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À Arleux, les bateliers attendent avec impatience la réouverture du cana... 1 sur 4 http://www.lavoixdunord.fr/region/a-arleux-les-bateliers-attendent-ave... À Arleux, les bateliers attendent avec impatience la réouverture du canal du Nord PUBLIÉ LE 08/04/2014 par BERTRAND BUSSIERE, PHOTO JOHAN BEN AZZOUZ Cure de jouvence pour le canal du Nord. Les travaux entraînent la mise au chômage des bateliers qui l’empruntent ordinairement. Des péniches sont bloquées à Arleux jusqu’au 13 avril, date de sa remise en circulation. L’occasion d’évoquer les affres du métier avec des professionnels de la voie d’eau. Le port égyptien de Louxor (toutes portions gardées), le soleil de plomb en moins. À Arleux, sur le canal du Nord, les péniches rappellent les bateaux de croisière stationnés bord à bord sur le Nil. « Ici, la tolérance est de deux ; là, il y en a parfois trois », reconnaît le batelier Jacques Verbregue. Et ce n’est qu’un début. « D’autres vont arriver », dit Véronique Duwel qui a son bateau stationné ici depuis des jours. Le monde de la batellerie attend le 13 avril et le top départ donné par Voies Navigables de France (VNF) pour naviguer à nouveau sur le canal du Nord. Depuis le 17 mars, d’importants travaux de maintenance et de réparation sont effectués sur les ouvrages. Sur une partie du canal : 95 km à partir de Pont-l’Évêque (Oise) jusqu’à Arleux. Organisés tous les cinq ans par VNF, ils nécessitent l’abaissement des niveaux d’eau ou la mise à sec de certains biefs ou écluses. Les bateliers pestent : pas de dédommagement prévu. « La règle de VNF est qu’il faut un mois bloqué. Là, moins les week-ends, ça ne fait pas un mois. Ils font toujours en sorte que ce soit comme ça », se plaint Myriam Leleu, membre du conseil d’administration de la Chambre nationale de la Batellerie artisanale (CNBA). « Nos charges ont augmenté. Les règles de navigation se durcissent au-delà de la frontière… », poursuit-elle. Quel est le manque à gagner pour les bateliers ? Myriam Leleu botte en touche : « Le seuil de rentabilité est différent en fonction du tonnage, des entreprises… » Pour autant « en mars tombe le bilan annuel. Certaines entreprises sont sur le fil du rasoir. On ne peut plus se permettre un mois de non-activité. Nous sommes une corporation silencieuse contrairement à d’autres », conclut-elle. Sa collègue douaisienne à la CNBA (lire ci-dessous), Annie Cailliez, indique pour sa part que le drame est aussi dans le fait que malgré les travaux « il y a toujours de la vase devant et derrière les écluses dans les biefs au-dessus ». « Le minimum auquel on puisse prétendre en arrêtant de travailler un mois c’est que le boulot soit fait correctement ! », conclut-elle, rappelant que les bateliers sont « des artisans ». Plus artisans que ne le sont leurs collègues suisses, néerlandais, allemands… La flotte française se caractérise par rapport à la flotte européenne à la fois par le gabarit (un réseau de péniches à petit gabarit important), et par son âge (plus élevé qu’ailleurs). Néanmoins, on relève un très gros effort de modernisation des transporteurs puisque le tonnage moyen de la flotte est passé très rapidement de 407 tonnes en 1970 à 873 en 2010. À l’image de Véronique Duwel, les (jeunes) bateliers attendent de savoir si, comme l’affirmait avant le remaniement ministériel 05/05/2014 10:36 À Arleux, les bateliers attendent avec impatience la réouverture du cana... 2 sur 4 http://www.lavoixdunord.fr/region/a-arleux-les-bateliers-attendent-ave... Frédéric Cuvillier, alors ministre des Transports, « 2014 sera incontestablement l’année du canal Seine-Nord Europe (…) Le projet avance. Le gouvernement sera au rendez-vous des financements européens ». La quadragénaire est comme Saint-Thomas : « J’ai 40 ans cette année. Mes parents m’en parlaient qu’en j’avais 20 ans ! » Une fois ouvert, le canal Seine-Nord Europe reliera les régions de Haute-Normandie, d’Ile-de-France, du Nord - Pas-de-Calais et de Picardie entre elles. Il créera un réseau entre les ports maritimes et les ports et plateformes intérieurs, modifiant les chaînes logistiques de la moitié Nord de la France. Ce qui aura pour effet d’ouvrir des horizons à une profession à la croisée des chemins. Entretien Annie Cailliez est membre du conseil d’administration de la Chambre nationale de la batellerie artisanale (CNBA). La CBNA, dont le siège social est à Paris, a des représentations à Lyon et à Douai (immeuble Les Triades, en ZI Douai-Dorignies). Autant dire