La famille Pellissier et le lycée du Mans.
Transcription
La famille Pellissier et le lycée du Mans.
La famille Pellissier et le lycée du Mans. Notes et souvenirs de Pierre Pellissier. La fréquentation du lycée du Mans par la famille Pellissier remonte à l'année 1876. Il y a donc maintenant 135 ans ! Les renseignements que je possède ne sont pas tous vérifiés car proviennent pour certains de la tradition familiale. Gabriel Pellissier. Génération 1. Gabriel Pellissier (1841 - 1913) est né en 1841 à La Tour d'Auvergne, Puy de Dôme. La famille Pellissier est installée à La Tour depuis des générations, elle est issue de la paysannerie et a accédé petit à petit à la petite ou moyenne bourgeoisie. Son père, Jacques Pellissier, est huissier, et sa mère sans profession Il perd son père dès l'âge de 8 ans. La famille quitte alors La Tour pour Clermont-Ferrand où sa mère élève seule ses enfants. Il fait des études de lettres. Il se marie en 1867 avec Saléria Girolami, née en 1846 à Clermont, d'un père corse, officier, Chevalier de la Légion d'Honneur, et d'une mère originaire de Clermont-Ferrand. Ils ont quatre enfants : Marie en 1870, Julia en 1872, Philippe en 1873, et Charles en décembre 1875. Durant ses études, à partir de février 1861, il est répétiteur dans différents Quentin, lycées (Saint- Bourges, Mâcon, Nevers, Dijon ) avant d'arriver à Chambéry en 1866 et à Annecy En toge, vers 1900. Ci-dessous, en 1881. en 1867 où il est professeur de 5ème puis de 4ème. On peut Gabriel PELLISSIER en 1882, puis en 1899. remarquer que la Savoie n'est devenue française que depuis peu, après le traité de Turin en 1860 et définitivement en 1868. Ses quatre enfants naissent à Annecy. Il est nommé professeur au lycée du Mans à la rentrée de 1876. Il s'installe donc au Mans avec sa famille. Ils louent un appartement dans une grande maison du vieux Mans, 110 Granderue. (Cette maison était récemment l'école Sainte-Scolastique, et est actuellement en travaux pour être à nouveau transformée en appartements). Il est nommé "professeur de seconde", en remplacement de M. Benoist, poste qu'il conserve jusqu'à sa retraite en 1905, à 66 ans. Ils ont déménagé en 1890 au 12 rue Bruyère, toujours en location. Il meurt en 1913. Le seul témoignage que nous ayons de son enseignement est le suivant : au cours d'un banquet de l'amicale des anciens élèves organisé le 19 janvier 1936, l'orateur est le professeur de médecine Paul Chevallier. Paul Chevallier est né en 1884, il a donc dû faire sa seconde en 1899-1900. C'est un pionnier de l'hématologie et le futur professeur Jean Bernard a été son élève. Evoquant ses anciens professeurs, il parle de M. Pellissier de la façon suivante : " La seconde fut dominée par M. Pellissier, dit le père Panama, en souvenir d'un chapeau qu'il avait depuis longtemps d'ailleurs renoncé à porter. Figure puissamment modelée, ce patriote ardent se continue dans son fils, M. le colonel Pellissier, qui nous fait aujourd'hui l'honneur d'entrer dans notre conseil d'administration et à qui je suis heureux d'adresser ce soir mon salut respectueux. Vous souvientil, les vieux comme moi, le ton dont il disait, parlant de Wagner et de Goethe, "je l'appelle vagné et je l'appelle Gète, ces bougres-là". Je ne sais Paul CHEVALLIER vers 1930 s'il a vu la victoire de 1919; j'espère qu'il a eu cette joie. Le père Panama ! Il était de bon ton d'en sourire. Pourquoi ? Je ne puis arriver à le comprendre. Car Pellissier était un excellent professeur. Dans sa longue carrière universitaire, il avait réfléchi aux notions essentielles qu'il fallait apprendre aux élèves. Il dictait d'admirables petits résumés dont il exigeait la connaissance parfaite. Il