Enseigner les langues
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Enseigner les langues
dossier Enseigner les langues vivantes Comment améliorer l’apprentissage des langues ? Quelles compétences doivent acquérir les élèves ? Comment évaluer leurs connaissances ? Document passerelle “CE2-6e”, cartables numériques et sites internet, sketches, livret de compétences, travail en réseau d’établissements, certifications en langues étrangères, formation des enseignants, relations internationales… Ces outils et modes de fonctionnement sont utilisés dans les établissements par des enseignants de plus en plus nombreux à travailler en “équipe projet” pour faire évoluer les méthodes d’apprentissages des langues. Entretien avec Catherine Clément, Jean-François Fontaine et Lauro Capdevila Catherine Clément Catherine Clément est responsable du pôle langues étrangères créé depuis 3 ans au sein du Centre international d’études pédagogiques (CIEP), établissement public sous tutelle du ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. À ce titre, elle gère et anime le programme des assistants étrangers en impulsant une démarche qualité, supervise l’organisation de l’Abibac, de l’option international du baccalauréat, des échanges poste à poste d’enseignants… Angliciste de formation, Catherine Clément a été chargée des langues étrangères à la DESCO et a travaillé de nombreuses années à l’étranger (Angleterre, USA, puis au Brésil, Espagne, Portugal pour le compte du ministère des affaires étrangères). bloc-notes Jean-François Fontaine et Lauro Capdevila Jean-François Fontaine et Lauro Capdevila sont respectivement inspecteurs pédagogiques d’anglais et d’espagnol. Ils exercent dans l’académie de Rennes depuis une dizaine d’années. Lauro Capdevila est chargé de mission langues vivantes auprès du recteur d’académie. Jean-François Fontaine est membre du groupe d’experts des programmes de lycée. Au cours de l’année 2006, avec tous leurs collègues inspecteurs de langues, ils ont impulsé le plan Langues vivantes, auprès des équipes pédagogiques des établissements scolaires de l’académie, rencontrant plus de 1 200 enseignants et personnels de direction de 460 établissements. 5 n° 56 - juin 2006 Q Q Q Q Q Entretien avec Catherine Clément, Jean-François Fontaine et Lauro Capdevila Pour un apprentissage plus efficace des langues vivantes Les langues dès le primaire Cycle 3-sixième, assurer la continuité des enseignements en langues Des établissements du BAPE de Pontivy-Loudéac Un travail en réseau Site d’études ibériques à Brest De bonnes relations franco-hispaniques Lycée Henri Avril à Lamballe Obtenir un diplôme de langue dossier Enseigner les langues vivantes entretien avec Catherine Clément, Jean-François Fontaine et Lauro Capdevila Pour un apprentissage plus efficace des langues vivantes D.R. Capacité à “se débrouiller” dans des situations concrètes, apprentissage dès le primaire, évaluation des compétences, obtention de certifications étrangères, ouverture internationale… les modes d’apprentissage évoluent depuis le lancement du plan Langues vivantes dans l’académie. Le point avec Catherine Clément, Jean-François Fontaine et Lauro Capdevila. Deux enquêtes internationales d’évaluation en langues réalisées en 1996 et en 2002 ont montré que les élèves français n’étaient pas bien placés. Pourquoi ? Lauro Capdevila : on peut avancer plusieurs explications. Culturelles tout d’abord. Par exemple, les pays nordiques ont de meilleurs résultats parce que les élèves évoluent dans un environnement linguistique plus favorable que ceux des pays du Sud (France et Espagne). L’accès aux langues étrangères et notamment à l’anglais y est plus systématique. À la télévision, par exemple, les films passent en version originale. Aux Pays-Bas, on peut suivre des cursus universitaires en anglais sans que cela pose problème. Jean-François Fontaine : la deuxième explication est d’ordre pédagogique : il s’agit du rapport à l’erreur. En France, les exigences en matière de correction linguistique créent tellement d’inhibition qu’elles ne permettent pas de développer les compétences orales. Or, la prise de parole dans une langue étrangère nécessite un rapport de confiance entre le maître et l’élève. Le statut de l’erreur joue un rôle fondamental dans l’apprentissage. Dans les enquêtes, on est d’ailleurs frappé par le nombre de non-réponses des jeunes Français. Ils préfèrent ne pas répondre plutôt que de risquer l’erreur. Nos méthodes pédagogiques devraient amener