Guy debord - Université Populaire de Philosophie
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CONFÉRENCE DU FORUM DES SAVOIRS “Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.” Voltaire GUY DEBORD ET LA PHILOSOPHIE SUBVERSIVE RÉALISÉE CONFÉRENCE PAR GISLAIN VERGNES Association ALDÉRAN Toulouse pour la promotion de la Philosophie MAISON DE LA PHILOSOPHIE 29 rue de la digue, 31300 Toulouse Tél : 05.61.42.14.40 Email : [email protected] Site : www.alderan-philo.org conférence N°1000-211 GUY DEBORD : LA PHILOSOPHIE SUBVERSIVE RÉALISÉE Cinquantenaire de l’Internationale Situationniste : 1957 - 2007 conférence de Gislain Vergnes donnée le 14/12/2007 à la Maison de la philosophie à Toulouse Pour les cinquante ans de l'Internationale Situationniste (1957), c'est l'occasion de célébrer Guy DEBORD (1931-1994). Et, en même temps, les quarante ans (décembre 1967) de la publication de "La société du spectacle", exposé de la théorie situationniste. C'est une critique radicale et globale de la société contemporaine qui trouve son inspiration dans les mouvements littéraires et artistiques de la première moitié du XXème siècle (dadaïsme, surréalisme, lettrisme). Elle tire son argumentaire de la relecture de MARX, initiée par György LUKACS, dont les analyses sont réadaptées à la société actuelle. Pour le style, Guy Debord s'était ciselé une langue classique rappelant Bossuet, Retz, Pascal, mais aussi, pour ce qui est de ses films, les grands réalisateurs des années 40-50. Il recourait en plus à la technique du détournement (citations détournées), à l'exemple de Lautréamont. Animés par un enthousiasme proprement renversant, les situationnistes visaient, parmi leurs objectifs, à "la réalisation de la philosophie". Ils créèrent des concepts nouveaux sur des mots anciens : situation, dérive, spectacle... Guy Debord, penseur et stratège de la subversion culturelle et sociale, cinéaste aussi, a condensé en un film étonnant, voici juste trente ans, sa vision du monde et sa vie. Il l'a titré d'un vieux palindrome du Moyen-Âge, "In girum imus nocte et consumimur igni" ; et à la fin il nous demande de tout reprendre depuis le début. Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 2 GUY DEBORD : LA PHILOSOPHIE SUBVERSIVE RÉALISÉE Cinquantenaire de l’Internationale Situationniste : 1957 - 2007 PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR GISLAIN VERGNES Le spectacle est le moment où la marchandise est parvenue à l’occupation totale de la vie sociale. Non seulement le rapport à la marchandise est visible, mais on ne voit plus que lui : le monde que l’on voit est son monde. La production économique moderne étend sa dictature extensivement et intensivement. Guy Debord La société du spectacle, 1967 I VIE ET ŒUVRES DE GUY DEBORD JUSQU'À LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE - Naissance le 28 décembre 1931 à Paris XXème - Père d'origine rurale (Haute Vienne). « Élève en pharmacie » (à 36 ans…), mort de tuberculose trois ans après. - Mère née à Paris, fille d'un industriel italien installé dans le XIXème, déjà décédé, entreprise ruinée par la crise de 1929. Vente des biens en 1939 et installation à Nice. - Scolarité à Nice, Fontainebleau, Pau, Cannes (à partir de 1945). - Bac à Cannes en 1951 (faire-part) - Lectures de jeunesse les plus marquantes : - Sax Rohmer (Fu-Manchu) « Le mythe de mon enfance » - Lautréamont. - Edgar Poe « C'est le premier qui m'a donné l'impression profonde de surréel ». - « … j'ai eu alors l'occasion de lire plusieurs bons livres, à partir desquels il est toujours possible de trouver par soi-même tous les autres, voire d'écrire ceux qui manquent encore. » ( Panégyrique) - Premières idées notables - Courrier de 1950 : « Si le monde est acceptable il faut que ce soit au moins en menant la vie la plus libre possible et la plus dégagée des mesquineries qui enferment les gens. Il ne faut pas admettre les choses. Il faut faire des révolutions. » « Il faut se lancer dans toute aventure intellectuelle susceptible de repassionner la vie ». - Panégyrique I … « Je suis né en 1931, à Paris. La fortune de ma famille était dès lors fort ébranlée par les conséquences de la crise économique mondiale…, et les débris ne paraissaient pas pouvoir aller beaucoup au-delà de ma majorité, ce qui arriva effectivement. Ainsi donc, je suis né virtuellement ruiné… Pendant tout le cours de mon adolescence, j'allai lentement mais inévitablement vers une vie d'aventures, les yeux ouverts… Je ne pouvais même pas penser à étudier une seule des savantes qualifications qui conduisent à occuper des emplois, puisqu'elles me paraissaient toutes étrangères à mes goûts ou contraires à mes opinions. Les gens que j'estimais plus que personne au monde étaient Arthur Cravan et Lautréamont, et je savais parfaitement que tous leurs amis, si j'avais consenti à poursuivre des études universitaires, m'auraient méprisé autant que si je m'étais résigné à exercer une activité artistique… Je me suis fermement tenu, docteur en rien, à l'écart de toute apparence de participation aux milieux qui passaient alors pour intellectuels ou artistiques. J'avoue que mon mérite en cette matière se trouvait bien tempéré par ma grande paresse, comme aussi par mes très minces capacités pour affronter les travaux de pareilles carrières. » - Avril 1951 : Festival de Cannes. S'associe au groupe lettriste d'Isidore Isou. - Octobre 1951 : Vient vivre à Paris 6ème … « Je vis s'achever, avant d'avoir vingt ans, cette part paisible de ma jeunesse ; et je n'eus plus que l'obligation de suivre sans frein tous mes goûts, mais dans des conditions difficiles. J'allai d'abord vers le milieu, très attirant, où un extrême nihilisme ne voulait plus rien savoir, ni surtout continuer, de ce qui avait été antérieurement admis comme l'emploi de la vie ou des arts. » … « J'ai connu surtout les rebelles et les pauvres. J'ai vu autour de moi en grande quantité des individus qui mouraient jeunes, et pas toujours par le suicide, d'ailleurs fréquent. Sur cet article de la mort violente, je remarque, sans pouvoir Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 3 avancer une explication pleinement rationnelle du phénomène, que le nombre de mes amis qui ont été tués par balles constitue un pourcentage grandement inusité, en dehors des opérations militaires bien sûr. » … « Pour qui [refuse] le travail existant, il est bien certain qu'il faut savoir vivre sur le pays… Je me suis toujours tenu à donner l'impression vague que j'avais de grandes qualités intellectuelles et même artistiques, dont j'avais préféré priver mon époque, qui ne me paraissait pas en mériter l'emploi. Il s'est toujours trouvé des gens pour regretter là mon absence et, paradoxalement, pour m'aider à la maintenir. Cela n'a pu être mené à bien que parce que je ne suis jamais allé chercher personne, où que ce soit. Mon entourage n'a été composé que de ceux qui sont venus d'eux-mêmes, et ont su se faire accepter. »… 1952 : Revue lettriste ION, unique publication (sur le cinéma) de tous les lettristes - puis en juin fondation de l'Internationale