Rapport 2004 - Structures formelles du langage - UMR 7023

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Rapport 2004 - Structures formelles du langage - UMR 7023
UMR 7023
Structures formelles du langage :
Typologie, Acquisition, Poétique, Métrique
Rapport d'activité 2001-2004
Table des matières
1. Introduction (3-7)
2. Rapport de l’équipe : « Langues et grammaire » (8-13)
3. Rapport de l’équipe : « Syntaxe et morphologie minimaliste »(14-28)
4. Rapport de l’équipe : « Poétique et métrique » (29-34)
5. Rapport de l’équipe : « Acquisition » (35-45)
6. Rapport de l’équipe : « Langue des signes et formalisation de la
modalité visuo-gestuelle » (46-50)
2
1
Introduction
1.1
Présentation
Les membres de l’unité “Structures formelles du langage” partagent une conception de la
grammaire explicite impliquant l’expression formalisée de leurs hypothèses. Le projet
scientifique de la dernière période cherchait globalement à contribuer à la découverte des
principes organisateurs du langage à travers l’étude d’une très grande diversité de langues,
incluant les langues des signes et les lectes d’apprenants. Dans ces derniers cas, il s’agissait
bien sûr aussi de caractériser des systèmes linguistiques en évolution, préoccupation qu’on
retrouve à un autre niveau dans les recherches en diachronie menées par plusieurs membres de
l’unité.
La procédure adoptée (encore majoritaire en sciences du langage) est d’identifier des
principes à l’œuvre à différents niveaux d’analyse – phonologie, morphologie, syntaxe,
sémantique, discours – et de préciser leur interaction. On parle alors d’interfaces. Les enjeux
théoriques de la majorité des recherches de la dernière période se situent aux interfaces des
différents modules de la grammaire :
• interface phonologie/morphologie (morphologie concaténative et dérivationnelle)
• interface lexique/syntaxe (aspect lexical, auxiliaires, syntaxe de l’adjectif, structure
argumentale, grammaticalisation et changement syntaxique, paramétrisation)
• interface morphologie/syntaxe (flexion, détermination, cas morphologique des prédicats
nominaux)
• interfaces syntaxe/sémantique et syntaxe/discours (temps et aspect, finitude, ellipse,
structure fonctionnelle et interprétative du groupe nominal, (in)définitude, pronoms et
relations anaphoriques, réflexivité, topicalité et focalité, structure prédicative, typologie
propositionnelle).
Un point fort de la période à venir (cf. infra 7.2) sera l’analyse approfondie des interfaces
morphosyntaxe-sémantique et syntaxe-discours, et leur formalisation.
L’UMR est l’un des membres fondateurs de la nouvelle Fédération “Typologie et
universaux linguistiques” (TUL - FR 2559) du CNRS, et pilote depuis 2002 deux des
programmes fédéraux. Le premier programme s’intitule “Architecture de la phrase :
articulation et interprétation de la structure fonctionnelle”, dont les responsables sont HansGeorg Obenauer (UMR 7023) et Alain Kihm (UMR 7110 - U Paris 7). Le programme se
compose de trois volets, coordonnés respectivement par Hans-Georg Obenauer (“Le domaine
CP”), Brenda Laca (UMR 7023) et Patricia Cabredo-Hofherr (UMR 7023) (“Le domaine
TP”), et Alain Kihm (UMR 7110) et Ora Matushansky (UMR 7023) (“Le domaine DP”). 33
chercheurs de 9 équipes participent actuellement au programme. La typologie a été également
l’une des préoccupations centrales de l’équipe “Poétique et métrique”, qui pilote le deuxième
programme : “Typologie des formes poétiques” (Jean-Louis Aroui, UMR 7023) de la
Fédération Typologie et Universaux Linguistiques, auquel participent une quinzaine de
chercheurs.
Enfin, l’unité est rattachée à l’ÉD “Cognition, Langage, Interaction” (Paris 8) et y a
joué un rôle très dynamique dans la mesure où ses membres ont mis sur pied l’essentiel des
séminaires interdisciplinaires communs, et où ils ont conçu et mis en route la série des
“journées doctorales de l’ED”, pendant lesquelles des conférenciers appartenant aux
différentes disciplines représentées dans l’ED traitent d’un thème commun. Ainsi, les
premières journées, organisées par B. Laca (UMR 7023), avaient comme thème Le Temps.
1.2 Evolution et bilan des projets en référence au projet initial
On peut, au prix d’une simplification due aux contraintes d’espace, rendre compte des travaux
de la dernière période sous deux rubriques : (A) Diversité des langues et invariants ; (B) La
faculté de langage.
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A. Diversité des langues et invariants
L’unité accorde un intérêt égal à toutes les langues et se donne pour règle de s'appuyer
crucialement sur des données de première main (informateurs, corpus, terrain – que ce soit
en Italie du nord ou en Inde). Les travaux conduits ont d'ores et déjà permis de faire
avancer la description de langues génétiquement et typologiquement variées. On prendra
comme premier exemple le colloque organisé en février 2002 par l’équipe “Langues et
grammaire”, sur les théories linguistiques et les langues subsahariennes, dont les Actes
paraîtront en 2003 aux Editions l’Harmattan. Par ailleurs, certains chercheurs contribuent
à la description de langues (géographiquement) difficiles d’accès comme la famille de
langues mon-khmer en Inde (A. Daladier), ou bien le mundurucu, langue Tupi
d’Amazonie (P.Pica). La prise en compte des langues signées a élargi de façon cruciale
les perspectives de recherche.
Les analyses comparatives interlinguistiques constituent un point fort des recherches
sur la diversité des langues et des invariants, ce qui représente une contribution
significative aux travaux de la Fédération “Typologie et universaux linguistiques” (TUL FR 2559) du CNRS. Un aspect particulièrement original dans la méthodologie de ces
analyses est le fait d’étendre la comparaison à des langues génétiquement et
typologiquement très éloignées, sans prendre nécessairement les langues indoeuropéennes
les mieux décrites comme tertium comparationis. Par exemple, les trois domaines de
recherche de P. Cabredo-Hofherr - la comparaison des constructions passives et des sujets
pronominaux sans antécédent ; l'expression de la généricité présente dans certaines
constructions passives ; la syntaxe et l'interprétation du groupe nominal – sont abordés en
comparant les constructions des langues romanes (le français, l'italien, les dialectes
italiens, et l'espagnol) avec celles des langues germaniques (l'allemand et les langues
scandinaves), et des langues couchitiques (dont le somali). A partir de la comparaison
français/anglais, français/haïtien, français/malgache et de l’étude du wolof, A.Zribi-Hertz
établit une typologie des sources morphosyntaxiques des effets sémantiques participant de
la référence, par ex : « définitude », « spécificité », « anaphore », « disjonction
référentielle », « réflexivité », « partitivité », etc., ainsi qu’une typologie des pronoms. Un
fil conducteur de sa recherche est que ces effets sémantiques prennent tous leur source
dans la morphosyntaxe. Le numéro 31 des Recherches Linguistiques de Vincennes (avec
les contributions notamment de N.Aljovic, M. Barra, A. Daladier, L. Picabia, A. ZribiHertz, joint à ce rapport sous forme de CD-Rom) souligne les sources morphosyntaxiques
diverses de l’effet « défini » : topicalité, marqueurs locatifs, cas assigné par le verbe,
flexion enrichie. L’étude typologique des pronoms est abordée sous différents angles
complémentaires par plusieurs chercheurs de l’Unité. Les questions centrales sont celles
de la nature des expressions nommées pronoms (M. Barra, A. Daladier, L. Picabia), des
contraintes pesant sur leur interprétation : pronoms nuls (P. Cabredo Hofherr, O.
Matushansky), pronoms indéfinis ou « arbitraires » (P. Cabredo), effets de coréférence et
de disjonction référentielle (C. Jakubowicz, A. Zribi-Hertz) et de la position linéaire des
clitiques dits spéciaux (N. Aljovic, P. Sauzet, A. Zribi-Hertz).
4
Pour ce qui est du changement linguistique, une partie importante des recherches de
l’unité porte sur l’évolution des langues romanes. M. Russo analyse les parlers italiens et
romans, du point de vue de leur évolution et de leur fonctionnement synchronique. B.
Laca observe que les périphrases aspectuelles des langues romanes se distribuent sur deux
niveaux de structure, qui correspondent à l’expression de l’aspect syntaxique et à la
modification de l’Aktionsart. Le comportement « ambivalent » de certaines périphrases
s’explique par l’existence de syncrétismes, qui sont le résultat attendu des processus de
grammaticalisation conçus comme la « montée » d’informations temporelles vers des
niveaux plus hauts des configurations. Les recherches de M. Barra sur le changement
syntaxique en espagnol lui ont permis de développer une méthodologie de travail
innovatrice sur des corpus diachroniques et d'étayer une hypothèse générale sur le
changement syntaxique : ce ne sont pas les configurations ou les règles qui changent, mais
les traits formels codés dans les entrées lexicales, ce changement de traits pouvant être
déclenché par des évolutions dans la forme phonétique (type d'accent, structure syllabique
et frontières syllabiques, notamment). M.Barra a reçu en 2001 le prix Ménendez-Pidal de
la Real Academia Española pour ces travaux. Un deuxième type d’approche diachronique,
impliquant nécessairement la reconstruction, est représentée par les travaux de A. Daladier
sur divers aspects des langues munda et mon-khmer.
B. La faculté de langage
L’analyse comparative du vaste échantillon de langues mentionné plus haut incite à
s’interroger sur la nature de la faculté de langage. Trois équipes s’y consacrent selon trois
modalités différentes. Les recherches des membres de l’équipe “Développement d’une
théorie minimaliste de la syntaxe et de la morphologie” se situent dans le cadre théorique
de la grammaire générative. Ces travaux ont pour objet la “langue interne”, c’est-à-dire la
connaissance que le locuteur individuel adulte a de sa langue maternelle. Cette
connaissance est conçue dans son rapport avec la faculté de langage, dans une
modélisation comportant cette dernière comme état initial et la langue interne comme
résultat du processus d’“acquisition”, déclenché et partiellement guidé par
l’environnement linguistique. La théorie conçoit la diversité linguistique comme le résultat
de l’interaction de ce qui est constant et de ce qui varie (“principes” et “paramètres”, tous
deux impliquant des niveaux d’analyse abstraits par rapport aux données descriptives).
Cette interaction permet en principe de résoudre le “problème logique de l’acquisition”
(i.e. le fait que la connaissance acquise est largement sous-déterminée par les données
linguistiques primaires). Face au cadre des “Principes et paramètres” (Chomsky 1981 1993) - dont il maintient l’orientation générale - le “programme minimaliste” tente de se
limiter à un appareil analytique plus restrictif, pour satisfaire à des objectifs explicatifs
plus exigeants. Les membres de l’équipe « Syntaxe et morphologie minimaliste » adoptent
cette orientation programmatique dans leurs recherches sur la variation et les universaux
linguistiques, dans la perspective de mettre à l’épreuve les concepts et les outils
analytiques de la théorie.
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La dernière période a vu des analyses de phénomènes linguistiques d’une grande
variété dans des “langues” et “dialectes” très divers (langues et dialectes romans,
germaniques, celtiques, sémitiques, géorgien et autres langues ergatives, mundurucu). Ces
investigations contribuent à la modélisation de la langue interne et également de son
articulation avec ses interfaces. Ainsi, les recherches de H. Obenauer sur le typage
propositionnel ont conduit à la conclusion que, dans le cas général, les types de phrases ne
se distinguent pas de façon simple, mais que le typage propositionnel peut mettre en
œuvre l’interaction de plusieurs éléments, par ailleurs non nécessairement contigus. Un tel
résultat met en question une hypothèse courante selon laquelle un syntagme unique,
« Force », remplirait la fonction du typage propositionnel. Il s’avère au contraire que la
syntaxe code de façon détaillée les composants simples de « forces » sémantiques (parfois)
complexes. Cet affinement, basé sur une meilleure connaissance de la « périphérie » de la
proposition, résulte dans une correspondance très étroite entre constituants syntaxiques et
effets sémantiques. Parallèlement, les travaux de H. Obenauer et de J.-Y. Pollock –
conduits en partie en collaboration avec des chercheurs italiens – ont contribué à élucider
la structure fine et invariante de la périphérie gauche des questions (standard et non
standard) partielles et totales dans les langues romanes du nord-est. En fin de compte, ces
résultats constituent aussi une hypothèse sur la façon dont la faculté de langage des
humains ordonne les différentes catégories fonctionnelles qui peuvent ou doivent être
présentes dans les différents types de questions, aussi diverses dans leurs formes qu’elles
puissent être - questions avec ou sans inversion du sujet (clitique), questions
périphrastiques en ‘est-ce que’, questions sans déplacement des syntagmes interrogatifs
etc. Ces différents travaux font partie intégrante des recherches internationales qui ont
pour but de ‘cartographier’ les catégories fonctionnelles des niveaux supérieurs de la
proposition (IP et CP).
D’autres travaux conduits par des membres de l’équipe concernent le mécanisme du
mouvement des têtes (verbales, nominales, etc.) qui, dans la théorie syntaxique
contemporaine, joue un rôle central pour l’élucidation des structures fonctionnelles. Les
travaux d’O. Matushansky ont contribué à éclaircir des points problématiques de ce
mécanisme. Les travaux de P. Cabredo-Hofherr portent sur un aspect de la syntaxe des
groupes nominaux, à savoir l’analyse des sujets nuls, notamment sur leur légitimation par
des morphèmes d’accord, ainsi que sur le rôle syntaxique des sujets – apparemment
sémantiquement vides – dits explétifs. P. Pica a continué l’étude de la variation
linguistique dans une perspective qui distingue deux types de variation, l’une interne,
propre à la syntaxe étroite (narrow syntax), l’autre externe, qui met en jeu d’autres
modules cognitifs. Cette recherche porte sur deux domaines empiriques principaux, la
syntaxe des réfléchis à longue distance dans différentes langues et dialectes scandinaves et
en français, et les phénomènes de nombre et de quantification en mundurucu, langue à
absence apparente de quantifieurs forts et de numéraux au-delà de ‘cinq’.
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L’analyse de systèmes linguistiques “non-standard” – que ce soit les langues des
signes, les lectes d’apprenants de langue, ou de locuteurs souffrant de dysphasie – permet
de porter un autre regard sur la capacité linguistique du locuteur humain. Ces systèmes
sont typiquement moins stables que les langues (au sens saussurien) et nécessitent, pour
comprendre leur fonctionnement, une étude fine de leur mise en oeuvre dans la
communication. Ainsi, les recherches de l’axe “Langue des signes” se sont d’abord
orientées sur la sémiogénèse des langues des signes. Un premier volet a consisté à rendre
compte de la manière dont on passe des langues des signes primaires créées par des
personnes sourdes sans contacts linguistiques avec des communautés de sourds (I.
Fusellier-Souza) à des micro-langues pratiquées par un petit groupe de personnes sourdes,
communautés constituées au hasard de rencontres. Pour que de telles communications
soient possibles, on postule un ancrage perceptivo-pratique du langage mettant en oeuvre
un processus d'iconicisation de l'expérience. La langue des signes se développe dès lors
que les conditions sociales permettent de faire passer la population sourde (en tant que
communauté linguistique) de quelques centaines de personnes regroupées par hasard à
plusieurs dizaines de milliers, créant une histoire institutionnelle (comme la Langue des
Signes Française).
Le développement linguistique de ces langues montre, à partir d’un processus
d'iconicisation initial, ce que C. Cuxac a appellé une bifurcation. Une des branches de la
bifurcation a abouti à la création de structures très fortement iconiques permettant aux
locuteurs de dire tout en donnant à voir - en illustrant. Ces structures sont le résultat d'une
visée iconicisatrice qui consiste à anamorphoser faiblement au moyen de signes des
représentations imagées de scènes et de schémas d'actance. Les recherches de la dernière
période ont abouti à dresser un inventaire exhaustif de ces structures (ouvrage C. Cuxac
2000, M.-A.Sallandre) L'autre branche de la bifurcation qui ne fait que dire (sans montrer)
a donné lieu, au moyen de procédés structurellement économiques, à l'accroissement d'un
lexique standard à compositionnalité morphémique-iconique (C. Cuxac) ainsi qu'à des
résolutions syntaxico-sémantiques multilinéaires (signes, mimique faciale, regard,
mouvement de la tête et du corps sont sollicités ensemble dans la construction du sens) et
utilisant pertinemment l'espace de manière très originale (ouvrage Cuxac 2000). Cet axe
de recherches sémiogénétiques s'exprime dans le cadre d'un programme dirigé par
Christian Cuxac : “Les langues des signes : analyseurs privilégiés de la faculté de
langage”, retenu par le Ministère de la Recherche dans le cadre de son action incitative
"Cognitique 2000 - Langage et cognition".
Les travaux de l’équipe “Acquisition” s’interrogent aussi sur la nature de la capacité
linguistique initiale du locuteur humain et sur l’état final des connaissances de différentes
catégories de locuteurs. A la différence de l’équipe “Syntaxe et morphologie minimaliste”,
ces travaux posent la question du développement des connaissances linguistiques, et non
pas le problème logique de l’acquisition. Les travaux ont porté sur l’acquisition de la
langue maternelle par l’enfant normal ou dysphasique (L1), sur l’acquisition d’une
deuxième langue par l’adulte (L2), et comprennent des études comparant
systématiquement ces processus. Ces analyses ont porté très majoritairement sur
l’acquisition des langues romanes et germaniques, ce qui n’exclut pas les possibilités
d’élargissement à l’avenir.
On peut envisager le processus d’acquisition linguistique comme une interaction
complexe entre trois grands ensembles de facteurs qui sont :
(a) les capacités cognitives et perceptuelles du sujet apprenant ;
(b) l’environnement linguistique dans lequel se fait l’acquisition, et
(c) les motivations de l’apprenant.
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Ces facteurs interviennent très différemment dans le processus suivant le type d’apprenant
(en première approximation : enfant versus adulte, enfant ‘normal’ versus enfant atteint de
dysphasie du développement). L’une des différences les plus frappantes entre le processus
d’acquisition chez l’enfant de sa langue maternelle et chez l’adulte d’une L2 est son
résultat : à la différence de l’enfant, l’adulte atteint très difficilement la maîtrise de la L2.
En fonction du cadre théorique adopté, on explique cette différence en faisant appel
prioritairement à (a), ou (b), ou (c). Trois projets récents de l’équipe ont contribué à ces
débats en se concentrant sur :
I.l’interaction entre (a) et (b) chez l’apprenant adulte : Le tout début de l’acquisition :
le traitement initial d’une langue non-maternelle par l’apprenant adulte. (R. Rast,
avec la collaboration de C. Perdue et M. Watorek) ;
II.le rôle du développement cognitif de l’apprenant : Construction du discours par des
apprenants de langue, enfants et adultes, (APN 2JE454, CNRS : M. Watorek, avec
la collaboration de S. Benazzo, M. Lambert, E. Lenart, C. Perdue);
III.l’acquisition de la finitude chez l’enfant et l’adulte : Rôle de la finitude dans
l’acquisition des langues romanes et germaniques (PICS 1352, CNRS: C. Perdue,
avec la collaboration de S.Benazzo, M.Watorek).
(II) et (III) sont des programmes internationaux, en collaboration notamment avec
l’Institut Max-Planck für Psycholinguistik (Nimègue, Pays-Bas). Un quatrième projet
international (IV), associant l’équipe (en la personne de M. Lambert) et les universités
de Heidelberg et de Nijmegen, a mené des analyses comparatives approfondies sur les
productions narratives orales de locuteurs natifs et d’apprenants très avancés – voire
quasi-bilingues – afin de mieux comprendre le niveau de maîtrise terminal atteint par
ceux-ci.
Pour ce qui est des différences entre les performances d’enfants ‘normaux’ et
d’enfants atteints de dysphasie du développement (V), on essaie pour les expliquer
d’identifier à l’intérieur de (a) ce qui relève spécifiquement de la faculté de langage (C.
Jakubowicz, membre associé, et M. van de Velde). La comparaison ‘normaldysphasique’ s’apparente donc à une ‘analyse d’erreurs’ au cours de laquelle les
dysfonctionnements servent de révélateurs des capacités sous-tendant la capacité
linguistique. Ces recherches se situent au centre de la série de conférences EURESCO
co-organisée par C. Jakubowicz (membre associée de l’équipe) dont la première
(2002) a eu comme thème : The syntax of normal and impaired language.
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2
Rapport de l’équipe « Langues & Grammaire »
1
Présentation générale
« Langues & Grammaire » est le nom d'une équipe de recherche créée à Paris-8 en
1986 et qui constitue désormais l'une des composantes de l'UMR 7023. Cette équipe a pour
objectif premier de contribuer à la découverte de propriétés invariantes du langage et à
l'élaboration de la Grammaire Universelle par le biais de la description détaillée de langues
diverses. La démarche générale consiste a confronter des hypothèses théoriques à des études
empiriques systématiques et aussi nombreuses que possible. L'axe rassemble des chercheurs
venant d'horizons théoriques différents, mais partageant une conception de la grammaire
explicite impliquant l’expression formalisée de leurs hypothèses. La liste des domaines
linguistiques traités est ouverte, mais tous s’inscrivent dans la linguistique interne — la
grammaire : phonologie, morphologie, syntaxe, sémantique. L'axe accorde un intérêt égal à
toutes les langues et se donne pour règle de s'appuyer crucialement sur des données de
première main (terrain, informateurs, corpus). Les travaux conduits dans le cadre de l’équipe
ont d'ores et déjà permis de faire avancer la description de langues génétiquement et
typologiquement variées. La prise en compte des langues signées — spécifiquement étudiées
par ailleurs au sein de l'équipe « LANGUE DES SIGNES » — élargit de façon intéressante les
perspectives de recherche. L’axe « LANGUES & GRAMMAIRE » partage avec l’axe
« Syntaxe et morphologie minimaliste » son intérêt pour l’architecture de la grammaire et
l’interface syntaxe-sémantique, questions également abordées sous un autre angle par
l’axe « Acquisition » . Le travail sur la structure et l’évolution morphophonologique des
langues trouve des éléments de réflexion utiles dans certains résultats de l’axe « Poétique ».