les élèves à “oser l’erreur”. L. C.: quelle que soit la discipline scolaire, on reconnaît les Français par le fait qu’ils ne répondent que lorsqu’ils sont quasiment certains d’avoir la bonne réponse. Or, en langue, ce comportement est extrêmement néfaste. Que faut-il modifier dans les méthodes et l’organisation des langues étrangères pour améliorer le niveau des élèves français ? L. C.: nous souhaitons rattraper notre retard. Et c’est tout à fait possible ! L’Espagne, pays voisin avec, à peu près, la même tradition que nous vis-à-vis de l’anglais, a beaucoup progressé et obtient désormais de meilleurs résultats que la France. Une nouvelle dynamique est lancée dans les établissements de l’Hexagone pour apprendre aux élèves à ne plus avoir peur de la langue étrangère et à accepter leur maladresse. Dans les textes de référence, il existe un mot que je trouve remarquable: il faut apprendre à “se débrouiller”. Ce verbe dit bien les choses: l’objectif n’est pas de maîtriser d’emblée tous les paramètres d’une langue mais d’apprendre à devenir autonome dans des situations toujours plus complexes. J.-F. F. : une précision sur le terme “se débrouiller” pour lever toute ambiguïté: il ne s’agit pas de laisser les élèves livrés à euxmêmes mais de leur apprendre à se tirer d’affaire. Je pense aussi qu’il faut exposer au maximum les élèves aux langues étrangères. C’est d’ailleurs l’intérêt des sections européennes qui proposent des enseignements de disciplines (histoire-géo, biologie, mathématiques…) en langues étrangères. Le professeur de langue est bien l’expert, celui qui a la charge de construire les connaissances linguistiques et les compétences langagières, mais il peut être assisté et soutenu par ces autres dispositifs pédagogiques complémentaires. Catherine Clément : l’apprentissage d’une langue étrangère dès le primaire est aussi un facteur de réussite. Une étude de la Direction de l’évaluation et de la prospective du ministère de l’éducation nationale (DEP) l’a démontré: les élèves de troisième qui ont appris une langue étrangère dès le primaire sont meilleurs que ceux qui ont commencé en sixième. Ces résultats sont très encourageants. bloc-notes 6 “ Les élèves qui apprennent une langue étrangère dès le primaire sont meilleurs. n° 56 - juin 2006 ” L. C.: d’ailleurs, cette année, pour la première fois dans l’académie de Rennes, nous avons des élèves de sixième qui ont tous commencé l’apprentissage d’une langue étrangère en primaire. C’est un grand bouleversement et les résultats sont bons. Un test d’anglais passé par les élèves de l’académie, montre que les acquis attendus à la fin du cycle 3 sont tout à fait remarquables. Nous avons des taux de 75 % de réussite à l’oral. Nous remontons une pente historique ! J.-F. F. : le plan national Langues vivantes et sa déclinaison académique (1) introduisent un changement profond dans les objectifs assignés à l’apprentissage des langues étrangères : les élèves ne doivent plus seulement acquérir des savoirs linguistiques et culturels mais surtout apprendre à les utiliser. L. C.: cette mutation est déjà en cours. Après les journées d’information et de réflexion qui ont permis de réunir 1 200 enseignants et personnels de direction, ceux-ci ont rédigé des projets d’établissement en langues vivantes. 124 sont bouclés et d’autres sont en cours. Aucun plan d’action n’est imposé d’en haut, au contraire les projets doivent naître d’une réflexion locale. dossier Enseigner les langues vivantes Quels sont les principes fondateurs du cadre commun européen de référence pour l’apprentissage des langues ? En quoi répondent-ils aux difficultés d’apprentissage ? L.C.: le cadre européen a une longue histoire. Il a été initié, il y a une trentaine d’années, par un groupe d’universitaires spécialisés dans l’enseignement des langues étrangères, conscients que la future génération devrait être apte à sortir des frontières nationales pour étudier et travailler. C. C.: un des principes fondateurs de ce cadre est de mettre l’élève dans une situation d’accomplir une tâche comme écrire un texte, interroger quelqu’un ou fabriquer quelque chose. J.