Programme de salle - Opéra de Saint
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Programme de salle - Opéra de Saint
Alexandre Tharaud Alain Planès Andreas Staier Philippe Cassard Guillaume Coppola Duo Double Piano 11e édition FESTIVAL PIANO PASSION Variations et transcriptions 22.05 > 29.05.12 établissement de la Ville de Saint-étienne, l’Opéra Théâtre bénéficie du soutien du Ministère de la Culture et de la Communication ( Direction Régionale des Affaires Culturelles ), du Conseil régional Rhône-Alpes et du Conseil général de la Loire L’Opéra Théâtre remercie l’ensemble de ses partenaires pour leur confiance et leur fidélité Bientôt à l’Opéra Théâtre... autres s 9+ théâtre Tempête sous un crâne D’après «Les Misérables» de Victor Hugo Une impressionnante adaptation des Misérables où seuls cinq comédiens interprètent la totalité des rôles. Une véritable performance ponctuée de chansons tirées de la poésie de Victor Hugo. Célébrant la force de la langue avec plaisir, émotion et humour, ils n’oublient pas pour autant le Hugo politique et visionnaire, ses interrogations sur la violence révolutionnaire et sa haine de l’injustice. La mise en scène de Jean Bellorini est époustouflante. Retenez bien son nom et préparez-vous à vivre un moment de théâtre rare et inoubliable ! Mise en scène et adaptation Jean Bellorini Hors les murs : Comédie de Saint-Étienne Mardi 5 juin : 20h Mercredi 6 juin : 20h Tarif spécial : 20€ (série unique - Places non numérotées) En famille, à partir de 9 ans. Croq’chœ ur Chœurs d’Orphée Depuis l’Orfeo de Monteverdi jusqu’à nos jours, la mythologie a nourri quatre siècles d’opéra. Alors, laissez-vous toucher par nos chants… Direction Laurent Touche Piano Florent Mathevet Auditorium Groupe Casino Jeudi 7 juin : 12h30 Bourse du Travail Mardi 12 juin : 12h30 Tarifs : 5€ / 3€ cènes Un jour mon prince viendra Récital Coquin Salé, piquant, tendre et sensuel, le récital de L’équipe Rozet fait le tour de "la chose" avec un répertoire particulièrement riche de chansons croustillantes où nos deux chanteuses, à défaut de trouver le Prince Charmant, nous font partager avec le sourire leurs émois comico-érotiques. Un très bon moment qui ravira les réticents à l’opéra, déridera les plus sérieux et fera rire aux éclats tout le monde. Mise en scène et conception Bernard Rozet Avec Anne-Lise Faucon et Jeanne-Marie Lévy Théâtre Copeau Mardi 12 juin : 20h Tarif : 15€ (et tarifs réduits) lyrique Orphée et Eurydice Gluck / Berlioz Le thème éternel d’Orphée et Eurydice a inspiré une vingtaine d’opéras, l’Orphée de Gluck se situant à mi-chemin (temporel) entre le sublime Orfeo de Monteverdi et l’hilarant Orphée aux Enfers d’Offenbach. Cette dimension mythique inspire le travail de Frédéric Flamand qui pour la première fois a accepté de mettre en scène un opéra, soutenu dans sa démarche résolument novatrice par le scénographe Hans Op de Beeck, figure internationalement reconnue des arts plastiques. Une première rencontre entre le Ballet de Marseille et les artistes de l’Opéra Théâtre qui fera date ! Direction musicale Giuseppe Grazioli Mise en scène et chorégraphie Frédéric Flamand Grand Théâtre Massenet Mercredi 13 juin : 20h Vendredi 15 juin : 20h Dimanche 17 juin : 15h Tarifs : de 10€ à 52€ (et tarifs réduits) 1 L’Opéra Théâtre, côté coulisseS mai EN PRÉPARATI ON 2 QUESTI Orphée et Eurydice, du 13 au 17 juin C’est une nouvelle production, inédite, qui va clore notre belle saison lyrique avec une mise en scène d’un artiste dont le public stéphanois a déjà pu apprécier le travail cette saison avec Moving Target : le chorégraphe Frédéric Flamand. Une production au service de l’expression des sentiments, accessible à tous, dans laquelle le Ballet National de Marseille évolue dans l’énergie d’une scénographie signée Hans Op de Beeck. La collaboration de grands artistes pour un thème éternel, celui d’Orphée et de son Eurydice. O•n en pa rle... Sous la plume de François Lehel, dans le numéro d’avril d’Opéra Magazine à propos de The Rake’s Progress : « D’excellents chœurs, bien investis dans les mouvements parfois complexes qui leur sont demandés, renforcent la tenue du plateau. Celui-ci bénéficie du soutien constamment attentif et efficace de Laurent Campellone qui, avec un orchestre impeccable (dans les parties solistes de vents notamment), rejoint le metteur en scène dans un travail servant le compositeur de façon exemplaire... » LA PHOTO 2 Louise Merly, chargée de production En quoi consiste votre travail ? Les chargées de production veillent à l’accueil des artistes invités à se produire à l’Opéra. Avant leur arrivée, de la rédaction des contrats à la gestion des plannings, puis sur place, tout au long de leur présence dans la maison. Nous avons une vision globale des spectacles, tout doit être pensé, anticipé, organisé, pour que nous soyons à même de nous focaliser sur les imprévus le moment venu, en sachant que tout le reste est calé. Mon maître-mot : « Il ne faut jamais croire, il faut être sûr ! ». Un souvenir fort à l’Opéra Théâtre ? Oui, précisément le 3 décembre 2009 ! Ce soir-là Jane Birkin chantait au Grand Théâtre. L’un de ses chanteurs est arrivé à Saint-étienne sans ses bagages, égarés par une compagnie aérienne. Moins de 3h avant le concert je l’ai accompagné en ville en quête de sous-vêtements, d’une chemise noire et d’un pantalon assorti... pour découvrir, à notre arrivée à son hôtel, qu’il n’y avait plus d’eau... Bref nous avons surmonté les galères les unes après les autres et il a été prêt à temps pour le concert ! Un merveilleux spectacle d’ailleurs, au cours duquel Jane Birkin a eu la gentillesse de me remercier, personnellement, devant son public. Un grand moment d’émotion... B•RÈVES © Cyrille Cauvet Madama Butterfly de Puccini, joué du 25 au 29 avril 2012. ONS À... • Thaïs avec Nathalie Manfrino, enregistré par l’unité vidéo de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne en 2009 au Grand Théâtre Massenet, est actuellement programmé sur Mezzo. Ne ratez pas la prochaine diffusion le 28 mai à 14h55 ! • Présentation de saison 12-13. Vous êtes tous les bienvenus les 30 et 31 mai prochains à 19h30 lors de la présentation de la nouvelle saison de l’Opéra Théâtre. Renseignements et inscriptions au 04 77 47 83 40. mardi 22 mai 2012 Pianosong Alexandre Tharaud Piano Alexandre Tharaud Carlos D’Alessio India Song (1975) 1. Vincent Bouchot Ouverture (d’après Here’s to you, Nicola and Bart, J. Baez, E. Morricone) 2. Boris Filanovsky Qui veut (boîte à musique sur Voulez-vous, B. Anderson, B. Ulvaeus, ABBA) 3. Oscar Strasnoy Tourbillon (d’après Le Tourbillon de la vie, G. Delerue, S. Rezvani, G. Bassiak) 4. Gérard Pesson Noir dormant (berceuse à bas voltage) (d’après Une petite cantate, Barbara) 5. Thierry Pécou Madonna Erotica (d’après Erotica, Madonna, S. Pettibone, A. Shimkin) 6. Régis Campo La Javanaise (arrangement de La Javanaise, S. Gainsbourg) 7. Vincent Bouchot Allemande (d’après Here’s to you, Nicola and Bart, J. Baez, E. Morricone) 8. Oscar Strasnoy L’Ami de Marie (d’après Mon amour, mon ami, A. Popp, E. Marnay) 9. Gérard Pesson Why may ? (marche élégiaque) (d’après Comme d’habitude, C. François, G. Thibaut, J. Revaux) 10. Régis Campo Libertine (d’après Libertine, J.-C. Dequeant, L. Boutonnat) 11. Oscar Strasnoy Corbeaux (d’après Porque te vas, J.-L. Perales) 12. Boris Filanovsky Passacaille de la rue (d’après Les Champs-élysées (Waterloo road), M. Wilshaw, M. Deighan) 13. Thierry Pécou Chanson douce (d’après Le Loup, la biche et le chevalier, H. Salvador, B. Michel, M. Pons) 14. Vincent Bouchot Sarabande (d’après Here’s to you, Nicola and Bart, J. Baez, E. Morricone) 15. Régis Campo Bad boy (d’après Bad, M. Jackson) Carlos D’Alessio India Song (1975) Mardi 22 mai 2012 : 20h Grand Théâtre Massenet Durée : 1h sans entracte Création Mai 2012 / Commande de Musique Nouvelle en Liberté, MC2 Grenoble, Opéra Théâtre de Saint-étienne 1, 2, 7, 10, 14 © Universal Music Publishing 3 éditeur : TUTTI INTERSONG EDITIONS MUSICALES SARL / Sous-éditeur : WARNER CHAPPELL MUSIC France 5 © W B Music Corp. / Webo Girl Publishing Inc. Droits exclusifs France, Territoires SACEM, RTL: WARNER CHAPPELL MUSIC France & Shepsongs (NC) 6 © WARNER CHAPPELL MUSIC France / Sous-éditeur : WARNER CHAPPELL MUSIC France 8 © EMI MUSIC PUBLISHING FRANCE 9 © WARNER CHAPPELL MUSIC France 11 éditeur : HISPAVOX S A EDICIONES MUSICALES / Sous-éditeur : EMI MUSIC PUBLISHING FRANCE 12 © Intersong Music Ltd / Droits exclusifs France, Territoires SACEM, RTL : WARNER CHAPPELL MUSIC France 13 © H. Salvador et M. Pons 15 © Mijac Music / Droits exclusifs France, Territoires