L’équipe « LANGUES & GRAMMAIRE » constitue donc un lieu d’interactions avec toutes
les autres équipes de l’UMR 7023.
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Bilan d’activités : 2000-2003
2.1
Membres de l’équipe pendant la période considérée
•
chercheurs et enseignants-chercheurs
Mario Barra Jover, Jean-François Bourdin, Patricia Cabredo-Hofherr, Anne Daladier,
Brenda Laca, Monique Lambert, Ora Matushansky, Lélia Picabia, Michela Russo, Patrick
Sauzet, Anne Zribi-Hertz (coordinatrice de l’équipe).
•
doctorants et post-doctorants
Nadira Aljovic, Nisrine Al Zahre, Aïcha Anab, Nora Boneh, Ana Castro, Karine
Dubosq, Karen Lahousse, Marlène Minkwe-Mebaleh, Aimé-Germain Ndong, Daniela
Pietrosanti, Jasper Roodenburg, Kristiina Saarinen-Hanne, Jean-Bosco Sima-Mve, Carla
Soares, Primaële Termeau, Marlies van der Velde.
2.2
Thèmes de recherche
Les thèmes de recherche des chercheurs de l’équipe, ainsi que les langues étudiées de façon
privilégiée, ont été organisés sous forme d’index, qu’on trouvera en Annexe.
2.3
Points forts des recherches 2000-2003
Les recherches conduites pendant la période considérée couvrent les principales rubriques de
la linguistique interne ou grammaire : phonologie, morphologie, lexique, syntaxe,
sémantique, abordées à la fois des points de vue diachronique (évolution du lexique,
grammaticalisation, phonologie diachronique, changement syntaxique) et synchronique
(description formalisée de données empiriques recueillies de première main dans des langues
diverses : voir infra section 2.4). Les enjeux théoriques peuvent être globalement caractérisés
comme se situant aux interfaces des différents modules de la grammaire :
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• interface phonologie/morphologie (morphologie concaténative et dérivationnelle)
• interface lexique/syntaxe (aspect lexical, auxiliaires, syntaxe de l’adjectif, structure
argumentale, grammaticalisation et changement syntaxique)
• interface morphologie/syntaxe (flexion, détermination, cas morphologique des prédicats
nominaux)
• interfaces syntaxe/sémantique et syntaxe/discours (temps et aspect, finitude, ellipse,
structure fonctionnelle et interprétative du groupe nominal, (in)définitude, pronoms et
relations anaphoriques, réflexivité, topicalité et focalité, structure prédicative)
2.4
Rattachement à des groupes de recherche et projets collectifs
Les travaux des chercheurs de l’équipe s’inscrivent pour une bonne partie dans des projets
collectifs, dont certains sont dirigés à l’extérieur de l’équipe ou de l’UMR, et dont d’autres
sont dus à l’initiative de membres de l’équipe (en gras ci-dessous) :
Architecture (Fédération TUL : FR 2559)
- architecture du CP
Soares
- architecture du DP
Aljovic, Laca, Matushansky, Roodenburg,
(A. Kihm, O. Matushansky)
Zribi-Hertz
- architecture du VP
Aljovic, Boneh, Cabredo-Hofherr, Laca,
(P. Cabredo-Hofherr, B. Laca)
Picabia, Zribi-Hertz
Ethnogenesis of South and Central Asia
(Harvard : M. Witzel)
Daladier
Formes faibles [Fédération TUL FR 2559]
(A. Abeillé, D. Godard)
Aljovic, Laca, Roodenburg, Zribi-Hertz
GDR « Sémantique et Modélisation » Laca
Généricité (Paris-7)
Cabredo-Hofherr, Laca
Lessico Etimologico Italiano
(M. Russo)
Russo
Projet de coopération Austro-Asiatique
(A. Daladier)
Daladier
Typologie phonologie et changements diachroniques
[Fédération TUL FR 2559]
(M. Mazaudon, A. Rialland)
Russo
2.5
Diffusion de l’information scientifique
2.5.1 Organisation de colloques
Durant la période de référence, l’équipe « Langues & Grammaire » a organisé ou co-organisé
4 colloques internationaux :
8-9 février 2001 : LA SYNTAXE DE LA DÉFINITUDE, Colloque organisé par l’équipe Langues &
Grammaire, UMR 7023, avec le concours de l’Ecole Doctorale ‘CLI’, Saint-Denis :
Université Paris-8
8-10 octobre 2001 : co-organisation (Brenda Laca) de la section KATALANISCHE UND
ROMANISCHE VERBALPERIPHRASEN (Périphrases verbales en catalan et dans les langues
romanes) du ROMANISTENTAG (Colloque annuel de la Société des Romanistes Allemands)
en collaboration avec A. Wesch et C. Pusch, Munich.
6-7-8 février 2002 : THÉORIES LINGUISTIQUES ET LANGUES SUBSAHARIENNES, Colloque organisé
par l’équipe Langues & Grammaire, UMR 7023, avec le concours de l’Ecole Doctorale
‘CLI’, Saint-Denis : Université Paris-8
27-28 juin 2002 : ACCENTUATION SYNTAXIQUE ET THÉMATISATION, Colloque organisé par Anne
Daladier, Paris : Maison des Universités
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2.5.2 Publications collectives
[les publications individuelles sont données dans la bibliographie générale de l’UMR]
L’équipe Langues & Grammaire a à son actif plusieurs publications collectives pendant la
période de référence :
Revue Recherches Linguistiques de Vincennes
rédacteur-en-chef : Patrick Sauzet
revue subventionnée par le CNRS et publiée par les Presses Universitaires de Vincennes
Titres des derniers volumes parus :
n°29
2000 ‘Langage et surdité’, dirigé par M. Blondel et L. Tuller
n°30
2001 ‘Etudes diachroniques – histoire du français’, dirigé par P. Bellier
n°31
2002 ‘La syntaxe de la définitude’, dirigé par A. Daladier et A. Zribi-Hertz
n°32 (à par.) 2003 ‘Gabarit et grammaire’, dirigé par J. Lowenstamm
collection ‘Sciences du langage’
responsables : Brenda Laca, Patrick Sauzet, Anne Zribi-Hertz
collection publiée par les Presses Universitaires de Vincennes
Titres des derniers ouvrages parus :
2001 In-Ryeong Choi-Diel Evocation et cognition : reflets dans l’eau
2002 Brenda Laca (sld.) Temps et aspect : de la morphologie à l’interprétation
2003 Philip Miller & Anne Zribi-Hertz (sld.) Essais sur la grammaire comparée du
français et de l’anglais
Typologie des groupes nominaux, ouvrage dirigé par G. Kleiber, B. Laca et L.
Tasmowski ; 2001, Presses Universitaires de Rennes.
Sprachgeschichte als Varietätengeschichte. Festschrift Jens Lüdtke, ouvrage dirigé par B.
Laca, A. Wesch, R. Kailuweit et W. Weidenbusch ; 2001, Tubingen. Stauffenburg.
Typologie des langues d’Afrique et universaux de la grammaire, ouvrage dirigé par P.
Sauzet et A. Zribi-Hertz, issu du colloque « Théories linguistiques et langues
subsahariennes » ; à paraître en 2003 aux éditions L’Harmattan.
2.5.3 Séminaire annuel
Le séminaire annuel de l’équipe « Langues & Grammaire » se réunit une à deux fois par mois
pour une séance de travail de deux heures, ouverte à toute personne intéressée. Les
programmes de ces séminaires pendant la période de référence se trouvent en Annexe.
2.6
Encadrement doctoral
2.6.1
DEA soutenus
Sept DEA ont été soutenues sous la direction de membres de l’équipe Langues & Grammaire
entre le 1er janvier 2000 et le 15 septembre 2003.
2.6.2 Thèses de doctorat soutenues
Quatre thèses de doctorat ont été soutenues pendant la période de référence ; voir la première
partie de ce rapport : section 3.6.
2.6.3 Habilitations à Diriger des Recherches
soutenues entre le 01.01.00 et le 30.06.03
Décembre 2002 : Jean Paul Desgoutte, L’énonciation audio-visuelle (directeur d’HDR : Lélia
Picabia)
11
Février 2003 : Nicolas Tournadre, La linguistique tibétaine et ses contributions à la typologie
des langues (directeur d’HDR : Lélia Picabia)
2.6.4 DEA et thèses en cours
Odile de Vismes : Sémantique lexicale et présuppositions
(DEA ; directeur de recherche : Brenda Laca)
Ana Castro : Les expressions et constructions possessives en portugais — morphosyntaxe et
interprétation (thèse en co-tutelle, dirigée par Maria Francisca Xavier (Lisbonne) et
Anne Zribi-Hertz (Paris-8))
Karine Dubosc : Le DP sans tête nominale en espagnol (directeur de recherche : Mario Barra
Jover)
Benjamin Massot : La diglossie en français contemporain – description et analyse (directeur
de recherche : Mario Barra)
Marlène Minkwe Mebaleh : Transferts de distinctivité entre voyelles et consonnes en fang
(directeur de recherche : Patrick Sauzet)
Aimé-Germain Ndong : Critères linguistiques justifiant la répartition de la langue fang du
Gabon en six dialectes, suivis d'une étude morphologique comparée des dialectes de la
zone nord et des dialectes de la zone sud (directeur de recherche : Patrick Sauzet)
Daniela Pietrosanti : Le raddoppiamento sintattico en italien standard et dans les dialectes.
(directeur de recherche : Patrick Sauzet)
Jasper Roodenburg : Recherches sur la déficience en français (thèse en co-tutelle, dirigée par
Aafke Hulk (Amsterdam) et Anne Zribi-Hertz (Paris-8))
Gerhard Schaden : Recherches sémantiques sur l’aspect. (directeur de recherche : Brenda
Laca)
Jean-Bosco Sima-Mve : Recherches sur la morphosyntaxe nominale en fang ntumu d’Oyem
(directeur de recherche : Anne Zribi-Hertz)
Primaële Termeau : Les participes forts et faibles en latin et en espagnol (directeur de
recherche : Mario Barra Jover)
Zuzana Vokurkova : Analyse contrastive du TAM en français, tchèque et tibétain (thèse en cotutelle, Université Charles de Prague et Lélia Picabia (Paris-8)
2.6.5 Mobilité des étudiants
Les thèses en co-tutelle impliquent une certaine mobilité des étudiants : Karen Lahousse et
Jasper Roodenburg ont fait des séjours prolongés à Paris ; Ana Castro a séjourné à Paris, et a
également passé un an au MIT (septembre 2002-août 2003). Nora Boneh a séjourné au MIT
en 2002. Tous les thésards sont incités à participer à des colloques internationaux. Les
doctorants qui travaillent sur des langues « lointaines » (kabyle, fang, par exemple) sont
conduits à faire des séjours sur le terrain.
3
Projets (2004-2007)
3.1
Nouveaux membres de l’équipe
Les candidatures de quatre nouveaux membres ont été ratifiées en assemblée générale fin
octobre 2003 :
• Joaquim Brandão de Carvalho, Professeur en SDL, Paris 8
Nature et organisation des primitives phonologiques ; théorie formelle des contraintes
phonotactiques, élaboration d’un modèle de syllabation ; rapport entre « contraintes » et
« représentations » en phonologie
• Songnim Kwon-Pak, chargée de cours en SDL, Paris 8
Syntaxe et sémantique comparées du français et du coréen ; recherche comparative sur
le nombre avec A. Zribi-Hertz
12
• Laurent Roussarie, MC en SDL, Paris 8
Description et formalisation de la langue ; interprétation sémantique du discours.
Interaction avec ceux qui travaillent sur temps et aspect, anaphore et coréférence,
comparaison, modalité, subordination, généricité, etc. Modèle de la sémantique dynamique.
• Florence Villoing, MC en SDL, Paris 8
Linguistique française, morphologie lexicale
Interaction avec les phonologues, syntacticiens et romanistes.
3.2
Thèmes de recherche
Ils s’inscrivent dans la continuité des recherches précédentes, mais seront également enrichis
par l’apport spécifique des nouveaux chercheurs. L’approche générale peut être caractérisée
comme comparative et typologique.
structure fonctionnelle et interface morphosyntaxe-sémantique
thèmes centrés sur la proposition , en relation avec les groupes CP et TP du projet
« Architecture de la phrase » de la Fédération TUL (FR 2559)
temps, aspect, modalité, personne, nombre, voix, flexion verbale, prédication nominale,
incorporation de l’objet : Aljovic, Barra, Cabredo, Daladier, Kwon-Pak, Laca, Matushansky,
Picabia, Roussarie, Sima-Mve, Zribi-hertz
- propriétés distributionnelles et sémantiques des formes verbales non finies
(infinitif et participes)
- liens entre la structure argumentale du verbe et la morphologie (aspect slave, SE
indo-européen, etc.)
- valeurs aspectuelles des temps simples et auxiliés, analyse des effets aoristiques,
traitement des utilisations ‘atemporelles’ (modales ou rhétoriques) des catégories
aspectuelles
- définition formelle des différents types de ‘modification d’éventualité’
thèmes centrés sur le groupe nominal, en relation avec les groupes DP du projet «
Architecture de la phrase » et du projet ‘formes faibles’ de la Fédération TUL (FR
2559)
cas, degré, détermination, génitif et possessifs, genre et classes nominales, nombre, pronoms :
Aljovic, Barra, Cabredo, Castro, Daladier, Kwon-Pak, Laca, Matushansky, Picabia,
Roodenburg, Roussarie, Sima-Mve, Zribi-Hertz
- description et analyse syntaxique du groupe nominal dans les langues romanes,
germaniques, slaves, munda, bantoues, ainsi que dans divers créoles et en coréen
- nature et structure interne des pronoms
- analyse des opérateurs de degré dans le groupe nominal et du superlatif
- description morphosyntaxique des groupes nominaux prédicatifs
articulation proposition-groupe nominal
- détermination et aspect
- exploration de l’hypothèse que tout changement syntaxique est la conséquence
d’un changement dans les traits formels épelés phonétiquement et de l’organisation
des catégories fonctionnelles
- la généricité dans les langues naturelles et ses rapports avec le nombre, la
détermination, le temps et l’aspect
interface lexique/syntaxe
- adjectifs : Aljovic, Matushansky, Sima-Mve
- aspect lexical et fonctionnel, auxiliaires : Aljovic, Barra, Daladier, Laca
- grammaticalisation : Barra, Daladier
- morphologie lexicale et contraintes syntaxiques :Villoing
13
-
étude des mots construits : contraintes sémantiques et syntaxiques, corrélations
entre les deux, représentation et calcul du sens
interface syntaxe/discours
- généricité : Cabredo, Laca, Roodenburg
- (in)définitude : Aljovic, Daladier, Kwon-Pak, Laca, Matushansky, Picabia,
Roussarie, Sima-Mve, Zribi-Hertz
- référentialité, anaphore, coréférence : Cabredo, Laca, Roodenburg, Roussarie,
Zribi-Hertz
- thématisation, topique, focus : Daladier, Kwon-Pak, Roussarie
- temps et structure narrative : Laca, Lambert, Roussarie
changement linguistique
Barra, Daladier, Russo
structure du lexique et sémantique lexicale
Barra, Kwon-Pak, Russo, Villoing
phonologie et morphophonologie
Brandão, Russo, Villoing
propriétés morphophonologiques des mots construits
élaboration d’une théorie formelle des primitives phonologiques
exploration du rapport entre segments et structure syllabique
3.3
Langues dont l’étude est programmée (liste ouverte)
amwi
anglais
austroasiatiques
bantoues
berbère (tachelhiyt)
coréen
créoles
français
germaniques
hébreu
munda
romanes
slaves
somali
war-khasi
3.4
Daladier
Lambert, Zribi-hertz
Daladier
Minkwe (fang), Ndong (fang), Picabia (comorien), Sima (fang)
Anab
Kwon-Pak, Zribi-Hertz
Matushansky (haïtien), Zribi-hertz
Barra, Brandão, Laca, Picabia, Roodenburg, Roussarie, Villoing,
Zribi-Hertz
Cabredo, Laca
Matushansky
Daladier
Barra, Brandão, Cabredo, Castro, Daladier, Laca, Russo, Zribi-hertz
Aljovic, Matushansky
Cabredo
Daladier
Evénements envisagés
Deux sont en projet pour 2004 :
- 2004
Colloque à Paris sur les langues et cultures austro-asiatiques et les phénomènes
de contact avec des langues dravidiennes, tibéto-birmanes et indo-aryennes (coordination :
A. Daladier)
- février 2004, journées d’étude « Grammaires créoles et grammaire comparative »
(coordination : K. Gadelii [Göteborg] et A. Zribi-Hertz [UMR 7023, Langues &
Grammaire])
14
3.5
-
Ouvrages en projet
ouvrage sur le changement linguistique (Barra)
grammaire de l’amwi (Daladier)
édition bilingue de contes amwi (Daladier)
ouvrage sur l’aspect verbal dans les langues romanes (Laca)
introduction à la grammaire du grand-comorien (Picabia)
(contribution au) Lessico Etimologico Italiano (Russo)
ouvrage sur la morphosyntaxe de la référence nominale (Zribi-Hertz)
15
3
Rapport de l’équipe « Syntaxe et morphologie minimaliste »
1
Présentation générale
Les recherches de l’équipe Syntaxe minimaliste s’inscrivent dans le cadre du Programme
minimaliste esquissé par Chomsky depuis 1995 et visent à contribuer au développement d’une
théorie linguistique basée sur ce programme de recherche. Les études menées au sein de
l’équipe Syntaxe minimaliste prennent comme point de départ la variation morphosyntaxique
à travers les langues afin de dégager les structures invariantes qui sous-tendent la faculté du
langage. Les hypothèses théoriques sont développées à partir d’études empiriques détaillées.
Les recherches de Jean-Yves Pollock et de Hans-Georg Obenauer se concentrent sur la
microvariation syntaxique dans la périphérie gauche de la phrase, étudiée à partir des
structures interrogatives observées dans l’aire septentrionale romane (italien, français et
dialectes norditaliens). La microvariation offre aux études de syntaxe comparée deux
avantages particuliers : d’une part, en mettant en œuvre des différences de nature limitée, elle
permet de saisir les éléments minimaux de la variation ; d’autre part, il est plus aisé de
contrôler les variables – moins nombreuses – et d’éliminer ainsi des interférences provenant
d’autres parties de la grammaire. Ces recherches ont leur origine dans un projet de
coopération sur conventions internationales intitulé “Eléments minimaux de la variation
linguistique – syntaxe comparée (micro-) paramétrique : Aspects du système wh dans
quelques langues et dialectes romans” et conduit de janvier 1998 à décembre 2001 en
collaboration avec trois chercheurs italiens, Paola Benincà, Cecilia Poletto et Nicola Munaro
(CNR/Université de Padoue ; responsables du projet : Hans-Georg Obenauer et Paola
Benincà).
Les recherches de Nisrine Al-Zahre, Nora Boneh, Patricia Cabredo Hofherr, Ora
Matushansky et Léa Nash sont consacrées à l’articulation morphologie-syntaxe, prenant
comme cadre le modèle de la Morphologie Distribuée développé par Halle & Marantz depuis
1993. Les travaux de N. Al-Zahre, P. Cabredo Hofherr et L. Nash portent sur le rôle des
pronoms clitiques dans la syntaxe et l’interprétation aspectuelle du groupe verbal. Le travail
de N. Boneh est consacré au rôle de la syntaxe dans l’interprétation temporelle de la phrase.
Le travail d’O. Matushansky s’articule autour des divers aspects de la syntaxe et de la
sémantique des adjectifs.
Une thèse centrale du programme minimaliste implique la possibilité de déduire
l’architecture de la grammaire des contraintes d’interfaces qui pèsent sur elle, ces interfaces
étant celles que la faculté de langage doit établir avec le système « conceptuel-intentionnel »
d’une part, et avec le système « articulatoire-perceptuel » de l’autre. Ora Matushansky étudie
la notion des phases (étapes où la dérivation syntaxique est envoyée aux interfaces) introduite
par Chomsky et la réinterprétation du mouvement des têtes en tant que phénomène
phonologique. Dans le même esprit, une partie des travaux phonologiques de Patrick Sauzet
portent sur l’incidence de l’utilisation du support vocal-auditif (qui fait partie du système
« articulatoire-perceptuel ») dans l’organisation de la grammaire. Les contraintes imposées par
le système « conceptuel-intentionnel » sont explorées dans les travaux de Pierre Pica autour de
l’hypothèse selon laquelle le développement de certaines propriétés internes à la faculté de
langage est bloqué par l’absence de développement d’une autre faculté cognitive du système
« conceptuel-intentionnel » (la faculté de nombre).
