31. Modèle d`effet - Université Lyon 1
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31. Modèle d’effet 31.1. Définition Nous ne discuterons du problème du modèle d’effet que dans le cas de critères de jugement binaires. Dans cette situation, on appelle « modèle d’effet » le modèle par lequel le risque du groupe expérimental r E se déduit du risque du groupe contrôle r C . Dans le cas le plus général, il s’agit d’une fonction f de r C et de l’effet traitement µ telle que : ¡ ¢ rE = f r C ; µ Les deux modèles d’effet les plus simples et les plus couramment utilisés sont le modèle additif et le modèle multiplicatif, car ils correspondent chacun à une mesure d’effet. Le modèle multiplicatif s’écrit : rE = rC £ µ ± et l’effet traitement µ est mesuré par un risque relatif (µ = rE rC ) ou approché par un rapport des cotes. Le modèle additif est : rE = rC + µ et µ est consistant avec une différence de risque (µ = rE ¡ r C ). En fait, ces deux modèles d’effet sont implicitement supposés chaque fois que l’on utilise l’une ou l’autre de ces mesures d’effet traitement. Au niveau d’un essai unique, le choix d’un modèle d’effet ne se pose pas. Chaque mesure peut être appliquée, et correspond alors à un éclairage différent de la pertinence clinique de l’effet. Par contre, en méta-analyse le choix du modèle d’effet se pose. En effet, le modèle d’effet doit être le même pour les k essais de la méta-analyse (hypothèse d’homogénéité) et son écriture généralisée est : ¡ ¢ riE = f rC ; µ i = 1 : : : k, i 306 Modèle d’effet la forme f du modèle et l’effet traitement µ étant invariables quel que soit l’essai. Les deux modèles deviennent donc : C E C rE i = ri £ µ et ri = ri + µ A coté de ces deux modèles de base, d’autre formes peuvent être imaginées, linéaires ou non linéaires. Cependant, en l’absence d’orientation par les connaissances physiopathologiques, il est peu justifié d’imaginer arbitrairement une forme compliquée de modèle d’effet. Par contre, la généralisation des deux modèles d’effet linéaire en un modèle linéaire complet (rE = a £ rC + b) s’avère raisonnable dans de nombreuses situations. Ce modèle sera étudié dans la section 31.4. 31.2. Plausibilité biologique des modèles d’effet simples Les modèles additifs et multiplicatifs ont l’avantage de la simplicité. Cependant, se pose la question de savoir si ces modèles peuvent raisonnablement être entérinés par les mécanismes biologiques (modèles physiopathologique et thérapeutique). C’est à dire, s’ils sont biologiquement plausibles, pouvant être déduits des mécanismes biologiques impliqués dans l’effet du traitement. Les débats sont encore largement ouverts sur ce point et nous entraîneraient hors du champ de cet ouvrage. En résumé, ces deux modèles sont difficilement déductibles des mécanismes biologiques pour deux raisons principales : le manque de formalisation mathématique des mécanismes biologiques et la trop grande simplicité des modèles. Le modèle multiplicatif est souvent préféré au modèle additif car il permet une proportionnalité de l’effet en fonction du risque initial. Avec le modèle additif, il est théoriquement possible d’obtenir des risques négatifs sous traitement avec de faibles risques de base, ce qui est impossible avec le modèle multiplicatif. Les effets délétères dont la probabilité de survenue ne dépend pas d’un état morbide sous-jacent conduisent à un modèle additif. Quel que soit le risque de base, il rajoute une composante constante, due au risque d’effet indésirable. Cette opposition des deux modèles rejoint celle concernant le bénéfice absolu et le bénéfice relatif (cf. chapitre 23). Un certain consensus existe pour dire que le modèle multiplicatif est en général préférable lorsqu’on ne dispose pas d’information contraire. Cela revient à dire que le risque relatif est constant quel que soit le risque de base43 . De ce fait, la métaanalyse doit privilégier les mesures basées sur un modèle multiplicatif. Ensuite, à partir du risque relatif estimé, il est possible de calculer des bénéfices absolus pour différents risques de base. 43 le modèle multiplicatif ne conduit pas la constante de l’odds ratio. 