Musée du Malgré-Tout
Transcription
Musée du Malgré-Tout
CULTURE Le Soir Vendredi 11 avril 2014 28 Peter Gabriel dans les Kinepolis de Belgique le 24 avril avec le filmconcert Back To Front. © D.R. Miossec : « Pour moi, c’est fini les carambolages » Le nouvel album du Brestois paraît lundi « Ici-bas, ici même » est le titre du nouveau Miossec. C’est son meilleur à ce jour. Rencontre avec le chanteur brestois qui, apaisé, nous chante la vie. ENTRETIEN hristophe Miossec est chez lui à Bruxelles, même s’il n’y vit plus depuis qu’il est retourné en sa Bretagne natale. Vivant dorénavant face à la mer, il a réalisé chez lui, en compagnie d’Albin de la Simone, un disque apaisé. Celui d’un homme qui aura cette année 50 ans et le vit plutôt bien. Surtout depuis que sa santé préoccupante l’a obligé à lever le pied. Finis les carambolages. L’homme nous questionne, non sans humour et avec une tendresse infinie. Pour parler de son meilleur disque à ce jour, on a pris le temps d’un petit-déjeuner amical, à tête reposée. C Le précédent disque, « Chansons ordinaires », était un extrême, une envie toute punk de retrouver une énergie, un sang neuf, un esprit de jeune groupe. Ici, on est à l’opposé, avec une sérénité, un calme, une douceur… Ouais, le dernier disque, c’est vrai que c’était la dernière fois que je pouvais garder cette part d’adolescence qu’on a dans la musique. C’était une véritable envie. Et là, on est plus dans un questionnement aussi, d’un homme revenu de beaucoup de choses, à l’approche de ses 50 ans. Je me retrouve dans la situation de pouvoir faire le point, oui. Et d’avoir le temps aussi. C’est plutôt agréable. Il y a une obligation d’acceptation. Ceux qui n’acceptent pas leur âge ou le temps qui passe, sont très mal. C’est effrayant. J’ai des amis qui y vont tellement à reculons qu’ils se gâchent la vie de tous les jours en fait. C’est assez terrible. Moi, je trouve déjà bien d’arriver jusqu’à 50. C’est déjà un premier drapeau dépassé, c’est énorme. La vie t’a cabossé aussi, comme tu dis dans une chanson… J’ai toujours cherché des choses un peu comme ça, des carambolages. Mais je n’ai pas attendu la musique pour ça. Du mier roman m’a pulvérisé. « Mourir m’enrhume », aux éditions de Minuit. Dans son blog, il y a un aphorisme par jour, c’est drolatique et passionnant. Sinon, je suis en train de lire le bouquin sur Raymond Carver. On retrouve l’ami Stephan Eicher pour un texte… Il m’a fait beaucoup de L’ALBUM bien. Je suis passé chez lui pour travailler, prendre du plaisir. Il y a eu « Tout doit disparaître » sur son disque. On aime parler du métier. Il a de l’humour en plus. Ça fait du bien. C’est comment on se démerde avec le temps présent. Chanteur, c’est un sport en individuel. Dans les vestiaires, on Miossec, « Ici-bas, ici est tous seuls avec notre même » (PiaS). Sortie lundi raquette. On se pose les 14. Critique du disque dans mêmes questions : à le Mad de cette semaine. quoi on sert ? Il faut www.mad.lesoir.be oublier les radios, je pense. De toute façon, Dominique A ou moi, on n’a jamais eu d’air-play radio. C’est réservé à des Renan Luce, des Enfoirés… Moi musicalement, j’entends des choses bien en France mais pas dans le modèle parisien… Passer en radio peut vous tuer. On est un « D’avoir pu me trouver face à la mer, dans un endroit qui est celui de mon adolescence, en fait, c’est cohérent. » © ALBAN GROSDIDIER. peu à l’ombre des platanes, coup, c’est rigolo. C’est vrai Albin, on ne se connaissait pas Ce genre de phrases, c’est du né de voir que les fans connais- nous, et du coup on ne se fait qu’en ce qui me concerne, le avant de se croiser à un hom- gros jet. Pour ce disque, je me saient cette chanson qu’ils re- pas carboniser non plus. On est sous-exposés, c’est aussi agréapaysage est sacrément vallon- mage à Bashung. Au départ, je suis senti moins radin. Je pon- prenaient en chœur. ble. Je crois que faire un tube voyais pas ce que deux chan- dais dix ou douze feuillets pour né. teurs pouvaient fabriquer en- chaque chanson. Quand on Est-il prévu de poursuivre cette est la pire chose qui puisse vous arriver quand vous débutez. Si semble. J’ai découvert en fait le trouve le rythme, c’est qu’on est collaboration ? « Samedi soir au Vauban », fou de musique. J’avais