Les travaux des membres de l’équipe sont centrés sur la syntaxe et les rapports de la
syntaxe avec la phonologie, la morphologie, la sémantique et l’acquisition du langage.
Membres de l’équipe pendant la période considérée
16
chercheurs et enseignants-chercheurs : Patricia Cabredo-Hofherr (depuis octobre
2001), Ora Matushansky (depuis octobre 2001), Léa Nash, Hans Obenauer
(coordinateur de l’équipe), Pierre Pica, Jean-Yves Pollock, Alain Rouveret (de 2000 à
fin 2001), Patrick Sauzet (de 2000 à octobre 2002),
ingénieurs, ITA : Jean-François Bourdin
doctorants et post-doctorants : Nisrine Al-Zahre, Nora Boneh (post-doctorante depuis
avril 2003), Carla Soares,
membres associés : Cassian Braconnier, Célia Jakubowicz, Alain Rouveret (depuis
2002), Patrick Sauzet (depuis octobre 2002).
2
Bilan d’activités : 2000-2003
Les travaux de l’équipe Syntaxe minimaliste couvrent quatre thèmes de recherche généraux :
(i) la périphérie gauche de la phrase et l’interface syntaxe-discours, (ii) la structure du groupe
verbal et l’expression de la temporalité, (iii) la structure du groupe nominal et (iv) les
interfaces de la faculté du langage avec le système « articulatoire-perceptuel » et le système
« conceptuel-intentionnel ».
Afin d’identifier les principes qui sous-tendent la faculté du langage, les chercheurs de
l’équipe Syntaxe minimaliste comparent dans leurs études les propriétés d’un même
phénomène à la lumière de la variation observable entre des langues très proches
(microvariation, les dialectes septentrionaux de l’italien, Obenauer, Pollock), entre des
langues d’une même famille (langues sémitiques : Al-Zahre, Boneh, langues celtiques :
Rouveret, langues germaniques : Cabredo Hofherr, Matushansky, langues romanes : Cabredo
Hofherr, Matushansky, Nash, Obenauer, Pollock), et comparant des langues non
génétiquement apparentées (le géorgien et les langues romanes : Nash ; le somali et les
langues germaniques et romanes : Cabredo Hofherr, les langues sémitiques, slaves et
romanes : Matushansky, le munduruku, langue Tupi, et les langues indo-européennes : Pica).
Deux membres de l’équipe travaillent sur l’acquisition du langage chez les enfants. Une partie
des travaux de L. Nash porte sur le français produit par des enfants avec une Dysphasie de
Développement, ou une Déficience Spécifique du Langage (Specific Language Impairment,
SLI). Le travail de C. Soares, pour sa part, compare l’acquisition du français avec l’acquisition
du portugais européen.
2.1
La périphérie gauche de la phrase et l’interface syntaxe-discours
Les recherches de Pollock et Obenauer utilisent l’idée que le domaine de la proposition n’est
pas clos, vers le haut, par une projection fonctionnelle unique – celle du complémenteur C
(CP) – mais par la “périphérie gauche”, un ensemble de projections fonctionnellement
individualisées (cf. les travaux de Rizzi, Benincà et Poletto, parmi d’autres). Les travaux de
Pollock et d’Obenauer ont considérablement développé la connaissance de l’architecture de la
périphérie gauche, dont ils ont mis en évidence la structure extrêmement articulée. Ils ont
également abordé des questions concernant la caractérisation formelle (syntaxique) des types
propositionnels.
Les travaux de Jean-Yves Pollock ont porté sur la comparaison approfondie des
constructions interrogatives en français, dans les dialectes norditaliens et en italien standard.
Ces différents travaux sont unifiés par l’idée que la périphérie gauche des phrases
interrogatives contient, à l’intérieur de sa structure complexe, les cinq niveaux supérieurs à IP
présentés dans (1) :
(1)
[WhP Wh° [ForceP Force° [GP G° [TopP Top° [ExistP Exist° [IP Infl° ]]]]]]
La seconde idée fondamentale est que la variation considérable que l’on constate dans
la syntaxe de l’interrogation (partielle) dans les langues romanes étudiées peut être dérivée des
trois dimensions paramétriques suivantes :
17
A. Le choix des éléments qui “vérifient” les niveaux WhP et ExistP. Ainsi, en bellunese, les
syntagmes qu- lexicaux vérifient le trait existentiel et un clitique nul associé vérifie le trait
[Wh] dans la partie la plus à gauche de (1). En français, par contre, la partie lexicale des
mots interrogatifs simples vérifie le trait [Wh] alors qu’un opérateur nul vérifie le trait
[Existentiel]. Dans d’autres dialectes les deux vérificateurs sont lexicaux, donnant lieu à
des configurations de “réduplication” de mots qu-.
B. L’extension que la langue accorde aux éléments capables de vérifier les traits [Force], [G]
(ground, ou fond) et [Top] (topique) de (1). A titre d’exemple, en bellunese, en français
(inversion du DP sujet) et en italien “Remnant IP movement” – i.e. le déplacement de IP
amputé au moins de son sujet lexical – vérifie le trait G. Dans d’autres cas, ce type de
mouvement peut placer IP dans le spécifieur de ForceP (ainsi, dans les constructions
d’inversion du sujet clitique et d’inversion complexe, en français et val d’ôtain, et en
italien standard).
C. L’existence ou non de syntagmes “faibles” ou clitiques. Ainsi que en français mais aussi
do ‘où’ en frioulien ou che ‘quoi’ pour un sous-ensemble de locuteurs de l’Italie du Nord
sont des clitiques, analogues aux clitiques argumentaux le, la, leur, etc. ; comme tels ils
doivent s’adjoindre en cours de dérivation à une projection fonctionnelle clitique dans IP.
Cela fait, ils ont le statut de têtes – ou projections minimales – et dès lors leurs possibilités
d’atteindre leurs cibles dans (1) sont sévèrement limitées.
Etant donné les paramètres A-C, (1) est une hypothèse sur la façon dont une structure
invariante de la périphérie gauche ordonne les différentes catégories fonctionnelles requises
dans une multitude de constructions interrogatives en roman, et peut-être au-delà du domaine
roman.
Tandis que les travaux de Jean-Yves Pollock ont porté sur les interrogatives
“standard”, ceux de Hans-Georg Obenauer se sont concentrés sur différents types
d’interrogatives non standard, en développant à leur tour la question de la structure
fonctionnelle fine de la périphérie gauche et en abordant celle, complémentaire, de la
caractérisation formelle (syntaxique) des types de phrases (sentence typing, « typage
propositionnel »). Ces travaux ont montré que les questions non standard – bien qu’à première
vue superficiellement identiques – sont structuralement différentes des questions standard.
Sur la base de leurs propriétés syntaxiques et interprétatives, trois types de questions non
standard ont été identifiés, les “questions de surprise/désapprobation”, les “questions
rhétoriques” et les “questions à valeur de la variable non trouvée” ; il a été montré que ces
constructions utilisent, en plus de projections “activées” par les questions standard, des
projections situées plus haut, ordonnées entre elles comme dans (2) :
(2)
[RQP RQ° [ModCP ModC° [SDQP SDQ° [cfvQP cfvQ° ]]]
Cette structure s’ajoute à gauche de celle de (1) et la domine. La plupart de ces niveaux
peuvent être vérifiés par plus d’un élément lexical (vérificateurs alternatifs).
Il en résulte qu’il est incorrect de considérer de telles questions – comme cela a
souvent été implicitement ou explicitement admis dans la littérature – comme des utilisations
particulières (“non canoniques”) de vraies questions (i.e. de structures interrogatives
standard), en attribuant ces interprétations – sur le modèle des actes de parole indirects – à une
composante pragmatique prenant en compte contexte, situation et/ou intention du locuteur. Il
s’avère que les valeurs interprétatives respectives sont codées syntaxiquement et présentes
dans la structure fonctionnelle de la phrase. (Les propriétés syntaxiques distinctives procurent
la base d’une analyse des propriétés intonatoires de ces questions.) Ceci implique la nécessité
de réviser la division du travail entre la syntaxe, la sémantique et la pragmatique admise dans
le domaine des interrogatives/questions.
18
Sur la base de l’étude de la structure fonctionnelle “haute”, les travaux d’Obenauer ont
également abordé certains aspects de la question du typage propositionnel, et montré en
particulier que dans le cas général, les types de phrase ne se distinguent pas de façon simple ;
il s’avère en effet que le typage peut mettre en œuvre l’interaction de plusieurs éléments, non
nécessairement contigus. Un tel résultat met en question l’hypothèse courante selon laquelle
une projection périphérique unique marquerait la “Force” de la proposition et la typerait ainsi.
Il apparaît au contraire de plus en plus vraisemblable que la syntaxe code de façon détaillée
les composants simples de “forces” sémantiques (parfois) complexes (voir aussi le travail
récent de Portner et Zanuttini). Cet affinement, basé sur une connaissance de la périphérie
gauche en constant progrès, rend probable un rapport plus étroit entre la forme linguistique et
le sens que celui qui est généralement admis, et suggère une orientation pour des recherches
approfondies qui sera développée dans la partie Projets ci-dessous.
Les travaux de H-G Obenauer et J-Y Pollock en collaboration avec les chercheurs de
l’Université de Padoue ont abouti à sept publications co-signées franco-italiennes, d’autres en
préparation ainsi qu’à des publications individuelles.
La recherche développée par Carla Soares dans le cadre de l’élaboration d’une thèse
de doctorat à l’Université de Paris 8 porte sur l’acquisition et le développement des structures
linguistiques du portugais européen qui impliquent la périphérie gauche de la proposition,
c’est-à-dire, les positions syntaxiques initiales qui, dans la proposition, précèdent le sujet.
Dans les langues romanes, plusieurs types de constructions font appel à ces positions
initiales : les interrogatives qu, la topicalisation, les clivées, les subordonnées complétives. Le
travail de C. Soares porte un intérêt particulier aux interrogatives qu du portugais européen.
Comme en français, en portugais européen la formation d’interrogatives qu permet plusieurs
possibilités : (i) un syntagme qu en position initiale avec le verbe fléchi obligatoirement en
deuxième position, (ii) l’utilisation de la stratégie é que (‘est-ce que’), ce qui permet de garder
l’ordre sujet/verbe dans la question et (iii), l’emploi du syntagme qu in situ.
Pour son étude du développement chez l’enfant des différentes stratégies admises par
la langue qu’il ou elle acquiert, C. Soares a constitué un corpus longitudinal de la production
spontanée de trois enfants monolingues portugais de 1 ;2.0 à 4 ;5.19.1 Ce travail empirique a
permis d’observer la production de questions qu à partir d’un très bas âge et pendant les
premières étapes de l’acquisition, ce qui, jusqu’à présent, n’avait pas été encore fait pour le
portugais européen. L’analyse du corpus longitudinal a abouti aux résultats suivants : (i) Le
mouvement de syntagmes qu dans la périphérie de la phrase est accompli par l’enfant très tôt
(à partir de 1 ;4.8 dans le corpus en étude), comme l’atteste la production sans problèmes de
questions qu présentant un syntagme qu initial, (ii) Le mouvement d’un verbe fléchi vers la
périphérie gauche n’est pas disponible dans le système de l’enfant, (iii) L’émergence des
interrogatives in situ est beaucoup plus tardive que celle des interrogatives à syntagme qu
initial (2 ;7.26), et (iv) La stratégie de é que (‘est-ce que’), disponible à partir de 2 ;6.3, est
adoptée d’une façon généralisée par l’enfant pour former des interrogatives qu.
L’émergence tardive des interrogatives qu in situ en portugais européen est surprenante
face aux résultats décrits pour le français. Les données obtenues pour le portugais européen
suggèrent que des facteurs pragmatiques soient impliqués dans l’apparition des interrogatives
in situ dans les énoncés des enfants. Ces recherches ont fait l’objet de présentations à
plusieurs colloques internationaux.
1 Paramètres correspondant à l’âge de l’enfant: an ;mois ;jour.
19
2.2
La structure du groupe verbal et l’expression de la temporalité
Les travaux de Nora Boneh sur la structure temporelle prennent comme point de départ le
statut du sujet et ses propriétés dans les phrases existentielles en hébreu, d’une part – celles ci
ne semblent pas contenir de sujet canonique – et dans les phrases équatives, d’autre part –
celles ci semblant en contenir deux. Son travail se concentre sur le domaine flexionnel, qui est
le domaine de la computation de la structure temporelle (mis à part la temporalité qui provient
du contenu lexical inhérent à un prédicat donné). Hormis la temporalité, ce domaine contient
aussi le syntagme nominal sujet, et l’analyse de N. Boneh traite la distribution du sujet comme
étant directement corrélée à la structure temporelle. Cette corrélation est obtenue de la façon
suivante : la proposition contient deux catégories syntaxiques temporelles qui sont chacune le
locus d’une relation topologique entre deux intervalles temporels. La temporalité codée dans
la catégorie basse reflète l’information aspectuelle, et celle codée dans la catégorie haute
reflète l’information temporelle (système développé par Demirdache & Uribe-Extebarria, qui
transposent la conception de Klein). Une telle conception de la configuration syntaxique
permet d’unifier la structure temporelle dans les langues et de traiter le temps grammatical et
l’aspect grammatical sur un même pied, étant donné que le même ensemble de relations entre
les intervalles temporels est employé pour traiter des deux. Selon l’analyse proposée par N.
Boneh, les différences de surface dans la représentation de la structure temporelle entre les
langues sont dues à la visibilité structurelle de la relation temporelle : les langues diffèrent en
fonction de la position temporelle qui sera structurellement visible et manifestée.
Spécifiquement, N. Boneh propose qu’en hébreu seule la catégorie temporelle haute est
structurellement visible, tandis qu’en arabe standard et en arabe syrien la catégorie temporelle
structurellement visible est la plus basse des deux. Le modèle syntaxique développé pour
expliquer la structure temporelle permet de rendre compte d’une gamme de constructions dans
ces trois langues, dont notamment les constructions à temps non-fini (constructions à contrôle
et propositions réduites), et les constructions à prédicat non-verbal au présent. La conséquence
théorique la plus significative de cette analyse est que l’interprétation temporelle est le résultat
d’une dérivation syntaxique et d’un calcul, et non pas le reflet de la présence d’une seule
catégorie syntaxique consacrée à l’interprétation temporelle.
Les recherches de Léa Nash se situent dans les domaines de la syntaxe théorique et de
l’acquisition du langage. Ses travaux sont très largement inspirés par le modèle minimaliste,
ainsi que par une branche de ce modèle qui traite particulièrement de l’articulation
morphologie-syntaxe, la morphologie distribuée (Halle & Marantz). Dans tous ses travaux, L.
Nash défend l’idée que ce sont des différences mineures liées à la composition de traits d’un
nombre très limité de catégories fonctionnelles disponibles dans toutes les langues, ou bien
liées à l’absence de l’une de ces catégories dans une langue donnée, qui conduisent, d’une
façon complexe et modulaire, à la variation linguistique. Plus spécifiquement, les travaux de
L. Nash s’attachent à déceler pourquoi et comment les éléments flexionnels pronominaux et
temporels associés à des formes verbales diffèrent dans les langues, comment ils sont acquis,
et comment la différence dans leur comportement de surface et dans leur forme
morphologique est conditionnée par l’architecture fonctionnelle de la phrase disponible dans
les grammaires des adultes et des enfants.
20
Les recherches de L. Nash se sont concentrées autour de trois thèmes : (a)
l’architecture fonctionnelle des phrases finies et les principes généraux qui gouvernent leur
variation dans les langues ; (b) la syntaxe des clitiques pronominaux et le rôle des propriétés
fonctionnelles dans la détermination des options de cliticisation ; (c) le phénomène de
l’ergativité. Trois « aires linguistiques » fournissent principalement une base empirique pour
l’élaboration des analyses dans chacun de ces trois domaines : (i) les langues romanes,
celtiques et sémitiques, (ii) le géorgien, et les langues ergatives en général, (iii) le français
produit par des enfants avec une Dysphasie de Développement, ou une Déficience Spécifique
du Langage (Specific Language Impairment, SLI). Ces travaux sont à la base de Entre la
flexion et le verbe : syntaxe, morphologie, acquisition, habilitation à diriger des recherches
soutenue en novembre 2002 (directeur d’HDR : Alain Kihm, CNRS Paris 7).
Alain Rouveret a fait partie de l’UMR 7023 jusqu’à la fin 2001. Suite à son élection à
Paris 7, il s’est rattaché à l’UMR 7110 (LLF). Pendant la période de son rattachement à
l’UMR 7023, sa recherche s’est concentrée sur deux questions principales : la syntaxe des
clitiques pronominaux à travers les langues et la syntaxe des pronoms résomptifs dans les
langues celtiques. Il s’agissait dans les deux cas de contribuer à l’élaboration d’une théorie
minimaliste de la variation linguistique.
Le travail sur les pronoms clitiques, initié dès 1997 avec Léa Nash, cherche à isoler la source
de la variation interlinguistique dans la syntaxe de la cliticisation. Les langues sémitiques ont
recours à l’enclise généralisée ; au sein des langues romanes, le français se distingue de toutes
les autres en recourant à la proclise dans les domaines non-finis, le portugais en utilisant
l’enclise dans les propositions racines déclaratives affirmatives ; dans toutes les langues
romanes, c’est l’enclise qui prévaut dans les phrases impératives positives. L’analyse proposée
(achevée en 2003) repose sur une conception précise de la relation entre syntaxe et
morphologie, empruntée à la morphologie distribuée, sur l’idée que les langues opèrent des
compactages différents des traits grammaticaux et formels rendus disponibles par la
Grammaire Universelle, et sur l’hypothèse que la cliticisation des pronoms compléments doit
être conçue comme un phénomène parasitaire sur un autre processus syntaxique. C’est parce
que la catégorie Flexion attire sélectivement les marques d’accord en nombre et en personne
qu’elle peut attirer non-sélectivement les matrices de traits pronominaux correspondant aux
clitiques. Un facteur déterminant dans la variation entre les langues est le site de réalisation du
trait de temps : il a son origine sur v0 dans les langues sémitiques et en portugais, il est réalisé
sur Flexion dans le domaine roman (à l’exception du portugais).
21
La syntaxe des pronoms résomptifs soulève trois questions : (i) les structures
résomptives mettent-elles en jeu un déplacement du pronom lui-même ou d’un opérateur
ayant sa source dans le « constituant pronominal » ?, (ii) quelle dimension détermine le choix
entre la résomption et le mouvement dans les systèmes qui utilisent l’une et l’autre ?, (iii) quel
est le site de la réalisation des pronoms résomptifs? Pour répondre à la première question, A.
Rouveret confronte les relatives du gallois et de l’irlandais avec les diverses propriétés
diagnostiques permettant de décider si une structure est produite par mouvement ou non. Au
regard des phénomènes de liage et de portée, on décèle une opposition tranchée entre les
relatives à lacune et les relatives pronominales : les premières mais pas les secondes donnent
lieu à des effets de reconstruction. D’autre part, la notion de phase permet de construire une
réponse théoriquement fondée à la deuxième et à la troisième question : un pronom résomptif
n’est pas légitime si la position qu’il lie est accessible durant la phase la plus haute, la phase
relative. Mais si l’on a recours à la notion de phase, l’existence même de structures
résomptives est inattendue. En effet, la relation entre un pronom résomptif et le
complémenteur relatif est systématiquement établie à travers les frontières d’une ou de
plusieurs phases. On montre que le gallois et l’irlandais apportent des solutions différentes à
cette difficulté. Le fait que le complémenteur introduisant les relatives pronominales et le
complémenteur déclaratif en irlandais soient marqués pour le temps est interprété comme une
indice que la dépendance relative, lorsqu’elle est établie à distance, est médiatisée par la
construction d’une dépendance temporelle (imposée par la nécessité de disposer des traits non
interprétables de temps sur les complémenteurs), qui, elle, est strictement phasale. L’irlandais
a aussi la capacité de former la dépendance relative dès la phase propositionnelle la plus basse
– dans ce cas, c’est la proposition tout entière qui fonctionne comme argument relatif,
permettant la transmission de la dépendance. Le schéma très discuté de l’irlandais DP aL…
aL… aL…, mettant en jeu une lacune, doit être interprété dans ces termes, tout comme le
schéma habituellement ignoré DP aN… aN… aN… pronom…, mettant en jeu un pronom. Le
gallois, par contre, semble avoir recours à un trait purement formel [Rel] pour transmettre la
dépendance dans les situations de relativisation à distance. A. Rouveret essaie de montrer que
le fait que les relatives pronominales galloises donnent lieu à des effets de Sous-Jacence, alors
que les structures correspondantes de l’irlandais ne produisent pas d’effets semblables, est dû
à un pur accident morphologique : l’irlandais, contrairement au gallois, n’épelle pas les
pronoms auxiliaires qui, en gallois, sont utilisés pour éviter les violations de la Condition de
Sous-Jacence.
En développant la recherche entamée dans le cadre de sa thèse de doctorat sur la
passivation des intransitifs et les sujets explétifs, Patricia Cabredo Hofherr s’est consacrée à
l’étude des pronoms sujet nuls. Dans ses travaux sur les pronoms sujet à travers les langues, P.
