09-10-12 Le Petit Journal

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09-10-12 Le Petit Journal
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CINEMA ‐ "Le Fils de l´Autre", un film fait de défis quotidiens
Écrit par Lisbonne Le film "Le fils de l´Autre" vient d´être présenté dans le cadre de la Fête du cinéma français à Lisbonne (4 octobre au 9 novembre). Un long métrage paru en France en Avril 2012 et qui nous raconte le drame vécu par deux familles, l’une israélienne d’origine française vivant à Tel‐aviv, et l’autre palestinienne, habitant un petit village de l’autre côté du mur. Alors que Joseph (Jules Sitruk) atteint l’âge de faire son service militaire, ses parents (Pascal Elbé et Emmanuelle Devos) découvrent qu´il n´est pas leur fils biologique.
Troublante et ‐apparemment‐ invraisemblable révélation du médecin de l’hôpital, les deux bébés ont été échangés à la naissance. Comment ces deux familles vont‐elles parvenir à surmonter cette situation ? Comment les deux garçons vont‐ils apprendre à vivre avec "l’étranger" qui est en eux et réapprendre à reconsidérer leur appartenance familiale sociale et religieuse ?
(Photos : Rapsodie Production)
Un film qui pose la question de l’identité ainsi que de notre rapport à "l’étranger". Un film qui se veut porteur d’espoir, d’une jeunesse qui semblerait capable de dépasser un conflit politique qui se prolonge depuis des décennies pour ne pas dire plus. Une belle et touchante interprétation de tous les acteurs, qui nous transporte avec justesse et finesse dans leur émotion. Leurs regards, leurs silences, leurs paroles nous interpellent et nous touchent tout au long du film. Chacun est libre de croire ou non à l’histoire. Un souffle d’espérance, même si on peut le qualifier de naïf et utopique.
La réalisatrice Lorraine Lévy, la productrice Virginie Lacombe et les acteurs Pascal Elbé et Jules Sitruk sont venus à Lisbonne pour la présentation du film. Ils nous ont accordé une interview que nous vous invitons à lire.
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Lepetitjournal.com/Lisbonne : Comment c’est passé le tournage en Israël et avez‐vous pu tourner dans de vraies conditions ?
Lorraine Lévy : Nous avons tourné au pied du mur c’est le vrai mur, on a tourné dans des vraies conditions, le seul décor que l’on a reconstitué c’est le check‐point parce que évidemment ce n’était pas possible autrement pour des raisons de sécurité. Mais on l’a reconstitué à l’identique, sinon tous les endroits où nous avons tourné sont des vrais endroits.
Et les acteurs, ce sont des acteurs choisis là‐bas, avez‐vous tourné avec la population locale ?
Absolument. Quand on arrivait quelque part on avait envie de s’intégrer à la population, mais aussi de demander à cette population : "Est ce que vous avez envie de venir avec nous ?". Ça nous a aussi ouvert beaucoup de portes. Par exemple, quand on est allé dans le village des Al‐Bezaz, la voisine qui joue la vieille dame fait partie des gens du village. Et ça les amusait, ils n’avaient jamais vu une caméra de leur vie. Cette femme qui joue la voisine, elle avait un naturel extraordinaire, elle ne voulait plus quitter la caméra, donc à chaque fois on a travaillé avec les gens de là‐bas.
Le message de votre film est porteur d’espoir, est ce que concrètement sur le terrain vous avez pu être en phase avec cette idée ?
En fait c’était vraiment faire ce film, comme j’avais envie qu´il existe, c’est à dire dans cette fraternité, et c’est vrai que l´ambiance avec l’équipe était incroyable. Une équipe c’est 80 personnes, avec une poignée de français que j’avais amené avec moi, il y avait des juifs israéliens, il y avait des arabes israéliens et puis il y avait des arabes palestiniens. Donc toutes ces communautés ensembles ont travaillé, ont fait le film. J’avais demandé que tout le monde ait le scénario traduit dans toutes les langues. Pour pouvoir savoir s’ils avaient envie de cautionner le film. À partir du moment où ils étaient là c’est qu’ils en avaient envie.
(Photos : M.J. Sobral)
Est ce que votre scénario s’est modifié en fonction des conditions du terrain ?