SACEM, RTL : WARNER CHAPPELL MUSIC France PianoSong - 3 introduction au concert Jouer, pour Alexandre Tharaud, c’est affirmer une vision, en un mot : créer. Refusant la frontière qui sépare musique sérieuse et musique populaire, il extrait du répertoire de la chanson les pépites de PianoSong. Il y a des pianistes à méthode. Il y a des pianistes à poigne, à larmes, à mèche, à doigts, à lunettes. Il y a des pianistes à chaise pliante, des pianistes à loups. Alexandre Tharaud, lui aussi, aurait pu prendre son image pour la réalité. Les gimmicks ne manquaient pas. Il était le pianiste sans piano. Celui qui erre d’appartement en appartement quand ses amis n’y sont pas et refuse tout clavier dans le sien. Culte de l’absence par curiosité – quel son aujourd’hui ? quelle mécanique ? –, par sportivité – changer de terrain chaque semaine c’est chaque semaine réapprendre à courir – et par philosophie – le manque, nourriture du désir. Il était le pianiste français, clair et fin, héritier de Marguerite Long et de Vlado Perlemuter, amoureux de Samson François et de Marcelle Meyer, champion de Poulenc et de Chabrier. Il était le passeur du xviiie siècle, l’élu de Bach, de Couperin, de Scarlatti, de Rameau. Il était le vainqueur des troubles obsessionnels compulsifs qui le paralysaient. Un rescapé, un héros. Il était l’éternel enfant, David sans cuirasse parmi les Goliath à concours, Petit Prince énigmatique sur la planète des Rach 3 huilés et musclés. Un rêve de communicant. D’ailleurs ces clichés ne lui déplaisaient pas. Être reconnu tout de suite, d’un signe, d’un mot, dans la jungle surpeuplée du piano : pourquoi dire non ? Parce qu’une fois l’image fixée, il ne s’y retrouvait plus. Pianiste français ? Mais les formes larges de Beethoven ne le grisent pas moins que les miniatures de Debussy. Baroque ? Mais peu de virtuoses sollicitent autant que lui leurs contemporains, et moins encore se sont vu dédier un concerto d’importance (L’Oiseau innumérable de Pécou en 2006). Maladif ? Mais il nage comme une loutre, se porte comme un charme, sillonne la planète sans répit et n’annule presque jamais. S’il a au fil des ans charmé un public fidèle et toujours plus nombreux en renonçant une à une à ses cages douillettes, c’est qu’il y a autre chose. Quelque chose de moins contraignant et de plus solide qu’une image. Mais quoi ? Peut-être justement les deux principes à l’origine du concert de ce soir. La vision d’ensemble et la passion du lien. 4 - PianoSong La vision d’ensemble est la marque de tous ses succès. Oui, une valse de Chopin, une danse de Rameau, une Gnossienne de Satie sont des pièces brèves, des pépites dont l’éclat s’admire de près. Mais Alexandre Tharaud ne se borne pas à les détailler. Il les fond en un tout. Chaque disque, chaque tournée exigent une saison entière ; rien ne tombe au hasard. Rameau ? Des concerts, un album, d’autres concerts éclairés par l’album, des commandes à divers compositeurs priés de s’en inspirer, des jeux de miroir Rameau / Ravel… Tout un édifice patiemment élaboré, largement déployé. Ce soir : la chanson, projet de longue date et de longue haleine. Un père chanteur d’opérettes. Une familiarité avec ce qu’on appelle la chanson française – Brel, Nougaro, Catherine Sauvage – devenue manie à l’adolescence et jamais dissimulée. N’a-t-il pas, le jour de son anniversaire, chanté Barbara accompagné par Bénabar avant d’accompagner Bénabar chantant Barbara ? Barbara ! Il n’aurait pas manqué un seul de ses spectacles et avoue même : « Barbara m’a apporté énormément dans mon jeu ». Pourquoi avoir si longtemps différé PianoSong ? « Parce que je ne savais pas comment obtenir les droits. Jusqu’à ce que mes camarades Benjamin Lazar et Geoffroy Jourdain montent leur spectacle La la la, un opéra en chansons. J’ai vu que c’était possible et je me suis lancé dans ce labyrinthe juridique ». Abba, Michael Jackson, Madonna… bon courage aux négociateurs ! Enfin, le lien. « Je n’accepte pas, fulmine Alexandre, cette frontière étanche qui sépare la musique sérieuse et la musique populaire. Bien sûr, ce ne sont pas les mêmes règles, pas les mêmes enjeux – et en général pas le même public. Mais ces sens interdits me dérangent. Schubert a tiré des chefs-d’œuvre de danses paysannes, tout comme Brahms et Dvorák. Poulenc a composé un Hommage à Édith Piaf. La liste serait trop longue. Ce qui m’excite, c’est le lien qui peut conduire une mélodie aussi populaire que Comme d’habitude à une partition chuchotée de Gérard Pesson. Ou le lien qui va pousser Thierry Pécou à tremper sa plume dans une encre joyeusement funky pour surprendre l’Erotica de Madonna. Comme dans les « hommages à » Rameau et Couperin, six compositeurs entrent en jeu. La différence étant que, cette fois, nous n’entendrons pas les originaux. C’est une soirée de pure création. Certains "tubes" sont à peine identifiables, d’autres bien affirmés, mais il n’y a aucun arrangement. Rien que des œuvres originales nées de parents très connus. M’asseoir au piano pour balancer Je suis une catin avec la bénédiction de Mylène Farmer, ne le répétez pas, j’adore ! Ce métier, c’est tellement ça. » Ivan A. Alexandre Texte écrit pour le Théâtre de la Ville Hors Série avril-juillet 2012 PianoSong - 5 entretien TêTE-à-TêTE AVEC alexandre tharaud PianoSong en quelques mots ? C’est une commande de douze pièces pour piano solo, en écho à douze "tubes" des années soixante à nos jours. De Barbara à Michael Jackson, en passant par Henri Salvador ou Madonna, cette création est l’occasion pour moi de réunir dans un même programme deux genres qui ne se parlaient plus beaucoup... et qui me passionnent tous deux : la musique contemporaine et la chanson populaire. Vous avez grandi sur scène Je suis un musicien né dans une famille d’artistes, de la scène, du théâtre. Ma mère était danseuse, mon père chanteur d’opéra. C’est sur ce sol-là que je me sens à la maison. Je me sens plus chez moi sur une scène que dans mon appartement à Paris. Je suis très sensible aux atmosphères et à l’histoire des lieux. Plus un lieu est ancien, plus il m’inspire. Un théâtre c’est plein de fantômes, tant de choses se sont jouées ici, tant de peurs, tant de plaisir, tant d’émotions fortes. On les ressent très présentes quand on est sur scène. Construire un programme de concert C’est toujours très délicat. Un concert, c’est un spectacle, il faut qu’il y ait une progression, une ligne, une direction, il y a aussi des tunnels, passages où l’on se demande où l’on va. Il faut qu’il y ait des surprises. Surtout, il faut que ce soit la fête à la fin. Pour moi, un concert est réussi si l’on se sent heureux en sortant de scène et de salle. Il faut construire le programme en pensant à ce que va découvrir et ressentir l’auditeur du début à la fin. Je me définis toujours comme un chercheur, un archéologue du meilleur. Retranscription d’une interview diffusée sur Canal 32 6 - PianoSong BIOGRAPHIE Alexandre Tharaud Piano Après Rameau, Couperin et Bach au piano, Alexandre Tharaud a renoué avec le monde baroque pour son nouvel enregistrement dédié à Scarlatti paru chez Virgin Classics. Alexandre avait auparavant enregistré pour harmonia mundi la musique de Ravel, Chopin (Intégrale des Valses, Vingt-Quatre Préludes et Journal Intime, ce dernier pour Virgin Classics) et Satie. Alexandre a été invité à se produire en récital dans les plus grandes salles internationales en Europe, au Japon, en Amérique du Sud et du Nord, et se produit également dans les meilleurs festivals dont les célèbres BBC PROMS à Londres. Il est le soliste des grands orchestres français, et étrangers, sous la direction de Lionel Bringuier, Bernard Labadie, Rafael Frühbeck de Burgos, Jean Fournet, Georges Prêtre, Yukata Sado, Stefan Blunier, Marc Minkowski, Stéphane Denève et Claus Peter-Flor. © Marco Borggreve « Voici le Scarlatti le plus charnel, le plus jouissif, le plus épicurien que l’on puisse imaginer… » Christophe Huss, Classica Dédicataire de nombreuses œuvres, il crée le cycle Outre-Mémoire de Thierry Pécou ainsi que son concerto L’Oiseau Innumérable et donnera en première mondiale, dans le cadre du Festival d’Automne, le concerto de Gérard Pesson avec la Tonhalle de Zürich et le RSO Frankfurt en décembre 2012. Après les Hommages à Rameau, faisant alterner les mouvements de la Suite en la du compositeur baroque avec les hommages à des compositeurs vivants et Hommage à Couperin, Alexandre prépare un PianoSong sur le même principe, mais s’inspirant de la musique populaire qu’il aime tant. Alexandre Tharaud est "artiste résident" de la Maison de la Culture de Grenoble (MC2) et