-J. F. : en effet, l’idée majeure est bien de donner du sens aux activités pédagogiques. C’est un enseignement centré sur les élèves et leurs besoins. Par exemple, demander à des élèves de poser des questions alors qu’ils disposent déjà des réponses, n’a pas de sens. Cet exercice ne sert qu’à manipuler une structure de phrase. Il faut donc mettre la classe dans une réelle situation de questionnement : certains lisent un texte et d’autres posent des questions. C. C. : sur les 25 États membres, une dizaine a adopté ce cadre européen comme référence pour élaborer les curricula et les programmes scolaires. Je pense que les autres pays suivront. Chacun travaille à son rythme. Il faut du temps pour embarquer les enseignants dans cette aventure. En France, nous avons opéré par étape, d’abord en primaire, puis au lycée et enfin au collège. Des séminaires de formations nationaux et régionaux ont été organisés. Quel mode d’évaluation introduit ce cadre européen ? J.-F. F.: avec ce nouveau cadre, on passe d’une évaluation du déficit à une évaluation des acquis. C’est un profond changement de perspective. Jusqu’à présent, on mesurait l’écart entre la performance de l’élève et le niveau attendu. Désormais, on ne fixe pas de niveau attendu mais on vérifie ce que l’élève sait faire avec une langue. Cette nouvelle approche permet de désacraliser l’erreur, de minimiser son statut. C. C. : le cadre européen entraîne une autre nouveauté : les certifications. L’idée est de faire valoir des compétences linguistiques objectives pour permettre aux jeunes Européens de partir étudier ou travailler à l’étranger. Il ne s’agit pas d’un test mais d’une évaluation qui s’apparente à un diplôme que l’on pourra conserver. Les certifications seront élaborées par les partenaires étrangers selon un cahier des charges fourni par le ministère de l’éducation nationale et proposées à tous les élèves volontaires en classe européenne. Elles seront délivrées par l’autorité académique et certifiées par le pays étranger. Cette année, nous avons inauguré la certification en allemand, niveau A2 et B1 (2), en collaboration avec le KMK (3) et le Goethe Institut. Les compétences à l’oral sont fortement valorisées. L. C. : l’académie de Rennes a été précurseur puisque des certifications en anglais, allemand et en espagnol sont délivrées depuis 2001, dans le cadre du contrat de plan État-région (CPER). Cette année, 1500 élèves de terminale de section européenne sont candidats. J.-J.F.: par ailleurs, pour le bac 2007, les élèves de sciences et techniques de gestion (STG) seront évalués en langues étrangères sur quatre compétences : compréhension orale et écrite, expression orale et écrite. Quel est l’apport du Centre international d’études pédagogiques (CIEP) à ces réflexions ? C. C. : parmi nos différentes missions au CIEP, nous cherchons à accompagner l’ouverture des établissements sur l’Europe et l’international par le biais de l’enseignement des langues. L’apprentissage d’une langue développe en outre l’aptitude à en apprendre d’autres. Il favorise ainsi le plurilinguisme, élément fondamental de l’identité européenne. Prenons l’exemple de l’assistant étranger. Pendant longtemps, il a été “l’objet” du professeur de langue, et ne travaillait que dans sa classe. Depuis trois ans, une démarche de qualité a été développée avec l’inspection générale pour intégrer au mieux l’assistant et créer une ouverture de l’établissement à l’international. L’idée majeure “est de donner du sens aux activités pédagogiques. (1) Plan académique langues vivantes (ci-dessus). (2) voir la circulaire sur les langues – BO n° 23 du 8/06/06. (3) Kultusminister Konferenz. ” On a ainsi demandé aux enseignants et aux équipes de direction d’inscrire le rôle de l’assistant dans le projet d’établissement. En fait, l’assistant représente un moyen pour les jeunes d’apprendre à communiquer et à rencontrer d’autres européens ou de jeunes étrangers. Au CIEP, notre spécialité est vraiment l’ouverture à l’international. Par exemple, l’Europe a lancé une plateforme pour favoriser les échanges entre classes étrangères, le “e-twinning”. En France, elle est pilotée par le CNDP avec la collaboration du CIEP qui apporte des contenus pédagogiques. Nous avons notamment édité le “Carnet de route” qui guide les enseignants dans leur conduite de projets d’échange. Vous avez aussi créé des sites Internet à destination des enseignants… C. C. : nous avons lancé deux sites de ressources pédagogiques : Primlangues et Emilangues. Ils nous ont été commandés par le ministère de l’éducation nationale pour accompagner des réformes. Primlangues est destiné aux professeurs des écoles qui doivent enseigner une langue étrangère. Il porte aujourd’hui sur sept langues (anglais, espagnol, allemand, arabe, russe, italien, portugais) et accueille 60 000 visiteurs par mois. Les enseignants peuvent y trouver des