Cancer du foie : facteurs de risque, dépistage et options de traitement
Transcription
Cancer du foie : facteurs de risque, dépistage et options de traitement
TraitementSida 197 — vol. 25 noº3 Page 7 Dans un premier temps, il est probable que ces médicaments — surtout le faldaprévir et le siméprévir — seront approuvés pour être utilisés en combinaison avec l’interféron et la ribavirine. Cependant, des essais cliniques sur des combinaisons sans interféron se poursuivent, et ces combinaisons finiront un jour par être approuvées. D’autres renseignements sur ces médicaments et d’autres thérapies émergentes apparaîtront dans le TraitementSida 198. RÉFÉRENCES : 1. Longo DL, Fauci AS, Kasper DL, Hauser SL, Jameson JL, Loscalzo J. Chapter 304. Acute Viral Hepatitis. In: Longo DL, Fauci AS, Kasper DL, Hauser SL, Jameson JL, Loscalzo J, eds. Harrison’s Principles of Internal Medicine. 18th ed. New York: McGraw-Hill; 2012. 2. Canadian Cancer Society’s Steering Committee on Cancer Statistics. Canadian Cancer Statistics 2013. Toronto, ON: Canadian Cancer Society; 2013. C.Un mot sur le cancer du foie au Canada Alors que les taux de nombreux cancers diminuent ou restent stables, celui du cancer du foie continue de grimper au Canada. Les chercheurs s’attendent à ce qu’environ 2 000 cancers du foie soient diagnostiqués chez des Canadiens ou Canadiennes en 2013. Dans ce pays, les principaux facteurs de risque de cancer du foie sont l’infection par les microbes suivants : • virus de l’hépatite B (VHB) • virus de l’hépatite C (VHC) Selon un récent rapport de la Société canadienne du cancer, il arrive « fréquemment » que les personnes atteintes d’un cancer du foie se fassent soigner et traiter lorsque la maladie en est à un stade avancé, alors que les tumeurs sont volumineuses et répandues. À ce stade-là, les personnes risquent d’éprouver des symptômes complexes et nombreux. Dans de tels cas, guérir le cancer du foie est difficile. Les personnes atteintes du VHB ou du VHC devraient faire l’objet d’un suivi médical régulier incluant des tests de laboratoire pour évaluer la santé du foie, ainsi que des échographies hépatiques. Ce genre de dépistage peut aider les médecins à détecter les tumeurs lorsqu’elles sont encore petites et avant qu’elles ne s’étendent à d’autres régions du foie ou à d’autres organes. Au Canada, le taux de survie global des personnes atteintes du cancer du foie se situe à environ 20 % cinq ans après le diagnostic, mais le taux varie selon le groupe d’âge. Par exemple, les personnes âgées de 15 à 49 ans ont généralement de meilleures chances de s’en sortir, leur taux de survie étant de 38 % après cinq ans. De plus, les femmes ont tendance à afficher de meilleurs taux de survie que les hommes. Parmi celles âgées de 15 à 45 ans, le taux de survie après cinq ans s’élève à 46 %. Après l’âge de 60 ans, les taux de survie sont comparables chez les hommes et les femmes et tendent à diminuer puisque l’âge avancé est associé à l’affaiblissement général de l’immunité. Pour mieux connaître les statistiques concernant le cancer du foie au Canada, veuillez consulter le rapport suivant : Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer du Société canadienne du cancer. Statistiques canadiennes sur le cancer 2013. Toronto, Ontario : Société canadienne du cancer; 2013. D.Cancer du foie — facteurs de risque, dépistage et options de traitement Facteurs de risque L’infection par le virus de l’hépatite B (VHB) ou le virus de l’hépatite C (VHC) est associée à un risque accru de cancer du foie. Il existe toutefois d’autres facteurs qui augmentent le risque de cancer du foie en provoquant directement ou indirectement la croissance de cellules anormales et leur transformation en tumeurs dans le foie. Des études menées aux États-Unis et dans le nord de l’Europe ont permis de constater des cas de cancer du foie chez des personnes n’ayant pas de virus de l’hépatite mais qui présentaient les facteurs de risque suivants : Alcool Consommée en quantité excessive, cette substance endommage les cellules du foie. Au fil du temps, si la consommation excessive d’alcool continue, les dommages au foie s’aggravent, et le tissu sain de l’organe se fait remplacer par du cicatriciel. À la longue, c’est la cirrhose qui se développe (grave lésions au foie). Il arrive parfois dans ces cas que les cellules endommagées du foie se transforment en états pré-cancéreux ou en cancers. Page 8 TraitementSida 197 — vol. 25 nº3 Tabac La fumée de tabac contient des milliers de substances chimiques, dont certaines causent le cancer. Le risque accru de cancer associé au tabagisme ne se limite pas aux poumons et à la gorge, car le foie est vulnérable à ses effets aussi. Diabète de type 2 Le pancréas produit de l’insuline, une hormone que aide les cellules à absorber du sucre (glucose) du sang. Une mauvaise alimentation, le manque d’exercice et peut-être le vieillissement font en sorte que le corps perd graduellement sa sensibilité à l’insuline. On appelle cette perte de sensibilité l’insulinorésistance. Si elle n’est pas traitée, l’insulinorésistance s’aggrave et incite le pancréas à produire de plus en plus d’insuline dans une tentative de compensation. À