de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne. PianoSong - 7 mercredi 23 mai 2012 Double piano Romantisme et virtuosité Duo Double Piano Pianos Anne-Céline Barrère et Nicolaï Maslenko Johannes Brahms Variations sur un thème de Haydn op. 56b pour deux pianos Franz Liszt Réminiscences de Don Juan pour deux pianos *** Franz Liszt Concerto Pathétique en mi mineur S258 pour deux pianos Frédéric Chopin Rondo en do majeur op. 73 pour deux pianos Witold Lutoslawski Variations sur un thème de Paganini pour deux pianos Mercredi 23 mai 2012 : 20h Grand Théâtre Massenet Durée : 1h30 entracte compris 8 - Double Piano introduction au concert Johannes Brahms (1833-1897) Variations sur un thème de Haydn pour deux pianos Johannes Brahms, compositeur allemand né à Hambourg, a passé la plus grande partie de sa carrière à Vienne, où il était l’une des figures importantes de la scène musicale. Considéré comme le successeur de Beethoven et de Schubert pour les œuvres symphoniques, il écrivit également beaucoup de musique vocale. Brahms était en outre pianiste virtuose, aussi a-t-il largement composé pour cet instrument. Ainsi, les Variations sur un thème de Haydn, souvent données dans leur version orchestrale (op. 56a), furent initialement écrites pour deux pianos en 1873 (op. 56b). Aussitôt publiée, l’œuvre fut créée à Vienne le 10 février 1874. D’une durée d’environ 18 minutes, la partition comprend un thème en si bémol majeur, huit variations, et un long finale en forme de passacaille, lui-même constitué de dix-huit mini-variations. Le thème, parfois intitulé Choral de Saint Antoine, est emprunté au deuxième mouvement du Divertimento pour huit bois de Joseph Haydn (Hob. II, 46). Double Piano - 9 Franz Liszt (1811-1886) Réminiscences de Don Juan pour deux pianos Concerto Pathétique en mi mineur pour deux pianos On divise habituellement l’œuvre de Franz Liszt en deux grandes catégories : le piano et l’orchestre. C’est oublier un peu rapidement, non seulement les compositions vocales et les pièces de musique de chambre du compositeur, mais aussi ses nombreux travaux de réécriture, qu’il s’agisse d’adaptations de ses propres œuvres ou bien de celles d’autres musiciens. Né en octobre 1811 à Doborján (village de la Hongrie occidentale alors germanophone), le jeune pianiste formé à l’école de Czerny rencontre très tôt de grands succès comme virtuose, ce qui freine le développement de sa carrière de compositeur. Ce n’est qu’après l’arrêt de ses activités de concertiste en 1848 qu’il s’adonne pleinement à la composition : il entame alors une période de révision des œuvres publiées au cours des années 1830 et 1840. Ainsi, les Réminiscences de Don Juan, composées en 1841 pour piano seul, sont transcrites pour deux pianos en 1877. Pendant une douzaine de minutes, Liszt expose son souvenir du Don Giovanni de Mozart. La partition, très virtuose, bouscule la chronologie de l’opéra original : les accords tragiques de la scène du cimetière ouvrent l’œuvre, puis deux variations sur le thème du duo avec Zerline sont présentées avant un final éblouissant. Le Concerto Pathétique en mi mineur connut également plusieurs versions, puisqu’il est issu du Grand solo de concert écrit par Liszt pour le concours de piano du Conservatoire de Paris en 1850. Différents arrangements pour piano et orchestre existent ; la version pour deux pianos, écrite vers 1856, fut très appréciée des élèves de Liszt. Plus courte que dans sa présentation orchestrée, la partition dure environ 18 minutes et se présente en un seul mouvement, alternant des passages très agités et des moments plus méditatifs. 10 - Double Piano Frédéric Chopin (1810-1849) Rondo en do majeur op. 73 pour deux pianos Frédéric Chopin, pianiste et compositeur polonais, s’installa à Paris en 1831 après sa formation au Conservatoire de Varsovie. Il poursuivit dans la capitale française une carrière de pianiste, fréquentant sans relâche le milieu artistique romantique : ami de Liszt et de Berlioz, mais aussi de Balzac, Sainte-Beuve et Delacroix, compagnon de George Sand de 1836 à 1847, il mourut de la tuberculose à 39 ans. Le Rondo opus 73 fut composé en 1828, d’abord pour piano seul (op. 73a), avant d’être transcrit par Chopin lui-même pour deux pianos. L’œuvre ne fut publiée que de manière posthume en 1855. Assez longue (une dizaine de minutes) et très virtuose, la pièce, de tempo rapide, repose sur un refrain enjoué. Double Piano - 11 Witold Lutoslawski (1913-1994) Variations sur un thème de Paganini pour deux pianos Avec Liszt, Paganini incarne la virtuosité instrumentale au xixe siècle. Parmi ses morceaux les plus célèbres figure le 24e Caprice pour violon et piano, dont le thème a souvent été repris : Brahms l’exploite dans ses Variations en la mineur (1863), Rachmaninov dans sa Rhapsodie sur un thème de Paganini (1934). Composées en 1941, les Variations sur un thème de Paganini pour deux pianos de Witold Lutoslawski (1913-1994) s’inspirent également de cette mélodie fameuse. D’une durée à peu près égale à celle du 24e Caprice (6 minutes), la pièce de Lutoslawski peut constituer une introduction à la musique atonale et dodécaphonique. Le compositeur et chef d’orchestre polonais imprime en effet sa marque sur le thème emprunté : ayant lui-même étudié le piano et le violon, puis, à partir de 1927, la composition avec un ancien élève de Rimski-Korsakov, il présente la mélodie de Paganini dans un langage moderne, diversifiant au fil des variations les textures pianistiques. Céline Carenco Ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, agrégée de musique, Céline Carenco est doctorante à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne, où elle travaille sur les relations entre les œuvres d’Hector Berlioz et de Franz Liszt. Elle est notamment l’auteur d’un article sur la transcription de la Symphonie Fantastique de Berlioz (Quaderni dell’Istituto Liszt, numéro 7, décembre 2008). 12 - Double Piano entretien TêTE-à-TêTE AVEC Anne-Céline Barrère et Nicolaï Maslenko 176 touches et 4 mains Si les ensembles de musique de chambre sont très répandus, les duos de pianos sont beaucoup plus rares. Le duo Double Piano est la rencontre entre deux interprètes talentueux unis par la passion pour le répertoire de deux pianos et celui du piano à quatre mains. Notre particularité est de jouer les partitions par cœur. Sans besoin de pupitre et libérés dans l’écoute, nous partageons musique et clavier avec la même intention. Un duo, deux pianos, un label À l’occasion du 150e anniversaire de Claude Debussy, nous avons enregistré le premier CD de notre duo Double Piano. Produit par notre propre label (« Double Piano »), ce disque offre un regard comparatif et enrichissant sur les œuvres de C. Debussy et de M. Ravel. Sous le signe du romantisme et de la virtuosité Au contact du monde lyrique, de grands chefs d’orchestre et de metteurs en scène, le duo Double Piano y puise son inspiration et crée des formes nouvelles et inattendues de spectacle musical en s’unissant sur scène aux chanteurs, récitants et danseurs. Notre objectif : communiquer et partager activement notre passion pour la musique avec le public. Le programme que vous entendrez ce soir, met en scène les plus belles œuvres du répertoire romantique, originalement écrites pour deux pianos. Le fil conducteur est le « Héros Romantique », incarné par Niccolò Paganini, qui s’exprime à travers les œuvres de Franz Liszt, Frédéric Chopin ainsi que Johannes Brahms. Witold Lutoslawski, le compositeur polonais du siècle dernier, nous offre son regard plus moderne sur le même personnage dans ses Variations sur un thème de Paganini. propos recueillis par Aurélie Noailly Double Piano - 13 BIOGRAPHIE Le duo Double Piano est la rencontre entre deux interprètes talentueux unis par la passion pour le répertoire de deux pianos et celui du piano à quatre mains. Anne-Céline Barrère et Nicolaï Maslenko, l’une venant de Perpignan, l’autre d’Odessa, tous deux diplômés du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris créent le duo Double Piano en 2006. Lauréat de plusieurs concours, le duo remporte notamment le Premier Prix au Concours International Grieg à Oslo pour deux pianos. Il bénéficie des conseils de Christian Ivaldi, Daria Hovora ainsi que de Christoph Eschenbach qui lui apporte fantaisie et liberté d’interprétation dans le plus grand respect de la partition. Le duo Double Piano aime explorer le riche répertoire du piano à quatre mains ainsi que celui pour deux pianos, allant des "grands classiques" aux œuvres contemporaines, abordant les œuvres de Mozart, Schubert, Brahms, ou encore Stravinski, Bartók, Ligeti... Avec une complicité toute particulière, leur jeu sensible et équilibré s’exprime avec une joie toujours renouvelée. Au contact du monde lyrique, de grands chefs d’orchestre et de metteurs en scène, le duo Double Piano puise son inspiration et crée des formes nouvelles et inattendues de spectacle musical, s’unissant sur scène aux chanteurs, récitants, danseurs... Il collabore ainsi aux spectacles : La valse perdue d’Offenbach avec la mezzo-soprano Isabelle Druet et le baryton Marc Mauillon, Jardin d’enfance de Bizet avec la soprano Olivera Topalovic. 