séquences détaillées, mais aussi du matériel pour construire leurs cours, un forum pour échanger idées et expériences, et un volet institutionnel avec les textes de référence. Un comité de pilotage, réunissant des représentants du ministère de l’éducation nationale, de l’inspection générale et des IUFM, a supervisé les contenus. Le second site, Emilangues, lancé en janvier 2006, est conçu pour les enseignants de sections européennes ou de langues orientales. Votre académie nous a d’ailleurs beaucoup aidés à enrichir ce site qui reçoit déjà 5000 visites par mois. Propos recueillis par Nathalie Le Garjean et Camille Sarret bloc-notes 7 n° 56 - juin 2006 dossier Enseigner les langues vivantes Les langues dès le primaire Cycle 3-sixième, assurer la continuité des enseignements en langues Q Collège La Gautrais à Plouasne “L e document passerelle renseigne les enseignants de langues vivantes sur la façon dont l’enseignement de cette discipline a été mené par leur prédécesseur”, explique Catherine Stefanelli, conseillère pédagogique départementale en langues vivantes étrangères dans le Finistère. “Il reflète une pratique de classe tant sur le nombre d’items travaillés que sur la méthodologie utilisée. Son efficacité sera maximale s’il illustre réellement ce qui a été étudié avec les élèves au cours de l’année”. Q Le portail Langues vivantes http://www.ac-rennes.fr/ pedagogie/portail_lv/accueil.htm Le plan académique Langues vivantes permet aux professeurs de langue de l'académie et aux chefs d’établissement de réfléchir en commun. Il regroupe sous un même portail l’ensemble des ressources documentaires présentant les outils destinés à tous les collègues enseignant les langues vivantes et développe le travail en commun des enseignants. Les collègues y trouvent aussi bien les synthèses des réunions de bassin, que des fiches pratiques les aidant à évoluer dans leur travail quotidien. Ils utilisent aussi ce plan pour mettre au point leurs projets langues vivantes d’établissement en liaison avec l’équipe de direction. Les professeurs de l'académie sont invités également à envoyer leurs projets innovants. Tous les points du programme de langues étrangères figurent dans le document passerelle. Pas question cependant de “noircir toutes les cases”, l’essentiel est de noter précisément ce qui a été fait. Ainsi, en fin d’année de CM2, certaines compétences ont simplement pu être abordées à l’oral et/ou à l’écrit, tandis que d’autres ont été approfondies majoritairement à l’oral et/ou à l’écrit. Outil interlangue, il est fondé sur le cadre européen de référence des langues et permet donc de distinguer les compétences d’expression et de compréhension orales, prioritaires, des compétences d’expression et de compréhension écrites. Un document vivant Ce document concerne la classe dans son ensemble. Il ne s’agit pas d’une évaluation des acquis individuels. Un imprimé doit être complété pour chaque niveau de classe. En plus d’être un outil qui permet de passer le relais à l’enseignant qui intervient dans la classe l’année suivante (c'est-à-dire en CM1, CM2 et 6e), il est aussi utilisé à des fins d’harmonisation au sein de l’équipe pédagogique. Diffusé en 2005, ce document a été largement présenté et commenté lors d’animations pédagogiques et de réunions interdegrés par Catherine Stefanelli. Il vient de faire l’objet d’un bilan visant à mesurer son efficacité. Les conclusions de cette analyse sont rassemblées dans un rapport mis en ligne sur le site de l’inspection académique du Finistère, rubrique langues vivantes : http://www.ac-rennes.fr/ia29/ D.R. Cartable numérique pour tous Dans le Finistère, un document “passerelle” est utilisé par toutes les classes d’anglais, d’espagnol et d’allemand, du CE2 à la 6e. R Les 23 élèves de sixième bilangue en cours d'allemand. Depuis 3 ans, les élèves du collège La Gautrais à Plouasne sont dotés de cartables numériques. Les professeurs de langue utilisent régulièrement les TICE en classe. En anglais, un nouveau manuel interactif, très souple d'utilisation, a fait son entrée cette année au collège. Les nombreux vidéo projecteurs et écrans numériques permettent une très grande variété des supports de travail à un moindre coût (documents couleurs, montages réalisés par les professeurs à l'aide de documents et de fichiers son…). Ils améliorent aussi la concentration des élèves en cours en faisant converger tous les regards vers un même point. Depuis cette année, les professeurs du collège ont créé l'espace