont alors
si profondes. Avant l’attaque, ou
pendant, le chat feule et crie comme
une bête sauvage, ce qui terrorise
généralement les témoins de la scène.
Il peut aussi uriner ou déféquer en
même temps.
L’agression peut durer plusieurs
minutes. Ensuite, l’animal semble
complètement traumatisé et perdu,
ne reconnaissant ni le territoire ni les
personnes qui l’entourent.
Agression
territoriale
L’agression territoriale vise à faire partir l’intrus du territoire qu’occupe le
chat. Elle est facilement repérable car
la posture en U inversé que l’animal
adopte alors est caractéristique. Il se
fige de profil, les membres tendus,
le dos rond, les poils hérissés, puis il
sautille vers l’intrus en avançant « en
crabe ». En même temps, il crache ou
feule, les pupilles dilatées, les oreilles
plaquées en arrière (v yeux, oreilles,
hérisser le poil, cracher). Cela
peut se terminer par une attaque en
règle, avec morsure et poursuite du
gêneur !
v les contextes d’apparition de
cette agression sont :
- une douleur si violente que le chat
refuse absolument d’être approché par
qui que ce soit
- des crises d’angoisse lors d’une anxiété
intermittente, pendant lesquelles
l’animal devient « paranoïaque ».
Le déclencheur est souvent un bruit
violent (un cri d’enfant, un programme de télévision particulièrement bruyant…) : il surprend le chat
au point que celui-ci agresse l’individu
qui se trouve près de lui ou qui semble
être à l’origine de ce bruit.
Mieux comprendre
v chez le chaton
L’agression territoriale est souvent
observée chez les chatons quand ils
Bien agir
Sur le moment, protégez-vous ! Soit
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A
A
Agression territoriale
Allaitement
jouent ensemble, un peu comme
s’ils s’entraînaient à la pratiquer lors
de leurs jeux de combat (v développement). Elle survient aussi lorsque
le chaton est surpris par l’arrivée
de quelqu’un : il sursaute et se met
immédiatement « en U inversé ».
Mais il s’apaise ensuite rapidement,
sans passer à l’attaque.
v chez le chat adulte
En principe, l’agression territoriale ne
se manifeste quasiment jamais lorsque
le chat se trouve « chez lui », dans le
contexte familial, si ce n’est sous forme
de jeu le soir ou le matin très tôt (v jeu,
hypervigilance). Dans ce cas, elle se
résume surtout à cette amusante marche
en crabe, mais sans passage à l’acte de
morsure. En revanche, elle est plus fréquemment observée lorsque l’animal
évolue dans le jardin et y rencontre des
congénères étrangers.
Posture en « U » inversé caractéristique
de l’agression territoriale.
pas liée à un changement de territoire, elle témoigne sans doute d’une
L’anxiété peut entraîner des agressions
territoriales. Un chat anxieux sera en
effet plus facilement inquiet, avec le
risque de se laisser surprendre plus
souvent : il suffira alors que quelqu’un
pénètre dans la pièce où il se trouve
pour qu’il sursaute et adopte immédiatement une posture menaçante.
Si, parallèlement, il se contrôle mal,
comme c’est le cas lors d’hyperactivité, le passage à l’acte de morsure
est fréquent : le chat se jette alors sur
les jambes, le bras ou le dos de celui
qui passe, comme pour le chasser du
territoire.
anxiété chez votre petit compagnon.
- L’agression n’est pas accompagnée
de morsures : vous pouvez jouer sur
plusieurs registres pour aider votre
chat à s’apaiser, à savoir déjà repérer
et limiter au maximum les sources
de stress mais aussi lui laisser des
croquettes à disposition si vous êtes
en appartement et disposer des jouets
accessibles à tout moment. L’administration d’Anxitane® ou de Zylkène®
peut également être salutaire (v compléments alimentaires).
- L’agression est accompagnée de morsures : surtout si celles-ci sont fréquentes et/ou profondes, ces premières mesures d’apaisement ne
suffisent pas et le recours à des anxiolytiques sera nécessaire. Après avoir
porté le diagnostic, votre vétérinaire
prescrira un anxiolytique comme
le Clomicalm® , le Selgian® ou le
Reconcile®, ce dernier étant particulièrement indiqué lors d’hyperactivité
et de boulimie associée.
Bien agir
v si l’agression territoriale se
produit rarement, et plutôt le
soir, il ne faut pas vous inquiéter,
surtout si votre chat est jeune et
joueur et qu’il sait s’arrêter avant de
mordre. Le début de la soirée est l’un
des moments de la journée où il est le
plus vigilant, dans la nature il chasserait, à la maison il joue ! Transformez
l’agression en jeu en lui lançant une
boulette de papier, une ficelle ou un
bouchon, qu’il ne manquera pas de
poursuivre.