307 Propriétés simples 31.3. Propriétés simples A) Interaction arithmétique Des propriétés arithmétiques simples font qu’une mesure additive varie en fonction du risque de base quand les données suivent en réalité un modèle multiplicatif et vice versa. Seule la mesure du même type que le modèle d’effet sera constante quel que soit le risque de base. E C le risque relatif est égal à : ¡ CEn effet, ¢ ± Csi le modèle ± C est additif (r = r + µ), C r + µ r = 1+µ r dont la valeur dépend de r . Avec le modèle multiplicatif, r E = rC £ µ, la différence des risques est égale à r C µ ¡ rC = r C (µ ¡ 1), quantité qui dépend aussi du risque de base. Le graphique 31.1 illustre la variation du risque relatif en fonction du risque de base dans une situation où le modèle d’effet est additif (rE = rC ¡7%). Dans le graphique suivant (31.2), le modèle d’effet est multiplicatif (rE = rC £ 0; 8) et la mesure utilisée est additive. Fig. 31.1. — Evolution du risque relatif en fonction du risque de base dans le cas d’un modèle additif. Ces pseudo-variations de l’effet traitement notées avec une mesure d’efficacité particulière lorsque le risque de base varie, proviennent donc uniquement d’une inadéquation de la mesure utilisée par rapport au modèle d’effet suivi par les données. Cette variation est appelée interaction arithmétique. 308 Modèle d’effet Fig. 31.2. — Evolution de la différence de risque en fonction du risque de base dans le cas d’un modèle multiplicatif. B) Inadéquation du modèle d’effet et hétérogénéité Ce phénomène de l’interaction arithmétique est susceptible de générer une part d’hétérogénéité. En effet, si des données issues d’un modèle donné sont analysées en utilisant une mesure non concordante à ce modèle (mesure additive sur un modèle multiplicatif ou vice versa), ces valeurs vont varier d’un essai à l’autre (en fonction de leur risque de base) à cause de l’interaction arithmétique. Si les essais ont des risques de base très différents, la variabilité des mesures de l’effet traitement est forte et engendre une hétérogénéité. Ainsi, le degré d’hétérogénéité oriente le choix du modèle d’effet d’analyse. Si une hétérogénéité existe avec un type de modèle mais pas avec l’autre, il est probable que cette hétérogénéité est partiellement due au phénomène de l’interaction arithmétique. Il convient donc d’utiliser le modèle engendrant la plus faible hétérogénéité (modèle le plus adapté aux données). Bien entendu, si tous les essais ont des risques de bases proches les uns des autres, les deux modèles sont applicables. 31.4. Modèle d’effet linéaire complet A) Définition Il est facile de généraliser les deux modèles d’effet simples en un modèle linéaire complet : r E = a £ rC i +b (31.1) 309 Modèle d’effet linéaire complet Ce modèle d’effet linéaire intègre à la fois une composante multiplicative : r E = a £ rC i (31.2) r E = rC i +b (31.3) et une composante additive : L’effet du traitement ne s’exprime plus par un seul paramètre mais par deux : a et b, µ prend donc la forme d’un vecteur (a; b) [216]. Grâce à ces deux composantes, le modèle d’effet linéaire permet de prendre en compte des situations complexes où, par exemple, le traitement produit, à la fois, un effet bénéfique du type multiplicatif et un effet additif en relation avec un effet délétère. Exemple 31.1 Une complication grave de la fibrillation auriculaire, non due à une pathologie rhumatismale, est l’embolie cérébrale qui provoque un accident vasculaire cérébral parfois invalidant et entraînant assez fréquemment le décès. Les anticoagulants oraux réduisent le risque de survenue de ces embolies, mais au prix d’un risque induit d’hémorragie cérébrale [217]. Des essais thérapeutiques ont évalué l’efficacité de cette approche thérapeutique. Dans ces essais, le risque de base d’accidents cérébraux vasculaires ischémiques est variable et réduit de façon proportionnelle par le traitement. Par contre, le risque sous traitement d’hémorragies cérébrales est relativement fixe d’un essai à l’autre. Ainsi, le risque global d’accidents vasculaires cérébraux se décompose en deux composantes : ischémique modifiée de façon multiplicative par le traitement, iatrogène dont le risque sous traitement est constant quel que soit le risque de base d’accidents vasculaires cérébraux (en presque totalité d’origine