numérique “Coup de Pouce” destiné avant tout à aider les élèves dans leurs apprentissages quotidiens et à développer leur autonomie. Les langues sont très bien représentées sur ce site qui propose des fichiers son pour travailler la prononciation, des exercices de révision ou de remédiation créés par les professeurs du collège à l'aide de logiciels tels que “Hot Potatoes”, “Quiz Faber” ou “Powerpoint”. La section d'allemand contribue aussi à développer un site internet pour faire découvrir l'Allemagne aux non-germanistes : http://decouverteallemagne.free.fr Françoise Couëdelo Première étape dans la construction d’une continuité des enseignements en langues, le document passerelle est accompagné sur 25 secteurs de collèges finistériens de référents communs interdegrés. Ces outils, adaptés à chaque secteur, dégagent les compétences linguistiques prioritaires attendues des élèves de fin de CM2. Nathalie Le Garjean Françoise Couëdelo bloc-notes 8 n° 56 - juin 2006 dossier Enseigner les langues vivantes Des établissements du BAPE de Pontivy-loudéac Un travail en réseau Collèges de Guémené sur Scorff, de Pontivy, de Baud, de Rohan, lycées professionnels de Locminé et de Pontivy, lycée de Pontivy… Trente participants (chefs d’établissement et enseignants) se sont retrouvés en mai pour mutualiser leurs réflexions et actions sur la politique des langues. Cette rencontre faisait suite à plusieurs mois de travail dans les établissements et en réunion de BAPE. Q Collège Marcel Pagnol à Plouay D.R. Apprendre le breton avec des saynètes R Cours de langues au laboratoire du lycée Joseph Loth à Pontivy. Des points de convergence Cette rencontre a mis en évidence des passages obligés. Un temps de concertation doit être intégré dans l’emploi du temps. L’année sera découpée pour travailler sur deux compétences. Le bulletin trimestriel va évoluer en introduisant une évaluation formative. Des supports pédagogiques, autres que le manuel, seront utilisés et certaines équipes ont décidé de travailler “sans manuel”. Les enseignants continueront à réfléchir ensemble sur les points particuliers : TICE, livret de compétence, collaboration avec les assistants… Ils feront travailler les élèves sur une même compétence en petits groupes et en s’adaptant à leur niveau. Printemps de l’Europe, semaine de la presse, festival du film européen, menus en anglais ou espagnol ou allemand, jumelage électronique “e-twinning”, rapport de stage avec une conclusion en anglais… toutes les actions pédagogiques valorisant les langues vivantes et la culture internationale seront développées. Un travail “interlangue” Les pratiques d’enseignement résultent d’une réflexion menée dès l’année de formation à l’IUFM sur la nécessité d’échanger entre enseignants de la même langue ainsi qu’entre collègues des différentes langues enseignées dans l’établissement. Ce travail de mutualisation “interlangues” rend l’enseignement du breton et des autres langues plus attractif et plus efficace au quotidien. Pascal Tabuteau Un bilan positif Le BAPE devient un observatoire intéressant de pratiques: l’ensemble des établissements a choisi les niveaux 6e, 5e, 4e et 2nde pour expérimenter des groupes de compétence. Toutes les équipes de langues vivantes se sentent concernées par le plan académique des langues vivantes, une liaison collègeslycées se construit à partir d’expérimentations, de mutualisations d’expériences… Grâce aux échanges de la réunion mais aussi aux documents écrits laissés par les collègues, les équipes ont des pistes de travail et se sentent plus stimulées. Anne Bilak bloc-notes 9 n° 56 - juin 2006 D.R. P our la rentrée 2006, des actions concrètes sont prévues dans tous les établissements. Au collège Émile Mazé à Guémené sur Scorff, la 3e heure de cours sera consacrée aux groupes de compétences, avec une compétence étudiée pendant quatre semaines. Au collège Yves Le Bec à Rohan, un portfolio sera acheté pour chaque élève et conservé par le professeur. L’élève disposera d’une version simplifiée. Au collège Mathurin Martin à Baud, qui travaille dans le même esprit, une progression commune sera élaborée pour les classes de CM1, CM2 et 6e dans le cadre de leur opération de liaison école-collège (les mardis de Baud, qui fêtent leurs 10 ans). Au collège Charles Langlais à Pontivy, l’année sera découpée en quatre périodes pour travailler quatre compétences. Une évaluation de positionnement et de diagnostic sera effectuée en début d’année. Au lycée professionnel Louis Armand à Locminé, deux