Allaitement
v si votre chat vous agresse
dans les jours qui suivent un
déménagement, peut-être n’a-t-il
v le colostrum
Dès la mise-bas, la chatte allaite
ses petits. Le premier « lait » qui
s’écoule de ses mamelles est appelé
le colostrum. Ce liquide jaune est
pauvre en sucres, contrairement au
lait produit plus tard, mais très riche
en protéines, notamment en anticorps
qui participent à l’immunisation du
pas suffisamment marqué ce nouveau
territoire, donc le moindre bruit
l’inquiète alors ? Branchez un diffuseur de Feliway® pendant quelques
jours : vous devriez constater assez
rapidement une amélioration.
v si l’agression territoriale n’est
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A
A
Allaitement
Allaitement
nouveau-né : absorber ce colostrum
lui est indispensable pour être protégé
sur le plan immunitaire, le temps que
son système immunitaire soit efficient
(vers 1 mois).
est complexe, car il renferme de nombreuses substances qui se trouvent
dans l’organisme de la mère, notamment des molécules qui proviennent
de son alimentation, mais aussi des
médicaments éventuels, des toxiques
ainsi que certains germes.
La production de lait dépend de
la sécrétion de deux hormones
hypophysaires :
- la prolactine, sécrétée dès la fin de
la gestation, stimule la fabrication de
lait par les glandes mammaires. Sa
sécrétion est stimulée notamment par
la stimulation tactile des mamelles
- l’ocytocine, dont la sécrétion est
v le lait
Après deux à trois jours, cette sécrétion mammaire devient du lait, un
liquide blanchâtre très nourrissant
qui a essentiellement une fonction
nutritive : c’est l’aliment exclusif
du chaton jusqu’à l’âge de 3 ou 4
semaines. Le lait de chatte est un
peu plus concentré que le lait de
vache et contient plus de protéines
et moins de glucides. Sa composition
Bon à savoir
• De la qualité de l’alimentation de la chatte dépend la qualité de son lait.
Si votre chatte est allaitante, donnez-lui une alimentation riche en énergie
et en protéines. Les aliments pour chaton sont appropriés dans ce cas.
• L a nature de l’alimentation de la chatte induira les préférences alimentaires
futures de ses chatons. Si elle n’est nourrie qu’aux croquettes, ses chatons
préféreront sans doute manger exclusivement des croquettes par la suite.
Certains médicaments administrés à la mère risquent de passer dans son lait.
Vérifiez sur la notice des produits vétérinaires qu’ils peuvent être administrés
pendant l’allaitement ou prenez conseil auprès de votre vétérinaire.
• Une infection des mamelles (mammite) nécessite un traitement antibiotique
de la mère et l’arrêt de l’allaitement de ses petits qui devront être biberonnés
avec du lait maternisé pour chat, commercialisé chez le vétérinaire ou chez le
pharmacien. Si le chaton à moins de 10 jours, pensez bien à nettoyer avec un
coton humide la zone péri-anale pour qu’il fasse ses besoins. Essayez de trouver
une autre chatte ou une chienne qui vous aidera à le materner et diminuera
le risque de voir apparaître un trouble du développement (v maternage,
troubles du développement, syndrome
Hs-Ha).
Chatte qui allaite ses petits.
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A
A
Allaitement
Alopécie
déclenchée chez la chatte par la vue
de ses petits, leur contact stimulant
l’éjection du lait.
v pendant l’allaitement
La chatte est couchée sur le flanc et
ronronne. Par moments, elle lèche un
chaton paresseux ou maladroit pour
le stimuler et le guider vers une tétine.
Dès qu’un chaton est repu, elle le lèche
en région péri-anale (autour de l’anus)
pour stimuler l’émission des déjections
qu’elle ingérera les premiers jours
(v développement). Puis, le petit
s’endort contre le ventre de sa mère.
La période d’allaitement est une
période de grande proximité entre
la mère et ses petits. L’attachement
réciproque qui les lie est indispensable
pour le développement psychomoteur
de ceux-ci. Près de leur mère, les
chatons se réchauffent, se nourrissent,
s’apaisent, dorment et rêvent. Pendant
ce temps, leur système nerveux finit de
se développer. À l’âge de 3 semaines,
les yeux, les oreilles et les membres
du chaton sont devenus suffisamment
efficaces pour qu’il s’éloigne de sa
mère et explore son environnement
(v exploration). Cela correspond
au début du sevrage alimentaire, donc
à la fin de la période d’allaitement.
chat pour montrer son affection, tout
en déposant des sécrétions phéromonales apaisantes (v marquage).
Alopécie
Le pelage de votre chat est inégal ?
Vous constatez qu’il y a des zones sans
poil ? Votre chat présente sans doute
une alopécie.