Cabredo Hofherr arrive à la conclusion que la distinction entre pronoms anaphoriques et
pronoms non-anaphoriques est décisive dans la légitimation des sujets nuls et elle propose une
analyse de la légitimation des pronoms nuls qui prend en compte cette distinction. Un
deuxième volet de ses études sur les pronoms sujet porte sur les clitiques sujet du français et
des dialectes septentrionaux de l’italien. Dans ce travail, P. Cabredo Hofherr applique les
résultats obtenus par les chercheurs italiens sur les dialectes septentrionaux de l’italien aux
clitiques sujet du français oral informel (français parlé, dans la terminologie de BlancheBenveniste).
Dans leur travail sur la morphologie verbale de l’espagnol, P. Cabredo Hofherr et G .
Boyé ont montré que pour les verbes réguliers du deuxième et troisième groupe de l’espagnol
la voyelle thématique est prédictible à partir de la voyelle pré-thématique. P. Cabredo Hofherr
et G . Boyé ont également collaboré pour un travail portant sur la représentation lexicale des
verbes irréguliers.
Dans le cadre de ses études sur la copule et la prédication, Ora Matushansky a
entamé une recherche sur les verbes d’appellation et de nomination, qui combine la
sémantique formelle, la sémantique lexicale et la syntaxe de la prédication.
22
2.3
La structure et l’interprétation du groupe nominal
Les travaux de Patricia Cabredo Hofherr consacrés à la structure et à l’interprétation du
groupe nominal portent sur le somali et les langues couchitiques. En collaboration avec S.
Bendjaballah (CNRS-SILEX, Lille), P. Cabredo Hofherr a proposé une analyse du groupe
nominal du somali qui vise à rendre compte des différences observées entre le somali et les
langues couchitiques. Dans un travail récent sur le rôle des noms nus dans l’expression de la
généricité, P. Cabredo Hofherr et S. Bendjaballah étudient la distribution des noms nus en
somali et arrivent à la conclusion que le somali ne comporte pas de déterminant nul pour les
indéfinis.
Les travaux d’Ora Matushansky se concentrent sur les adjectifs et la scalarité dans
plusieurs langues, considérant à la fois leur syntaxe et leur sémantique. O. Matushansky a
proposé une analyse du déplacement du degré à l’intérieur du syntagme nominal (so
interesting a topic, a topic so interesting) en termes de montée du quantificateur (QR), en
assimilant les opérateurs de degré aux autres quantificateurs, qui doivent se déplacer pour
devenir interprétables, avec la position finale du DegP (périphérie gauche ou périphérie
droite) correspondant à la portée du quantificateur de degré (propositionnelle ou interne au
syntagme nominal). En analysant le comportement des superlatifs à travers les langues, O.
Matushansky a démontré qu’ils font obligatoirement partie d’un syntagme nominal. Son étude
du comportement syntaxique des DP dans le cadre de la théorie des phases (développée dans
les travaux récents de Chomsky) met en évidence de graves problèmes dans cette théorie. Les
travaux sur le marquage des prédicats nominaux (l’absence ou la présence de l’article indéfini
en français, le cas instrumental ou nominatif en russe) effectués en collaboration avec Tania
Ionin et Benjamin Spector suggèrent que ce marquage reflète les opérations sémantiques à
l’intérieur du syntagme nominal.
2.4
Les interfaces avec le système « articulatoire-perceptuel » et le système
« conceptuel-intentionnel »
Les travaux de Patrick Sauzet et de Pierre Pica explorent les implications d’une thèse centrale
du programme minimaliste selon laquelle l’architecture de la grammaire est conditionnée par
les contraintes des interfaces établies par le module de langage avec le système « conceptuelintentionnel » d’une part, et le système « articulatoire-perceptuel » de l’autre.
Dans ses travaux, Patrick Sauzet s’interroge sur l’incidence de l’utilisation du support
vocal-auditif dans l’organisation de la composante phonologique de la grammaire. Une
contrainte forte de ce support est qu’il exige un encodage linéaire des objets linguistiques
complexes, ou plus exactement un encodage compatible avec la linéarité. En admettant par
ailleurs une capacité combinatoire formant des constituants (dans un format X’ par exemple)
comme une procédure générale et transversale de la capacité linguistique (où elle est de toute
manière nécessaire à la mise en place d’objets complexes) qu’en est-il de la relation des
constituants structurés ainsi construits avec la successivité linéaire exigée par l’interface
articulatoire-perceptuelle ? A un niveau grossier la structure de constituants qui organise ces
unités doit être compatible avec la successivité. Une structure qui ne présente que des
branchements binaires et asymétriques possède cette propriété : elle peut toujours être
linéarisée, pour peu qu’on se donne des principes d’ordre entre les termes inégaux, tête et
dépendant, adjonction et principal. On suppose que la structure joue ce rôle de produire un
ordre linéaire non seulement en syntaxe (où cela est admis par tous) mais aussi en phonologie.
Le segment étant l’objet au-delà duquel la complexité doit s’exprimer en successivité, l’on
peut supposer que la structure syllabique, puis la structure métrique, produisent l’ordre sur la
base d’une accessibilité différenciée. La structure phonologique et la structure syntaxique sont
donc complémentaires ou concurrentes dans la production de linéarité exigée par l’usage du
canal vocal-acoustique. L’existence du ‘mot’ et de la morphologie (composante de la
grammaire dont l’ampleur est notoirement variable et fondatrice de variété typologique)
découle de cette concurrence.
23
Les travaux de P. Sauzet sont consacrés à l’exploration de divers aspects de l’approche
dont les articulations ont été brièvement rappelées ci-dessus. En particulier, ils s’attachent à
repérer dans la morphologie des indices de son fondement ultimement phonologique. Les
travaux sur le format des constituants en phonologie portent sur les finales occitanes et la
question classique de la représentation du schwa (‘e muet’) et des consonnes latentes du
français. Une recherche empirique menée auprès d’un groupe d’enfants dysphasiques français
a montré qu’une suffixation où les limites des morphèmes ne coïncident pas avec les limites
de syllabe (chant-eur) est plus facilement acquise et manipulée qu’une suffixation ou ces
limites coïncident (crèm-(e)rie), ce qui permet de faire des hypothèses sur l’analyse
morphologique de ces mots dans les grammaires de locuteurs du français. A partir de données
occitanes propres P. Sauzet a également développé une critique d’une approche de la
phonologie qui la réduit à un jeu de contraintes hiérarchisées dans le style de la phonologie de
l’optimalité.
Au delà des travaux portant directement sur la problématique générale du statut de la
phonologie et de la construction de la linéarité phonique et morphémique, une partie des
travaux de P. Sauzet est centrée sur la mise en évidence et l’analyse d’aspects spécifiques de
la grammaire de l’occitan, concernant l’alternance vocalique, les assimilations vocaliques,
l’interprétation des verbes statifs au prétérit et l’analyse de l’infinitif coordonné à un verbe
conjugué.
Les travaux de Pierre Pica se concentrent sur la variation linguistique. P. Pica explore
l’hypothèse selon laquelle la variation linguistique ne constitue pas un phénomène homogène,
ce qui est suggéré par l’existence de langues qui ne possèdent pas de nombres cardinaux au
delà de cinq – comme le mundurucu (langue Tupi parlée dans l’état de Para – Brésil). Les
travaux sur le terrain de P. Pica (en collaboration avec l’équipe 562 de l’Inserm) montrent
qu’il ne s’agit pas d’un phénomène trivial et que l’absence de nombres cardinaux est liée à
l’absence de nombre (de singulier) linguistique ; l’on sait en effet depuis Greenberg que ce
type de langues ne possède pas de pluriel ou de singulier, au sens classique du terme, et que le
pluriel y est plutôt une marque de groupe. La question qui se pose alors est celle de savoir si
l’absence de nombres cardinaux est induite par l’absence de nombre linguistique ou si
l’absence de nombre linguistique est induite par l’absence de nombres cardinaux.
Les résultats des premiers travaux sur le terrain de P. Pica suggèrent que l’absence de
nombre linguistique dérive de l’absence de nombres cardinaux : en d’autres termes le
développement de certaines propriétés internes à la faculté de langage est bloquée par
l’absence de développement d’une autre faculté (la faculté de nombre) – comme l’indique le
fait que les nombres de trois à cinq se développent lors de l’apprentissage d’un système
arithmétique élémentaire basée sur les doigts de la main. Suite à ces travaux, P. Pica étudiera
la question de savoir si l’on peut établir une distinction entre variation linguistique interne et
variation linguistique externe ; l’étude de cette distinction étant cruciale pour la
compréhension du système computationnel au sens strict et de ses propriétés, telle que la
récursivité.
2.5
Mobilité et coopérations nationales et internationales des chercheurs
Les chercheurs de l’équipe Syntaxe minimaliste ont participé à la recherche et à
l’enseignement au sein de différentes institutions étrangères :
P. Cabredo Hofherr : enseignante invitée au département de linguistique de l’Université de
Vienne, Autriche, nov-déc 2000 ; coopération avec Gilles Boyé (MCF Nancy 2),
Sabrina Bendjaballah (CR2 SILEX Lille3) et Carmen Dobrovie-Sorin (UMR 7110
LLF).
O. Matushansky : coopération avec Morris Halle (MIT), Tania Ionin (USC) ; coopération avec
Benjamin Spector (ENS).
L. Nash : professeur invitée au département de linguistique du Massachusetts Institute of
Technology (MIT) (automne 2002) ; coopération avec C. Jakubowicz (CNRS ).
H. Obenauer : coopération avec N. Munaro et Cecilia Poletto (CNR Padoue).
24
P. Pica : invité au département de linguistique de l’Université de Bergen, Norvège, juillet
2000 ; coopération avec J. Rooryck (Université de Leyde), C. Tancredi (Tokyo) ;
coopération avec l’équipe U 562 de l’Inserm.(dir. S. Dehaene).
J-Y Pollock : professeur invité au département de linguistique de la New York University
(NYU) septembre 2002, professeur invité à l’école d’été de la société linguistique du
Brésil (ABRALIN), Rio de Janeiro, mars 2003, coopération avec Manuela Ambar (U.
Lisbonne), Aafke Hulk (U. Amsterdam), R. Kayne (New York University), N. Munaro
(U. Padoue), C. Poletto (CNR-U. Padoue).
2.6
Rattachement à des groupes de recherche et projets collectifs
Les chercheurs de l’équipe participent à de nombreux projets de recherche collectifs, en tant
que membres aussi bien qu’en tant que responsables (marqués en gras ci-dessous) :
• Eléments minimaux de la variation linguistique : syntaxe comparée micro-paramétrique
(projet de recherche conjoint sur conventions internationales CNRS-CNR), coresponsable : H. Obenauer.
• Architecture de la phrase (Programme 4 de la Fédération Typologie et Universaux du
langage, FR 2559)
- architecture du CP
Obenauer, Pica, Pollock, Soares
(H. Obenauer)
- architecture du DP
Cabredo Hofherr, Matushansky
(A. Kihm, O. Matushansky)
- architecture du VP
Al-Zahre, Boneh, Cabredo Hofherr,
(P. Cabredo Hofherr, B. Laca)
Matushansky, Nash
• Formes faibles (programme de la Fédération Typologie et Universaux du langage, FR 2559)
(A. Abeillé, D. Godard)
Cabredo Hofherr
• GDR « Sémantique et Modélisation »
Cabredo Hofherr, Matushansky
• Généricité (Paris7)
(dir. C. Dobrovie-Sorin)
Cabredo Hofherr
• Association Internationale d’Etudes Occitanes (AIEO)
Sauzet (depuis le Congrès de Messine (2002)
membre du Conseil d’administration de l’AIEO)
• GDR Phonologie (dir. B Laks)
Sauzet
2.7
Diffusion de l’information scientifique
2.7.1 Organisation de colloques et journées d’étude
Durant la période de référence, l’équipe a organisé ou co-organisé :
4-6 octobre 2000 Table ronde internationale Pronoms et Déterminants : grammaire et
acquisition (organisation : Celia Jakubowicz et L. Nash) UMR 7023. Université Paris 3.
15-16 décembre 2000 Journée d’études internationale Eléments minimaux de la variation
linguistique : aspects du système WH dans quelques langues et dialectes romans
(coordination : H. Obenauer)
21-23 janvier 2001 Atelier sur la morphologie applicative, APPLicative FEST (organisation
Alec Marantz et L. Nash), MIT, Cambridge MA.
2002 Organisation de l’OLO (Obrador de linguistica occitana : atelier de linguistique
occitane), P. Sauzet.
février 2002 Organisation du colloque Théorie linguistique et langues subsaharienne (Paris 8)
[Anne Hertz, Lélia Picabia et P. Sauzet]
13-14 décembre 2002 Journée d’études internationale Sentence structure – CP : The fine
structure of the domain and the relations CP/IP (coordination : H. Obenauer, dans le
cadre du Programme 4 de la Fédération TUL, Architecture de la phrase, les Actes vont
paraître dans les Recherches Linguistiques à Vincennes 2004).
7-11 juillet 2003 Colloque international de phonologie. – Toulouse (P. Sauzet, membre du
comité scientifique et du comité de sélection)
25
2-4 octobre 2003 5ème Colloque de Syntaxe et Sémantique à Paris (CSSP 03) (organisation :
Claire Beyssade, Olivier Bonami, P. Cabredo Hofherr et Danièle Godard)
18 octobre 2003 Journée d’études sur le temps et l’aspect (coordination : P. Cabredo
Hofherr et Brenda Laca, dans le cadre du Programme 4 de la Fédération TUL,
Architecture de la phrase)
2.7.2 Publications collectives
Les membres de l’équipe Axe minimaliste participent aux revues et collections suivantes :
• Revue Recherches Linguistiques de Vincennes
rédacteur-en-chef : P. Sauzet
(P. Cabredo-Hofherr et O. Matushansky sont membres du comité de rédaction)
revue subventionnée par le CNRS et publiée par les Presses Universitaires de Vincennes
Titres des derniers volumes :
n°32
(à par.) 2003 ‘Gabarit et grammaire’, dirigé par J. Lowenstamm
n°33
(à par.) 2004 ‘La syntaxe de la périphérie gauche’, dirigé par H. Obenauer.
• Revue Linguistic Variation Yearbook 1, Benjamins, Amsterdam 2003.
Rédacteur en chef : P. Pica.
• Collection ‘Sciences du langage’
responsables : Brenda Laca, P. Sauzet, Anne Zribi-Hertz
collection publiée par les Presses Universitaires de Vincennes
• Typologie des langues d’Afrique et universaux de la grammaire, ouvrage dirigé par P.
Sauzet et A. Zribi-Hertz, issu du colloque « Théories linguistiques et langues
subsahariennes » ; à paraître en 2003 aux éditions L’Harmattan.
2.8
Encadrement doctoral
2.8.1 Thèses en cours
soutenance prévue novembre 2003
Nisrine Al-Zahre (directeur de recherche : Jean-Yves Pollock)
soutenance prévue automne 2003
Dominique Sumien : Normalisation, lemmatisation lexicale de l’occitan. (directeur de
recherche : Patrick Sauzet)
Anab, Aïcha (depuis 2000 ; directeur de recherche : Patrick Sauzet )
Minkwe Mebaleh : (depuis 2000 ; directeur de recherche : Patrick Sauzet )
Germain Ndong :. (depuis 1999 ; directeur de recherche : Patrick Sauzet )
Daniela Pietrosanti (depuis 1998 ; directeur de recherche : Patrick Sauzet )
Carla Soares (depuis 1999 ; directeur de recherche : Alain Rouveret)
2.8.2 Mobilité des étudiants
Nora Boneh a séjourné au MIT en septembre et octobre 2002. Nisrine Al-Zahre, Nora Boneh
et Carla Soares ont participé à des colloques internationaux.
3
Projets (2004-2007)
Dans leurs projets, les membres de l’équipe Syntaxe minimaliste prévoient de poursuivre les
recherches déjà entamées et d’élargir leurs investigations à des problématiques annexes.
Nous présenterons les projets par thème.
26
3.1
La périphérie gauche de la phrase et l’interface syntaxe-discours
Les deux thèmes de cartographie de la périphérie gauche de la phrase et de typage
propositionnel sont au centre d’efforts de recherches intenses au niveau international (Italie,
Allemagne, Espagne, Portugal). En contact étroit avec les chercheurs étrangers, H. Obenauer
et J-Y Pollock se proposent de développer plus loin les axes de recherche “structure de la
périphérie gauche” et “typage propositionnel”. Les résultats de leurs travaux conduisent de
façon directe aux nouvelles questions qui sont au centre du projet présenté ici.
Les lignes de force suivantes orienteront les recherches à venir de Jean-Yves Pollock.
A. Préparation d’un livre avec Cecilia Poletto sur l’interrogation partielle “vraie” dans les
langues romanes du nord-ouest. Les questions suivantes seront traitées :
1. Comment les cinq niveaux supérieurs de (1), répété sous (3) :
(3)
[WhP Wh° [ForceP Force° [GP G° [TopP Top° [ExistP Exist° [IP Infl° ]]]]]]
s’articulent-ils avec la structure de la périphérie gauche également fort complexe (cf. les
travaux de Rizzi et Benincà) des déclaratives? Pourquoi y a-t-il une asymétrie dans la
manifestation morphosyntaxique des “Forces” déclaratives et interrogatives?
2. Quelle est l’étendue potentielle de la variabilité prédite par l’hypothèse selon laquelle les
langues choisissent les éléments qui “vérifient” les niveaux WhP et ExistP de (3).
3. Une question analogue concernant l’étendue de la variabilité est posée par la variation des
vérificateurs des niveaux Force, G(round) et Top(ique) (cf. la partie bilan, section 3.2.1).
4. La microvariation constatée en 2. et 3. est-elle due au hasard ou est-elle – au moins pour
certains de ses éléments – reliée à d’autres propriétés de la langue en question, et ainsi
prédictible?
B. J-Y Pollock prévoit un deuxième axe de recherches qui s’articulerait autour de la
syntaxe comparée du français et de l’anglais, et qui, en collaboration avec Richard Kayne,
reprendrait, à la lumière de résultats récents de la théorie minimaliste, des thèmes tels que les
constructions à marquage exceptionnel du cas (“ECM”) et les constructions impersonnelles et
copulatives, dans les deux langues.
Les travaux prévus par Hans-Georg Obenauer se placent dans la thématique
“Fonctions des projections fonctionnelles dans la périphérie gauche et typage propositionnel”.
L’affinement constant de la cartographie de la périphérie gauche – le fait d’isoler de
nombreux niveaux fonctionnels individualisés et d’établir leur relations hiérarchiques – et le
tout récent constat que le typage propositionnel met en œuvre des niveaux fonctionnels
multiples, avec leurs vérificateurs lexicaux respectifs – conduit à l’hypothèse que ce typage
relève d’un mécanisme très articulé. Il devient alors possible, sur la base des résultats
présentés dans le bilan, ci-dessus, (A) de répondre à des questions encore pour une large part
ouvertes concernant les fonctions – syntaxiques et sémantiques – précises de ces projections,
et (B) d’aborder un type de questions entièrement nouvelles, non envisageables il y a peu de
temps, concernant le fonctionnement précis du codage syntaxique et le typage propositionnel.
H. Obenauer se propose de conduire, à la lumière des résultats obtenus à partir de
l’étude de la microvariation romane, des investigations parallèles sur des langues
génétiquement plus éloignées, entre autres l’allemand et le bengali. Les recherches seront en
partie conduites en collaboration avec Cassian Braconnier (Université de Clermont II) et avec
des chercheurs de Padoue (CNR/Université de Padoue).
27
Carla Soares développera ses recherches sur la périphérie gauche de la phrase dans le
domaine de l’acquisition du langage. Au delà de ses études des données de la production
spontanée d’enfants normaux, C. Soares prévoit de suivre le développement linguistique de
deux jumeaux monozygotes dont la langue maternelle est le français, et d’élargir ses
recherches, limitées jusqu’à présent à la production d’enfants normaux, à la population
d’enfants dysphasiques ou présentant un risque de trouble du langage. Afin de compléter les
recherches empiriques initiées par l’analyse des données des corpus longitudinaux, C. Soares
développera des études expérimentales ayant pour but l’observation d’enfants souffrant de
troubles spécifiques du langage (dysphasie de développement). Les recherches viseront
l’étude de l’acquisition de la périphérie gauche de la proposition par des enfants dysphasiques
ou provenant de familles à risque de troubles du langage. L’objectif sera la comparaison des
performances linguistiques de deux groupes d’enfants (de 1 an à 4 ans). Étant donné que la
séquence de développement linguistique est identique pour les enfants normaux et pour les
enfants dysphasiques mais que ces derniers présentent un développement plus lent (voir les
travaux de Jakubowicz, parmi d’autres), l’étude de la compréhension et de la production des
enfants atteints d’un trouble de langage peut contribuer à une meilleure connaissance de
l’acquisition et de la structure des langues naturelles. C. Soares prévoit également d’étendre
son travail sur la syntaxe et l’acquisition du domaine CP (interrogatives, subordination,
clivage, topicalisation) qui a été le sujet principal de ses recherches jusqu’à présent. C. Soares
approfondira le travail dans ce domaine en traitant également la syntaxe et l
’acquisition
des constructions relatives en portugais européen et en français.
Jean-François Bourdin s’intéressera principalement à l’arrangement des syntagmes
dans la partie gauche de la phrase et à la possibilité de se dispenser de mouvements vers la
droite pour rendre compte des déplacements à droite apparents (par exemple d’expressions
focalisées), en recourant à des mouvement de résidus ("remnant movement"). Cette possibilité
établirait une asymétrie dans les couples traditionnels du type topic/comment.