mes en forme. Après, il y a du tra- Non. Mais j’habite à Locmaria- vous ne répétez pas la formule, faire la fête, c’est fini, non, là ? Plouzané, je suis très bien là- vous êtes mort. Ce disque-ci, morceaux et à trois, on a vrai- vail, il faut resserrer tout ça. Sinon sur scène… bas. Je ne tiens pas à péter plus dans la production, rien n’est Non, j’y vais en organisant des ment mis ensemble les mains haut que mon nez et à m’em- fait pour les radios. J’ai pas trucs, des anniversaires de co- dans le cambouis, dans les ar- Il y a beaucoup de philosophie merder la vie non plus. mis une boîte à rythmes ou un pains ou aller au contact sur rangements. J’avais en tête de et de sagesse dans ce disque, synthé 80’s. On a fait du léger. scène, là c’est drôle. Charles, le chanter plus grave, plus laid- du « carpe diem »… France Inter, ça me convient proprio, est mon ami. Quand back. En tant que chanteur, j’ai À la petite semaine, oui. Quand Beaucoup de gens finalement j’ai cherché une maison, j’ai dit toujours trouvé que j’étais une t’es chanteur, la répétition est chantent du Miossec. Voilà une parfaitement. à l’agence que cela devait être à sorte d’imposture ambulante, terrible. Le registre chansons belle productivité ! plus de 20 kilomètres du Vau- qui survit malgré tout, se trim- d’amour, ça devient encombré, Du coup, il faut nourrir la ma- Sur la pochette, tu surnages j’ai l’impression. Il faut chine. D’avoir du temps libre, plus que tu ne te noies… ban. Maintenant Charles a dé- balle. ménagé et il est dans le même Et là, avec lui, je me sentais prendre des chemins de tra- de se goinfrer de bouquins et de J’avais les pieds en l’air et la plus assuré, plus reposé. verse, aller faire du bracon- journaux, ça aide. Mais sans flotte rentrait dans le nez. Mon bled que moi. discipline de fer, j’aime que ça amie Catherine a repéré ce phoQuand je pousse la voix, je nage… reste chaotique. tographe sur le net. Alban perds en crédibilité… Mais, La mer, ça apaise ? Grosdidier est un Français de C’est le problème que j’avais bon, sur scène, je vais tout de Bravo pour la Victoire de la Et la prose, comme Dominique 23 ans qui vit à Copenhague et avant, c’est pour ça que le même secouer non pas le coco- Musique de « 20 ans », obteA ou Grand Corps Malade ? qui a fait une série intitulée disque était électrique. Le feu tier mais le sapin, comme ils nue via Johnny au nez et à la Non, j’ai trop de respect pour la « Drowning »… Je voulais de la de cheminée, c’est bien mais tu disent. Il y aura chœurs, vio- barbe de notre Stromae… peux l’avoir partout. D’avoir loncelle, marimbas. Frontale- C’est juste mathématique. Stro- littérature. Écrire un roman et flotte et qu’on ne me reconpu me trouver face à la mer, ment, ça ne ressemblera pas à mae avait deux chansons, donc être signé par une maison naisse pas. On dirait un macdans un endroit qui est celui de un groupe de rock. Il y a une les votes se sont divisés. C’est d’édition, c’est très facile. C’est chabée au fond d’un lac. mon adolescence, en fait, c’est obligation pour un chanteur à pour ça que Johnny a gagné. Je comme les journalistes. Je ■ cohérent. C’est agréable, du l’infidélité, je trouve. À moins n’ai jamais rien reçu étant don- pense que si on postait anonyPropos recueillis par coup, d’inviter les gens chez soi d’avoir un filon et de rester sur né que je suis chez PiaS. Les mement, ça ne paraîtrait jaTHIERRY COLJON Victoires, c’est quand même un mais. J’ai un peu travaillé en pour faire le disque. Albin ou place. sacré truc de margoulins, avec édition. La valeur littéraire n’a Miossec sera en concert le 16 octobre à l’ingénieur du son pouvaient les majors qui se partagent le rien à voir là-dedans. J’aime l’Eden de Charleroi, le 17 au Centre dormir à la maison, regarder « On est plus beau vivant que gâteau. Ça m’a fait bien marrer beaucoup Éric Chevillard qui a culturel de Bastogne, le 18 au Théâtre la mer. Il n’y a pas de saletés mort » dit la chanson « Nos ceci dit. En tournée, j’étais éton- le même âge que moi. Son pre- 140. d’enfants pour les réveiller… morts »… © D.R. MUSIQUES Musée du Malgré-Tout Treignes archeo2014.be www.museedumalgretout.be džƉŽƐŝƟŽŶ ũƵƐƋƵ͛ĂƵϮϭĂǀƌŝůϮϬϭϰ sĞƐƟŐĞƐ gallo-romains dans la vallée des Eaux-Vives 28