Mieux comprendre
En dermatologie, l’alopécie désigne
l’accélération de la chute des poils, ce
qui explique que le pelage disparaît
partiellement (alopécie diffuse), voire,
dans certaines zones, complètement.
Un léchage ou un grattage exacerbé
en sont aussi responsables, ce qui est
le cas dans l’alopécie extensive féline
(v TOC).
La disparition du poil peut avoir
plusieurs origines.
v le chat est en mauvais état
car il est malade (il souffre
d’insuffisance rénale, par exemple) ou
il présente des carences alimentaires.
Dans ce cas, l’alopécie est diffuse mais
répartie sur tout le corps, le poil est
terne et cassant.
général
v le chat se gratte ou se lèche
Allomarquage
au point que ses poils sont cassés. Une infestation par les puces ou
Effectué sur un être vivant, l’allomarquage est un marquage facial apaisant.
Le chat se frotte sur la jambe de son
maître, sur le poitrail du chien de la
maison ou contre la tête d’un autre
une allergie (à la salive de puce, aux
acariens ou à certains aliments) provoque des démangeaisons, entraînant
un grattage exacerbé (v se gratter,
se lécher). Dans ce cas de figure, la
peau est généralement enflammée ou
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Stress et peau : un cercle vicieux !
Chat, chien, oiseau, cheval… Quelle que soit l’espèce considérée, les spécialistes
s’accordent sur le fait que la peau est intimement liée au psychisme.
Ainsi, chez le chat, les piqûres de puces provoquent des démangeaisons
obsédantes, rendant la peau hypersensible et tout contact physique intolérable
et déclencheur… de léchage ou de grattage. L’animal est « sur les nerfs »,
hypervigilant et hyper-réactif. C’est le chemin vers l’anxiété.
Le chat qui souffre d’anxiété présente le même type de comportement, quelle
que soit l’origine de son trouble. Il réagit fortement à toutes les stimulations qui
concernent son corps, se léchant frénétiquement dès que son pelage est perturbé.
On parle d’hyperesthésie pour désigner cette hypersensibilité cutanée.
Enfin, tous les chats ont tendance à se lécher pour s’apaiser dès qu’ils ressentent
un stress. Cette activité est en effet auto-apaisante (c’est la même chose pour nous
lorsque nous nous rongeons les ongles, par exemple !).
irritée, elle présente des petites croûtes
de grattage.
« consciencieusement » tondu par
un léchage incessant. Lorsque c’est
le cas, il va sans dire que l’animal
souffre d’une grave anxiété, entraî­
nant une souffrance psychique élevée
(v anxiété, dépression).
v le chat, par ailleurs anxieux,
lèche une zone précise de son
corps de façon compulsive. La
peau est saine et ne présente pas de
plaie de grattage : elle est comme
épilée ou rasée de près, donnant
parfois l’impression que le chat a
été tondu par endroits (le poil est
coupé au milieu, comme par une
tondeuse). C’est l’alopécie extensive
féline (v TOC). Les zones d’alopé­
cie sont caractéristiques : le bas du
ventre, les flancs (souvent de manière
symétrique), les régions axillaires (les
aisselles). Le léchage est ici considéré
comme une activité substitutive,
anormalement exacerbée (v activités substitutives). Certains chats
très anxieux se lèchent tant que seuls
demeurent quelques poils sur la tête,
au bout des pattes et de la queue. Le
pelage de tout le reste du corps est
Bien agir
Une alopécie exige toujours de con­
sulter car c’est le signe d’une maladie
physique ou comportementale. Seul
le vétérinaire, en examinant votre
chat tant sur le plan physique que
comportemental, pourra déterminer
la cause de son trouble (parasites ?
allergie ? anxiété ?). Le stress étant
un facteur aggravant (voir encadré),
lors de la prise en charge d’un chat
qui souffre d’un problème de peau,
le vétérinaire traite en parallèle le
problème dermatologique et le stress
qui l’accompagne.
v si l’anxiété est à l’origine de
l’alopécie, évitez au maximum les
21
A
A
Alopécie
Anorexie
sources de stress à votre petit compagnon. Et surtout, ne le réprimandez
pas quand il se lèche, cela ne ferait
que renforcer son anxiété. Sur le
coup, il cessera, pour reprendre de
plus belle dès que vous aurez le dos
tourné (v punition/réprimande).