Ces recherches s’appuient sur les phénomènes du tchèque en les comparant avec d’autres
langues slaves et avec des langues germaniques.
3.2
La structure du groupe verbal et l’expression de la temporalité
Léa Nash, en collaboration avec Celia Jakubowicz, assure la co-ordination d’un ouvrage
collectif « Syntax, Morphology and Phonology of SLI » à paraître chez MIT Press en 2004. Ce
livre a pour but de relier les questions touchant la linguistique théorique et les troubles du
langage. Les phénomènes grammaticaux en Dysphasie de Développement sont utilisés dans
cet ouvrage comme une évidence empirique qui corrobore ou infirme des analyses en
linguistique théorique.
A la suite de ses nombreux travaux sur la syntaxe du géorgien qui ont fait l’objet d’un
séminaire avancé « Topics in Georgian Grammar » au Massachusetts Institute of Technology
(MIT), L. Nash rédigera une monographie entièrement consacrée au géorgien, traitant de
sujets aussi divers que l’ergativité, la cliticisation, l’ordre des mots, les datifs, les constituants
nominaux discontinus et les relatives.
Le troisième projet de L. Nash concerne plus largement la structure du syntagme
verbal, avec une attention particulière portée aux langues ergatives. Ce travail apportera des
éléments importants pour une meilleure compréhension de la structure des projections
verbales et du rôle du lexique dans les opérations qui modifient la structure argumentale des
prédicats verbaux.
Dans cette même perspective de l’étude de la structure argumentale et la structure du
groupe verbal, L. Nash coordonnera un volume consacré à la syntaxe des datifs (à soumettre
aux Presses Universitaires de Vincennes), qui s’inscrit dans le cadre du projet Architecture de
la phrase de la Fédération TUL (FR 2559).
28
Dans le cadre de ses travaux sur les sujets explétifs, et notamment les sujets des
prédicats météorologiques, Patricia Cabredo Hofherr participera au projet A19 Entwicklung
und Variation expletiver Subjektspronomina in den romanischen Sprachen (« Développement
et variation des sujets pronominaux explétifs dans les langues romanes ») du professeur G. A.
Kaiser (Université de Konstanz, Allemagne). Dans ce cadre P. Cabredo Hofherr sera
chercheuse invitée du projet (Gastwissenschaftler) au printemps 2004 et participera au
colloque sur les explétifs dans les langues romanes organisé dans le cadre du projet A19 en
novembre 2004. Suite à son travail sur les systèmes de clitiques sujet des dialectes
septentrionaux de l’italien et du français, P. Cabredo Hofherr a entamé une étude des traits
sémantiques et grammaticaux des clitiques sujet. Ce travail prend l’analyse des pronoms de
Harley et Ritter comme point de départ ; cette analyse applique la théorie de la géométrie des
traits proposée pour les traits phonologiques par Clements aux traits grammaticaux des
pronoms.
Dans le cadre du volet VP du projet Architecture de la phrase de la Fédération TUL,
coordonné par P. Cabredo Hofherr et Brenda Laca, P. Cabredo Hofherr poursuit ses travaux
sur les passifs réfléchis et prévoit coordonner un volume sur les réfléchis et la structure
argumentale.
Dans le cadre de son travail avec Gilles Boyé sur la morphologie verbale, P. Cabredo
Hofherr prépare un article sur la morphologie verbale de l’infinitif en espagnol pour
soumission à un journal pour la fin 2003. Ce travail sur les paradigmes verbaux nécessite un
examen approfondi des théories de l’interaction entre la morphologie et l’organisation du
lexique. Dans le cadre de ce travail, G. Boyé et P. Cabredo Hofherr cherchent à collaborer
avec des chercheurs en neurolinguistique et en psycholinguistique afin tester
expérimentalement les prédictions de leurs analyses. Afin de préparer une telle collaboration,
P. Cabredo Hofherr a suivi un atelier de formation sur les techniques d’imagerie cérébrale, les
22-24 septembre à Paris.
Ora Matushansky continuera ses recherches sur les verbes de nomination et
d’appellation et sur la prédication.
3.3
La structure et l’interprétation du groupe nominal
Patricia Cabredo Hofherr poursuivra un projet articulé autour de la syntaxe du groupe
nominal qui s’inscrit dans le cadre du volet DP du projet Architecture de la phrase de la
Fédération TUL. A cette fin, P. Cabredo Hofherr a entamé une étude des différentes formes
des compléments du nom à travers les langues comparant le génitif saxon préposé au nom, le
génitif prépositionnel ainsi que le génitif morphologique postposé de l’allemand. Un
deuxième aspect du groupe nominal concerne le rôle du déterminant dans la syntaxe et
interprétation du groupe nominal que P. Cabredo Hofherr étudie en prenant en compte les
groupes nominaux sans nom (déterminant + adjectif), les noms sans déterminant ainsi que les
systèmes à double définitude dans les langues scandinaves et dans les dialectes de l’allemand
qui disposent de deux déterminants définis (l’un anaphorique, l’autre non-anaphorique).
A la suite de son travail sur le rôle des noms sans déterminant dans l’expression de la
généricité à travers les langues, P. Cabredo Hofherr prévoit une collaboration avec C.
Dobrovie-Sorin (CNRS UMR 7110) pour la coordination d’un volume sur la généricité aux
Presses Universitaires de Vincennes.
Dans la prolongation de son travail sur les constructions déterminant + adjectifs, P.
Cabredo Hofherr collabore avec O. Matushansky pour la coordination d’un numéro des
Recherches Linguistiques à Vincennes sur l’adjectif.
29
Dans le même cadre de l’interaction entre les déterminants et les adjectifs s’inscrivent
aussi la collaboration d’Ora Matushansky avec Benjamin Spector (ENS) sur les prédicats
nominaux, où l’apparition d’un adjectif déclenche l’insertion de l’article, et sa collaboration
avec Tania Ionin (USC) sur l’interaction entre les adjectifs et les numéraux dans les exemples
comme these amazing 100 books. Parmi les propriétés spéciales de cette construction est
l’apparition de l’article indéfini singulier malgré la pluralité sémantique et syntaxique du DP
entier.
O. Matushansky continuera ses études sur la syntaxe et la sémantique des superlatifs
dans le but d’étendre son analyse vers les adverbes. Une extension possible du mouvement de
degré à l’intérieur du DP vers le français suggère que l’accord d’une expression du degré
portant sur un adjectif avec la tête du syntagme nominal (quelle fille intelligente) illustre le
même type de mouvement.
3.4
Les interfaces avec le système « articulatoire-perceptuel » et le système
« conceptuel-intentionnel »
Afin d’étudier la variation linguistique externe Pierre Pica se propose d’étudier dans quelle
mesure la variation observée à travers les langues de systèmes aussi divers que le nombre, la
quantification, la structure du syntagme nominal, la structure des adjectifs de couleur ou la
structure de la périphérie gauche (l’interface langue-discours) peut-être en partie réduite à une
variation linguistique externe liée à une interface particulière : l’interface entre système
linguistique et système perceptuel – comme le suggèrent, pour le nombre, les travaux
d’imagerie neuro-linguistiques de Dehaene. Cette question est importante pour une meilleure
compréhension de la notion de paramètre et pour la compréhension de nombreux phénomènes
observés dans le cadre de travaux relativistes plus ou moins reliés à une vision Whorfienne de
la langue, que ne serait pas nécessaire, dans le cadre adopté par P. Pica.
Ora Matushansky considérera la possibilité que la dérivation syntaxique procède
d’une façon cyclique où chaque nœud créé par l’opération de MERGE est immédiatement
interprété sur les deux interfaces (c.-à-d. l’épel se passe immédiatement après MERGE). O.
Matushansky continuera sa collaboration avec Morris Halle (MIT) afin d’établir le rôle
phonologique et syntaxique des suffixes thématiques.
3
Colloques, journées d’étude, relations internationales
L. Nash a été contactée par les responsables du programme international FranceMassachusetts Institute of Technology (MIT), co-financé par le Ministère des Affaires
Etrangères et par le MIT, afin d’établir une convention bilatérale entre le département des
sciences du langage de l’Université Paris 8 et le département de linguistique du MIT. Cette
convention permettrait des échanges de doctorants (maximum deux étudiants avancés
séjourneront pendant 4 mois dans les départements respectifs) ainsi que des tables rondes
réunissant en priorité des chercheurs des deux départements et d’autres chercheurs par l’appel
à communications.
décembre 2003 Journée d’études sur le groupe nominal (coordination : Ora Matushansky et
Alain Kihm, dans le cadre du Programme 4 de la Fédération TUL, Architecture de la
phrase)
printemps 2004 Journée d’études sur le portugais (coordination : Carla Soares et Joaquim
Brandão)
printemps 2004 Journée d’études sur le temps (coordination : Patricia Cabredo Hofherr et
Brenda Laca, dans le cadre du Programme 4 de la Fédération TUL, Architecture de la
phrase)
octobre 2005 6ème Colloque de Syntaxe et Sémantique à Paris (CSSP 05) (organisation :
Claire Beyssade, Olivier Bonami, Patricia Cabredo Hofherr et Danièle Godard)
octobre 2007 7ème Colloque de Syntaxe et Sémantique à Paris (CSSP 07) (organisation :
Claire Beyssade, Olivier Bonami, Patricia Cabredo Hofherr et Danièle Godard).
30
3.6
Ouvrages en projet
• Recherches Linguistiques de Vincennes n°33 « Syntaxe de la périphérie gauche »,
(coordination : H. Obenauer, printemps 2004)
• Linguistic Variation Yearbook 2, Benjamins, Amsterdam 2004.
Rédacteur en chef : P. Pica.
• Recherches Linguistiques de Vincennes n° 34 consacré à l’adjectif
(coordination : P. Cabredo & O. Matushansky, printemps 2005)
• Coordination d’un volume intitulé « Syntax, Morphology and Phonology of SLI » à paraître
chez MIT Press, C. Jakubowicz et L. Nash.
• Coordination des Actes du 5ème Colloque de Syntaxe et Sémantique à Paris (CSSP 03),
Claire Beyssade, Olivier Bonami, P. Cabredo Hofherr et Danièle Godard.
• Monographie consacrée à la syntaxe du géorgien. L. Nash.
• Coordination d’un volume sur la syntaxe des objets indirects (les datifs). L. Nash.
• Coordination d’un volume sur la généricité (aux Presses universitaires de Vincennes), C.
Dobrovie-Sorin et P. Cabredo Hofherr.
• Coordination d’un volume sur les réfléchis et la structure argumentale (aux Presses
universitaires de Vincennes), C. Dobrovie-Sorin et P. Cabredo Hofherr.
31
4
Rapport de l’équipe « Poétique et métrique »
Membres de l’équipe 2000-2003
Coordinateur : Jean-Louis AROUI
Membres pleins : Jean-Louis AROUI (Maître de conférences, Université Paris VIII).
Dominique BILLY (Maître de conférences, Université de Nantes, intégré 2002).
Membres associés : Andy ARLEO (Professeur, Université de Nantes, A.L.P.L. (« Analyse
linguistique et pratiques langagières »), JE n° 2323). Éric BEAUMATIN (Maître de
conférences, Université Paris III, E.A. « Langues Romanes »). Benoît de CORNULIER
(Professeur, Université de Nantes, CALD (Centre d’Analyse Linguistique du Discours),
EA 2162).
1
1.1
Introduction
Synthèse
L’équipe s’intéresse à l’étude de problèmes formels touchant à la poésie et au discours
poétique, avec une orientation qui est essentiellement métrique. L’une de ses originalités est
de s’intéresser tout autant aux formes savantes (la poésie écrite signée) qu’aux formes issues
du folklore (chanson, comptines, slogans, etc.). Les langues étudiées par l’équipe sont
essentiellement les langues romanes et l’anglais, mais sans exclure des possibilités
d’élargissement à l’avenir. L’une des préoccupations centrales de l’équipe est d’ailleurs la
typologie, tous les membres de l’équipe participant activement au programme « Typologie des
formes poétiques », financé par la fédération « Typologie et Universaux Linguistiques » du
C.N.R.S. Parallèlement à cela, un certain nombre de collaborateurs s’intéressent à l’étude
diachronique des formes, ou à la synchronie des métriques médiévales européennes.
1.2
Historique
L’équipe « Poétique et Métrique » est l’une des composantes d’origine de l’UMR, qui existait
dès février 1994, lors de la création de l’URA 1720, « Centre de Syntaxe Formelle et de
Poétique Comparée ». Dirigée à l’époque par Nicolas Ruwet, elle était alors, par le nombre de
chercheurs qu’elle rassemblait, l’un des bastions principaux du laboratoire. Elle intégrait des
enseignants-chercheurs de l’université Paris 8 (N. Ruwet, Georges Bohas), le « Centre
d’Études Métriques » de l’université de Nantes (Benoît de Cornulier, Dominique Billy, JeanMichel Gouvard), des chercheurs de l’Université Libre de Bruxelles (Marc Dominicy, Mihai
Nasta), ainsi que de nombreux doctorants. L’équipe organisait alors des journées d’études qui
se tenaient successivement dans lkes villes de Saint-Denis, Bruxelles et Nantes. Une brochure
de prépublications, Poétique et métrique, a été un temps publiée.
Aujourd’hui dirigée par Jean-Louis Aroui, l’équipe souhaite s’élargir et dynamiser les
études de typologie métrique, ainsi que les questions d’interface entre les formes poétiques et
des problèmes philologiques tels que l’établissement des textes poétiques.
2
Recherches 2000-2003
2.1
Recherches du programme “Typologie des formes poétiques” (Programme 07
de la federation “Typologie et Universaux Linguistiques”, FR 2559)
Responsable du programme
Jean Louis AROUI (UMR 7023 )
Equipe pilote
Laboratoire gestionnaire : UMR 7023.
32
Participants
Andy ARLEO (Université de Nantes, Analyse linguistique et pratiques langagières (ALPL),
JE n° 2323, responsable Paul Boucher), Jean-Louis AROUI (Université Paris VIII, UMR
7023), Valérie BEAUDOUIN (Chercheur indépendant), Eric BEAUMATIN (Université ParisIII, EA « Langues Romanes » (dir. - Gilles Luquet et Alvaro Rocchetti), Dominique BILLY
(Université de Nantes, UMR 7023), Marion BLONDEL (Post-Doc DYALANG, UMR 6065,
directrice Régine Delamotte-Legrand), Carole CHAUVIN (ITA, Centre de dialectologie de
Grenoble, EA 612 ; directrice : Jeanine-Elisa Médélice), Benoît de CORNULIER (Université
de Nantes, CALD - EA 2162), François DELL (CRLAO), Jean-Michel GOUVARD
(Université Bordeaux III, CALD – EA 2162) (a intégré le programme en 2003), Bruno PAOLI
(Université Bordeaux III, EA Centre d’Études et de Recherches sur le monde arabe et
musulman (CERMAM), dir. M. Samaha KHOURY). (a intégré le programme en 2003),
Paulette ROULON-DOKO ( LLACAN , UMR 7594).
Objectifs du programme
Le programme a commencé en 2002, au moment de la création de la fédération « Typologie et
Universaux Linguistiques ».
Sur le plan heuristique, le programme 2002 se divisait en deux axes. Le premier de ces
axes correspondait aux formes métriques de type folklorique ou populaire, le second aux
formes de la tradition savante.
a) Axe « Etude des genres à debit réglé »
Appelons « genres à débit réglé » (GADR) les genres qui imposent leur rythme propre
à la parole. Sont par exemple des GADR le cri collectif scandé au stade ou dans la rue, la
formulette enfantine, la chanson.
L'ambition à long terme est de dégager un système général unique dont les GADR ayant
cours dans le monde dériveraient tous par le choix de certains paramètres. Un tel système
fixerait l’éventail des relations possibles, au sein d'un GADR, entre les catégories
linguistiques et les catégories non-linguistiques, par exemple entre accent linguistique et
temps fort musical. Ce système permettrait entre autres de préciser les ressemblances et les
différences entre le « rythme » de la parole et le rythme musical, aidant ainsi à mieux situer les
champs couverts par la métrique et la phonologie par rapport à d'autres régions de
l'équipement mental des humains.
b) Axe « Typologie métrique et migration linguistique des structures poétiques »
Il s’agit ici de formes de tradition « savante », reconnaissables le plus souvent par leur
caractère « signé » (elles apparaissent dans des poèmes dont on connaît le plus souvent les
auteurs) et, généralement, à partir du XVe siècle, à leur détachement de tout support musical.
D’une langue à l’autre, la similitude de ces formes peut s’expliquer, selon les cas, de
deux manières différentes :
1. Il peut y avoir une similitude structurelle (exemple : langues à tons) ou génétique
(exemple : langues romanes) entre les langues concernées.
2. Il peut y avoir un emprunt culturel entre deux langues en contact (exemple :
propagation du sonnet dans différents pays européens). Ces transferts culturels existent
massivement au niveau des formes métriques macro-structurelles (strophes, formes fixes),
mais peuvent se rencontrer aussi à des niveaux micro-structurels, quand ces transferts formels
sont potentiellement possibles au vu de la structure des langues en contact. (L’exemple
canonique est, dans l’Antiquité, le transfert des mètres grecs dans le monde latin).
33
L’étude de ces phénomènes, à la fois géographique et diachronique, passe par
l’établissement de bases de données métriques sur diverses langues, construites de telle
manière que leurs données soient comparables (les systèmes d’encodage doivent être
identiques sinon voisins), ce qui présuppose, parallèlement au travail quantitatif, une réflexion
théorique et méthodologique qui nécessitera des discussions approfondies.
Etat d’avancement
Le programme a donné lieu à une première journée d’études le mercredi 18 décembre 2002.
La journée d’études était divisée en deux, chaque demi-journée étant consacrée à l’un des
deux axes de recherche portés par le projet. La journée était du type « bilan et perspectives » :
chacun s’est fait connaître et a présenté ses travaux, et nous avons tous ensemble mis sur pied
des projets communs pour 2003. Malgré la bipartition initiale du workshop, les participants,
quelle que soit leur spécialité, ont participé à l’ensemble de la journée, et ont tous exprimé le
désir de fédérer les études portant sur le folklore ou sur les formes savantes dans une seule
problématique typologique. En effet, bien des formes savantes ont des origines populaires, et
nombre d’entre elles relèvent, comme les formes folkloriques, d’une poétique de l’oralité ou
du chant.
Les participants au programme ont souhaité s’engager ensemble dans un travail
proprement typologique, mais aussi s’orienter vers une réflexion touchant aux méthodes
quantitatives à mettre en œuvres pour élaborer des bases de données métriques. Pour cela,
nous avons discuté des moyens financiers et matériels qui étaient nécessaires à la réalisation
de nos ambitions.
Carole Chauvin-Payan a intégré dans les travaux de notre programme son CD-ROM
Papier Caillou Ciseaux. Le folklore de la récré, qui est une base de données touchant au
folklore enfantin.
En 2003, le programme a donné lieu à une journée d’études, le mercredi 21 mai, à
Nantes (4 de nos collaborateurs travaillant ou habitant dans cette ville). Les intervenants
étaient des membres du programme, mais l’assistance était ouverte à toute personne
intéressée. Les communications ont porté sur la typologie métrique, ou apporté des
considérations pouvant intéresser cette dernière (travaux théoriques ou méthodologiques, par
exemple). Voici la liste des conférences qui ont été données ce jour-là :
Dominique Billy(Université de Nantes) : « “Harmonie du Soir” et la délimitation d’un
genre »
Jean-Michel Gouvard(Université Bordeaux III) : « L’alexandrin français 1790-1840 :
problèmes de méthode »
Andy Arleo(Université de Nantes) : « Quelques systèmes de notation rythmique au banc
d’essai »
Carole Chauvin(Centre de Dialectologie de Grenoble) : « Le virelangue, un moyen
d’acquisition phonologique d’une langue ? »
François Dell(CRLAO, Paris) : « Terminaisons masculines et féminines en fin de vers dans la
chanson française traditionnelle »
Marion Blondel(DYALANG, Rouen) : « Une métrique “orale” pour les langues des
signes ? »
3
Autres activités 2000-2003
3.1
Coopérations internationales
D. Billy
34
– Chercheur invité en octobre 2000 à l’Université Tor Vergata (Rome II) ; recherches
documentaires sur l’endecasillabo sicilien.
– Professeur invité à l’Université de Padoue, Dipartimento di Linguistica Romanza, mai 2001
et mai 2003.
3.2
Conférences dans des congrès internationaux avec comité de sélection
Aroui : « Nouvelles considérations sur les strophes », Colloque International du Cercle Belge
de Linguistique Approches linguistiques de la poésie, Université Libre de Bruxelles,
13-15 janvier 2000.
Billy : « Hasard et intertextualité : à propos d’un cas de contrafacture (Arnaut de Mareuil “La
grans beutaz e• l fis ensenhamens” », Colloque Vettori e percorsi tematici nel
Mediterraneo romanzo, Università degli Studi di Roma Tor-Vergata, Dipartimento di
Studi filologici, linguistici e letterari, 11-14 oct. 2000.
Billy : « Amour et contrafacture dans la poésie des troubadours », Colloque Lessico, parolechiave, strutture letterarie del Medioevo romanzo, Università degli Studi della Calabria,
Dipartimento di Linguistica, Cosenza, 24-25 nov. 2000.
