Abus sexuel

2014-10-09
Divulgation de l’enseignant/du présentateur
• Enseignant : Katie Cyr
• Relations avec des intérêts commerciaux :
– Subventions/soutien à la recherche : aucun
– Bureau des conférenciers/honoraires : aucun
– Frais de consultation : Non applicable
– Autres : Employée Université de Montréal, Centre de la
jeunesse et de la famille Batshaw
Divulgation de soutien commercial
• Soutien commercial : aucun
• Conflits d’intérêt potentiels : aucun
Atténuation des sources potentielles de partialité
• Non applicable
L'abus et la violence
dans la fratrie
Par Katie Cyr, Ph. D.
Hôpital de Montréal pour enfants
programme de Soutien à la pratique professionnelle
15 octobre 2014
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Une problématique négligée
• Souvent minimisée, ignorée, normalisée
“Il faut que jeunesse se passe”
“La rivalité dans la fratrie est normale”
“Ce n’est qu’une dispute”
“ Il ne voulait pas réellement blesser son frère, il aime son frère”
“Ce ne sont que des enfants”
“Tous les enfants jouent au docteur”
“Les enfants se traitent toujours de noms”
“Cela forge le caractère”
• Peu documentée dans les statistiques policières
–
Le parent ou la victime doit porter plainte contre la fratrie
• Si minimisée que certains parents abuseurs utilisent
la fratrie pour cacher leur responsabilité…
Croyances communes
• Les enfants sont plus impulsifs,
connaissent moins les normes,
sont moins aptes à prévoir les
conséquences possibles : ils n’ont
pas une intention coupable
• Impulsivité, manque de contrôle
de soi, normes non intériorisées,
différences de force et de taille:
les enfants pourraient être plus
menaçants et causer plus de
blessures
• Les enfants et jeunes victimes
sont perçus comme étant moins
affectés
• Pourrait avoir un impact sur la
trajectoire développementale
• La violence dans la fratrie est
commune, “normale”, il n’y a pas
d’intention criminelle ou
d’intention réelle de causer du
tort
• L’aspect “normal” de la violence
peut affecter le sentiment de
sécurité de l’enfant, les contacts
sont continuels et il peut être
plus ardu de faire face au trauma
Finkelhor, Turner & Ormrod, 2006
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Quelques données
• La violence dans la fratrie est la forme de violence intrafamiliale
la plus commune (Caspi, 2011; Goowin & Roscoe, 1990; Straus & Gelles, 1990)
• Entre 60% et 80% des enfants seraient victimes
• Recherche de Hoffman et al (2005) chez des 17-19 ans
– 69% ont commis un acte de violence sur la fratrie au secondaire
• Pousser, bousculer, attraper (60%); menace de/lancer un objet (40%),
frapper avec la main ou un objet (35%),
• Recherche de Finkelhor et al (2006) chez les 2-17 ans:
– 35% des enfants ont été frappés ou attaqués par la fratrie
– Plus courant chez les 6-9ans (pratiquement 45 %)
– 13% des victimes ont subi des blessures (Pairs = 33%)
– 6 % des victimes ont été frappés avec un objet (Pairs = 21%)
– La situation est chronique pour 40% des victimes (Pairs = 15%)
– Situation chronique pour 49 % des 2-9 ans: ils sont ceux ayant le plus de symptômes
 Dépendance/Interdépendance
Élèves du secondaire (n=651)
Nombre moyen d’actes
Giffler
Pousser, bousculer, agripper
Tenir au sol/retreindre physiquement
Grafigner
Tirer les cheveux/pincer
Menacer de frapper/de lancer objet
Frapper (avec ou sans objet)
