Juegos de simulación y experimentos en ciencias sociales: una
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Juegos de simulación y experimentos en ciencias sociales: una
Congrès de l’Association Française de Sociologie Saint Quentin en Yvelines 01/07/2015 RT 20, Méthodes Equipe : Emmanuelle Barozet, Université du Chili et Center for Social Conflict and Cohesion Studies; Virginia Guzmán, Centre d’Études de la Femme; Oscar Mac-Clure, Université De Los Lagos; María Luisa Méndez, Université Diego Portales, Chili • Projets financés par la Commission Chilienne de Recherche Scientifique et Technique (CONICYT). • Fondecyt 1130276 “Justice sociale et tolérance face aux inégalités : analyse subjective de la différenciation sociale dans un régime néolibéral mur”, 2013-2015. • Fondecyt 1130800, “Du micro jugement critique à la critique systémique : pour une sociologie de la critique au Chili”, 2013-2015. • Fondecyt 1150808, “Inégalités sociales au Chili : qu’est-ce qui détermine ce qui est juste ou injuste?” (2015-2018). • FONDAP 15130009, Center for Social Conflict and Cohesion Studies (COES) 2 Objectifs • Présenter des méthodes de recherche fondées sur des jeux, dans le but d’aborder le lien entre inégalités sociales, subjectivités et légitimation des inégalités : jeu de classification (de cartes) et jeu des portraits (+ jeu du dictateur). • Présenter les avantages et les limites de ce type de méthode, en particulier pour l’analyse des processus qui opèrent à un faible niveau de réflexivité. • Nous ne présentons pas ici les résultats, qui sont disponibles dans les publications indiquées à la fin de cette présentation. 3 • Les jeux permettent une représentation simplifiée de la vie sociale, dans une situation d’interaction. • Un des versants de ce type de méthode correspond aux analyses de vignettes, plus utilisés en psychologie sociale, particulièrement aux ÉtatsUnis (Rossi 1979 ; Atzmüller, Steiner, 2010). • Les “joueurs” possèdent une information limitée et suivent des règles précises, ce qui permet de contrôler un certain nombre de conditions importantes pour l’objet d’étude (Camerer, 2003). • Les jeux ont été utilisés au cours des dernières décennies dans des études sur les préférences sociales, les processus de prise de décision, les manières de combiner des objets, particulièrement dans des situations cognitives complexes (Camerer, 2003 ; Engel, 2010 ; Ostrom, 1990). • Les jeux permettent des mesures précises et facilitent une analyse délimitée. Dans la version que nous appliquons, ils permettent à la fois une analyse qualitative et quantitative. 4 • Deux des trois jeux sont adaptés d’un dispositif élaboré par Boltanski et al. dans les années 1980 (Boltanski & Thévenot, 1983 ; Desrosières & Thévenot, 1988 ; Brousse et al., 2014). • Ces jeux ont été appliqués récemment par une équipe française et divers chercheurs européens par l’intermédiaire de cartes ou d’enquêtes avec des échantillons représentatifs (Bekkers, 2007 ; Brousse et al., 2014 ; Filhon et al., 2013 ; Penissat el al., 2015). • La version que nous avons mise en place au Chili correspond à des groupes focaux : six groupes représentant six classes sociales à Santiago du Chili (N = 36 joueurs) en ce qui concerne le jeu de classification et 18 groupes dans trois villes du Chili (N = 54 joueurs) dans le cas du jeu des portraits (et du jeu du dictateur). 5 • Jeu de cartes représentatives d’individus de la société chilienne; chaque joueur est sélectionné en fonction de sa classe sociale et doit déployer ses connaissances du monde social pour classer les cartes et établir ainsi une représentation de la société et de ses hiérarchies. • Trois personnes « ordinaires » (le jeu de Boltanski et Thévenot a été appliqué auprès de personnes proches de l’INSEE) doivent avec un seul jeu de cartes 1) faire des tas 2) nommer ces tas 3) choisir la carte qui représente le mieux chaque tas 4) indiquer sur la table les distances et les hiérarchies entre groupes (tas). Ensuite, chaque joueur est interviewé séparément. 