Lettriste par Guy Debord et trois amis, les plus radicaux. - 17 juin «tournage» du film “Hurlements en faveur de Sade“, «entreprise de terrorisme cinématographique» (G.D. 1953). - Projection le 30 juin (Musée de l'Homme), puis le 13 octobre (Sociétés savantes). - L'internationale Lettriste : novembre 1952 N°1 1953 : Février, N°2 - Fin février : Lettre à un ami d'enfance (H. Falcon) Besoin de repos à Cannes pour quelques mois. « Je sais que je vais avoir là-bas bien du temps vide, mais il me semble que c'est nécessaire. Je suis proche d'un écroulement total, nerveux principalement. Les cuites ininterrompues et divers autres divertissements compliquent les difficultés métaphysiques de toujours singulièrement aggravées. Mais il me semble - pas à toutes les heures - que nous ne sommes pas mûrs pour le suicide, et qu'il y a des multitudes de choses à faire, si on dépasse certaines barrières et sans renoncer à rien du mépris ou du refus que nous avons sincèrement affirmé à propos de presque tout. » - Juillet : revient à Paris après une tentative de suicide (au gaz) et un court séjour en maison de repos organisé par sa famille. - Septembre : « Manifeste pour une construction de situations » (Inédit, à usage interne de l'Internationale Lettriste) …« Notre temps voit mourir l'Esthétique. … Les arts s'achèvent dans leurs dernières richesses, ou continuent pour le commerce. … Notre mépris pour l'Esthétique n'est pas choisi. Au contraire, nous étions plutôt doués pour « aimer ça ». Nous sommes arrivés à la fin, voilà tout.» … « Le décor nous comble et nous détermine. … Il faut aboutir à un dépaysement par l'urbanisme »,… … « Après quelques années passées à ne rien faire au sens commun du terme, nous pouvons parler de notre attitude sociale d'avant-garde, parce que dans une société encore provisoirement fondée sur la production, nous n'avons voulu nous préoccuper sérieusement que des loisirs. Persuadés que les seules questions importantes de l'avenir concerneront le Jeu, … … Mais en appliquant à ces faits de nouvelles intentions de recherches une méthode dont le discours n'est pas encore écrit - on pourra déduire des lois, vaguement pressenties, des seules constructions qui en définitive nous importent : des situations bouleversantes de tous les instants. »… Note au sujet des influences probables pour le concept : Boris Donné montre que c'est dans La Nausée (1938) de Jean-Paul Sartre que G.D. a trouvé sa première référence dans la « théorie des moments parfaits » du personnage féminin Anny, amie d'Antoine Roquentin. Il y a repris le rêve d'un accomplissement éthique et esthétique de la vie par la transformation consciente de situations. 1954 : La revue Internationale lettriste, après le N°4 en juin 1954 est remplacée par le bulletin Potlatch dont 24 numéros paraîtront jusqu'en novembre 1957. « L'intention stratégique de Potlatch était de créer certaines liaisons pour constituer un mouvement nouveau, qui devait être d'emblée une réunification de la création Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 4 culturelle d'avant-garde et de la critique révolutionnaire de la société. En 1957, l'Internationale Situationniste se forma effectivement sur une telle base.» (Guy Debord 1985) - En août il se marie avec Michèle Bernstein qu'il connaît depuis deux ans. 1956 : Mode d'emploi du détournement. Les lèvres nues (revue littéraire d'avant-garde belge). Le détournement littéraire consiste à détourner à son profit les mots, les expressions, les phrases d'un auteur antérieur ; sans le citer, et en déformant, inversant éventuellement l'ordre des mots. L'intérêt est d'introduire des références reconnaissables (par des lecteurs suffisamment cultivés…) qui viennent renforcer des pensées nouvelles. Guy Debord a apprécié cette pratique dans Lautréamont (Poésies II 1870) qui déclare impérieusement que « le plagiat est nécessaire. Le progrès l'implique. Il serre de près la phrase d'un auteur, se sert de ses expressions, efface une idée fausse, la remplace par l'idée juste. » Dans le cours du texte de Poésies II, Lautréamont l'utilise fréquemment aux dépens des “Pensées“ de Pascal, lequel, lui-même, en avait fait grand usage à l'égard de Montaigne, entre autres. Et le justifiait : « Qu'on ne dise pas que je n'ai rien dit de nouveau ; la disposition des matières est nouvelle ». (Pensées, préface. 65 (431) La Pléiade). Dans l'article sur le « Mode d'emploi du détournement » Guy Debord estime qu'il permet « d'en finir avec toute notion de propriété personnelle » en libérant « l'héritage littéraire et artistique de l'humanité » comme « première ébauche d'un communisme littéraire ». Il ne le limite pas à la littérature mais étend la technique à tous les arts et singulièrement au cinéma, ce qu'il fera dans ses propres films. (Il signale aussi, quelque part ailleurs, qu'il a été menacé de poursuites pour « détournement de mineure »…) Théorie de la dérive. Les lèvres nues (novembre 1956) En 1953, Ivan Chtcheglov (dit Gilles Ivain, celui à qui G.D. restera toujours attaché, dont il disait « qu'il découvrit en un an des sujets de revendication pour un siècle ») a écrit un « formulaire pour un urbanisme nouveau ». Ce texte, qui n'a été publié qu'en 1958, a servi de base à celui de la théorie de la dérive. Ivan Chtcheglov : « Nous nous ennuyons dans la ville (…) Nous ne prolongerons pas les civilisations mécaniques et l'architecture froide qui mènent à fin de course aux loisirs ennuyés. Nous nous proposons d'inventer de nouveaux décors mouvants (…) Nous avons déjà signalé le besoin de construire des situations comme un des désirs de base sur lesquels serait fondée la prochaine civilisation. Ce besoin de création absolue a toujours été étroitement mêlé au besoin de jouer avec l'architecture, le temps et l'espace (…) L'activité principale des habitants sera la dérive continue. Le changement de paysage d'heure en heure sera responsable du dépaysement complet… » La Théorie : « … la dérive se définit comme une technique du passage hâtif à travers des ambiances variées. Le concept de dérive est indissolublement lié à la reconnaissance d'effets de nature psychogéographique, et à l'affirmation d'un comportement ludique-constructif, ce qui l'oppose en tous points aux notions classiques de voyage et de promenade (…) Du point de vue de la dérive, il existe un relief psychogéographique des villes, avec des courants constants, des points fixes et des tourbillons (…) l'analyse écologique du caractère absolu ou relatif des coupures du tissu urbain, du rôle des microclimats, des unités élémentaires entièrement distinctes des quartiers administratifs, et surtout de l'action dominante de centres d'attraction, doit être utilisée et complétée par la méthode psychogéographique (…) On peut dresser à l'aide des vieilles cartes, de vues photographiques aériennes et de dérives expérimentales une cartographie influentielle qui manquait jusqu'à présent, et dont l'incertitude actuelle, inévitable avant qu'un immense travail ne soit accompli, n'est pas pire que celle des premiers portulans, à cette différence près qu'il ne s'agit plus de délimiter précisément des continents durables, mais de changer l'architecture et l'urbanisme (…) » 1957 : Constitution de l'Internationale Situationniste à la conférence de Cosio d'Arroscia (Italie) en juillet, regroupant des artistes d'avant-garde, surtout peintres, et d'anciens lettristes. Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 5 « Rapport sur la construction de situations et sur les conditions de l'organisation et de l'action de la tendance situationniste internationale » (juin 1957) Le rapport est un texte articulé et argumenté qui appelle à s'organiser pour tout changer en profondeur : « Nous pensons d'abord qu'il faut changer le monde. Nous voulons le changement le plus libérateur de la société et de la vie où nous nous trouvons enfermés. Nous savons que ce changement est possible… » Il fait pour commencer un état de la culture moderne du point de vue de la globalité qui doit dégager une revendication d'ensemble. Le futurisme, le dadaïsme, le surréalisme ont été fautifs de ce point de vue. « Il faut aller plus avant et rationaliser davantage le monde, première condition pour le passionner. » Quant à l'état de la société il en est à la décomposition idéologique, « stade suprême de la pensée bourgeoise. » Et « rien de nouveau ne peut plus se bâtir sur ces ruines. » Durant cette période de reflux, le rôle des tendances minoritaires est rappelé dans un raccourci historique, dont le lettrisme où « nous n'étions pas tant… ». Il en ressort que « les problèmes de la création culturelle ne peuvent plus être résolus qu'en relation avec une nouvelle avance de la révolution mondiale » où le mot d'ordre sera de « faire reculer partout le malheur. » La plate-forme pour une opposition provisoire se présente comme Internationale Situationniste. Qui annonce que « notre idée centrale est celle de la construction de situations (…), intervention ordonnée (…) sur le décor matériel de la vie ; et les comportements qu'il entraîne et qui le bouleversent. » Parmi de virulentes critiques et d'originales propositions ( sur l'urbanisme, la place du jeu, la bataille des loisirs, etc.…) il faut noter l'apparition de la notion de spectacle : « la construction de situations commence au-delà de l'écroulement moderne de la notion de spectacle. Il est facile de voir à quel point est attaché à l'aliénation du vieux monde le principe même du spectacle : la non-intervention (…) Il faut donc briser l'identification psychologique du spectateur au héros, pour entraîner ce spectateur à l'activité, en provoquant ses capacités de bouleverser sa propre vie. La situation est ainsi faite pour être vécue par ses constructeurs… » Les tâches immédiates consisteront à « détruire (…) l'idée bourgeoise du bonheur (…) » et à « mettre en avant les mots d'ordre d'urbanisme unitaire, de comportement expérimental, de propagande hyper-politique, de construction d'ambiances. On a assez interprété les passions : il s'agit maintenant d'en trouver d'autres. » Telles sont les premières orientations de l'Internationale Situationniste dont les idées et les actions seront présentées dans la revue Internationale Situationniste (dirigée surtout par G.D.) dans douze publications, de 1958 à 1969, qui montreront l'évolution, des préoccupations surtout artistiques et culturelles au début, à des propositions politiques à partir de 1962. 1958 : Mémoires de G.E. Debord mai 1958 Ce livre étrange a été préparé en 1957/58 par G.D. et Asger Jorn (1914-1973), artiste danois reconnu que Debord avait rencontré en 1954 et avec qui il resta toujours ami. Il est entièrement fait de découpages d'imprimés (mots, phrases, paragraphes, gravures, …) collés comme en désordre sur la page rehaussée de traits de peinture qui les relient ou les décorent. Le tirage de cette édition se présentait dans une couverture de papier verre (de façon à rendre son contact désagréable !) et il n'a pas été diffusé mais offert de-ci, de-là aux connaissances de G.D. C'est un « texte » au sens incompréhensible mais qui, décodable par les amis de l'époque, ou décodé par un analyste aussi raffiné que Boris Donné ( Pour mémoires 2004), restitue les sentiments, l'humeur, la mélancolie de G.D. sur trois périodes des années 52/53. On y décèle la sensation très forte chez G.D. du passage du temps (« la cataracte du temps »), le sentiment de mélancolie et la prédilection pour la mort. La première édition publique a été faite en 1993. 1957-1961 : Contacts de G.D. avec les intellectuels marxistes durant ces années. G.D. étudie l'œuvre de Marx et assiste à des conférences sur le marxisme. Il y rencontre en 1957 Henri Lefebvre (1901-1991) auteur, entre quelque soixante-dix autres ouvrages, de « Critique de la vie quotidienne », trois volumes parus successivement en 1946, 1961 et 1981. G.D. et H.L. deviennent, un temps, amis et s'influencent plus ou moins l'un l'autre. C'est le moment où paraît, en 1960, la traduction de Histoire et Conscience de classe (1923) de Giorgy Lukàcs que H.L. avait déjà analysé. C'est Lefebvre qui présente à G.D. Raoul Vaneigem, lequel fera partie de l'IS jusqu'en 1970. Par ailleurs, G.D. s'intéresse à Socialisme ou Barbarie Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 6 de Cornélius Castoriadis et Claude Lefort et spécialement à Pouvoir Ouvrier du seul Castoriadis, résultant de la scission de Socialisme ou Barbarie en 1958 ; il s'en éloignera en 1961. En 1960, dans une note politique pour l'IS « préliminaires pour une définition de l'unité du programme révolutionnaire », rédigée en vue des discussions avec P.O., on voit apparaître les thèmes de la société du spectacle : « la consommation capitaliste impose un mouvement de réduction des désirs par la régularité de la satisfaction des besoins artificiels, qui restent besoins sans jamais avoir été désirs ; les désirs authentiques étant contraints de rester au stade de leur nonréalisation (ou compensés sous forme de spectacles) (…) Le monde de la consommation est en réalité celui de la mise en spectacle de tous pour tous, c'està-dire de la division, de l'étrangeté et de la non-participation entre tous ».. En 1961, trois situationnistes, dont G.D. et Raoul Vaneigem, fixent entre eux des « thèses de Hambourg » qui ne seront jamais transcrites, mais G.D. en parle en 1989. Le résumé “pouvait se ramener à une seule phrase : « L'IS doit, maintenant, réaliser la philosophie »“(…) « Elles signifiaient à ce moment que l'on ne devait plus prêter la moindre importance aux conceptions d'aucun de ces groupes révolutionnaires qui pouvaient subsister encore, en temps qu'héritiers de l 'ancien mouvement social d'émancipation anéanti dans la première moitié de notre siècle ; et qu'il ne faudrait donc plus compter que sur la seule IS pour relancer au plus tôt une autre époque de la contestation, en renouvelant toutes les bases de départ de celle qui s'était constituée dans les années 1840. » Ceci a marqué « la fin, pour l'IS, de sa première époque (recherche d'un terrain artistique vraiment nouveau) ; et aussi a (…) fixé le point de départ de l'opération qui a mené au mouvement de mai 