professeurs se forment actuellement pour valider leurs compétences en anglais et pour intervenir dans les champs professionnels (textile et maintenance). Au lycée Joseph Loth à Pontivy, toutes les techniques pédagogiques seront privilégiées, en particulier le travail en laboratoire et l’appui des assistants étrangers. Le collège Marcel Pagnol à Plouay propose un enseignement en langue bretonne organisé en deux filières, bilingue et breton optionnel. L’enseignement est orienté vers une pratique vivante de la langue. Les bilingues travaillent en relation avec des bretonnants de naissance et les élèves de la filière optionnelle optimisent l’heure ou deux d’enseignement hebdomadaire par des activités concrètes axées sur la vie quotidienne : “faire ses courses à la supérette”, “présenter une/un ami(e) à ses parents”, “inviter quelqu'un au restaurant ou dans un bar”, “parler du travail scolaire à ses parents”, Les activités sont toujours faites en contexte sous forme de saynètes. Par exemple, en mettant la table et les couverts en classe (repas avec les parents), en recréant une petite épicerie avec une caisse enregistreuse, en installant un “coin resto”, en utilisant la crêperie du collège, en allant dans le centre bourg à Plouay pour faire chercher le chemin aux élèves… les élèves retiennent bien mieux les activités ludiques. R Les élèves apprennent à expliquer comment faire des crêpes mais aussi à téléphoner à un(e) copain/copine pour lui raconter sa journée, à demander son chemin avec un plan de ville, à parler de ses hobbies, à se présenter pour un entretien d'embauche, à exprimer ses sentiments (colère, amour, tendresse…). dossier Enseigner les langues vivantes Q Le lycée Chateaubriand à Rennes, site pilote pour l’allemand L’Abibac, diplôme “franco-allemand” qui donne accès de plein droit aux universités allemandes et françaises, est préparé au lycée Chateaubriand à Rennes depuis 1992. Aujourd’hui, cette section accueille plus de 130 élèves de la seconde à la terminale. En plus de l’Abibac, chaque année plus de 400 élèves et étudiants choisissent aussi l’allemand comme première ou deuxième langue vivante. Ces atouts ont valu au lycée Chateaubriand à Rennes d’être désigné en 2004 comme “site pilote pour l’allemand” dans l’académie. À ce titre, le lycée impulse et participe à des actions d’information et de promotion auprès des jeunes et des familles. Il met également à la disposition des élèves et étudiants germanistes des informations sur les études et les carrières qui s’offrent à eux et organise chaque année au mois de janvier un forum franco-allemand des études supérieures. › Contact : www.lyceechateaubriand.fr Q Une section angloaméricaine au lycée Victor et Hélène Basch à Rennes La section anglo-américaine du lycée Victor et Hélène Basch à Rennesprépare l’option internationale au baccalauréat (OIB), en complément des bac ES, L, S. Ce cursus présente l’avantage du diplôme français et la caution des autorités britanniques associées à l’examen. Il permet de suivre une partie de l’enseignement en anglais, d’enrichir sa culture en littérature et civilisation anglophones, de participer à des activités culturelles centrées sur la civilisation anglo-américaine, de préparer éventuellement l’entrée dans une université anglaise ou américaine, d’entreprendre en France des études post-baccalauréat… La section est ouverte à de jeunes anglophones (au moins 25 % de l’effectif), qui ont un niveau minimal en langue française, et à des francophones originaires principalement de la Bretagne et issus d’une classe de troisième. › En savoir plus : http://pharouest. ac-rennes.fr/e352009U/ Le collège Malifeu à Rennes accueille des élèves francophones et anglophones de la 6e à la 3e (http://pharouest.ac-rennes.fr/ e350706C/). L’école primaire Jean Moulin à Rennes accueille des élèves anglophones et assure un enseignement bilingue en cycle 3 (CE2, CM1 et le CM2), (http://www.ecolepubliquejean-moulin-rennes.ac-rennes.fr/accueil.htm) Site d’études ibériques à Brest De bonnes relations franco-hispaniques Depuis quatre ans, sur la rive droite de Brest, Plouzané et Saint-Renan, le site d’études ibériques de l’académie se met en place. Il concerne aujourd’hui 25 écoles, six collèges et un lycée (1). U n réseau de formation cohérent de l’école primaire à l’enseignement supérieur ouvert sur la Péninsule ibérique et l’Amérique latine, un accès au bilinguisme françaisespagnol et une meilleure intégration des jeunes hispanophones… en 4 ans, le pôle