Si l’alopécie est très étendue, sans
qu’aucune affection strictement cutanée n’ait été mise en évidence, un traitement anxiolytique ou antidépresseur
s’avère indispensable (v dépression,
psychotropes).
v lutter contre les parasites,
notamment les puces,
qui sont les
parasites cutanés les plus fréquemment
à l’origine de dermatoses. Tous les vétérinaires dermatologues vous le diront :
les éliminer est primordial, sachant
que, pour être efficaces, les traitements
doivent être appliqués régulièrement.
v au-delà des divers traitements,
préservera la bonne santé générale de
votre animal. Vous pourrez le cas
échéant lui donner un supplément
en vitamines B, bonnes pour la peau
et la croissance du poil, sous forme
de levure de bière (que l’on trouve
facilement dans le commerce) et
d’huiles bien équilibrées en oméga-3
et oméga-6 (huiles végétales, huiles
de poisson).
une alimentation équilibrée
Alopécie
extensive féline
Le chat se léchant de façon obsessionnelle certaines parties du corps,
d’une augmentation de la pression
artérielle. L’anxiété et la dépression
entraînent souvent des manifestations d’angoisse (v dépression,
noradrénaline).
Anorexie
Le bas-ventre est la zone du corps
la plus fréquemment atteinte lors
d’alopécie extensive féline.
celles-ci deviennent totalement
glabres (sans poil). La peau est saine
(rose, sans blessure), comme si le chat
avait été tondu. L’anxiété est à l’origine de ce syndrome (v se lécher,
activités substitutives, TOC).
Angoisse
L’angoisse est un terme générique
sous lequel on regroupe des sensations psychiques de crainte et de
peur, alors même qu’aucun danger
réel ne peut être identifié. On dira
ainsi d’un chat anxieux qui erre sans
but la nuit dans la maison en miaulant, qu’il manifeste une angoisse. Le
terme recouvre également un certain
nombre de sensations physiques
désagréables, accompagnées notamment d’une accélération cardiaque et
22
Un chat qui ne mange pas présente
une anorexie. Si le vôtre n’a rien avalé
depuis 48 heures, il faut absolument
consulter votre vétérinaire au plus
vite : son foie ne supporterait pas
un jeûne prolongé (cf. encadré). S’il
mange en très faible quantité, on
parlera alors plutôt d’hyporexie.
Mieux comprendre
L’anorexie peut provenir de l’évolution d’une maladie physique ou d’une
affection psychique (v dépression).
v la fièvre (ou hyperthermie), liée à
une infection (un abcès, par exemple),
est l’une des causes les plus fréquentes
d’anorexie (v maladies). En effet,
comme chez tout mammifère, lorsque
la température du corps augmente,
l’appétit diminue. Les affections du
système digestif telles qu’une gastro-entérite (avec vomissements et
diarrhée), une occlusion liée à l’ingestion d’un corps étranger ou encore
une atteinte du foie ou du pancréas,
génère également une perte d’appétit
(v troubles digestifs).
v la dépression, quant à elle, se
caractérise par une hyporexie, voire
une anorexie complète accompagnée
d’une tristesse profonde, d’un arrêt
de toute activité (sauf les activités
substitutives, fréquentes, qui sont alors
exacerbées). Elle peut être le fruit d’une
maladie psychique mais aussi causée
Anorexie et lipidose hépatique : un cercle vicieux infernal !
La lipidose hépatique correspond à une surcharge graisseuse du foie (« foie gras »).
Cette grave maladie peut entraîner la mort par insuffisance hépatique. L’anorexie
en est à la fois un symptôme et une cause. Parallèlement, l’animal est faible et
présente parfois des vomissements et de la diarrhée.
Le processus est simple : le chat cessant de manger, son corps va devoir utiliser sa
masse graisseuse comme source d’énergie. Or, c’est le foie qui gère ces graisses.
Or, un foie surchargé entraîne rapidement… une anorexie.
Un véritable cercle vicieux auquel il faut échapper au plus vite !
Une alimentation de mauvaise qualité, déficiente en certains acides aminés
(méthionine et arginine surtout), mais aussi l’obésité, sont des facteurs favorisants.
Une nutrition appétissante et à haute teneur énergétique est indispensable pour
lutter contre cette maladie difficile à traiter et qui nécessite des soins prolongés,
surtout si on intervient tard.
Certaines maladies hépatiques peuvent être confondues avec la lipidose car elles
induisent des signes d’insuffisance hépatique identiques : seule une biopsie du foie
permet alors de faire la différence.
23
A
A
Anorexie
Antidépresseur
par n’importe quelle maladie générale.
Quelle qu’en soit l’origine, une anorexie de plusieurs jours entraîne à
coup sûr une lipidose hépatique (cf.
encadré), qui génère à son tour une
anorexie. Il convient alors de sortir au
plus vite de ce processus, qui met la vie
de l’animal en danger.
Bien agir
v faites manger votre chat ! C’est
la première mesure à prendre pour
éviter que ne s’installe le cercle vicieux
évoqué plus haut (anorexie -> lipidose
hépatique -> anorexie). Il faut en effet
éviter à tout prix que l’anorexie ne se
prolonge. Dans tous les cas, proposezlui des aliments appétissants, voire
des friandises : viande, thon, jambon,
crevettes ou fromage (v friandises).
v consultez votre vétérinaire.