14 - Double Piano © Catherine Kikoïne double piano Invité au festival Olivier Messiaen à la Meije, le duo Double Piano se produit également à Paris avec l’orchestre Colonne à la salle Gaveau, au studio Sacha Guitry de la Maison de Radio France, au musée Carnavalet, à la salle de la Philharmonie d’Odessa, au Théâtre Musical de Besançon... À l’occasion du 150e anniversaire de Claude Debussy, le duo Double Piano enregistre son premier CD (produit par son propre label Double Piano) qui offre un regard comparatif et enrichissant sur les œuvres de Debussy et Ravel. Le duo Double Piano se produira prochainement au festival Estivales de Médoc, à Paris dans un récital à 4 mains « Impressions russes », et au festival Les Nuits de Corté. « C’est avec fierté et enthousiasme que nous souhaitons hisser cette rare formation à la hauteur de son magnifique répertoire. Il nous paraît essentiel d’interpréter les œuvres de mémoire afin de rendre notre écoute libre et entièrement créative. » jeudi 24 mai 2012 Alain Planès Inspirations... Piano Alain Planès Joseph Haydn Andante con variazioni « Un piccolo divertimento » Ludwig van Beethoven 6 variations en fa majeur, pour piano ou harpe sur un chant suisse Anton Bruckner Adagio du quintette à cordes (transcription Josef Schalk) *** Johannes Brahms Thème et variations du sextuor à cordes opus 18 (arrangement de Brahms) Franz Schubert Soirée de Vienne, 1er cahier (transcription par Franz Liszt) Frédéric Chopin Six chants polonais (transcription par Franz Liszt) Béla Bartók Quinze chants paysans hongrois Jeudi 24 mai 2012 : 20h Grand Théâtre Massenet Durée : 1h45 entracte compris Alain Planès - 15 introduction au concert Joseph Haydn (1732-1809) Andante con variazioni «Un piccolo divertimento» Joseph Haydn, compositeur autrichien incarnant le classicisme viennois, est reconnu à partir des années 1770 dans toute l’Europe. Il est l’auteur d’une centaine de symphonies et de plus de 80 quatuors à cordes, mais aussi de nombreuses œuvres de musique sacrée et de plusieurs opéras. L’Andante con variazioni « Un piccolo divertimento » (parfois appelé Variations en fa mineur, Hob. XVII, 6), composé en 1793, repose sur deux thèmes issus de son opéra L’âme du philosophe (ou Orphée et Eurydice), composé deux ans auparavant. En 8 minutes environ, alternant majeur et mineur, la partition, après l’exposition du thème, propose deux variations et un finale. Ludwig van Beethoven (1770-1827) 6 variations en fa majeur, pour piano ou harpe sur un chant suisse Ludwig van Beethoven est souvent considéré comme le musicien le plus important du xixe siècle, car un très grand nombre de compositeurs ultérieurs ont été influencés par son œuvre. À la fois dernier grand représentant du classicisme viennois et premier des romantiques, c’est d’abord en tant que pianiste virtuose qu’il se forge une réputation à son arrivée à Vienne en 1792, où il suivra l’enseignement de Joseph Haydn. Les Six variations sur un chant suisse (Woo64) datent de 1790-92. La pièce, bâtie sur un thème aussi simple que bref, est très courte, mais chacune des six variations présente un caractère bien défini : la deuxième, par exemple, offre un aspect assez martial, tandis que l’atmosphère de la troisième est plus mélancolique. 16 - Alain Planès Anton Bruckner (1824-1896) Adagio du quintette à cordes (transcription Josef Schalk) Anton Bruckner, organiste et compositeur autrichien, est surtout connu pour ses symphonies, mais il a aussi écrit beaucoup de musique vocale et quelques pièces de musique de chambre. Le Quintette pour 2 violons, 2 altos et violoncelle (WAB 112), composé en 1878-79, fut joué en public plus de vingt fois du vivant du compositeur. Placé en troisième position, l’Adagio qui forme le centre émotionnel de l’œuvre dure environ 8 minutes et se termine dans une atmosphère de paix profonde et de sérénité. Josef Schalk (1857-1900), auteur de la transcription pour piano, était musicologue, pianiste et chef d’orchestre autrichien. Il fut un élève et un fervent défenseur de Bruckner. Johannes Brahms (1833-1897) thème et variations du sextuor à cordes opus 18 (arrangement de Brahms) Johannes Brahms, compositeur allemand né à Hambourg, a passé la plus grande partie de sa carrière à Vienne, où il était l’une des figures importantes de la scène musicale. Pianiste virtuose, il arrangea pour piano à quatre mains l’ensemble de son Sextuor op. 18, et pour piano à deux mains le deuxième mouvement. Créé le 20 octobre 1860 à Hanovre, le Sextuor, pour 2 violons, 2 altos et 2 violoncelles, est la première œuvre de Brahms qui ait atteint une célébrité immédiate. L’Andante ma moderato présente un thème et six variations. Alain Planès - 17 Franz Schubert (1797-1828) Soirée de Vienne, 1er cahier (transcription de Franz Liszt) Franz Schubert est le maître incontesté du lied. Bien qu’il soit aujourd’hui également reconnu pour sa musique symphonique et de chambre, la majeure partie des compositions célèbres de son vivant sont des lieder et des danses pour piano. Les Soirées de Vienne (A131), publiées par Franz Liszt (1811-1886) en 1852, sont un recueil de neuf Valses-Caprices d’après Schubert : loin d’être des transcriptions strictes de la musique de Schubert, les partitions sont réécrites par Liszt qui, mêlant dans chaque numéro des extraits tirés de différents opus de son aîné, ajoute interludes et transitions, change les harmonies, amplifie les effets. Le 1er cahier contient une valse, Allegretto malinconinco, qui emprunte ses thèmes à trois danses composées par Schubert entre 1816 et 1824. Frédéric Chopin (1810-1849) Six chants polonais (transcription de Franz Liszt) Frédéric Chopin (1810-1849), pianiste et compositeur polonais, s’installa à Paris en 1831 après sa formation au Conservatoire de Varsovie. Sa mort prématurée survint avant la publication de son opus 74, recueil de chants polonais pour voix et piano composé entre 1827 et 1847, qui resta méconnu de son vivant. En 1857, Liszt décida de transcrire pour piano seul six des dix-sept mélodies de Chopin : la première (Mädchens Wünsch) et la cinquième (Meine Freuden) sont bâties sur un rythme de mazurka, tandis que Frühling, la deuxième, aborde le thème de la mort. 18 - Alain Planès Béla Bartók (1881-1945) Quinze chants paysans hongrois Béla Bartók (1881-1945), pianiste et compositeur hongrois, est considéré comme un pionnier de l’ethnomusicologie, car il parcourut à partir de 1905 les villages d’Europe de l’Est pour transcrire et enregistrer des centaines de mélodies populaires. Les Quinze chants paysans hongrois (BB79) pour piano, composés entre 1914 et 1918, reposent sur des thèmes issus de ces musiques folkloriques : quatre airs anciens ouvrent le recueil, suivis d’un scherzo, d’une ballade, puis de 9 vieilles danses. Céline Carenco Ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, agrégée de musique, Céline Carenco est doctorante à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne, où elle travaille sur les relations entre les œuvres d’Hector Berlioz et de Franz Liszt. Elle est notamment l’auteur d’un article sur la transcription de la Symphonie Fantastique de Berlioz (Quaderni dell’Istituto Liszt, numéro 7, décembre 2008). Alain Planès - 19 entretien TêTE-à-TêTE AVEC alain planès Des siècles, des interprétations La compréhension de la musique est en perpétuelle évolution. à chaque époque sa sensibilité. La musique est ineffable. Contrairement à un tableau, la musique n’a pas de réalité physique, elle n’existe pas si ce n’est à travers des sons. Si certains prétendent que la musique est le plus grand des arts, c’est parce qu’en étant éphémère et vivante elle se renouvelle constamment. La musique étant le domaine du sentiment, du rythme, du souffle, cet art touche en nous des endroits différents. Le temps du concert Un concert, c’est une préparation physique et mentale. Contrairement à celle du marathon des enregistrements, l’énergie du concert est très rapide, très intense. Bien sûr que je voudrais tout contrôler mais sur scène, je suis dans une espèce d’état second. L’écoute