ischémique chez ces patients). Cette dissociation de forme du modèle d’effet s’explique par le fait que ces deux effets des anticoagulants oraux ont des mécanismes et des sites d’action différents. L’effet sur les accidents cérébraux ischémiques provient d’une action sur les processus thrombo-emboliques au niveau de l’atrium gauche, processus qui conditionnent directement le risque de base de ces malades. Par contre, la composante iatrogène découle d’une action sur un site différent (paroi vasculaire cérébrale) et le risque de survenue de ces complications hémorragiques n’a aucune relation avec le risque thrombo-embolique cardiaque. 310 Modèle d’effet B) Propriété du modèle d’effet linéaire complet Les modèles d’effet peuvent se représenter sur un graphique en reportant rC sur l’axe des abscisses et r E sur l’axe des ordonnées. Les résultats des essais peuvent être représentés par des points de coordonnées (x = rC ; y = rE ). Ce graphe est scindé en deux zones par la première bissectrice. Dans la zone située en dessous de la bissectrice, le risque sous traitement est inférieur au risque de base rE < rC , correspondant à un effet bénéfique. Les points situés sur la bissectrice sont tels que rC = r E et représentent l’absence d’effet traitement, tandis que la zone au dessus de la bissectrice matérialise les effets délétères (où r E > r C ). Dans ce plan, le modèle d’effet multiplicatif se matérialise par un segment de droite passant par l’origine. La pente de cette droite correspond au coefficient a du modèle multiplicatif simple (31.2). Cette droite est en dessous de la bissectrice pour un effet multiplicatif bénéfique, au dessus pour un effet multiplicatif délétère. Un modèle additif pur se représente par une droite parallèle à la bissectrice, située au-dessus d’elle dans le cas d’un effet additif délétère, en dessous dans le cas Modèle d’effet linéaire complet 311 d’un effet additif bénéfique. Le coefficient b du modèle additif (31.3) correspond à l’ordonnée à l’origine de la droite. Le modèle linéaire complet a pour représentation une droite qui n’est pas parallèle à la bissectrice et qui a une pente a 6= 1 et une ordonnée à l’origine non nulle (b 6=0). Le segment de droite représentatif du modèle linéaire complet peut couper la bissectrice (quand b < 1 et a > 0) et définir par l’abscisse de cette intersection un seuil qui oppose deux types d’essais. Un premier type d’essai, dont le risque de base est inférieur à cette valeur, montre un effet délétère, car cette partie du modèle est située au dessus de la bissectrice. L’autre type est celui des essais avec un risque de base supérieur au seuil, et dans lesquels le traitement produit un effet bénéfique, car la partie correspondante du modèle est située en dessous de la bissectrice. Cette propriété est fondamentale, car elle conduit au fait qu’un même traitement peut être a la fois bénéfique ou délétère suivant le risque de base rattaché à la situation dans laquelle il est utilisé. Ainsi, disparaît tout manichéisme dans l’effet d’un traitement. Cette propriété débouche aussi sur le constat dans une telle situation de l’insuffisance des mesures simples qui peuvent ne ref léter qu’un aspect de l’effet du 312 Modèle d’effet traitement. Ainsi, il n’est plus possible de se contenter d’un seul indice pour caractériser l’effet du traitement mais de deux. De même, l’effet dont pourra bénéficier un patient donné n’est plus absolu mais dépend de son risque initial. 31.5. Ajustement d’un modèle d’effet L’ajustement d’un modèle d’effet consiste à rechercher la forme et les valeurs de ses paramètres, à partir d’un ensemble de données issues des essais regroupés dans une méta-analyse. Nous n’envisageons que l’ajustement d’un modèle linéaire complet, les techniques traditionnelles de méta-analyse réalisant l’ajustement des modèles simples, et l’ajustement de modèles non linéaires sortant du cadre de cet ouvrage. A) Technique d’ajustement L’ajustement statistique d’un modèle d’effet linéaire à des données obtenues sur un ensemble d’essais thérapeutiques de méta-analyse, peut s’envisager avec les simples techniques de la régression linéaire. Mais cela pose quelques problèmes de non respect des hypothèses fondamentales de la régression linéaire de conséquences plus ou moins importantes sur l’exactitude des résultats obtenus [218]. 