Billy : « De l’assonance chez Verlaine », Colloque de la Société d'Etude du Vers, Poétique de
la rime, organisé à la Sorbonne par M. Murat, 8-9 déc. 2000
Aroui : « De la richesse des rimes », Colloque international de la Société d’Étude du Vers
(SEV), Poétique de la rime, En Sorbonne, 8-9 décembre 2000.
Aroui : « La dernière version n’est pas toujours la meilleure : l’exemple des dizains
réalistes », colloque international Éditer la poésie, Université Libre de Bruxelles, 1113 septembre 2003.
4
Projets pour 2004
Deux colloques sont prévus pour 2004.
1.
L’Espace lyrique méditerranéen
Coordinateurs : Dominique Billy, avec Martin Aurell (Poitiers), François Clément (Nantes),
Annie Combes (id.).
Colloque consacré à la poésie lyrique médiévale (Xe-XVe siècles) : deux journées de travail
portant sur les domaines roman, arabe et hébreu, prévues en mars 2004.
Conférences, plénières prévues :
– Gérard LE VOT (Université de Lyon II), « Pluriculturalité et intertextualité musicales à la cour
d’Alphonse le Sage (XIIIe siècle) »
– Gérard GOUIRAN (Université de Montpellier), « Le rayonnement culturel des troubadours à
travers l’espace méditerranéen »
Communications prévues de (liste des noms + université) :
– Martin AURELL (Université de Poitiers)
– François CLÉMENT (Université de Nantes)
– Aviva DORON (Université de Jerusalem)
– Michèle SZKILNIK (Université de Nantes)
– Mercedes BREA (Universidade de Santiago de Compostela)
– Annie COMBES (Université de Nantes)
– Cynthia ROBINSON (University of New Mexico)
– Roberto ANTONELLI (Università di Roma “La Sapienza”)
– Albert ARAZI (Université de Jerusalem)
– Abdellatif GHOUIRGATE, (Université de Nantes)
– Arie SCHIPPERS (Université d’Amsterdam)
– Anna ALBERNI (Universitat de Girona)
35
–
–
–
Dominique BILLY (Université de Nantes)
Ann BUCKLEY (Cambridge University)
Antoni ROSSELL (Universitat Autònoma de Barcelona),
2. Typologie des formes poétiques
Colloque international bilingue (anglais/français), prévu pour l’automne 2004, à Paris.
Comité d’organisation :
Andy ARLEO (A.L.P.L., Université de Nantes)
Jean-Louis AROUI (U.M.R. 7023, Université Paris VIII)
Dominique BILLY (U.M.R. 7023, Université de Nantes)
Marion BLONDEL (DYALANG, U.M.R. 6065).
Comité scientifique (provisoire) :
Andy ARLEO (A.L.P.L., Université de Nantes)
Jean-Louis AROUI (U.M.R. 7023, Université Paris VIII)
Eric BEAUMATIN (E.A. « Langues romanes », Université Paris III)
Dominique BILLY (U.M.R. 7023, Université de Nantes)
Marion BLONDEL (DYALANG, U.M.R. 6065)
Carole CHAUVIN (Centre de dialectologie de Grenoble, E.A. 612)
Jean-Michel GOUVARD (UMR 7023 Université Bordeaux III)
Bruno PAOLI (CERMAM, Université Bordeaux III).
Le colloque aura pour vocation d’accueillir des conférences qui portent sur des aspects
variés des formes poétiques dans diverses langues du monde, sans se restreindre à la métrique.
Il se voudra un lieu de rencontre entre les spécialistes du folklore (chanson, comptine, slogan,
proverbe…) et les spécialistes de formes savantes (la poésie écrite, certains types de chant).
En effet, divers travaux récents montrent qu’une réflexion typologique prenant en compte ces
deux grandes familles de « formes poétiques » peut être fructueuse.
Seront bienvenues des communications sur les questions suivantes :
-
La typologie proprement dite ;
Le problème des universaux ;
L’interface des unités métriques et des unités linguistiques ;
L’interface du langage et de la musique ;
Les rapports formes orales / formes écrites ;
Questions de méthodologie en métrique quantitative ;
Travaux comparatifs sur deux ou plusieurs langues ;
Travaux sur une langue spécifique ayant une visée ou un intérêt typologique.
Parallèlement, nous avons l’intention d’inviter un certain nombre de conférenciers,
réputés dans le domaine de la typologie métrique ou celui du traitement quantitatif des
données métriques. Le nombre de ces conférenciers dépendra du budget obtenu. Sont
envisagés, pour l’étranger : Marc Dominicy (ULB, Bruxelles), Bruce Hayes (UCLA, Los
Angeles), Morris Halle (MIT, Cambridge, MA), Ivan Horvath (Budapest). Les deux premiers
ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils étaient prêts à accepter l’invitation.
En ce qui concerne la publication des actes de ce colloque, il est clair qu’elle ne se fera
pas avant 2005. Nous chercherons un éditeur prêt à publier un ouvrage composé d’un
mélange de textes français et de textes anglais.
36
5
-
Plan de recherche 2005-8
Publication des actes du colloque international “Typologie des formes poétiques”.
Travaux sur les questions d’interface entre la métrique et les problèmes d’établissement de
texte. L'assemblée générale du laboratoire vient de voter pour une intégration de nouveaux
membres collaborant à l¹équipe « Poétique et métrique » : Benoît de Cornulier, Julien
G¦ury, Jean-Michel Gouvard, Steve Murphy, Guillaume Peureux. Ceux-ci sont largement
impliqués dans des travaux de métrique française ou d¹édition de corpus poétiques. Leur
apport scientifique, qui est considérable, devrait permettre de mettre en place des
programmes d¹édition (sur papier et/ou sur support électronique) et, en aval ou en
parallèle, des études métriques systématiques de ces corpus, notamment à partir
d¹encodages dans des bases de données (des répertoires métriques informatisés).
37
5
Rapport de l’équipe « ACQUISITION »
Membres de l’équipe 2000-2003
Membres pleins : Monique LAMBERT (Paris 8), Léa NASH (Paris 8), Clive PERDUE (Paris
8, Coordinateur), Marzena WATOREK (Paris 8).
Docteurs en 2000 : Sandra BENAZZO, Patrizia GIULIANO
Docteur en 2003 : Rebekah RAST
Membres associés : Sandra BENAZZO (Lille 3), Jean-Yves DOMMERGUES (Paris 8), Célia
JAKUBOWICZ (CNRS)
Doctorants : Hana HIRZALLA, Merel Keyser (Co-tutelle, VU Amsterdam institution
principale), Ewa LENART, Carla SOARES, Pascale TREVISIOL, Marlies van der VELDE.
1
Présentation et historique 2
L’équipe a participé au premier programme international de recherches coordonnées et
comparatives sur l’acquisition d’une deuxième langue, au cours duquel a été mené une étude
longitudinale de l’acquisition de cinq langues européennes par des adultes, immigrés en
France, en Allemagne, au Pays-Bas, en Suède et au Royaume-Uni (Perdue 1993), mené de
1981 à 1988 sous l’égide de la European Science Foundation (ESF).
Le CNRS a financé la participation de l’équipe Paris 8 à ce programme et a approuvé,
à son terme, la constitution d’un Groupement de Recherche (GdR 113 du CNRS, Section 34)
afin qu’elle poursuive ses recherches avec un groupe de chercheurs de l’Université de
Provence (D. Véronique et coll.) qui avait également participé au programme ESF, en y
associant aussi l’équipe “acquisition” de l’UMR “Dynamique du langage” (H. Jisa et coll.).
Ce GdR, classé premier en section 34 à chacune de ses demandes de renouvellement (1991 et
1995), a cessé ses activités lors de l’incorporation de l’équipe Paris 8 dans l’UMR 7023.
Les coordinateurs du programme ESF – Wolfgang KLEIN et Clive PERDUE – ont
mis sur pied à son terme un réseau de laboratoires européens avec le double but de poursuivre
dans une direction plus spécifiquement psycholinguistique les recherches entreprises sous
l’égide de l’ESF, et d’encourager de jeunes chercheurs à collaborer dans un cadre européen.
Cette structure a engendré un nombre important de projets de recherche impliquant des sousensembles des équipes participantes, et notamment l’Institut Max-Planck für Psycholinguistik
et notre équipe – on trouvera dans 2.1 ci-dessous des descriptifs de trois programmes menés
en commun actuellement. Elle a aussi permis la soutenance de plusieurs thèses en co-tutelle,
dont deux avec Paris 8 comme institution principale (une troisième co-tutelle est en cours). Ce
réseau de laboratoires est par ailleurs à l’origine depuis 1996 d’une série de six congrès
internationaux financée par l’EURESCO (European Research Conferences - High Level
Scientific Conferences of the European Commission) et présidée successivement par
Wolfgang KLEIN (MPI), Clive PERDUE (Paris 8) et Christine DIMROTH (MPI).
Par ailleurs, l’équipe édite une revue bi-annuelle Acquisition et Interaction en Langue
Etrangère (AILE) dont certains numéros thématiques sont directement pertinents pour la
problématique des recherches détaillées en 2. infra :
AILE 20 (à paraître): L’acquisition de la langue maternelle par des enfants et l’acquisition
d’une deuxième langue par des adultes : études comparatives. (Confié à H. Hendriks,
Cambridge)
AILE 18 (2003): Le facteur âge dans l’acquisition d’une langue étrangère. (Confié à D.
Singleton, Dublin)
AILE 15 (2001): Les langues des signes: une perspective sémio-génétique. (Confié à C.
Cuxac, Paris 8)
AILE 11 (1998): Structure des lectes des apprenants. (Confié à M. Watorek, Paris 8)
AILE 9 (1997): Les apprenants avancés. (Confié a I. Bartning, Stockholm)
2 Une présentation synthétique des orientations scientifiques de l’équipe, ainsi que des recherches entreprises
entre 2000 et 2003, se trouve supra en 1.2.
38
AILE 6 (1995): L’acquisition bilingue simultanée pré-scolaire. (Confié à S. Schlyter, Lund)
2
Recherches 2000-2003
2.1
Recherches sur programme
(I)
Le tout début de l’acquisition : le traitement initial d’une langue non-maternelle
par l’apprenant adulte. (Rebekah Rast, avec la collaboration de Clive Perdue et Marzena
Watorek) ;
La nature de la capacité linguistique de l’être humain est sujette à controverse. Certains
chercheurs travaillant dans le cadre de la Grammaire Universelle sont d’accord pour
considérer que le locuteur humain (l’enfant ainsi que l’adulte) est doté d’une capacité
cognitive spécifique au langage. En acquérant sa langue maternelle, l’enfant n’est pas en
mesure de découvrir l’ensemble des informations nécessaires pour réussir cette acquisition à
partir de l’environnement linguistique (appelé “input”) “appauvri” qui l’entoure. Il faut alors
conclure qu’il a recours à d’autres sources d’information, à savoir sa connaissance innée de la
Grammaire Universelle. Pour ce qui est de l’acquisition d’une langue seconde à l’âge adulte,
ce genre d’apprenant s’appuierait sur l’instanciation de la Grammaire Universelle dans sa
langue maternelle.
Les tenants de l’approche interactionniste de l’acquisition (on acquiert dans et par la
communication) contestent ces propositions. Pour eux, les capacités cognitives générales de
l’apprenant suffisent à expliquer l’acquisition linguistique, tout comme d’autres acquisitions
spécifiques à l’esprit humain. Toutes les informations nécessaires sont donc présentes dans
l’input, car l’input n’est pas seulement le langage environnant, mais est constitué aussi par les
interlocuteurs de l’apprenant, qui l’étayent et le forment.
On voit donc que la façon dont l’apprenant maîtrise l‘input est décisive pour trancher
entre ces propositions opposées ou, du moins, pour avancer dans le débat. Le débat théorique
pèche sans doute par “impressionisme empirique”. C’est pourquoi une partie des recherches
de l’équipe “Acquisition” de l’UMR 7023 a tenté ces dernières années de créer des conditions
expérimentales visant à contrôler l’input et à analyser les stratégies de traitement de cet input
par l’apprenant. Une telle tentative étant difficilement envisageable chez le nourrisson, nous
avons analysé dans le détail les performances d’apprenants adultes francophones pendant leurs
premières heures d’exposition à une langue inconnue (le polonais, en l’occurrence). L’“input”
– ici la production du professeur polonophone dispensant sa “méthode communicative” – a
été intégralement enregistré. Ces données ont été transcrites par une polonophone à l’aide des
logiciels du dispositif CHILDES (MacWhinney 2000).
Cette recherche s’est donné trois objectifs généraux:
1) Identifier les connaissances opératoires chez l’apprenant lors du premier contact avec la
langue cible et identifier les stratégies utilisées par l’apprenant au tout premier contact avec
l’input;
2) Caractériser l’input fourni aux apprenants, grâce à un contrôle complet de l’input;
3) Analyser les activités langagières en fonction de l’input initial reçu, afin de caractériser le
tout début du processus d’acquisition.
Au total, 127 informateurs ont participé à l’étude. On a réuni trois groupes
d’informateurs: (A) les apprenants francophones du polonais, débutants complets, suivis
longitudinalement (groupe longitudinal); (B) d’autres informateurs francophones sans contact
antérieur avec la langue polonaise et pour qui le seul input polonais était celui présent dans la
tâche demandée; (C) des polonophones natifs qui ont servi de groupe de contrôle.
39
Le groupe longitudinal a été soumis cycliquement à une batterie de tests comportant
des jugements de grammaticalité, de la compréhension orale, de la traduction vers le français
ainsi que des tests de reconnaissance et de répétition. Les informateurs qui n’ont pas suivi le
cours de polonais (groupe B) ont été soumis, une seule fois, à un sous-ensemble de ces tests.
Ainsi, on a pu procéder à des comparaisons fines entre des performances initiales et des
performances après une heure (une heure trente, et ainsi de suite) d’input contrôlé. Les
polonophones natifs (groupe C) ont passé les mêmes tests de jugements de grammaticalité que
les apprenants du groupe A. Cette démarche a eu pour objectif de confirmer nos hypothèses
sur les préférences des polonophones en ce qui concerne l’ordre des mots en polonais.
Les résultats sont détaillés dans RAST (2003). On a identifié certaines connaissances
disponibles chez l’apprenant adulte au moment du premier contact avec une langue cible. On
a observé l’influence de la langue maternelle, d’autres langues non maternelles, ainsi que
l’influence des connaissances linguistiques indépendantes des spécificités des langues, et des
connaissances extralinguistiques. La stratégie dominante utilisée par les apprenants pour
s’acquitter d’une tâche dans une langue inconnue étaient bien sûr le recours aux autres langues
(maternelle et non maternelles) connues. Nos informateurs ont utilisé leurs connaissances
phonologiques, morphologiques et lexicales (du français et d’autres langues) afin d’établir des
correspondances avec les mots d’une langue inconnue. Il est remarquable que l’influence
d’une autre langue non maternelle était parfois plus importante que celle de la langue
maternelle, même dans les cas où la langue non maternelle en question et le polonais sont
typologiquement éloignées.
On a pu caractériser l’input fourni aux apprenants grâce à un contrôle complet de
celui-ci et par le biais d’une transcription faite à l’aide des logiciels de CHILDES. On a pu
calculer le nombre d’occurrences des mots et des formes dans l’input afin d’évaluer les
performances des apprenants en fonction de l’input. Ce contrôle nous a permis d’analyser le
processus d’acquisition chez nos apprenants en fonction de l’input reçu en terme d’exposition
globale et en fonction de la fréquence d’un item dans l’input. Cette démarche nous a permis
de faire la part entre l’influence relative de l’input, de la langue maternelle et d’autres langues
non maternelles comme facteurs déterminant le processus d’acquisition.
On a donc analysé, par rapport à cet input contrôlé, les différentes activités langagières
de l’apprenant, notamment la perception, la compréhension et l’analyse grammaticale. En ce
qui concerne ces activités langagières, on peut conclure qu’un ensemble de facteurs s’avère
essentiel pour l’acquisition d’une langue non maternelle. L’importance relative de l’input, de
la langue maternelle, d’autres langues non maternelles, des connaissances extralinguistiques et
d’autres facteurs cognitifs dépend du type d’activité langagière effectuée par l’apprenant et du
niveau de maîtrise de la langue cible. Nous avons constaté des différences quant à l’influence
de certains facteurs sur les performances des apprenants entre les différentes cycles de tests. Il
s’ensuit que le niveau de maîtrise doit être pris en compte lorsque nous parlons du rôle des
facteurs cités ci-dessus. En effet, il s’est avéré au cours de l’étude que l’apprenant émet des
hypothèses sur une forme ou une structure en langue cible et modifie ces hypothèses au fur et
à mesure de son propre développement.
On a commencé ce résumé par évoquer un débat théorique: une des hypothèses
cruciales sur le tout début de l’acquisition d’une langue seconde est que l’instanciation de la
Grammaire Universelle dans la langue maternelle de l’apprenant constitue la base du
processus, le “filtre” par lequel passe l’input de la langue cible. Selon une autre hypothèse
déterminante, les capacités cognitives générales de l’apprenant et les informations nécessaires
figurant dans l’input sont au centre de ce processus. Nos résultats indiquent que le tableau est
beaucoup plus nuancé que ces hypothèses ne le disent. Par exemple, le type de variabilité
individuelle évoqué dans le paragraphe précédent ne doit pas être exclu des modèles de
l’acquisition d’une langue seconde, et ces modèles ne peuvent faire (le cas échéant)
l’économie des connaissances d’autres langues non-maternelles des apprenants. Des données
empiriques contrôlées peuvent et doivent (aussi) contribuer à faire avancer ce débat.
40
(II)
Construction du discours par des apprenants de langue, enfants et adultes, (APN
2JE454, CNRS: Marzena Watorek, avec la collaboration de Sandra Benazzo, Monique
Lambert, Ewa Lenart, Clive Perdue);
Ce projet s’est proposé d’étudier dans une perspective de comparaison inter-langues,
l’acquisition par l’enfant et l’adulte de certaines procédures nécessaires à la construction de
deux types de discours : la narration et la description. Le processus de construction du
discours dépend à la fois de contraintes phrastiques régissant la structure interne des
constituants majeurs de l’énoncé et les relations entre eux, et de contraintes régulant le
développement de l’information à travers les énoncés pour former un texte cohérent. Le
premier ensemble de contraintes renvoie aux moyens linguistiques dont le locuteur dispose
pour former des énoncés. Le deuxième ensemble de contraintes relève de la capacité
discursive, qui permet à un locuteur de construire un texte cohérent en tenant compte, dans le
choix des moyens linguistiques, des connaissances contextuelles de son interlocuteur. Les
travaux antérieurs en acquisition L1 et L2 suggèrent que la capacité à construire du discours
constitue une différence cruciale entre les deux types d’apprenants : enfants et adultes.
Nous avons donc envisagé deux hypothèses de départ :
(a) Les discours des enfants suivent, en fonction de l’âge, une évolution globale partagée
indépendante des langues maternelles, et explicable par l’acquisition d’une capacité
discursive relevant du développement cognitif de l’enfant. Cependant les parcours
acquisitionnels sont infléchis localement par des spécificités linguistiques.
(b) Les discours des apprenants adultes suivent une évolution déterminée essentiellement
par le développement linguistique, à savoir la grammaticalisation du lecte de l’apprenant.
Les apprenants adultes même débutants (et contrairement aux enfants) construisent dès le
début de l’acquisition des textes cohérents.
Une méthodologie commune de recueil des données a été constituée, ce qui a permis
de garder les tâches communicatives constantes en variant le type de sujets – enfants et
adultes, et des langues : le français L1 et L2, l’italien L1 et L2, le grec L1 et L2, et l’anglais, le
polonais et l’allemand L1. Nous avons utilisé trois tâches : une tâche de récit de film, une
tâche de récit sur images et une tâche de description d’affiche. Tous les sujets ont effectué ces
trois tâches en construisant des récits de fiction (récit de film et récit sur images) et des
descriptions spatiales.
En ce qui concerne les sujets (apprenants adultes et enfants), nous avons enregistré des
enfants francophones, polonophones, italophones, anglophones, germanophones et
grecophones de 4, 7 et 10 ans. Ce choix de groupes d’âge s’inspire des travaux de Hickmann,
qui a montré la pertinence de ces âges dans les stades du développement de la capacité
discursive. Nous avons enregistré également des apprenants adultes de différents niveaux :
polonophones, anglophones et germanophones du français L2, ainsi que des apprenants
adultes francophones de l’italien et albanophones du grec. Par ailleurs, nous disposons des
enregistrements d’un groupe ‘de contrôle’ composé des locuteurs adultes natifs des langues
considérées.
Un rapport final, soumis pour évaluation au CNRS, est d’ores et déjà disponible en
écrivant à Marzena Watorek. Les résultats vont par ailleurs être exposés dans un prochain
numéro de Langue Française.
(III) Rôle de la finitude dans l’acquisition des langues romanes et germaniques (PICS
1352, CNRS: Clive Perdue, avec la collaboration de Sandra Benazzo, Marzena Watorek).
Ce sont les catégories morpho-syntaxiques de la personne et du temps qui sont
traditionnellement associées aux propositions finies (et absentes des in-fini-tives). La notion
de finitude va cependant au-delà, ayant aussi des incidences sémantiques et pragmatiques.
Cette notion devient centrale dans les débats théoriques sur l'acquisition du langage et des
langues. Dans notre demande de PICS, nous nous sommes proposés d'analyser le rôle de la
finitude dans l'acquisition des langues romanes et germaniques comme langue première et
seconde, en nous demandant :
41
(a) quelles sont les étapes et itinéraires d'acquisition possibles, et
(b) en quoi la différence de 'réussite' des apprenants enfants et adultes nous aide à comprendre
l'organisation et le fonctionnement de la finitude dans les langues en général.