Après un examen complet de votre
petit compagnon, le vétérinaire
pourra préciser l’origine de son anorexie et agir en conséquence, c’est-àdire soigner spécifiquement la cause. Il
conseillera probablement des aliments
très énergétiques spécifiques (Hills®
a/d), qui contiennent des acides
aminés essentiels.
- Parallèlement, la prescription de
médicaments qui augmentent l’appétit
(dits orexigènes) est souvent utile : les
corticoïdes et le Valium® sont ainsi
couramment prescrits mais jamais
sur le long terme, contrairement
à la miansérine (Athymil ® ), qui
combine de puissants effets orexigènes (le chat retrouve l’appétit dans
l’heure), antidépresseurs et stimulants
(v antidépresseurs) ; la mirtazapine
(Norset®) a le même type d’effets.
- La SAMe (S-adenyl méthionine) est
particulièrement intéressante parce
qu’elle soutient l’activité du foie et
possède une action antidépressive
notamment chez les animaux âgés,
sans effet secondaire. Elle est présente
dans plusieurs compléments alimentaires (Novifit®, Zentonil®) et doit être
utilisée pendant quelques semaines,
voire quelques mois (v compléments
alimentaires).
Antidépresseur
v soigner la dépression
Un médicament antidépresseur est un
psychotrope qui soigne la dépression.
On dit aussi qu’il a la propriété de
lever l’humeur dépressive, c’est-àdire de diminuer la tristesse, de faire
disparaître l’apathie, la fatigue et les
cauchemars dont souffre l’individu
dépressif, en stimulant la transmission
des neurotransmetteurs tels que la
sérotonine, la noradrénaline et/ou la
dopamine (v neurotransmetteurs).
Les antidépresseurs ont souvent,
en début de traitement, des effets
secondaires qui disparaissent ensuite.
Ceux-ci sont dépendants de la dose
administrée, c’est pourquoi le vétérinaire prescrit généralement l’antidépresseur à demi-dose pendant
la première semaine. Par ailleurs,
les antidépresseurs de la génération
actuelle ont une toxicité très faible,
voire nulle.
24
Les familles d’antidépresseurs utilisées chez le chat
Actuellement il n'existe pas de médicament vétérinaire possédant une AMM
(autorisation de mise sur le marché) pour le chat.
• Les IMAO
Découverts dans les années 50, les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO)
constituent la première génération d’antidépresseurs en médecine humaine.
La sélégiline (Selgian®) est un IMAO-B qui a très peu d’effets secondaires et
pas d’effets toxiques, contrairement aux IMAO-A qui sont aujourd’hui rarement
prescrits en médecine humaine et plus du tout en médecine vétérinaire. Le Selgian®
est psychostimulant et non sédatif.
• Les tricycliques (ou impipraminiques). Ce sont des inhibiteurs non sélectifs de
la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (v neurotransmetteurs) :
- La clomipramine existe sous le nom de Clomicalm® en présentation vétérinaire
(avec l’indication « anxiolytique ») et sous le nom d’Anafranil® en présentation
humaine, avec l’indication anti-dépresseur (v anxiolytique).
- L’imipramine (Tofranil®) a souvent été utilisée par les Anglo-Saxons pour
diminuer la malpropreté chez le chat en raison de ses effets anti-cholinergiques
(effet « bouche sèche »).
• Les ISRS (pour Inhibiteur Sélectif de la Recapture de la Sérotonine) :
- La fluoxétine (Reconcile®, Prozac® en médecine humaine) a une longue durée
de vie (plus de 24 h chez le chat, 6 à 14 jours chez l'homme), ce qui permet une
seule administration par jour et assure une certaine stabilité comportementale si
l’administration n’est pas très régulière.
Son indication principale chez le chat n’est pas la dépression, mais le syndrome
Hs-Ha et toutes les manifestations anxieuses excessives (agressivité, malpropreté
urinaire, alopécie extensive, boulimie). Les effets secondaires sédatifs sont moins
importants qu’avec la clomipramine (Clomicalm®).
La fluoxétine existe maintenant en présentation vétérinaire en France sous la forme
de comprimés appétents (Reconcile®), l’administration en étant facilitée.
- La fluvoxamine (Floxyfral®) a les mêmes indications chez le chat que la fluoxétine
(Reconcile®). Sa durée de vie est toutefois plus courte, l’administration doit donc
être très régulière. Elle est souvent utilisée par les vétérinaires comportementalistes
belges.
• La miansérine (Athymil®) (famille des antagonistes alpha2-présynaptique)
est principalement utilisée lors d’anorexie chez les chats déprimés ou en
hospitalisation. Elle a une action désinhibitrice, intéressante chez les chats très
peureux, mais qui peut entraîner chez certains chats de l’agitation.
