Cours du 10 mars.wps - Cité Scolaire Marie Curie
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Cours du 10 mars.wps - Cité Scolaire Marie Curie
Cours du mercredi 10 mars Correction du commentaire comparé Extrait connu : La pluie tombe sur nous par E. GIRARDON - Chanson traditionnelle originaire de l' Ardèche recueillie en 1976 - interprétée ici par Evelyne GIRARDON qui s'est spécialisée dans le répertoire de la chanson populaire / titre enregistré en 2005 - Texte simple et populaire - 3 strophes composées d'un couplet et d'un refrain - évoque les préoccupations paysannes - présence de rimes non régulière et d'onomatopées (rantanplan) -> La musique est elle aussi tout à fait caractéristique du style populaire - mélodie simple faite d'intervalles conjoints et d'un ambitus restreint - mélodie écrite sur le mode de ré = mode dorien (à partir de mi) -> L'arrangement qu'en fait la chanteuse : - Cette chanson est chantée par 5 voix a cappella : ° Evelyne GIRARDON qui fait la mélodie (alto) ° Une voix qui tient un bourdon (= un procédé populaire très employé dans les chansons traditionnelles) ° une autre voix (alto) qui double parfois la mélodie à la 4rte inférieure ° Deux autres voix (plutôt sopranos) qui chantent un petit motif en tierces parallèles sur le refrain (comme un écho). -> A la suite de cette chanson, il y a un "briolage" mais on ne l'a pas entendu ici. Extrait inconnu : a) Analyse de l'écoute ° effectif : Petit ensemble de cordes frottées (violons/ altos/ violoncelle avec un clavecin , une musette (à gauche) et une vièle à roue (cicontre) ° genre : un mouvement de concerto grosso (présence de solistes) ° caractère : joyeux et populaire malgré le fait que cela soit en si mineur (donne un brin de nostalgie ?) ° Tempo rapide ° structure : Alternance de passages avec l'ensemble des instruments (= tutti) et de passages avec des solistes (=concertino) -> Technique du concerto grosso baroque ° Plan : Le tutti donne le thème / les solistes jouent des variations sur le thème ° Tutti ° variation 1: violon + basse continue (viole de gambe + clavecin) ° Tutti ° variation 2 : musette et vièle à roue + les cordes ° Tutti = Plan thème et variations ° langage : harmonique ° époque baroque : présence de trilles / d'un clavecin b) Rapports entre les 2 extraits : ° ressemblances : présence d'un bourdon (si tenu) joué par la vièle à roue et la musette -> Donne un caractère traditionnel et populaire à la musique ° différences : - musique instrumentale non vocale (oeuvre a cappella contre oeuvre instrumentale) - musique "savante" écrit par un compositeur contre chant traditionnel anonyme - époques différentes Conclusion : Le 2ème extrait utilise comme le 1er un bourdon qui est une technique très utilisée dans le répertoire traditionnel. Ce compositeur s'en est inspiré pour donner une teinte populaire à son oeuvre. ( -> 1er mouvement d'un concerto de Michel CORRETTE, compositeur baroque = le concerto comique n°7) 3) Un procédé au service de la transmission orale : le timbre avec deux chansons La liberté des nègres du citoyen PIIS (Marc OGERET) Les cinq étages de P.J. BERANGER ( Germaine MONTERO) -> L'article qui figure dans le site de la médiathèque de la cité de la musique est très bien fait, en voici un résumé : A) La technique du timbre : Définition du timbre : (c'est un homonyme du timbre = son d'un instrument) le timbre est un "air préexistant aux paroles qui lui sont adaptées pour constituer un nouvelle chanson. On l'indique par l'incipit du texte, (le premier vers), qui rappelle sa première utilisation, du moins la plus connue, et permet de se remémorer sa mélodie. Les timbres ont été utilisés de tout temps dans la chanson populaire, mais aussi dans la musique antique, le répertoire grégorien, les chansons des troubadours, des trouvères, les "Lieder" des Minnesänger [...]