de la musique demande le silence dans lequel se créent des liens vibratoires entre le public et l’artiste. Bien évidemment, on passe des heures à contrôler le programme du concert en le travaillant. Le moment génial c’est quand l’incontrôlable montre son nez. Parfois, quand vous jouez un morceau déjà donné une centaine de fois, il y a une chose qui sort instinctivement de vous. Une pépite Vous vous dites, « mais pourquoi je ne l’ai jamais ressenti comme ça auparavant ! » Ceci dit, pour une pépite d’or, il y a beaucoup de pépites de charbon ! Les idoles de mon adolescence comme Kempf, Richter, Serkin, François vous emmenaient avec une force très importante. En sortant de scène, le temps du concert a été tellement intense, qu’il faut du temps pour redescendre, pour revenir à la réalité. Dans la vie d’un interprète, ce qui compte le plus c’est la curiosité, ne jamais cesser de vouloir savoir plus. propos recueillis par Aurélie Noailly 20 - Alain Planès BIOGRAPHIE Grand amateur et connaisseur de peinture, érudit amoureux de poésie, Alain Planès a la carrière qui lui ressemble : il suit depuis toujours le chemin de la vie plutôt que les sirènes d’une gloire exigeante en compromissions. Il y a en lui quelque chose comme un curieux mélange de Proust et de Wilde. L’un pour le rapport au temps, profond, distendu, schubertien. L’autre pour un certain dandysme intellectuel, une forme de cynisme raffiné qui pourtant reste tendre. D’une mère au tempérament d’artiste, peintre et mélomane, il a gardé l’humilité fervente et la gratuité du geste. C’est au fond ce qui crée le style… la rigueur est peu sans la grâce. Planès, sensibilité multiple, découvre le piano à cinq ans, joue avec orchestre trois ans plus tard et part aux états-Unis après le conservatoire de Paris pour y faire de la musique autrement : avec Pressler, Sebök, Primrose et Starker, avec lequel il donnera longtemps de nombreux concerts aux U.S.A. et en Europe. © DR alain planès piano Soliste, chambriste, accompagnateur, pédagogue, toutes les facettes de son art le concernent. Il a en outre découvert tout le répertoire classique et contemporain en jouant à deux pianos avec François Michel, ami de Stravinski, chez qui il côtoyait les esprits du temps comme Malraux, Deleuze, Cassandre, et par la suite Miró. Rentré en France quelques années plus tard il devient, à la demande de Pierre Boulez, pianiste soliste de l’Ensemble Intercontemporain jusqu’en 1981. Son travail pointu avec d’éminents compositeurs tels Boulez, Stockhausen, Ligeti ou Berio affirme définitivement le caractère éclectique de son jeu et conduit les plus grands festivals à solliciter sa présence. Il joue entre autres à La Roque-d’Anthéron, à Montreux, au festival d’Art lyrique d’Aix-en-Provence et à Marlboro, prestigieux festival auquel il reste fidèle, étant très proche de Rudolf Serkin. Alain Planès - 21 vendredi 25 mai 2012 Andreas Staier Variations Diabelli Pianoforte Andreas Staier Thema d’Anton Diabelli - Vivace Var. 4 Carl Czerny Var. 16 Johann Nepomuk Hummel Var. 18 Frédéric Kalkbrenner - Allegro non troppo Var. 20 Joseph Kerzkowsky - Moderato con espressione Var. 21 Conradin Kreutzer - Vivace Var. 24 Franz Liszt - Knabe von 11 Jahren, geboren in Ungarn - Allegro Var. 26 Ignatz Moscheles Var. 31 Johann Peter Pixis Var. 28 Franz Xaver Wolfgang Mozart (Fils) - Con fuoco Var. 38 Franz Schubert Ludwig van Beethoven Bagatelles op. 126 *** Ludwig van Beethoven 33 Variations sur un thème d’Anton Diabelli, en do majeur op. 120 Vendredi 25 mai 2012 : 20h Grand Théâtre Massenet Durée : 1h50 entracte compris 22 - Andreas Staier introduction au concert Variations sur un thème d’Anton Diabelli Les Variations Diabelli sont une série de variations pour piano composées dans les années 1820 par une cinquantaine de compositeurs allemands et autrichiens sur une courte valse que l’éditeur de musique Anton Diabelli (1781-1858) avait proposée à leur imagination. Ces variations furent publiées en recueil en 1824, classées par ordre alphabétique de noms de compositeurs. Beethoven composa de son côté 33 variations sur le thème, qui furent également publiées par Diabelli, dans un volume séparé. Johann Nepomuk Hummel (1778-1837), considéré en son temps comme l’un des plus grands compositeurs européens, et peut-être le plus grand pianiste du continent, était également chef d’orchestre et professeur de piano. Enfant prodige, il fut l’élève de Mozart à Vienne. Ses concertos pour piano restent célèbres de nos jours, mais son œuvre est en réalité beaucoup plus vaste, puisqu’elle comprend également des opéras et de la musique sacrée. Il est l’auteur de la seizième variation du recueil, qui, conservant la structure et l’harmonie du thème, fait circuler de nombreuses lignes chromatiques dans les différents registres. Carl Czerny (1791-1857), compositeur et pianiste autrichien, fut l’élève de Hummel et de Beethoven, et le professeur de Liszt. Surtout connu pour les qualités pédagogiques de ses exercices pour piano, il laisse un catalogue de 861 opus, dont les œuvres pédagogiques ne représentent en réalité qu’un dixième. Czerny a composé une variation et une coda pour le recueil. La variation (placée en quatrième position), qui conserve la structure formelle et harmonique de la valse, présente une ligne ornementale très volubile à la main droite, tandis que la coda, plus développée, offre plusieurs modulations avant de ramener le thème dans sa tonalité initiale. C’est à la mort de son père, en 1800, que Conradin Kreutzer (1780-1849) quitte ses études de droit pour se consacrer entièrement à la musique. Une vingtaine d’années plus tard, devenu un compositeur et chef d’orchestre reconnu dans toute l’Allemagne (principalement pour ses opéras), il compose, en réponse à la proposition de Diabelli, une variation ornementale sur la mélodie de la valse. Dans un tempo vivace, avec ses triolets aux deux mains, la variation de Kreutzer requiert une grande virtuosité. Andreas Staier - 23 Franz Liszt (1811-1886) est né en octobre 1811 à Doborján (village de la Hongrie occidentale alors germanophone). Lorsque Diabelli lance son projet, le jeune pianiste n’a pas 10 ans, et il est l’élève de Czerny à Vienne. Encore inconnu du grand public, il est le seul enfant à écrire une variation pour le recueil, qui lui donne ainsi l’occasion de publier sa première œuvre. La 24e variation, écrite dans une mesure à deux temps et en mineur, ne conserve que la forme générale et la trame harmonique du thème de la valse. Sur un ton très dramatique, Liszt introduit, parmi les arpèges brisés, quelques diminutions en double-croches des motifs mélodiques principaux. Franz Schubert (1797-1828) est le maître incontesté du lied. Bien qu’il soit aujourd’hui également reconnu pour sa musique symphonique et de chambre, la majeure partie des compositions célèbres de son vivant sont des lieder et des danses pour piano. La variation qu’il compose pour le recueil de Diabelli conserve l’aspect brisé de la mélodie originale (amené par la présence de nombreux silences), tout en modifiant légèrement sa ligne. Ludwig van Beethoven (1770-1827) est souvent considéré comme le musicien le plus important du xixe siècle, car un très grand nombre de compositeurs ultérieurs ont été influencés par son œuvre. Dernier grand représentant du classicisme viennois et premier des romantiques, Beethoven fut progressivement frappé de surdité au cours de sa carrière, si bien qu’il devint totalement sourd dans les dix dernières années de sa vie. Composées entre 1819 et 1823, les Variations Diabelli (op. 120) comptent parmi ses dernières grandes œuvres pour piano. Le lien mélodique entre le thème et les différentes variations est souvent ténu, parfois inexistant : Beethoven se tourne de plus en plus vers la variation harmonique. Royaume des contrastes violents, les variations font se côtoyer les extêmes ; le mouvement perpétuel de la dix-neuvième variation, par exemple, se heurte à la quasi-immobilité de la vingtième. Les Six bagatelles (opus 126) furent composées en 1824, après les Variations Diabelli. Le cycle comprend des pièces brèves et fortement contrastées : des morceaux lents et chantants alternent avec des passages plus rapides. Céline Carenco Ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, agrégée de musique, Céline Carenco est doctorante à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne, où elle travaille sur les relations entre les œuvres d’Hector Berlioz et de Franz Liszt. Elle est notamment l’auteur d’un article sur la transcription de la Symphonie Fantastique de Berlioz (Quaderni dell’Istituto Liszt, numéro 7, décembre 2008). 