25
A
A
Antidépresseur
Anxiété
Psychotropes antidépresseurs utilisé pour le chat
Athymil®*
utilisé surtout comme antidépresseur, orexigène
(augmente l’appétit), anxiolytique et désinhibiteur ;
non sédatif
Clomicalm®
antidépresseur, anxiolytique ; légèrement sédatif
Novifit®
complément alimentaire antidépresseur chez le chat
âgé, antidépresseur, psychostimulant ; non sédatif
Reconcile®
Floxyfral®*
surtout utilisés comme anxiolytiques et anti-impulsifs
pour soigner les chats hyperactifs ; peu sédatifs
Selgian®
antidépresseur, anxiolytique, psychostimulant (pour
les chats inhibés et les chats âgés) ; non sédatif
* Médicaments de médecine humaine
Contrairement à une idée reçue, il
n’existe pas de dépendance physique
aux antidépresseurs, ce qui signifie qu’il
n’y a pas d’accoutumance de l’animal :
une fois la dose ajustée, celle-ci est
maintenue pendant toute la durée du
traitement, qui doit être poursuivi au
moins 6 mois. C’est en effet la durée
nécessaire pour que l’amélioration
comportementale soit solide.
v d’autres actions possibles
Les antidépresseurs ont d’autres actions
sur le comportement, qui varient selon
la famille d’antidépresseur à laquelle ils
appartiennent (cf. encadré). Ainsi, ils
peuvent suivant les cas :
- diminuer l’anxiété
- freiner l’impulsivité (v hyperactivité, syndrome Hs-Ha), la fluoxétine
(Reconcile®) étant souvent administrée dans cette indication
- faire disparaître les troubles obsessionnels compulsifs
- diminuer l’appétit (effet anorexigène),
ce qui permet de soigner un chat boulimique ; c’est le cas de la fluoxétine
(Reconcile®)et de la fluoxam
- augmenter l’appétit (effet orexigène),
comme le fait la miansérine (Athymil®), utilisée pour soigner les chats
dépressifs et anorexiques
- favoriser le sommeil et améliorer
sa qualité, ce qui est utile chez les
chats hyperactifs qui dorment peu
(v syndrome Hs-Ha) ; la clomipramine (Clomicalm®) et la fluoxétine
(Reconcile®) ont une action spécifique
dans ce sens
- stimuler l’activité : la sélégiline (Selgian®) et la miansérine (Athymil®)
sont plutôt prescrits pour les chats
inhibés, repliés sur eux-mêmes, afin
de les aider à recouvrer des activités sociales (v jeu, câlin/caresse,
exploration).
v les antidépresseurs les plus
courants
Quatre produits vétérinaires (Clomicalm®, Selgian®, Novifit®, Reconcile®)
et trois antidépresseurs humains
(Floxyfral®, Athymil®) sont couramment utilisés pour soigner le chat.
26
Anxiété
Votre chat semble inquiet en permanence ? Il sursaute pour un rien ? Ses
yeux sont comme « fous » ? Il souffre
probablement d’anxiété. Attention :
celle-ci peut générer des conduites
agressives, de la malpropreté ou des
problèmes de peau (v agressions).
Mieux comprendre
L’anxiété est un état émotionnel
caractérisé par :
- Une augmentation des réactions de
peur et des crises d’angoisse : le chat
tressaille, fuit ou crache à tout bout
de champ. Ses pupilles sont souvent
dilatées, son poil hérissé, son dos
parcouru de « frissons » (v rolling
skin syndrome).
- Une perte d’adaptabilité aux changements : il est bouleversé dès que son
environnement change (des horaires
différents pour sa nourriture par
exemple ou un meuble déplacé).
Parfois, ce sont des changements
internes (douleur, faim, envie de faire
ses besoins) qui génèrent alors chez lui
un grand mal être.
- Une dérégulation des autocontrôles : le
chat anxieux est très réactif, impulsif
et parfois obsessionnel (v autocontrôles, TOC).
Il est fréquent qu’un chat anxieux
présente aussi un hyperattachement
à une personne ou à un autre animal
(v hyperattachement).
Bien agir
Analyser les conditions de vie du
chat et son histoire aide à comprendre le ou les facteurs à l’origine de son anxiété. En découlent
ensuite les solutions pour le soulager
efficacement.
Les origines de l’anxiété chez le chat
sont en effet variées : troubles du développement, changement de territoire
(v anxiété de déterritorialisation),
Anxiété intermittente ou permanente ?
Elles sont de gravité croissante.
• L’anxiété intermittente se caractérise par des manifestations « productives »
de la part du chat, c’est-à-dire qui se remarque nettement par les propriétaires,
notamment des agressions, de la malpropreté, des miaulements d’angoisse.
Sans traitement, l’anxiété intermittente évolue en anxiété permanente,
en dépression ou en dysthymie.