68, et à ses suites. » 1959 : Film : Sur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps (20 minutes) C'est l'évocation attendrie, dans le Paris de 1952, du groupe lettriste de G.D., groupe « en marge de l'économie, (qui) tendait à un rôle de pure consommation, et d'abord de consommation libre de son temps. » 1961 : Film : Critique de la séparation (20 minutes) La séparation est un sentiment très important chez G.D. et un concept fondamental de la Société du Spectacle. Ici il s'agit de « gens séparés qui vont au hasard … (dont) quelques rencontres, seules, furent comme des signaux venus d'une vie plus intense, qui n'a pas été vraiment trouvée. » On reste aussi à l'extérieur des événements « comme devant un spectacle de plus. Nous en sommes séparés par notre propre non-intervention (…) Quand l'occasion a-t-elle été manquée ? Nous n'avons pas trouvé les armes qu'il fallait. Nous avons laissé faire. J'ai laissé faire le temps. J'ai laissé perdre ce qu'il fallait défendre. » 1965 : « Le déclin et la chute de l'économie spectaculaire marchande » (IS n°10 mars 66) Cet article sur les émeutes du quartier de Watts à Los Angeles est le premier test d'application de la théorie situationniste à l'interprétation de révoltes populaires. Il est prémonitoire et toujours d'actualité. (voir des extraits dans texte suivant sur la Société du Spectacle) 1966 : Le “Scandale de Strasbourg“ Un groupe d'étudiants situationniste dont, surtout, Mustapha Khayati, rédige (avec l'aide de G.D.) un pamphlet incendiaire “De la misère en milieu étudiant“ sous le timbre de l'UNEF, comme supplément spécial ( !) au n° 16 de “Étudiants de France“, en novembre 1966 Un an plus tard, dans l'IS n° 11, G.D. explique « nos buts et nos méthodes dans le scandale de Strasbourg ». Qu'il termine en demandant que l'IS ne soit pas « jugée sur les aspects superficiellement scandaleux de certaines manifestations par lesquelles elle apparaît, mais sur sa vérité centrale essentiellement scandaleuse.» Après un premier chapitre qui décrit la réalité étudiante comme « dure à regarder en face » et tellement dégradée que « d'ores et déjà, l'étudiant fait rire », car il est incapable « de prendre conscience de sa dépossession réelle », la suite est tournée vers l'action. « Il ne suffit pas que la pensée recherche sa réalisation, il faut que la réalité recherche la pensée», convergence entre théorie et pratique poursuivie par les situationnistes. Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 7 Pour «créer enfin la situation qui rende impossible tout retour en arrière», cinq orientations : - la dénonciation théorique et pratique du stalinisme, - la question de l'organisation du mouvement révolutionnaire est centrale ainsi que la critique de l'idéologie, - il faut mener une lutte à mort contre la théorie léniniste de l'organisation. - la forme du pouvoir du prolétariat sera l'autogestion - pour obtenir la suppression de la production marchande et donc du prolétariat il faut viser la suppression du travail. Enfin, le prolétaire, qui se définit comme «celui qui n'a aucun pouvoir sur l'emploi de sa vie, et qui le sait» devra faire une révolution où «le jeu est la rationalité ultime de cette fête, vivre sans temps mort et jouir sans entraves sont les seules règles qu'il pourra reconnaître.» 1967 : La Société du Spectacle (14 novembre 1967) Depuis trois ou quatre ans G.D. et Raoul Vaneigem travaillaient à leurs livres respectifs (le Traité de savoir vivre à l'usage des jeunes générations tarde au moins un an avant d'être accepté par les éditeurs, enfin alertés par le contenu situationniste du texte de Strasbourg, et ne paraît que le 30 novembre 67). « La Société du Spectacle » est composé de 221 « thèses » écrites dans une langue relevée et sans égards pour le lecteur peu informé… (Ce nombre de thèses a rappelé à Boris Donné qu'un auteur politique de la Renaissance contemporain de Machiavel, (et florentin aussi), Francisco Guicciardini (1483-1540) avait composé des Avertimenti (ou Ricordi) en 221 articles consacrés au jeu politique à la cour du prince.) [Voir chapitre II de cette communication « La Société du Spectacle»] 1968 : « Et le mois de mai ne reviendra jamais, d'aujourd'hui à la fin du monde du spectacle, sans qu'on se souvienne de nous. » ( Détournement d'une phrase du discours du roi Henry V à ses compagnons la veille de la bataille d'Azincourt du 25 octobre 1415 : « Et la Saint Crépin ne reviendra jamais, d'aujourd'hui à la fin du monde, sans qu'on se souvienne de nous, de notre petite bande… » Shakespeare Henry V Acte IV Scène III). Les situationnistes contribuent ardemment à la rébellion de mai : occupation de la Sorbonne, affiches, slogans, tentatives de collaboration avec les mouvement spontanés ouvriers… Leurs actions sont rappelées dans le livre collectif « Enragés et situationnistes dans le mouvement des occupations » (R. Viénet 1968) - où G.D. résume, dans « le point culminant » (chapitre VII), les raisons et les manoeuvres qui ont achevé le mouvement et conclut : « La forme du pouvoir des travailleurs qui aurait pu se développer dans la phase après-gaulliste de la crise, se trouvant bloquée à la fois par le vieil Etat réaffirmé et le PCF, n'eut plus aucune chance de prendre de vitesse sa défaite en marche. » C'est dans «Le commencement d'une époque » (IS n°12) que G.D. fait l'analyse de l'ensemble des mouvements révolutionnaires au regard des thèses situationnistes. Au bilan : «Le “lever du soleil qui, dans un éclair, dessine en une fois la forme du nouveau monde“, on l'a vu dans ce mois de mai en France (…) Et si nous, dans une certaine mesure, sur le retour de ce mouvement, nous avons écrit notre nom, ce n'est pas pour en conserver quelques moments ou en tirer quelque autorité. Nous sommes désormais sûrs d'un aboutissement satisfaisant de nos activités : l'IS sera dépassée.» 1972 : « La véritable scission dans l'Internationale » Cette « circulaire publique » de l'IS annonce son auto-dissolution. Elle comprend des « Thèses sur l'IS et son temps » et d'abondants documents annexés qui retracent son histoire interne de 1969 à 1971. Les thèses décrivent les actions récentes, font une analyse des sociétés contemporaines (dont un notable diagnostic sur les effets de la séparation), les analyses de l'IS et son rôle, enfin l'annonce du retrait, dont la raison est stratégique : « la véritable scission dans l'IS est celle-là même qui doit maintenant s'opérer dans le vaste et informe mouvement de contestation actuel : la scission entre, d'une part, toute la réalité révolutionnaire de l'époque et, d'autre part, toutes les illusions à son propos ». Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 8 Cette année 72, placée sous le signe de la scission, voit le divorce de GD. d'avec Michèle Bernstein mais aussi son mariage avec Alice Becker-Ho, rencontrée en 1963 et avec qui il cohabitait depuis 1969. Repères bio- et bibliographiques pour la suite En 1971 G.D. avait rencontré Gérard Lebovici (1932-1984) éditeur flamboyant des éditions Champ libre et producteur de cinéma, qui devint son ami et son mécène. 