savait nous intéresser. Il savait nous montrer la beauté d'un texte autant qu'il était habile à aplanir les difficultés grammaticales. Maintenant, avec bientôt quarante ans de recul, n'est-ce-pas, mes amis, que c'est grâce à lui que nous avons pu faire une bonne rhétorique ". Remarque : Gabriel Pellissier, étant mort en 1913, n'a donc pas connu la victoire de 1918 et le retour de l'Alsace et de la Lorraine à la France ... Philippe et Charles Pellissier. Génération 2. Les fils de monsieur Pellissier, professeur au lycée, font naturellement leurs études au lycée. Ils y sont élèves depuis la première classe enfantine jusqu'au baccalauréat. Quand ils sont adolescents, on est quinze à vingt ans après la guerre de 70. Leur père est ardent patriote de même que la plupart des français. Ils choisissent l'un et l'autre la carrière d'officier. Philippe (1873 - 1938) Philippe vise l'école polytechnique. Après le bac es-sciences obtenu en juillet 1891, il intègre la classe préparatoire, dite "taupe", du lycée de Caen. En effet le lycée du Mans n'en Philippe vers 1888, en 3 Puis à l’X en 1894 ème possède pas, et le Mans dépend de Caen au point ? de vue universitaire. Il est reçu au concours en 1894. Il est nommé sous-lieutenant en 96, fait une carrière d'officier d'active dans l'artillerie, la guerre de 14 en entier, et prend Pendant la 1 guerre. ère sa retraite en 1931. Il meurt en 1938. Il a un fils, né en 1912, qui vit en région parisienne, et n'a jamais été élève du lycée du Mans, ce qui ne l'empêche pas d'entrer lui aussi à Polytechnique en 1932. Les enfants de ce fils, petits-enfants de Philippe, n'ont plus de rapports avec Le Mans. Il était officier de la Légion d'Honneur. Charles (1875 - 1964) Charles vise Saint-Cyr. Il passe le bac en 1893, à 17 ans et demi. Il y a une classe préparatoire, dite "Corniche", au lycée du Mans mais elle n'est pas très réputée pour ses résultats au concours. Et comme son père est professeur dans l'établissement, il est délicat de choisir d'aller en classe préparatoire ailleurs ! Pour tourner cette difficulté, il va suivre une première année de taupe à Caen, où son frère est déjà. Il se présente au concours de l'X pour la forme, est admissible mais ne se présente pas à l'oral, son but n'étant pas d'y entrer. Charles, Cyrard. Il fait alors une deuxième année de préparation à Caen, en corniche cette fois. Il se présente au concours de Saint-Cyr où il est reçu en 1895. Il est nommé sous-lieutenant en 1897, dans l'infanterie. Il fait une carrière d'officier d'active, la guerre Officier pendant la ère 1 guerre de 14 en entier, et prend sa retraite en 1935 avec le grade de Colonel. Il reprend d'ailleurs du service à la déclaration de guerre en1939, à 64 ans, et commande le 41ème Régiment Régional. Il est démobilisé après l'armistice, en aout 40. Il meurt en 1964, à 89 ans, dans la propriété où il s'était retiré en 1962, à Aubigné-Racan dans le sud de la Sarthe. A propos de la guerre de 14, dont il a laissé à sa famille des souvenirs précis, il est possible de se faire une idée de l'action des officiers dans les circonstances du moment, et de la sienne en particulier. En effet il a été à Verdun en 1916, comme beaucoup d'autres. Et il se trouve qu'il a eu un rôle majeur et remarqué dans une action importante de la défense du fort de Le colonel Pellissier, son épouse et leur fils Pierre en 1950 Vaux, l'un des forts défendant Verdun, et dont la possession fut âprement et atrocement disputée en mai-juin 1916. Bordeaux, auteur déjà connu à l'époque, et qui sera plus tard académicien, Mr Henry a écrit un livre intitulé " Les derniers jours du fort de Vaux " dans lequel il publie un large extrait