• L’anxiété permanente est marquée chez le chat par une exacerbation des
activités substitutives (v alopécie extensive féline, TOC). Ses occupations
sont de moins en moins variées : il ne joue plus, ne demande plus de câlins, il dort
beaucoup et consacre le reste du temps à des activités substitutives centrées
essentiellement sur lui. On parle de manifestations déficitaires, par opposition
aux manifestations productives de l’anxiété intermittente. Non traitée, l’anxiété
permanente évolue généralement en dépression.
27
A
A
Anxiété de cohabitation/Cas pratique
Anxiété de cohabitation
enfermement d’un chat qui avait l’habitude de sortir (v anxiété en milieu
clos), impossible cohabitation avec
un autre chat (v anxiété de cohabitation)… Telles sont quelques-unes
des causes possibles. Les moyens
d’action en dépendent. Si l’anxiété
provient d’un trouble du développement, un traitement médicamenteux
sera sans doute nécessaire.
Sur le plan comportemental, certaines règles simples permettent
d’apaiser un chat anxieux. Vous
veillerez notamment à :
- ne pas le réprimander, crier ni bien
sûr le taper
- laisser des croquettes à volonté ou
proposer de nombreux petits repas
en journée
- respecter son repos.
Anxiété
de cohabitation
C’est l’anxiété ressentie par des chats
qui n’arrivent pas à cohabiter sur un
même territoire. L’animal « en place »
est bien installé dans son territoire et
un « intrus » y pénètre. Ce peut être
un chat inconnu mais aussi un chat
connu, que le premier ne reconnaît
pas (odeurs ou aspect différents suite
à une hospitalisation, au port d’une
collerette, à un toilettage). L’un des
deux chats, celui qui était déjà en
place ou l’intrus, se met alors à agresser l’autre, ce dernier prenant peur
(v agressions). Le chat agresseur
est en permanence sur le qui-vive :
il guette et poursuit son congénère,
le harcèle dans les moindres recoins
comme pour l’exclure du territoire.
Le chat « victime » est lui-même
constamment en alerte de peur de se
faire agresser et finit par rester prostré
sous un meuble, n’osant plus sortir,
son territoire réduit au minimum.
Mieux comprendre
Le chat est un animal territorial
plutôt solitaire. Si un « inconnu »
pénètre sur son territoire, il le ressent
comme une intrusion insupportable
et aura tendance à agresser l’intrus
pour le faire partir. Si celui-ci ne se
laisse pas faire, se « rebelle », un équilibre se met progressivement en place
entre les deux chats : ils apprennent à
se connaître puis à cohabiter. Lorsque
ce n’est pas le cas, les deux chats
peuvent devenir anxieux, on parle
alors d’anxiété de cohabitation.
v le chat agresseur souffre d’une
anxiété intermittente, inquiet de
voir persister cet intrus dans son territoire malgré tous ses efforts pour
l’en exclure ! Il est agressif envers celui
qui viole son territoire et peut parfois
le devenir avec ses maîtres. Certains
chats se mettent à uriner en dehors de
leur litière (v malpropreté) ou manifestent d’autres symptômes d’anxiété
(v activités substitutives, alopécie
extensive, boulimie).
« intrus » devient en
quelque sorte victime de harcèlement. Agressé en permanence,
v le chat
incapable de se défendre, il cherche
constamment à se cacher pour
28
Lasco et Pirouette :
une cohabitation difficile
Mme B. a récupéré Lasco quinze jours auparavant : c’est le chat
de sa fille, partie terminer ses études en Espagne. Lasco, 2 ans,
est affectueux, calme et joueur, mais la chatte de M. et Mme B.,
Pirouette, 6 ans, prend très mal son arrivée : elle a craché quand
Lasco s’est approché d’elle la première fois pour la flairer, lui a
jeté un coup de patte, ce qui a beaucoup amusé Lasco qui l’a
poursuivie… Effrayée, Pirouette s’est réfugiée sous le lit de M.
et Mme B., d’où elle ne sort quasiment plus sauf la nuit venue,
pour manger, Lasco restant alors enfermé dans le séjour. Mme B.
pensait que, les jours passant, Pirouette s’habituerait, mais
la situation empire, la chatte ne venant même plus quand on
l’appelle, crachant et semblant dorénavant avoir peur de tout.
Pirouette souffre d’une anxiété de cohabitation : elle est en
permanence effrayée, ce qui induit chez elle une inhibition
presque totale.
Comme aucun signe d’adaptation n’est apparu au cours
des deux premières semaines de cohabitation (pire, elle mange
de moins en moins), un traitement anxiolytique lui est prescrit :
la miansérine (Athymil®), dont les effets désinhibiteurs sont
rapides et qui développe parallèlement l’appétit. L’objectif ?