6 62 cartes avec niveau de revenu et d’éducation, profession, lieu de résidence, origine ethnique, religion + photo (sexe, âge et autres informations) . Personnes réelles qui appartiennent à l’échantillon d’une enquête de stratification sociale appliquée en 2009. Les joueurs reçoivent des consignes très larges (pas de mention au terme classe sociale). Ceci permet de comprendre les représentations de la société et ses hiérarchies d’un point de vue subjectif. L’interaction entre personnes qui ne se connaissent pas permet de mettre au jour préjugés et principes moraux. Support ludique de discours qui ne surgiraient pas autrement et qui opèrent in situ (et non in 7 abstracto). • Quels indice sociaux les individus utilisent-ils pour découvrir l’identité d’autres individus? Mobilisation de connaissances semi-réflexives et intuitives de la société (Boltanski & Thévenot, 1983). • Les joueurs doivent découvrir l’identité de deux personnages de l’élite (élite traditionnelle et élite récente), par comparaison avec un personnage de classe moyenne. • Les joueurs disposent d’une série d’indices (qu’ils peuvent acheter à un modérateur), qui donnent des informations sur le capital social, économique et culturel des personnages. • La somme de l’ensemble de ces indices forme le profil du personnage. • Ce jeu permet de générer des discours sur l’élite et ses différentes composantes, ainsi que sur sa légitimité. 8 9 • Analyse de discours qui reflètent des processus “anodins” de distinction et de classification des individus et des groupes dans la société, que ce soit par l’intermédiaire de processus cognitifs ou non (logique de “maraboutdeficelle”, Boltanski & Thévenot, 1983), associés à la pratique sociale et à l’expérience personnelle. • Du point de vue qualitatif : analyse des discours (contenus transcrits), mais aussi des silences, des rires, des blagues et des dynamiques d’interaction, des consensus, des conflits (et de leur résolution ou non). • Du point de vue quantitatif: classements des cartes dans le premier jeu et utilisation des indices dans le deuxième (en fonction du type de capital mobilisé et de la valeur des indices), avec un traitement différencié selon la classe sociale des joueurs (+ sexe, âge, revenus, etc). 10 • Ce type de méthode permet de contribuer à l’étude des formes par l’intermédiaire desquelles les individus perçoivent la société en tant qu’espace social, ses composantes (groupes sociaux) et des logiques classificatoires et hiérarchiques qu’ils mobilisent. • Permet d’observer des processus cognitifs à un faible niveau de réflexivité. • Importance de l’observation des interactions sociales. • Possibilité de quantifier, en plus de la production de discours. • Méthode ludique • Méthode complexe à mettre en place : équipe, préparation, contact avec les joueurs, etc. Dans la prochaine étape (en cours): • Représentativité nationale : mise en place d’une enquête avec échantillon national. • Comparaison internationale, mais avec certaines limites. 11 • Mac-Clure, Oscar, Barozet, Emmanuelle, “Judgments on (in)justice in a mature neoliberal regime: Results of an empirical game-based research”, Current Sociology, Grande Bretagne, sera publié en juillet 2015. • Etienne Penissat, Cécile Brousse, Jérôme Deauvieau, Julien Chevillard, Emmanuelle Barozet, Oscar Mac-Clure, “From statistical categorizations to ordinary categorizations of social space: history and legacy of an original study based on a card game”, Historical Social Research, Allemagne; sera publié durant le 2è semestre 2015. • Mac-Clure, Óscar, Barozet, Emmanuelle, Moya, Cristóbal, “Juicios de las clases medias sobre la élite económica: ¿Crítica a las desigualdades en Chile?”, Polis, Chili, 2015. • Mac-Clure, Óscar, Barozet, Emmanuelle, Moya, Cristóbal, Galleguillos, Carolina, "La clase media clasifica a las personas en la sociedad: Resultados de una investigación empírica basada en juegos", Psicoperspectivas, vol. 14 n° 2, 2015, Chili, pp.4-15. • Barozet, Emmanuelle, Mac-Clure, Óscar, “Nombrar y clasificar: aproximación a una epistemología de las clases sociales”, Cinta de Moebio, Chili, n°51, décembre 2014, pp. 197-215.