des notes du Commandant Pellissier relatant cet épisode. Le style de Mr Henry Bordeaux est nettement démodé mais les faits et actions décrits par le Commandant Pellissier donnent un témoignage poignant de ce qu'était la vie - et la mort - de ceux qui défendaient le pays. Il était Commandeur de la Légion d'Honneur, Croix de guerre 14-18 avec palmes : 2 étoiles de vermeil, 1 étoile d'argent, 1 étoile de bronze (citations pour faits remarquables). Revenu s'établir au Mans à sa retraite, le Colonel Pellissier n'est pas resté inactif. Et en particulier il a présidé l'Amicale des Anciens Elèves du lycée de 1937 à 1946, dans une période troublée qui a dû lui être bien désagréable. Les enfants du Colonel Pellissier. Génération 3. Charles Pellissier se marie en 1902. Il a un fils, Jacques, en 1905. Sa femme décède brutalement en mars 1918, de la grippe espagnole, lui laissant son fils de treize ans et alors qu'il est à la guerre. Il confie alors ce garçon à sa propre mère et repart aussitôt au front. Sa mère, veuve en 1913, comme on l'a vu plus haut, vit au Mans avec sa fille ainée qui est célibataire. La famille maternelle de ce fils est également de la Sarthe. Plus tard, en 1928, le Lieutenant-colonel Pellissier épouse Madame le Docteur Violette Diehl, qui a deux enfants d'une première union, Claude et Alain Doizÿ, nés en 1919 et 1920. De ce nouveau mariage naissent : François en 1932, Jacqueline en 1934, Pierre en 1940. Anne-Marie en 1937, Le Colonel et Madame Pellissier résident au Mans en 1928-1931 puis à Angoulême où le Colonel est nommé au 1er janvier 1932. Portrait de Charles Pellissier par Hervé-Mathé. Retour définitif au Mans au 1er janvier 1935 quand il prend sa retraite. Ils habitent rue des Chanoines, où naissent leurs deux derniers enfants, puis à partir de fin 1940, rue du tertre Saint- Laurent. Remarque : Les militaires changeaient d'affectation, à cette époque, au premier janvier. Quelle galère pour leurs enfants qui non seulement changeaient de ville, d'environnement, abandonnaient leur vie sociale, mais en plus changeaient d'établissement, c'est-à-dire de professeurs et de condisciples, en cours d'année. Autre remarque : Mme le Docteur Pellissier-Diehl est née en 1895. Elle passe le bac en 1914, entreprend ses études de médecine aussitôt, à Paris (il n'y avait pas beaucoup de femmes faisant des études supérieures à cette époque, ni même passant le bac). Elle travaille dans les hôpitaux pendant la guerre en poursuivant ses études. Elle passe sa thèse en 1923 et exerce la médecine libérale à Mamers de 1923 à 1928. A partir de son mariage avec Charles Pellissier elle n'exerce plus, suit son mari et élève ses enfants. Elle retravaille plus tard comme Médecinexaminateur- scolaire dans les années cinquante, au Mans et dans des secteurs ruraux de la Sarthe. Jacques Pellissier (1905 - 1989). Résidant au Mans en 1918, après la mort de sa mère en mars, il est élève du lycée, probablement d'avril 1918 à l'obtention de son bac, qu'il passe au Mans en 1923. Il fait des études de droit, obtient la licence à Paris et est diplômé de Science-Po en octobre 1927. Il est ensuite avocat stagiaire, puis avocat au Mans de1931 à 1934. Il passe le concours de la magistrature en avril 1934. Nommé à son premier poste comme Juge suppléant à la Cour d'Appel de Caen en juin 1934, il fait ensuite une brillante carrière de magistrat. Ses postes sont le plus Jacques Pellissier Tapez une vers 1918 souvent dans l'ouest de la France, mais très peu au Mans où il ne fait qu'un court citation prise dans le document, ou passage comme Substitut au Parquet de février 1938 à décembre 1940. Il est Substitut du Procureur Général à Orléans en 