1973 : Film : « La société du spectacle » (90mn) Ce film fait d'abondants détournements d'images (de films et d'autres) sur lesquels la voix de G.D. lit des extraits du livre. 1975 : Film : « Réfutation de tous les jugements tant élogieux qu'hostiles, qui ont été jusqu'ici portés sur le film « La Société du Spectacle.» » (20mn) 1976 : «Véridique rapport sur les dernières chances de sauver le capitalisme en Italie.» Traduction du livre italien de Gianfranco Sanguinetti (écrit en accord avec G.D. et la traduction étant de G.D.) paru en 1975. Livre signé “Censor“, pseudonyme d'un supposé aristocrate conseiller du gouvernement italien, et recommandant aux dirigeants italiens d'organiser l'entrée au pouvoir du parti communiste pour obtenir la mise au pas de l'agitation gauchiste montante. Le pamphlet a été pris au sérieux par les médias en Italie où il a entraîné un débat assez intense. 1978 : Film : “ IN GIRUM IMUS NOCTE ET CONSUMIMUR IGNI” (105mn) Un vrai film, fait bien sûr de détournements de films et autres images, mais aussi de tournages par G.D. lui-même. Et toujours avec la lecture par G.D d'un texte, lui aussi incluant quelques détournements, texte qui est comme un condensé de la pensée, de la vie et de l'époque de G.D. Le texte a été publié en 1990 : plus accessible que La Société du Spectacle, qui est un livre difficile et désormais réservé à l'analyse universitaire, il restera, avec le film, le chef d'œuvre de G.D. En 1982 il publiera un choix des analyses critiques du film « Ordures et décombres déballés à la sortie du film par différentes sources autorisées. » - « Œuvres cinématographiques complètes 1952-1978 » C'est la compilation, sans autre commentaire, du texte et des citations des images des six films de G.D. - « Jeu de la guerre ». Jeu de société breveté par G.D. et livre de présentation des règles et d'analyse des parties. C'est un jeu de stratégie militaire (Kriegspiel en termes techniques) qui se joue comme les échecs ou le jeu de Go. Il est un des produits de l'esprit profondément stratège de G.D. Note sur la vie de G.D. après 1968 Les problèmes des agitateurs de mai 68 avec les différentes polices européennes font que G.D. (avec Alice Becker-Ho) se déplacent beaucoup hors de Paris : Belgique, Arles, Espagne, Italie. Mais en Italie, comme dans l'Espagne franquiste, il est aussi suspect qu'en France (et il sera expulsé de Florence en 1977, «comme d'autres avant lui»…). Il participe activement, surtout par ses écrits, aux mouvements subversifs de ces pays, mais il contribue aussi à la traduction et à l'édition de leurs auteurs qu'il aime. En France il achète une résidence rurale en Haute-Loire et le couple se réinstalle à Paris dans les années 80. 1985 : « Considérations sur l'assassinat de Gérard Lebovici ». Son ami est assassiné en 1984 et le crime reste non élucidé, même aujourd'hui. Sa disparition a deux conséquences : G.D. est obligé de se défendre contre la suspicion des média et de défendre la mémoire de son ami ; il perd l'appui des éditions et de la production. Ce qui le conduira à interdire la projection de ses films pendant vingt ans, et plus tard à faire détruire ses ouvrages encore en stock chez l'éditeur successeur. 1988 : « Commentaires sur la société du spectacle ». Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 9 Vingt ans après la publication du livre éponyme, G.D. reprend l'analyse de la société telle qu'elle a évolué, est devenue et tend à devenir : ce qui confirme parfaitement ses thèses toujours maintenues. 1989 : « Panégyrique » Tome premier. Un ouvrage assez court - qu'il envisageait de faire suivre d'autres tomes, mais, à part le second, il a fait détruire à sa mort les prêts à imprimer et autres manuscrits. Il fait lui-même son propre panégyrique pour mieux justifier sa vie et son œuvre, dans une tonalité nostalgique, désabusée avec toujours le sentiment de l'écoulement du temps et la présence de la mort. Et c'est un très beau texte. 1990 : « Panégyrique » Tome second Constitué de photos datant de 1951 à 1988 1993 : « Cette mauvaise réputation » Debord reprend un certain nombre d'articles ou de citations le concernant et les commente sur un ton sarcastique où ses dons de polémiste font merveille. 1994 : « Guy Debord, son art et son temps » Un court métrage préparé, avec lui, pour une émission de télévision qui aura lieu en janvier 1995. À Champot, dans sa maison de Haute Loire, le 30 novembre 1994 il se suicide, comme Hemingway - et d'autres - d'un coup de fusil. Il avait préparé un communiqué pour le documentaire télé où il annonce qu'il meurt des conséquences de son alcoolisme, qui est «le contraire de la maladie que l'on peut contracter par une regrettable imprudence. Il y faut au contraire la fidèle obstination de toute une vie.» Sur cette question de l'alcool, il y a quelques pages extraordinaires montrant l'étendue de sa connaissance des vins et des alcools et de leur fréquentation intense depuis sa jeunesse, dans Panégyrique I. II LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE Avant le livre Première apparition de l'analyse du spectacle : 1 - « Rapport sur la construction des situations (et sur les conditions de l'organisation et de l'action de la tendance situationniste internationale) » (Juin 1957) Document préparatoire à la conférence d'unification des mouvements artistiques et intellectuels d'avant-garde en Juillet 57 en Italie où fut créée l'Internationale Situationniste. (Passage du mouvement lettriste - l'art, la littérature -, au mouvement situationniste - davantage de préoccupations sociopolitiques). « La construction de situations* commence au-delà de l'écroulement moderne de la notion de spectacle. Il est facile de voir à quel point est attaché à l'aliénation du vieux monde le principe même du spectacle : la non-intervention. On voit, à l'inverse, comme les plus valables des recherches révolutionnaires dans la culture ont cherché à briser l'identification psychologique du spectateur au héros, pour entraîner ce spectateur à l'activité, en provoquant ses capacités de bouleverser sa propre vie. La situation est ainsi faite pour être vécue par ses constructeurs… » *situations : « il faut faire reculer partout le malheur…il faut définir de nouveaux désirs... nous devons construire des ambiances nouvelles…notre idée centrale est celle de la construction de situations, c'est à dire la construction concrète d'ambiances momentanées de la vie, et leur transformation en une qualité passionnelle supérieure. Nous devons mettre au point une intervention ordonnée sur les facteurs complexes de deux grandes composantes en perpétuelle interaction : le décor matériel de la vie ; les comportements qu'il entraîne et qui le bouleversent. » 2 - Préliminaires pour une définition de l'unité du programme révolutionnaire (Juillet 1960) Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 10 Plate-forme de discussion dans l'IS et pour sa liaison avec des militants révolutionnaires du mouvement ouvrier (dont Pouvoir Ouvrier de C. Castoriadis après la scission de Socialisme ou Barbarie). Le capitalisme, société