La méthodologie adoptée est principalement l'analyse longitudinale de productions
d'apprenants face à des tâches verbales comparables. Les langues à acquérir (ou langues «
cibles » : LC) sont principalement le français, d’une part, et l’allemand, l’anglais et le
néerlandais, de l’autre, qui disposent toutes d’une morphologie verbale pour marquer la
finitude.
Les premières analyses, basées sur une comparaison fine des correspondances entre la
structure informationnelle et la structure linguistique des énoncés des apprenants, montrent
des similitudes frappantes entre la structure du processus d’acquisition chez les enfants et
chez les adultes. (La différence principale à ce niveau n’est d’ailleurs pas celle de la structure,
mais celle de la vitesse d’acquisition : les enfants passent par ces stades en quelques mois ; les
adultes mettent beaucoup plus de temps, voire, ne réussissent pas, pour certains.) Une
propriété centrale caractérisant ces différents processus est l’expression d’un topique et d’une
éventualité, le locuteur affirmant la validité de l’éventualité pour ce topique. Cette relation
énonciative entre topique et éventualité s’établit grâce à ce que nous pouvons appeler une
procédure de liaison, et de validation . Cette procédure revêt différentes formes à des
moments successifs du processus d’acquisition, mais on observe des similitudes interlingues
et inter-sujets tellement frappantes qu’on est fondé à y reconnaître des stades. Nous avons
dégagé trois stades principaux (qui méritent d’être davantage précisés par la suite) : le stade
holistique ; le stade d’organisation conceptuelle ; le stade de la liaison par verbe fléchi. Ces
stades correspondent globalement à ce qui a été appelé organisation nominale, lecte de base,
organisation par verbe fléchi par Klein & Perdue dans les années 90. Le suivi longitudinal
tend à montrer que les apprenants, enfants et adultes, développent des moyens pour marquer
d’abord la liaison validante, et que ces moyens sont d’abord, dans les deux cas, lexicaux, et
pas morphologiques. La valeur temporelle des formes verbales fléchies des langues à acquérir
vient ensuite seulement . On est donc amené à nuancer la généralisation habituellement
acceptée en acquisition, qu’une différence fondamentale entre l’acquisition d’une langue
(germanique ou romane) par l’enfant et par l’adulte est que celui-là, mais pas celui-ci,
développe d’abord, rapidement et sans effort, la morphologie verbale. Ces résultats sont
détaillés dans le rapport 2002 au CNRS, que l’on peut consulter sur le site de l’UMR :
http://umr7023.free.fr/acquisition.
(IV) Analyses comparatives approfondies sur les productions narratives orales de
locuteurs natifs et d’apprenants très avancés. Monique LAMBERT, Mary CARROLL
& Christiane von STUTTERHEIM (Heidelberg), Marianne STARREN (Nijmegen)
L’une des différences les plus frappantes entre le processus d’acquisition chez l’enfant de sa
langue maternelle et chez l’adulte d’une L2 est son résultat : à la différence de l’enfant,
l’adulte atteint très difficilement la maîtrise de la L2. Comme le montre clairement les
contributions des spécialistes de la question de l’âge dans l’acquisition d’une L2 au numéro
18 d’AILE (voir 1 supra), on jauge le degré de maîtrise linguistique du locuteur adulte nonnatif par rapport à des activités qui dépassent rarement le niveau d’analyse de la phrase –
prononciation de mots ou de phrases, jugements de grammaticalité, exercices à trous, etc. Or,
il est un phénomène bien connu des professeurs de langue étrangère confrontés à des
productions d’apprenants très avancés, voire quasi-bilingues : bien que leurs textes ne
présentent aucune faute de grammaire et que le vocabulaire est maîtrisé, ces textes ne
peuvent pas néanmoins avoir été produits par un natif. Et pourtant, il n’existe quasiment pas
d’analyses linguistiques approfondies qui porte sur la construction de discours longs par des
non-natifs.
42
Dans une première série d’expériences (Carroll et al., 2000 ; Stutterheim & Lambert,
2003), nous avons testé l’hypothèse que ce décalage entre natifs et quasi-bilingues s’explique,
non pas par des différences culturelles, mais par un transfert de l’organisation grammaticale
de la L1 qui détermine le déroulement de l’information d’énoncé en énoncé. Des séries
d’analyses (voir Carroll & Lambert 2003, pour une récapitulation) de textes narratifs produits
oralement par des groupes de sujets adultes anglophones monolingues et des apprenants
adultes très avancés de l’anglais L2 (ayant soit l’allemand soit le français comme L1) ont
montré que les apprenants transfèrent des procédures d’organisation de très haut niveau
(macro-textuelles) impliquant les concepts grammaticalisés dans leur L1, procédures qui ne
sont pas conformes à celles employées par les anglophones natifs. Ainsi, alors que les
anglophones tendent à mentionner des événements sous l’aspect imperfectif dans des formes
en BE + ING ancrés sur le maintenant du moment de la parole, les apprenants très avancés, à
l’instar des natifs francophones de leur langue source, optent de préférence pour une
organisation axée sur la suite chronologique des faits et des actions qui ont trait au
protagoniste et codent dans des subordonnées les événements ayant des inanimés comme
origine.
Nous en avons conclu que chez les apprenants avancés des principes organisationnels
de la L1 qui déterminent leur conceptualisation de la série d’événements formant une
narration sont toujours actifs dans leur production en L2.
Poursuivant l’investigation des divergences qui subsistent entre les modes
d’expression d’apprenants avancés et ceux des locuteurs de leur langue cible (Lambert,
Carroll & von Stutterheim, à paraître 2003), nous avons dans une étude ultérieure examiné le
recours à l’aspect imperfectif pour ancrer des événements isolés de tout contexte discursif.
Les données proviennent d’une expérience où on demande aux sujets de décrire les activités
ou les actions présentées dans une série de vidéo clips (40 au total) représentant, par exemple,
le lancement d’une balle par un enfant ou le plongeon d’un canard dans une étendue d’eau. Le
compte rendu de ces scénettes impose de situer l’événement (présenté parfois comme comme
télique, parfois comme atélique) du point de vue temporel et de lui attribuer une valeur
spécifique.
Une première série de comparaisons a eu lieu entre deux groupes de locuteurs
anglophones. Les locuteurs de l’anglais disposent, nous le savons, de la forme en BE + ING
qui leur permet de localiser l’événement par rapport au moment de la parole et de lui assigner
une valeur spécifique, soit en d’autres termes ‘l’occurrence particulière de X est le cas en ce
moment précis’.
Le premier groupe d’anglophones était sollicité par la question : what is happening ?
et l’autre, par what happens ? Le recours dans la question à la forme en ING vs le présent
simple influence les choix des lexèmes verbaux et des compléments d’information,
notamment par des circonstants. Lorsque le lexème verbal est à la forme en BE + ING, son
degré de définition (ou de granularité) est moindre que lorsqu’il est au présent simple, les
réponses montrant des variantes telles que : typing a letter vs puts a sheet of paper into the
type writer. Par ailleurs, dans ce dernier cas, des circonstants marquent le terme du processus.
On en conclut que pour infléchir la valeur générique du présent simple en anglais, les
locuteurs tendent à particulariser le macro événement par la sélection de lexèmes verbaux
‘précis’ et/ou par adjonction de circonstants explicitant sa télicité. On en conclut aussi que la
question en BE + ING conduit à sélectionner le lexème verbal exprimant une représentation
globalisante de la situation.
Les comparaisons menées à partir de la même tâche entre locuteurs natifs de langues
disposant du marquage aspectuel imperfectif (l’arabe) ou non (l’allemand) confirment les
tendances de l’étude citée, les germanophones marquant systématiquement le terme du procès,
les arabophones en marquant le déroulement.
43
Pour ce qui est des locuteurs non-natifs, les apprenants germanophones de l’anglais
montrent, comme en L1, une tendance prononcée à exprimer par un circonstant
l’aboutissement du procès, même dans les cas où le terme de cet événement ne figurait pas
dans le film. L’hypothèse qui s’ensuit est qu’en l’absence de moyens grammaticalisés pour
exprimer au présent l’imperfectivité, le locuteur conceptualise le temps de la situation (le
procès à décrire) pour qu’il corresponde le mieux possible avec le temps de l’énonciation.
Comme prévu, les apprenants anglophones de l’allemand n’expriment le terme du procès que
lorsqu’il était montré explicitement dans le film.
Le projet s’est élargi à d’autres langues (le néerlandais, le français et l’italien) qui se
situent sur un continuum dans leur disponibilité de moyens plus ou moins grammaticalisés
pour exprimer la notion de déroulement. Les résultats ont conduit à prendre aussi en compte
les modes d’introduction des référents et les déterminants des arguments, variables qui
interviennent de manière particulière selon les langues pour construire une représentation
spécifique de l’événement.
Le but de ces recherches est donc de voir dans quelle mesure des apprenants avancés
parviennent à utiliser les ressources grammaticalisées de leur langue cible, ou à infléchir les
valeurs des catégories grammaticalisées de leur L1. On y parvient en montrant comment les
moyens grammaticalisés influencent des choix informationnels, ce qui est une autre façon
d’analyser l’interface phrase/discours.
(V)
Etudes sur les différences entre les performances d’enfants ‘normaux’ et
d’enfants atteints de Dysphasie de développement Célia JAKUBOWICZ et Léa NASH
La coopération entre Celia Jakubowicz (membre associé de l’équipe) et Léa Nash pendant la
dernière période aboutit à l’édition d’un ouvrage collectif Syntax, Morphology and
Phonology of SLI , à paraître chez MIT Press. Ce livre a pour but de relier les questions
touchant la linguistique théorique et les troubles du langage. Les phénomènes grammaticaux
en Dysphasie de Développement sont utilisés dans cet ouvrage comme une évidence
empirique qui corrobore ou infirme des analyses en linguistique théorique. Toutes les
contributions devraient offrir des réponses aux questions suivantes, entre autres :
– À quel niveau de grammaire (système computationnelle ou interfaces) les troubles
spécifiques du langage doivent-ils être localisés ?
– Le déficit se manifeste-t-il à travers un ou plusieurs symptômes (marqueurs cliniques) ?
S’il y en a plusieurs, existe-t-il un principe général régissant leur manifestation ?
– Les symptômes des troubles spécifiques du langage doivent-ils être définis en termes
du retard d’acquisition normale ? Ou bien peut-on décerner les propriétés de la
grammaire SLI qui ne sont pas attestées au cours du développement langagier normal ?
2.2
Recherches individuelles
Carla SOARES
(Pour un résumé complet des recherches de C. Soares, voir section 2.1 du rapport de l’équipe
«syntaxe minimaliste »)
Pascale TREVISIOL
« Problèmes de référence dans la construction du discours par des apprenants japonais du
français, langue 3 »
44
Ce travail a pour but de jauger le poids respectif du japonais, première langue (L1) et
de l’anglais, L2, dans l’acquisition du français L3 en milieu universitaire au Japon. Une
enquête linguistique a été menée à cette fin à l'université de Hokkaido (Japon). Les
productions orales de 2 groupes d'informateurs racontant un film ont été enregistrées et
transcrites. Les résultats des analyses semblent indiquer que l'organisation grammaticale du
japonais L1 a relativement peu d'influence (‘transfert’) sur la construction d'un récit de film en
français L3 : les apprenants ont tendance à se reposer sur des moyens neutres qui s'adaptent le
mieux à une conceptualisation "neutre" de la tâche. On retrouve ici les moyens non
spécifiques aux langues individuelles, mis en lumière par les travaux de Klein & Perdue sur la
"variété de base". Lorsqu’influence spécifique des langues en contact il y a, la spécificité du
français L3 de nos apprenants japonophones tient à l'influence indirecte de l’anglais, L2, plus
que celle de la L1, lorsque l'apprenant établit un rapprochement entre les 2 systèmes étrangers.
La L2 est alors activée parallèlement à la L3 durant la phase de formulation du message, et
sert de langue intermédiaire pour émettre des hypothèses sur le fonctionnement de la LC.
L'anglais L2, traité par l'apprenant comme une langue typologiquement proche du français,
intervient ponctuellement et peut donc influer sur les moyens adoptés en L3: l'acquisition
d'une L3 ne peut donc être assimilée à celle d'une L2 et on ne peut faire l'économie des
connaissances d'autres langues non maternelles des apprenants dans ce processus. Mais ces
résultats ne sont pas nécessairement généralisables à tout type de production orale : la
production orale d'un récit basé sur une fiction exerce une influence sur le type de moyens
adoptés dans les 3 domaines référentiels étudiés (personne, espace, temps), en L1 comme en
L3, et sollicite des formes particulières.
Marlies van der VELDE
Cette recherche porte sur la syntaxe et l'acquisition des déterminants et pronoms en
néerlandais et en français. L'objectif de ce travail est double. Dans un premier temps, ce
travail tente de fournir une analyse uniforme pour le système pronominal et du système de
détermination en néerlandais (langue germanique) et en français (langue romane). De cette
analyse découleront des hypothèses pour l'acquisition des pronoms et des déterminants par des
enfants apprenant ces langues. Ces hypothèses seront vérifiées par l'analyse de nouvelles
données d'acquisition obtenues à l'aide de deux expériences de production induite.
3
Autres activités 2000-2003
3.1
Coopérations internationales
Comme il a été dit supra en 1., l’équipe fait partie d’un réseau européen de laboratoires « The
dynamics of learner varieties » comprenant les universités de Nijmegen, Heidelberg, Berlin
(FU et Humboldt), Pavia, Paris (III et X) et du MPI fuer Psycholinguistik, qui organisent :
des conférences EURESCO (voir 3.2) ;
des journées d’études annuelles. Ces journées ont été organisées en 2002 à Paris, par D.
Véronique (Paris III) et C. Perdue.
Le PICS 1352 réunissant l’équipe et le MPI à Nimègue (cf. l’introduction) termine sa
deuxième année d’activité. C. Perdue a bénéficié en 2003 d’un détachement de six mois pour
poursuivre ces recherches à Nimègue.
Enfin, nous mettons actuellement sur pied, avec les universités de Dublin, Barcelona,
Stockholm et le MPI de Nimègue un projet de recherche européen sur la question de l’âge (cf.
infra, 5).
45
3.2
Organisation de colloques
Comme il a été dit en 1 supra, l’équipe est partie prenante dans l’organisation des Conférences
de Recherches Européennes (EURESCO), colloques interdisciplinaires sur des thèmes en
relation directe avec les recherches que nous poursuivons. Les thèmes des prochains colloques
(prévus, sous réserve, en 2004 et 2006) seront “Comparaison des processus d’acquisition de la
L1 et d’une L2” et “L’acquisition des langues à travers les différentes périodes de la vie”. Ces
deux thèmes figurent dans le plan de recherche 2005-8 de l’équipe, et seront détaillés en 5.
infra.
3.3
Conférences dans des congrès internationaux avec comité de sélection
Benazzo,S., Perdue, C., Watorek,M. (2002) “Discourse construction by child and adult
language learners”. DGfS, 26.02 – 1.03. 2002, Mannheim.
Benazzo,S., C. Perdue et M. Watorek (2002) “The role of scope particles in discourse
construction.” Euroconference on the End State of Language Acquisition (EURESCO).
Kolymbari (Crète), octobre.
Lambert,M. & Christiane von Stutterheim (U. Heidelberg, Germany) “Temporal structure in
film retellings by French and German advanced learners of English.” Euroconference on
Information Structure, Linguistic Structure and the Dynamics of Acquisition
(EURESCO). Sant Feliu (E), octobre, 2000.
Carroll, M. (Heidelberg), M. Lambert et J. Murcia Serra (Saarbrücken) (2002) “Hurdles for
advanced learners in achieving native-like competence: grammatical form and principles
underlying information organisation.” Euroconference on the End State of Language
Acquisition (EURESCO). Kolymbari (Crète), octobre.
Lenart, E. ‘Remarques critiques sur la constitution de donées textuelles’. 2ème journées
« Linguistique de corpus » (sous l’égide de l’AFLA), U. Bretagne Sud, septembre 2002.
Lenart, E. ‘Construction de la cohésion anaphorique dans le discours d’enfants francophones
et polonophones’. Journée « Jeunes chercheurs » (sous l’égide de l’AFLA), U. Paris 3,
juin 2003.
Lenart, E. « La cohésion anaphorique dans le discours oral en français L1 et L2 », Colloque
de l’Association for French Language Studies, Tours, septembre 2003.
Perdue, C. "Remarks on perspective taking", European Research Conferences (EURESCO:
European Science Foundation et Euroconférences de l'Union Européenne), Sant Feliu de
Guixols, Espagne, septembre, 2000.
Perdue, C. “Simple codes and the dynamics of language development” Stockholms
Universitet, mai, 2001.
Perdue, C. "Formal and functional approaches to second language acquisition", série de
conferencesà l’école d'été de la Deutsche Gesellschaft für Sprachwissenschaft,
Düsseldorf, juillet, 2002.
Perdue, C. "Second language acquisition and the origins of language debate", Conférence
plénière, 16th Symposium of linguistics, Thessaloniki, avril, 2003.
Perdue, C. “Early learner varieties: a window on language genesis?” Netherlands Institute for
Advanced Science, Wassenaar, novembre, 2003.
Perdue, C. et Watorek, M. (2001) « Comment les résultats d’études psycholinguistiques en
acquisition des langues étrangères peuvent-elles contribuer dans l’enseignement du
Français Langue Etrangère ? - contre la linguistique appliquée. » Workshop « Focus on
French as a Foreign Language », EUROSLA 11, Padeborn, 26 -29 septembre 2001.
Soares-Jesel, C. (2001). " The Category C and the Acquisition of European Portuguese: some
questions about Wh-questions".6th Doctorate Meeting in Linguistics (Paris, 2 et 3 avril
2001).
46
Soares-Jesel, C. (2001 & 2002). "The C category and the acquisition of European Portuguese:
the focus on wh-questions". Deutschen Romanistentag (München, 7-10 octobre 2001) et
XXVIII Incontro di Grammatica Generativa (Lecce, 28 février - 2 mars 2002):
Soares-Jesel, C. (2002). "XP and (no) X° movement to the left periphery in child European
Portuguese". Linguistic Symposium on Romance Languages (Toronto, 19-21 avril
2002).
Soares-Jesel, C. "XP and (no) X° movement to the left periphery in child European
Portuguese" 7th Doctorate Meeting in Linguistics (Paris, 29-31 mai 2002).
Soares-Jesel, C. (2002). “XP and no XE movement to the left periphery in child European
Portugese” (version revue et augmentée). Euroconference on the Syntax of Normal and
Impaired Language (EURESCO). Corinthe (G), juin.
Soares-Jesel, C. "Computational complexity ant the acquisition of the CP domain"(poster).
GALA (Generative Approaches to Language Acquisition) (Utrecht, 4-6 septembre
2003).
Van der Velde, M. (2000). “The Asymmetry of Dutch Weak Object Pronouns”, Console9 à
l'Université de Lund, Suède, décembre.
Van der Velde, M. (2001). “The Status of Dutch Weak Object Pronouns Revisited”, Atelier
des Doctorants en Linguistique, Paris, juillet.
Van der Velde, M. (2003). “L’acquisition des déterminants en néerlandais et l’hypothèse de la
complexité du calcul syntaxique” Atelier des Doctorants en Linguistique, Paris, juillet.
Watorek, M. (2000) « Construire une description spatiale en langue étrangère: organisation et
expression de l’information spatiale dans les productions des apprenants avancés
polonophones du français ». EUROSLA 10, Cracovie, 7 – 10 septembre 2000.
Watorek, M. (2000) “Le développement des liens anaphoriques dans la référenceaux entités et
à l’espace dans l’acquisition du français par des apprenants polonophones.”
Euroconference on Information Structure, Linguistic Structure and the Dynamics of
Acquisition (EURESCO). Sant Feliu (E), octobre.
Watorek, M. (2001) « Construction du discours descriptif à visée spatiale en italien L2 : une
étude des productions des apprenants avancés francophones de l’italien. Congresso
Internazionale « Linguistica acquisizionale : italiano di stranieri, italiano per stranieri ».
Università degli Studi di Pavia, Dipartimento dis Linguistica, Pavia, 19 – 20 avril, 2001.
Watorek, M., Hendriks, H., Giuliano, P., Paprocka, U. (2002) “The role of conceptual
complexity in the acquisition of the spatial domain by L1 and L2 learbers of French,
English, Italian and Polish”. European Research Conferences: The structure of the
learner language: the End state of Language Acquisition, 12 – 17 octobre 2002,
Kolymbari, Crète (Grèce).
Watorek, M. (2003) « Le développement d’une capacité discursive à l’oral chez des enfants
de l’école maternelle à l’école primaire. » Colloque Internationnal Le langage oral de
l’enfant scolarisé : acquisition, enseignement, remédiation (Grenoble, octobre 2003,
communication acceptée).