1945, Avocat Général à Angers en 1959, Il termine Procureur Général, nommé à Bastia en aout 1963 puis à Caen en juillet 1967. Il prend sa retraite en juin 1973, à 68 ans. Il est officier de la Légion d'Honneur et Commandeur dans l'Ordre National du Mérite. Claude Doizÿ (1919 - 2008). Claude et Alain Doizÿ ne sont pas les fils du Colonel Pellissier mais sont élevés en partie par lui à partir de son mariage avec leur mère, Mme le docteur PellissierDiehl. Claude Doizÿ est élève du lycée du Mans en 1930-1931 et à nouveau en 1935-1937. Il passe le bac au Mans en 1937. Il fait ensuite des études de médecine à Rennes. Mobilisé en 1939, il séjourne à Toulouse puis est démobilisé en 1942. Il reprend ses études à Rennes et fait une dernière année d'études à Paris où il passe sa thèse en 1947. Il exerce en Bretagne puis à Laval. Claude en 1930 Alain Doizÿ (1920 - 1954). Le second fils est également élève du lycée en 1928-1931, dans les petites classes, puis en cinquième en 1935. Malheureusement resté handicapé physiquement et intellectuellement à la suite d'une sorte de méningite Alain Doizÿ en 5e, en 1935. quand il était enfant (il souffre d'épilepsie et doit être continuellement sous calmants), il ne peut faire des études longues et exercer une Alain en 1930 profession. François Pellissier (né en 1932). Il est élève du lycée pour toute sa scolarité, de 1937 à 1951, depuis la classe enfantine de Mme Couqueberg jusqu'au bac science-ex en 1951. (La classe de Science-Expérimentale avait trois ans d’existence. Une classe de Philo-Sciences avait ouvert de 1942 à 1945, puis s’était éteinte faute d’effectif suffisant. La section Sciences-Expérimentales, de symbole Σ, fut ouverte en 1948. Il n’y en avait pas d’autres dans le département, ni pour les garçons, ni pour les filles. Celles qui ont voulu suivre cette section, 3 cette année-là, l’ont fait au lycée de garçons). Il fait ensuite des études d'architecte aux Beaux-arts à Rennes puis à François en 8e, en 1941. Paris, sous la direction de Monsieur Faugeron. Il travaille à Paris En Sciences Ex, en 1950 chez différents architectes puis à son compte à Toulouse. Il passe le concours d'Architecte des Bâtiments de France en 1976 et exerce à Aix en Provence puis Carcassonne. Il prend sa retraite en 1997, à 65 ans. Jacqueline Pellissier (née en 1934). Son frère François de deux ans son ainé allant au petitlycée, où on avait mis en place des activités "de loisir", qu'on a appelées plus tard "d'éveil", Jacqueline âgée de deux ou trois ans veut y aller elle aussi. Si bien qu'un jour elle fugue de la rue des Chanoines et on la retrouve en rang avec les élèves de Mme Couqueberg... Elle est ensuite élève, officielle cette fois, de cette même classe enfantine en 1938-1939 et 1939-1940. Puis elle est élève de Saint-Julien, rue de Tascher, et du lycée Berthelot en terminale MathElem en 1950-1951 (cette classe était alors la seule Math-Elem dans un établissement pour filles de tout le département). Elle est ensuite élève de l' E.P.F ( Ecole Polytechnique Féminine, qui n'est pas l'Ecole Polytechnique, dite l'X, qui d'ailleurs n'était pas ouverte aux femmes à cette époque ) dont elle est diplômée ingénieur en 1955. Les femmes ingénieur étaient peu nombreuses dans les années cinquante. Elle travaille au bureau d'étude de Sud-Aviation, sur le projet Caravelle, dont le premier vol remonte à cette époque et la mise en ligne vers 1958. Elle s'établit à Toulouse et cesse de travailler pour élever ses enfants. Anne-Marie Pellissier (née en 1937). Elle n'a jamais été élève du lycée. Pierre Pellissier (né en 1940 ). J'ai été élève du lycée de la classe de Neuvième, classe de Mme Dupuet, en 1947-1948 à