d’étude ibérique est devenu un site de réflexion et d’action pour le développement qualitatif de l’enseignement de l’espagnol dans toute l’académie. La coordination pédagogique est assurée par Marie-Agnès Maille, dans un esprit de partage des expériences. Un bureau alloué au site d’études ibériques accroît les rencontres entre différents intervenants et développe les liaisons inter-cycles. Un espace sécurisé sur le web a été ouvert pour communiquer, partager des ressources, suivre les projets. Des journées de formation sont régulièrement organisées. De nombreuses activités sont proposées : théâtre à l’école primaire et au collège; cinéma avec une préparation et une exploitation pédagogique du Festival du film espagnol ; réflexion sur le rôle des assistants ; harmonisation des interventions dans les écoles primaires, les collèges et le lycée ; utilisation du multimédia en relation avec l’IUFM… Les structures évoluent : après la création d’une section expérimentale internationale en langue espagnole au collège Les Quatre Moulins (6e) et au lycée Amiral Ronarc’h (2de) en novembre 2005 en étroite collaboration avec le ministère de l’Éducation espagnol, trois sections européennes ouvriront leurs portes à la rentrée scolaire 2006 aux collèges Keranroux et Saint Pol Roux (4e) et au lycée (2de). Didier Faccenda Q Intégration à l’international Une collaboration internationale Les échanges scolaires, notamment avec l’Espagne et le Pérou se poursuivent et se développent. Des élèves sont présentés aux diplômes de compétences linguistiques du DELE validés par l’Institut Cervantès (premier niveau à l’issue du collège, intermédiaire ou supérieur au niveau de la terminale). Les épreuves sont organisées au lycée Amiral Ronarc’h. Les relations entre l’académie de Rennes et la région de Cantabrie, consacrées par la signature d’un accord de coopération éducative en octobre 2005, trouvent ainsi un point d’appui sur le site d’études ibériques (page ci-contre). (1) Vingt-cinq écoles primaires proposent de commencer l’apprentissage de la langue espagnole dès le CE2 ; six collèges (Keranroux, Quatre Moulins et Saint Pol Roux à Brest, Kerallan et Kroas Saliou à Plouzané, Kerzouar à Saint Renan) ; le lycée Amiral Ronarc’h. bloc-notes 10 n° 56 - juin 2006 Les 30 et 31 mars 2006, le collège Chateaubriand à Saint-Malo, le lycée professionnel Ker Siam à Dinan et le lycée Coëtlogon à Rennes, engagés dans le projet pilote RES INTEGRA (du programme Leonardo da Vinci) ont accueilli des écoles et des institutions partenaires venues du Royaume-Uni, de Grèce et des Pays Bas pour deux jours d'échange de pratiques sur le décrochage scolaire. Ce projet vise à réduire le décrochage scolaire et les sorties sans qualification dans une vingtaine d'établissements d'enseignement et de formation répartis dans six pays. L’organisation des classes relais a été présentée par les établissements bretons. Puis les équipes du Royaume-Uni ont présenté le programme “Increased Flexiblity” de Walsall College dans la politique locale et le cadre national, ainsi que la démarche des “Positive Postcards”. Les bonnes pratiques sélectionnées prennent en compte trois angles différents : l'approche intégrée pour coopérer avec des acteurs extérieurs au système éducatif, l'environnement pédagogique et les approches didactiques alternatives. › Contact : DARIC, [email protected] dossier Enseigner les langues vivantes QUn stage inter- Lycée Henri Avril à Lamballe Obtenir un diplôme de langue académique de chinois Harmoniser ses pratiques Le lycée Henri Avril à Lamballe prépare ses élèves les plus motivés aux certifications étrangères : Cambridge First Certificate, DELE de l’Institut Cervantes et ZMP de l’Institut Gœthe. C e projet s’appuie sur les onze enseignants de langues vivantes du lycée qui préparent quinze élèves en anglais, cinq en espagnol et cinq en allemand pour cette première année 2006. Les trois assistants de langues vivantes assurent aussi un soutien au travail en autonomie réalisé par les élèves. Les professeurs s’enthousiasment pour ce nouveau volet du projet d’établissement : ils reconnaissent unanimement que la préparation au niveau de compétence linguistique Q Convention avec la Cantabrie: séminaire D.R. sur les sections franco-espagnoles R Les assistants de langues motivés D.R. par leur mission. Les 10 et 11 avril 2006, dans le cadre de la convention signée récemment entre l’académie de Rennes et la Cantabrie, une délégation espagnole a été reçue pour réfléchir sur la