qu’elle connaît bien les maux dont souffre la profession. La batellerie française est patraque… « Les charges sont trop lourdes, le gasoil est trop cher… Il y a également un problème d’entretien du matériel. Et je ne parle pas du réseau fluvial qui est dans un état lamentable. La responsabilité en revient à Voies Navigables de France qui n’assure pas correctement l’entretien du réseau. » Le principal enjeu aujourd’hui est celui du renouvellement de la cale dont l’âge moyen est élevé (25 à 30 ans)… « Si l’activité fluviale était relancée, le Nord - Pas-de-Calais pourrait jouer un rôle dans la construction. Savez-vous qu’à Douai, Arbel a construit des bateaux ? Rien ne s’oppose à ce que l’entreprise reprenne cette activité-là d’autant que le chantier est situé tout de suite derrière la Scarpe. Et puis il y a le chantier naval de Dunkerque qui, lui aussi, est capable de construire des péniches. Encore faut-il qu’il y ait une volonté politique. » Véronique Duwel : « C’est devenu totalement différent » « Les Hollandais attendent de pied ferme le canal du Nord (leur flotte représente la moitié de la flotte européenne et la flotte française environ 10 % des marchandises hors combustibles). Ça nous fait peur. » Véronique Duwel, 40 ans tout juste, dont vingt ans de batellerie, est bloquée dans Yo-Fred, son 56 mètres. Un 56 mètres… de long dont les vastes cales peuvent accueillir 500 tonnes de marchandises. La fermeture totale à la navigation du canal du Nord offre un peu de répit au couple. « Mon mari remettait à plus tard une intervention chirurgicale », dit cette maman de deux enfants scolarisés à l’école des bateliers de Douai. Pour eux, avoir papa et maman un mois à Arleux – « notre port d’attache », signale-t-elle – c’est une chance : « Quand on est sur la Seine, en région parisienne, c’est deux heures et demie de route aller pour venir les chercher. » Le stationnement forcé à un prix : « On perd un voyage aller-retour. » « C’est devenu totalement différent », dit-elle en faisant référence au métier dans les années quatre-vingt-dix. Trop de charges, la 05/05/2014 10:36 À Arleux, les bateliers attendent avec impatience la réouverture du cana... 3 sur 4 http://www.lavoixdunord.fr/region/a-arleux-les-bateliers-attendent-ave... concurrence acharnée du trafic routier (+ 70 % de parts de marché). Le couple Duwel songe à changer de bateau. Pour plus gros ? « On hésite. Ça dépend si le canal Seine-Nord se fait ou pas. » B. B. Jacques Verbregue : « Il y a trop de bateaux à vendre » Il n’y a pas que le chien qui monte la garde. Depuis le carré, Jacques Verbregue surveille les allées et venues sur la berge. Au cas où… Au cas où un acheteur se perdrait sur le chemin de halage, le long du canal du Nord. Sa péniche, un Freycinet de 38 mètres, l’Alfra, est à vendre. « J’ai été mis en inactivité fin 2011, dit-il. Le bateau a été placé en vente mi 2012. » Depuis, c’est le calme plat : une seule touche. Dans ses rêves les plus fous, Jacques Verbregue voit partir la péniche à 100 000 €. « Mais je sais bien que je n’en tirerai pas plus de 70 000 €. Il y en a trop à vendre. » Le bateau, « de 1957 », est pourtant comme neuf. « Le moteur a été refait. Il n’a que 2 200 heures », commente-t-il. Ce n’est pas de gaieté de cœur que le jeune sexagénaire mettra le pied sur le plancher des vaches. L’univers de la batellerie lui manquera. « J’ai commencé à 20 ans. À mon compte », souligne-t-il. Jacques Verbregue a un temps, en coup de vent, « deux ou trois ans », retrouvé la terre ferme pour être contremaître. L’Arleusien de naissance s’est dépêché de remonter à bord. De son passé de marin des canaux, Jacques Verbregue gardera en mémoire les mille et une cargaisons de grain, cailloux, sable farine charriées. « On a aussi fait du sucre, se souvient-il. Du sucre roux en vrac puis en sac. Mais aussi du ciment, en vrac également, et en sac aussi. » Le jour où il débarquera, ce sera pour aller en maison de retraite. D’où l’impérieuse nécessité de vendre son bateau. La retraite, « en 2015 », sera peau de chagrin. « J’ai 118 trimestres (il lui en faudrait 161 pour une retraite à taux plein). » Les marins d’eau douce mènent rarement une vie de pacha. B.B. Jacques Verbregue, 06 08 51 74 10. AILLEURS SUR LE WEB A LIRE SUR LAVOIXDUNORD.FR Quand et comment changer Lille : une hôtesse de caisse la courroie de distribution ? - facture 10 € quelque 750 € Oscaro de vêtements Savez-vous comment a été inventée la plus célèbre des pâtes à tartiner ? 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