Coup de poing
Coups de pieds/morsures
Pousser sur un mur ou au sol
Étrangler/Étouffer avec oreiller
Brûler
Battre
Menacer d’utiliser une arme
Usage d’une arme
A commis un de ces comportements
3.13
26 %
60 %
29 %
21 %
26 %
40 %
35 %
26 %
21 %
15 %
4%
0.6 %
4%
5%
2%
69 %
Frères (4.3)
Soeurs (32%)
Frères (71%)
Frères (59%)
Sœurs (33%)
Sœurs (37%)
Frères (48%)
Frères (43%)
Frères (49%)
Frères (28%)
Frères (37%)
Frères (10%)
Frères (12%)
Frères (9 %)
Frères (5 %)
Frères (78%)
Hoffman, K. L., Kiecolt, K. J., & Edwards, J. N. (2005). Physical violence between siblings:
A theoretical and empirical analysis. Journal of Family Issues, 26, 1103-1130. (p.1114)
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Étude auprès de jeunes
contrevenants (n= 111)
Acte commis
Coups de pieds/mordu sévèrement
Jamais
Une fois
2-5 fois
6-10 fois 11 et plus
27
7.2
16.2
27.9
21.6
Coups de poing sévère
19.8
9.9
16.2
36
18
Lancé avec force/objet coupant
42.3
13.5
7.2
20.7
16.2
Battu sévèrement
51.4
9
2.7
14.4
22.5
Tentative d’étranglement
61.3
13.5
10.8
10.8
3.6
Menacé au couteau
69.4
12.6
8.1
9
0.9
Blessé au couteau
80.2
9.9
5.4
4.5
0
Menacé avec arme à feu
80.2
7.2
8.1
4.5
0
A tiré avec arme à feu
90.1
7.2
1.8
0.9
0
Khan, R. & Cooke, D. J. (2008). Risk factors for severe inter-sibling violence: a preliminary study of a youth
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SINHA, M (2011). « La violence familiale envers les enfants et les jeunes déclarée par la police, 2009 », La
violence familiale au Canada : un profil statistique, produit no 85-224 au catalogue de Statistique Canada, Ottawa,
Centre canadien de la statistique juridique
Conséquences
• Troubles de comportements
• Relations négatives avec les pairs
• Usage de violence/tolérance envers la violence
– Transmission verticale, horizontale, cyclique
• Estime de soi, confiance envers les autres/méfiance
• Abus de substances, dépression, suicide/tentatives
• Perceptions, croyances, sentiments, attentes dans les
relations interpersonnelles
 Plusieurs conséquences persistent à l’âge adulte
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Abus physique
• Les formes les plus communes: être gifflé, frappé,
poussé, mordu, grafigné, pincé et se faire tirer les
cheveux (Wiehe, 1997).
• Certains sont frappés avec des objets (balai, cintre,
brosse à cheveux, ceinture, jouet, etc)
• D’autres sont menacés ou même poignardés
(ciseaux, verre brisé, couteaux, lames de rasoir…)
• Certains sont étranglés ou chatouillés…
Témoignage
Un conflit mineur se transformait en violence quand je
refusais de faire ce que mon frère me demandait de faire
ou lorsque nous avions une différence d’opinion. J’étais
secoué, frappé, gifflé et il me donnait des coups de pied. Je
n’étais jamais sévèrement blessé, mais il était tellement
enragé que j’avais toujours peur de lui. Je savais que ce qui
se passait était mal, mais je ne voyais pas cela comme de
l’abus à l’époque. J’ai bloqué les souvenirs liés à ces
incidents pendant plusieurs années et je ne les ai pas tous
retrouvés…
Témoignage d’un survivant de l’étude de Wiehe (1997)-traduction libre
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Distinguer l’abus physique
• Beaucoup d’enfants sont blessés physiquement en
jouant avec leur fratrie
– Lorsque cela est accidentel, il s’agit d’un seul épisode ou
d’un incident isolé.