Tous les jours cela évoluait, en fonction des discussions de ce que nous apprenaient les Israéliens et les Palestiniens sur leur quotidien. Je leur avais dit que je voulais faire un film 2
qui soit le plus vrai possible. J’ai appris plein de choses et c’est ces choses là que je retravaillais pour que ça corresponde.
Est ce que l’on peut dire que c’est un film fait de défi quotidien ?
Oui, c’est un film fait de défis quotidiens à tous les niveaux. D’abord un plateau cosmopolite où tout le monde ne parlait pas la même langue. Ensuite travailler sous un soleil de plomb. Parfois être dans des situations d’urgences et souvent délicates, comme tourné la nuit au pied du mur et recevoir des cailloux. Mais tout s’est bien passé car quand on avait des soucis avec les autorités israéliennes, les israéliens de l’équipe allaient plaider notre cause, et quand on avait des soucis avec les Palestiniens, les Palestiniens de l’équipe nous aidaient. Quelle image vous gardez du tournage ?
C’est ma plus belle expérience. Moi et mon équipe on est tous repartis avec une nostalgie et un manque, un vide, tellement ce tournage a été source de plénitude, d’échange. On ne peut pas s’amuser à faire semblant.
Comme c’est un film qui traite de l’identité et de l’altérite, comment vous en tant qu’acteur, vous vivez votre changement de personnalité ? Est ce que vous avez des rituels pour entrer dans vos personnages ?
Pascal Elbé : disons que l´on rentre dans un costume, ce sont des petits détails qui aident à rentrer dans le personnage, le plateau, le rapport avec les acteurs. Et puis tout doucement les choses se mettent en place. C’est aussi de l’observation, j’ai interrogé des personnes qui travaillent à l’armée. On observe la façon de marcher, de se tenir. Et puis d’un coup ça conditionne le jeu, le phrasé. En réalité, comme acteur on est assez fourbe, même très menteur (rires), on peut vite se glisser dans la peau d’un nouveau. Pour moi, le cinéma c’est l’art du mensonge. Ce personnage israélien que vous interprétez comment l’avez‐vous vécu sur le terrain ?
Jules Sitruk : Ça a été un des tournages les plus compliqués pour moi. Déjà parce que je devais incarner un personnage israélien non français. C’était la première fois pour moi, il fallait que je respecte le plus possible les jeunes de là‐bas, que je respecte leur façon de parler, d’être, leur attitude. J’ai de la chance d’avoir de la famille là‐bas et puis j’ai rencontré 3
les acteurs là‐bas, les enfants des techniciens. J’ai tendance pour travailler mes rôles à demander autour de moi à des gens qui ont vécu ces situations, dans la mesure du possible. Aussi j’ai dû travailler les émotions, me raconter une histoire, en me demandant si cela m’arrivait à moi qu’est ce que cela me ferait ?
Pourquoi avoir fait ce film avec Lorraine Levy ?
Virginie Lacombe : Parce que je voulais fortement que ce film soit réalisé par une femme. Il n’y a pas beaucoup de réalisatrice en France. Lorraine faisait partie des personnes que j’ai contactées, elle m’a rappelé 4 jours après mon appel en disant je ne peux pas ne pas faire ce film. C’est comme ça que ça s’est passé avec Lorraine.
Produire un film en tenant compte de la réalité israélienne et palestinienne à tous les niveaux, comment cela s’est‐il passé ?
V. L. : Ça a été très difficile. Très dur à monter financièrement et puis sur place c’est un pays très difficile pour travailler. Un film avec un sujet tendu. Par exemple, les décors n’étaient pas faits avant. Il nous a manqué de l’argent pendant le tournage, et puis finalement on l’a trouvé. Mais, il est certain que j’étais très heureuse de faire ce film. Ça a été une vraie aventure humaine.
Est ce que vous allez recommencer à travailler avec Loraine ?
V.L : Oui, si tout va bien on devrait tourner le prochain film au mois de mai. Ça s’appelle
Annabelle Hooper, c’est le nom d’une femme jouée par Fanny Ardant et qui traite de la problématique mère‐fils. Un drame saupoudré d´un peu de comédie. Elsa Loupiac et Custodia Domingues (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) mardi 9 octobre 2012
En savoir plus : www.festadocinemafrances.com/13a/
"Le fils de l´autre" ce soir à L`Institut Fraçais du Portugal à 21h45
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