Situation économique et financière du Vietnam

Transcription

Situation économique et financière du Vietnam
Situation économique et financière du
Vietnam
Juin 2016
© DG Trésor
Le Vietnam, nouvel émergent ?
Troisième pays le plus peuplé d’ASEAN (91,7 M d’habitants), le Vietnam est la 6ème économie de la région, avec
un PIB de 191,5 Mds USD en 2015. Le développement économique vietnamien a été singulièrement rapide
(multiplication par 6,7 du PIB réel depuis 1985) tout comme l’ouverture du pays : membre de l’ASEAN en 1995,
accession à l’OMC en 2007, membre de la Communauté économique de l’ASEAN depuis son entrée en vigueur fin
2015. Outre les accords de libre-échange (ALE) négociés dans le cadre de l’ASEAN, le Vietnam est partie prenante
du Partenariat Transpacifique ainsi que des ALE avec l’UE, la Corée du Sud et l’Union douanière eurasiatique.
Le taux d’extrême pauvreté (nombre de personnes aux revenus inférieurs à 1,90 USD en parité de pouvoir d’achat
par jour) est passé de 49,2% en 1992 à 2,8% en 2014. Le Vietnam fait partie, depuis 2010, des pays à revenu
intermédiaire (tranche inférieure). La croissance du PIB, de l’ordre de 7,3% par an en moyenne de 2002 à 2007,
a ralenti à 5,9% entre 2008 et 2012, date à laquelle elle a atteint le chiffre historiquement bas de 5,2% alors que le
pays était en proie à une crise bancaire. Après une reprise entre 2012 et 2014 (+5,6% en moyenne), le taux de
croissance a atteint 6,7% en 2015 et 5,5% au premier trimestre 2016. Le FMI table sur 6,1% en 2016, le
gouvernement sur 6,7%.
La compétitivité du Vietnam repose aujourd’hui principalement sur sa main d’œuvre et d’importantes incitations
fiscales à l’investissement, qui ont fait du pays une destination majeure des investisseurs dans les industries
manufacturières à forte intensité de main-d’œuvre. La structure de l’économie vietnamienne se répartit entre le
secteur primaire à 17% du PIB, en légère perte de vitesse, le secteur secondaire stable à 38,3%, et le tertiaire en
progression, à 44,7%. Par ailleurs, après 25 ans de transition, l’économie vietnamienne se caractérise par un
poids du secteur public toujours important.
Sur l’année 2015, les indicateurs macroéconomiques sont au vert
Depuis 2013, le gouvernement vietnamien a engagé une politique de stabilisation macroéconomique qui a
permis de consolider la demande intérieure, de dynamiser la production industrielle (+20,9% entre janvier 2013
et décembre 2014 et +13,8% en 2015) et ainsi de permettre au pays d’enregistrer la meilleure performance
économique de l’ASEAN en 2015, avec une croissance du PIB de 6,7%.
Les comptes externes se sont cependant dégradés. La forte exposition du Vietnam à la demande mondiale, dont
le ralentissement (notamment en Chine) affecte les performances extérieures du pays, s’avère être aussi une source
de vulnérabilité. L’excédent du compte courant s’est très fortement réduit en 2015 en lien avec la hausse des
importations et la baisse des prix des hydrocarbures. La balance commerciale est certes excédentaire (7,4 Mds USD
en 2015, en baisse de 39% en g.a.) mais principalement grâce aux entreprises étrangères, qui réalisent 63% du
commerce extérieur du pays.
Les IDE continuent à enregistrer d’excellentes performances (avec des entrées nettes de 10,7 Mds USD en
2015, en progression de 32,9% par rapport à 2014). L’ampleur des financements d’aide internationale (4,2 Md
USD en 2014 d’après le Comité d’aide au développement de l’OCDE, soit 2,4% du PIB : 5ème récipiendaire mondial
d’APD) contribue au financement du déficit courant. Les transferts de la diaspora (13,2 Mds USD, 7% du PIB en
2015) contribuent aussi à la couverture du besoin de financement extérieur.