sans culture « … le monde de la consommation est en réalité celui de la mise en spectacle de tous pour tous, c'est à dire de la division, de l'étrangeté et de la non-participation entre tous…En dehors du travail, le spectacle est le mode dominant de mise en rapport des hommes entre eux. C'est seulement à travers le spectacle que les hommes prennent une connaissance -falsifiée- de certains aspects d'ensemble de la vie sociale, depuis les exploits scientifiques ou techniques jusqu'aux types de conduite régnants, en passant par les rencontres des Grands. Le rapport entre auteurs et spectateurs n'est qu'une transposition du rapport fondamental entre dirigeants et exécutants. Il répond parfaitement aux besoins d'une culture réifiée* et aliénée* : le rapport qui est établi à l'occasion du spectacle est, par lui-même, le porteur irréductible de l'ordre capitaliste. » ( l'essai de collaboration avec les mouvements révolutionnaires ouvriers, avant son abandon en 1961 (« thèses de Hambourg » non écrites concluant que « l'IS doit, maintenant, réaliser la philosophie » Septembre 61, évolution qui éloigna l'IS des préoccupations artistiques.) * réifiée et aliénée : réification et aliénation, voir note page 18 3 - Le déclin et la chute de l'économie spectaculaire marchande. Déc 1965 (IS n 10) Sur la révolte des habitants du quartier noir de Watts à Los Angeles en août 1965. « La révolte de Los Angeles est une révolte contre la marchandise (…) Les noirs de Los Angeles, comme les bandes de jeunes délinquants de tous les pays avancés (…) prennent au mot la propagande du capitalisme moderne, sa publicité de l'abondance. Ils veulent tout de suite tous les objets montrés (…) parce qu'ils veulent en faire usage. De ce fait ils en récusent la valeur d'échange, la réalité marchande qui en est le moule, la motivation et la fin dernière. (…) du fait que cette abondance est prise au mot, rejointe dans l'immédiat, et non plus indéfiniment poursuivie dans la course du travail aliéné et de l'augmentation des besoins sociaux différés, les vrais désirs s'expriment déjà dans la fête, dans l'affirmation ludique, dans le potlatch de destruction. L'homme qui détruit les marchandises montre sa supériorité humaine sur les marchandises. » III LE LIVRE : LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE (14/11/1967) 1 - Sommaire et extraits Ch I La séparation achevée (définition du spectacle et de la séparation) [1] Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles (…) ( Marx. Le capital. Livre I. Ch I. § I : La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste apparaît comme une gigantesque collection de marchandises…) [6] Le spectacle, compris dans sa totalité, est à la fois le résultat et le projet du mode de production existant. Il n'est pas un supplément au monde réel, sa décoration surajoutée. Il est le cœur de l'irréalisme de la société réelle. Sous toutes ses formes particulières, information ou propagande, publicité ou consommation directe de divertissements, le spectacle constitue le modèle présent de la vie socialement dominante (…) [20] (…) Le spectacle est la reconstruction matérielle de l'illusion religieuse. La technique spectaculaire n'a pas dissipé les nuages religieux où les hommes avaient placé leurs propres pouvoirs détachés d'eux : elle les a seulement reliés à une base terrestre (…) Le spectacle est la réalisation technique de l'exil des Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 11 pouvoirs humains dans un au-delà ; la scission achevée à l'intérieur de l'homme. ( Feuerbach) [25] La séparation est l'alpha et l'oméga du spectacle. L'institutionnalisation de la division sociale du travail, la formation des classes avaient construit une première contemplation sacrée, l'ordre mythique dont le pouvoir s'enveloppe dès l'origine. Le sacré a justifié l'ordonnance cosmique et ontologique qui correspondait aux intérêts des maîtres, il a expliqué et embelli ce que la société ne pouvait pas faire. (…) Le spectacle moderne exprime au contraire ce que la société peut faire, mais dans cette expression le permis s'oppose absolument au possible. Le spectacle est (…) la puissance séparée se développant en elle même, dans la croissance de la productivité au moyen du raffinement incessant de la division du travail. (…) Toute communauté et tout sens critique se sont dissous au long de ce mouvement. (…) [26] (…) La réussite du système économique de la séparation est la prolétarisation du monde. [30] L'aliénation* du spectateur au profit de l'objet contemplé (…) s'exprime ainsi : plus il contemple, moins il vit ; plus il accepte de se reconnaître dans les images du besoin, moins il comprend sa propre existence et son propre désir. (…) *aliénation : voir note page 11 [ Définition du prolétariat « spectaculaire » : [114]…(le prolétariat) n'est pas supprimé. Il demeure irréductiblement existant dans l'aliénation intensifiée du capitalisme moderne : il est l'immense majorité des travailleurs qui ont perdu tout pouvoir sur l'emploi de leur vie, et qui, dès qu'ils le savent, se redéfinissent comme le prolétariat, le négatif à l'œuvre dans cette société. (….) ] Chap II La marchandise comme spectacle (le spectacle est l'aboutissement du développement de la marchandise) [36] C'est le principe du fétichisme de la marchandise, la domination de la société par « des choses suprasensibles bien que sensibles », qui s'accomplit absolument dans le spectacle, où le monde sensible se trouve remplacé par une sélection d'images qui existe au-dessus de lui, et qui en même temps s'est fait reconnaître comme le sensible par excellence. [ Le caractère fétiche de la marchandise et son secret K. Marx Le Capital Livre I, Chap I, §4 … Tant qu'elle est valeur d'usage, elle ne comporte rien de mystérieux (…). Mais dès qu'elle entre en scène comme marchandise, elle se transforme en une chose sensible suprasensible. (….) D'où provient donc le caractère énigmatique du produit du travail dès qu'il prend la forme-marchandise? Manifestement de cette forme même. L'identité des travaux humains prend la forme matérielle de l'objectivité de valeur identique des produits du travail. La mesure de la dépense de force de travail humaine par sa durée prend la forme de grandeur de valeur des produits du travail. (…) Ce qu'il y a de mystérieux dans la forme-marchandise consiste donc en ceci qu'elle renvoie aux hommes l'image des caractères sociaux de leur propre travail comme des caractères objectifs des produits du travail eux-mêmes, comme des qualités sociales que ces choses posséderaient par nature : elle leur renvoie ainsi l'image du rapport social des producteurs au travail global, comme un rapport social existant en dehors d'eux, entre des objets. C'est le quiproquo qui fait que les produits du travail deviennent des marchandises, des choses sensibles suprasensibles, des choses sociales. (…) J'appelle cela le fétichisme, fétichisme qui adhère aux produits du travail dès lors qu'ils sont produits comme marchandises. (…) ] Note sur les notions de réification et d'aliénation. Réification, ou chosification, notion