1. Les deux variables r E et r C ne sont pas de véritables variables continues, mais sont limitées à l’intervalle [0; 1] 2. Les valeurs de r E produites par le modèle peuvent sortir de l’intervalle [0; 1]. 3. La variable dépendante, le risque dans le groupe traité r E n’est pas une variable de distribution gaussienne, mais de distribution binomiale. 4. La variance de r E n’est pas identique, quel que soit le niveau du risque ¡ Ede ¢ C E base r . En effet, cette variance dépend du risque r lui même : var r = ¡ ¢ E E E C r 1 ¡ r /n . Cette variance varie donc avec r , c’est à dire avec r . L’hypothèse d’homoscédasticité n’est donc jamais remplie, même lorsque la distribution devient gaussienne. L’utilisation des moindres carrés pondérés par l’inverse de la variance s’avère donc nécessaire. 5. Le risque dans le groupe contrôle r C est aussi une variable aléatoire suivant une distribution binomiale. Ce fait peut être pris en considération par les techniques développées en cas d’erreur de mesure sur la variable indépendante, mais qui interagissent avec les moindres carrés pondérés. Ces problèmes ne concernent en fait que l’inférence statistique sur les paramètres a et b que l’on pourrait être amené à faire. Le calcul d’une droite de régression au 313 Ajustement d’un modèle d’effet sens des moindres carrés est toujours possible. Par contre, les estimations de a et b pourraient être biaisées. Les solutions envisageables à ces problèmes sont : 1. Lorsque l’effectif du groupe traité augmente, la distribution binomiale tend asymptotiquement vers une distribution gaussienne (avec une similitude qui devient correcte au dessus de n = 50). La distribution du risque r E devient donc acceptable pour la régression linéaire dès que l’effectif de l’essai est supérieur à une centaine de sujets. 2. Deux moyens sont envisageables pour prendre en compte la variabilité de la variance de r E. Le premier consiste à appliquer une transformation logarithmique à rE et à utiliser un algorithme EM pour l’estimation. Cependant, dans ce cas, la signification des deux paramètres du modèle linéaire devient complexe et le paramètre a ne peut plus être assimilé à un risque relatif [219]. L’autre moyen consiste à utiliser une technique de régression pondérée. L’expression analytique du modèle reste inchangée, ainsi que la signification des paramètres. Exemple 31.2 Les antiarythmiques de classe 1 ont été proposés en prévention de la mort subite après infarctus du myocarde. Treize essais avaient évalué un de ces médicaments, donnant des résultats variables, parfois en défaveur du traitement comme dans l’essai CAST où une surmortalité de 200% était observée [220]. Le tableau 31.1 présente les taux de mortalité à 1 an observés dans les groupes expérimentaux et contrôles de ces essais [221]. Tableau 31.1. — Mortalité à 1 an des essais d’antiarythmiques de classe 1 en post-infarctus (d’après réf. [221]). Essai Kosowky Collaborative group Nielsen GRAP Peter Bastian Ryden Chamberlain Bell IMPACT Smyllie Gottlieb CAST Effectif 78 568 70 300 150 146 163 344 216 630 240 143 1455 rC 9,2 9,2 19,7 12,6 14,3 4,7 10,2 13,7 27,6 5,1 41,6 22,2 3,2 rE 2,6 8,1 19,7 7,2 18,8 6,4 10,2 17,9 18,2 8,0 29,9 16,9 8,0 314 Modèle d’effet En utilisant une régression linéaire pondérée par l’effectif des essais, un modèle linéaire complet a été ajusté sur ces données, dont les estimations des paramètres sont les suivantes : Pente Ordonnée à l’origine Paramètre IC 95% 0,56 0,38-0,74 5,3 2,7-7,9 La figure 31.3 représente graphiquement l’ajustement de ce modèle aux données. Fig. 31.3. — Représentation graphique de l’ajustement d’un modèle linéaire complet aux données des antiarythmiques de classe 1 en post-infarctus. L’ordonnée à l’origine s’avère statistiquement différente de zéro (son intervalle de confiance n’englobe pas zéro) et témoigne donc de l’existence d’une composante additive non nulle. Cette composante, associée à une pente significativement inférieure à 1, entraîne une intersection de la droite représentative du modèle avec la première bissectrice, conduisant à une différence d’effet de part et d’autre de cette