AM B AS S AD E D E F R AN C E AU V I E T N AM
- SERVICE ÉCONOMIQUE
Situation économique et financière – Vietnam
– j u i n 2 0 1 6 © DG Trésor
Le Vietnam doit accélérer le rythme des réformes structurelles pour maintenir sa compétitivité
Le Vietnam est parvenu à maîtriser l’inflation à 0,6% en moyenne sur 2015 (après 4,1% en 2014) et 1,6% en
moyenne sur les cinq premiers mois de l’année 2016 (sous le seuil maximal de 5% fixé par le gouvernement).
La Banque centrale a annoncé début janvier 2016 la fixation désormais quotidienne d’un cours pivot du dong face
au dollar, abandonnant ainsi le taux fixe face au dollar, afin d’accroitre la flexibilité du taux de change dans un
contexte de volatilité accrue sur les marchés de change. Et si les réserves de change du pays se reconstituent
progressivement, elles n’en restent pas moins modestes et en-deçà du seuil prudentiel du FMI (3 mois
d’importations), atteignant mi-juin 2016 environ 38 Mds USD (contre 34,2 Mds USD fin 2014).
L’endettement croissant du pays réduit désormais significativement les marges de manœuvre budgétaire.
Les données font état d’une dette publique de 62,2% du PIB en 2015 le FMI projette qu’elle atteindrait 67,5% à
horizon 2021. Cette évolution génère un risque en cas de hausse des taux d’intérêt et de dépréciation du taux de
change. Le déficit public atteint par ailleurs des niveaux élevés (6,5% du PIB par an chaque année depuis
2012, avec une estimation à 5,9% du PIB pour 2015, et une projection à 6,5% du PIB en 2016. La dette publique
externe du Vietnam demeure toutefois essentiellement concessionnelle, ce qui a contribué à conduire à un
relèvement de la notation souveraine vietnamienne en 2014. En mai 2016, les agences Standard & Poor’s (BB-) et
Fitch (BB-) ont confirmé leurs notations avec une perspective stable.
Le secteur bancaire vietnamien reste grevé par une accumulation de mauvaises dettes. Les fondamentaux du
secteur restent fragiles. Les banques affichent des niveaux de rentabilité des capitaux propres et de rentabilité
économique parmi les plus faibles de la région (respectivement 6,25% et 0,5% en moyenne). Un écart
important persiste entre le taux de prêts non performants affichés (2,6%) et celui calculé par le FMI (12,5%). Dès
lors, la croissance du crédit (+19,3% en ga début 2016), peut paraître excessive compte tenu de l’opacité du
secteur bancaire et de la sous-estimation de la part des prêts non-performants.
L’avantage comparatif traditionnel de faible coût de la main-d’œuvre dont dispose le Vietnam commence à
s’éroder. Le gouvernement entend atténuer son impact en favorisant une montée en gamme de la chaîne de valeur.
Pour ce faire, un Plan socio-économique de développement 2016-2020 a été adopté par l’Assemblée
nationale. Il prévoit une croissance économique annuelle moyenne de 6,5% à 7% par an, un investissement total
annuel moyen à 32% à 34 % du PIB et un déficit budgétaire à moins de 4 % du PIB.
Copyright
Auteur : Wesley RAMNAUTH
Tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation expresse du
Service Économique de Hanoi (adresser les demandes à
[email protected]).
Service Économique de Hanoi
Adresse : 57 Tran Hung Dao, Hanoi, Vietnam
Clause de non-responsabilité
Le Service Économique s’efforce de diffuser des informations exactes et
à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront
signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de
l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette
publication.
Rédigé par : Wesley RAMNAUTH
Revu par : Michel DROBNIAK
Version du 28/06/2016
Version originelle
AM B AS S AD E D E F R AN C E AU V I E T N AM - S E R V I C E É C O N OM I QU E
- 2 -
Situation économique et financière – Vietnam
– j u i n 2 0 1 6 © DG Trésor
AM B AS S AD E D E F R AN C E AU V I E T N AM - S E R V I C E É C O N OM I QU E
- 3 -