création de sections bilangues franco-espagnoles. Au programme de ces deux journées : l’utilisation des technologies d’information et de communication, l’expérience de l’enseignement du Français Langue étrangère (FLE)… et des découvertes de notre patrimoine culturel (spécialités culinaires et danses). Les membres de chaque sous-groupe ont échangé des informations sur leurs systèmes éducatifs respectifs, sur le matériel, sur les stratégies pédagogiques et les méthodologies. L’académie de Rennes a présenté les programmes européens existants, Socrates (Erasmus, Comenius, Arion) et la Consejería de Educación de Cantabrie, leur modèle éducatif et leur plan de promotion de l'enseignement et de l'apprentissage des langues étrangères. Plusieurs propositions d'actions ont été faites, comme des échanges d'élèves : du côté français, 40 établissements sont intéressés ; du côté espagnol, les 48 IES (Institutos de Enseñanza Secundaria) de Cantabrie effectueront un recensement. Des échanges de professeurs aussi, avec pendant les vacances de printemps un échange sous forme “d’accompagnement” entre collègues. Enfin des informations seront partagées sur une plateforme de travail à distance : mise en œuvre du cadre européen commun pour les langues et du portfolio, des bonnes pratiques, des accords sur des programmations communes (histoire-géographie, sciences économiques et sociales, éducation civique, juridique et sociale). Nathalie Le Garjean B2 est une incitation à l’intégration fonctionnelle du portfolio des langues dans les pratiques pédagogiques. Roland Jaecki Témoignages des assistants de langues Carolyn James “Je travaille l'expression et la compréhension orales des élèves avec différents jeux de rôles”. Víctor M. Díaz Medina “Ma mission est de mettre les élèves dans des situations de la vie quotidienne espagnole, de leur apprendre à écouter et à parler comme s'ils étaient en Espagne. Le DELE est un diplôme officiel européen de la langue espagnole qui atteste une certaine compétence linguistique de ma langue. C'est un diplôme qui permet d'ouvrir des portes dans différents secteurs, économiques et culturels, dans le monde entier”. Judith Söldner “Je travaille beaucoup avec des documents authentiques: des chansons, des extraits de films et des articles de journaux et de magazines. Cela donne envie aux élèves de parler et leur permetde connaîtrel'Allemagne d'un point de vue différent.Et bien sûr, je neleur parle qu'en allemand. Même si parfois cela leur semble bien difficile, ils sont toujours motivés”. bloc-notes 11 n° 56 - juin 2006 Initié par l’académie de Rennes, avec le soutien actif des services de formation (DAFPEN), cinquante professeurs de chinois de cinq académies du Grand Ouest ont participé à une formation les 3 et 4 février 2006 au (1) lycée Émile Zola à Rennes. Quelles sont les compétences attendues en chinois par le nouveau cadre européen commun de référence ? Comment monter un projet pédagogique ? Maintenir la discipline en classe ? Organiser un échange avec un pays d’Asie ? Au cours de ces deux journées, les enseignants des établissements scolaires publics et privés et d’associations ont pu mettre en commun et harmoniser leurs pratiques, grâce aux témoignages et conseils de leurs collègues plus expérimentés. “Le chinois est une discipline encore jeune et, en termes de méthodes, de contenus pédagogiques et d’objectifs, nous avons beaucoup à apprendre de l’expérience des autres langues et de la réflexion pédagogique que certaines d'entre-elles mènent de longue date”, note Isabelle Pillet, enseignante de chinoisau lycée Émile Zola à Rennes depuis de nombreuses années et chargée de mission d’inspection. Avec sa collègue Pascale Fontaine, enseignante d’anglais, elle a notamment proposé des activités et des supports ciblés sur les jeux Olympiques de Pékin. Bien gérer sa classe Au-delà du travail pédagogique, toutes les questions de gestion et d’animation de la classe ont été abordées. “De nombreux enseignants de chinois sont jeunes, une partie d'entre eux est sinophone, nous nous devons de les aider, explique Isabelle Pillet. La psychologie de l’adolescent occidental peut paraître très déconcertante. En Chine, le statut des enseignants leur confère une grande autorité”. Des conseils sur la bonne gestion des 5 premières et des 5 dernières minutes de cours ont été donnés. De même, avoir un vademecum de l’échange avec la Chine évitera bien des tracas, avant, pendant et après le séjour. Nathalie Le Garjean (1) J’apprends le chinois