Komur, G. et Watorek, M., (2001) « Etudier l’acquisition d’une langue par des apprenants
adultes d’une langue étrangère et de la langue maternelle par des enfants : le cas de
l’acquisition des particules de portée additives ». Journée " Linguistique de Corpus et
Linguistique Appliquée " organisée par l’AFLA, à Lorient, 14 septembre 2001
3.4
Acquisition et Interaction en Langue Etrangère (AILE.
site :http://edcli.free.fr/_aile)
Seule revue internationale d’expression française traitant de l’acquisition des langues et dotée
d’un comité de lecture, AILE (fondée en 1992) prépare actuellement sa 19ème livraison. Les
numéros parus dans la période de référence sont les suivants :
47
N° 12 (2000) Approches Interactionnistes de L’Acquisition des Langues Etrangères. (Resp. S.
Pekarek, U. Basel)
N° 13 (2000) La Lecture en Langue Etrangère. (Resp. M. Souchon & D. Gaonac’h, U.
Poitiers)
N° 14 (2001) Contributions Individuelles
N° 15 (2001) Les Langues des Signes : Une Perspective Sémiogénétique. (Resp. C. Cuxac,
Paris 8)
N° 16 (2002) L’Acquisition en Classe de Langue de Langue (Resp. D. Coste, ENS Lyon)
N° 17 (2002) L’Acquisition de la Variation par les Apprenants du Français Langue Seconde
(Resp. J.-M. Dewaele, U. Londres & R. Mougeon, U. York, Canada)
N° 18 (2003) Le Facteur de l’Age dans l’Acquisition d’une Langue Etrangère (Resp. D.
Singleton, U. Dublin)
N° 19 (titre provisoire) Développement de la Proposition Complexe
(n.b. le n° 15 accompagne ce rapport sous forme de CD-Rom)
4.
Thèses 2000-2003
Trois thèses ont été soutenues au sein de l’équipe. Voir la première partie de ce rapport
(section 3.6).
Soutenances prévues en 2003 :
Trevisiol, Pascale “Construction du discours en français L3 par des apprenants
japonophones”. (Thèse, décembre).
Habilitation à diriger des recherches (HDR)
HENDRIKS, Henriëtte “Etudes comparatives de l’acquisition de la L1 et de la L2”. HDR,
Université Paris VIII, 26 avril 2003.
5
Projets de recherche 2005-8
Comparaison des processus d’acquisition de la L1 et d’une L2
Participants : M. Watorek, C. Perdue, H. Hirzala (Doctorante), M. Lambert, E. Lenart
(Doctorante)
Ce projet constitue un prolongement de l’APN 2JE454 accordé à M. Watorek (cf. supra
2.1.II). Ce projet a recueilli un important corpus de données enregistrées et très comparables
de productions en français L1 et L2, en italien L1 et L2, en polonais L1 et L2, et en anglais,
allemand et grec, L1. L’effort a jusqu’ici porté principalement sur les données du français, et
les résultats principaux vont faire l’objet d’un prochain numéro de Langue Française. Il est
prévu dans la période qui vient de comparer systématiquement ces résultats avec les analyses
des productions dans les autres langues, le but étant bien entendu de jauger ce qui relève
spécifiquement de chaque cas linguistique et ce qui est généralisable à travers les différents
cas d’acquisition, pour les types de texte étudiés (textes narratifs et descriptifs).
48
L’acquisition des langues à travers les différentes périodes de la vie
Ce projet est nouveau. Il représente une première tentative pour démêler les deux ensembles
de facteurs (facteurs biologiques et linguistiques) qui sont supposés largement déterminer la
variabilité dans le résultat du processus d’acquisition d’une deuxième langue par l’adulte. Audelà des tenants de l’hypothèse de la « période critique », selon laquelle l’homme est
biologiquement incapable, à partir d’un certain âge, de maîtriser une deuxième langue,
certains chercheurs (Flege, Kellerman, Singleton) estiment que l’âge en soi n’est pas
déterminant. Ce serait plutôt l’interaction entre les connaissances de la L1 déjà acquise avec
l’input de la nouvelle langue qui est déterminante dans la variabilité observée. Ainsi, les
enfants acquérant simultanément deux langues semblent apprendre les différents systèmes
phonologiques indépendamment l’un de l’autre, alors que l’apprenant d’une L2 « traduirait »
le nouveau système en fonction de celui déjà maîtrisé (Flege 1981). Si cette interaction entre
deux systèmes linguistiques est effectivement déterminante, on s’attendrait à ce que chez des
apprenants même très jeunes, le développement et les connaissances résultantes en L2
montrent certaines différences subtiles par rapport à leurs contemporains monolingues. Une
autre hypothèse s’ensuit : la distance typologique ou « perçue » (Kellerman 1995) entre L1 et
L2 va influer fortement sur le processus d’acquisition, et les connaissances résultantes.
Pour commencer à répondre à ces questions, il est prévu de soumettre de petits groupes
d’apprenants à une batterie de tests linguistiques comportant des phénomènes notoirement
difficiles à maîtriser par l’apprenant L2. Un exemple : l’utilisation de ser versus estar en
espagnol. Ces groupes seront de différents âges (enfants vs adultes) et de langue maternelle
plus ou moins proche de la langue à apprendre. Ainsi, pour l’espagnol langue « cible », on
prévoit des apprenants de langue maternelle catalane (proche), anglaise et suédoise (plus
éloignées). Ce projet ne commencera pas avant début 2005, et impliquera, en plus de notre
équipe, des chercheurs des universités suivantes : Dublin (D. Singleton), Barcelona (C.
Munoz), Stockholm (K. Hyltenstam) et MPI-Nijmegen (C. Dimroth). Ces chercheurs ont
contribué à la rédaction du n° 18 d’AILE (cf. supra, 3.4).
49
6
Rapport de l’équipe
« Langue des signes et formalisation de la modalité visuo-gestuelle »
1
Présentation générale
L’axe langue des signes de l’UMR 7023 est historiquement issu de la mise en place d’une
filière langue des signes dans le cadre de la SAT SDL liée à l’attribution d’un poste de
professeur profilé « linguistique et langue des signes » en 1998. Concrètement, cela s’est
traduit tout d’abord par la création d’une licence SDL spécialisation LSF dès 1999 puis
d’une maîtrise SDL option LSF en 2000. Parallèlement, ont été crées des formations
diplomantes en partenariat avec le monde associatif dans le cadre de la formation continue :
depuis 1999 un DFSSU d’interprétariat LSF/français (Paris 8 formation permanenteSERAC formation) ; depuis 2000 un DPCU d’enseignement de la langue des signes (Paris 8
formation permanente-VISUELS). Cette dernière formation devrait être complémentée dès
septembre 2003 par une licence professionnelle de didactique et de pédagogie de la langue
des signes L1/L2 en milieu scolaire (Paris 8 formation permanente, partenariat avec le
CNEFEI-INU et VISUELS) Quant au DFSSU, il est projeté de le transformer en Master
professionnel d’interprétariat LSF/français dès 2005 (double sceau université Paris 8université de Rouen en partenariat avec SERAC-formation). Par ailleurs SAT SDL filière
langue des signes intervient dans le cadre du DESS Handicap et nouvelles technologies créé
en 2001à Paris 8 (responsable J. Lopez-Krahe).
En 1999 l’UMR 7023 intégrait l’axe « langue des signes » en tant que composante. Par
la suite, en raison du fait que des recherches propres à cet axe portaient sur une tentative de
formalisation de la gestualité sémiotique (gestualité co-verbale, voir, infra projet STIC)
préalable indispensable à une formalisation « phonetico-phonologique » de la langue des
signes (voir infra projet ACI jeunes chercheurs.et jeunes chercheuses), l’intitulé de l’axe fut
modifié en 2003, pour des raisons évidentes d’identification de l’ensemble de ses membres,
pour devenir : « langue des signes et formalisation de la modalité visuo-gestuelle »
2
Bilan d’activités : 2000-2003
2.1.
Membres de l’équipe pendant la période considérée
chercheurs et enseignants-chercheurs
Dominique Boutet (IUT Evry), Christian Cuxac (SdL Paris 8), Brigitte Garcia (Nancy 2)
doctorants
Leila Boutora, Sandrine Burgat, Ivani Fusellier-Souza, Stéphanie Jacob, Nathalie Monteillard,
Marie-Anne Sallandre, Clarine Tranchant.
50
2.2
Thèmes de recherche
Nos recherches se sont d’abord orientées sur la sémiogénèse des langues des signes. Un
premier volet a consisté à rendre compte de la manière dont on passe des langues des signes
primaires créées par des personnes sourdes sans contacts linguistiques avec des communautés
de sourds (Fusellier-Souza, 2001) à des micro-langues pratiquées par un petit groupe de
personnes sourdes, communautés constituées au hasard de rencontres. Pour que de telles
communications soient possibles, nous postulons un ancrage perceptivo-pratique du langage
mettant en oeuvre un processus d'iconicisation de l'expérience. Le second volet concerne la
création, dès le milieu du 18ème siècle en France, d'établissements spécialisés regroupant des
enfants sourds, événement qui a permis de faire passer la population sourde (en tant que
communauté linguistique) de quelques centaines de personnes regroupées par hasard à
plusieurs dizaines de milliers. D’autre part, le fait que la langue des signes soit investie d'une
mission scolarisatrice en devenant langue d'enseignement a eu pour conséquence un
enrichissement considérable d'un lexique standard, à même de faire passer n'importe quel
contenu scientifique de pointe. Nous faisons l'hypothèse que les langues des signes à histoire
institutionnelle longue (comme la Langue des Signes Française), à partir de ce processus
d'iconicisation initial, ont connu une bifurcation. Une des branches de la bifurcation a donné
lieu à la création de structures très fortement iconiques permettant aux locuteurs de dire tout
en donnant à voir -en illustrant-. Ces structures sont le résultat d'une visée iconicisatrice qui
consiste à anamorphoser gestuellement des représentations imagées de scènes et de schémas
d'actance. Nos recherches successives ont abouti dresser un inventaire exhaustif de ces
structures (ouvrage Cuxac 2000, Sallandre 2001 (a) et thèse). L'autre branche de la bifurcation
qui ne fait que dire (sans montrer) a donné lieu, au moyen de procédés structurellement
économiques à l'accroissement d'un lexique standard à compositionnalité morphémiqueiconique (Cuxac, 2000 (a)) ainsi qu'à des résolutions syntaxico-sémantiques multilinéaires
(signes, mimique faciale, regard, mouvement de la tête et du corps sont sollicités ensemble
dans la construction du sens) et utilisant pertinemment l'espace de manière très originale
(ouvrage Cuxac 2000). Cet axe de recherches sémiogénétiques s'exprime dans le cadre d'un
projet (cf. infra) retenu par le Ministère de la Recherche dans le cadre de son action incitative
« Cognitique 2000 - Langage et cognition ». Pour les recherches à venir, nous pensons qu’au
niveau cognitif, les deux visées correspondent à des traitements neuronaux distincts, le
premier puisant dans les ressources de l'imagerie, l'autre dans des types de traîtement
propositionnels assimilables à ceux qui sont en vigueur dans le maniement des langues orales.
La confirmation de cette série d'hypothèses entraînerait d'indéniables répercussions
épistémologiques et théoriques sur la façon dont on définit traditionnellement le langage et les
langues : 1°) l'être humain est bien un être de langage, comme le montrent ces enfants sourds
isolés en milieu entendant, principaux créateurs de langues des signes primaires sans modèle
adulte (Fusellier-Souza, thèse) ; 2°) mais la possibilité de donner à voir tout en disant conduit
à dire que la modalité visuo-gestuelle a un empan langagier plus vaste que la modalité audiophonatoire. Les théories linguistiques bâties essentiellement à partir du fonctionnement des
langues orales ne pourraient atteindre, de ce fait, le niveau de généralité structurale auquel
elles prétendent (universaux du langage) et ne cibleraient en fait que des cas particuliers
(contraints structurellement par le canal audio-oral) de la faculté de langage. Celle-ci, grâce
aux travaux menés sur les langues des signes, devrait alors être pensée à partir d'un ensemble
plus vaste incluant l'univers mental des représentations par imagerie. Ce modèle a fait l'objet
d'articles récents (Cuxac et al. 2002, Cuxac 2003 (b)).
2.3
Rattachement à des groupes de recherche et projets collectifs
Projet réalisé
51
Responsabilité (Christian. Cuxac) scientifique d'un projet intitulé : « les langues des signes :
analyseurs privilégiés de la faculté de langage... » en partenariat avec le LIMSI (Orsay), l'IRIT
(Toulouse) et l'université Paris IV, projet s'inscrivant dans le cadre du thème « Langage et
Cognition » de l'Action Incitative 'Cognitique 2000' du Ministère de la Recherche.
Projet en cours
Co responsabilité (Christian Cuxac avec Patrice Dalle, IRIT Toulouse) d’une action spécifique
« Interaction gestuelle » du département STIC du CNRS intitulée « Étude et développement de
la communication homme-machine visuo-gestuelle ».
2.4
Diffusion de l’information scientifique
2.4.1 Organisation de colloques
Durant la période de référence, l’équipe Langues des signes a organisé 1 colloque à
l’université de Paris 8 les 15 et 16 mars 2002 dans le cadre de l’ARILS (association de
recherches interdisciplinaire sur la langue des signes).
2.4.2 Publications
Ouvrage
Cuxac C., 2000, La langue des signes française ; Les voies de l'iconicité. Faits de Langues
15/16, Editions Ophrys, Paris, 391 pages.
Direction ou coordination de numéros de revues
Revue AILE, 2001, n° 15 : Les langues des signes : une perspective sémiogénétique, numéro
coordonné par C. Cuxac. Ce numéro est joint au rapport sous forme de CD-Rom.
Revue "Langue Française", n° 137, février 2003, « la langue des signes : enjeux institutionnels
et linguistique » numéro coordonné par C. Cuxac.
Revue de l’AIS (Adaptation et intégration scolaires), à paraître en septembre 2003, n° 23,
« Langages, signes et communication », numéro coordonné par C. Cuxac en collaboration
avec Fabrice Bertin.
Revue "Surdités", à paraître fin 2003, n° 5, « La langue des signes française : histoire et
linguistique » numéro coordonné par C. Cuxac.
2.5
Encadrement doctoral
2.5.1 DEA soutenus
sous la direction de membres de l’équipe Langues des signes (Christian Cuxac) entre le 1er
janvier 2000 et le 15 septembre 2003 :
- Marie Anne Sallandre, Ivani Fusellier-Souza, Nathalie Monteillard, Clarine Tranchant,
Sandrine Burgat, Leila Boutora.
2.5.2 Thèses de doctorat soutenues
Deux thèses soutenues, voir la première partie de ce rapport, section 3.1.
2.5.3. DEA en cours
Schwartz, Sandrine, « La langue des signes tactile des sourds-aveugles ».
2.5.4 Thèses en cours (au 15 septembre 2003)
Farias Pessoa, Andre, « Étude sémiologique sur la communication chez l’enfant autiste : le
verbal, le non-verbal et la construction subjective dans le suivi orthophonique de deux
enfants ». (Thèse, soutenance prévue, décembre 2003).
Sallandre, Marie Anne, « Analyse linguistique de la LSF selon une grammaire de l’iconicité ».
(Thèse, soutenance prévue, décembre 2003).
Boutora, Leila, « Compositionnalité phonologique et/ou morphémique des signes standardisés
de la LSF »
52
Burgat, Sandrine, « Éducation bilingue de l’enfant sourd : l’accès au français écrit à partir
d’épreuves de dictées à l’adulte ».
Fusellier-Souza, Ivani, « Étude de langues des signes primaires pratiquées par des sourds
brésiliens ». (Thèse, soutenance prévue 2004).
Jacob, Stéphanie, « Acquisition du langage et le développement cognitif de l’enfant sourd
(soutenance prévue, fin 2004)
Monteillard, Nathalie, « La notion de langue des signes internationale, analyse descriptive »
Tranchant, Clarine, « Constructions de références spatiales en LSF »
3
Projets (2004-2007)
3.1
Nouveaux membres de l’équipe
L’équipe accueillera prochainement un nouveau membre, dont la candidature a été ratifiée en
assemblée générale fin octobre 2003 :
Jimmy Leix, Past SDL à Paris 8
3.2
Thèmes de recherche
Ils s’inscrivent dans la continuité des recherches précédentes, mais seront également enrichis
par l’apport spécifique des nouveaux chercheurs.
Acquisition de la LSF, langue 1 : Jacob
Acquisition du français écrit chez l’enfant sourd : Burgat
Construction de références spatiales en LSF : Tranchant
Écriture de La LSF : Boutet, Boutora, Garcia
Iconicité de la LSF : Cuxac, Leix, Sallandre
Langue des signes « internationale » : Monteillard
Langues des signes « primaires » : Fusellier-Souza
Morphodynamique de la gestualité co-verbale : Boutet
Phonologie de la LSF : Boutora, Cuxac
Sémiogenèse des langues des signes : Cuxac, Fusellier-Souza
Temps et aspect en LSF : Cuxac, Fusellier -Souza
Typologie des genres discursifs en LSF : Cuxac, Sallandre
Typologie des LS : Cuxac, Sallandre
Langue des signes française et gestualité co-verbale
L’action spécifique « Interaction gestuelle » du département STIC « Interaction
humaine et cognitique » du CNRS intitulée « Étude et développement de la communication
homme-machine visuo-gestuelle » sous la co responsabilité de Christian Cuxac (UMR 7023)
et de Patrice Dalle (IRIT Toulouse) devient de 2004 à 2007 une Équipe Projet. Plusieurs
thèmes de recherche seront abordés : variations morphologiques de la gestualité co-verbale et
de la LSF, grande iconicité de la LSF, approche thématique comparative de l’expression du
temps en gestualité co-verbale et en LSF, modélisation d’une notation physiologique de la
LSF, modélisation informatique d’une communication homme machine visuo-gestuelle en
LSF. Plusieurs laboratoires sont associés dans ce projet IRIT (Toulouse), UMR 7023 (Paris
8), LIMSI- CNRS, Leaple (Paris 5)
Typologie des LS. Analyse comparative entre LSI et LSF
Un projet de coopération européenne est envisagée entre l’axe LSF de l’UMR 7023
(responsable C. Cuxac) et l’Institut des sciences et technologies de la cognition (ISTC-CNR
Rome, responsable E. Pizzuto) dans le cadre du programme biennal 2004-05. Titre du projet :
propriétés formelles du langage et cognition : que peuvent nous apprendre les langues des
signes ?. Des échanges de chercheurs sont prévus afin de comparer structures de la LSF et de
la langue des signes italiennes. Chercheurs de l’UMR 7023 impliqués dans ce projet : C.
Cuxac, J. Leix, B. Garcia, M.A. Sallandre.
53
Notation et écriture de la LSF
Projet ACI jeunes chercheurs et jeunes chercheuses 2003 (responsables Dominique
Boutet et Brigitte Garcia), pré-sélectionné, subventionné par le Ministère de la Culture et
proposé dans le cadre des ACI jeunes chercheurs 2004 : « La langue des signes française
(LSF) : quelles conditions pour quelles formes graphiques ? »
Les langues des signes ont comme particularité de ne pas disposer d’une forme écrite,
au sens entendu pour les langues orales. Or, dans un contexte éducatif structuré par l’écrit,
l’accès récent de la LSF au statut officiel de langue enseignée et la création de diplômes
dédiés à son enseignement a fait de l’abord scientifique frontal de cette question d’un écrit
pour la LSF un enjeu éducatif majeur.
Une originalité du projet est de vouloir se fonder sur une investigation du point de vue
des locuteurs mêmes. Il se fixe les objectifs suivants : 1) Dresser, par enquête qualitative, un
état des lieux des besoins, pratiques et attentes des populations concernées : enseignants
sourds de et en LSF, lycéens, étudiants et intervenants universitaires sourds, notamment. La
forme d’un système graphique dépend des fonctions qu’on lui assigne : seul un tel bilan peut
fournir un fondement à une (ou des) formalisation(s) graphique(s) pertinente(s). 2) Établir les
bases d’une telle formalisation graphique (ou de plusieurs, selon le terrain). Cette élaboration
inclura les résultats d’expérimentation de l’hypothèse d’une segmentation du discours en LS
fondée sur la physiologie du geste, alternative aux principes admis par tous les systèmes de
notation des LS inventés pour la recherche. 3) La vidéo étant de plus en plus utilisée comme
forme d’écrit, élaborer des méthodes associant informatique et vidéo pouvant procurer
certaines des fonctions de la prise de notes (comptes rendus d’exposés en LSF) et des
environnements facilitant l’appropriation de systèmes graphiques. L’objectif est de proposer, à
terme, sinon un (ou plusieurs) système(s) totalement finalisé(s), du moins une base graphique,
qui sera expérimentée par ses usagers potentiels.
3.3
Evénements envisagés
Deux sont en projet :
Printemps 2004, Université de Rome 3, un colloque international consacré à une
comparaison typologique entre langues des signes et langues orales réunira, sous la
responsabilité de R. Simone, Université Rome 3, trois équipes travaillant sur les LS :
l’équipe de Sherman Wilcox (université d’Albuqueque, New Mexico), l’équipe d’Elena
Pizzuto (CNR, ISTC), l’équipe de C. Cuxac (UMR 7023, Paris 8). Chercheurs français
impliqués dans ce colloque : C. Cuxac, I. Fusellier-Souza, M. A. Sallandre, N.
Monteillard.
Septembre 2005, co-organisation (D. Boutet, B. Garcia) d’un colloque sur le thème de la
formalisation graphique des LS (présentation des premiers résultats).
3.4
Ouvrages en projet
Numéro 3 des Cahiers de linguistique analogique « Gestualité co-verbale et langues des
signes », coordonné par D. Boutet et C. Cuxac.
54