Chanteur de rue et « vadrouilleur - AFCA

NOS CORRESPONDANTS
Chanteur de rue et « vadrouilleur »
Gilles Butin « Grand
Grand--père du MP3 »
C'est l'histoire peu banale
d'un chanteur de rue français
qui a décidé, il y a quelques
années, de sillonner l'Afrique
avec son orgue de barbarie.
Ces derniers temps, Gilles
Butin« Le grand-père du MP3 » ou
encore « La Vadrouille » comme il
aime s'appeler, s'est arrêté au
Sénégal. Il a parcouru les rues de
Dakar, s'est produit au Samu
social devant des enfants des rues,
et a émerveillé grands et petits sur
des airs du XXème siècle.
De Drucker avec « Stars 90 » en
passant par « La Chance aux
chansons » ou encore avec sa
compagnie de théâtre avec
laquelle il reçut un Molière du
meilleur spectacle musical pour
Christophe Colomb, Gilles Butin
communique sa passion de la
chanson française avec son orgue
de barbarie au public africain.
Originaire de Garge-les-Gonesse,
ce personnage sorti du temps, se
veut aussi poète de comptoir. Il
use de son sens de l'improvisation
pour nous transporter dans
d'autres époques (comme celle du
Roman de la Rose), des temps
révolus pour certains mais encore
ancrés dans la culture pour
d'autres.
« Mon premier spectacle africain
s'est déroulé au festival de
l'humour francophone de Dakar
en 2003 ; je suis ensuite allé au
Cap-Vert, au Congo, au Malawi,
en Zambie, au Zimbabwe... J'ai
également chanté en Asie. Mon
objectif est toujours le même :
partager ma passion et préserver
la chanson française ».
Sa voix de ténor et son orgue de
barbarie s'accordent bien et
enchaînent des airs variés comme
« La bohême » de Charles
Aznavour, « Nini peau d'chien »
d'Aristide Bruand, « Etoile des
neiges » de Tino Rossi. Mais il vit
avec son temps et aime slammer
ou encore rapper sur son orgue de
barbarie ; il a pour cela mis au
point une machine qui permet de
faire des cartons pour son orgue
grâce à l'outil informatique. C'est
ainsi que l'on peut aussi l'entendre
chanter « Nique ton Alhzeimer »...
Au Samu social de Dakar, il a
invité les enfants, à tour de rôle, à
tourner la manivelle de son
magnifique orgue de barbarie et a
remis à chacun un diplôme de
« tourneur de manivelle ». Il
espère faire une composition avec
un des humoristes les plus connus
du Sénégal en ce moment,
Kouthia. Il envisage une chanson
qui aurait un lien avec un plat
local réputé, le Tiéboudienne, très
bon plat à base de poisson, de riz
et d’oignons, ou encore qui serait
liée avec « La chanson de Fatou »
qui traite des problèmes des
enfants des rues.
Centrafrique, monsieur Bozizé,
qui actionna la manivelle de
l'orgue avec humour, devant des
milliers de spectateurs, réjouis
pour l'occasion ! Mais mon
meilleur souvenir a été de chanter
« La plus belle des javas » devant
des prisonniers au Malawi. C'était
assez surréaliste quand on se
rappelle qu'au départ, cette
chanson était une chanson de
bagnards et que les prisonniers
malawites ne le savaient pas ».
Et non sans humour, Gilles Butin
nous dit que « l'orgue de barbarie
est un instrument en vogue car il
s'utilise sans électricité »... Sans
doute fait-il référence aux
coupures de courant qui ont
touché Dakar ces derniers mois et
aux régions qu'il traverse çà et là à
travers le monde ?
Un vadrouilleur en Afrique qui,
par son éloquence, sa simplicité et
son talent musical, ne passe pas
vraiment inaperçu dans un monde
virtuel que beaucoup vivent au
quotidien.
Dominique Marchand
Dakar
Le titre de la 2ème chanson caravane
est : « La vadrouille en roi de
Bangassou ».
« J'ai décerné le diplôme de
tourneur de manivelle au
Président de la République de
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