24 - Andreas Staier entretien TêTE-à-TêTE AVEC Andreas Staier En quoi les Variations Diabelli de Beethoven, sont-elles incontournables ? Pour moi, nulle part ailleurs, on ne trouve cet humour, cette ironie, ce sarcasme. à la différence des Variations Goldberg, il ne s’agit pas d’un thème d’un grand compositeur comme Beethoven. Pianiste et éditeur, Anton Diabelli a écrit une petite base simple à la banalité voulue. Beethoven inspiré y a trouvé matière à 33 variations où il prend une position polémique vis-à-vis du théâtre de la nouveauté absolue. Vous avez créé la Kontra-Sonate de Brice Pauset Je connaissais ce compositeur français depuis 13-14 ans. Cette pièce était pour pianoforte, j’ai été très touché qu’il pense à moi pour sa création. Cette KontraSonate, prologue et épilogue à la Sonate en la mineur op 42 (D.845) de Franz Schubert interroge les liens entre la composition, l’écoute et une certaine idée du passé. Comment un compositeur actuel réagit-il au répertoire du passé ? Comme j’ai toujours été très curieux du répertoire d’avant Bach, nous nous sommes rejoints. Piano, pianoforte, clavecin J’ai toujours été fasciné par les instruments à claviers. J’aime travailler sur des instruments d’époque. à Saint-Étienne, je jouerai sur la copie d’un pianoforte Conrad Graf dont l’original date de 1827. Je viens de publier le CD BeethovenDiabelli Variations chez harmonia mundi. Le disque s’ouvre sur un choix de variations écrites par quelques-uns des 50 autres compositeurs sollicités par Diabelli. Vous y découvrirez les toutes premières fulgurances de Liszt (onze ans...), la musique du fils de Mozart, les variations inattendues d’un Kreutzer ou d’un Kalkbrenner ou la variation Diabelli d’un certain Franz Schubert… propos recueillis par Aurélie Noailly Andreas Staier - 25 BIOGRAPHIE Andreas Staier a sans aucun doute porté l’art d’interpréter le répertoire baroque, classique et romantique sur instruments anciens à son apogée. Reconnu par ses pairs et un public toujours plus nombreux, il défend avec une exigence intellectuelle et artistique les pièces connues du répertoire et les œuvres des compositeurs plus négligés comme Clementi, Hummel et Field, par exemple. Né à Göttingen, Andreas a étudié le piano moderne et le clavecin à Hannover et à Amsterdam. Après ses études, il devient le claveciniste de Musica Antiqua Köln avec lequel il tourne et enregistre de manière intensive pendant trois ans. En 1986, il commence une carrière de soliste au clavecin et au pianoforte, et joue dans le monde entier en récital ou avec des orchestres tels que Concerto Köln, Freiburger Barockorchester, Akademie für alte Musik Berlin et l’Orchestre des Champsélysées. Andreas est l’invité de nombreux festivals internationaux et s’est également produit dans les salles les plus prestigieuses, particulièrement en Europe, aux états-Unis et au Japon. Il est de plus régulièrement invité par la BBC. Il a formé un trio avec le violoniste Daniel Sepec et le violoncelliste Roel Dieltiens, et se produit régulièrement en duo ou quatre mains avec Christine Schornsheim. Il a travaillé avec les actrices/récitantes Senta Berger et Vanessa Redgrave ainsi qu’Anne Sophie von Otter, Pedro Memelsdorff et Alexej Lubimov, et son partenariat musical de longue date 26 - Andreas Staier © Josep Molina Andreas Staier pianoforte avec le ténor Christoph Prégardien a donné naissance à de nombreux enregistrements avec, entre autres, des Lieder de Schubert, Schumann, Mendelssohn, Beethoven et Brahms. En 2001, il donnait en création mondiale la Kontra-Sonate de Brice Pauset, qui a été enregistrée par AEON. Sa collaboration avec le compositeur s’intensifie puisqu’il partage avec lui une résidence à l’Opéra de Dijon depuis septembre 2011, en tant qu’artiste associé, et pendant laquelle il a donné le concerto du compositeur français, Kontra-Concert, avec le Freiburger Barockorchester. Andreas Staier a déjà à son actif environ cinquante enregistrements pour BMG/Deutsche harmonia mundi, Teldec et, depuis 2003, harmonia mundi France. Nombreux sont ceux qui ont reçu les éloges de la presse internationale et de nombreuses récompenses dont un Diapason d’Or de l’Année pour Am Stein vis-à-vis avec Christine Schornsheim (œuvres de Mozart) et un Prix d’honneur de la critique discographique allemande en 2002 (Preis der Deutschen Schallplattenkritik). mardi 29 mai 2012 Grande soirée de concertos Sur un chant montagnard Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire Piano Philippe Cassard, Guillaume Coppola Direction Laurent Campellone Nikolaï Rimski-Korsakov La Grande Pâque russe pour orchestre seul Vincent d’Indy Symphonie cévenole sur un chant montagnard français pour orchestre et piano *** Erik Satie / Darius Milhaud Jack in the box version pour piano et version pour orchestre Franz Liszt Danse macabre dite « Totentanz » pour piano et orchestre Mardi 29 mai 2012 : 20h Grand Théâtre Massenet Durée : 1h45 entracte compris Grande soirée de concertos - 27 introduction au concert Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) La Grande Pâque russe I - Lento mystico - Maestoso II - Andante lugubre III - Allegro agitato IV - Maestoso alla breve Durée : 15 minutes environ Nikolaï Rimski-Korsakov, compositeur et chef d’orchestre russe, fut également professeur d’harmonie et d’orchestration au Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Il est avec Moussorgski et Borodine un des membres les plus célèbres du « Groupe des Cinq », qui prônait, dans les années 1860, une musique basée sur les traditions populaires russes et détachée des standards occidentaux. Auteur de nombreux opéras, d’œuvres chorales, orchestrales et concertantes, de mélodies et de quelques pièces de musique de chambre et de musique sacrée, il est surtout connu pour son savoir-faire en matière d’orchestration. La Grande Pâque russe (opus 36) est une ouverture de concert pour orchestre symphonique écrite entre août 1887 et avril 1888, dont la création eut lieu à Saint-Pétersbourg le 3 décembre 1888, sous la direction du compositeur. D’une durée d’environ quinze minutes, la partition présente plusieurs thèmes issus de divers cantiques de la liturgie orthodoxe russe. Chaque partie de l’ouverture est décrite avec précision dans l’autobiographie du compositeur, Chroniques de ma vie musicale : on apprend ainsi que la lente introduction qui ouvre le morceau, Lento mystico – Maestoso, évoquait pour Rimski-Korsakov la prophétie d’Isaïe sur la résurrection du Christ, tandis que l’Andante lugubre qui suit représentait plutôt l’illumination du Saint Sépulcre au moment de la résurrection. L’Allegro agitato, plus joyeux, fait intervenir la trompette en alternance avec le son joyeux des cloches, et un Maestoso alla breve forme la coda solennelle de l’ouverture. L’orchestration chatoyante de la pièce donne à entendre les timbres de nombreux instruments solistes, et nécessite un pupitre de percussions assez fourni (comprenant notamment des cloches tubulaires et un tam-tam). 28 - Grande soirée de concertos Vincent d’Indy (1851-1931) Symphonie Cévenole sur un chant montagnard français I - Assez lent - Modérément animé - Allegro II - Assez modéré mais sans lenteur III - Animé Durée : 25 minutes environ Compositeur, chef d’orchestre, professeur et théoricien français, Vincent d’Indy est l’auteur de plusieurs opéras et symphonies, mais aussi de nombreuses partitions pour piano, ensemble de chambre, et de pièces de musique religieuse. Il écrivit également un Cours de composition musicale, ainsi qu’un certain nombre de biographies de compositeurs. Président de la Société Nationale de Musique à la mort de César Franck en 1890, et fondateur de la Schola Cantorum en 1894, il se fit connaître par son activité dans le milieu musical parisien, mais plus encore par la reconnaissance que lui valut la Symphonie cévenole sur un chant montagnard français, qui compte parmi les grandes pages symphoniques de son époque. Composée en 1886, la Symphonie cévenole en sol majeur pour piano et orchestre (opus 25) est probablement l’œuvre la plus célèbre du catalogue de d’Indy ; elle est, encore de nos jours, régulièrement exécutée sur les scènes internationales. Conçue à l’origine comme une fantaisie pour piano et orchestre, la symphonie met en avant la partie de piano sans jamais la laisser dominer entièrement le discours. Elle fut créée le 20 mars 1887 avec la pianiste BordesPène, à qui elle est d’ailleurs dédiée. En un peu moins d’une demi-heure, trois mouvements s’enchaînent : le premier progresse de « Assez lent » jusqu’à « Allegro », tandis que le second est « Assez