la longue, l’insulinorésistance s’aggrave tellement que le diabète de type 2 survient. Le diabète de type 2 s’accompagne de nombreuses complications, dont la dysfonction rénale, les lésions nerveuses, l’affaiblissement léger du système immunitaire, la production excessive d’insuline, l’augmentation de l’inflammation et la prise de poids. De plus, le foie se met à stocker de la graisse et prend de l’ampleur. L’inflammation excessive et les taux d’insuline supérieurs à la normale sont deux facteurs associés à un risque élevé de cancer en général et de cancer du foie en particulier. Si le foie adipeux et endommagé est exposé à de l’inflammation accrue, à la stimulation causée par les substances chimiques cancérigènes présentes dans la fumée de tabac, aux excès d’insuline et aux protéines nocives du VHC, ses cellules risquent de se développer anormalement et de se transformer en états pré-cancereux ou en cancer. Symptômes du cancer du foie Lors des stades précoces du cancer du foie, il est possible de n’éprouver aucun symptôme. À mesure que la tumeur croît, cependant, elle risque de causer des complications, et les symptômes suivants peuvent apparaître : • • • • • • douleur abdominale perte de l’appétit perte de poids non intentionnelle enflure abdominale nausée fièvre • faiblesse • jaunissement de la peau et du blanc des yeux (jaunisse) Comme plusieurs de ces symptômes ressemblent à ceux d’autres maladies, leur seule présence ne peut prouver la présence d’un cancer du foie, d’où la nécessité d’une évaluation médicale. À la découverte des tumeurs Pour évaluer ces symptômes chez les personnes présentant un risque élevé de cancer du foie, les médecins font faire des analyses de sang afin de détecter la présence de diverses protéines (marqueurs de tumeurs) associées au cancer. Aucune épreuve n’est parfaite, cependant, et la recherche se poursuit dans le but de trouver de meilleurs marqueurs de tumeurs. Voici une liste de quelques marqueurs qui peuvent être utilisés (notons que les spécialistes du foie et du cancer ont peut-être recours à d’autres épreuves) : • AFP (alpha-fœtoprotéine) – Chez les adultes, un taux élevé de cette protéine peut suggérer la présence d’un cancer du foie ou d’autres organes. L’AFP est produite par les tumeurs, et les taux augmentent généralement en présence de certains cancers. Toutefois, lors des stades précoces de leur développement, les tumeurs risquent de produire peu d’AFP, alors cette épreuve n’est pas très précise ou fiable dans tous les cas comme moyen de dépister le cancer du foie; • AFP-L3 (Lens culinaris agglutinine réactive fraction de l’AFP) – Certains médecins trouvent cette molécule plus utile que l’AFP pour faire le dépistage du cancer du foie; • DCP (des-gamma-carboxy-prothrombine) – Cette protéine se trouve en quantité élevée chez environ 80 % des personnes atteintes d’un cancer du foie. Il est également possible, cependant, d’avoir un taux de DCP élevé si l’on vit avec une carence en vitamine K ou encore si l’on utilise le médicament anticoagulant Coumadin. Techniques de balayage L’échographie du foie est très utile pour détecter les tumeurs. Si l’examen fait soupçonner la présence d’une tumeur, on peut avoir recours à d’autres techniques de balayage comme les rayons X de haute résolution (tomodensitométrie) pour confirmer le diagnostic. L’IRM (imagerie par résonance magnétique) peut aider à donner TraitementSida 197 — vol. 25 noº3 Page 9 des images détaillées de la tumeur et de son impact sur les vaisseaux sanguins et les régions avoisinantes du foie. Que faire lorsqu’il y a des tumeurs? Voici plusieurs possibilités de traitement : • chirurgie; • ablation par radiofréquence (on utilise un courant électrique pour chauffer et détruire la tumeur) : aux fins de cette intervention, on insère dans la tumeur une aiguille qui produit un courant électrique chauffant qui tue les cellules cancéreuses; • injection d’alcool dans la tumeur : cette technique détruit les cellules cancéreuses mais aussi les tissus normaux avoisinants; d’ordinaire, plusieurs injections sont nécessaires, et cette technique est la plus utile contre les tumeurs relativement petites; • chimiothérapie locale : les injections de chimiothérapie dans l’artère qui approvisionne le foie en sang sont parfois utiles lorsque les tumeurs sont limitées au foie; • greffe de foie. Les nouvelles thérapies comme le sorafénib (Nexavar) ont donné de très modestes résultats, comme la prolongation de la survie de plusieurs mois seulement. De plus, le sorafénib ne semble pas procurer de bienfaits importants aux personnes d’origine asiatique. Plusieurs thérapies anticancéreuses expérimentales sont à l’étude dans le cadre d’essais cliniques. Dans certains cas, il pourrait être utile de parler de ses options de traitement avec un spécialiste du cancer. RÉFÉRENCES : 1. Canadian Cancer Society’s Steering Committee on Cancer Statistics. Canadian Cancer Statistics 2013. Toronto, ON: Canadian Cancer Society; 2013. 2. Carr BI. Chapter 92. Tumors of the Liver and Biliary Tree. In: Longo DL, Fauci AS, Kasper DL, Hauser SL, Jameson JL, Loscalzo J, eds. Harrison’s Principles of Internal Medicine. 18th ed. New York: McGraw-Hill; 2012.