intersection. Lorsque le risque de base est inférieur à l’abscisse de l’intersection, l’effet est globalement délétère (surmortalité sous traitement). L’inverse est observé pour un risque de base supérieur à cette valeur seuil. Une explication a pu être donnée à ce phénomène. L’utilisation des anti-arythmiques s’accompagnerait d’un effet inotrope négatif et proarythmogène qui compenserait le bénéfice qu’ils apportent, quand le risque de base est faible. Pour des sujets à très haut risque de décès par arythmie ventriculaire, ces effets délétères n’annuleraient pas la totalité du bénéfice obtenu par l’effet antiarythmiques recherché. L’exemple des anticoagulants dans la prévention des embolies cérébrales de la fibrillation auriculaire conduit au même type de résultats [217]. 315 Autre approche 31.6. Autre approche On pourrait être tenté, dans une approche explicative, d’essayer de corréler une mesure de l’effet du traitement au risque de base du groupe contrôle. Cependant, cette technique ne peut être utilisée car il existe, par construction, une relation forte entre la variable à expliquer (le risque relatif, le rapport des cotes ou la différence de risque) et la variable explicative (le risque du groupe contrôle), cette dernière participant au calcul de la première. Ainsi, avec des couples de valeurs générées entièrement au hasard et indépendamment les unes des autres, sous entendant donc une absence d’effet traitement, il existe des relations fortes entre les deux variables envisagées ci-dessus, comme en témoignent les nuages de points observés dans la figure 31.4. Fig. 31.4. — Corrélation intrinsèque entre le risque relatif et le risque de base, en l’absence de toute relation entre RC et RE. Ce phénomène peut se comprendre aisément. Considérons, tout d’abord, le cas du risque relatif. Par exemple, pour la valeur de risque de base 0,1, le risque relatif ne peut prendre au maximum que la valeur 1=0,1 = 10. En effet le risque dans le groupe traité ne peut excéder 1. Pour le risque de base 0,8, le risque relatif maximum est 1,25. Le risque relatif minimum est par contre 0, quel que soit le risque de base. La forme du nuage de points est donc limitée en haut par un bras d’hyperbole et en bas par l’axe des abscisses. Il n’est donc pas du tout ressemblant avec le nuage de points observé en cas d’indépendance des deux variables (qui est celui de la repré- 316 Modèle d’effet Fig. 31.5. — Corrélation intrinsèque entre la différence de risque et le risque de base, en l’absence de toute relation entre RC et RE . sentation du risque du groupe traité en fonction du risque du groupe contrôle). Un raisonnement identique permet de conclure à l’existence structurelle d’une relation avec la différence de risque et le rapport des cotes. La démonstration formelle de ce fait passe par le calcul de l’espérance mathématique du risque relatif dans le cas où le risque dans le groupe traité est indépendant du risque dans le groupe contrôle. Considérons le risque du groupe contrôle rC fixé. Le risque dans le groupe traité r E est alors une variable aléatoire uniformément distribuée sur l’intervalle [0; 1]. Sa fonction de densité est f(r E) = 1. Pour une valeur de r C donnée, le risque relatif RR = r E=r C est une variable aléatoire dont la densité de probabilité se déduit de celle de r C par : ¡ ¢ dr E=rC g r E=r C = f (rE ) = 1=rC dr E Son espérance mathématique est : E (RR) = = Z Z 1 0 1 0 µ E¶ E rE r r g d C C C r r r E E r 1 r d rC r C rC 317 1 = C r Z 1 rE dr E 0 " ¡ ¢ 2 #0 rE 1 = C r 2 1 1 E (RR) = 2rC L’espérance de RR dépend donc de la valeur de rC même quand les deux variables r C et rE sont indépendantes. Pourtant, dans ce cas, la logique voudrait que RR = 1 quel que soit le risque de base. La figure 31.4 donne la représentation graphique de cette relation qui conduit à un risque relatif en moyenne inférieur à 1 quand le risque de base devient supérieur à 1=2. Cette relation démontre que le risque relatif est structurellement corrélé au risque de base et que l’étude de la relation entre le risque relatif et le risque de base est constamment faussée par cette relation. Un calcul similaire conduit au même résultat pour le rapport des cotes et pour la différence des risques.