modéré mais sans lenteur », puis le troisième « Animé ». Comme l’indique le titre de la symphonie, le thème principal, donné dès le début de l’œuvre par le cor anglais, est emprunté à un chant populaire que d’Indy aurait entendu dans les Cévennes. Grande soirée de concertos - 29 Erik Satie (1866-1925) Darius Milhaud (1892-1974) Jack in the box I - Prélude (assez vif) II - Entr’acte (vif) III - Final (modéré) Durée : 7 minutes environ L’humour est certainement le trait le plus marquant de la musique du pianiste et compositeur français Erik Satie. Pourtant, sous le masque du clown se dissimulait un compositeur sérieux en quête de reconnaissance, qui, en 1905, s’inscrivit à la Schola Cantorum de d’Indy pour y étudier pendant trois ans le contrepoint classique. Malgré des collaborations glorieuses (notamment avec les Ballets russes de Diaghilev) et certains succès, il mourut dans une grande misère. Darius Milhaud fit partie du « Groupe des Six », dont Satie était avec Cocteau le principal parrain. Né à Marseille, il étudia de 1909 à 1915 la musique au Conservatoire de Paris, suivant notamment les cours d’orchestration de Paul Dukas. Surtout célèbre pour ses opéras, ballets et musiques de scène, ce compositeur très productif est également l’auteur de nombreuses pièces de musique de chambre, symphonique, et vocale. Jack in the box est une pièce pour piano en trois mouvements écrite par Satie en 1899, mais la partition fut perdue autour de 1905. Retrouvée vingt ans plus tard, elle fut orchestrée par Milhaud et mise en ballet par George Balanchine. C’est dans cette version que l’œuvre fut créée en juin 1926. Cette pièce au ton très enjoué est assez courte (moins de dix minutes), et rappelle un peu l’atmosphère du music-hall. Un « Prélude (assez vif) », un « Entr’acte (vif) » et un « Final (modéré) » font entendre des harmonies diatoniques et de nombreux motifs répétitifs. 30 - Grande soirée de concertos Franz Liszt (1811-1886) Danse macabre Durée : 15 minutes environ Né en Hongrie, Franz Liszt rencontre très tôt de grands succès comme pianiste virtuose. Ce n’est qu’après l’arrêt de ses activités de concertiste et l’installation comme maître de chapelle à la cour de Weimar en 1848 qu’il s’adonne pleinement à la composition. Cependant, la plupart des œuvres qu’il termine pendant la période weimaroise avaient en réalité été esquissées dans les années 1830 et 1840 : c’est le cas de la fameuse Totentanz, dont Liszt commence dès 1839 une version pour piano seul. Cette pièce lui aurait été inspirée lors de son passage à Pise, par la fresque Il trionfo della Morte qui orne le Campo Santo. Créée dans sa version finale (pour piano et orchestre) le 15 avril 1865 à La Haye avec Hans von Bülow au piano, l’œuvre, sous-titrée Paraphrase sur le Dies irae, présente cinq variations sur la mélodie de plain-chant consacrée à la messe des morts. L’introduction fait entendre la séquence du Dies irae aux cuivres, accompagnée par le piano et les timbales dans les extrêmes graves. Après plusieurs traits cadentiels, la mélodie est redonnée au piano, dans une harmonisation riche et colorée. Commence ensuite la première variation (Allegro moderato), basée sur un motif mélodique plus rythmé, interprété aux bassons et premiers violons, accompagnés par le thème principal en pizzicati aux cordes graves. La deuxième variation progresse vers un accelerando général, pour aboutir au Molto vivace de la troisième. Indiquée « lento canonique », la quatrième variation contraste fortement avec l’ensemble de ce qui précède : de caractère beaucoup plus recueilli, la texture contrapuntique dense exposée d’abord au piano solo permet une reprise très progressive de l’orchestre, en commençant par la clarinette solo qui entonne une variante plus chantante du Dies irae. La dernière variation, la plus longue et la plus virevoltante, repose sur les notes répétées très rapidement. Cette œuvre d’une quinzaine de minutes, dans laquelle Liszt repense les rapports entre le piano et l’orchestre, est certainement l’une des plus difficiles qui aient jamais été écrites pour le piano. Céline Carenco Ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, agrégée de musique, Céline Carenco est doctorante à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne, où elle travaille sur les relations entre les œuvres d’Hector Berlioz et de Franz Liszt. Elle est notamment l’auteur d’un article sur la transcription de la Symphonie Fantastique de Berlioz (Quaderni dell’Istituto Liszt, numéro 7, décembre 2008). Grande soirée de concertos - 31 entretien TêTE-à-TêTE AVEC Guillaume Coppola Philippe Cassard et vous ? Nous sommes originaire de ma même ville : Besançon. Enfant, ado, j’ai toujours beaucoup entendu parler de lui. Nous nous sommes retrouvés plus tard à Paris. Il a toujours été très encourageant, généreux en conseils. Nous partageons un concert pour la première fois. Ce soir, j’interpréterai pour vous, Satie et Liszt. à propos de Liszt Dans ma vie et ma carrière, ce compositeur a toujours été décisif. Le premier disque qui m’a donné envie de jouer du piano était un enregistrement de la Danse macabre. Pour choisir nos instruments, mes parents nous ont fait écouter beaucoup de musique à ma sœur et moi. J’ai en mémoire une photo où à 3-4 ans, elle ferme les yeux, les oreilles enserrées par un casque énorme après avoir réclamé : « Papa, mets les violons ». Quant à moi, jouer ce soir La Danse macabre avec orchestre, c’est un rêve de gosse ! Vous suivre dans les bacs Avec mon disque Franz Liszt - un portrait (2011-Eloquentia), j’ai souhaité rendre hommage à ce compositeur qui a toujours été présent dans ma carrière comme une bonne étoile. J’ai choisi des pièces caractéristiques et variées pour dessiner un portait musical de cet homme aux multiples facettes. Je change de couleur et de registre avec la sortie, en septembre prochain, du CD Granados : 12 Danses espagnoles (Eloquentia). D’un siècle à l’autre Comme il est impossible de téléphoner à Beethoven ou à Liszt, il y a beaucoup de questions sans réponses pour un interprète. Que met-on entre les notes ? Lorsque la compositrice Isabel Pires m’a dédié Ombres, sa dernière œuvre pour piano, ce fut absolument passionnant d’être témoin et acteur du processus de création. propos recueillis par Aurélie Noailly 32 - Grande soirée de concertos BIOGRAPHIE « Un authentique poète du clavier qui trouve sa place parmi les personnalités les plus attachantes du jeune piano français » (À Nous Paris) : Guillaume Coppola est aujourd’hui reconnu comme un des musiciens les plus accomplis de la jeune génération. Son CD Franz Liszt - un portrait a rallié tous les suffrages : Diapason d’Or Découverte, ƒƒƒƒ Télérama, le Monde : les meilleurs disques 2009, Coup de cœur de l’Académie Charles Cros… En février 2011, Classica lui consacre un portrait dans sa rubrique « Piano : Les 10 stars de demain ». On a pu l’entendre dans une vingtaine de pays, sur des scènes européennes prestigieuses comme le Concertgebouw d’Amsterdam, le Rudolfinum de Prague, la Philharmonie de Bratislava ou le Liepaja International Piano Stars Festival, jusqu’à l’Asie de Shanghai ou Xiamen, en passant par l’Amérique du Sud. Et bien sûr en France : Festival Chopin à Paris, Festival de l’Orangerie de Sceaux, Radio France et Montpellier, Folle Journée de Nantes en région, La Roque-d’Anthéron/Ensembles en résidence, les Rendez-vous de Rochebonne, les Solistes aux Serres d’Auteuil, Piano en Valois… En 2010, il participe à l’intégrale Chopin donnée salle Pleyel, diffusée sur France 3. Nombreux sont les échanges qui ont forgé cette authentique personnalité artistique : ses débuts à Besançon, la rencontre décisive avec France Clidat à l’âge de quatorze ans, la profonde influence de Bruno Rigutto au Conservatoire, l’enseignement de Nicholas Angelich, Hervé Billaut et Marie-Françoise Bucquet en piano, Christian Ivaldi en musique de chambre, Claude Helffer pour la musique contemporaine, et les masterclasses, ponctuelles mais ô combien © Emilie Mille Guillaume Coppola piano marquantes de Leon Fleisher, Dmitri Bashkirov, Dominique Merlet et Jean-Claude Pennetier. Un Premier Prix de piano et de musique de chambre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris vient couronner ce parcours, suivi de nombreuses distinctions internationales : The International Holland Music Sessions, avec notamment la tournée européenne New Masters on Tour, le Prix Déclic CulturesFrance/Gouvernement français, le 1er Prix Lion’s Club, Fondation Cziffra… Outre le récital et le concerto avec orchestre - avec l’Orchestre National de Montpellier, le Philharmonique