• La réaction de la fratrie est révélatrice
• Comme pour plusieurs problématiques de violence,
le contrôle et le pouvoir sont au coeur de l’abus
• Les enfants victimes tentent d’éviter leur fratrie
• Certains enfants victimisés reproduisent l’abus sur
leur fratrie plus jeune
Abus psychologique
• Commentaires verbaux visant à ridiculiser, insulter,
menacer ou diminuer
• Rejetter, isoler, terroriser, exploiter
• La destruction d’objets personnels
– Peut inclure l’abus, la torture/la menace d’un animal
 Forme encore moins documentée mais chronique
 pas de traces visibles, comportement très normalisé
 Souvent en concomitance avec d’autres formes d’abus:
la menace est utilisée pour empêcher la divulgation
 Peut affecter estime de soi, relations interpersonnelles,
fonctionnement et bien-être psychologique général
 Théorie de l’étiquettage, prophétie qui s’autoréalise, être soi-même
abusif
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Abus sexuel
• La majorité des recherches sur l’inceste portent sur l’abus d’un
parent envers un enfant mais certains auteurs estiment que
l’inceste dans la fratrie serait 3 à 5 fois plus courant (Cole, 1983;
Finkelhor, 1978; Smith & Israel, 1987)
– Les victimes sont souvent menacées et ne divulguent pas
– Les familles hésitent à rapporter cette situation
– On perçoit qu’il s’agit d’exploration sexuelle “normale”
Il y a souvent concomitance (abus physique,
émotionnel)
• Recherches avec petits échantillons de victimes/d’abuseurs, souvent
non représentatifs, majorité de nature rétrospective, défis
méthodologiques
Abus sexuel
• Souvent graduel (ex: pornographie)
• Présenté comme un jeu/apprentissage/expérience
• Plusieurs ne réalisent pas se qui se passe :peuvent
sembler être consentants (consentement
passif/incapacité)
• Habituellement répétitif
– La victime est accessible et la victimisation est à long terme
 La victime se sentirait encore plus coupable (tu n’a pas dit non, tu
aimais…)
 Les conséquences sont similaires et même pires que
celles d’un enfant abusé par un parent mais…
 L’usage de la force?
 La pénétration, plus d’enfants, abus d’alcool (Cyr et al., 2002)
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Réactions parentales
Wiehe, V.R. (1997) Sibling Abuse, second edition, Sage, London, UK.
(p.87).
Réactions parentales
• Normalement, les parents interviennent lors de
situations d’abus par la fratrie, cependant…
–
–
–
–
–
Minimisation/indifférence
Blâmer la victime/ne pas la croire
Dans certains cas, peur de l’abuseur
Parfois les parents ne savent pas comment réagir
Abuser l’abuseur (apprentissage social,
représailles)
– Tendance à punir le plus âgé/fort/les deux enfants
– Rire de l’enfant
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Facteurs en cause
• Abus de pouvoir
• Différence de pouvoir (âge, physique, sexe) qui semble employée par
l’abuseur pour compenser son sentiment d’impuissance
• Attentes irréalistes
• Plusieurs situations d’abus se produisent lorsqu’on utilise un membre
de la fratrie pour le gardiennage
• Apprentissage social
• L’expérience (directe/indirecte) indique que la réponse violente
entraîne plus d’avantages que d’inconvénients; transmission
intergénérationnelle
• Parents submergés, familles dysfonctionnelles
• Abus de substances, santé mentale, problèmes conjugaux, financiers...
• Interventions inefficaces, normalisation
• La violence est instrumentale-mauvaise façon de résoudre les conflits
Normal VS abusif
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Le comportement est-il approprié à l’âge ?
Fréquence et durée
Le comportement peut-il victimiser?
Quel est le but du comportement?
Dans quel contexte cela se produit?
Le comportement est-il planifié ou spontané?
Cela s’est-il déjà produit dans le passé?
Quelle est la réaction de l’enfant abusif?
Est-ce que l’enfant abusif a déjà été confronté au
sujet de ce comportement?
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Prévention
•
•
•
•
•
•
Sensibilisation
Écouter les enfants et les croire
Supervision adéquate en l’absence des parents
Encourager une attitude ouverte (ex: sexualité)
Éducation sexuelle
Demander de l’aide s’il y a de l’abus dans la
fratrie au sein de la famille
• Récompenser les interactions positives dans la
fratrie
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Certains signes
Faible estime/image de soi, sentiment d’inutilité
Marques inexpliquées
Isolement, vit dans la fantaisie
Semble triste ou dépressif (isolement, énergie, parle de la mort)
Comportement dépendant/agressif
Peur d’être laissé seul avec la fratrie
Honte par rapport à son corps/sa sexualité
Jeux sexuels persistants/inappropriés avec les pairs/jouet/soi
Gêne, peur, méfiance
Comportement excessivement complaisant à la maison/école
Cauchemars, problèmes de sommeil
Régression
Idées suicidaires ou tentatives
Si signes d’abus sexuel, ne pas exclure la fratrie…
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Références
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