MathElem en 1957-1958. Je ne fus pas un élève brillant à partir des classes de quatrième ou troisième, c'est-à-dire de l'adolescence. Je m'intéressais à beaucoup de choses mais pas toujours aux matières enseignées, surtout celles de certains professeurs quand ceux-ci me déplaisaient. Il y e Pierre en 9 , en 1948. en avait particulier un en d'une suffisance intolérable, qui méprisait le monde entier et en particulier ses élèves. Il avait pour insulte envers ceux qui ne brillaient pas à son cours : " Vous êtes un imbécile, l'Agriculture manque de bras " ... Quand on pense que la moitié des élèves ou presque étaient issus du monde agricole, en particulier parmi les nombreux internes, je considérais une telle apostrophe comme absolument ignoble, et son auteur absolument méprisable. Réflexion faite, plus de cinquante ans après, je me dis que c'était peut-être une plaisanterie dans son esprit... je ne le considérais pas ainsi à l'époque. Et aujourd'hui je pense toujours que, plaisanterie ou pas, le propos était intolérable. Je ne pouvais manifester mon Pierre en 1e, en 1957. mépris que par un travail nul à son cours...Pas très intelligent de ma part, peut-être, mais que faire ? D'autres professeurs au contraire m'ont laissé le souvenir de personnes remarquables : compétentes, disponibles, cherchant à développer les connaissances et le goût de leurs élèves pour leur matière. Certains étaient spirituels, amusants, durs mais justes, attendrissants quelquefois... Je me souviens particulièrement de Mmes Mlle Clément dirigeant sa chorale mixte en 1954. Dupuet, Guilbert, de MM. Guyomard, Denègre, Dupont, Huet, Audouy, Lambinet, Bouzat, Bois, Mansart, Rivière, Renard (dit "Pie VII", est-ce comme cela que ça doit s'écrire1 ?). Mlle Clément, professeur de musique à Berthelot, peut aussi être citée ici : elle n'était pas professeur au lycée mais avait monté une chorale mixte, dite "des deux lycées", dont les répétitions avaient lieu dans des salles du lycée de garçon (cette chorale avait bien des attraits pour les ados que nous étions, plus par les choristes que par la musique que l'on y chantait ! C'est d'ailleurs là que j'ai connu ma femme, MarieFrançoise Meneu). (Nota : Mlle Clément est toujours en vie à ce jour. Elle est âgée de 102 ans et demi et vit dans une maison de retraite en région parisienne). Bien d'autres professeurs pourraient compléter cette liste. Je ne cite que ceux à propos de qui une anecdote me revient en mémoire : il ne s'agit pas de faire un palmarès. Des personnalités dans l'encadrement m'ont aussi laissé de bons souvenirs : MM Batut, Praud, Lacoue-Labarthe. Les résultats scolaires se ressentaient du manque de travail car, comme dit Brassens, " sans technique un don n'est rien qu'une sale manie", et les notes dans certaines matières pénalisaient la moyenne.... Par contre J'étais comme un poisson dans l'eau au lycée dont j'avais entendu parler dès mon plus jeune âge par mon père et par mes frères et qui était un peu comme le berceau de la famille. Je Pierre Pellissier et Jean-Paul Caillet à Saint Malo en 1958. Cette moto se retrouva un jour au deuxième étage du lycée ! trouvais beaucoup d'intérêt au contact de certains professeurs et de certains élèves. J'avais beaucoup d'activités, au lycée et en dehors : sport, bricolage, mécanique, voyages, amitiés. En Math-Elem je fus l'organisateur du "bal du bac", appelé aussi " Vin d'honneur du bac", qui avait lieu à la Bourse de Commerce, place de la République. Comme disait Fernand Raynaud : " c'était un gala organisé au profit des organisateurs du gala ". J'y ai consacré en maijuin 58 beaucoup plus d'attention et de temps qu'aux révisions du bac. Que j'ai raté. Redoubler