introduite par G. Lukàcs (Histoire et conscience de classe 1923 ; et 1960 en français) pour généraliser l'analyse du fétichisme de la marchandise à l'ensemble de la société. Ce phénomène, situé dans la conscience, transforme toute activité humaine en chose. Il rapprochait ce résultat du mécanisme de l'aliénation, pour laquelle il conservait Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 12 l'identification hégélienne entre aliénation et objectivation, alors que chez Marx il s'agissait d'objectivation naturelle mais d'aliénation capitaliste. Plus tard, en 1967, il revint sur cette identification qu'il caractérisait comme une « grossière erreur », à laquelle il attribuait cependant le succès de son livre et son influence sur la naissance de l'existentialisme. Aliénation est un mot « hôpital » où viennent coucher tous nos malaises, comme le dit joliment Paul Ricoeur dans son article d'Encyclopedia Universalis de 1968. Cette notion, mais avec des sens différents, est centrale dans différents domaines et auteurs : en droit romain pour le transfert de propriété, en théologie et gnose comme aliénation-extériorisation de l'absolu, chez Hobbes et Rousseau au sens de contrat où s'aliène le pouvoir politique de l'individu, chez Hegel où l'aliénation-déperdition de « la conscience malheureuse » est la perte de soi dans un autre. Feuerbach (Essence du christianisme 1841) utilise la notion hégélienne en divisant la nature humaine entre l'être individuel et son essence humaine transcendée en essence divine. Marx (dans Le Capital) transpose justement cette attitude « religieuse » au fétichisme de la marchandise. Son concept d'aliénation superpose l'aliénationvente du droit romain (qui avait été re-analysé et précisé par Hegel) à l'aliénation-déperdition créée par Hegel. Cependant Marx « renverse » la notion hégélienne : pour lui c'est le discours philosophique qui est aliéné, « l'aliénation est à l'intérieur de la pensée elle-même, c'est à dire l'opposition de la pensée abstraite et de la réalité sensible » (écrits de 1844 publiés en 1932). G. Debord hérite de cette double signification en se référant à Hegel, Feuerbach, Marx et Lukàcs. Il constate l'aliénation comme phénomène central de la société et cause de sa conformation spectaculaire-marchande. [40] (…) L'indépendance de la marchandise s'est étendue à l 'ensemble de l'économie sur laquelle elle règne. L'économie transforme le monde, mais le transforme en monde de l'économie. (…) [42] Le spectacle est le moment où la marchandise est parvenue à l'occupation totale de la vie sociale. Non seulement le rapport à la marchandise est visible, mais on ne voit plus que lui : le monde que l'on voit est son monde. (…) [40] (…) L'abondance des marchandises, c'est à dire du rapport marchand, ne peut être plus que la survie augmentée. [47] (…) C'est la réalité de ce chantage, le fait que l'usage sous sa forme la plus pauvre (manger, habiter) n'existe plus qu'emprisonné dans la richesse illusoire de la survie augmentée, qui est la base réelle de l'acceptation de l'illusion en général dans la consommation des marchandises modernes. Le consommateur réel devient consommateur d'illusions. La marchandise est cette illusion effectivement réelle, et le spectacle sa manifestation générale. [52] Au moment où la société découvre qu'elle dépend de l'économie, l'économie, en fait, dépend d'elle. Cette puissance souterraine, qui a grandi jusqu'à paraître souverainement, a aussi perdu sa puissance. (…) Le sujet ne peut émerger que de la société, c'est à dire de la lutte qui est en elle-même. (…) [53] La conscience du désir et le désir de la conscience sont identiquement ce projet qui, sous sa forme négative, veut l'abolition des classes, c'est à dire la possession directe des travailleurs sur tous les moments de leur activité. Son contraire est la société de spectacle, où la marchandise se contemple ellemême dans un monde qu'elle a créé. Chap III Unité et division dans l'apparence ( la société du spectacle, falsification de la vie sociale) [62] (…) Là où s'est installée la consommation abondante, une opposition spectaculaire principale entre la jeunesse et les adultes vient en premier plan des rôles fallacieux : car nulle part il n'existe d'adulte, maître de sa vie, et la jeunesse, le changement de ce qui existe, n'est aucunement la propriété de ces hommes qui sont maintenant jeunes, mais celle du système économique, le dynamisme du capitalisme. Ce sont des choses qui règnent et qui sont jeunes ; qui se chassent et se remplacent elles-mêmes. Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 13 [69] Dans l'image de l'unification heureuse de la société par la consommation, la division, la division réelle est seulement suspendue jusqu'au prochain nonaccomplissement dans le consommable. Chaque produit particulier qui doit représenter l'espoir d'un raccourci fulgurant pour accéder enfin à la terre promise de la consommation totale est présenté cérémonieusement à son tour comme la singularité décisive. (…) l'objet dont on attend un pouvoir singulier n'a pu être présenté à la dévotion des masses que parce qu'il avait été tiré à un assez grand nombre d'exemplaires pour être consommé massivement. Le caractère prestigieux de ce produit quelconque ne lui vient que d'avoir été placé un moment au centre de la vie sociale, comme le mystère révélé de la finalité de la production. L'objet qui était prestigieux dans le spectacle devient vulgaire à l'instant où il entre chez ce consommateur, en même temps que chez tous les autres. Il révèle trop tard sa pauvreté essentielle, qu'il tient naturellement de la misère de sa production. Mais déjà c'est un autre objet qui porte la justification du système et l'exigence d'être reconnu. Les autres chapitres Chap IV Le prolétariat comme sujet et comme représentation Analyse historique des révolutions depuis deux siècles : la seule réussie, mais par la bourgeoisie, celle de 1789 ; toutes les autres perdues ou déviées dans leurs résultats. Une redéfinition du prolétariat : .. « il est l'immense majorité des travailleurs qui ont perdu tout pouvoir sur l'emploi de leur vie, et qui, dès qu'ils le savent, se redéfinissent comme le prolétariat, le négatif à l'œuvre dans cette société » [114]. Cette phrase [124], placée à la fin du film La Société du Spectacle : « La théorie révolutionnaire est maintenant ennemie de toute idéologie révolutionnaire, et elle sait qu'elle l'est. » Idée présente déjà dans les thèses de Hambourg de 1961 (voir précédent : années 1957-61 de la vie de G.D.) Chap V Temps et histoire et Chap VI Le temps spectaculaire G.D. y distingue (comme Marx, Lukàcs), dans la vie des sociétés, un temps de base, cyclique (celui de la vie ordinaire, des saisons, des âges,…) et un temps historique plus long et aléatoire, celui des grands événements (dont les guerres, les régimes politiques,…). Il résume rapidement l'analyse du temps historique depuis l'antiquité, temps irréversible qui contrarie la vie. « Le temps est l'aliénation nécessaire, comme le montrait Hegel, le milieu où le sujet se réalise en se