." C'est la définition que l'on trouve dans le dictionnaire Science de la musique de Marc HONNEGER On trouve la plupart des timbres utilisés au début du XIXe siècle dans le recueil de chansons, la Clé du Caveau. Le "Caveau" en question fut une sorte d’académie, qui exista sous diverses formes aux XVIIIe et XIXe siècles, dont le but était de cultiver la chanson. En firent partie notamment Pierre-Augustin de Piis et Pierre-Jean Béranger, les 2 auteurs des chansons au programme. Ils ont utilisé un timbre identique pour deux textes très différents. -> Le timbre utilisé = l'air de "Dans cette maison à quinze ans ou "Daigner m'épargner le reste" . On ne connait pas la chanson originale car elle semble perdue. Caractéristiques de ce timbre : - caractère plutôt mélancolique - tonalité : mi mineur - structure simple: phrases de 4 mesures a / a / b / c / d / d' ou 3 phrases de 8 mesures avec un antécédent et un conséquent. La dernière phrase peut faire office de refrain (si on y met les mêmes paroles à chaque strophe) - mélodie très simple (ambitus ne dépassant pas une neuvième / notes conjointes ...) B) La chanson : La liberté des nègres du citoyen PIIS -> L'auteur : Antoine-Pierre-Augustin de Piis (1753-1832) - était le fils naturel d'un officier de Saint-Domingue, territoire faisant partie de ce que l'on nommait alors les "Iles d'Amérique" qui englobaient également la Guadeloupe et la Martinique ( se sentait donc très concerné par l'esclavage) - fut un fervent soutien de la Révolution puis de l'empereur - se fait connaître comme auteur dramatique à succès dès 1776 - fut aussi l'auteur de poésies et de chansons qui furent éditées en 4 volumes en (beaucoup d'entre elles ont été populaires à son époque) -> Le texte : 1810 - le thème en est la dénonciation de l'esclavage et l'exploitation des noirs (rappels historiques : l'esclavage sévissait dans les îles depuis le XVIIè l'esclavage fut aboli une 1ère fois le 4 février 1794 puis rétabli par Bonaparte en 1802 et finalement aboli définitivement le 27 avril 1848) Le citoyen Piis fut ainsi l'un des auteurs à exercer sa plume pour glorifier la première abolition de l'esclavage et dés le 8 février 1794 fut représentée un de ses "vaudevilles républicains" au théâtre des Variétés Amusantes (aujourd'hui théâtre du Palais Royal), La liberté de nos colonies. C'est dans cette pièce que l'on retrouve les couplets de la chanson La liberté des nègres. - il est composé de 9 strophes de 10 vers comprenant 8 pieds à chaque fois - le dernier vers est repris à chaque fois Cette chanson a été interprétée à de nombreuses reprises depuis sa création et au cours des cinquante dernières années par le Sextuor de la Cité (1960), JeanChristophe Benoît (1962), Gérard Firedman (1982), Hélène Delavault (1988), Marc Ogeret (1988), Jean-Louis Caillat (1989) et Simone Bartel (1989). -> L'interprétation de Marc OGERET (choisie pour la bac) Marc OGERET, né en 1932, fait partie de la communauté des chanteurs "rive gauche" qui se distinguent par le choix de leurs textes, empruntés souvent à des poètes. Marc Ogeret s'est ainsi illustré pour ses interprétations d'Aristide Bruant (1851-1925), Louis Aragon (1897-1982) et Léo Ferré (1916-1993). Plusieurs de ses enregistrements sont dédiés aux luttes militantes : Autour de la Commune, Chansons contre, Marc Ogeret chante la Révolution. C'est dans cet album que Marc OGERET interprète la chanson La liberté des nègres. - Le chanteur ne chante que 5 strophes sur les 9 (la 1, 2, 6, 7 et 9) - l'instrumentation en est très belle et rappelle un peu celle de Requiem de Léo FERRE. Elle se renforce progressivement au fil de la chanson pour finir avec un orchestre. 1ère strophe : introduction très expressive au violon puis accompagnement au piano seul quand entre la voix 2ème strophe : piano + beau contrechant au violon + roulement de timbales 3ème strophe : piano + contrechant de violoncelle + quatuor à cordes 4ème strophe : piano + quatuor à cordes + roulement de timbales 5ème strophe : piano + quatuor à cordes + cors + roulement de timbales conclusion sur un arpège de piano. - Tonalité : ré mineur C) La chanson : Les cinq étages de Pierre - Jean de BERANGER -> L'auteur : Pierre - Jean BERANGER (1780-1857) - C'est le plus célèbre chansonnier du XIXème siècle et le 1er a être reconnu comme tel - Etait engagé sur le plan politique (a soutenu Bonaparte / a été farouchement opposé à Charles X puis a soutenu Louis Philippe ) - Auteur très prolifique, on lui doit des 100aines de chansons politiques, anticléricales, sociales et polissonnes - Etait admiré par de grands poètes : Chateaubriand, Sainte-Beuve, Hugo, Stendhal et plus tard Mallarmé. - L'un de ses poèmes a été mis en musique par R. WAGNER (Les Adieux de Marie Stuart) -> Le texte : Dans la soupente du portier, Je naquis au rez-de-chaussée. Par tous les laquais du quartier, A quinze ans, je fus pourchassée ; Mais bientôt un jeune seigneur M'enlève à leurs doux caquetages : Ma vertu me vaut cet honneur, Ma vertu me vaut cet honneur, Et je monte au premier étage, Et je monte au premier étage. Là, dans un riche appartement, Mes mains deviennent des plus blanches. Grâce à l'or de mon jeune amant, Là, tous mes jours sont des dimanches. Mais, par trop d'amour emporté, Il meurt. Ah ! pour moi, quel veuvage ! Mes pleurs respectent ma beauté, Mes pleurs respectent ma beauté, Et je monte au deuxième étage, Et je monte au deuxième étage. Là, je trompe un vieux duc et pair, Dont le neveu touche mon âme. Ils ont d'un feu payé bien cher, L'un la cendre et l'autre la flamme, Vient un danseur nouveaux amours ; La noblesse alors déménage. Mon miroir me sourit toujours, Mon miroir me sourit toujours, Et je monte au troisième étage, Et je monte au troisième étage. Là, je plume un bon gros Anglais, Qui me croit veuve et baronne, Puis deux financier vieux et laids, Même un prélat : Dieu me pardonne ! Mais un escroc, que je chéris, Me vole en parlant mariage… Je perds tout, j'ai des cheveux gris, Je perds tout, j'ai des cheveux gris, Et je monte encore un étage, Et je monte encore un étage. Au quatrième, autre métier : Des nièces me sont nécessaires ! Nous scandalisons le quartier, Nous nous moquons des commissaires. Mangeant mon pain à la vapeur, Des plaisirs je fais le ménage. Trop vieille, enfin, je leur fais peur, Trop vieille, enfin, je leur fais peur, Et je monte au cinquième étage, Et je monte au cinquième étage. Dans la mansarde, me voilà : Me voilà pauvre balayeuse ! Seule et sans feu, je finis là Ma vie au printemps si joyeuse. Je conte à mes voisins surpris Ma fortune à différents âges ; Et j'en trouve encore des débris, Et j'en trouve encore des débris, En balayant les cinq étages, En balayant les cinq étages - le thème : La chanson conte l'ascension puis la déchéance sociale d'une grisette, du rez-de-chaussée à la mansarde. Au-delà des situations équivoques qu'il laisse supposer, Béranger dresse un portrait touchant de la coquette. - texte composé de 8 strophes de 10 vers contenant 8 pieds chacun (= comme La liberté des nègres puisqu'il s'agit de la même musique) - A chaque strophe, les 2 derniers vers sont répétés, donc toujours structure en couplets / refrain Il existe une version parlée phonographique de ce texte par le sociétaire de la comédie française Maurice de Féraudy (1859-1932), elle a été enregistrée en (1909). Il existe actuellement 3 enregistrements de cette chanson : celle de Germaine MONTERO (1955), celle de Michèle BERNARD (1993) et plus récemment, celle de Arnaud MARZOTTI (2008). -> Ecoutes : version de Michèle BERNARD puis de Arnaud MARZOTTI -> L'interprétation de Germaine MONTERO (choisie pour la bac) Germaine Montéro (1909-2000) poursuivit une carrière de comédienne sous la direction de Federico Garcia Lorca à Madrid puis de Jean Vilar en France dans des textes de Paul Claudel et Bertold Brecht notamment. Interprète de la chanson française et espagnole, elle se mit au service des poètes : Pierre-Jean de Béranger (1780-1857), Aristide Bruant (1851-1925), Pierre Mac Orlan (1882-1970), Jacques Prévert (1900-1977) et Léo Ferré (1916-1993). Entre 1934 et 1984, elle joue aussi dans plusieurs films. - La chanteuse est accompagnée par un piano seul - Au tout début et entre chaque strophe, le piano monte la gamme (de sol m) pour évoquer la montée des étages. Plus la chanson avance, plus la montée de la gamme est lente. A la fin de la chanson, pour symboliser la déchéance, la gamme est maintenant descendante (sans le fa# = mineur mélodique descendant) - A part cela, le piano est très discret et sur chaque strophe n'accompagne qu'avec des accords D) Comparaison des deux chansons La liberté des nègres et les 5 étages - même musique mais textes très différents un texte grave dénonçant l'esclavage / un texte badin évoquant les misères d'une grisette - atmosphères différentes très expressive voire profonde / satirique, badine - tempos différents modéré / plus rapide - Tonalités différentes : ré m / sol m - instrumentations très différentes orchestre dont les instruments jouent un rôle important et qui changent à chaque strophe / simple piano = soutien harmonique + gamme qui donne une unité à la chanson -> A la première audition, on ne remarque pas que les 2 chansons sont écrites sur la même musique car leur texte est très différent et car elles ne sont pas arrangées de la même manière.