au lycée n'aurait pas été raisonnable. J'allai donc redoubler au Prytanée à La Flèche, puis j'allai en Math- Deux photos à l’entraînement en 1964. Sup à Henri IV. Je présentai le concours de l'ENAC, Ecole Nationale de l'Aviation Civile, comme élève pilote de ligne, où je fus admis en 1960. A la fin de 1 Certains l’ont écrit « Pissette » Note de A. Vivet. mes études j'entrai à Air-France comme co-pilote en juillet 1966, et je fis mon service militaire comme EOR puis sous-lieutenant de novembre 1966 à février 1968 (j'avais déjà 26 ans et demi et trois enfants en partant à l'armée ; un quatrième est venu plus tard). Ma carrière ensuite fut extrêmement intéressante : Copilote sur Caravelle (moyencourrier) en 68-69, puis Boeing 707 (longcourrier) de 70 à 74. Nommé Commandant de bord en 75 à la Postale (transport du courrier la Pierre en équipage à Saint Domingue en 1991. nuit en France, par tous les temps) je fus successivement nommé instructeur en 78, contrôleur en 79 puis chef-pilote en 80. Appelé comme chef-pilote du Boeing 727, l'avion moyen courrier d'Air-France à cette époque, en 82, j'exerçai ce commandement sur 180 équipages, environ 500 personnes, commandants, copilotes et mécaniciens navigants, pendant quatre ans. Passé commandant sur B 747 en 86, j’exerçai encore des fonctions dites d'Etat-major (contenu de l'instruction, études techniques, etc.) également fort intéressantes. Je pris ma retraite en 2000, ayant atteint la limite d'âge de ma fonction, 60 ans à cette époque. Conclusion. Fin de l'histoire. Mon grand-père, Gabriel Pellissier, a été professeur au lycée pendant 30 ans. Il est né en 1841, il y a 170 ans. Il est né sous Louis Philippe, sa jeunesse et ses études datent du second empire. Une seule génération entre lui et moi ! Mon père, le Colonel Pellissier, est né en 1875. Victor Hugo était encore en vie, Einstein ne l'était pas encore. Il a vécu à une époque qui nous semble le moyen âge. Il avait 25 ans en 1900. Quelle évolution entre sa naissance et sa mort ! Par exemple il n'a connu l'utilisation pratique de l'électricité qu'à l'âge de vingt ans pendant ses études à Saint-Cyr où il y avait des lampes à arc (gare aux yeux !). Avant cela il ne connaissait que les éclairs ou les étincelles produites par la machine de Ruhmkorff du lycée, machine qui en est toujours la propriété et conservée dans la salle des Actes. Il a vu, vu de ses yeux vu, l'un des premiers vols de Wilbur Wright aux Hunaudières, en 1908, il avait 33 ans, et des hommes tournaient en apesanteur dans des satellites artificiels autour de la terre quand il est mort. Quand il était petit vivait également chez ses parents, 110 grande-rue, la grand-mère de sa mère qui l'avait plus ou moins élevée. C'était d'usage courant à cette époque où les maisons de retraite n'existaient pas. Cette dame était née en 1802, " ce siècle avait deux ans, ... déjà Napoléon perçait sous Bonaparte ...", il y a plus de 200 ans ! Mon père m'a raconté des histoires qu'elle lui avait racontées. Un seul intermédiaire entre elle et moi ! Aucun des sept enfants du Colonel et de Madame le Docteur Pellissier ne s'est établi au Mans, les aléas de la vie et les nécessités professionnelles les ayant dispersés aux quatre coins de la France. En conséquence aucun des petits enfants ni arrière-petits-enfants n'a suivi de scolarité au Mans. La fréquentation du lycée de garçons du Mans, devenu Lycée Montesquieu, par la famille Pellissier est donc interrompue depuis 1958. Commencée en 1876, elle a duré 82 ans avec quelques interruptions (de 1906 à 1918, de1923 à 1928, de 1932 à 1934) et a concerné trois générations. Elle reprendra peut-être un jour... Pierre Pellissier