perdant, devient autre pour devenir la vérité de lui-même. Mais son contraire est justement l'aliénation dominante, qui est subie par le producteur d'un présent étranger. Dans cette aliénation spatiale, la société qui sépare à la racine le sujet et l'activité qu'elle lui dérobe, le sépare d'abord de son propre temps. (…) [161] Chap VII « L'Aménagement du territoire » Après le temps, l'espace. Cette expression administrative, neuve et courante à l'époque de la rédaction de la S du S, est utilisée ici au sens où il faut tout refaire pour « soumettre l'espace au temps vécu. » Chap VIII La négation et la consommation dans la culture « La fin de l'histoire de la culture se manifeste par deux côtés opposés : le projet de son dépassement dans l'histoire totale, et l'organisation de son maintien en tant qu'objet mort, dans la contemplation spectaculaire. L'un de ces mouvements a lié son sort à la critique sociale, et l'autre à la défense du pouvoir de classe. » La méthode critique a un style à pratiquer : celui du détournement [voir « mode d'emploi », plus haut, en 1956]et du renversement du génitif fort pratiqué par Marx. Un exemple de détournement : Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 14 « Quand l'art devenu indépendant représente son monde avec des couleurs éclatantes, un moment de la vie a vieilli, et il ne se laisse pas rajeunir avec des couleurs éclatantes. Il se laisse seulement évoquer dans le souvenir. La grandeur de l'art ne commence à paraître qu'à la retombée de la vie. » (Où on reconnaît, transposées, les dernières phrases de la préface à la philosophie du droit de F. Hegel). Chap IX L'idéologie matérialisée « Le spectacle est l'idéologie par excellence, parce qu'il expose et manifeste dans sa plénitude l'essence de tout système idéologique : l'appauvrissement, l'asservissement et la négation de la vie réelle. (…) C'est le stade suprême d'une expansion qui a retourné le besoin contre la vie. « Le besoin d'argent est donc le vrai besoin produit par l'économie politique, et le seul besoin qu'elle produit. » (Marx). Le spectacle étend à toute la vie sociale le principe que Hegel (Realphilosophie) conçoit comme celui de l'argent : c'est « la vie de ce qui est mort, se mouvant en soi-même ». »[215] ORA ET LABORA Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 15 DÉCOUVREZ NOTRE AUDIOTHÈQUE pour télécharger cette conférence, celles de la bibliographie et des centaines d’autres Tous nos cours et conférences sont enregistrés et disponibles dans notre AUDIOTHÈQUE en CD et DVD. 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Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 16 POUR APPROFONDIR CE SUJET, NOUS VOUS CONSEILLONS - Les cours et conférences sans nom d’auteurs sont d’Éric Lowen - Conférences sur cette période - Le mouvement des droits civiques américains, la deuxième révolution américaine - Le printemps de Prague, la révolution écrasée - Mai 68, révolution sociologique 1000-109 1000-168 1000-117 Conférences sur l’histoire de la philosophie - Héraclite et le devenir - Démocrite et l’atomisme - Le théâtre de la variété ou la démocratie athénienne selon Platon, par Noémie Villacéque - Aristote et l’éthique à Nicomaque - La philosophie du plaisir d’Épicure - Épicure et le plaisir, par Yves Belaubre - La grande bibliothèque d’Alexandrie - Sénèque et le stoïcisme romain - Avicenne et la raison, par Dominique Urvoy - L'apport de la civilisation arabe au moyen-âge, un héritage remis en cause par l'ouvrage de Sylvain Gouguenheim, par Habib Samrakandi - Montaigne et l’humanisme - Vanini, philosophe méconnu, méprisé, diabolisé, par Matthias Klemm - Descartes et la méthode, par Mickaël Dubost - Spinoza et le bonheur, par Mickaël Dubost - Leibniz et la question du mal, par Mickaël Dubost - Hume et l’habitude, par Mickaël Dubost - Condillac et la sensation, par Mickaël Dubost - L’Encyclopédie et la philosophie des Lumières - Voltaire et la religion - Voltaire et l’affaire Calas - La singularité philosophique de Jean-Jacques Rousseau, par Éliane Martin-Haag - Adam Smith et l’économie, par Jacques Passerat - Olympe de Gouges, héritière des lumières, par Betty Daël - Kant et l’absolu, par Mickaël Dubost - Victor Schœlcher, l’homme de l’abolition française de l’esclavage - Victor Hugo, mystique de la liberté et du progrès - Nietzsche ou le combat contre l'utopie et la réalité chrétiennes, par Yannick Souladié - Dostoïevski face à l’athéisme, par Yannick Souladié - Bernard Bolzano corrige Kant, par Ghislain Vergnes - William Morris : socialisme et design, par John William - Jaurès, un philosophe majeur, par Jordi Blanc - Jaurès et la loi 1905 sur la laïcité - Wittgenstein, entre Vienne et Cambridge, par Yoann Morvan - Teilhard de Chardin et l’évolution - Saint-Exupéry, vie et oeuvre philosophique - Vercors, à la quête de la dignité humaine - George Orwell et la dénonciation des totalitarismes - Camus ou la voie de la sagesse, par Christiane Prioult - Logique et épistémologie dans l’œuvre de Carnap, par Xavier Verley - Marguerite Yourcenar, l’itinéraire d’une sage, par Valéria Rousseau - Marguerite Yourcenar, l’écriture du “moi” dans le labyrinthe du monde, par Valéria Rousseau - Sartre et l’existentialisme - Guy Debord : la philosophie subversive réalisée, par Ghislain Vergnes - Popper et la connaissance, par Mickaël Dubost - Jean-Pierre Vernant et l’hellénisme 1000-141 1000-130 1000-212 1000-176 1000-203 1000-165 1000-013 1000-007 1000-131 1000-241 1000-040 1000-234 1000-137 1000-138 1000-139 1000-147 1000-155 1000-074 1000-156 1000-129 1000-224 1000-166 1000-087 1000-158 1000-133 1000-112 1000-220 1000-240 1000-088 1000-222 1000-228 1000-218 1000-153 1000-067 1000-019 1000-113 1000-123 1000-144 1000-239 1000-124 1000-207 1000-149 1000-211 1000-135 1000-235 Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 17 Conférences autour de ce sujet - Qu’est-ce que la philosophie ? - Introduction à toute philosophie - Ce que n’est pas la philosophie ! - Qu’est-ce qu’une révolution ? Introduction à l’analyse comparée des révolutions 1600-176 1600-225 1600-230 Ouvrages de Guy Debord - « Guy Debord. Œuvres », 2000 pages, Quarto Gallimard 2006 - Les six films en DVD, Gaumont vidéo 2005 - Correspondance, 3 volumes, Édition Arthème Fayard, 2001 Ouvrages sur Guy Debord - Les tombeaux de Guy Debord, Jean-Marie Apostolidès, - Portrait de Guy Debord en jeune libertin, personnage de deux romans de Michèle Bernstein. Le fond existentiel de Guy Debord, Flammarion 2006 - «De la misère en milieu étudiant…», Éd. Gulliver 1995. 2005, document historique et toujours réjouissant. - Mémoires de Guy Debord, 1993 et 2004, Éd. Allia, Illustrations d'Asger Jorn, Décryptage indispensable : “Pour Mémoires“, Boris Donné, Éd. Allia 2004 - Guy Debord - Essai, Anselm Jappe, traduit de l'italien, paru en 1993, analyse critique de la pensée de G.D., Denoël 2001 - Internationale Situationniste, Fac-similé des douze numéros de la revue publiée de 1958 à 1969, Van Gennep,,Historique et pesant, pour l'étude désormais, Amsterdam 1970 Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 18