Que Pirouette, ainsi stimulée, ose sortir de sa cachette pour
manger, faire ses besoins et surtout répondre sans fuir à
Lasco s’il s’approche d’elle. Celui-ci sera sans doute surpris les
premières fois, mais il se tiendra à distance et les deux chats
pourront ainsi « faire connaissance ».
L’aménagement du territoire est aussi une donnée importante :
Pirouette doit pouvoir trouver dans la zone proche de la chambre
où elle se réfugie tout ce dont elle a besoin : nourriture, litière,
jeux… sans être obligée de croiser Lasco, dont la nourriture et
la litière seront placées le plus loin possible de Pirouette, dans
la pièce de séjour. Dans la cuisine, centrale, on disposera
aussi de la nourriture. Ainsi, chacun est libre de vivre dans son
espace ou de croiser l’autre. Complément indispensable de
cette mesure : un diffuseur de Feliway®, placé dans la cuisine,
qui aidera Pirouette à se réapproprier la totalité du territoire.
Enfin, il est recommandé de stimuler la chatte en lui proposant
29
A
Anxiété de cohabitation/Cas pratique
câlins, jeux et friandises alimentaires : autant de petits plaisirs
fondamentaux pour l’apaiser et lui permettre de retrouver sa joie
de vivre.
Dans les deux jours qui suivent la mise en œuvre de ce programme,
Pirouette sort plus souvent de la chambre, poussant même une ou deux
fois jusqu’à la cuisine pour manger. En croisant Lasco au passage,
elle crache mais sans fuir. Lasco, surpris, reste en retrait et se couche
pour l’observer. Après une semaine, la situation semble nettement
s’équilibrer et des rituels s’installent entre les deux félins : Mme B.
constate par exemple que Lasco laisse manger Pirouette en premier
quand ils se retrouvent tous les deux en même temps dans la cuisine.
La miansérine peut alors être réduite progressivement, en
veillant à ce que les relations entre les deux chats continuent
d’évoluer favorablement. Parallèlement, la nourriture et la
litière attribuées à Pirouette dans la zone chambre seront
peu à peu rapprochées du centre de l’appartement.
Ces différentes mesures, complémentaires, ont porté leurs
fruits : après un mois, la situation est nettement plus détendue
et la cohabitation entre les deux chats en voie de réussir.
éviter les conflits. Il rampe jusqu’à sa
gamelle et jusqu’à sa litière, sursaute
au moindre bruit. Comme le chat
agresseur, il arrive qu’il devienne malpropre, boulimique ou qu’il se lèche
avec excès. Intermittente au départ,
son anxiété peut devenir permanente,
voire se transformer en dépression.
v parfois, c’est l’inverse qui se
produit :
l’intrus répond si agressivement aux menaces du chat en place qu’il
l’effraie au point de l’acculer dans un
coin. Le chat « intrus » est alors l’agresseur et le chat en place est la victime.
Bien agir
Dans un premier temps, disposez des
gamelles de croquettes à des endroits
différents et éloignés, pour que le chat
agressé puisse manger sans croiser
forcément le chemin de son agresseur.
Pour le reste, les solutions valent pour
l’un et l’autre des deux chats.
- Placez un diffuseur de Feliway® dans
la maison : les phéromones émises
apaiseront le chat agresseur, lui permettant de faire baisser son agressivité ; de son côté, le chat « victime »
ressentira moins intensément la peur,
il osera alors davantage sortir de sa
cachette et affronter son agresseur.
- Un complément alimentaire apaisant aidera le chat agressé à moins
souffrir et le chat agresseur à se
détendre, et donc à harceler moins
souvent son congénère.
30
Dans l’anxiété de cohabitation,
l’un des chats se comporte comme
l’agresseur et l’autre comme la victime.
Si ces premiers moyens ne permettent pas un changement au
bout d’une semaine, il convient
de consulter un vétérinaire comportementaliste qui prescrira un
psychotrope à l’un des chats, voire
aux deux ( v anxiolytiques ) . La
fluoxétine (Reconcile ® ) qui a des
propriétés anti-impulsives est particulièrement indiquée pour diminuer
l’agressivité obsessionnelle du chat
agresseur. La clomipramine (Clomicalm® ), la sélégiline (Selgian® ),
voire la miansérine (Athymil ® )
aident le chat agressé à oser sortir de
sa cachette et à résister aux assauts
de son agresseur. Les traitements
durent plusieurs semaines.
Anxiété
de déterrito­
rialisation
Suite à un déménagement ou à une
réfection importante de l’habitation (des
peintures neuves, par exemple), un chat
peut être déstabilisé au point de développer une anxiété (v anxiété). Celle-ci
se manifeste le plus fréquemment par de
la malpropreté, due généralement à des
marquages urinaires sur les murs ou les
meubles (v malpropreté, marquage
urinaire).
Mieux comprendre
Un chat est attaché au territoire où
il vit : les marques faciales qu’il fait
31