de Besançon… -, la musique de chambre lui permet de partager des moments privilégiés avec les violonistes Régis Pasquier, Patrice Fontanarosa ou sa sœur Cécile Coppola, les Quatuors Debussy, Voce, Alfama, les pianistes Bruno Rigutto, éric Le Sage, Cédric Tiberghien ou des chanteurs comme Marc Mauillon, Laia Falcón ou Bénédicte Tauran. Musicien complet et curieux, il prend part à des productions mêlant récit et musique avec Didier Sandre, François Castang ou prochainement MarieChristine Barrault. Sa collaboration avec plusieurs compositeurs lui a permis d’assurer la création de pièces de Steven Stucky, Gao Ping, et la compositrice Isabel Pires lui a dédié sa dernière œuvre pour piano, Ombres. Grande soirée de concertos - 33 BIOGRAPHIE Premiers Prix de piano et de musique de chambre au CNSMD de Paris, il approfondit ses connaissances pendant deux ans à la Hochschule für Musik de Vienne. Il y reçoit les conseils du légendaire Nikita Magaloff. Lauréat du Concours Clara Haskil en 1985, 1er Prix du Concours International de Dublin en 1988, il est invité par les principaux orchestres britanniques et français sous la direction de grands chefs. À partir de 1993, il présente l’œuvre intégrale pour piano de Debussy en 4 récitals répartis sur une journée, notamment à Londres, Marseille, Besançon, Tokyo, Sidney, Paris, Singapour, Vancouver et Dublin, rencontrant à chaque fois un immense succès. Chambriste et accompagnateur de chanteurs recherché, il a pour partenaires Christa Ludwig, Donna Brown, Wolfgang Holzmair, Raphaël Oleg, Laurent Korcia, David Grimal, Anne Gastinel, Xavier Phillips, les Quatuors Chilingirian et Ysaÿe, les comédiens Philippe Torreton, Roland Bertin, Françoise Fabian… 34 - Grande soirée de concertos © Vincent Catala Philippe Cassard piano Ses enregistrements consacrés à Schubert, Schumann et Debussy sont unanimement accueillis : Editor’s Choice de Grammophone, ƒƒƒƒ de Télérama, 10 de Classica, Joker de Crescendo... Philippe Cassard présente « Notes du traducteur » sur France Musique depuis 2005 (Prix SCAM de la meilleure oeuvre sonore 2007). Il a fondé les Estivales de Gerberoy en 1997 et a été directeur artistique des Nuits Romantiques du Lac du Bourget (1999-2007). En 1998, Philippe Cassard a été décoré de l’Ordre National du Mérite. Il a écrit un essai Schubert, petit lexique amoureux, paru aux éditions Actes Sud. BIOGRAPHIE Après des études de violon, de tuba, de percussions et de chant, Laurent Campellone, par ailleurs diplômé de philosophie, étudie la direction d’orchestre au Conservatoire Frédéric Chopin de Paris. À 23 ans, il devient assistant du Directeur musical de l’Opéra de Toulon puis complète sa formation auprès de Christoph Eschenbach. En 2001, il remporte à l’unanimité le Premier Prix du 8ème Concours international des jeunes chefs d’orchestre de la Communauté Européenne à Spoleto (Italie), en association avec l’Académie Sainte-Cécile et l’Opéra de Rome. Depuis lors, Laurent Campellone a été invité à diriger près de 250 œuvres symphoniques et plus de 50 partitions lyriques, parmi lesquelles La Gioconda, Carmen, Turandot (Deutsche Oper de Berlin), Les Troyens (Opéra de Manaus), Les Pêcheurs de perles et Faust (Opéra de Madison, USA), Lakmé, La Traviata, La Damnation de Faust (Opéra national de Bulgarie), Les Contes d’Hoffmann (Bolchoï), L’enfance du Christ de Berlioz, La Périchole (Opéra de Marseille), Don Pasquale, Lucia di Lammermoor, Cleopatra de Cimarosa (Spoleto), Les Mamelles de Tirésias et La Voix humaine à l’Opéra de Toulon, L’Étoile à l’Opéra de Nantes et à l’Opéra d’Angers, Il Barbiere di Siviglia à l’Opéra national de Bordeaux, La Cenerentola à l’Opéra de Bogotá... En 2004, Laurent Campellone est nommé Directeur musical de l’Opéra Théâtre et de l’Orchestre symphonique Saint-Étienne Loire, où il a lancé une politique de redécouverte du répertoire lyrique français du xixe siècle, dirigeant à ce titre des œuvres rares de Massenet (Sapho, Le Jongleur de Notre-Dame, © JA Raveyre Laurent campellone direction musicale Ariane, Le Mage...), de Gounod (La Reine de Saba, Polyeucte), de Lalo (Le Roi d’Ys)... Ses lectures du grand répertoire sont très remarquées et saluées par la presse internationale, notamment Rigoletto, Norma, Samson et Dalila, Tosca, Die Walküre, Der Fliegende Höllander, Roméo et Juliette, Carmen, L’Elisir d’amore, ou Faust… Régulièrement invité par les plus grandes maisons lyriques internationales, Laurent Campellone se produit également à la tête d’orchestres prestigieux : l’Orchestre de la Radio bavaroise, l’Orchestre national du Brésil, le New Russia State Orchestra, l’Orchestre Philharmonique de Dublin, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, l’Orchestre National des Pays-de-la-Loire, l’Orchestre de l’Opéra National de Nancy, l’Orchestre Philharmonique de Nice... et est régulièrement l’invité de festivals prestigieux en France, dont le Festival de La Chaise-Dieu, le Festival Berlioz... Depuis septembre 2009, il est Chef principal invité de l’Opéra national de Sofia. Il y dirigera cette saison deux nouvelles productions (La Traviata et Carmen) ainsi que plusieurs reprises (Lakmé, Don Quichotte, Turandot...). En janvier 2012, il est nommé chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. Grande soirée de concertos - 35 L’Orchestre Symphonique Saint-Étienne loire Créé en 1987, l’Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire (OSSEL) a su s’élever au rang des grands orchestres français. La critique, toujours attentive aux évolutions des institutions musicales, salue de façon enthousiaste cette phalange, considérant désormais que la Ville de Saint-Étienne possède un très bel instrument, capable de servir tant les grandes œuvres du répertoire que la création contemporaine. En 2004 Laurent Campellone devient Directeur musical de l’orchestre et instaure une véritable complicité avec ses musiciens ; il entreprend un travail en profondeur sur la qualité artistique de cet ensemble, permettant d’engager l’OSSEL dans une nouvelle phase de développement. À Saint-Étienne et dans la Loire, l’OSSEL est un acteur culturel incontournable qui accomplit une mission essentielle d’éducation et de diffusion du répertoire symphonique et lyrique. 36 - Grande soirée de concertos ©© DR DR BIOGRAPHIE Sur le plan régional, l’OSSEL va à la rencontre de tous les publics au travers d’actions de médiation ou de la participation à des festivals (Festival Berlioz, Festival de La Chaise-Dieu...). Sur le plan national enfin, l’OSSEL a su acquérir une solide réputation, en particulier dans le répertoire romantique français. En septembre 2010, le Conseil général de la Loire confirme son attachement à l’Orchestre en signant avec la Ville de Saint-Étienne une convention visant notamment à développer l’action artistique et pédagogique sur l’ensemble du département. Distribution orchestre symphonique saint-étienne loire VIOLONS I contreb asses trompet tes Lyonel Schmit, soliste Jérôme Bertrand, soliste Didier Martin, soliste Françoise Chignec, soliste Daniel Romero Gilles Peseyre élisabeth Gaudard Marie Rossbach Isabelle Reynaud Dominique Rochet Agnès Pereira Tigran Toumanian Jérôme Prince, soliste FLûTES Stéphane Fyon Sanda Boac Christine Comtet, soliste Albane Genat Anna Stavelova Anne--Catherine Promeyrat Laure Philippoteaux VIOLONS II François Vuilleumier, soliste Gilles Bauer, soliste Mylène Coimbra CLARINETTES Françoise Guiriec Bernard Gaviot-Blanc, soliste Isabelle Sallelles André Guillaume altos CLARINETTE ba s s e Taeko Yokomichi, soliste Anne Perreau, soliste Sophie Odde BASSONS Marc Rousselet Pierre-Michel Rivoire, soliste Geneviève Rigot Pierre Cathelain Aurélie Métivier Julie Carles Chen-Ling Huang violonce lles CORS Frédéric Hechler, soliste Ludovic Le Touzé, soliste Serge Badol Romain Hugon Thierry Gaillard Marianne Pey Philippe Constant Louis Bonnard Louison Cres Joël Castaingts t u ba HAUTBOIS Sébastien Giebler, soliste Murielle Charbonnier es Nicolas Grassart Solange Becqueriaux Christophe Gerboud trombon Brian Damide, soliste PICCOLO Alain Meunier Marie-Noëlle Villard cornets Éric Varion, soliste TIMBALIER Philippe Boisson, soliste PERCUSSIONNISTES Nicolas Allemand, soliste Patrick Gagne Denis Kracht Sung Hwa Lee Guillaume Gibert HARPE Roberta Inglese, soliste Locations / réservations du lundi au vendredi de 12h à 19h 04 77 47 83 40 [email protected] Conception graphique : www.breakfast-included.com Réalisation : Opéra Théâtre de Saint-Étienne - Licences n°1028383-1028384-1028385 Opéra Théâtre de Saint-étienne Jardin des Plantes – BP 237 42013 Saint-étienne cedex 2 www.operatheatredesaintetienne.fr